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Olivier Faure, secrétaire national du Parti socialiste, était l’invité du Face-à-Face de ce mardi 24 décembre sur BFMTV et RMC. Il a réagi à l’annonce du nouveau gouvernement de François Bayrou. 

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Transcription
00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Olivier Faure, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions et réagir évidemment à la constitution de ce gouvernement annoncé hier, le gouvernement de François Bayrou, vous êtes le premier secrétaire du parti socialiste, vous êtes également député de Seine-et-Marne.
00:28Olivier Faure, François Bayrou qui hier soir à notre micro avec Benjamin Duhamel et moi-même sur BFM TV nous disait qu'il était plutôt persuadé de ne pas être censuré. Est-ce qu'il croit au Père Noël François Bayrou ?
00:41S'il y a un jour pour y croire, c'est aujourd'hui donc effectivement c'est bien. Pour le reste, j'ai trouvé ça navrant. Navrant parce que nous avons nous-mêmes fait, ici d'ailleurs à votre micro, volonté d'ouverture, de chercher des compromis, de faire en sorte que ce pays aille mieux et je vois que François Bayrou a traité ça par le mépris.
01:04Mépris aussi à l'égard des Français de Mayotte parce qu'hier c'était un jour de deuil national et ce que chacun a pu constater c'est qu'au fond même cette journée de deuil n'était pas respectée. Pour quel autre département français aurait-on accepté de ne pas aller jusqu'au bout de la journée et de saturer les antennes dès le soir sur la nomination d'un nouveau gouvernement ?
01:32Pour vous la minute de silence qu'il dit avoir respectée ne suffisait pas ? Il aurait dû repousser d'une journée la nomination du gouvernement ?
01:42Mais est-ce que quelqu'un attendait vraiment ce gouvernement ? Est-ce que quelqu'un se disait c'est absolument impératif de passer Noël avec ce nouveau gouvernement ? La réponse est non.
01:52Et c'est vrai qu'imaginez que ce soit un département d'Ile-de-France, un département breton, un département de quelque région que ce soit qui aurait connu une telle tragédie dont on ne sait même pas quel est le nombre de morts au moment où on se parle et que ce moment-là ne soit même pas respecté.
02:11Il y a une forme de mépris. Est-ce que c'est parce que c'est loin ? Est-ce que c'est parce que ces gens ne sont pas totalement blancs ? Quelle est la raison pour laquelle...
02:19Ça veut dire quoi ça Olivier Faure ? Ça veut dire que vous estimez qu'il y a une forme de racisme ?
02:22Mais je pense qu'il y a une forme de mépris, une forme de mépris absolue. Mais vous imaginez que... Je ne sais pas dans quel département vous vivez mais à Paris j'imagine.
02:29Et si aujourd'hui à Paris il y avait eu une catastrophe climatique et que vous aviez à pleurer des centaines voire des milliers de morts, est-ce qu'on aurait accepté un seul instant que ce jour,
02:44qui devait être celui d'une journée de deuil national, soit consacré à un nouveau gouvernement ?
02:50Je précise simplement parce que vous avez évoqué des centaines ou des milliers de morts qu'en fin d'émission hier, François Bayrou a estimé qu'il y avait probablement plutôt des dizaines de morts et non pas des centaines ou des milliers.
03:03Ça vous a surpris visiblement ?
03:05Oui, ça m'a surpris et ça m'a choqué. Il n'en sait rien. Personne n'en sait rien pour l'instant. En fait, c'est une espèce de grand flou.
03:13Et la réalité, c'est que même si c'était simplement quelques dizaines, comme il dit, mais quelques dizaines de morts.
03:20Ce sont des Français qui sont morts parce qu'il y a aujourd'hui un cyclone qui s'est abattu sur un archipel qui est un archipel français.
03:29Et on considère que ça n'est pas grave. Mais imaginez quand vous avez une catastrophe en métropole qui concerne 3, 4, 5, 10 personnes.
03:39C'est déjà en soi, toutes les antennes ne parlent que de ça pendant 2 jours, 3 jours, 4 jours.
03:44Et là, vous avez en fait une catastrophe absolue. Et le Premier ministre considère que c'est en fait un sujet qu'on traite en fin d'émission, alors qu'il aurait même dû consacrer une partie de l'émission à ce qui est une catastrophe nationale.
