Réforme des retraites: l'interview en intégralité du ministre du Travail, Olivier Dussopt

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Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, est en déplacement à Chartres, en Eure-et-Loir. Il s'exprime au sujet de la réforme des retraites sur BFMTV.

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Transcript
00:00 Et le ministre du Travail est en direct avec nous. Bonjour Olivier Dussopt, merci d'être avec nous.
00:03 Vous êtes en direct de Chartres, vous êtes en déplacement consacré à la mise en oeuvre de la réforme des retraites
00:09 que les syndicats et une très large majorité de Français ne veut pas voir, dont une majorité de Français ne veut pas entendre parler,
00:18 trois mois après le début de la contestation. N'allez-vous pas un peu vite en besogne ?
00:21 Est-ce que ça va vraiment dans le sens de l'apaisement prôné par tout l'exécutif ?
00:28 On sait que l'une des conditions de l'apaisement, malgré les oppositions que vous avez rappelées,
00:31 c'est de faire en sorte que cette réforme s'applique dans de bonnes conditions, pour les assurer,
00:34 mais aussi pour l'ensemble des caisses qui mettent en oeuvre cette réforme.
00:37 La réforme a été discutée, concertée pendant des mois, elle a été discutée pendant presque 200 heures à l'Assemblée nationale et au Sénat,
00:44 et elle a ensuite été votée puis validée par le Conseil constitutionnel.
00:47 Donc aujourd'hui, il faut garantir sa bonne mise en oeuvre, et je suis effectivement dans une agence CarSat à Chartres
00:53 pour échanger, voir comment tout ça se met en oeuvre.
00:56 Le 1er septembre, c'est un premier relèvement de l'âge de départ de 3 mois, pour les assurer, né après le 1er septembre 1961.
01:04 Mais le 1er septembre, c'est aussi la revalorisation des petites pensions.
01:07 Ce sont les nouvelles règles qui protègent mieux les carrières longues.
01:09 C'est la mise en place du cumul emploi-retraite contributif.
01:12 C'est l'ouverture de la retraite progressive aux agents de la fonction publique.
01:15 Ce sont autant de mesures nouvelles, de droits nouveaux, qui, dès le 1er septembre, vont être mises en oeuvre pour les assurer.
01:21 Et tout ça se prépare, ça ne s'improvise pas en quelques jours,
01:24 et donc ça se prépare avec l'ensemble des caisses, ça se prépare aussi avec des moyens supplémentaires,
01:28 pour faire en sorte que le jour J, tout soit prêt, mais même avant le jour J,
01:32 que la préparation des dossiers de retraite des assurés qui vont partir dans quelques mois
01:35 se fasse dans de bonnes conditions et en respectant les nouvelles règles.
01:38 Alors Olivier Dussopt, on le comprend, vous faites le service après-vente et la mise en place de cette réforme,
01:43 mais même là où vous êtes à Chartres, en Neuer-et-Loire, où c'est réputé tout de même plutôt qu'âme,
01:48 il y a une manifestation partout où vous vous déplacez,
01:51 vous avez le risque d'avoir encore de la contestation, est-ce que vous le redoutez ?
01:57 Je ne le redoute pas, j'en prends règle tout simplement, et c'est un droit.
02:01 La manifestation est un droit, comme le droit des rêves est aussi un droit,
02:05 et ce sont des droits que nous protégeons.
02:06 Mais ces manifestations, ces mouvements, même quand elles rassemblent quelques dizaines de personnes,
02:12 quelques centaines de personnes pour tel ou tel déplacement,
02:15 ne doivent pas empêcher la bonne mise en oeuvre.
02:17 Moi je respecte évidemment les points de vue,
02:19 et nous savons que sur cette réforme il n'y a pas de consensus,
02:23 parce que nous savons que les réformes des retraites n'ont jamais été des réformes populaires.
02:26 Ce sont des réformes qui demandent des efforts aux Français,
02:29 travailler plus longtemps pour garantir la solidité, la pérennité d'un système de retraite.
