• avant-hier
La population ukrainienne, épuisée par près de trois ans de conflit, fait face à des conditions de vie difficiles. Volodymyr Zelensky espère des négociations de paix, mais la capitulation n'est pas une option. La situation reste tendue, avec des implications pour l'Europe. Les explications dans le 7 minutes pour comprendre. 

Category

🗞
News
Transcription
00:00Avec nous en plateau pour en parler, Jérôme Pellistrandi, consultant en défense BFM TV, bonjour, et Patrick Sos, rebonjour, éditorialiste politique internationale pour BFM TV.
00:13On va tout de suite aller sur le terrain en Ukraine avec notre envoyé spécial Pierre Barbin. Pierre qui est à Kiev. Pierre, quel est l'état d'esprit des Ukrainiens ?
00:21Ce qui est certain en tout cas, c'est que la population ukrainienne se dit de plus en plus épuisée par ce conflit qui a démarré il y a bientôt trois ans maintenant.
00:31Imaginez-vous vivre au quotidien avec des alertes à répétition, des coupures de courant, donc sans eau chaude, sans chauffage, parfois pendant plusieurs heures,
00:41surtout en cette période hivernale. Ça use bien évidemment les Ukrainiens. La Russie le sait d'ailleurs. Elle veut peser sur le moral, jouer sur le quotidien de cette population
00:54pour la faire plier, faire plier l'opinion publique en vue d'éventuelles négociations de paix. Volodymyr Zelensky, lui, de son côté, l'a répété lors de ses voeux.
01:05Il veut la paix pour son pays en 2025, que cette guerre s'arrête et nous ferons tout pour arrêter justement la Russie et terminer la guerre.
01:15Lui qui se dit prêt à se battre sur le champ de bataille et à la table des négociations.
01:21Pierre Barbin, envoyé spécial de BFMTV à Kiev, qui nous montrait hier dans un reportage des soldats littéralement épuisés après deux ans et demi de guerre,
01:30a répété les mêmes actions chaque jour. Patrick, est-ce que la fin du conflit peut aussi venir de la population, de l'armée littéralement à bout ?
01:40Si je suis un peu cynique, je peux vous dire qu'en fait, Vladimir Poutine compte là-dessus, sur cet épuisement. On en parle depuis trois ans.
01:48Ça y est, il commence véritablement à venir. Et puis si on voit, si on échange avec des familles de soldats, si on regarde les reportages de BFMTV,
01:57on comprend combien l'épuisement est fort. Il faut imaginer qu'il y a des soldats, en tout cas ceux qui ne souffrent pas physiquement,
02:04qui en sont peut-être à leur troisième, j'allais dire déploiement, mais en fait troisième retour, pour avoir déjà vu à la gare de Kiev,
02:11ces images qui sortent quasiment des livres d'histoire. Vous êtes à la gare de Kiev. Nous, nous avons l'aller-retour avec la Pologne quand on y va.
02:18Mais vous avez les gens qui partent vers l'est. Vous avez des milliers de soldats dans le soir, quasiment la nuit, parce qu'il y a quasiment des découvre-feux
02:26qui disent au revoir, adieu à leur femme. Troisième, quatrième fois depuis trois ans. Vous avez les syndromes post-traumatiques.
02:34Vous avez des enfants qui ne voient pas leur mari. Vous avez leur père. Vous avez aussi des gens qui n'ont pas encore été mobilisés, mais qui attendent,
02:42qui essayent de fuir cette mobilisation. Une fatigue immense. Et cette espèce de difficulté à se dire est-ce qu'on doit tout arrêter en ayant perdu
02:53une bonne partie de notre territoire et donc de nos frères d'Ukraine ou est-ce qu'on doit s'arrêter tout simplement parce qu'on ne peut plus subir
03:00ces bombardements, cette guerre psychologique de Russes notamment, qui bombardent effectivement un premier de l'an parce que les Russes, eux,
03:07vont fêter le nouvel an dans quelques jours. Mais ils savent bien que les Ukrainiens, désormais, fêtent ça le 1er janvier.
