• il y a 4 mois
Après les résultats des législatives, François Bayrou, président du MoDem, souhaite qu'"on sorte du gouvernement des uns contre les autres" pour aller vers un gouvernement "des uns avec les autres". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-lundi-08-juillet-2024-1166855

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00:00« France Inter, Nicolas Demorand, édition spéciale. »
00:06Et avec Yael Ghosn, nous recevons ce matin le président du Modem, maire de Pau, haut-commissaire au plan.
00:14Vos questions au 01 45 24 7000 et sur l'application France Inter, je les espère nombreuses évidemment.
00:22François Bayrou, bonjour et bienvenue sur France Inter.
00:26Il y a un mois, le 9 juin, à 20h55, le président de la République prenait la décision de dissoudre l'Assemblée nationale à la surprise générale.
00:39Il voulait revenir au peuple pour obtenir une clarification du paysage politique français.
00:46Au lendemain du second tour des législatives, avec trois blocs qui dominent désormais le palais Bourbon,
00:53dites-vous ce matin que la France et les Français y voient plus clair qu'il y a un vainqueur ce matin et qu'il s'appelle la gauche ?
01:02Non. D'abord parce qu'on ne connaît même pas les chiffres.
01:09Pour l'instant, on distribue des chiffres que les états-majors alimentent sûrement d'une manière ou d'une autre.
01:15Mais il y a, disons, deux des trois blocs qui sont arrivés devant, c'est-à-dire la gauche et Ensemble, avec quelques sièges d'écart.
01:32Mais il reste des dizaines de sièges qui, pour l'instant, ne sont pas affectés.
01:37Vous êtes en train de nous dire que la gauche, ce matin, n'est pas forcément en tête au palais Bourbon ?
01:41Je suis en train de dire que cette élection n'a pas livré numériquement son verdict.
01:47Elle a livré son verdict sur une question essentielle qui était la question posée dimanche ce soir du premier tour.
01:54C'est est-ce que les Français voulaient que le Rassemblement National ait la majorité absolue ?
02:00Et c'était d'ailleurs ce que les dirigeants du Rassemblement National demandaient.
02:05Ils disaient pour gouverner, il nous faut la majorité absolue.
02:08Or, bien loin d'avoir la majorité absolue, en réalité, c'est un écroulement qu'on a assisté entre les deux tours
02:15parce que les Français ont répondu simplement « Non, nous ne voulons pas que vous ayez la majorité absolue ».
02:21Ça ne veut pas dire, d'ailleurs, qu'il faudra oublier ce que ces électeurs ont dit au premier tour en particulier.
02:27Est-ce qu'il y a des possibilités d'entendre et de trouver des chemins nouveaux pour qu'il soit certain
02:39que, comme citoyens français, on a entendu leurs difficultés et leurs angoisses ?
02:45Mais il n'a pas rendu son verdict pour la répartition des forces.
02:50Qu'est-ce qu'il peut gouverner ?
02:51Donc le paysage n'est pas clarifié ce matin ?
02:53Le paysage n'est pas encore clarifié. On espère qu'on va faire des pas et des progrès.
02:57Mais ajoutons une chose, même si ses responsables ne le disent pas.
03:04Le nouveau Front populaire, l'Union de la gauche, a des attitudes et des choix politiques qui sont incompatibles entre eux.
03:17Quand M. Glucksmann, hier soir on était sur le même plateau, s'exprime, il dit à peu près le contraire de ce que Jean-Luc Mélenchon dit.
03:26Et les répartitions des forces entre eux, ils ont signé un programme.
03:31Mais ce programme est incompatible avec ce que un très grand nombre de français pensent de l'avenir de la France.
03:40Ce programme est incompatible avec l'Union européenne.
03:43Je viens d'entendre à l'instant que c'est une dimension de notre avenir.
03:49Donc vous esquissez un paysage d'une France ingouvernable ?
03:53Je ne crois pas qu'elle soit ingouvernable. Je pense que les chemins existent.
03:57Si aucun des tiers de la tripartition n'est capable de parler ou de faire un mouvement, il est où le chemin ?
04:06Le chemin, je le crois, peut se trouver. Je n'ai pas dit qu'il était certain de se trouver.
04:11Je pense que c'est extrêmement difficile.
04:13Mais je sais avec certitude que ces blocages-là devront être levés.
04:21Parce qu'il y a une disposition constitutionnelle, c'est qu'on ne peut pas dissoudre l'Assemblée nationale avant le 8 juillet 2025.
