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Dans son édito du 16/12/2024, Gauthier Le Bret revient sur les conséquences de la nomination de François Bayrou comme Premier ministre.

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00:00C'est la question à un million d'euros, Chanaeski.
00:02Déjà, il peut tenir plus longtemps que les 10 petits 90 jours de Michel Barnier.
00:07Oui, me répondait un proche de Marine Le Pen,
00:09car il connaît mieux les forces en présence à l'Assemblée nationale
00:13et il va mieux les respecter.
00:14Et ça commence dès ce matin, 9h.
00:16Michel Barnier avait mis trois mois à recevoir Marine Le Pen.
00:19François Bayrou a mis trois jours.
00:21Donc évidemment, il a pris acte de ce qui s'était passé avec la censure.
00:25Des enseignements ont été tirés.
00:27François Bayrou va vous répondre,
00:28je reçois tous les groupes et dans l'ordre d'importance à l'Assemblée nationale.
00:32C'est vrai, mais c'est quand même un symbole de commencer par l'ERN,
00:36alors que c'est justement le reproche qui avait été fait à Michel Barnier.
00:41Donc ensuite, il va recevoir, pas la France insoumise,
00:43parce que les insoumis n'attendent qu'une chose,
00:45c'est une présidentielle anticipée et ils ont refusé de venir le rencontrer.
00:49Il y aura évidemment les socialistes avec Olivier Faure
00:52et les républicains avec Laurent Wauquiez.
00:55Et là, ce n'est pas tout à fait les mêmes sujets qui vont être abordés.
00:59Avec l'ERN, c'est très clair, c'est éviter la censure.
01:01Évidemment, le Rassemblement national ne va pas entrer au gouvernement.
01:04Avec le PS, c'est un peu des deux sujets,
01:06parce qu'on a appris que ce week-end,
01:08François Bayrou avait pris son téléphone pour essayer de débaucher certains socialistes.
01:13Or, Olivier Faure a été très clair,
01:15il va exclure chaque socialiste qui ferait le choix d'entrer au gouvernement.
01:20Donc l'autre sujet, c'est évidemment la censure,
01:22car si les socialistes ne votent pas la censure,
01:25Marine Le Pen peut la voter, le gouvernement ne tombe pas.
01:28Donc, il va discuter avec les deux qui ont,
01:31quelque part, l'assurance vie de François Bayrou dans leurs mains,
01:35c'est-à-dire Marine Le Pen et Olivier Faure.
01:37Et enfin, Laurent Wauquiez, les républicains,
01:38là, il n'est pas question de censure, évidemment,
01:41mais il est question de pacte gouvernemental.
01:44Laurent Wauquiez, il dit, avant d'entrer au gouvernement ou de ne pas entrer,
01:48il faut que vous nous disiez, François Bayrou, ce que vous voulez faire,
01:51parce que François Bayrou, ce n'est pas l'ami de la droite.
01:53Vous pouvez en parler à Nicolas Sarkozy,
01:54qui ne s'est pas remis du choix d'Emmanuel Macron de nommer François Bayrou,
01:58puisque par deux fois, François Bayrou avait fait le choix de son concurrent,
02:01Ségolène Royal et François Hollande, pour les présidentielles de 2007 et 2012.
02:06On peut dire que François Bayrou n'était pas le premier choix
02:08du président de la République pour Matignon.
02:09Alors ça, c'est extraordinaire, ce qui s'est passé.
02:11Pour la première fois de l'histoire de la cinquième,
02:13le Premier ministre s'est autonomé.
02:15Il a pris un bélier et il a forcé la porte de Matignon.
02:18Parce que quand François Bayrou est reçu vendredi matin
02:20dans le bureau d'Emmanuel Macron,
02:22le président de la République lui dit qu'il va nommer Sébastien Lecornu,
02:25ministre des armées, qui était aussi parmi les favoris
02:29et qui aurait conservé le socle commun, les républicains, les macronistes,
02:34avec, il est vrai, le pouvoir de vie ou de mort sur le gouvernement
02:36du Rassemblement national.
02:37Mais enfin, Nicolas Sarkozy militait pour Sébastien Lecornu,
02:40Bruno Rotailleau militait pour que Sébastien Lecornu passe Premier ministre
02:44et que lui reste ministre de l'Intérieur avec moins de difficultés
02:48que si c'était François Bayrou.
02:49Donc, ce qui s'est passé est complètement fou.
02:51C'est François Bayrou qui a dit, si vous ne me nommez pas,
02:54Monsieur le Président, je quitte le socle commun, je retire mes députés.
02:58Donc, il a piqué vraiment, c'était vraiment, paraît-il,
03:00assez tendu entre le chef de l'État et donc le maire de Pau
03:05devenu Premier ministre.
03:06Et François Bayrou s'est donc autonomé par un mot de remerciement
03:10pour le président de la République lors de la passation de pouvoir
03:13avec Michel Barnier.
03:15Donc, paradoxalement, alors que François Bayrou est un soutien
03:17de la première heure d'Emmanuel Macron, ce que n'était pas Michel Barnier,
03:21ça va être beaucoup plus tendu encore entre Matignon et l'Elysée
03:25maintenant que c'est François Bayrou qu'avec Michel Barnier.
03:27Et à la censure s'ajoute le risque d'une crise gouvernementale donc.
03:30D'une crise gouvernementale absolument, Chana,
03:32parce que Michel Barnier avait le risque évidemment de la censure,
03:35mais personne ne le menaçait de claquer la porte de son gouvernement.
03:38Alors certes, il y avait certains ministres pilotés par Gabriel Attal
03:42qui lui pourrissaient la vie, mais là, si François Bayrou
03:45veut trop plaire aux socialistes, il va demander trop de renoncements
03:50à la droite et surtout à Bruno Retailleau.
03:52Là, Bruno Retailleau, on le disait à l'instant,
03:54il est prêt à renoncer à sa loi immigration.
03:56Il est prêt donc à des compromis pour rester place Beauvau.
03:59Mais il ne faut pas le transformer trop longtemps non plus, Bruno Retailleau.
04:01Il ne faut pas pousser le curseur trop loin pour plaire aux socialistes.
04:05Et on sait comme Bruno Retailleau déplait aux socialistes.
04:08Donc, à un moment donné, François Bayrou va se retrouver coincé.
04:11Il devra faire un arbitrage entre les socialistes et les républicains,
04:14entre la censure du PS et les ministres LR,
04:17parce que tout ça pourrait se terminer avec un Bruno Retailleau
04:19qui décide de claquer la porte du ministère de l'Intérieur.

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