Télématin reçoit l'écrivain Maxime Chattam, à l'occasion de son nouveau thriller sorti en novembre qui évoque une prise d'otage en direct du journal de 20 H.
Category
📺
TVTranscription
00:00C'est dans l'univers de la télé qu'il a choisi d'ancrer l'histoire de son nouveau roman.
00:04Bonjour Maxime Chattal.
00:05Bonjour.
00:06Bienvenue.
00:07Bienvenue chez vous j'ai envie de dire, puisque Prime Time se place, se passe sur un plateau
00:10de journal télé.
00:11C'est gentil, merci.
00:12Donc on est vraiment dans cet univers.
00:13Tant que ça ne se finit pas comme dans le bouquin Easy.
00:15Oui, j'allais dire, ça nous a fait un peu peur quand même.
00:17Sauf qu'on ne va rien dire évidemment, c'est chez Albin Michel, c'est sorti il y a un mois
00:20et demi je crois Maxime.
00:21Oui c'est ça à peu près.
00:22Ça cartonne déjà.
00:23Je ne vais pas me plaindre.
00:24Ça se passe bien.
00:26Il faut le dire, on parle beaucoup de gens qui ne lisent que de moi.
00:28Oui ils aiment lire mais bon il faut aimer dire aussi des choses réussies, c'est le
00:31cas.
00:32On est d'accord Olivia ?
00:33Bien sûr, je suis venue faire une chronique, on a tous frissonné.
00:36Je trouve que l'idée est géniale, une prise d'otage, on peut le dire, une prise d'otage
00:41en direct pendant le 20h.
00:43C'est une idée géniale pour le lecteur, parce que ce n'est pas terrible pour le présentateur.
00:46Ça reste dans le livre.
00:48Mais c'est génial cette prise d'otage.
00:50Non mais moi je me place toujours du côté du lecteur.
00:54Le lecteur est content.
00:56Et en plus je trouve que c'est un livre très différent de ce que vous faisiez avant.
01:01C'est un livre avec un autre livre caché dedans, on va en parler.
01:06Une critique de la société du spectacle.
01:08Très riche livre.
01:09Oui exactement.
01:10Alors on va en parler.
01:11Maxime juste avant, on va avoir quelques images.
01:14Evidemment ce type d'événement n'est jamais arrivé en France, même si parfois les présentateurs
01:18ont eu quelques frayeurs lorsque des manifestants investissent le plateau du journal en direct.
01:22Ça donne ça, regardez.
01:24Nous sommes toujours en direct.
01:26Vous êtes un maire de l'Oise.
01:28Vous êtes un maire de l'Oise.
01:30J'en ai des travailleurs de chansons dans l'Oise.
01:32Laissez nous expliquer aux téléspectateurs ce qu'il se passe.
01:36On est des travailleurs de chansons dans l'Oise.
01:38Si il y a un interlocuteur, parce que je ne peux pas parler avec tout le monde, vous êtes un peu nombreux.
01:42C'est d'ailleurs la première fois qu'il y a autant de monde dans notre petit café.
01:45Qu'est-ce qui veut venir s'asseoir en face de moi ?
01:48Alors qu'est-ce qui me vaut l'honneur de votre visite ?
01:52Voilà, petit souci, vous vous en rendez compte avec cette occupation du plateau.
01:55Nous rendons l'antenne. Nous ne pouvons pas faire ce journal, bien sûr.
01:59Voilà, vous avez vu que c'est déjà arrivé d'avoir un plateau, un journal qui s'arrête
02:02et justement on coupe l'antenne parce qu'il y a des manifestants qui veulent prendre la parole,
02:05qui ont des choses à dire.
02:07Dans votre livre, on est à un tout autre niveau.
02:09C'est beaucoup plus grave ce que vous nous racontez.
02:11L'antenne ne peut pas être coupée. Pourquoi ?
02:14Tout simplement parce que le preneur d'otages entre sur le plateau avec son masque,
02:18pose une arme sur la tente du présentateur et dit face caméra,
02:21si vous coupez le direct, je le tue.
02:23Il se pose la question à un moment, pour la chaîne, qu'est-ce qu'on fait ?
02:26Est-ce qu'on assume de maintenir à l'antenne un type qui peut faire visage de la violence ?
02:31On ne sait rien de lui.
