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00:00Bonjour à tous, bonjour à tous, belles et heureuses années aux auditeurs d'Europe 1, aux téléspectateurs de CNews et aux autres.
00:16Bien évidemment, amour et santé pour 2025, réussite dans tous les domaines, vous recevez depuis mercredi minuit que des vœux de personnes qui vous veulent du bien.
00:27Et je me demande si ce que j'ai lu de plus intéressant n'était pas hier dans le journal L'Équipe, soit dit en passant le seul quotidien qui sort le jour de l'un.
00:36Ce qui m'étonne, est-ce que CNews ou Europe 1 tire le rideau le 1er janvier ? Est-ce que l'info s'arrête ?
00:41Je lisais donc les mots les plus intelligents de ce début d'année, ils sont signés du nouvel entraîneur du Milan AC, le portugais Sergio Conceicao.
00:51Je ne crois pas que tout le monde le connaît, mais voici ce qu'il a déclaré.
00:55On peut changer de système tant qu'on veut, il parle de tactique, de jeu, mais ce qui compte c'est l'état d'esprit.
01:03Ce n'est pas négociable, les joueurs doivent avoir l'étincelle dans les yeux quand ils viennent ici à Milan.
01:09Sergio Conceicao ne cite pas l'ecclésiaste Georges Bernanos ou Paul Ricoeur, il dit une chose que j'ai vérifiée dans les familles, à l'université, en entreprise.
01:19Seul compte l'état d'esprit.
01:22Il existe des tempéraments nés dans le ressentiment, ce n'est pas qu'ils soient infernaux, invivables ou indociles,
01:29choses avec lesquelles on s'accommode aisément, non, ce sont d'autres travers que l'expression passion triste résume.
01:36Ils ont envahi l'espace.
01:38Alors si j'avais un souhait en 2025, que revienne en France un certain état d'esprit, la légèreté de Sacha Guitry, la tolérance de Voltaire,
01:47le talent de Bernard Pivot, la provocation de Serge Gainsbourg, le second degré de Pierre Desproges, la folie des nuls,
01:54la naïveté de Bourville, la lucidité de Céline, la tendresse de Michel Delpêche, mort un 2 janvier il y a 9 ans.
02:01Oui, j'aimerais qu'une fée qui ne soit pas Carabosse change les crapauds en prince charmant.
02:08Je rêve sans doute.
02:10Bonne année à tous.
02:11Il est 9h01.
02:13Sandra Tchoumbo pour les titres.
02:17Bonjour à tous.
02:26A la une ce jeudi, le FBI cherche à savoir s'il y avait une connexion entre l'attaque à la Nouvelle Orléans et l'explosion d'une Tesla Cybertruck hier devant l'Hôtel Truck de Las Vegas.
02:37C'est un acte volontaire.
02:39Le pick-up a été loué sur une application de location de voiture entre particuliers.
02:43Une personne à l'intérieur a été tuée.
02:46Le bilan s'est alourdi à la Nouvelle Orléans.
02:49Au moins 15 personnes sont décédées dans un drame la nuit du réveillon dans le quartier touristique français.
02:54Le suspect, un ancien militaire américain, se nommait Shamsuddin Jabbar.
02:58Il portait un drapeau du groupe Etat islamique.
03:01Le FBI évoque un acte terroriste à la voiture bélier et cherche d'éventuels complices.
03:06Et puis en France, Gérald Darmanin effectue sa première visite de l'année à Marseille.
03:11Aujourd'hui, il va passer une bonne partie de la journée au tribunal judiciaire.
03:15Un déplacement qui entre dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue en prison.
03:19Le garde des Sceaux a promis de faire du narco-banditisme sa priorité absolue.
03:23Il doit formuler des propositions en fin de journée.
03:26Merci beaucoup Sandra.
03:28On est avec Sabrina Medjaber, avec Gérard Carreyrou, avec Philippe Bilger, avec Richard Millet, avec Thomas Bonnet.
03:33On parle évidemment politique.
03:34Un état d'esprit, c'est assez difficile à définir.
03:37Et c'est vrai que la France, peut-être au-delà de tout, traverse une sorte de crise intellectuelle, morale.
03:42Et cet état d'esprit que vous avez connu, que nous avons connu, on ne le retrouve pas aujourd'hui.
03:47Je ne sais pas si les choses peuvent changer ou pas le regard du littéraire, de l'intellectuel que vous êtes là-dessus.