03:57Il avait aussi été sur France Télévisions pour la soirée spéciale consacrée à Mayotte. Et il sortait d'ailleurs de la cellule de crise.
04:05D'où, d'après lui, cette nouvelle précision, cette nouvelle évaluation de la question du nombre de victimes.
04:12Olivier Faure, on va y revenir, mais je vous repose la question. Cette question de la censure, c'est vous qui avez les clés.
04:17On le sait bien, il s'était tourné davantage vers vous, espérant changer le centre de gravité du gouvernement par rapport à celui de Michel Barnier.
04:26Vous tendant la main, estimait-il, vous avez les clés. Est-ce que ce matin, vous nous dites que vous ne censurerez pas ce gouvernement ?
04:35Mais Apolline de Malherbe, quelle main a-t-il tendu vers la gauche ? La main droite, alors. Mais pardon, je n'ai rien vu.
04:43Nous avions expliqué les choses très clairement. Nous avions dit que nous étions prêts à un accord de non-censure.
04:48Ça voulait dire que nous étions prêts à accorder un délai, la possibilité pour ce gouvernement de se déployer à trois conditions.
04:55La première, c'était de ne pas dépendre de l'extrême droite. Qu'a-t-il fait ?
05:00Il s'est déjà plié aux demandes, aux oucases de l'extrême droite sur la nomination de Xavier Bertrand.
05:07Il conteste, mais Xavier Bertrand, effectivement, précise.
05:11Non mais Apolline de Malherbe, franchement, hier soir, quant à votre micro, il explique que c'est parce qu'il a un différent sur la façon dont on va payer les procès verbaux.
05:20Est-ce que vous avez cru un seul instant que ça pouvait être ce qui justifiait le fait que Xavier Bertrand ne soit pas nommé au gouvernement ?
05:27On va d'ailleurs aller jusqu'au bout de cette histoire, de ce moment hier soir, puisque François Bayrou a d'abord dit qu'en effet, il n'était pas d'accord avec la vision de la justice que lui proposait Xavier Bertrand.
05:37Il a ensuite dit, je lui ai proposé un grand ministère de l'Agriculture qu'il a refusé.
05:41Et il a enfin précisé, effectivement, que l'expression « casser les mâchoires du RN » qui avait été utilisée par Xavier Bertrand était, à ses yeux, une manière trop violente de s'adresser aux électeurs du RN qu'il ne voulait pas mépriser.
05:54Voilà pour être tout à fait exhaustif sur la réponse de François Bayrou.
05:59Il est en train de commettre la même erreur que Michel Barnier.
06:02Plutôt que de se tourner vers la gauche, de se tourner vers ceux qui ont constitué le Front républicain.
06:07Rappelons-nous quand même que le 7 juillet, il y a quand même une victoire incontestable du Front républicain.
06:12Et le Front républicain, c'est contre qui ? Contre l'extrême droite.
06:15Il a la volonté de ne pas laisser l'extrême droite gouverner.
06:19Et voilà que François Bayrou commet la même erreur que Michel Barnier en se tournant vers l'extrême droite, préférant l'extrême droite à la gauche.
06:30Voilà exactement la même leçon qu'il n'appartenait.
06:33Nous avions proposé, nous, socialistes, un pacte de non-censure.
06:37Est-ce que ce matin, vous nous dites « ce pacte n'existe plus, il a volé en éclats » ?
06:41Je le dis ce matin à votre micro, à Pauline de Malherbe.
06:44Le pacte de non-censure, aucune des conditions n'a été respectée par François Bayrou.
06:49Je rappelle, donc, pas de dépendance de l'extrême droite, plus de passage en force avec le 49-3.
06:54Et enfin, un changement de cap.
06:57Je n'ai rien entendu de la sorte. Je n'ai pas vu quoi que ce soit.
07:01Et donc, je me dis, mais en fait, à quoi ont servi ces heures passées ensemble ?
07:07À quoi ont servi ces moments où nous avons, nous, cherché loyalement, pour les Français,
07:12à faire avancer les sujets sur les retraites, sur le pouvoir d'achat,
07:16sur les services publics, sur la démocratie ?
07:19Rien de tout cela n'a été respecté.
