Le directeur de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV) Renaud Villard, le 15 janvier 2025 sur franceinfo.
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00:00Alors, en attendant ces négociations, quelles conséquences immédiates y a-t-il pour les Français qui s'apprêtent à prendre leur retraite ?
00:07Bonjour Renaud Villard, directeur de la Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse.
00:11Beaucoup de nos auditeurs se posent des questions après ce discours du Premier ministre, notamment ceux qui prévoient de partir là dans les tout prochains mois cet automne.
00:20En l'état actuel de vos informations, est-ce que la réforme des retraites qui a été adoptée l'an dernier continue à se déployer dans les prochains mois ?
00:29Absolument, pour ceux qui s'apprêtent à partir, pas de changement, et par certains côtés, sans évidemment rentrer dans le débat profondément politique, c'est une bonne chose.
00:38La retraite finalement c'est quelque chose qui se prépare 4 mois, 6 mois avant, et donc changer les règles du jeu, même d'un point de vue favorable,
00:46dans un allée très court, c'est compliqué sur le plan opérationnel, mais c'est compliqué aussi pour les personnes, parce qu'en fait la retraite ça se décide pas au dernier moment sur un coup de tête.
00:54Ça signifie que quelles que soient les décisions des partenaires sociaux dans les prochains mois, l'âge légal minimum pour partir à la retraite va passer au mois de novembre à 62 ans et 9 mois, ça c'est ce que prévoit la réforme d'Elisabeth Borne ?
01:07C'est ce qui concerne la génération 1963, qui effectivement va commencer à partir à 62 ans et 9 mois, au 1er octobre, pour ce n'est le 1er janvier, mais dans les faits effectivement, à compter du mois de novembre.
01:20Et là-dessus le Premier ministre a été très clair pour dire que finalement la génération qui allait pouvoir être impactée par ce dialogue social, ce conclave républicain, ce serait la génération née en 1964, qui dans l'état actuel des textes, commencerait à partir au 1er janvier 2027.
01:35Ce qui laisse le temps finalement de la décision politique, de la gestion administrative et de la décision des assurés.
01:41Donc le mot n'a pas été prononcé hier par François Bayrou, mais cette réforme n'est pas suspendue ?
01:48Cette réforme n'est pas suspendue puisque justement ce conclave républicain s'inscrit dans cet espace en quelque sorte qu'il y a entre la génération qui s'apprête à partir à la retraite et ceux qui devaient partir à 63 ans.
02:02Et là on a un espace quasiment d'un an qui offre justement ce temps dialogue social, politique et administratif parce que le temps de la gestion est important aussi.
02:10Oui le temps de la gestion et d'un point de vue technique en fait ce serait pas possible de la suspendre cette réforme immédiatement ?
02:15Alors suspendre une réforme c'est changer des paramètres, changer des règles de gestion, c'est un ticket minimum à quasiment 6 mois.
02:22Et ça sans compter le fait que les gens ne sont pas des pions.
02:26Préparer sa retraite c'est accompagner une carrière, c'est dialoguer, c'est conseiller.
02:31Il y a la question du quand mais il y a la question du combien.
02:33C'est très compliqué de vous dire vous pouvez partir mais désolé l'informatique c'est compliqué on peut pas vous dire combien.
02:39Parce que le quand c'est important mais le combien ça l'est tout autant pour nos concitoyens.
02:42Donc techniquement ça doit mettre vos services en tension tout ça, tout ce que vous avez entendu hier ?
02:47Ça les met en dynamique.
02:49Vous allez participer à ce conclave républicain annoncé hier par François Bayrou ?
02:54Alors la lecture que j'en ai c'est que c'est un vrai conclave républicain et donc que seuls les cardinaux républicains y participent dont les partenaires sociaux.
03:00En revanche je pense que l'assurance retraite pourra fournir en toute neutralité une expertise technique, juridique.
03:07Une expertise surtout en termes de chiffrage parce qu'on sait qu'il va y avoir des controverses sur les chiffres.
03:11Et pour le coup on a une expertise qui pourra être mise à disposition des partenaires sociaux si évidemment le gouvernement le souhaite.
03:18Les chiffres sont importants, François Bayrou missionne la cour des comptes pour dresser le constat chiffré sur l'état du système des retraites.
03:24Qu'est-ce que vous allez apprendre que vous ne sachiez déjà ?
03:27Je pense qu'un des points importants qu'a rappelé le premier ministre c'est que dorénavant tout le monde est d'accord pour dire qu'il y a un déséquilibre.
03:35Ce qui était quand même pas complètement aussi serein ne fut ce qu'il y a deux ans.
03:39Au moins il y a un consensus sur le déséquilibre.
03:41Après ce serait bien d'avoir le consensus sur le montant du déséquilibre et d'objectiver les choses.
03:46Je pense que pour le coup le côté...
03:48Le corps, le conseil d'orientation des retraites il n'est pas objectif ?
03:51Pour moi le corps est complètement objectif.
03:53Le gros avantage de la cour des comptes là-dessus c'est qu'ils vont pouvoir avoir une vision plus transversale encore.
04:00Et notamment on voit le débat sur le déficit ou pas des retraites de la fonction publique.
04:04Et puis ce sont des magistrats, des magistrats complètement indépendants.
04:07Et le terme magistrat a du sens pour la cour des comptes.
04:10Il y a un point important que vous soulevez d'ailleurs.
04:12Parce que le chiffre qui a été prononcé hier par le premier ministre nous a tous surpris.
04:16On va y revenir dans le détail avec Fanny Guinochet tout à l'heure.
04:18François Bayrou dit que l'Etat emprunte 45 milliards chaque année pour financer les retraites.
04:23Alors qu'on a tous en tête des chiffres qui vont plutôt autour de 6 milliards et demi,
04:2710 milliards prévus pour cette année sur le déficit de retraite.
04:30Comment est-ce qu'on explique cette différence ?
04:32Eh bien on l'explique par le fait que la retraite des fonctionnaires
04:36elle est auto-équilibrée magiquement par l'impôt.
04:39Ce qui fait qu'elle n'est jamais en déficit.
04:41Mais en réalité il y a quand même de l'impôt qui vient de manière supplémentaire.
04:45Aujourd'hui un salarié du secteur privé cotise un peu moins de 30%,
04:48employeur, salarié, pour sa retraite.
04:50Le fonctionnaire en réalité, son employeur cotise à hauteur de 70%.
04:55Et ça, ça s'appelle de l'impôt.
04:56Et pour le coup c'est ce qui permettra d'être objectivé, mis dans le débat public,
04:59je pense, par les travaux des magistrats de la Cour des comptes.
05:03C'est des choses que l'on connaît mais qui parfois n'ont pas été complètement objectivées
05:08et que le Conseil d'orientation des retraites n'objective pas
05:10parce que c'est un système de retraite qui a l'équilibre tous les ans.
05:12Parce qu'il y a la main magique qui s'appelle l'impôt.
05:14Sauf que la main magique au bout d'un moment,
05:16elle vient d'une poche et de la poche en général de nos concitoyens.