03:53Est-ce qu'on peut définir un état d'esprit ?
03:56On dit depuis des années que la France est complètement déprimée.
04:01Je pense que c'est la vérité.
04:02Je pense d'ailleurs que l'ennui est un facteur européen actuellement, depuis même beaucoup d'années.
04:08Mais ce qui me frappe là, c'est que tout est déboussolé, tout est déboussolé.
04:12Il y a une espèce de, comment dirais-je, de hiatus entre les festivités...
04:16Richard Millet !
04:18Non, je vous en prie ?
04:18Je le dis pour les auditeurs d'Europe 1 de temps en temps, je dis les noms.
04:21Richard Millet !
04:23Entre les festivités en tout genre et ce qui se passe, par exemple, les mille voitures, etc.
04:28Incendie, Macron qui présente ses voeux avec un certain courage, peut-être pour la première fois, je dois le dire.
04:35Et ce qu'on voit dans les cités, dans les banlieues, partout, je ne sais pas, c'est un pays difficile.
04:42En tout cas, lorsqu'on interroge les gens sur leur vie privée, ils sont plutôt heureux.
04:46Et lorsqu'on les interroge sur la vie du pays, ils sont extrêmement pessimistes.
04:52Mais je voulais vous faire écouter justement Emmanuel Macron.
04:54Parce qu'il y a quelque chose qu'il a dit, qui m'a étonné, qui a peu été repris.
04:58Il a dit qu'il faut travailler plus.
05:00Il a dit qu'il faut travailler plus.
05:01Il l'a dit mardi soir.
05:02Et Emmanuel Macron, il est président depuis sa neuvième année.
05:06Qu'a-t-il fait pour travailler plus ?
05:07Il a sans doute allongé le temps de travail, de vie professionnelle, mais il n'a pas remis en cause les 35 heures.
05:13Il n'a pas supprimé des journées de congé, il n'a pas supprimé des journées fériées.
05:17Alors où il prend ce travailler plus ?
05:19Écoutez ce qu'il a dit, parce que ça m'intéressait.
05:22Il nous faut le réveil européen, réveil scientifique, intellectuel, technologique, industriel,
05:28réveil agricole, énergétique et écologique.
05:32Il faut pour cela aller plus vite, prendre nos décisions plus rapidement, plus fortement en européen,
05:38simplifier nos règles pour nos compatriotes comme nos entreprises et investir davantage.
05:45Cela suppose une France qui continue d'être attractive, qui travaille et innove plus,
05:51qui continue de créer des emplois et qui assure sa croissance en tenant ses finances.
05:57J'y veillerai.
05:59J'y veillerai, a beaucoup été commenté, mais qui travaille plus ?
06:03Je vous assure, c'est tout le souci que nous avons souvent avec Emmanuel Macron.
06:07Il n'a pas mis en place l'idée qu'on travaille plus.
06:13Absolument, parce qu'en général on peut douter de la fiabilité de la parole politique,
06:20parce qu'elle est rarement traduite dans les faits.
06:23Et ce n'est pas toujours de la faute des politiques, parce que la réalité peut surprendre.
06:28Mais Emmanuel Macron, il est extrêmement doué, j'allais dire, pour les injonctions tardives,
06:35pour le volontarisme vide de sens et en réalité il cherche désespérément à nous démontrer,
06:43récemment par son discours, qu'il va faire ce qu'il n'a jamais fait et qu'il continuera à ne pas accomplir,
06:50puisque son seul souci aujourd'hui, c'est de garder un semblant de légitimité jusqu'en 2027.
06:57Et même sa repentance sur laquelle on a beaucoup insisté, et vous l'avez dit hier Thomas,
07:03elle est relativisée par cette petite nuance où il ajoute, pour l'instant, la dissolution est une...
07:12Il a aussi dit, ce qui m'a amusé, c'est qu'il a parlé de la dissolution en Allemagne,
07:15ce qui était une manière de dire, vous voyez, bon c'est du méchant, mais là pour le coup il y a eu un coup de pain.
07:22Mais revenons sur le fait qu'il faut travailler plus, parce qu'en fait, globalement,
07:29les gens sérieux s'accordent à dire qu'on ne travaille pas assez, globalement,
07:33qu'il faut produire plus et donc travailler plus.