07:21Et donc, je me dis effectivement que finalement, ces gens n'ont aucun respect pour personne,
07:28et surtout pas pour les Français, parce que quand je dis ça à votre micro,
07:32je ne le dis pas pour moi, je n'ai jamais voulu entrer dans ce gouvernement.
07:35Nous l'avons dit dès le départ, nous n'étions pas en quête de quelques Marocains misériables que ce soit.
07:45Est-ce que ça veut dire, Olivier Faure, on va revenir quand même sur la composition de ce gouvernement
07:48et sur le casting, en quelque sorte, mais est-ce que ça veut dire qu'il faut tirer les conséquences
07:54de ce que vous venez de dire ? Il n'y a pas de pacte de non-censure, il y aura-t-il donc censure ?
08:00Ça veut dire qu'à ce stade, il y a un pacte de non-censure qui n'a jamais existé et qui n'existera pas
08:06parce qu'il n'y a aucune raison d'accorder quoi que ce soit à ce gouvernement.
08:11Maintenant, nous verrons ce qu'est sa réalité, parce que hier,
08:14je ne sais pas ce que vous avez compris sur le fond, mais c'était le grand flou.
08:18Vous ne dites pas en tout cas ce matin, nous censurerons au préalable,
08:21comme vous l'aviez fait pour Michel Barnier ?
08:23Ce que je dis, c'est qu'il y a déjà eu une censure, que l'alertissement a déjà été donné,
08:28que désormais, c'est à François Bayrou et à son gouvernement de comprendre
08:31que s'il n'y a pas de changement de cap, il y aura censure.
08:34Et donc, je verrai avec mes amis ce qui se passe le 14 janvier,
08:38quand il y aura ce discours de politique générale.
08:40Si le discours de politique générale ressemble à un grand gloobie-boulga
08:44qui, en réalité, masque une grande continuité avec ce qui s'est passé depuis sept ans,
08:49alors oui, effectivement, il y aura la censure.
08:52Olivier Faure, c'est un peu gonflé quand même.
08:56Parce qu'il y a à la tête du très grand ministère à Bercy,
09:00un homme dont en réalité, en sous-main, vous comme d'autres socialistes,
09:04faisiez campagne pour qu'il prenne carrément Matignon.
09:08Éric Lombard.
09:10Mais je ne sais pas qui vous a raconté cette histoire.
09:12Nous n'avons jamais fait campagne pour quiconque.
09:15Mais non, on est sur BFM TV, on se dit les choses.
09:18Il y a dix jours, je vous ai reçus ici.
09:20J'ai reçu même le lendemain Raphaël Glucksmann.
09:23Vous, tous les deux, en sortant dans les couloirs lorsque je vous raccompagnais,
09:27vous évoquiez la figure d'Éric Lombard.
09:29Vous évoquiez la figure d'Éric Lombard comme d'un homme de gauche
09:32qui aurait pu avoir votre satisfaction à Matignon.
09:35Il est à la tête de Bercy.
09:36Vous ne pouvez pas dire que ce n'est pas un homme de gauche
09:37après m'avoir dit le contraire il y a dix jours.
09:39Mais je ne vous dis pas le contraire.
09:40Je vous dis que c'est un homme de gauche.
09:41Je le connais depuis longtemps.
09:42Et je peux même vous dire que c'est un ami dans la vie.
09:46Mais est-ce que ça veut dire que demain, il aura les mains libres à Bercy ?
09:50Est-ce que c'est lui qui permettra la justice fiscale ?
09:53Est-ce que c'est lui qui permettra la suspension de la réforme des retraites ?
09:57C'est déjà mieux que rien d'avoir un homme dont vous partagez les convictions.
10:00Je l'avais d'ailleurs dit à l'antenne dès le lendemain.
10:02J'avais dit que ça faisait partie des personnes que vous espériez,
10:05vous la gauche, globalement voir accéder à Matignon.
10:09Ça veut dire qu'il va sans doute quand même pouvoir peser un peu dans ce gouvernement.
10:13Mais j'espère qu'il pesera.
10:15C'est pour ça que je vous dis que j'attends de voir ce qui se passera le 14 janvier.
10:18Simplement, ce que je vous dis aussi, c'est que je vois aussi la panoplie qui a été déployée
10:23et qui, en réalité, a noyé Éric Lombard au milieu de toute une série de personnalités
10:30qui sont complètes avec ce que sont ses convictions.
