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Aujourd'hui à 8h20, quelle coalition possible pour le nouveau premier ministre François Bayrou ? Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts et François-Xavier Bellamy, député européen LR et chef de file Les Républicains au Parlement européen nous répondent. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-du-we-du-samedi-14-decembre-2024-9253194

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00:00Et un grand entretien spécial ce samedi matin, après la nomination de François Bayrou à Matignon.
00:06Que feront les différents partis ? Entre compromis, attente, opposition de principe.
00:13Quelle ligne a choisi la droite et quelle ligne choisira la gauche ?
00:18Deux invités ce matin.
00:19Dans quelques minutes, rendez-vous avec le vice-président du parti Les Républicains, François-Xavier Bellamy.
00:25Mais d'abord, la secrétaire nationale du parti Les Écologistes.
00:29Et dans notre studio, bonjour Marine Tondelier.
00:31Bonjour.
00:32Les auditeurs d'Inter peuvent vous écrire sur l'application France Inter ou vous appeler
00:38sur le standard 0145 24 7000 pour comprendre la ligne que vous avez choisie.
00:43Mais d'abord une question, comment est-ce que vous percevez François Bayrou ? Qu'est-ce
00:48qu'il représente pour vous ?
00:49C'est l'un des premiers macronistes en réalité.
00:54Il y a un petit côté, on prend le modem et on recommence.
00:58Mais lui, personnellement, deux mots pour le qualifier ?
01:00Le fait que je ne trouve pas de mots pour le qualifier est quand même assez symptomatique.
01:07Je pense que ce qui a été le plus surprenant dans la dernière séquence, c'est le fait
01:10qu'on a quand même compris en lisant la presse écrite ce matin qu'il s'était
01:14à moitié roulé par terre dans le bureau du président de la République pour être
01:16nommé.
01:17Parce que le président de la République l'avait convoqué pour lui dire qu'il n'allait pas
01:19le nommer.
01:20Et ce qui est assez saisissant, c'est qu'apparemment il a dit à Emmanuel Macron, il faudrait vérifier
01:25cette information, que s'il ne le nommait pas, il appellerait à sa démission.
01:28Donc on a aujourd'hui un premier ministre de la France qui est premier ministre parce
01:33qu'il voulait que, s'il n'était pas premier ministre, il voulait que le président de
01:36la République démissionne.
01:37Et pour qu'il ne l'appelle pas le président de la République à la démission, alors il
01:40a fallu le nommer premier ministre.
01:42C'est quand même un peu rocambolesque.
01:44Tout ça demande effectivement à être vérifié.
01:46C'est dans plusieurs journaux ce matin, c'est pour ça qu'il me permet de le citer à votre
01:49enquête.
01:50Oui, c'est rapporté par la presse effectivement.
01:51Le premier ministre, il doit former un gouvernement maintenant et il a rencontré dès hier soir
01:54le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, qui souhaite être reconduit
01:58à son poste et qui demande des garanties, notamment sur l'immigration.
02:02Qu'est-ce que ça vous inspire ces premiers pas de François Bayrou ?
02:05Vous voyez, tout ça est une affaire de symboles et de signaux qui sont envoyés.
02:09On a un président de la République, Emmanuel Macron, et toute sa politique, son camp,
02:15qui ont été désavoués deux fois par les deux manières les plus légitimes qui sont
02:19permises par nos institutions.
02:20La première fois, c'est par les urnes, par les électeurs français, dans les législatives
02:23anticipées de cet été.
02:25La deuxième fois, c'est par les députés, par le vote de censure de l'Assemblée nationale.
02:30Normalement, dans ces cas-là, on change de braquet.
02:33On nomme des personnes différentes, c'est-à-dire pas des proches à soi.
02:37On mène des politiques différentes désormais.
02:39Là, on a vraiment une sensation de « on prend les mêmes et on recommence ». Je
02:42disais « on prend le modem et on recommence », mais c'est ça que ça veut dire.
02:45C'est le titre de libération ce matin.
02:46Et donc, on commence par nommer un très très proche, puis on va chercher les anciens du
02:50gouvernement.
02:51Il n'y a rien qui va changer.
02:54Le Président de la République, vous savez, il a beaucoup parlé de la formation professionnelle.
02:57C'était un gros enjeu pour lui, pour la France.
02:59Ok, mais lui-même a quand même un petit problème avec la notion d'alternance.
03:03Mais si Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, démissionnaire, reste au gouvernement, vous,
03:07les écologistes, vous seriez prêts à le censurer à nouveau ce gouvernement ?