07:36Bon, mais il ne l'a pas fait, parce que là vous heurtez effectivement aux Français peut-être qu'ils ne veulent pas travailler,
07:42ou moins travailler. Bon, j'ai même entendu certains qui disent qu'on pourrait travailler 20 heures par semaine.
07:46Mais sur le travailler plus, on peut dire qu'il ne l'avait pas inscrit au frontispiece de son premier mandat,
07:53ni du deuxième. Le dernier président, qu'on l'aime ou pas, peu importe, ça n'a plus d'importance, c'est de l'histoire.
08:01Le dernier président qui a véritablement invoqué comme une nécessité pour la nation le travail,
08:09travailler plus pour gagner plus, c'est Nicolas Sarkozy. Il a d'ailleurs été largement critiqué pour ça.
08:16Mais à part lui, personne n'a plus parlé de ça. Alors qu'on se rend compte, effectivement,
08:21que la France est le pays qui travaille le moins, pratiquement, en Europe, que le nombre de jours de congés.
08:27Écoutez, c'est fabuleux. Je ne parle même pas seulement de la presse, où nous avons vécu des journalistes aujourd'hui
08:33qui ont deux mois et demi de vacances.
08:35Ils ont plus que ça. Ils ont beaucoup plus que ça. Les conventions collectives, c'est 13 semaines de congés payés.
08:39C'est 13 semaines de congés payés dans la presse française.
08:43Je ne veux pas les citer. La dernière fois que j'ai cité ça, ils m'ont tous appelés.
08:46Ils ont deux mois et demi de... On disait ça quand je...
08:48Le 1er janvier, il n'y a pas de journaux. Mais au nom de quoi il n'y a pas de journaux en France le 1er janvier,
08:51sauf l'équipe ? Au nom de quoi le Parisien ne sort pas le 1er janvier ? Le Figaro, etc.
08:57Parce que vous allez vous heurter, je veux dire, à tous les syndicats qui vont dire
09:02« Ben non, on ne travaille pas le 1er janvier ».
09:04En posant la question, vous répondez par vous-même. Les Français, aujourd'hui, ne considèrent...
09:10Alors, on verra si ça change. Ils ne considèrent pas aujourd'hui que travailler plus, c'est une nécessité absolue.
09:17Alors, à partir du moment où on a fait le Covid également, où on a mis tout le monde chez soi et on les a payés à rien faire,
09:21il ne faut pas s'étonner parce qu'il y a eu ce retour du bâton.
09:24La dissolution. Juste un petit mot sur la dissolution. Après, on parlera du référendum.
09:29Et je vous montrerai ce qui s'est dit en 2005, parce qu'on a souvent parlé de 2005.
09:32Le dernier référendum, c'est 2005.
09:342005. Jacques Chirac.
09:35Bon, déjà, on ne peut pas poser des questions sur tout dans un référendum.
09:38C'est l'article 11 qui régit ça. Le champ d'application du référendum est finalement assez restreint.
09:42C'est question de... Pardon, pas de question de société, justement, mais question d'ordre des institutions.
09:47Donc, ratification d'un traité, passage du quinquennat au septennat.
09:51Ça a été passé... Enfin, du coup, c'est à l'inverse.
09:52J'espère qu'il ne va pas proposer la 6e République. J'espère.
09:55Parce que là, ça serait le comble que... Parce qu'aujourd'hui, la 5e République, elle est vraiment très abîmée.
10:01Elle est détricotée.
10:02Si vous allez dans la rue et que vous demandez aux gens « est-ce qu'il faut changer la 5e République ? »,
10:06je pense que les gens peuvent dire oui.
10:07Peuvent dire oui.
10:08Donc ça, ça serait terminé. Là, il aurait tout cassé.
10:13Mon intuition, c'est qu'il peut se servir d'un référendum pour mettre en place le scrutin à la proportionnelle.
10:18Je pense que c'est ça qui pourrait être l'objet du référendum.
10:20Vous avez besoin d'un référendum pour...
10:22Ce serait décevant, je ne dis pas le contraire, mais...
10:24Vous allez mobiliser la France entière pour aller aux urnes pour savoir si on veut voter pour la proportionnelle.
10:28Je ne dis pas que c'est le sujet que j'aimerais voir être mis à référence.
10:31Un mot sur la dissolution, parce que vous le disiez tout à l'heure,
10:35mais à coup de pas du président de la République. Un mot.
10:39Je dois bien reconnaître ce soir que la dissolution a apporté pour le moment
10:44davantage de divisions à l'Assemblée que de solutions pour les Français.
