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Après le passage dévastateur du cyclone Chido sur l'île de Mayotte et l'archipel des Comores, de nombreuses campagnes de dons ont été lancées en urgence pour fournir des vivres, de l'eau et du matériel aux sinistrés. Florent Vallée, directeur de l'urgence et des opérations à la Croix Rouge, est l'invité pour tout comprendre dans RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 16 décembre 2024.

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Transcription
00:00Bonsoir, Yves Calvi et Agnès Bouffillon.
00:02Il est 18h44, bonsoir Florent Vallée.
00:05Bonsoir.
00:06Merci beaucoup de nous rejoindre sur RTL, vous êtes directeur national de l'urgence
00:09et des opérations de la Croix-Rouge.
00:11Dans son communiqué de l'après-midi, la Croix-Rouge française lance un appel aux
00:14dons.
00:15En ces termes, Mayotte est ravagée, le cyclone a dévasté l'île, provoquant des dégâts
00:19inimaginables.
00:20C'est à ce point-là ?
00:21Tout à fait, c'est à ce point-là, l'oeil du cyclone est passé sur l'île, dépendant
00:26plus de 220 km heure, sur une île où on a 74% de la population qui est extrêmement
00:33précaire, qui est en dessous du seuil de pauvreté, un certain nombre, un nombre très
00:37important de personnes qui habitent dans des abris faits de tôle et de bois.
00:42Donc il y a un besoin criant pour Mayotte, pour maintenant les aider à vivre cet épisode
00:51qui est extrêmement dur, mais aussi demain, participer à la reconstruction, les aider
00:55à pouvoir revivre, à continuer de vivre à Mayotte, et peut-être faire que Mayotte
00:58continue de vivre au sens large, de retrouver de l'éducation, de retrouver une vie normale
01:02comme il s'en allait auparavant.
01:03Dégâts inimaginables, effectivement, on n'a même pas encore la notion, vous avez
01:07des informations précises de la Croix-Rouge française sur place ?
01:10Alors on est en contact avec un certain nombre de nos collègues, avec un petit nombre pour
01:18être très exact de nos collègues, puisque c'est plus de 300 personnes qui sont sur
01:21place au quotidien, et qu'aujourd'hui on a à peu près recensé des nouvelles de
01:2530 personnes, ce qui n'est rien du tout, donc on a quand même quelques informations.
01:30On ne sait pas, on n'a pas le nombre de blessés ou le nombre de décédés, on n'a pas cette
01:34vision-là.
01:35En tout cas on sait que le besoin est énorme, que ce qu'on appelle les bon gars, les bidons
01:41vides en tôle n'existent plus, donc les gens qu'on accompagne au quotidien ne sont
01:48plus là a priori, et que la somme de travail va être énorme, que le besoin actuel est
01:54vraiment d'avoir de l'eau, de la nourriture, de l'abri, de l'hygiène, puisqu'il faut
01:59aussi faire face aux problèmes épidémiques qui pourraient nous arriver, et que c'est
02:03maintenant qu'il faut pouvoir avancer aux côtés de l'État, de manière coordonnée.
02:07Il ne faut pas faire n'importe quoi, il ne faut pas créer une seconde crise, comme
02:10on a pu le voir dans la crise humanitaire, il faut que ça soit raisonné, et c'est
02:14maintenant qu'il faut avancer, qu'il faut structurer des logistiques, qu'il faut structurer
02:19les équipes, les équipes de commandement, pour distribuer au mieux, aider au mieux la
02:23population demain.
02:24Alors justement, un pont aérien et maritime est organisé depuis l'île de la Réunion
02:28pour envoyer du matériel, du personnel médical et des secours à Mayotte, combien de bateaux
02:33et d'avions sont déjà arrivés sur l'île à votre connaissance ?
02:35Je n'ai vraiment pas les chiffres, les chiffres que je vois sont ceux de la presse, je n'ai
02:41pas eu l'idée, je sais que nous on a 30 tonnes de matériel qui sont prépositionnées
02:45au départ, je sais qu'une partie a déjà arrivé hier par avion, qu'une deuxième partie
02:50devrait arriver aujourd'hui et ensuite la dernière partie devrait repartir par bateau
02:55et donc un bateau c'est quatre jours de mer, donc c'est relativement long, donc on attend
03:01ce matériel avec impatience.
03:03Il se trouve qu'à Mayotte, Mayotte et la Réunion ce sont des territoires qui sont
03:08soumis aux cyclones, qui ont des risques naturels extrêmement importants quand même,
03:12donc en fait on a des matériels qui sont prépositionnés, qu'on est déjà en train
03:15d'utiliser, à Mayotte on avait un entrepôt qui a été détruit mais fort heureusement
03:20c'est le toit qui a été détruit donc le matériel à l'intérieur on peut le réutiliser
03:23donc on a du matériel pour pouvoir faire de l'abri provisoire, pour avoir des jerrycans,
03:27pour aller chercher de l'eau, donc ce matériel est en train d'être distribué puisqu'il
03:31était déjà présent sur site, donc on a déjà des choses pour aider la population.
03:35Pour l'instant toute l'aide transite par la Réunion et sur notre antenne tout à l'heure,
03:39l'ancienne ministre et directrice de l'Agence Régionale de Santé à Mayotte, justement
03:42Dominique Voynet, expliquait qu'il fallait trouver un appui à l'étranger car la Réunion
03:48ne suffirait pas.