02:34 Mais une fois que la réforme est adoptée,
02:36 et une fois que nous avons rappelé qu'elle est nécessaire pour sauver et préserver le système de retraite,
02:41 il faut qu'elle soit bien mise en oeuvre.
02:42 Parce qu'une réforme comme celle-ci doit être mise en oeuvre dans de bonnes conditions,
02:47 et les bonnes conditions sont des bonnes conditions pour les assurés et pour les futurs retraités.
02:50 Ce sont des choses très concrètes.
02:52 Dans un département comme L'Heure et Loire, où je suis aujourd'hui,
02:55 nous avons aujourd'hui 95 000 retraités, 95 000 personnes qui sont à la retraite.
02:59 Sur ces 95 000 personnes, sur leur pension de septembre,
03:02 ce sont 11 000 qui vont avoir une retraite augmentée
03:06 du fait de la mise en oeuvre de la pension minimale,
03:08 et des nouvelles règles de calcul des pensions minimales.
03:10 C'est important à avoir en tête, c'est important à dire, c'est important à préparer.
03:14 De la même manière que chaque année, dans L'Heure et Loire, il y a 4 800 nouveaux retraités.
03:18 Et plus de 1000 d'entre eux vont avoir une pension plus importante grâce à la réforme que sans la réforme.
03:22 Ce sont des chiffres locaux, mais ce sont les mêmes que nous retrouvons au niveau national,
03:27 puisqu'au niveau national, sur la retraite du mois de septembre,
03:29 celle qui sera versée tout début octobre, il y a 1 800 000 retraités
03:33 qui vont bénéficier ainsi d'une augmentation de leur pension du fait de la mise en oeuvre de la réforme.
03:37 Tout ça se prépare, et ça nécessite beaucoup de travail de la part des agents des différentes caisses,
03:41 des CARSA, de la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse, de l'AMSA,
03:45 et de tous les régimes qui participent à la mise en oeuvre de la réforme.
03:48 Certains professionnels qui sont d'ailleurs en charge de la mise en oeuvre très concrète
03:52 de cette réforme des retraites, que vous souhaitez dès le début du mois de septembre,
03:57 c'est quasiment demain, s'inquiètent de cette mise en oeuvre,
04:00 redoutent une forme de mise en oeuvre chaotique.
04:04 Quelle assurance, quelle garantie leur apportez-vous ?
04:07 Et est-ce que vous faites ici la promesse que cette réforme des retraites sera bel et bien appliquée,
04:12 et comme il le faut, dès le début du mois de septembre ?
04:15 Je veux avant tout rassurer les usagers, les assurés du système de retraite.
04:20 Nous savons qu'il y a des travaux de mise en oeuvre, des travaux de formation.
04:24 Nous avons un délai pour le faire, ce délai a été le même pour toutes les réformes passées.
04:27 Ça ne va pas plus vite que les fois précédentes.
04:29 Par contre, nous avons fait en sorte que les différentes caisses de retraite
04:32 puissent bénéficier de moyens complémentaires.
04:34 Par exemple, dans le cadre de la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse,
04:36 qui a la compétence pour le régime général,
04:38 ce sont 200 postes qui ont été créés, qui ont été autorisés dès le mois de mars 2023
04:43 pour permettre à la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse
04:45 de faire face à un surcroît d'activité, un surcroît de questions.
04:48 Nous discutons actuellement avec la MSA dans le secteur de l'agriculture
04:51 pour leur accorder des possibilités de moyens supplémentaires.
04:54 Et donc, nous mettons tout cela en oeuvre.
04:56 Il y a des travaux préparatoires qui ont déjà eu lieu,
04:58 qui vont nous permettre de publier les textes assez rapidement.
05:00 Il y a des simulateurs qui existent.
05:02 Actuellement, il existe un simulateur qui a déjà intégré les nouvelles règles du système de retraite.
05:08 C'est un simulateur qui est à la main des usagers,
05:10 c'est-à-dire que ce sont les usagers qui donnent les informations qu'ils ont.