10:33On verra bien ce qu'est en fait la politique conduite.
10:37Mais pour l'instant, il n'y a rien qui me laisse penser quoi que ce soit.
10:40Genre sur les retraites, on pourrait effectivement espérer qu'il y a quelque chose qui arrive.
10:47Il a promis une grande conférence sociale avec tous les partenaires sociaux autour de la table sur six mois.
10:54Oui, très bien.
10:56Il a parlé notamment de la retraite à points qui avait plutôt sa faveur.
10:59Mais moi, ce que j'entends, c'est qu'il a dit une chose très simple.
11:02Il a dit soit il y a un consensus et dans ces cas-là, je suis prêt à changer.
11:07S'il n'y a pas de consensus, dans ces cas-là, on ne changera rien.
11:10Mais le consensus, est-ce qu'on pense vraiment le trouver ?
11:13Si c'est ça la règle du jeu, ceux qui veulent garder la réforme bande,
11:17feront tout pour qu'il n'y ait pas de consensus.
11:20Et dans ces cas-là, c'est tout simplement un espèce de grand leurre
11:23qui va nous amuser pendant six mois et au bout de six mois, ce sera la même chose.
11:26Moi, ce que j'avais dit au premier ministre, d'abord, c'est qu'un, il fallait la suspension.
11:30Deux, une conférence sociale.
11:32Et trois, derrière, s'il n'y avait pas de consensus, soumettre aux Françaises et aux Français la loi.
11:38Par référendum.
11:39Et donc, faire en sorte que nous puissions se donner toutes les chances d'un changement.
11:44Si c'est simplement pour amuser la galerie pendant six mois et à la fin,
11:48dire on revient à la réforme bande comme c'était prévu,
11:51alors effectivement, on n'est pas des pigeons.
11:54Et donc, il y a quelque chose qui cloche aujourd'hui,
11:57c'est qu'il y a une espèce de volonté de durée,
12:00en plus qui ne voulait peut-être durer jusqu'à quand, jusqu'au moment où on pourra à nouveau dissoudre.
12:04On n'est pas des pigeons, voilà ce que vous dites ce matin Olivier Faure.
12:07Si on regarde quand même le casting,
12:09Elisabeth Borne, ancienne première ministre d'Emmanuel Macron, bien sûr,
12:13mais qui est issue des rangs de la gauche,
12:15qui était proche de Ségolène Royal, autre partie socialiste.
12:17Manuel Valls, ancien premier ministre de François Hollande, président socialiste.
12:23Il y a, on l'évoquait à l'instant, Éric Lombard à la tête du ministère de l'Économie.
12:27Il y a François Rebsamen, un de vos proches, extrêmement proche de François Hollande,
12:33qui est un socialiste reconnu et qui est le maire de Dijon
12:38et désormais le ministre de l'Aménagement du Territoire.
12:41Si on va un peu plus loin, on retrouve aussi quelqu'un comme Juliette Méadel,
12:44qui est aussi issue des rangs du Parti Socialiste.
12:47Pas mal quand même !
12:48Non mais là, vous allez me faire croire que c'est un gouvernement socialiste qui m'aurait échappé.
12:51Oui, j'ai l'impression que ça vous a un peu échappé.
12:53On ne va pas dire qu'ils sont encore encartés.
12:55Ils ne sont pas actifs au Parti Socialiste aujourd'hui.
12:57Ils se sont échappés depuis très longtemps.
13:00Ça fait sept ans qu'ils soutiennent Emmanuel Macron.
13:03Vous n'allez pas me faire croire ce matin qu'ils se sont d'un seul coup réconciliés avec la gauche.
13:10Ces gens-là ont quitté la gauche.
13:13Ils n'ont plus du tout de gauche.
13:15Ils n'ont plus rien de gauche.
13:17François Rebsamen, ce n'est plus un homme de gauche.
13:19Il se sentirait insulté si vous lui disiez cela.
13:21Ce n'est pas moi qui donne des brevets de gauche aux uns et aux autres.
13:26Vous êtes quand même le premier secrétaire du Parti Socialiste.
13:29Je viens de vous dire que ce n'est pas moi qui donne des brevets sur qui est de gauche et qui ne l'est pas.