02:32On ne sait rien, son visage est masqué, la voix est déformée.
02:34On ne sait pas si c'est un homme ou une femme.
02:35Absolument pas.
02:36Et donc toute la question de ça, bien sûr, qui est-ce ?
02:38Et pourquoi il est là ?
02:39Quelles sont les revendications ?
02:40Et quelles sont peut-être les revendications derrière les revendications ?
02:43Et bien sûr, pour une chaîne de télé, qu'est-ce qu'on fait ?
02:45Sachant que potentiellement, bien sûr, ça peut aussi être une audience incroyable.
02:49Exactement.
02:50Mais c'est ça en filigrane, évidemment.
02:51On sait à quel moment on se dit, ah, ça peut faire de l'audience.
02:54L'idée vous est venue comment ?
02:56Parce que c'est diabolique.
02:57Maxime, on se dit, il est marié à Faustine Bollard,
02:59donc la télé, finalement, c'est ce qu'il connaît pas mal ou pas forcément ?
03:03Pas forcément, non.
03:05D'ailleurs, c'est à l'inverse.
03:07Pendant très longtemps, je ne voulais pas écrire sur la télé de peur qu'on puisse se dire,
03:11c'est elle qui s'exprime à travers lui, je ne voulais pas qu'on la juge, elle.
03:15Pourtant, le monde de la télé, forcément, pour un romancier qui écrit des thrillers,
03:18c'est un peu très tentant, parce que la reine est formidable.
03:21Donc non, j'ai mis des années avant de me libérer de cette idée-là
03:24et de pouvoir y aller, tout simplement.
03:26D'autant plus que là, c'est le JT, c'est l'information, donc c'est pas…
03:30C'est pas les magazines.
03:31Ouais, c'est pas les magazines.
03:32Donc je me suis dit, bon, il y a quand même une distance,
03:33je pense que les gens font la part des choses.
03:34On fait la part des choses.
03:36Dans l'histoire, le présentateur du 20h est accusé d'agression sexuelle.
03:39Il est tout puissant.
03:40Il y a aussi dans le livre pas mal de cynisme de la part des dirigeants de la chaîne.
03:43C'est quoi le message précisément que vous voulez faire passer ?
03:46C'est une réflexion autour de la notion de puissance, déjà.
03:50À quel point, parfois, quand on est surtout un présentateur de JT,
03:54il est l'incarnation du travail de toute une rédaction.
03:58Il est face aux caméras, il est sous la lumière des projets.
04:01Ça donne une assise, ça donne aussi parfois peut-être un sentiment de puissance.
04:05Tout le puissance, peut-être.
04:06Ouais, peut-être.
04:07Donc en tout cas, je voulais poser cette question-là.
04:08Le rapport à la célébrité, au début du bouquin, c'est ce qui est posé.
04:11Et puis, bien sûr, aussi parler de tout ce qui est MeToo,
04:14de nos responsabilités dans une société comme celle-ci,
04:17face notamment à ce qu'a longtemps été le problème.
04:20C'est-à-dire que dans le bouquin, à un moment, il le dit,
04:22ses collègues disent « Non, mais on savait, il était un peu lourd d'homme.
04:25Enfin, il est comme ça, quoi. »
04:27Vous êtes inspiré du réel ?
04:28Vous avez pensé à des personnes en particulier ?
04:30Je vous laisse tirer les conclusions que vous voudrez en lisant le livre.
04:32Chacun les a tirées, évidemment, en lisant ce livre.
04:35Bien évidemment, Maxime, c'est ce qu'on appelle un page-turner,
04:38c'est-à-dire vous démarrez.
04:39Il y a quoi, 550 pages, c'est ça ?
04:41Peu près, oui, c'est ça.
04:42On ne peut pas les lâcher, évidemment, on ne s'attend pas du tout à la fin.
04:44On n'en dit pas plus.
04:45On va vous poser, si vous êtes d'accord, Maxime, des questions en rafales.
04:48Le but, vraiment, Maxime, vous nous répondez du tac au tac.
04:51Une phrase, pas plus.
04:52Ok, c'est vous qui me prenez en otage, donc.
04:54Sinon, on vous prend en otage, exactement.
04:56Petite musique qui fait un peu peur, s'il vous plaît, ce qui nous a changé.
