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Les sites pornographiques ont l'obligation à partir de ce samedi 11 janvier de vérifier la majorité de leurs utilisateurs en France avec un système d'authentification. Une barrière pourtant facilement contournable, notamment via l'emploi d'un réseau privé virtuel (VPN).

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Transcription
00:00Il est 8h moins le quart, merci d'être avec nous dans Première Édition. L'invité de Première Édition ce matin, bonjour, Clara Chapaz.
00:06Bonjour.
00:07Et merci d'être avec nous, vous êtes ministre déléguée chargée de l'intelligence artificielle et du numérique.
00:12On voulait parler avec vous de cette révolution pour le secteur du porno sur Internet puisque les éditeurs de sites pornographiques
00:18ont, depuis samedi, l'obligation de vérifier l'âge des utilisateurs avec une menace de blocage pour les récalcitrants.
00:25Vous avez, vendredi, tenu une réunion justement pour obtenir cette mesure. Comment d'abord, comment va se dérouler concrètement
00:32la vérification de l'âge des utilisateurs ? Ils vont devoir montrer leur papier ?
00:36Depuis samedi, en effet, c'est un jour vraiment historique pour la protection des mineurs en ligne parce que l'ARCOM met en demeure
00:43les sites qui n'installent pas de système de vérification d'âge. Les solutions technologiques sont nombreuses.
00:50Ce qui est important dans ces solutions, c'est la question du double anonymat, c'est-à-dire que la protection de nos jeunes en ligne
00:56et le fait qu'ils ne puissent pas accéder à ces contenus ne doit pas empiéter sur la liberté des adultes.
01:02Vous voulez bien expliquer ce que c'est le double anonymat ?
01:04Double anonymat, c'est-à-dire que quand on va se connecter sur un site qui a des contenus pornographiques, on va devoir prouver son âge.
01:12Il y a différentes manières de le faire et les solutions que les sites peuvent mettre sur leur site Internet.
01:19Ce qu'elles proposent, ce qui est extrêmement important, c'est que la personne qui se connecte, l'identité de cette personne
01:25ne sera bien sûr pas communiquée au site Internet. Il n'est pas de notre prérogative d'avoir une liste des personnes qui se connecteront.
01:33Et là, je veux bien sûr rassurer les adultes qui, eux, sont dans leur plus grande liberté de consommer ces contenus.
01:38Nous n'aurons pas accès à ce type d'information. Il s'agit bien de protéger les mineurs.
01:42Comment vous vérifiez l'identité d'une personne qui a moins de 18 ans sur un site Internet quand elle veut se connecter ?
01:48Dans la réunion qu'on a tenue au sein de mon ministère ce vendredi, il y avait une dizaine d'acteurs.
01:53Il peut s'agir d'utilisations à base d'intelligence artificielle qui identifient les traits du visage.
02:00Il peut s'agir de solutions qui identifient même les mouvements de la main.
02:03Il y a tout un tas de solutions sur le marché qui existent. Ce n'est pas à nous de dire au site Internet laquelle ils peuvent utiliser.
02:09Mais ce qui était très important pour moi vendredi, c'est de montrer que les solutions techniques sont là.
02:14Donc, les sites qui ne voudraient pas se mettre en conformité, je leur demande de penser à ces enfants.
02:19C'est quand même un garçon sur deux des 12 ans qui consomme ces sites de contenu en ligne.
02:24C'est ça. D'après l'ARCOM, il y a 2,3 millions de mineurs qui fréquentent des sites porno en France chaque mois.
02:30Tout à fait. Et je pense que quand ces enfants tentent d'aller dans un magasin qui vendrait du contenu pornographique en ligne, hors ligne, pardon, dans la rue,
02:39ça ne choque personne que ce magasin demande à vérifier l'âge des personnes qui rentrent.
02:44Il en est de même en ligne. La question de la protection des mineurs en ligne, c'est finalement faire appliquer les mêmes règles hors ligne comme en ligne.
02:51Madame Chapaz, on se dit toujours, nos parents, que nos enfants sont plus malins que nous et qu'ils parviennent à contourner ces interdictions.
02:57Est-ce que vous êtes certaine que nos enfants ne parviendront pas à contourner ces interdictions, ces filtres, en quelque sorte ?
03:04Je pense qu'il faut aussi se rappeler dans cette question qu'un enfant sur deux qui tombe et qui consomme du contenu pornographique aujourd'hui tombe par hasard sur ce contenu.
03:13Justement.
03:14Et donc, une grande question, c'est comment est-ce qu'on s'assure qu'à minima, ces comportements-là soient régulés avec le système que l'on met en place ?
03:23Il y aura toujours des personnes qui veulent contourner. Bien sûr, il ne faut pas être naïf.
03:29Qui veulent et peuvent.
03:30Qui veulent et peuvent contourner. Peut-être, oui. Mais là, je veux dire, c'est une question aussi d'éducation, de parentalité numérique. On peut rentrer dans tout ça.