10:48Si j'ai décidé de dissoudre, c'était pour vous redonner la parole,
10:52pour retrouver de la clarté et éviter l'immobilisme qui menaçait.
10:56Mais la lucidité et l'humilité commandent de reconnaître qu'à cette heure,
11:02cette décision a produit plus d'instabilité que de sérénité et j'en prends toute ma part.
11:06Le problème, pardonnez-moi, ce n'est pas aimable ce que je dis un 2 janvier,
11:10c'est que ce qu'il dit n'est pas juste.
11:13Il a dissous pour espérer le Rassemblement national à Matignon,
11:17pour reprendre de l'air lui-même et on lui a vendu l'idée que pendant deux ans,
11:22il allait d'une certaine manière sortir de la présidence avec une meilleure image.
11:26C'est ce que lui ont vendu ses conseillers et ce n'est pas ce qui est arrivé.
11:31Donc c'est là qu'il y a quelque chose qui n'est pas juste dans son analyse.
11:36Absolument, mais parce que j'ai l'impression que même les décisions les plus graves,
11:42Emmanuel Macron seul ou dans le cadre d'une délibération collective un peu restreinte tout de même,
11:49les prend jamais par une authentique conviction,
11:53une constération la plus pleine possible de ce que souhaitent les Français,
12:00mais à partir d'une conception parfois presque ludique de la politique.
12:05À tort ou à raison, quand il a ordonné cette dissolution,
12:09j'ai imaginé un Emmanuel Macron ironique derrière, hilare presque,
12:16disant quel joli tour je vais faire aux Français comme je vais me singulariser par une provocation absurde.
12:23J'espère que ce n'est pas ça, parce que là c'est en pantin comme psychologie.
12:28Mais n'empêche qu'il y a toujours eu chez lui, dans beaucoup de ses décisions
12:33et dans sa volonté d'être obsessionnellement singulier, des ravages à presse.
12:38On va parler du référendum.
12:40Lorsque Richard Millet en 2024 est venu nous voir pour la première fois,
12:44je suis vraiment content qu'il soit régulièrement sur notre plateau,
12:47puisque vous n'étiez pas intervenu depuis de nombreuses années dans les médias qui vous laissaient de côté.
12:52Vous m'aviez dit, je ne sais pas si c'était vrai ou pas,
12:53que vous n'aviez jamais entendu le son de la voix d'Emmanuel Macron ni son visage.
12:57Vous étiez un peu en dehors de l'actu.
12:59Maintenant, vous êtes shooté à l'actu.
13:04Shooté n'exagérons pas.
13:06Vous l'avez écouté, par exemple, mardi soir à 20h ?
13:08Oui, j'ai écouté, mais il m'intéresse littérairement,
13:11parce qu'il y a une dimension suicidaire peut-être dans cette question de la dissolution.
13:14Et j'aime imaginer, vous le disiez M. Bilger,
13:17j'aime imaginer un Macron ironique ou un Macron parodique,
13:21ou un Macron qui dit « je lance mes derniers dés ».
13:24Ça me fascine, ça, parce que c'est quand même un homme qui a le pouvoir,
13:27quoi qu'on dise, même si ses conseillers, peut-être, vous voyez, le conseille mal.
13:31Mais c'est quoi le suicidaire ?
13:32Ça veut dire, parce qu'il y a cette thèse parfois,
13:35on a évidemment toujours cherché à expertiser le cerveau de ceux qui nous dirigent.
13:40Et Emmanuel Macron ne fait pas exception à la règle.
13:45Mais j'entends parfois des choses…
13:48C'est un homme qui a tout réussi, donc il veut se punir.
13:50J'entends des choses comme ça.
13:51Non, non, non, je ne veux pas faire de psychologie.
13:52Non, mais j'entends, je vous assure, des choses parfois invraisemblables.
13:57Je veux dire que j'ai constaté, partout où quelqu'un a beaucoup de pouvoir,
14:01il y a un moment où il en a assez, peut-être,
14:03et il a envie de tout changer, de donner un coup de pied dans sa propre fourmilière.
14:07C'est tout.
14:08Au bout de cinq ans de présidence, peut-être qu'il en avait assez.
14:12Cette usure du pouvoir dont on parle, mais une usure psychologique, peut-être.