05:13 Donc, il faut s'assurer que les informations sont bonnes.
05:15 Et à la fin du mois de juin, nous aurons un nouveau simulateur
05:17 qui, lui, s'appuiera sur les données de la Sécurité Sociale,
05:20 les données des caisses de retraite, pour faire des simulations très précises
05:23 en intégrant l'intégralité, la totalité des paramètres.
05:26 Donc, tout cela se prépare.
05:28 Il n'y a pas d'inquiétude à avoir.
05:30 Et au contraire, je veux même rassurer.
05:31 Nous tiendrons ces délais parce que nous donnons les moyens de le faire.
05:35 Les agents des différents services sont très mobilisés pour le faire.
05:38 Et nous avons cette responsabilité que de bien accompagner et les assurer.
05:41 Olivier Dussopt, le président de la République,
05:43 a reconnu que cette réforme des retraites était rejetée.
05:46 Vous-même, vous reconnaissez qu'il y a des manifestations.
05:49 Pourquoi, dans ce contexte, ne pas tendre la main
05:51 et ne pas attendre le 3 mai et la réponse du Conseil constitutionnel
05:54 sur cette deuxième demande de RIP ?
05:58 Pour exactement la même raison que celle que vous avez évoquée dans vos questions précédentes.
06:02 Il y a moins de deux minutes, vous m'avez demandé si les délais étaient possibles à tenir.
06:06 Et là, vous me suggérez d'attendre trois semaines avant de commencer à travailler.
06:09 Ça ne serait pas responsable de notre part.
06:12 Nous verrons ce que dit le Conseil constitutionnel.
06:14 Et pour ce qui concerne le gouvernement et la majorité,
06:16 nous avons toujours dit que les décisions prises par les institutions démocratiques,
06:19 par les institutions constitutionnelles, doivent être des décisions respectées.
06:22 Et donc, nous attendons sereinement cette décision du Conseil constitutionnel.
06:26 Mais dès lors que le projet de loi, tel qu'il a été présenté par le gouvernement,
06:29 tel qu'il a été adopté au Sénat, tel qu'il a été adopté
06:32 après le rejet des motions de censure à l'Assemblée nationale,
06:34 est un projet qui doit être mis en œuvre et attendre,
06:37 comme vous le suggérez par votre question, là pour le coup, ça serait mettre en danger.
06:40 La bonne mise en œuvre est donc le bon accompagnement
06:42 et le bon suivi des dossiers des assurés et des futurs retraités.
06:45 Pour tenter au plus vite de passer à autre chose,
06:47 Emmanuel Macron, hier soir à la télévision, a présenté aux Français plusieurs chantiers
06:51 qu'il souhaite mettre en œuvre pour tourner la page de la réforme des retraites,
06:56 notamment un chantier qui serait censé lutter plus efficacement
07:01 contre la fraude fiscale, mais aussi contre la fraude sociale.
07:04 Restez avec nous, Olivier Dussopt, on va réécouter ce que disait votre collègue Bruno Le Maire
07:08 ce matin sur BFMTV, des propos qui depuis font polémique.
07:12 Nos compatriotes, légitimement, en ont ras-le-bol de la fraude.
07:15 Ils en ont ras-le-bol de voir des personnes qui peuvent toucher des aides qu'ils paient eux-mêmes,
07:18 c'est le contribuable qu'ils paient, c'est l'entrepreneur,
07:20 c'est le salarié qui paie ces aides, c'est pas mon argent,
07:23 c'est l'argent du contribuable.
07:25 Il n'a aucune envie de voir que des personnes peuvent en bénéficier,
07:28 leur envoyer au Maghreb ou ailleurs alors qu'ils n'y ont pas droit.
07:31 C'est pas fait pour ça le modèle social.
07:33 Le modèle social est fait pour protéger les plus modestes,
07:37 pour protéger contre les accidents de la vie,
07:39 tous nos compatriotes, certainement pas,
07:41 pour envoyer de l'argent de manière illégale à l'étranger.