03:09Que voulez-vous que je vous dise ?
03:11Nous, on n'est pas pour… En fait, on n'est pas pour… La censure a priori, on parle
03:15beaucoup de ça.
03:16Censure a priori…
03:17Ça, c'est pas a priori, c'est la veste ?
03:18Non, mais censure a priori, ça veut dire qu'on n'attend même pas de voir quelle
03:21politique va être menée.
03:22Je vous dis ce matin, je censure, c'est sûr, c'est sûr.
03:25C'est la position de la France insoumise.
03:26Je ne dirais pas qu'on va censurer a priori, mais je commence à avoir des a priori de
03:30censure.
03:31Parce que, si vous voulez, il y a trois éléments qui font qu'on censure ou pas un gouvernement.
03:33On voit qui est nommé Premier ministre.
03:35C'est un premier symbole.
03:36Et là, c'est quelqu'un qui est l'un des plus fidèles du Président de la République,
03:40qui s'entête à ne pas vouloir reconnaître sa défaite.
03:43La deuxième chose, évidemment, c'est le fond des politiques qui vont être menées.
03:45Nous, on a un triptyque chez les écolos qui est important pour nous.
03:48Le premier, c'est protéger.
03:49Je pense qu'on doit s'interposer entre les politiques d'Emmanuel Macron et les Français.
03:53Et donc, ça veut dire plus de justice sociale, plus de justice fiscale.
03:57Ça veut dire aussi d'arrêter de s'abrer dans les moyens des collectivités qui, aujourd'hui,
04:00quand l'État ne fait plus son travail, n'est plus là, sont en première ligne.
04:03Ça, c'est protéger.
04:04La deuxième chose, c'est apaiser.
04:05Bon, est-ce que M.
04:06Retailleau est de nature à apaiser le pays ? Je ne suis pas sûre.
04:08Apaiser, on voit bien que c'est une société qui a besoin d'être reconstruite, d'être
04:12fédérée.
04:13Mais il n'est pas suffisant à lui tout seul pour déclencher une censure de vote pas.
04:15Il y a des personnes qui ne sont pas apaisantes, je suis désolée, et il ne l'est pas.
04:18Et puis, la troisième chose, c'est préparer.
04:20Et quand je dis préparer, vous voyez bien que je parle de préparer l'avenir, que je
04:23vous parle d'écologie.
04:24La présidente de Sea Shepherd, à votre antenne à l'instant, vous parlait des baleines, de
04:28l'océan qui meurt, de l'habitabilité de la planète qui est remise en question.
04:30Et donc, ça, c'est des questions de fond.
04:31Et sur le fond, on n'a pas pu encore en parler avec M.
04:34le Premier ministre, puisqu'il a préféré recevoir Bruno Retailleau que de consulter
04:39les forces politiques de ce pays à sa nomination.
04:41C'est son choix.
04:42Et puis, la troisième chose, je vous parlais de qui était Premier ministre, du fond des
04:46politiques menées, il y a une troisième chose, c'est la méthode.
04:48Et sur la méthode, on a besoin de l'entendre pour savoir s'il va utiliser ou pas le 49-3,
04:54ce qui était, nous, une grosse concession qu'on était prête à faire.
04:56Et je pense qu'on aurait dû être nommé pour cela.
04:59Bon, il y a un discours de politique générale que prononcera le Premier ministre dans 5-6
05:03jours a priori.
05:05Mais est-ce que vous êtes sur la ligne des insoumis, à savoir la censure, la censure
05:10a priori, ou est-ce que vous êtes plutôt sur la ligne du PS qui n'a pas fermé la
05:14porte à un accord de non-censure avec François Bayrou ?
05:17Je viens de vous répondre, je ne suis pas fermement pour une censure a priori, mais
05:21je commence à avoir des a priori de censure, parce que je ne vois pas quel signal positif
05:26nous a envoyé depuis 48h.
05:27Nous sommes allés à l'Elysée, nous avons fait l'effort de discuter, l'effort de faire
05:30des compromis.
05:31Nous avons dit, si c'est un Premier ministre du NFP, nous n'utiliserons pas le 49-3.
05:35C'est peut-être un détail pour vous, mais pour les Français, ça veut dire beaucoup,
05:37parce qu'ils se rappellent que le 49-3, c'est ce qui a permis de faire voter la réforme
05:40des retraites, de passer en force, même quand ce n'était pas sur des textes qui n'auraient
05:44pas dû passer à l'Assemblée Nationale.
