Médecin Drancy
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00:00Depuis le post-Covid, les gens sont devenus fous.
00:03Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter une triple fracture du nez,
00:07c'est-à-dire plus de gout, plus d'odorat peut-être jusqu'à la fin de mes jours ?
00:10Je suis médecin généraliste à Drancy depuis le 1er janvier 1997.
00:17C'est un rêve d'enfant !
00:19Avec mes frères, je jouais, je leur disais c'est moi le docteur.
00:22Ça a toujours été un truc qui m'avait toujours fasciné.
00:25Et quand je suis arrivé en France, le concours de première année,
00:29on était 900 et tous les copains qui étaient avec moi,
00:32ils me disaient mais c'est quoi ton plan B si tu ne réussis pas la médecine ?
00:37Je dis moi, il n'y a pas de plan B.
00:38Il n'y a qu'un seul plan et c'est le plan A et c'est tout.
00:41Il y a 30 ans, une consultation de médecin, c'était une consultation normale.
00:47Les gens, ils arrivaient avec un problème, ils vous exposaient leur problème.
00:51Des fois, on leur dit écoutez, je pense que vous avez ça.
00:54Mais il y avait une confiance dans la parole du médecin.
00:58C'est-à-dire quand on vous écoutait et tout, c'est vous qui avez le savoir
01:02et les gens venaient pour vous profiter de votre savoir.
01:05Depuis quelques années, maintenant, tout le monde arrive au cabinet et sait déjà.
01:09Il a été sur Internet, il sait même s'il a lu que deux, trois lignes, c'est mieux que vous.
01:15On est passé d'un statut de quelqu'un qui dispensait son savoir à un bien de consommation.
01:21On est noté sur Google et tout ça.
01:23Les médecins, on n'est pas plus que des machines à laver ou des sèches-linges.
01:27On a un temps d'étoile.
01:28Le jour de l'agression, il a attendu au fait qu'il n'y ait plus d'hommes dans la salle d'attente.
01:33Donc moi, j'étais concentré sur le téléphone et je n'étais pas du tout sur mes gardes.
01:36Et au moment où je regardais, il m'a mis un coup de tête sur le côté.
01:39Donc du coup, le nez s'est retrouvé là.
01:41Venir taper pour faire mal à quelqu'un que je soignais depuis qu'il avait six ans.
01:46Ces dernières années, c'est la cinquième fois où je me fais agresser.
01:50La cinquième fois, il m'a craché à la figure.
01:52C'est très humiliant quand on vous crache à la figure.
01:54Tout le monde devient fou.
01:55Je n'ai aucune explication rationnelle à ça.
01:58Le peu d'humanité qu'il y avait dans les gens, je ne sais pas où elle est partie.
02:02C'est devenu juste de l'agressivité à un poids inimaginable.
02:05Mais si je continue, c'est vraiment pour de nombreux patients.
02:09Un patient que je soignais, qui est parti depuis presque dix ans maintenant,
02:13est parti dans la région de Chambord.
02:15Quand il a su ce qui m'est arrivé, il est remonté jusqu'où il est pour venir me voir.
02:19J'ai un maire d'une ville et tout ça qui m'a dit
02:22« Venez nous, on vous donne le local, on vous surveille. »
02:24Il m'a dit « Nous, on n'a pas de médecin depuis quatre ans. »
02:26Il m'a dit « Venez, la veille ne vous mérite pas. »
02:29Ça m'a arraché le cœur, leur témoignage.
02:31Et le premier message que j'avais sur le téléphone du cabinet,
02:35c'était un anonyme que je n'ai jamais soigné.
02:37Il m'a dit « Bonjour docteur, je suis un anonyme, je ne vous connais pas.
02:39Vous ne m'avez jamais soigné. »
02:41C'était juste pour témoigner mon soutien à ce qui est arrivé.
02:45Ça m'a touché.
02:46C'est ce qui me donne envie de continuer.