03:49Vous en pensez quoi ?
03:51Je ne saurais pas vous répondre sur cette donnée, après on est sur une zone qui est
03:56extrêmement compliquée pour avoir des appuis, le pays le plus proche où on pourrait s'appuyer
03:59c'est l'Afrique du Sud de mémoire, ce qui n'est pas très simple pour fonctionner
04:05dans l'ensemble.
04:06La Réunion a un avantage d'être à proximité, d'être à trois heures d'avion, d'avoir
04:12des infrastructures importantes, d'avoir une infrastructure d'État qui est quand même
04:16assez conséquente et des forces armées qui sont sur le territoire.
04:20Je ne saurais pas vous donner une réponse exacte là-dessus.
04:26La comparaison c'est Irma, c'est Saint-Martin, tout est parti de la Guadeloupe.
04:31Quels sont les moyens sur place et vos équipes ? Et par ailleurs j'imagine que vous avez
04:35des équipes en route depuis la métropole, vous avez lancé un appel à mobilisation
04:39parmi vos volontaires ?
04:40Tout à fait, on a lancé un appel à mobilisation, on est vraiment à pouvoir envoyer des experts,
04:47vraiment de l'expertise sur place, parce qu'on a aussi des volontaires sur place,
04:50donc on va utiliser les volontaires qui sont sur place, on va aussi travailler avec la
04:54population parce que la population peut nous aider, il est important d'utiliser la population
04:59pour qu'ils soient le plus résilients possible, donc on va s'appuyer là-dessus, là on a
05:03des experts qui partent demain, des experts en logistique et des experts en évaluation
05:09et en distribution de biens de première nécessité, parce que ce n'est pas anodin de distribuer
05:14à 100 000 ou 200 000 personnes, ce n'est pas des distributions habituelles qu'on fait,
05:18donc on envoie des experts qui vont organiser ça, c'est des gens qui font ça, qui ont
05:22l'habitude de faire ça à l'international, qui vont partir demain, donc qui vont arriver
05:26mercredi matin à La Réunion, et puis en complément, parce qu'il ne faut pas oublier
05:32que c'est aussi Noël qui arrive, c'est aussi le jour de l'an, donc en complément
05:36on va aussi envoyer du monde des volontaires de Métropole pour aider la population maorise.
05:43Florent Vallée, tout à l'heure vous disiez que vous avez normalement toute l'année
05:47300 personnes qui travaillent à Mayotte et que vous n'avez de nouvelles que de 30
05:52d'entre eux ? Tout à fait. Vous n'arrivez pas à les joindre ? Tout à fait, on n'arrive
05:57pas à les joindre, le réseau téléphonique est complètement détruit, donc pour l'instant
06:02on a énormément de mal à joindre les personnes, mais c'est des gens qui sont répartis sur
06:07l'ensemble de l'île, sur l'ensemble de Grande-Terre ou une partie sur Petite-Terre,
06:13ce qui est tout à fait logique, on est à 48 heures du passage du cyclone, le réseau
06:16téléphonique est compliqué, des voies d'accès qui sont coupées, donc il est logique qu'on
06:21n'ait pas encore réellement de nouvelles de la majorité des personnes. Je voyais certains
06:27détails, eau potable bien sûr, jerrycans, et également des seaux pour pouvoir faire
06:31bouillir de l'eau, c'est bien ça ? Oui, tout à fait, pouvoir le transporter, pouvoir
06:35le faire bouillir, l'important c'est d'avoir accès, même si ce n'est pas de l'eau potable,
06:40si vous avez de l'eau de masse, de l'eau propre en fait, ça vous permet de la faire
06:44bouillir, ça vous permet de faire cuire des aliments, ça vous permet de vous laver, autant
06:48que possible vous n'allez pas faire tout ça avec de l'eau potable, parce que l'eau potable
06:51est vraiment le bien le plus précieux, donc déjà avoir un peu cet accès à l'eau, et
06:56faciliter cet accès avec des seaux, avec des jerrycans, pour leur permettre de l'entretenir,
07:02de le contenir, de l'avoir avec eux pendant plusieurs heures.
07:05Si des pluies sont attendues à partir de demain, c'est une inquiétude de plus ?
07:09Bien sûr, c'est une inquiétude de plus, on est sur des sols qui ont quand même été
07:13détrempés, on a des possibilités de glissement de terrain, ça va dépendre du niveau de
07:18pluie qui va arriver, ça ne va pas faciliter, ce n'est pas fait pour faciliter les actions
07:24sur le terrain, et puis de l'eau en plus, c'est de l'eau qui va stagner, de l'eau qui
07:28stagne, c'est une prolifération de moustiques, et donc potentiellement des problèmes de
07:32dingue qu'on pourrait retrouver au Chikungunya, donc c'est pour ça qu'il faut aussi aller
07:37vite, et aller vite même sur le déblayement, qu'est le travail des sapeurs-pompiers, des
07:42sapeurs-sauveteurs, mais c'est vraiment une course contre la monte aujourd'hui, pour
07:46limiter au maximum aussi la prolifération d'épidémies, donc typiquement la prolifération
07:51du moustique tigre, qui est extrêmement importante sur ces zones.
07:55Merci infiniment Florent Vallée, directeur national de l'urgence et des opérations de
08:00la Croix-Rouge, dans un instant on va retrouver Marc-Antoine Nobret.

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