04:32Ce qui veut dire que, ou bien on est irresponsable, et à ce moment-là chacun dit
04:38c'est mon programme qui va s'imposer, c'est nous qui avons gagné avec des batailles de chiffres,
04:44ou bien on dit qu'il va falloir qu'on réfléchisse et qu'on fasse des pas les uns vers les autres.
04:48François Bayrou, on a quand même un petit problème ce matin au réveil, c'est qu'on ne sait pas qui est premier ou deuxième selon vous.
04:53Or, quand on prend les chiffres de 2022, votre camp perd 94 députés.
04:58La gauche en gagne 28, le Rennes en gagne 55.
05:02Ce n'est pas votre défaite ?
05:04Moins 94.
05:05Si vous voulez qu'on se jette des chiffres...
05:08Il faut au moins savoir qui est devant et qui est derrière ce matin.
05:12Nous verrons, donnons-nous trois jours pour savoir qui en effet rassemble le plus de sièges de parlementaires.
05:20On verra.
05:22Si le Rassemblement National était arrivé en tête avec 15 sièges d'avance,
05:31le Président de la République naturellement aurait réfléchi à la proposition qu'il fait,
05:36mais aucun d'entre nous n'aurait songé à gouverner avec lui,
05:40parce que son programme, sa manière de voir les choses, ses idées sont incompatibles avec le réel,
05:47avec la vie telle que nous la voulons.
05:50La levée de toutes les décisions qui ont été prises pour aller à l'encontre de la délinquance,
06:03la levée de toutes les précautions qui ont été prises pour que l'immigration soit régulée...
06:09Il n'y a rien dans le programme du nouveau Front Populaire qui pourrait vous séduire ?
06:14Je n'aime pas avoir des propos définitifs comme ça.
06:18Les « rien » et les « tout » ne ressemblent pas à ce que je veux.
06:22On entend les lignes rouges, mais est-ce qu'il y a des espaces de rencontre ?
06:27Sûrement.
06:28Si oui, sur quel type de sujet ?
06:30Pour l'instant, ces signes de rencontre n'ont pas été avancés.
06:35Ça va venir.
06:36Je crois que personne ne va en rester ou ne va accepter de rester dans ce blocage
06:41qui pour l'instant est en effet décidé par la répartition en trois.
06:47Permettez-moi de dire, au passage, que si j'avais réussi à persuader autour de l'idée
06:53d'une loi électorale proportionnelle, je n'en serais pas là.
06:56Qu'est-ce que ça aurait changé ?
06:58Ça fait des années.
06:59Ça fait combien ? 20 ans ? 30 ans que vous la réclamez, la proportionnelle intégrale ?
07:02Et vous verrez dans les faits que probablement c'est ce que nous proposions qui était le bon chemin.
07:09Qu'est-ce que ça aurait changé ?
07:10Ça aurait changé qu'on n'aurait pas eu des alliances de la carpe et du lapin.
07:14Se mettre ensemble, à cause du scrutin majoritaire, des forces politiques et des gens qui n'ont rien en commun.
07:23Je citais M. Glucksmann, il a fait toute la campagne des européennes en disant
07:30« Avec moi, mélenchons jamais ».
07:32Et puis vous voyez la situation aujourd'hui.
07:36Et réciproquement.
07:40Et donc, dans un scrutin proportionnel, avec une loi électorale proportionnelle,
07:46chacun se présente sous ses propres couleurs.
07:49Et il n'y a pas d'alliance contre nature.
07:52C'est une alliance contre nature, le Front républicain ?
07:57Oui, je pense que LFI est sur des positions radicalement différentes de ses alliés.
08:03Le Front populaire ou le Front républicain ?
08:05On parle du Front populaire ?
08:07Oui.
08:08Alliance contre nature ?
08:10Oui, je pense que les prises de position qui sont celles de LFI,
08:16on a encore vu Jean-Luc Mélenchon hier soir, et tout le monde le sait.
08:22Alors on fait semblant de ne pas le savoir.
08:24Ceux qui sont autour de la table et qui ont signé ces accords font semblant de ne pas le savoir.
08:29Tout le monde sait parmi eux aussi qu'il y a de l'incompatible entre les prises de position des deux.
08:37Que les positions des uns conduisent inéluctablement à une crise européenne.
08:43Et que les autres voudraient au contraire un chemin de construction européenne.
08:47Bon, alors il faut faire quoi dans les jours qui viennent, François Bayrou ?
08:51Se mettre autour d'une table ?
