Category
🗞
NewsTranscription
00:0013h14, Europe 1 13h. Avec Céline Giraud sur Europe 1 13h20. Céline, c'est l'heure d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour.
00:07L'avocat Gilles-William Galnadel et le directeur adjoint de la rédaction du journal du dimanche, Raphaël St-Hubert.
00:12Mais oui, mon tandem du vendredi. Bonjour les amis.
00:15L'équipe d'acier.
00:17Bienvenue à bord, bienvenue dans ce studio.
00:19À 13h20, j'avais envie de revenir évidemment sur ce retour à l'envoyeur qui fait désordre.
00:24L'influenceur algérien Doualem, expulsé de France hier après-midi, a été renvoyé le soir même
00:29à Paris par les autorités algériennes. Et pour Xavier Driancourt, ancien ambassadeur de France en Algérie,
00:35les relations entre la France et l'Algérie n'ont jamais paru aussi tendues.
00:39Elles sont extrêmement dégradées. Je crois que c'est la crise la plus violente depuis très longtemps,
00:45même depuis 1962. Le fait qu'hier soir, la personne en question, Doualem, n'ait pas pu rentrer en Algérie,
00:56c'est quand même un signal extrêmement fort et négatif de la part d'Algérie.
01:01Aujourd'hui, très clairement, il n'y a plus de doute à avoir. Il y a des certitudes.
01:05Et la certitude, c'est qu'Algérie, comme on dit, nous cherche.
01:08Les Algériens ne contraignent que le rapport de force.
01:13Voilà, c'était Xavier Driancourt, Raphaël Stainville. Il y a beaucoup de choses dans cette réaction,
01:17mais on sent la tension, l'escalade, le rapport de force.
01:21C'est difficile de ne pas être d'accord avec Xavier Driancourt.
01:24D'un côté, on a un écrivain franco-algérien qui est embastillé, sans que la France, d'ailleurs, ne parvienne à faire valoir.
01:32Qualifié d'imposteur par le président algérien.
01:37Et puis, de l'autre, on a un ou des influenceurs qui, lorsqu'on les retourne à l'Algérie,
01:43alors que tout le droit est pour la France, il a un passeport biométrique, on nous le renvoie.
01:50Non, c'est une humiliation. Moi, ce qui me désespère, c'est qu'on a vraiment l'impression qu'on a un Bruno Retailleau
01:56qui est impuissant parce qu'il est seul. On a l'impression qu'au sein de ce gouvernement, il est le seul à mener la bataille.
02:02Le bras de fer dont parle Xavier Driancourt, il n'y a que le ministre de l'Intérieur.
02:07De l'autre côté, on a un ministre des Affaires étrangères qui préfère mener la bataille contre Elon Musk
02:15et fait des tourbillons avec ses bras menaçant de fermer Twitter X en France.
02:23Quand on aimerait qu'il s'occupe d'abord de Xavier Driancourt, qu'il s'occupe aussi d'essayer d'obtenir des laissés-passer de l'eau consulaire
02:30pour qu'on puisse retourner nos EQTF en Algérie.
02:34Gilles William, Goladel.
02:35Moi, je suis obligé de porter un regard quasi psychiatrique sur les relations franco-algériennes.
02:44On est dans le sadomasochisme complet.
02:47C'est-à-dire que la dictature algérienne agit avec un plaisir sadique.
02:53Elle a toujours construit ce pays.
02:56Ils ont sorti une loi exceptionnelle de 2008 qui interdit l'accès au pays à tout ressortissant représentant une menace pour le pays.
03:02C'est ce qu'ils ont brandi face aux officiers de police qui venaient avec Dolem pour le laisser sur le territoire algérien.
03:07De toute façon, c'est un état de non-droit. Ils peuvent brandir ce qu'ils veulent.
03:10Ce que je veux dire, l'Algérie s'est construite sur la détestation de la France.
03:15Ce sont des énergies assez négatives qui expliquent le désastre économique, le désastre démocratique de ce pays.
03:27Vous le comparerez au Maroc et vous aurez compris.
03:30Et la France elle-même s'est décrite, y compris par notre dernier président de la République,
03:38avant même qu'il soit élu, sur l'humiliation.
03:43Une sorte d'improbable plaisir de l'humiliation.
03:46On aurait commis des crimes contre l'humanité en Algérie.