03:13On entend les Ukrainiens qui sont épuisés. Jérôme Pélistrandi, Volodymyr Zelensky disait qu'il espérait se battre à la table des négociations.
03:20C'est ce qu'il disait il y a quelques jours. Ça semble compromis, là, quand on voit ce qui se passe.
03:23— Alors en fait, la problématique, c'est qu'est-ce qu'on met derrière « négociation » ? Si on se met du côté des Ukrainiens, c'est essayer de trouver
03:31un compromis, essayer de trouver des concessions et en tout cas des garanties de sécurité qui pourraient être fournies par l'Europe.
03:38Si on se passe du côté de Vladimir Poutine, lui, la négociation, c'est la capitulation de l'Ukraine, c'est-à-dire que l'Ukraine doit avouer
03:44qu'elle a été battue, ce qui n'est pas la réalité sur le terrain. Certes, l'Ukraine est en difficulté, mais elle n'est pas battue.
03:51Et donc c'est bien ça ce qui est très compliqué avec, bien sûr, on a tous en tête le fait que dans moins de 3 semaines, il y a la nouvelle
03:58administration Trump et que les cartes vont être battues. — Pour reparler de ce qu'on peut mettre à la table des négociations, est-ce qu'à un moment,
04:05Volodymyr Zelensky va devoir abandonner certains territoires ? — C'est la question fondamentale, mais qui ne concerne pas que Volodymyr Zelensky.
04:13Qui nous concerne aussi, nous, Européens. Parce que si on admet que les 19 à 20 % du territoire qui sont actuellement occupés par les Russes,
04:23finalement, ils sont abandonnés à la Russie, ça veut dire qu'on donne un blanc-seing à tous les dictateurs de la planète qui vont dire
04:30« Moi, telle région frontalière, c'est à moi », et ainsi de suite. Et donc c'est un vrai dilemme stratégique pour Volodymyr Zelensky
04:38et le peuple ukrainien, mais aussi pour nous, Européens. — Alors on parlait justement de la nouvelle administration Trump qui va arriver.
04:43Donald Trump a dit qu'il voulait une paix par la force. Ça veut dire quoi, Patrick ? — Alors il va falloir voir nos casquettes après un premier mandat
04:52de docteur en Trumpologie. Le fait est qu'il est en train d'être briffé – on l'a dit déjà – sur énormément de sujets. Mais le Trump 2, il aura
05:02effectivement de l'idéologie. Mais la préparation est beaucoup plus forte que pour le mandat de Trump 1. Et effectivement, il semble que Donald Trump
05:11soit pressé de passer à autre chose et qu'au-delà de l'argent qui est en train de partir des États-Unis – il y a encore eu une énorme enveloppe qui a été signée
05:20par Joe Biden hier –, il y a l'idée vraiment d'en terminer pour parler à autre chose. Je rebondis un peu sur ce que disait Jérôme. Mais Donald Trump,
05:27c'est assez contradictoire. Lui, il pense déjà à la Chine. Alors que justement, signer la négociation et capitulation quasiment de l'Ukraine, c'est dire à la Chine
05:36« Finalement, vous pouvez envahir Taïwan aussi ». Donald Trump n'y pense pas forcément. Et pourtant, il est déjà sur cette histoire de guerre commerciale.
05:43Le fait est qu'en Ukraine, en Russie, mais aussi au Proche-Orient, sur ces sujets-là, tout le monde est en train d'attendre sans trop savoir. Tout le monde est passé
05:52à côté de cette phrase de « On va régler la guerre en 24 heures », « Régler par la force aussi ». Ça reste encore des mots. Ce sont véritablement les actes
06:00qui vont… – Et il pourrait finalement ne rien se passer le 20 janvier d'ailleurs. – Mais parce que vous connaissez Donald Trump avec ce proverbe qu'on a beaucoup utilisé
06:07et qui vient du nord de la France « Grandis-eux, petits faiseux ». Vous voyez ce que ça veut dire ? Eh bien, ça a été ça pendant 4 ans avec Donald Trump.

Recommandations