14:18Le référendum, écoutons ce qu'il a dit sur le référendum,
14:21et puis après, on pourra revenir sur le dernier…
14:24La dernière fois que les Français sont allés aux urnes pour un référendum,
14:27c'était en 2005.
14:28C'est très intéressant, je vais vous montrer une archive tout à l'heure,
14:30et c'est David Pujadas qui présentait ce soir-là les résultats.
14:35C'est très intéressant de voir ce qui se disait en 2005,
14:37parce que c'est sans doute une fracture,
14:40après, évidemment, il y a eu d'autres éléments,
14:41mais un divorce entre le pouvoir politique et le peuple français,
14:47qui ne cesse, ce divorce ou cette fracture, de s'écreuser.
14:50Mais écoutez le président de la République sur le référendum.
14:53C'est pour cela qu'en 2025, nous continuerons de décider,
14:57et je vous demanderai aussi de trancher certains de ces sujets déterminants.
15:03Car chacun d'entre vous aura un rôle à jouer.
15:06Chacun d'entre vous sera nécessaire pour réussir ce projet
15:11que je viens rapidement de brosser devant vous.
15:16Oui, comme pour les grands chantiers qui ont fait notre histoire,
15:19et encore l'année qui vient de s'écouler,
15:21chacun d'entre vous est nécessaire pour bâtir une nation
15:26et une République plus belle encore.
15:29Alors les référendums de la Ve République, il n'y en a pas eu tant que ça.
15:32Autodétermination en Algérie, c'est en janvier 61,
15:35il y a quand même 78% des gens qui avaient répondu oui.
15:40Établissement des accords déviants, c'était le 8 avril 62, 75% aussi.
15:44Élection du président au suffrage universel, 77% des Français avaient répondu oui.
15:49Réforme du Sénat et régionalisation,
15:5182% des Français avaient participé.
15:58Alors là, 52%, c'était absolument différent.
16:03Traité d'élargissement des communautés européennes, ça c'est en 72.
16:06Et puis donc le dernier, ratification du traité,
16:09établissement une constitution pour l'Europe, 69% des Français votent.
16:1354% des Français disent non.
16:16Et effectivement, la question posée a été simple.
16:18Approuvez-vous le projet de loi qui autorise la ratification du traité,
16:21établissement une constitution pour l'Europe ?
16:23Les Français ont dit non et on s'est assis là-dessus.
16:28Donc écoutez ce que disait David Pujadas.
16:30C'était en 1900, c'était le 29 mai 2005.
16:36David Pujadas, que je salue, bien évidemment,
16:39que vous avez bien connu dans une autre vie, cher Gérard,
16:42que vous avez d'ailleurs beaucoup aidé, disons-le, à un moment,
16:44pourtant il faisait le droit de savoir avec vous.
16:45– Écoutez, à un moment donné, effectivement, il est passé à notre concurrent LCI
16:51parce que M. Lelay, mon patron, et le sien également, voulait le virer.
16:55Je lui ai dit écoute, David, je t'aime beaucoup, si tu veux, va à LCI
16:59parce que ça te permettra de trouver la vie.
17:01– On ne dit pas pourquoi il devait être viré, on ne dit pas, mais bon.
17:06– Un très bon journaliste.
17:08– Excellent journaliste, mais c'est parce qu'il était un excellent journaliste
17:10qu'il avait fait un sujet qui n'avait pas forcément plu à un homme important de l'époque.
17:14Il dirigeait le club de football.
17:15– Exactement.
17:16– Et qui avait une certaine influence à l'époque à TF1.
17:24Écoutons cet archive de David.
17:28– Merci Christophe, voilà, il est 21h59, tout juste,
17:31nous allons donc nous concentrer sur ce qui va suivre.
17:34Dans quelques secondes, on va savoir si les Français ont choisi de dire oui ou non
17:40à cette constitution européenne.
17:42Depuis quelques minutes, depuis une demi-heure maintenant,
17:44nous avons insisté sur les enjeux importants, décisifs de ce vote pour l'Europe.
17:50Bien sûr, c'est la marche de la construction européenne,
17:53telle qu'elle s'est dessinée depuis ces fondations qui est en jeu.
17:57Et c'est aussi, bien sûr, en France, un enjeu très important pour le gouvernement,
18:02pour le président de la République qui a choisi cette voie référendaire
18:06plutôt que la voie parlementaire.