08:53D'abord il faut vérifier les chiffres.
08:57C'est-à-dire qui est capable de constituer un ensemble.
09:01Je rappelle qu'au premier tour, nous avions décidé de ne pas présenter de candidats
09:08qu'entre 70 et 75 peut-être candidats de forces politiques compatibles avec ceux que nous étions
09:18ou que nous estimions compatibles et que nous pensions nécessaires de protéger.
09:25On n'a pas encore parlé avec ceux-là.
09:28De la même manière il y a, je prends un exemple, ce que le ministère de l'Intérieur appelle divers centres.
09:37Divers centres, c'est évidemment plus près de nous que de qui que ce soit d'autres.
09:43Et ils sont nombreux.
09:45Quand vous additionnez toutes ces forces-là, vous arrivez à un total supérieur à la gauche.
09:49Je pense que c'est possible mais je n'en fais pas un cocorico.
09:54Je pense qu'on verra dans les jours qui viennent quel est le rapport des forces en siège parlementaire.
10:02Les gens qui acceptent de se rapprocher pour constituer le socle de ce que pourraient être les années qui viennent.
10:10On saura quand ? Il faut attendre le 18 juillet que l'Assemblée se réunisse pour la première fois.
10:13On ne sera pas fixés avant le 18 juillet ?
10:15J'espère qu'on aura progressé d'ici cette date.
10:18Pour moi, ça ne s'arrête pas là.
10:21Il ne s'agit plus d'imposer la vision d'un bloc aux autres blocs.
10:27On raisonne encore comme si on était dans la période antérieure.
10:32Où vous avez des vainqueurs qui disent nous on a gagné et donc les autres doivent.
10:38Or ce n'est plus comme ça que ça se passe.
10:40On est entré dans un temps de pluralisme dans lequel les Français ont imposé contre leurs dirigeants très souvent.
10:49On sort du gouvernement des uns contre les autres pour entrer dans le gouvernement des uns avec les autres autant que possible.
10:59Avec qui autour de la table ? Une fois que tout le monde se sera compté, vous pouvez imaginer qui autour de la table ?
11:05François Bayrou ?
11:07C'est très simple, vous excluez les extrêmes à l'extrême gauche et à l'extrême droite.
11:14Et vous avez là un ensemble démocrate et républicain qui selon moi devrait se parler, se reconnaître, s'accepter et un jour prochain gouverner ensemble.
11:26De Marine Tendelier à Laurent Wauquiez ?
11:28Oui, oui.
11:30Mais ces deux personnalités là ne partagent rien sur l'écologie par exemple ?
11:36Oui mais on voit après s'il est possible de rapprocher les points de vue.
11:42S'il y a de l'impossible, on aura ce qui est détestable, un gouvernement minoritaire.
11:48Mais ce gouvernement minoritaire avec les armes institutionnelles limitées par le fait qu'on ne peut pas dissoudre l'Assemblée Nationale.
11:58Revenir sur la réforme des retraites, c'est une ligne rouge selon vous ?
12:04La réforme des retraites est indispensable et probablement devra être un jour remise sur la table.
12:13L'idée qu'on puisse rayer la réforme des retraites pour revenir au statut qu'on hantait, à ce que c'était avant, ça je crois que c'est impossible pour qui que ce soit.
12:23L'amender c'est possible ?
12:25Tout est envisageable, à condition qu'on se reconnaisse entre partenaires d'un futur rassemblement pour gouverner la France.
12:37Donc ça c'est ouvert ?
12:39Non, attendez, excusez-moi, ça ne vous aura pas échappé, je ne suis pas Président de la République.
12:45J'aurais pu mais bon, je ne suis pas Président de la République.
12:49Je ne suis pas Premier Ministre, donc je ne suis pas en train de vous donner un programme.
12:53Je vous dis que pour moi, vous savez bien l'insatisfaction que j'ai manifestée sur la réforme des retraites.
12:59J'ai pensé qu'on aurait pu faire autrement et différemment.
13:04Donc si vous me demandez à moi, est-ce qu'il y a une réflexion possible, à moi en tant que responsable politique et m'exprimant à titre personnel ?
13:13Oui, je pense qu'on peut réfléchir à ça.
13:15Et sur le SMIC, 1600 euros net, c'est possible ?
13:18Non, les entreprises sont en situation d'inquiétude profonde.
13:28Parce qu'un grand nombre d'entre elles, dit un boulanger avec qui je parlais, un maçon,
13:35ils disent mais comment on peut supporter toutes ces charges supplémentaires ?