05:45Et donc quand on fait ça, ça veut dire que c'est un gros geste de confiance envers toutes
05:49les forces politiques.
05:50Autrement dit, si François Bayrou s'engage à renoncer à utiliser le 49-3, vous pourriez
05:56participer, négocier.
05:57Vous pourriez commencer à discuter.
05:58Parce que pas de 49-3, qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'il doit chercher des majorités
06:02parlementaires.
06:03Et donc là, on peut parler de fonds, et je vous ai donné quelques-unes de nos lignes
06:06rouges, ou plutôt de nos lignes vertes.
06:08Il y en a des budgétaires, je vous les ai citées, on veut aussi travailler sur la
06:11concentration des médias, ou plutôt contre, sur évidemment une loi sur le climat.
06:15Enfin, on a beaucoup de propositions à faire, en tort faut-il qu'on ait un cadre pour
06:18en discuter.
06:19Mais je vous dis, c'est vraiment pas gagné, il va falloir faire des efforts quand même.
06:21Donc vous n'allez pas voter directement avec la France Insoumise la motion de censure
06:25que déposeront avant même toute discussion avec François Bayrou ?
06:30Ça dépend de ce qui se passe dans les jours prochains.
06:32Moi, vous savez, je ne suis pas parlementaire, ce n'est pas moi qui voterai à leur place.
06:37Je fais confiance aux parlementaires écologistes, mais je vois bien qu'ils sont à peu près
06:40dans le même état que moi.
06:41Ils sont un peu sidérés, et sur le fond et sur la forme.
06:44Parce que le mauvais vote-ville auquel la France s'est prêté hier, c'est quand même
06:47compliqué.
06:48Donc vous voyez, ce Macronisme a été désavoué par les urnes, désavoué par l'adoption
06:54de la motion de censure, maintenant ils sont même désavoués par les agences de notation.
06:57Alors, s'ils ne croient pas dans la démocratie, j'ai cru comprendre que peut-être ils croyaient
07:00dans les forces du marché.
07:01N'est-ce pas ? Ils les vénèrent.
07:02Même les agences de notation leur indiquent qu'il y a un petit problème dans la manière
07:06de conduire cette affaire.
07:07Mais Marine Tendelier, vous voyez bien que les positions ne sont pas uniformes au sein
07:09du Nouveau Front Populaire.
07:10Et c'est normal.
07:11La France insoumise dit « on va censurer a priori ». Les socialistes disent un peu
07:17ce que vous venez de dire, c'est-à-dire que si l'usage de l'article 49.3 est censuré,
07:21mais sinon il peut y avoir un accord de non-censure.
07:22Et vous, vous êtes encore sur une position médiane.
07:24Est-ce qu'il existe encore le Nouveau Front Populaire ?
07:26Évidemment qu'il existe.
07:27Mais il n'y a pas la même position.
07:28Et je pense que chacun à notre manière, nous sommes, que l'on soit insoumis, communistes,
07:32écologistes, chacun à notre manière, nous sommes fidèles à la promesse que nous avons
07:35faite.
07:36Il n'est pas en train d'exploser là ?
07:37Non, parce que la force du Nouveau Front Populaire, c'est sa biodiversité, c'est un écosystème
07:41riche de ses différences.
07:42Et donc les insoumis le font à la manière insoumise, et je les respecte.
07:46Et les socialistes le font à la manière socialiste, et je les respecte.
07:49Nous, en tant qu'écologistes…
07:50Il faudra bien choisir un chemin et un accord.
07:53Ah mais nous, il n'y a pas de problème.
07:54Je vous ai dit comment on allait faire.
07:55On va attendre dans les quelques jours de voir ce qu'il fait.
07:57Aujourd'hui, je vois mal comment il nous convainc de ne pas le censurer, et surtout
08:00s'il ne nous appelle pas.
08:01Et si son premier geste politique, c'est de recevoir Bruno Retailleau, c'est quand
08:04même mal parti.
08:05Mais il ne tient qu'à lui.
08:07Il a sa propre censure entre ses mains.
08:08En fait, c'est à eux qu'il faut poser la question.
08:10Question d'un auditeur, Jean, qui vous demande s'il ne faut pas faire des concessions à
08:14présent Marine Tendelier, et notamment puisque vous avez des points communs, des projets
08:19communs avec François Bayrou, qui est l'importance que vous accordez à la proportionnelle.
08:24Oui, on a des sujets sur lesquels on peut se retrouver.