18:08Et puis un enjeu aussi pour toute la vie politique
18:10puisqu'on a vu des partis se diviser sur cet enjeu européen,
18:14en particulier le Parti socialiste qui, malgré un référendum interne,
18:18a vu ses dirigeants prendre des positions très différentes.
18:23Il est 21h59 et 55 secondes.
18:27Voici maintenant notre estimation Ipsos des résultats de ce référendum.
18:33Les Français rejettent la constitution européenne.
18:36Le non l'emporte largement, 55% contre 45% pour le oui.
18:42Un écart donc très important.
18:43Le chiffre peut être affiné, mais le résultat est bien là.
18:47La victoire du non est incontestable et on aperçoit sur ces images
18:51la joie des partisans du non.
18:54Du côté du quartier général d'Henri-Emmanueli,
18:58point de ralliement des partisans du non socialiste.
19:01Et puis du côté aussi du mouvement pour la France.
19:06Gilles Leclerc, c'est une soirée dont on se souviendra.
19:08C'est un rejet sans appel de cette constitution européenne.
19:11C'est une addition en tout cas des non ce soir.
19:13Et il faut rappeler, parce qu'on l'avait entendu pendant toute cette campagne,
19:16que les principaux partis de gouvernement,
19:18à savoir l'UMP, l'UDF, le Parti socialiste,
19:21les Verts, avaient officiellement appelé à voter oui.
19:23C'est ce soir une défaite cinglante d'abord pour l'exécutif
19:27et en particulier d'abord pour Jacques Chirac,
19:28qui avait été l'initiateur de ce référendum.
19:31Une mauvaise nouvelle également pour les deux principaux responsables
19:34des deux plus grands partis politiques français,
19:36à savoir pour Nicolas Sarkozy pour l'UMP
19:39et François Hollande pour le Parti socialiste.
19:41C'est un choc, David, ce soir, un choc pour l'Europe,
19:44mais aussi un choc pour la quasi-totalité des partis de gouvernement en France.
19:47C'est intéressant de voir que c'est la dernière fois qu'on a interrogé les Français.
19:50Et de plus, on ne les interroge plus.
19:52Parce qu'effectivement, on a peur parfois de ce qu'ils vont dire.
19:56Et là, c'est très intéressant.
19:58Mais c'est la première étape du divorce entre le peuple et ses élites.
20:02Et je le dis d'autant plus que moi, j'étais éditorialiste à l'époque.
20:06Je ne l'ai pas vu venir.
20:07Ce non référendum, je ne l'ai pas vu venir.
20:10Et parce que pourquoi ?
20:11Parce que tous les commentateurs,
20:13tout ce qu'on appelle aujourd'hui le micro...
20:15Enfin, M. Barr appelait ça le microcosme.
20:17Tous les gens, disons, qui se prenaient pour les plus intelligents de la Terre,
20:22avaient prévu, effectivement, que ça allait passer.
20:25Comme une lettre à la poste.
20:25C'est la première fois que le peuple, soit la cinquième, que le peuple...
20:29Mais le peuple, pardonnez-moi, ce qu'il dit, c'est assez clair.
20:31Et c'est ce qu'a dit Emmanuel Macron l'autre soir.
20:33C'est-à-dire que trop de normes en Europe,
20:35un européisme complètement fou depuis des années.
20:39Tout ça n'a pas de sens, en fait.
20:40Une souveraineté perdue pour le peuple français.
20:42Les gens, ils comprennent ça intuitivement.
20:44Alors après, on leur explique qu'il n'y a pas assez d'Europe.
20:46Sur plein de sujets, on leur dit que ça ne marche pas parce qu'il n'y a pas assez d'Europe.
20:49Absolument.
20:50Mais déjà, sur le Covid, ça ne marche pas parce qu'il n'y a pas assez d'Europe.
20:53Il en faut plus.
20:54Donc, en fait, c'est sans fin.
20:56Puisqu'ils vous disent que c'est précisément parce qu'il n'y a pas assez d'Europe
20:59que vous êtes en difficulté.
21:01Mais déjà, quand on a parlé du traité de Maastricht,
21:02il y avait eu des voix, donc on avait déjà en germe cette opposition
21:06aux ratifications des traités européens.
21:08Moi, j'étais très jeune à l'époque, mais je me souviens aussi
21:09qu'un des arguments qui avaient été utilisés par les partisans du Oui,
21:12c'est que le texte est de toute façon trop compliqué.
21:14Les Français ne comprennent pas.
21:15Ils votent un peu par défaut.