13:33En revanche, socialiste, c'est moi qui donne les brevets.
13:35Et ça, je vous dis, ils ne le sont pas.
13:36Ils ne sont pas socialistes.
13:38C'est donc un leurre.
13:39Je voudrais qu'on parle aussi du couple Gérald Darmanin, Bruno Retailleau.
13:43L'un à la justice, l'autre à l'intérieur.
13:47Là, pour le coup, c'est un signal tout à fait à droite.
13:50Oui, c'est un signal très à droite.
13:52C'est un signal aussi pour nos libertés publiques.
13:55Moi, ce que je crains, c'est de voir deux personnalités qui, au fond, partagent à peu près tout.
14:03Jusqu'ici, ce n'était pas un couple qu'on cherchait.
14:05C'était un équilibre entre les uns et les autres.
14:07Il y avait Didier Migaud, figure de gauche.
14:09Il n'était pas non plus socialiste à proprement parler.
14:12Mais qui, d'ailleurs, a souhaité ne pas rester.
14:15Et je pense que ça n'est pas tout à fait sans lien avec l'équilibre, comme vous dites, de ce gouvernement.
14:21Pour autant, Bruno Retailleau dit qu'il n'y aura pas de loi immigration.
14:24Et ça, c'était une de vos lignes rouges.
14:26Il dit qu'il n'y aura pas de grande loi immigration, mais qu'il y aura des petites lois immigration.
14:30Vous redoutez une petite loi immigration.
14:32Moi, je n'ai rien, en plus, contre l'idée d'une loi qui poserait les choses clairement.
14:37Je n'ai rien contre débattre sur l'immigration.
14:40Mais je ne veux plus tous ces fantasmes qui sont développés en permanence
14:44et qui ont pour seul objet de satisfaire l'extrême droite.
14:47Mais ce que j'ai entendu aussi du Premier ministre, c'est qu'il dit que dans ces petites lois,
14:51il pourrait très bien y avoir une loi du Rassemblement national sur l'immigration.
14:55Mais enfin, le front républicain, c'était il y a combien de temps ?
14:59Il y a combien de siècles ?
15:01Et à quel moment François Bayrou a-t-il été centriste ?
15:04La question se pose.
15:06Vous nous estimez qu'il n'est même plus centriste.
15:08Je crois que hier soir, je n'ai pas entendu un centriste.
15:12J'ai entendu quelqu'un qui avait dérivé lui-même,
15:15qui considérait que finalement Marine Le Pen, pourquoi pas ?
15:19C'est pas si grave.
15:21Et donc, on peut maintenant même avoir des lois d'inspiration d'extrême droite.
15:24Ça ne gêne plus personne.
15:26Vous estimez carrément que ce soit des lois d'inspiration d'extrême droite ?
15:28Il a dit, en effet, et j'imagine que c'est à cela que vous faites référence.
15:31Il a dit hier, François Bayrou, qu'il serait favorable au fait d'écouter
15:36toutes les propositions d'où qu'elles viennent, sur les questions notamment de l'immigration,
15:40y compris du RN.
15:43Oui, enfin pardon, mais...
15:47Vous n'avez même plus de mots.
15:49Je vous sens dépité.
15:51Oui, je suis dépité, parce que franchement, je pensais quand même
15:54qu'il y avait quelques repères dans la vie.
15:56Et sur la question migratoire, dire que l'inspiration pourrait venir de l'extrême droite,
16:01pardon, mais enfin, qu'est-ce qu'il faut de plus ?
16:04Réveillons-nous, faisons en sorte de...
16:07Mais qu'est-ce que s'est-il passé dans le cerveau de François Bayrou ?
16:10Comment est-il possible qu'un homme qui dit avoir passé 40 années de sa vie
16:16à se battre contre l'extrême droite, ait aujourd'hui de la bouillie à la place de...
16:21Pardon, mais...
16:23Vous alliez dire du cerveau.
16:24Oui, j'allais le dire. Bon, je ne veux pas être méprisant,
16:26parce qu'en réalité, j'ai du respect, y compris pour l'homme.
16:29Mais quand même, je suis très surpris par ce qui se passe.
16:32Lorsque vous avez été reçu par lui, vous en êtes sorti en disant
16:35« je ne comprends rien, je ne comprends pas ».