04:58Très bien.
04:59Vous êtes prêt, Maxime Chattam ?
05:01Vous savez comment votre roman va finir quand vous commencez à l'écrire ?
05:05Oui.
05:06Vous êtes tenté, jusqu'à la dernière minute, de retoucher votre manuscrit ?
05:11Oui, beaucoup, je le fais.
05:12Jusqu'à l'impression finale ?
05:14Non, mais jusqu'à ce que je ne puisse plus le faire, oui.
05:16Mais c'est des détails.
05:17Plus ça avance, plus c'est des détails.
05:18Donc, c'est bien que l'impression arrive au bout d'un moment ?
05:20Oui, mais d'ailleurs, c'est pour ça que j'impose un délai assez court
05:22entre le moment où j'ai fini le bouquin et le moment où le livre sort.
05:24J'ai besoin d'être certain.
05:26Parce qu'en fait, le livre, si je le donne à lire à mon éditeur,
05:28c'est que je suis déjà convaincu que j'ai mis tout ce qu'il fallait mettre dedans.
05:31Vous écrivez à l'heure fixe ?
05:33Plutôt, oui.
05:34Vous testez l'intérêt de vos histoires sur votre entourage ?
05:37Non, je le teste sur ma femme, par contre.
05:40Je la regarde.
05:42Si le soir, je vois qu'elle fait ça, c'est que ce n'est pas moi.
05:45Maxime, vous êtes insupportable pendant toute la phase d'écriture ?
05:49Insupportable, je ne crois pas, mais par contre, je suis absent.
05:51Vous êtes dedans, vous êtes concentré.
05:53Vous devez, pour chaque histoire de vos romans, rencontrer les vrais protagonistes.
05:57Oui, j'aime bien, bien sûr.
05:59Une fiction fonctionne d'autant plus quand le cadre posé est très documenté,
06:03très réaliste et qu'on y croit.
06:05Donc j'essaie de faire en sorte qu'on soit réellement plongé
06:07dans les arcades du GIGN et du GIT de 20 heures,
06:10pour que tout le reste que j'invente soit crédible.
06:12Avant chaque parution, est-ce que vous avez l'angoisse que le public vous lâche ?
06:16J'y pense parfois, et puis à un moment,
06:18c'est pour ça que je m'autorise à changer parfois des registres.
06:20L'année dernière, c'était un hommage à Barjavet, donc rien à voir.
06:22Là, c'est un thriller.
06:23Le prochain sera un peu dans l'aligné de celui-ci.
06:25Donc non, j'y pense à un moment, mais je ne peux pas écrire avec ça en tête,
06:28parce que sinon, c'est paralysant.
06:29Dernière question, Maxime.
06:30Voir quelqu'un dans le métro ou dans un train plonger dans votre livre,
06:34ça vous rend nerveux ?
06:35Non, ça m'amuse.
06:36Je n'ose jamais y aller.
06:37Vous n'allez jamais les voir ?
06:39Non, c'est hyper prétentieux.
06:40Un jour, vous savez, c'est la femme de Grisham qui raconte.
06:44Je suis dans un avion et à côté de moi, je vois quelqu'un.
06:46Il y a John Grisham et elle.
06:48Quelqu'un lit un bouquin de Grisham, elle se penche et lui dit
06:50« Vous savez, l'auteur est juste là. »
06:52Et l'auteur fait « Ok, super. »
06:55En même temps, Maxime, maintenant, votre visage est de plus en plus connu.
06:59On vous reconnaît de plus en plus.
07:00Ça peut arriver.
07:01Faites comme de funès, si vous mettez un bonnet et un écharpe
07:04pour aller voir les avant-premières au fond des salles de cinéma.
07:07Je vais faire ça en dédicace.
07:09C'est plaisir comme ça.
07:11Restez avec nous, Maxime Chattam, bien sûr.
07:13On va marquer une petite pause et on va, grâce à vous,
07:15Plonger dans vos souvenirs de télé d'enfance, d'adolescence.
07:20Il y en a plein qu'on va reconnaître.
07:21Il y aura des surprises.
07:22Vous aimez toujours Miles Davis.
07:24J'adore Miles Davis.
07:25Donc on part en pause avec Miles Davis pour faire plaisir
07:27et pour se faire plaisir tout de suite.