08:26La proportionnelle en fait partie parce qu'on voit bien qu'il faut aussi renouveler la
08:30manière même dont on élit les parlementaires dans ce pays.
08:33C'est un projet que l'on soutient depuis des décennies.
08:35Il soutient une proportionnelle par département, non par région.
08:38J'explique en deux secondes la différence.
08:39Vous savez, moi j'habite dans un département, par exemple le Pas-de-Calais, où il y a 14
08:42parlementaires.
08:43Donc si c'est la proportionnelle par département, ce sera aussi un scrutin proportionnel chez
08:47moi.
08:48Je pense à tous vos auditeurs qui habitent dans des départements où on élit deux ou
08:51trois députés.
08:52Si c'est une proportionnelle par département, certains citoyens, s'ils habitent dans des
08:56petits départements, en fait n'auront pas vraiment accès à la proportionnelle.
08:59Donc nous on propose une proportionnelle par région, qui est une vraie proportionnelle
09:02si ce n'est une proportionnelle nationale.
09:03On a d'autres points communs avec certains députés du Modem.
09:06Sur les super-profits par exemple, ils étaient présents sur un peu plus de justice fiscale.
09:10Mais tout va être une question de curseur.
09:12Non, il n'y a pas que ça.
09:13Les questions écologiques, François Bayrou, il y est sensible, il en parlait déjà en
09:162018.
09:17Il disait que l'écologie c'était un levier d'innovation, de création d'emploi.
09:19On ne veut pas qu'il en parle, on veut qu'il le fasse.
09:20Ça sera jugé sur les actes.
09:21Pas sûr à en parler.
09:22Par exemple, vous aviez la présidente de Sea Shepard, est-ce qu'il va continuer à
09:26firmer son soutien fortement à la libération de Paul Watson ? Nous verrons.
09:30Il y a la question des retraites, où il y a ce projet qui est émis notamment de la
09:35part des socialistes, de geler la réforme des retraites, de faire une grande conférence
09:38de financement.
09:39S'il mettait en place ça, François Bayrou, vous seriez prête à le soutenir ?
09:43Peut-être même à participer au gouvernement ?
09:45Nous, notre demande c'est l'abrogation, elle est forte et elle est ferme.
09:47Ce que je ne veux pas entendre, c'est les gens qui disent « mais vous inquiétez pas,
09:51on remettra la réforme en jeu en 2027 à l'élection présidentielle ». C'est trop
09:54loin, c'est trop tard.
09:55Les Français, ils ont besoin de gestes de confiance maintenant.
09:58Et c'est ça que j'ai défendu à l'Élysée, c'est que, en fait, dans le récit qu'on
10:04va avoir, les Français, ils ont besoin de se dire « tiens, il y a un truc qui est en
10:06train de changer ». Déjà, quand on met François Bayrou, qui est dans la vie politique
10:09depuis 40 ans, qui est chez Macron depuis la première minute, déjà, ce n'est pas
10:13un gros geste de changement, donc il faut des gestes de changement sur le fond concret
10:16pour les Français.
10:17Je l'ai, moi je pense, abrogé la réforme des retraites, c'est un premier geste.
10:21J'espère que ce ne sera pas la fin de cet entretien, on va respecter l'équité des
10:24temps de parole.
10:25J'espère que ce ne sera pas la fin de Michel Barnier, tout de suite, de Michel Barnier,
10:27vous voyez, c'est un peu mon histoire.
10:28Je ne fais pas le même destin, mais il va falloir faire un effort.
10:31Moins de 24 heures, mais d'un mot, et ce sera la dernière question, question de Fabrice,
10:36est-ce que vous pourriez discuter avec François Bayrou, comme vous l'avez fait à l'Élysée,
10:41vous l'avez croisé, qu'est-ce que vous vous êtes dit ?
10:42Ah, on ne s'est pas parlé personnellement, mais je vous dis, ni Olivier Foire, ni moi-même,
10:48les socialistes et les écologistes n'avons été contactés depuis que M. Bayrou est Premier ministre.
10:53Il a préféré prendre le temps de recevoir en grande pompe Bruno Retailleau.
10:56C'était un symbole, et toute l'histoire de François Bayrou va s'écrire comme ça,
11:00jour après jour.
11:01Pour l'instant, il n'écrit pas la bonne histoire pour nous.
11:02Bon, en tout cas, on ne saura pas ce qui s'est passé dans les coulisses de l'Élysée.
11:06Merci Marine Tendonnier.
11:07Vous m'inviterez.
