Au moins 21 personnes ont été tuées et 45 blessées en urgence absolue par le passage du cyclone Chido à Mayotte, mais les autorités redoutent un bilan humain bien supérieur. Bruno Retailleau dit notamment craindre un bilan “lourd, trop lourd”. Une course contre la montre s'est engagée pour fournir de l'aide aux Mahorais, dont certains sont privés d'eau, de nourriture et d'électricité. Emmanuel Macron a annoncé qu'il se rendra sur place "dans les prochains jours" et qu'il y décrétera un "deuil national".
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00:00Lisa Aurel, comment et pourquoi le risque d'épidémie est aussi important ?
00:04Avant toute chose Aurel Gage, pour comprendre le risque sanitaire, il faut avoir conséquence du contexte dans lequel les victimes sont prises en charge.
00:11D'abord, il faut gérer les victimes directes.
00:13Exactement, il faut bien comprendre que là on est face à une situation sanitaire exceptionnelle et face à toute catastrophe, il y a la même problématique.
00:20Comment on arrive à aller aux victimes ?
00:22Dans un premier temps, comme on peut le voir, on est censé avoir les secouristes qui vont devoir essayer d'arriver jusqu'aux victimes.
00:28Mais c'est bien la problématique ici qu'on a, c'est lorsque les victimes sont inaccessibles, ils ne pourront pas avoir accès.
00:34L'idée c'est que leur objectif en fait c'est d'arriver, de trier très rapidement les patients.
00:39Est-ce que les patients sont graves, pas graves ?
00:41S'ils sont potentiellement graves, ils vont les ramener vers un poste médical avancé.
00:45Sur ce poste médical avancé, on va classer les patients en fonction de leur gravité.
00:50Soit ça va être des urgences relatives, en gros on peut les faire un petit peu attendre pour qu'ils aillent aux urgences.
00:55Soit des urgences absolues, ils vont avoir besoin de soins de réanimation, donc là il va falloir faire une évacuation médicale vers le seul hôpital de Lille.
01:02Et puis dans ces situations, puisque ce sont des situations exceptionnelles, il y a une troisième catégorie de patients, ce qu'on appelle les expectants.
01:08Ce sont des patients qui malheureusement on ne peut rien faire pour eux, donc on leur fait des soins de confort sur place.
01:13Et malheureusement on les laisse décéder sur place car on sait qu'il faut sauver le plus grand nombre.
01:17La problématique ici qu'on va avoir, c'est que pour tous ces patients-là, malheureusement le seul hôpital c'est celui de Mayotte.
01:23Et une fois qu'ils seront stabilisés, là où en métropole en général on va les délocaliser vers d'autres CHU, le seul endroit le plus proche c'est la Réunion.
01:33Et ça fait donc une certaine distance et on ne voit pas le système de santé tenir de cette façon-là.
01:39Ça c'est la première étape, la phase aiguë.
01:41Là on évoquait les patients qui ont des pathologies nécessitant une prise en charge d'urgence.
01:46Que deviennent les autres personnes, les autres victimes ?
01:48Et bien ça c'est ce qu'on va voir dans un second temps et c'est ce qu'on est en train de vivre.
01:51En fait les patients qu'on a laissés sur place, les gens qui sont juste impliqués entre guillemets,
01:55soit parce que pour certains qu'on n'a pas pu évacuer ou d'autres qu'on a laissés sur place,
02:00ils vont se retrouver isolés et là ils vont avoir deux problématiques.
02:03La principale ça va être l'aspect médico-social.
02:07Pour des gens déjà malades qui ont des comorbidités, ils n'auront pas accès aux soins.
02:11Par exemple des gens dialysés qui ont besoin d'avoir accès à leur dialyse et vont eux-mêmes se dégrader.
02:15Donc finalement on va avoir une suractivité pour l'hôpital
02:18et l'hôpital malheureusement va probablement avoir des difficultés à tenir cela.
02:21Et enfin on va avoir tout ce qui est lié à l'eau et la nourriture.
02:24Avec l'eau, on va avoir le fait qu'on va avoir des eaux stagnantes
02:27qui vont être un endroit parfait pour le développement des moustiques, des larves
02:31et donc de toutes les arboviroses liées.
02:33Enfin la nourriture, comment on va faire pour l'entretenir, comment on va faire pour l'entreposer
02:37et qui va faciliter le développement des bactéries, surtout dans un milieu chaud et humide comme celui de Mayotte.
02:42On parlait des victimes physiques et des conséquences physiques, il y a aussi des conséquences psychologiques
02:46parce que dans ce type de catastrophe vous me disiez que personne n'est épargné.
02:49Bien malheureusement personne n'est épargné car finalement on oublie
02:52mais la troisième chose, la troisième vague qu'on va avoir de patients
02:55ça va être les patients atteints psychologiquement et en fonction des différentes sources
03:00on est entre un tiers des affectés vont avoir des états de stress post-traumatique, des symptômes d'anxiété.
03:06Quand on dit un tiers des affectés, c'est donc un tiers de toutes les personnes qui ont subi cette catastrophe ?
03:09Qui ont subi le cyclone et on a même pu observer des gens qui ne l'ont pas subi.
03:13Par exemple sur ce plateau et sur BFM de temps en temps on reçoit des proches qui ne sont pas sur place
03:18mais qui vivent eux-mêmes des symptômes de cette crise parce que certains de leurs proches sont affectés
03:25et quand on les interroge à postériori on voit qu'ils vont décrire des cauchemars, des signes de stress, avoir des peurs la nuit.
03:30Tous ces symptômes-là vont devoir être pris en charge et ça va être la troisième vague de patients.
03:35Merci Aurélien, je rappelle que pour l'instant donner un bilan est toujours très compliqué et la situation est forcément très évolutive.