16:37Vous en êtes toujours là.
16:38Mais j'en suis toujours là, je ne comprends pas,
16:40ou plus exactement, j'ai trop peur de comprendre.
16:43Donc je veux laisser une chance, non pas aux produits,
16:48mais me laisser penser que peut-être que j'ai mal compris,
16:52que peut-être il y a la possibilité de faire en sorte que ce gouvernement dure
16:58et sur des bases, qu'il soit celle de compromis utile aux Français.
17:01Mais on l'entend quand même ce matin.
17:03En effet, vous ne censurerez pas a priori, parce que vous voulez tout de même...
17:07Non, j'ai pas dit ça. Je n'en sais rien.
17:09Je veux savoir ce qu'il y a exactement de prévu dans ce gouvernement.
17:13Ce que j'entends hier, c'est du flou.
17:15J'entends qu'on ne sait même pas à quel niveau il veut fixer la barre du déficit.
17:21Je ne sais même pas sur tous les sujets, les grands sujets,
17:24exactement quelles sont ses positions.
17:26Que va-t-il faire sur la fiscalité ?
17:28À quelle sauce vont être mangés les Français ?
17:31Quelle est en fait la part de l'effort qu'il demandera aux grandes fortunes ?
17:35On n'en sait rien, parce qu'hier, il n'y avait pas grand-chose ou si peu.
17:40Et donc, ce que je voudrais, c'est qu'on ait enfin un gouvernement
17:43qui tienne sur ses deux jambes et qui considère qu'il y a une crise,
17:47qui est une crise politique, qui va se muer en crise économique,
17:50puis en crise sociale, et qu'il y a besoin d'être gouverné.
17:53Et c'est ça que je voulais depuis le départ.
17:55Moi, je n'ai jamais dit que je voulais être dans le gouvernement.
17:57J'ai dit que je voulais être dans l'opposition,
17:59mais j'étais prêt à être une opposition qui bâtit des compromis
18:01dans l'intérêt des Français.
18:03Ce que je vois, c'est que je suis dans l'opposition
18:05et que malheureusement, je ne comprends pas
18:07où est la main tendue par François de Bayrou.
18:09Je ne vois rien de tout cela.
18:11Dans l'opposition, on va revenir sur ce mot, Manuel Valls,
18:13le retour de Manuel Valls, Premier ministre de François Hollande,
18:16qui sera ministre d'État, numéro 2 de ce gouvernement,
18:18chargé des Outre-mer. Votre réaction ?
18:22Je ne veux plus commenter les uns et les autres.
18:25C'est vraiment... J'ai l'impression de...
18:28Ça a été dit par d'autres que moi, mais on attendait la nuit de Noël,
18:31la nuit des morts-vivants.
18:33C'est quelque chose de terrible de voir
18:35toute une panoplie de revenants.
18:37C'est Halloween. En fait, que voulez-vous que je vous dise ?
18:39Les Français attendaient de la nouveauté.
18:41Ils voulaient que ça change, que ça bouge.
18:43Ce pourquoi ils ont voté le 7 juillet,
18:45c'était pour le changement.
18:47Ce n'était pas pour reprendre tout ce qui n'a pas fonctionné auparavant
18:49et le retrouver quelques années plus tard.
18:52Et on l'entend, Olivier Faure, vous dites
18:54« nous sommes ce matin dans l'opposition ».
18:57Au fond, est-ce que vous ne vous retrouvez pas
18:59un peu entre deux chaises, si je puis me permettre ?
19:01Vous avez quitté la rive de LFI,
19:04vous avez pris vos distances il y a dix jours,
19:06de manière très claire.
19:08Et finalement, vous n'avez pas rejoint l'autre rive,
19:10qui serait celle d'une sorte de grande coalition du centre.
19:14Est-ce que vous ne vous retrouvez pas un peu perdu ?
19:16Mais je n'ai jamais voulu rejoindre l'autre rive,
19:18comme vous dites.
19:20Je n'ai jamais dit que j'étais prêt à entrer
19:22dans un gouvernement de François Bayrou.
19:24J'ai toujours dit exactement l'inverse.
19:26J'ai dit que nous sommes dans l'opposition.