11:08Et bonne journée.
11:09Monsieur Bellamy va vous raconter, il était là, et là, il rentre en studio.
11:12Il arrive justement en studio, deuxième partie de ce grand entretien, il est 8h30 sur Inter.
11:19Sur France Inter.
11:21Bonjour François-Xavier Bellamy.
11:23Bonjour.
11:24Bienvenue, vice-président du parti Les Républicains.
11:26Vous êtes également eurodéputé.
11:28Une première question, la même que j'ai posée à Marine Tendonnier.
11:32Qu'est-ce que vous pensez de François Bayrou ? Qu'est-ce qu'il incarne pour vous ?
11:36Deux mots pour le qualifier personnellement.
11:40François Bayrou, ce n'est pas un mystère.
11:42On n'appartient pas à la même famille politique.
11:44On n'a pas fait les mêmes choix dans le passé, dans des moments très importants.
11:47J'ai toujours été l'un des premiers soutiens à Emmanuel Macron.
11:49J'ai toujours été l'un de ses opposants.
11:51Maintenant, ça n'empêche pas de reconnaître en lui, d'abord, un vieux routier de la politique.
11:55Quelqu'un qui a une longue expérience.
11:57Et puis, il est prof de français.
11:59Je pense que ça fait du bien aussi d'avoir des gens qui, sans doute, j'espère en tous les cas,
12:04pourront avoir une attention particulière pour l'école dans ce moment où elle traverse une crise très profonde.
12:08Qui me paraît être vraiment la priorité absolue pour l'avenir du pays.
12:12Bruno Retailleau, l'un de vos proches, ministre des Missionnaires de l'Intérieur,
12:16a rencontré dès hier soir le nouveau Premier ministre.
12:19Il espère être reconduit dans ses fonctions.
12:21Il a demandé des garanties, d'après les informations de nos services politiques,
12:25sur l'immigration pour participer au gouvernement.
12:27Vous savez s'il les a obtenues déjà ?
12:29Non, je pense que c'est une discussion qui commence.
12:31Ce qui compte pour nous, vous parliez de la personne de François Bayrou,
12:34mais ce qui compte pour nous, on ne peut que souhaiter que le Premier ministre de la France réussisse.
12:38Parce que ce sera la réussite du pays.
12:40La seule chose qui compte, c'est ce qu'il va faire.
12:43Et justement, c'est quoi ?
12:44Nous avons une seule boussole.
12:45Notre seule boussole.
12:46Vous savez, dans la confusion politique actuelle,
12:48on voit à quel point les questions de partis,
12:50les questions de règlement intérieur de l'Assemblée Nationale,
12:53finissent par prendre une place que, sans doute,
12:55les gens regardent avec un peu de distance.
12:57Aujourd'hui, moi je me mets à la place des Français.
12:59Et comme un Français parmi d'autres, j'ai le sentiment qu'on tourne un peu en rond.
13:02La politique, c'est aussi une question de personne.
13:03Et en l'occurrence, la personne qui, primus inter pares,
13:07est le premier des ministres, ça compte.
13:09Et son histoire personnelle que vous décrivez il y a un instant,
13:14ça dit justement ce qu'il pourrait faire.
13:16Mais maintenant, ce qui compte, c'est l'avenir.
13:18Ce qui compte, c'est ce qu'il va faire.
13:19Et notre seule boussole dans les décisions qu'il faudra prendre aujourd'hui,
13:22avec les parlementaires des Républicains,
13:25c'est la France.
13:26La France.
13:27La France.
13:28Les Français.
13:29Leurs inquiétudes.
13:30Leurs souffrances.
13:31Leurs espoirs.
13:32C'est ça qui compte.
13:33Il faut être un peu plus précis, là.
13:34C'est-à-dire, s'il n'y a pas de garantie sur l'immigration,
13:36est-ce que vous quittez, est-ce que LR quitte le gouvernement ?
13:39Est-ce qu'il le censure ?
13:40S'il y a des lignes rouges, par exemple,
13:42si la réforme des retraites est suspendue,
13:44est-ce que vous dites non, on arrête ?
13:46Je vous redis, notre boussole, c'est la France.
13:48Au fond, je vais être concret.
13:50La politique aujourd'hui est devenue très compliquée
13:52à cause de la fragmentation des partis.
13:54Mais il y a une chose assez simple,
13:55c'est ce qu'attendent les Français.
13:56On parlait d'immigration.