21:16Et je trouve que ça, c'était dramatique parce que c'était considéré
21:19que la population n'était pas assez intelligente pour comprendre de quoi on parlait.
21:22Et ça, c'était aussi une fracture.
21:23Sur le fond, Richard Millet et Sabrina Medjaber,
21:26je peux vous poser la question également.
21:29Est-ce que finalement, l'avenir, sur le fond, c'est les Français qui se trompent ?
21:36Parce qu'effectivement, il faudrait plus d'Europe.
21:38Il faudrait aujourd'hui...
21:40La France telle que nous l'avons connue, effectivement, ça ne marche plus.
21:43Cette souveraineté unique, ça ne marche plus.
21:46Il faut se mettre tous ensemble, avoir pourquoi pas une Europe fédéraliste,
21:49avoir pourquoi pas un président européen qui décide pour tout le monde.
21:52Évidemment, ça vient heurter notre culture.
21:56Est-ce que ça serait une meilleure solution ?
21:57Ou est-ce qu'au contraire, tous ces gens-là se trompent ?
21:59Et c'est le contraire, il faut revenir à l'Europe des nations, version de Gaulle.
22:03Compte tenu des problèmes culturels et sécuritaires
22:06que soulève aujourd'hui l'Europe,
22:10je pense que le retour aux nations, le retour aux souverainetés nationales,
22:14en premier lieu, c'est ce qu'appelait Philippe de Villiers,
22:17la préférence finalement nationale, serait à mon sens l'idée la plus judicieuse,
22:22compte tenu des dégrouillements politiques qui se manifestent partout en Europe.
22:28La Hongrie, l'Italie, l'Allemagne, les Pays-Bas,
22:31on voit aujourd'hui cette espèce de moisson des colères populaires
22:35qui aspirent justement à un retour aux souverainetés nationales.
22:38Et dans ce cas-là, précisément, l'Europe ne fonctionne pas.
22:41L'Europe n'a pas réussi à relever le défi de l'Europe des nations
22:44puisqu'aujourd'hui on le voit très bien et ça se manifeste
22:47à travers les plébiscites démocratiques.
22:49Donc il y a évidemment un problème aujourd'hui
22:51entre l'Europe bureaucratique et l'Europe des peuples.
22:54Il y a une vraie scission, il y a une vraie déchirure, il y a un vrai divorce.
22:57Et malgré tout ça, tout à l'heure Gérard en parlait,
22:59cette distorsion entre les élites et le peuple,
23:01elle est toujours systématisée dans les discours politiques.
23:04Emmanuel Macron n'a pas manqué de rappeler visiblement
23:08le choc du vote en Moldavie et en Géorgie.
23:12Il y a toujours manifestement ce refus de voir ce que les peuples entendent,
23:16ce que les peuples votent.
23:17Et la dissolution a été provoquée.
23:19Cette grenade découpillée, comme il l'avait annoncé,
23:22par rapport justement aux Européennes,
23:23le résultat des Européennes n'a pas plu.
23:25Emmanuel Macron, il a donc décidé de dissoudre l'Assemblée Nationale.
23:29Le carillon d'Europe 1 et aujourd'hui c'est Joe Hume qui est avec nous
23:31puisque Thomas il a encore quelques jours de vacances.
23:33Bonjour Joe Hume et je vous félicite parce que vous étiez le 1er janvier à l'antenne.
23:38Moi j'étais là, mes cordes vocales étaient restées à la maison.
23:41Vous étiez bien, donc on va vous écouter jusqu'à 11 heures
23:47pour cette séquence de Noël.
23:49Merci à vous et toute votre équipe.
23:51C'est intéressant évidemment Richard Millet, des choses parfois évoluent,
23:57c'est-à-dire qu'il y a toujours deux manières.
23:59La France, elle s'est construite en s'unifiant.
24:03Peut-être que l'Europe pourrait faire...
24:05Je me fais évidemment l'avocat du diable, je n'en pense pas une seconde.
24:08Je ne pense pas une miette plus exactement.
24:10Il me semble que c'est déjà le cas, c'est fini.
24:12La France est finie, l'Allemagne est finie.
24:13Je veux dire, c'est une construction en conglomérat européen,
24:15on ne peut pas faire sans.
24:17Malheureusement...
24:18Oui, mais il y a un désir de retour parfois sur certaines décisions
24:21de retrouver une souveraineté.