03:50Il faut réparer. Il faut qu'on nomme Benjamin Stora, qui n'est pas un expert extrêmement neutre,
03:57pour expertiser les rapports historiques entre la France et l'Algérie.
04:03Abdelmajid Tebboune, le président algérien, a déclaré il y a quelques jours
04:07« Ceux qui disent que nous avons laissé un paradis à l'Algérie devraient savoir que 90% du peuple algérien
04:12était analphabète au moment de l'indépendance, estimant que la colonisation a laissé l'Algérie en ruine.
04:17Ils doivent admettre qu'ils ont tué et massacré des Algériens. »
04:20C'est son seul improbable fonds de commerce.
04:26Dans ce rapport sadomasochiste, vous avez en France des gens qui en tirent une sorte de plaisir érotique.
04:36C'est une partie du quai d'Orsay qui continue à ne rien dire.
04:41C'est quand même assez lamentable que le ministre des Affaires étrangères dise qu'il a des doutes.
04:49C'est pour ça que M. de Riancourt, l'ancien ambassadeur, dit que lui, pour ironiser,
04:53dit lui qu'il a des certitudes. Et vous avez toute l'extrême gauche.
04:56Il n'y a pas de preuves de l'ingérence, en parlant de ces influenceurs algériens qui ont été expulsés.
05:03Je suis désolé. Ils nous prennent l'élite franco-algérienne,
05:11l'élite caractérisée par Boalem Sansal parce qu'il aime trop la France,
05:17et il nous renvoie la lit parce qu'elle déteste la France.
05:24C'est clair. Vous avez une extrême gauche française qui prend un malin plaisir érotique d'y trouver du plaisir.
05:32On ne peut pas comprendre rationnellement les relations franco-algériennes si on ne donne pas cette explication-là.
05:39Je ne vais pas aller sur le plan de la psychiatrie, mais poursuivre sur le plan politique.
05:45Il y a quelque chose qui est profondément heurtant.
05:49C'est qu'on voit, année après année, la France faire des lois d'immigration
05:53qui sont perpétuellement débattues, combattues notamment par la gauche.
05:59Et ces lois d'immigration ne conservent pas l'Algérie.
06:04On a l'impression qu'on va régler, avancer sur un certain nombre de sujets,
06:09alors qu'en fait, on ne fait que souligner l'impuissance française
06:13puisque les accords de 68 excluent du champ d'application ces lois d'immigration.
06:20Aujourd'hui, il est clair, il faut avoir le courage de pouvoir dénoncer ces accords,
06:25ce qu'a fait Bruno Retailleau, mais il ne peut pas être seul.
06:29Aujourd'hui, on attend que le Président, que le Premier ministre s'exprime sur ce sujet.
06:34Alors justement, Bruno Retailleau n'est-il pas isolé dans cette affaire ?
06:38Et on reparlera de ces accords de 68 qu'il menace de dénoncer.
06:42On va en reparler dans quelques instants. Restez bien avec nous.
06:44Restez bien avec nous. La suite d'Europe 1 13h, c'est dans un instant avec Céline Giraud sur Europe 1.
06:5213h, 14h.
06:53Europe 1 13h.
06:5413h32, Europe 1 13h, la suite avec vous Céline Giraud.
06:57Les débats se poursuivent avec vos deux chroniqueurs du jour,
06:59l'avocat Gilles-William Golnadel et le directeur adjoint de la rédaction du journal du dimanche,
07:03Raphaël Stainville.
07:05Et avec vous, chers auditeurs d'Europe 1, toujours plus nombreux à nous écouter.
07:08Entre 13h et 14h, on va maintenant parler de ce retour, toujours et encore,
07:13à l'envoyeur qui fait désordre. On en parlait il y a quelques minutes.
07:16Et ces tensions entre Paris et Alger qui sont croissantes,
07:19l'Algérie qui refuse de récupérer la plupart de ses ressortissants sous OQTF.
07:25Déjà en novembre dernier, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
07:29menaçait de dénoncer l'accord de 68 sur le séjour des Algériens en France.
07:34Que contient ce texte ? La réponse tout de suite avec Christophe Bordet.
07:37Accord relatif à la circulation, à l'emploi et au séjour en France des ressortissants algériens et de leur famille.