13:57Moi, je vois une certaine gauche qui,
13:59j'entendais Marine Tendeli à l'instant le dire,
14:01nous explique que si Bruno Retailleau reste ministre de l'Intérieur
14:04et qu'il fait vraiment une politique ferme sur les questions migratoires,
14:07la gauche décidera de censurer le gouvernement.
14:09Elle a tout à fait dit ça, mais elle n'est pas allée jusque-là.
14:11C'est à peu près ce que j'ai entendu.
14:12En tous les cas, moi, ce que je vois,
14:14c'est qu'il y a 80% des Français aujourd'hui,
14:16dans les enquêtes d'opinion,
14:17qui disent que la politique migratoire
14:19est trop faible aujourd'hui dans ce pays.
14:21Vous avez 4 Français sur 5
14:23qui veulent, par exemple,
14:24le rétablissement du délit de séjour irrégulier.
14:26C'est ce que Bruno Retailleau porte,
14:27c'est ce qu'il a porté avec courage
14:28depuis des semaines au ministère de l'Intérieur.
14:30Si maintenant, on écarte ça,
14:32ça veut dire qu'on claque la porte au nez des Français.
14:34Et ceux qui refusent d'écouter ce que disent les Français,
14:36mais nous, on participera
14:38si on peut être utile.
14:39Bien sûr, on est lucides.
14:41On n'a pas gagné la dernière élection législative.
14:44Et la droite, aujourd'hui,
14:45elle n'est pas en train de vivre une alternance à droite.
14:48Cette alternance, elle viendra demain.
14:50On doit la préparer pour retrouver
14:52les perspectives dont le pays a besoin.
14:53Mais aujourd'hui, ce qui compte pour nous,
14:55c'est de faire en sorte que les deux ans qui se dessinent
14:57soient aussi utiles que possible pour le pays.
15:00Donc vous n'excluez pas des compromis,
15:01vous n'excluez pas non plus de participer
15:03au gouvernement Bayrou.
15:04Michel Barnier, lui, était membre des Républicains.
15:07Donc la réponse était plutôt simple pour vous.
15:10Là, en l'occurrence,
15:11bon, est-ce que si Bruno Retailleau, par exemple,
15:14est reconduit dans ses fonctions,
15:16vous le soutiendrez ?
15:17Et vous participerez également,
15:19l'ensemble des Républicains,
15:21à un gouvernement Bayrou ?
15:22Vous l'avez dit, Michel Barnier,
15:23il apportait la garantie
15:25que le gouvernement n'était plus dirigé
15:27par un fidèle du Président de la République.
15:31Et il y avait, dans sa nomination,
15:33déjà une forme, je ne dirais pas, bien sûr,
15:36de cohabitation, mais en tous les cas,
15:37il y avait une forme de renouvellement.
15:39Il avait parlé de rupture.
15:40Et je saisis cette occasion pour lui dire
15:42mon estime et ma reconnaissance,
15:43parce qu'il a mené cette mission extrêmement difficile
15:46au cours des derniers mois,
15:47avec le souci de dire la vérité aux Français.
15:49On sait que l'agence Moody's vient de dégrader
15:51la note du pays cette nuit.
15:52Aujourd'hui, oui, c'est vrai,
15:54nous sommes devant le risque d'une tempête financière
15:56si nous ne rétablissons pas nos finances.
15:58Ça fera partie des conditions
16:00pour que nous soyons prêts à participer
16:02à l'action du prochain gouvernement,
16:03qu'on dise la vérité aux Français
16:05et qu'on cherche à répondre à ces questions.
16:07Et oui, bien sûr, moi je soutiendrai Bruno Retailleau
16:09s'il reste au ministère de l'Intérieur,
16:10parce qu'il le fera avec courage
16:12pour répondre aux aspirations des Français
16:14sur le retour de la sécurité.
16:15Je soutiendrai Annie Gennevard
16:16si elle reste au ministère de l'Agriculture,
16:18parce que l'agriculture, c'est une urgence
16:20à laquelle elle a commencé de répondre aujourd'hui.
16:22Mais encore une fois, pour nous,
16:23au-delà de la question des personnes,
16:24c'est la ligne qui compte.
16:26C'est vous qui l'évoquez,
16:27vous êtes proche de Bruno Retailleau.
16:28On le sait en tout cas idéologiquement.
16:30Donc la droite républicaine peut soutenir,
16:33voire participer à un gouvernement Bayrou.
16:36Mais encore une fois,
16:37ce n'est pas seulement une question de personnes.
16:38On est très unis d'ailleurs sur ce choix.