13:39On a déjà du mal à gagner notre vie dans cet ensemble.
13:43Et du coup, il y a quoi à négocier ?
13:45Non, je pense qu'il n'y a pas...
13:47On fait la liste des choses une à une.
13:49Vous vous trompez.
13:50Et on biffe.
13:52Vous vous trompez.
13:54Parce que vous pensez qu'on est en situation de négociation.
13:57Aujourd'hui, on n'y est pas.
13:59Vous allez l'être prochainement, une fois que vous serez compté.
14:02Une fois qu'on aura le décompte réel et les rapports de force à l'intérieur de chaque camp,
14:10ce qui est évidemment très important, ce jour-là, la première étape,
14:16c'est d'accepter l'idée qu'on puisse être partenaire.
14:20Qu'au-delà de ces camps, de ces agacements, ou de ces obsessions,
14:28ou de ces idées qu'on croit différentes,
14:30au-delà de cela, il y a l'idée qu'on devra faire des choses ensemble.
14:34Si des responsables politiques, et il y en a beaucoup,
14:38et quand je dis qu'il y en a beaucoup,
14:40j'affirme, j'atteste qu'un grand nombre d'entre eux disent qu'il faudra bien qu'on fasse quelque chose ensemble.
14:48Et donc, ce jour-là, on commencera à dire aux Français,
14:53peut-être qu'on peut s'engager dans un chemin qui ne sera pas le chemin de l'affrontement et du désordre.
14:59On passe au Standard Inter, bonjour Bastien.
15:02Bonjour, merci de prendre mon appel.
15:04Je vous en prie, soyez le bienvenu.
15:07Bonjour M. Berroux, il me semble que ma question s'inscrit en écho au début de votre analyse.
15:14Je crois que depuis au moins 20 ans, un des facteurs de réussite du RN,
15:18c'est d'avoir réussi à convaincre son électorat d'être le seul à le comprendre et à l'entendre,
15:23et qu'ils sont oubliés par l'ensemble des gouvernements successifs.
15:28Ma question est assez simple.
15:29Comment, par quelle mesure, par quelle posture peut-être aussi, montrer à l'issue de ces deux tours électoraux,
15:37montrer à cet électorat qu'il a été entendu,
15:40et qu'il n'est plus, que le RN n'est plus le seul parti à l'entendre et à le prendre en considération.
15:45Merci.
15:46Merci à vous, Bastien, pour cette question.
15:48François Bayrou vous répond.
15:49Je crois que la réponse est dans la question que vous avez posée.
15:55Vous avez dit quelque chose de très important et que je crois très vrai.
15:58La réponse n'est pas tant dans des mesures que dans une posture différente.
16:04Il y a très longtemps, vous le savez, j'ai refusé d'entrer au gouvernement au début de l'année,
16:09précisément en m'appuyant sur ce constat.
16:14Ce qui me désespère depuis des années, c'est qu'il y a une rupture qui s'est révélée de plus en plus profonde
16:23entre la base de la société, ceux qui travaillent, ceux qui cherchent du travail, ceux qui sont à la retraite,
16:29ou voudraient y être, et puis ceux qui sont présentés comme étant le sommet.
16:35Je ne suis d'ailleurs pas sûr que le sommet soit très haut.
16:38Mais cette absence de compréhension, et même de langue différente.
16:49Quand le sommet s'exprime, il arrive très souvent que la base, devant son écran ou devant son ordinateur,
16:56ne comprenne pas ce qu'il dit.
16:59Le sommet vit dans un univers de chiffres et de concepts qui me paraît très éloigné
17:06de ce que vivent les gens dans les familles, ou dans la recherche, ou dans l'expérience de solitude qu'est la leur.
17:15Votre question sur l'application d'un terme, Marion, je suis effaré monsieur Bayrou,
17:20pas un mot pour les électeurs de gauche qui ont voté pour votre parti, vous êtes déconnecté.
17:26Quelle réponse faites-vous à Marion ?
17:28Et réciproquement, les électeurs de notre courant politique qui ont voté pour la gauche,
17:33et parfois en étant franchement en désaccord avec.
17:38La question posée dans ce premier tour, c'était, est-ce que vous voulez que le Rassemblement National ait la majorité absolue ?
17:48Puisque c'était ainsi que les leaders de ce mouvement, et les français, dans un vaste mouvement et avec des efforts,
17:55les gens de gauche...
17:57Vous leur dites merci à ceux de gauche ?
17:59Bien sûr, je dis merci à tous les électeurs.