07:44C'est son intitulé. Statut particulier, exceptionnel pour entrer et séjourner sur le territoire.
07:49Il permet d'obtenir un certificat de résidence plus simple que les classiques titres de séjour.
07:54Résultat, un Algérien n'a pas besoin de visa pour un séjour de plus de 3 mois.
07:59Mais de ce document attribué pour une durée de 1 à 3 ans en général au titre du regroupement familial.
08:05Il peut ainsi faire venir en France une bonne partie de ses proches.
08:08Il faut néanmoins qu'il prouve qu'il a bien un logement, des conditions de ressources décentes.
08:13Le droit commun s'applique en revanche pour tout ce qui concerne les mesures d'éloignement.
08:17La crainte des juristes, c'est qu'une dénonciation de l'accord franco-algérien
08:21encourage encore plus Alger à ne pas délivrer du tout de laissés-passés consulaires.
08:26En 2023, il y en a eu 2500.
08:29C'est seulement, tenez-vous bien, 4% des OQTF exécutés pour ces ressortissants.
08:34Raphaël Stainville, la France est dans une impasse.
08:37Mais je pense que la France est dans une impasse parce qu'elle ne mène pas le bras de fer.
08:41Ou elle ne va pas jusqu'au bout.
08:43Elle se contente de vocalise, elle se contente de menaces sans jamais passer à l'acte supérieur.
08:49A part Bruno Retailleau qui, on l'a dit, est un jugé inacceptable.
08:52Il a eu des mots très forts tout à l'heure, mais il est seul.
08:54Il est seul et puis pour l'instant, ce ne sont que des vocalises.
08:57Encore une fois, on peut s'évertuer à dénoncer ce déséquilibre entre la France et l'Algérie.
09:05Si on ne va pas jusqu'au bout de cette logique et si on ne rompt pas de manière forte avec l'Algérie,
09:10on se condamne à la même impuissance.
09:12On continue à délivrer 300 000 visas tous les ans aux Algériens.
09:1640% des occupants dans les crats, ce sont des Algériens.
09:20Donc 40% des OQTF, parmi les plus dangereux, parce que c'est ceux qui sont dans les crats, sont des Algériens.
09:27Et on n'arrive pas à les renvoyer chez eux.
09:30Moi je pense que derrière ces questions d'ordre migratoire,
09:35il y a aussi, je pense, l'idée que la France préfère le gaz algérien
09:42et prêt à sacrifier le bien-être des Français,
09:46s'accommoder des racailles qui sont chez nous et qui viennent d'Algérie,
09:50plutôt que de souffrir, d'avoir un peu froid l'hiver.
09:54Gilles-William Gonadel.
09:55Non, je ne fais pas mienne cette thèse économique.
09:58C'est-à-dire ?
09:59On préfère le gaz algérien et souffrir pour le reste.
10:03Non, je maintiens que nous sommes, depuis des années,
10:06nous payons le prix de notre impuissance quasi virile, si j'ose dire.
10:14La politique migratoire de la France a fait que nous avons maintenant,
10:18parce qu'il faut dire les choses comme elles sont,
10:20vous avez des millions d'Algériens sur le territoire français.
10:25La plupart sont tout à fait pacifiques.
10:28Mais le nombre, c'est le nombre.
10:30Il n'y a rien de pire que le nombre.
10:33Même avec la synergie entre Darmanin et Retailleau
10:37qui semble pour le coup alignée sur une volonté plutôt offensive d'inverser la tendance.
10:43Au-delà des influenceurs, ils n'ont même pas besoin d'être mandatés ces gens-là.
10:48Vous avez à l'intérieur des millions d'Algériens qui existent,
10:55forcément, une minorité qui déteste la France, agressive et même dangereuse.
11:01Et je peux vous dire que le gouvernement est obligé, à mon avis, d'en tenir compte.
11:08Nous payons donc l'addition d'années de renoncement,
11:14mais de renoncement qui vont au-delà de la politique.
11:17Je vous dis que c'est un complexe français par rapport à l'Algérie
11:22et qui a été entretenu moins par les Algériens et les musulmans eux-mêmes
11:26que par l'extrême gauche qui a expliqué à une partie de la jeunesse
11:30et notamment algérienne en France, que nous étions des beaufs, racistes
11:35et que nous ne méritions aucun respect.