24:22Prenons la métaphore du football.
24:25C'est le seul peut-être moment où tout le monde est d'accord
24:27pour qu'une équipe nationale gagne.
24:29Pour le reste, tout le monde s'en fiche.
24:31France, pas France, etc.
24:32Or, on voit que la France décline partout.
24:34En Afrique, vous avez vu ce qui s'est passé.
24:36On ferme la dernière base à Partenal de Djibouti.
24:39On la ferme en janvier, en Côte d'Ivoire.
24:42Vous voyez, partout, c'est ce qu'il y a.
24:44Je peux vous dire une chose, par exemple,
24:45c'est que la langue française recule aussi.
24:47Vous allez voir que tous ces pays africains qui ont viré les Français
24:51vont passer peu à peu à l'anglais.
24:53Ils ne peuvent pas passer aux russes parce que c'est trop compliqué,
24:55mais ils vont passer à l'anglais.
24:56Ça, j'ai le prédit depuis longtemps.
24:58En ce qui concerne la France, puisqu'il n'y a plus de conscience nationale,
25:01et on en parlera tout à l'heure, probablement,
25:03les incendies du Nouvel An le prouvent,
25:06comment voulez-vous revenir à une souveraineté ?
25:09– Mais c'est là où votre critique est très pertinent, Pascal.
25:13Non, mais vraiment, c'est-à-dire que là, peut-être,
25:17je me distingue modestement de vous-même, Richard Millet, c'est que…
25:22– Je ne suis pas Gérard Miller.
25:23– Non, en effet.
25:25– Richard Millet.
25:26– C'est, je considère, qu'on peut revenir vers une conception
25:31plus lucide et plus vigoureuse de la France.
25:34Et il suffit d'un peu de courage.
25:36– On va marquer une pause.
25:37– Je l'aimerais beaucoup.
25:39– Bon, on va marquer une pause.
25:41Je cite souvent INA, non, Madeleine, c'est une application.
25:45Madeleine, je ne sais pas si vous connaissez cette application.
25:47C'est l'INA, donc je peux faire de la publicité,
25:50c'est le service public, qui a mis en ligne toutes les archives.
25:54Madeleine, ça coûte 2 euros.
25:56Il y a, par exemple, toutes les apostrophes,
25:57mais il y a toutes les grandes dramatiques et tout ça.
25:59Je vous assure, abonnez-vous à ça.
26:01Hier soir, je regardais le sixième numéro d'Apostrophes,
26:05avec les lectures de François Mitterrand,
26:08qui parlait de Louis XI, qui parlait de Charles VII,
26:13en disant que Louis XI, vraiment, n'est pas le si grand roi qu'on imagine
26:16et qu'au contraire, Charles VII, qui a régné pendant 30 ans,
26:20il est un peu passé, on lui fait le procès de Jeanne d'Arc,
26:24mais il était tout jeune à ce moment-là, etc.
26:27Il parle de Lamartine dans des termes ressemblables,
26:30qu'il connaît parfaitement et tout ça.
26:33Et effectivement, il parle de Chardonne.
26:35Et vous vous dites, on est donc en 75, c'est juste il y a 50 ans,
26:40mais il n'y a pas un homme politique aujourd'hui
26:44qui sur le plan culturel, historique, littéraire,
26:47et en plus, il parle comme on n'écrit plus,
26:50avec un nom extraordinaire d'ailleurs.
26:52Mais si vous voyez cette émission, si on la diffusait par exemple ce matin,
26:56même la jeune génération ne savent même pas de quoi on parle.
27:00Ils ne savent même pas qui est Lamartine, etc.
27:01Et ça, c'est des noms, alors nous, on est la dernière.
27:04Bon, on le sait et pourtant, mais c'est extraordinaire.
27:09Et là, vous voyez 50 ans.
27:10Et il y a une qualité de français qui aujourd'hui devient du charabia
27:15pour ceux qui ne le parlent plus.
27:17Je veux dire, moi, dans le mémoire d'idées,
27:19j'ai regardé hier Lévy d'Albert Camenu.
27:23Autour de lui, il y avait un climat,
27:26mais ces gens-là parlaient un français impeccable.
27:29– On marque une pause parce qu'on est déjà en retard.
27:31Il est 9h27 et pardonnez-moi de vous couper,
27:33ça sera la première et dernière fois de l'année.
27:35À tout de suite.
27:36– J'en suis persuadé.