Léon Marchand est champion olympique ! Archi-favori du 400 m 4 nages, le Toulousain n'a pas craqué et remporte à 22 ans la médaille d'or. Mais comment fait-il ? Pour Brut, le nageur explique comment il travaille son mental avant chaque course. #paris2024
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00:00J'aime bien me dire, qu'est-ce qui se passe si j'échoue ?
00:03En fait, je me rends compte qu'il ne va rien se passer de spécial.
00:06C'est-à-dire que ma famille sera toujours aussi contente pour moi.
00:09Je me suis vraiment mis dans le scénario,
00:10si j'arrive huitième de cette finale, qu'est-ce qui se passe ?
00:13Il ne va rien se passer.
00:14Donc maintenant, je n'ai plus peur de l'échec
00:15et je suis plus en mode, je profite et j'essaye.
00:20Je travaille depuis quelques temps avec Léon Marchand.
00:25Je ne sais pas si vous connaissez le petit de 19 ans
00:28qui a fait sa première finale olympique.
00:30Avant, il était dans la peur de mal faire.
00:34Il nageait avec l'énergie de mal faire.
00:36Et ça ne se passait pas forcément bien.
00:38On a travaillé là-dessus.
00:39Et ça va être, je pense, dans un an ou deux ans,
00:43le numéro un mondial.
00:49C'est excellent.
00:50Avant, j'avais un peu peur de...
00:52Je ne me sentais pas légitime si je ne ramenais pas de médailles.
00:54Et du coup, c'est une mauvaise énergie.
00:56C'est une mauvaise source d'énergie.
00:57Il faut, il faut, il faut ramener une médaille.
01:00Et ça ne marche pas comme ça.
01:01Et je pense qu'avec Thomas, on a bien ouvert des portes.
01:04Ça nous a permis vraiment de nous redécouvrir déjà
01:07et de savoir comment je fonctionne.
01:09Donc, c'est génial de voir ce message.
01:12Moi, j'ai eu la chance de...
01:13Voilà, j'étais en confinement.
01:14Je me suis rendu compte qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas.
01:16C'est pour ça que j'ai commencé justement cette préparation mentale.
01:19C'est juste une aide en plus.
01:20Et moi, ça m'a permis de grandir en tant qu'humain, tout simplement.
01:24Maintenant, mon objectif, c'est de savoir qui je suis
01:26en tant qu'être humain, pas nageur, justement.
01:29Avant, je savais que j'étais nageur.
01:30Mais en dehors de ça, j'avais rien, quoi.
01:32J'étais un peu perdu.
01:33Maintenant, le but, par exemple, d'une finale mondiale,
01:36j'ai envie de savoir où est-ce que je peux aller moi-même en tant qu'individu.
01:39Et ça, ça me transcende, en fait.
01:42Et du coup, c'est une bonne énergie qui vient.
01:44Et quand je mets ce genre d'énergie dans mon corps,
01:46j'arrive à me régénérer pendant la course.
01:49J'arrive à finir à fond.
01:50J'arrive à partir vite.
01:51J'arrive à oser un peu tout.
01:52En fait, j'ai plus rien à perdre.
01:54Et avant, je ne m'aimais pas autant que maintenant.
01:56Avant, je me sentais timide, etc.
01:59Et avant, pour moi, c'était un désavantage.
02:02Alors que maintenant, c'est plus une force.
02:04Ça me permet de me transcender et de savoir vraiment mes atouts et mes qualités.
02:10Et c'est plus facile de rester focus sur soi quand on s'aime aussi.
02:15Moi, je pense que c'est plaisir.
02:18Parce que quand je m'amuse, je peux faire tout ce que je veux.
02:20Il n'y a aucune limite quand je m'amuse.
02:22Ce qu'on a aussi travaillé avec Thomas, c'était un peu de la respiration,
02:25de la cohérence cardiaque.
02:26Et du coup, je me disais un peu ce mot-clé dans la tête,
02:28par exemple, avant les courses.
02:30Et ça me permet justement de sentir cette énergie en moi,
02:33de savoir qui je suis avant une course, tout simplement.
02:36Et de libérer tout mon potentiel.
02:38Après, il y en a, ça va être peut-être le fait d'être plus libéré,
02:41le fait d'être plus en paix intérieure.
02:44Il y a plein de moyens de le faire.
02:46Moi, ma manière de le faire, en tout cas, c'est de prendre du plaisir
02:48et de kiffer, tout simplement.
02:50Parce que bon, c'est un sport, c'est de la piscine.
02:52On ne va pas se mentir.
02:53Ce n'est pas non plus ce qui va changer ma vie.
02:56Mentalement, il faut essayer.
02:57Moi, ma technique en tout cas, c'est d'essayer de se détacher
03:00le plus possible de l'enjeu, de la compétition
03:04jusqu'au dernier moment, c'est-à-dire juste derrière le plomb.
03:06On arrive le jour de la compète, je fais ce que je sais faire.
03:09Je l'ai répété plein de fois à l'entraînement.
03:10J'essaie de ne pas trop penser à l'échauffement parce que
03:12quand on ne se sent pas bien, on se dit, on va mal nager.
03:14Après, quand on se sent bien, on se dit, on va bien nager.
03:16On a trop de confiance, etc.
03:17Donc moi, je pense vraiment à autre chose.
03:18Entre les séries et les finales,
03:21j'aime bien lire des mangas.
03:23J'aime bien regarder des séries pour vraiment me vider la tête.
03:26Et comme ça, quand je reviens dans le bassin,
03:27je n'ai pas fait la course avant.
03:29Je sais, par exemple, il y a 2-3 ans, quand j'étais en finale,
03:34toute la journée, je pensais à ma course.
03:35Je revivais déjà ma course.
03:36En fait, j'avais déjà fait la course avant de l'avoir fait.
03:39Alors que maintenant, j'ai travaillé dur pendant 2-3 ans.
03:41Je me dis, ça va être un moment, je le garde
03:43et je veux le découvrir pour la première fois
03:45pour que ce soit une surprise.
03:46Et après, voilà, on rentre sur le bord du bassin.
03:48On arrive derrière le pelot et là, c'est parti.
03:49C'est que du plaisir.
03:50Moi, j'essaie de profiter au max parce que j'ai fait des finales mondiales.
03:54Je pense que je ne vais pas en faire non plus une centaine dans ma vie.
03:56Donc, je m'entraîne tous les jours pour ça.
03:58Donc, c'est juste profiter.
04:00Maintenant, j'ai fait le boulot et à fond, quoi.
04:02Ça vous arrive des fois de sortir comme,
04:03excuse, je ne peux pas, j'ai piscine.
04:06J'avais un t-shirt comme ça.
04:08Mais bon, je le dis souvent, c'est clair.