18:02Ça vous oblige mutuellement pour la suite ?
18:04Bien, ça devrait nous obliger mutuellement à comprendre que ceux qui ne sont pas de votre bloc ont été cependant solidaires
18:13dans le refus de ce qu'ils estimaient être le pire.
18:17Vous croyez que si ce vote avait été conditionné par le fait d'accepter le programme des autres,
18:27le résultat serait là ? Jamais.
18:29Jamais.
18:32Au contraire, c'est parce qu'on a dit, nous faisons un appel pour que tous ensemble, nous évitions le pire.
18:42C'est pour ça que les électeurs sont allés voter, et avec des efforts.
18:46Et ils l'ont dit très souvent, on est de gauche et on va voter pour vos candidats,
18:52ou réciproquement, vous nous faites voter pour LFI.
18:56Ce qui était un effort, pas seulement un effort, un mouvement de rejet profond pour un certain nombre.
19:04On avait déjà vécu ça dans l'histoire, on avait vécu ça en 2002, on avait vécu ça à chaque échéance.
19:10Et donc, cet effort réciproque exige une attitude, pas seulement de respect, mais de compréhension mutuelle.
19:19Pour qu'on puisse construire quelque chose qui sera viable pour l'avenir,
19:24parce qu'autrement, on va se trouver dans une impasse qui va durer pendant des mois.
19:28Et ce n'est pas ce que je souhaite.
19:30François Bayrou, Marine Tondelier, la secrétaire nationale des écologistes, vient d'entrer dans ce studio.
19:36Bonjour ! Et bienvenue !
19:38Et bonjour à toutes vos auditrices, à tous vos auditeurs qui se réveillent avec nous ce matin.
19:42Et François Bayrou, est-ce que vous avez quelque chose à dire à Marine Tondelier ?
19:46Si j'avais des choses à lui dire, et si elle avait des choses à me dire, probablement on se les dirait hors micro.
19:52Est-ce que ce front républicain vous oblige mutuellement à jeter des ponts les uns vers les autres ?
19:59Selon moi, oui. J'ai dit reconnaissance, respect et compréhension mutuelle.
20:07Votre auditrice avait raison, ça a été pour des millions d'électeurs.
20:13Ça a été un effort qu'ils n'auraient jamais imaginé consentir.
20:18L'idée qu'on va voter pour des gens dont le programme vous rebute.
20:23Et vice-versa, Monsieur Bayrou, et pas pour la première fois.
20:26Mais je l'ai dit, il y a eu d'autres occasions et c'est très important qu'on y pense.
20:33Ce qui devrait nous obliger à sortir du monde clos de mur dans lequel nous vivons.
20:39Mais pour ça, il faut commencer par reconnaître les résultats et ce n'est pas ce que j'ai entendu pendant 20 minutes.
20:46Je pense que le nouveau front populaire doit faire preuve de beaucoup de modestie.
20:50Parce que nous savons grâce à qui nous devons cette courte avance.
20:53Nous savons que tout le monde a été au rendez-vous du front républicain.
20:57Mais nous savons aussi que ça n'a pas été instinctif et automatique chez tout le monde, que ça a pris du temps.
21:00Et moi je respecte ça.
21:02Mais si nous devons faire preuve de modestie, vous ne pouvez pas non plus faire preuve de déni sur les résultats finis d'hier soir.
21:08Et je vous ai observé pendant 20 minutes en train d'essayer de compter et de recompter des voix.
21:13Je pense qu'il faut quand même accepter le résultat d'hier soir.
21:17Je ne savais pas que c'était un débat ce matin, mais j'implore vous, il n'y a pas de problème.
21:21Voulez-vous que nous prenions rendez-vous ?
21:23Je vous avais écrit un courrier la semaine dernière pour vous le proposer.
21:26Vous répondez quand vous voulez et je serai là.
21:28On va prendre rendez-vous quand nous aurons tous la photographie réelle de ce que l'Assemblée nationale sera.
21:38Ce n'est pas recompter, c'est voir qui peut se rassembler, qui peut se rapprocher de qui.
21:45Et ça, ça nous permettra d'avoir une vision plus claire de la situation dans laquelle chaque bloc,
21:53même celui qui sera arrivé en tête et je ne sais pas encore lequel, sera minoritaire.
21:57Nous on sait quand même.
21:59Vous, vous pensez savoir.
22:01On ne va pas le refaire.
22:03Merci François Bayrou.
22:05En tout cas, l'invitation est lancée.

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