16:39Et Laurent Wauquiez l'a dit de manière très claire hier
16:41avec les députés de notre formation politique
16:44à l'Assemblée Nationale
16:45qui joue un rôle déterminant.
16:47Il l'a dit.
16:48Nous voulons faire en sorte
16:49que le pays puisse faire
16:51des deux ans qui viennent,
16:52l'occasion d'avancer utilement.
16:54Ça ne se fera pas à n'importe quelle condition.
16:56Nous ne nous renierons pas.
16:57Chacun sait qu'elles sont pour nous
16:59les priorités essentielles pour l'avenir.
17:01Je citais la question de l'immigration,
17:03de la sécurité, de l'agriculture,
17:05la défense de notre économie.
17:07J'évoquais bien sûr la question de la dette.
17:09J'en ai parlé à l'instant.
17:11Mais la question là encore,
17:12comment répondre au problème de la dette ?
17:14On avait vu le modem
17:15et c'est une source d'inquiétude pour nous.
17:17On ne va pas se le cacher.
17:18Qui dans les derniers débats budgétaires
17:19voulait faire que les économies qui étaient demandées,
17:22les éléments de fiscalité
17:24qui étaient demandés de manière exceptionnelle
17:26par Michel Barnier,
17:27deviennent durables.
17:28Nous, nous ne croyons pas
17:29qu'on peut aggraver encore durablement
17:31le poids de la fiscalité dans ce pays.
17:32Il faut au contraire libérer ce pays.
17:34C'est ça l'urgence absolue
17:35pour notre relance économique.
17:36Et donc tout ça, on va en parler.
17:38C'est le contenu qui comptera.
17:39On a lu dans la presse,
17:40on a entendu le récit des coulisses
17:41de la nomination de François Bayrou
17:43qui a pris du temps hier
17:44parce que c'est une personnalité forte,
17:45qu'il n'est pas complètement aligné
17:47avec le président de la République.
17:48Est-ce qu'avec lui,
17:49le président finalement
17:50ne choisit pas entre gouverner
17:52avec la gauche et la droite ?
17:53Est-ce qu'il aurait dû vous choisir ?
17:55Moi je pense, je l'ai dit, je l'ai écrit,
17:57je pense que la France,
17:58elle a besoin aujourd'hui
17:59d'un gouvernement
18:00qui réponde clairement
18:01aux problèmes des Français.
18:02Et je pense que la droite aujourd'hui,
18:04on parlait de ces questions de sécurité,
18:05la droite aujourd'hui,
18:06elle est sans doute finalement
18:08au barycentre des aspirations
18:09des Français.
18:10Et Bruno Retailleau,
18:12comme d'autres l'ont montré...
18:13Mais elle était loin d'être en tête
18:14aux élections.
18:15Mais encore une fois, je le redis,
18:16nous n'avons pas gagné les élections
18:17et c'est avec beaucoup d'humilité
18:18que nous regardons cette situation.
18:19Pour moi, le plus important,
18:21c'était dans cette période difficile
18:23où il y a suivi la censure,
18:24je le crois dangereuse,
18:26qui s'est produite
18:27au cours des derniers jours.
18:28Le plus important,
18:29c'était d'éviter
18:30que se constitue
18:31un gouvernement
18:32avec le Nouveau Front Populaire
18:33qui n'a pas non plus gagné
18:34les élections législatives
18:35et qui voudrait nous faire croire
18:37à toutes les occasions possibles
18:38qu'il est majoritaire dans le pays.
18:39Je ne crois pas que ce soit le cas.
18:41Et notre travail à nous
18:42a été d'empêcher
18:43la prise de pouvoir
18:44de cette gauche
18:45qui, je le pense,
18:46accélérerait l'effondrement du pays.
18:48Maintenant, le grand danger,
18:49c'est qu'on a vu
18:50où le en même temps
18:51nous avait conduit
18:52et on n'a pas le droit
18:53on n'a pas le droit
18:54d'organiser l'impuissance publique
18:56pour les semaines et les mois
18:57qui viendront.
18:58Alors désolé,
18:59mais c'est une question d'auditeurs
19:00et plusieurs vous la posent.
19:02En l'occurrence,
19:03c'est la question de Bruno Retailleau.
19:04Qu'est-ce qu'ils se sont dit
19:06hier soir avec François Bayrou ?
19:08Puisqu'ils ont passé
19:09un long moment ensemble.