19:28Il peut y avoir une opposition qui s'oppose
19:30de manière outrancière, qui est toujours contre tout,
19:32et qui recherche en réalité la seule démission
19:35du chef de l'État, c'est ce que je reproche
19:37à Jean-Luc Mélenchon et ses amis.
19:39Mais il y a aussi une opposition qui peut être
19:41une opposition qui dit, certes,
19:43nous ne sommes pas majoritaires, ni vous, ni nous.
19:45Et donc, dans l'intérêt des Français,
19:47dans l'intérêt du pays, dans l'intérêt
19:49de nos services publics, dans l'intérêt du pouvoir d'achat,
19:51dans l'intérêt de l'hôpital...
19:52Mais est-ce que ça veut dire que vous pourriez être
19:53dans cette sorte de deuxième cercle
19:55dont a parlé François Bayrou,
19:57qui a priorisé l'idée qu'il y avait trois cercles,
19:59le cercle de ceux qui participent activement
20:01à ce gouvernement, le deuxième cercle
20:03qui serait celui d'une opposition,
20:06mais avec une sorte de non-agression ?
20:08Mais moi, je n'agresse personne.
20:10Je n'ai jamais agressé qui que ce soit.
20:12Je considère que la vie politique est dure,
20:15mais qu'on est là pour exprimer des idées
20:17et suggérer des positions aux Françaises
20:20et aux Français pour que la démocratie fonctionne
20:22et qu'ils aient le choix.
20:23Donc, je ne vais pas agresser qui que ce soit.
20:26Je dis simplement qu'il y a aussi des choix à opérer.
20:30Il ne s'agit pas de dire que nous allons penser exactement...
20:33Quelle est la démocratie dans laquelle
20:35tout le monde pense pareil ?
20:36Moi, la raison pour laquelle j'ai toujours contesté
20:39le « en même temps » d'Emmanuel Macron,
20:41c'est que je ne crois pas à cette idée
20:42qu'il y aurait des femmes et des hommes
20:43de bonne volonté, de droite et de gauche,
20:45qui devraient s'embrasser et se dire
20:46qu'ils vont tout faire ensemble.
20:48Dans ces cas-là, l'alternative,
20:49ça devient l'extrême droite.
20:50Moi, je ne veux pas l'extrême droite au pouvoir en 2027.
20:53C'est la raison pour laquelle je me bats
20:55pour qu'il y ait une droite qui aide au gouvernement,
20:57une gauche qui est dans l'opposition
20:59et qui incarnera, le moment venu, l'alternative.
21:02Simplement, dans l'intervalle,
21:03il faut que le pays avance.
21:04Et comme il n'y a pas de majorité absolue pour quiconque,
21:06il faut bien trouver des compromis.
21:08Mais ces compromis, ça ne peut pas se faire
21:10sur la base de ce que dit M. Bayrou hier soir.
21:13Il va bien falloir qu'il comprenne
21:15que le 17 juillet, ce n'est pas le modem qu'il a emporté.
21:18Bonsoir de bonsoir, hier soir.
21:20Enfin, hier soir, non.
21:21Oui, hier soir.
21:22Hier soir, dans les réponses qu'il nous a apportées.
21:24Il a laissé penser, au fond, qu'il avait la légitimité,
21:26qu'il avait gagné les élections,
21:28que c'était normal qu'il gouverne.
21:29Bien non.
21:30Et on l'a bien compris, ce matin, vous nous le dites.
21:32Aucune des conditions du pacte de non-censure ne sont réunies.
21:35Nous ne serons pas des pigeons.
21:36Merci, Olivier Faure, d'avoir répondu à mes questions ce matin.
21:39Je voudrais saisir cette occasion pour remercier aussi
21:41toute l'équipe d'Apolline Matin et du Face à Face.
21:43Je pense en particulier à Lucas Brio,
21:45à Nathan Bretman, à Pierre Rigaud
21:47ou à Nicolas Roper.
21:50Je vous souhaite à tous de très belles fêtes.
21:52Joyeux Noël.
21:53Joyeux Noël.
21:54Je vous retrouve l'année prochaine
21:55et j'aurai le bonheur de vous accompagner jusqu'à 10h sur BFM TV.
21:58Voilà.
21:59Malgré tout, à tous.
22:00Bonne fête.
22:01Bonne fête à tous.

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