11:38Nous payons cette addition. Le temps de pérégler l'addition est venu.
11:42Mais de toute manière, on n'a pas d'autre choix maintenant que de refuser de payer.
11:46Raphaël Stainville ?
11:48Je suis pas en désaccord avec Gilles William.
11:50J'éclairais juste d'un aspect supplémentaire avec ce volet économique.
11:55Mais si on en revient justement à cette question du nombre,
11:58on voit qu'il ne suffirait pas de dénoncer les accords algériens pour régler le problème.
12:05Je pense que de manière beaucoup plus fondamentale,
12:08la question du droit du sol et du droit du sang devrait se poser.
12:13D'ailleurs, des pays européens ne pratiquent pas le droit du sol
12:18et personne ne les pointe du doigt.
12:21Donc il y a quand même, je pense, une réflexion beaucoup plus large
12:24que la simple question de ces accords entre la France et l'Algérie
12:29si l'on veut sérieusement se prémunir de cette question démographique.
12:35Pour vous, le point n'est pas là ?
12:37Il n'est pas seulement là.
12:39Il n'est pas seulement là.
12:41Il est là aussi.
12:43Il n'est pas seulement là, mais il est là aussi.
12:46C'est un des éléments fondamentaux.
12:48Du coup, Retailleau, on l'a senti un peu seul sur ce dossier.
12:52Il avait proposé également, c'est un autre sujet,
12:55mais par rapport au voile pour les accompagnatrices,
12:58là aussi il a été retoqué par la porte-parole du gouvernement.
13:00On a la sensation qu'effectivement il a envie de fermeté,
13:03mais que le cas d'Orsay, d'ailleurs Jacques Serrel l'expliquait tout à l'heure,
13:06est sur d'autres préoccupations.
13:08Il ne joue pas la même partition.
13:10C'est le moins qu'on puisse dire.
13:12Ils sont très éloignés des urgences telles que les évoque Bruno Retailleau.
13:17Après, il y a quand même une réalité
13:20qui fait que, quand même Bruno Retailleau voudrait pouvoir changer la loi,
13:26notamment sur le voile,
13:28il se heurte à une quasi-impossibilité dans ce paysage politique archipelisé
13:33qui fait que ce texte ne pourrait pas passer en l'état.
13:38Je pense qu'il prépare davantage à reconstruire un corpus idéologique à la droite
13:45et qu'il prépare finalement cette doctrine
13:49qui pourrait peut-être permettre à un candidat de la droite en 2027
13:53de changer les choses avec une majorité derrière lui.
13:57Mais c'est une question de légitimité.
13:59Aujourd'hui, Bruno Retailleau est seul parce qu'il n'a pas de mandat
14:02pour mener à bien sa politique.
14:05Raphaël a raison, mais comme s'il ne suffisait pas à notre malheur.
14:10À cause de la dissolution, il y a un gouvernement minoritaire
14:16qui ne peut donc pas appliquer des décisions courageuses
14:21et qui devrait requérir davantage d'unanimité, davantage de consensus.
14:27Mais quand bien même, il faut comprendre la difficulté de la tâche
14:31d'un gouvernement même majoritaire,
14:34même un gouvernement majoritaire politiquement,
14:37va se heurter quand il faudra bien le faire,
14:40et quand on pourra le faire, et quand on devra le faire,
14:43à contre-pouvoir aux pouvoirs politiques,
14:47qui sont le pouvoir médiatique, le pouvoir du Conseil constitutionnel,
14:53le pouvoir de la Cour européenne des droits de l'homme,
14:55le pouvoir de la Commission européenne.
14:57Nous avons un enjeu à la fois existentiel et périlleux,
15:05et en même temps avec des difficultés plus que difficiles.
15:13Et pourtant, nous sommes obligés de le faire.
15:16Allez, à 13h40, on reste ensemble dans quelques instants.
15:19J'avais envie de revenir avec vous sur ces commémorations,
15:23trois jours de commémorations dix ans après les attentats de Charlie Hebdo.
15:26Que reste-t-il de l'esprit Charlie avec cet indicateur ?
15:2946% des jeunes se disent choqués que l'on caricature le prophète.
15:34On va en parler à tout de suite.
15:35Vous êtes bien sûr Europe 1 et avec Céline Giraud, de 13h à 14h.