19:12Je ne peux pas vous le dire
19:13parce que je ne le sais pas,
19:14vous voyez,
19:15donc ce n'est pas que je cache
19:16quelque information que ce soit.
19:17Mais je crois que le point de départ,
19:19c'est aujourd'hui
19:21qu'une discussion s'engage
19:23sur le contenu.
19:24Et ce que je sais de Bruno Retailleau,
19:26j'ai combattu avec lui
19:27les impasses du en même temps macroniste
19:29pendant longtemps
19:30et le déni de réalité
19:31notamment sur les questions
19:32de sécurité et d'immigration.
19:33Vous avez 80% des Français
19:35aujourd'hui, là encore,
19:36c'est un chiffre écrasant
19:37dans les enquêtes d'opinion
19:38qui disent constater
19:39l'explosion de la délinquance
19:40dans leur vie.
19:41Et bien cette
19:42certitude aujourd'hui pour nous,
19:44c'est que nous avons le devoir
19:45de leur répondre.
19:46Et ceux qui à gauche nous disent
19:47qu'on n'a pas le droit
19:48de traiter ces sujets
19:49et que pendant deux ans
19:50si on veut que le gouvernement tienne,
19:51il faut ne pas aborder
19:52les questions qui fâchent
19:53et surtout ne rien faire.
19:54Jamais.
19:55Ceux-là ne pourront pas
19:56s'étonner demain
19:57de la montée de la défiance
19:58envers la démocratie.
19:59La seule chose qui compte
20:00c'est la France.
20:01Alors François-Xavier Bellamy,
20:02est-ce que vous avez des lignes,
20:03je ne sais pas comment dire,
20:04des lignes rouges
20:05ou des lignes bleues,
20:06des choses qui feraient
20:07qu'immédiatement
20:08LR quitterait le gouvernement,
20:09arrêterait de le soutenir
20:10ou le censurerait peut-être ?
20:13On aborde ce sujet
20:14avec une double préoccupation.
20:16Encore une fois,
20:17l'humilité de reconnaître
20:18que nous ne sommes pas
20:19en train de vivre une alternance.
20:20On ne va pas pouvoir
20:21faire toute la politique
20:22qu'on voudrait.
20:23Mais on ne se reniera pas.
20:26Il y a des priorités pour nous
20:27qui sont fondamentales.
20:28Et si c'est participer
20:29à un gouvernement
20:30qui fragiliserait
20:31la sécurité des Français,
20:32si c'est participer
20:33à un gouvernement
20:34qui contribuerait
20:35à aggraver la situation de l'école,
20:36si c'est participer
20:37à un gouvernement
20:38qui augmenterait dans la durée
20:39la fiscalité,
20:40ça n'est pas ce que proposait
20:41Michel Barnier.
20:42C'était des mesures d'urgence.
20:43Si l'idée c'est que dans la durée
20:45on va aggraver encore
20:46le poids de la fiscalité,
20:47le poids des charges,
20:48le poids des règles
20:49qui pèsent sur notre économie
20:50au lieu de la libérer,
20:51alors oui,
20:52ce ne sera pas possible pour nous.
20:53Mais encore une fois,
20:54nous, notre but,
20:55c'est d'être utile.
20:56On n'aborde pas ce débat d'abord
20:57et la France en a tellement souffert
21:00avec des espèces
21:01d'ostracisme réciproques.
21:04On va essayer
21:05de trouver un chemin
21:07pour faire en sorte
21:08que les mois qui viennent
21:09soient utiles
21:10en attendant une véritable alternance.
21:11C'est la fin de cet entretien
21:12François-Xavier Bellamy.
21:14Ce qui n'est pas possible,
21:15ça veut dire que ce n'est pas impossible.
21:19Qu'est-ce qui n'est pas impossible ?
21:21Que vous participiez à ce gouvernement.
21:22Non, ça n'est pas impossible.
21:23On l'a dit depuis le début.
21:24Ça n'est pas un scoop, bien sûr.
21:26Mais ça n'est pas une certitude.
21:27Encore une fois,
21:28ce qui compte,
21:29c'est le contenu de la ligne
21:30qui sera proposée aux Français.
21:31Merci pour la clarté de cette réponse.
21:33Et bonne journée.
21:34Je signale que demain midi,
21:36dans Questions politiques,
21:38c'est Jean-Noël Barraud
21:39qui est ministre démissionnaire
21:41des Affaires étrangères
21:42et issu du MoDem,
21:44le parti de François Bayrou
21:46qui sera l'invité de Karine Bécard.
21:48À suivre, la Revue de presse.

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