07:44 Olivier Dussopt, une partie de l'opposition dénonce aujourd'hui un amalgame raciste.
07:47 Diriez-vous la même chose que Bruno Le Maire sur ce sujet ?
07:51 J'ai été ministre du budget pendant deux ans et demi,
07:54 avant d'être ministre du travail,
07:56 et je sais bien combien les questions de fraude sont des questions importantes.
08:00 Des fraudes aux allocations, des fraudes aux cotisations avec le travail dissimulé,
08:04 des fraudes aussi à la domiciliation parce que ça peut arriver.
08:07 Et nous avons mis en place progressivement,
08:08 et nous continuons à le mettre en œuvre,
08:10 nous allons renforcer cela,
08:11 des outils de lutte contre la fraude et de lutte contre toutes les fraudes,
08:15 tant sur les cotisations que sur les allocations,
08:17 parce qu'effectivement, on a un modèle de protection.
08:19 Ce n'est pas ce dont parle Bruno Le Maire lorsqu'il est interrogé par Apolline de Malherbe.
08:22 Il est interrogé sur le fait...
08:24 Non, non, non, parce que Bruno Le Maire, lui, parle de personnes qui seraient en France
08:29 et qui ensuite renverraient, alors même qu'elles sont bénéficiaires d'aides sociales,
08:33 une partie de l'argent au Maghreb, par exemple,
08:36 et donc pas de l'argent qui serait touché directement sur des comptes,
08:38 qui seraient domiciliées à l'étranger.
08:40 Je crois qu'il évoque la question de la domiciliation que j'ai évoquée.
08:44 Ce que je dis, c'est que la question de la fraude est une question qui est importante,
08:47 sur laquelle nous devons consacrer beaucoup d'énergie et beaucoup de moyens.
08:50 Et je l'ai fait quand j'étais ministre du budget.
08:52 Je continuerai à le faire avec mon successeur au ministère du budget, Gabriel Attal,
08:56 depuis le ministère du Travail, notamment sur les questions de travail dissimulé,
08:59 parce que lorsqu'il y a travail dissimulé, il n'y a pas cotisation,
09:01 et il faut troucher en matière de lutte contre la fraude, aux deux versants.
09:04 La fraude aux allocations, certes, mais aussi la fraude aux cotisations.
09:07 L'opposition et les partis de gauche évoquent un contrefeu,
09:12 et ils ont eu une envie de tourner cette page des retraites en mettant un autre sujet sur le tapis.
09:16 Je ne crois pas qu'on tourne les pages comme on tourne les pages d'un livre.
09:22 Ça n'existe pas.
09:23 La réforme des retraites, elle a eu lieu, elle a été menée, nous la mettons en œuvre.
09:27 Elle a fait l'objet d'un désaccord avec des organisations syndicales.
09:29 Et même si nous souhaitons évidemment continuer à travailler avec elles sur de nombreux sujets,
09:33 ce désaccord va rester.
09:35 Et nous n'avons pas une forme d'ardoise magique
09:40 qui s'effacerait en même temps qu'on tourne les pages d'un livre.
09:43 Donc cela va rester, il ne s'agit pas de tourner une page.
09:46 Lorsque les oppositions que vous évoquez disent qu'il s'agirait d'une diversion,
09:50 la seule diversion c'est celle du débat.
09:52 C'est la leur.
09:53 Ce sont ces oppositions qui pendant des semaines et des semaines
09:56 n'ont eu qu'un objectif, l'obstruction, bloquer le Parlement, l'empêcher de voter,
10:01 empêcher cette réforme sans jamais faire de contre-proposition.
10:04 La seule diversion c'était pour cacher leur division.
10:07 En réalité l'obstruction menée par la France Insoumise et par la gauche
10:10 n'avait qu'un objectif, c'est cacher combien ils sont en total désaccord entre eux
10:13 sur ce qu'il faut faire, ce qu'il faudrait faire et ce qu'ils feront demain.
10:16 Merci Olivier Dussopt d'avoir été en direct avec nous cet après-midi sur BFMTV.

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