03:38Mais moi, ce qui m'importe en tant que ministre du Numérique et de l'intelligence artificielle, c'est de pouvoir dire dès maintenant, nous avons le pouvoir avec l'ARCOM de mettre ces sites en demeure
03:47et de les bloquer, voire de les déférencer s'ils ne suivent pas les obligations qui sont les leurs.
03:52Bon, le problème, c'est que les sites les plus visités aujourd'hui ne sont pas domiciliés en France. Et pour l'instant, ces mesures s'appliquent à des sites français.
04:00Comment vous allez faire pour les sites… Les plus visités, j'ai découvert qu'ils étaient basés à Chypre.
04:05Alors, je ne vais pas faire de la publicité pour les sites qui sont basés à Chypre.
04:09Non, non, les autres cités.
04:10Mais vous avez raison. Ce n'est pas l'Europe qui est en retard sur cette question, c'est la France qui est en avance.
04:16La France a décidé de se doter d'une régulation très ambitieuse pour protéger les mineurs et réguler l'accès, comme je le disais, au contenu pornographique.
04:25L'Europe n'ayant pas cette régulation, ce que nous avons fait, c'est que nous avons saisi l'Europe sur cette question.
04:32Et dans quelques mois, ces sites-là que vous mentionnez auront à suivre les mêmes obligations.
04:37Ils sont simplement en sursis aujourd'hui.
04:39Dès avril, nous aurons le même pouvoir, tous les sites seront concernés en France, hors de l'Union européenne et dans l'Union européenne.
04:46Et je pense que ça va nous montrer que la France est capable d'avancer et même parfois de tirer l'Europe aussi dans une certaine direction.
04:52Mais la France peut-elle avancer contre le reste du monde ? Parce qu'évidemment, ces sites ont bien souvent une couverture mondiale, hélas.
05:00Oui, je vous le dis, dès aujourd'hui, dès ce week-end, nous pouvons saisir les sites en France et hors de l'Union européenne.
05:06Et dans quelques mois, nous aurons aussi les sites qui sont installés dans les autres pays de l'Union.
05:12Juste une autre question d'actualité. Elon Musk, propriétaire de X, multimilliardaire, proche de Trump, on le sait, multiplie les ingérences en Europe.
05:18Il soutient l'AFD, le parti de l'extrême droite en Allemagne, à la veille des élections.
05:20Il s'en prend à Kirstarmer, le Premier ministre britannique travailliste. Il soutient Melanie.
05:24Il a traité ce week-end Thierry Breton de tyran de l'Europe. Est-ce que l'Europe va se laisser faire ?
05:29Qu'est-ce qu'on peut faire ? Est-ce qu'il faut interdire le réseau X, par exemple ?
05:31Elon Musk, en tant que citoyen, est bien libre de dire toutes les opinions qu'il veut.
05:36Ce n'est pas notre projet, ce n'est pas ce pourquoi je me lève le matin et je me bats.
05:40On n'est clairement pas d'accord, mais il a le droit d'exprimer ses opinions.
05:44Ce qui m'intéresse en tant que ministre du Numérique, c'est de savoir comment Elon Musk utilise son réseau pour propager ses opinions.
05:51Une enquête de la Commission européenne est en cours.
05:53Nous avons encore une fois l'arsenal pour faire respecter un certain nombre de règles sur l'utilisation des réseaux sociaux
05:58et notamment sur l'obligation pour ces plateformes de ne pas biaiser les propos qui sont mis en avant par les algorithmes,
06:07de ne pas propager de fausses informations, de fake news.
06:11L'Union européenne mène une enquête.
06:14S'il s'avère que M. Elon Musk utilise son réseau pour montrer davantage ce type de point de vue, nous aurons un problème.
06:22Voyons les résultats de cette enquête.
06:24Cela veut dire que l'Europe peut interdire X ?
06:26Voyons les résultats de cette enquête.
06:27Je veux rappeler qu'il y a des amendes très conséquentes, 6% du chiffre d'affaires, qui sont dans le cadre de cette réglementation européenne
06:34et qu'en effet, on peut aller jusqu'au bannissement.
06:36Pour répondre à votre question, ce n'est pas à nous de quitter X.
06:39Il y a 5 millions de Français qui se connectent sur X.
06:42Vous-même et Emmanuel Macron, par exemple, ont un compte X.
06:45Oui, il y a 5 millions de Français qui se connectent sur X de façon régulière.
06:48Ma réponse, ce n'est pas de leur dire « je ne vous parle plus ».
06:51On n'est pas en train de se dire « on va sur une plateforme ou une autre en fonction des opinions ».
06:56Ma réponse, c'est de leur dire « je m'assure que X suit nos règles ».
07:00C'est ça qui est important en tant que ministre du numérique.
07:02Merci beaucoup Clara Chapas d'être venue ce matin sur le plateau de première édition.

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