• il y a 10 heures
Le gouvernement démissionnaire présente ce mercredi en Conseil des ministres son projet de "loi spéciale" sur le budget au lendemain d'une réunion des forces politiques à l'Elysée où Emmanuel Macron s'est engagé à nommer "dans les 48 heures" un nouveau Premier ministre chargé de négocier a minima un accord pour éviter la censure.

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Transcription
00:00Et on accueille sur ce plateau Claude Maluret, bonjour, vous êtes sénateur de l'Allier, président du groupe Les Interbandants, République et Territoire au Sénat, une voix libre du Parlement, c'est comme ça qu'on a l'habitude de vous présenter et c'est pour ça qu'on est très content de vous avoir ce matin sur le plateau de première édition pour essayer de comprendre comment on peut sortir de cet impasse et pour avoir votre regard d'expérience sur la situation actuelle avant de vous entendre.
00:27On va regarder des extraits de l'émission d'hier soir sur BFM TV, l'Assemblée BFM qui rassemblait des élus de tous bords autour de Benjamin Duhamel.
00:35Un bon résumé de la situation politique actuelle.
00:39Blandine Dalena.
00:40Qui a envie de gouverner ?
00:42Sur les dix représentants politiques invités, huit veulent en être.
00:45Mais gouverner sans majorité, cela nécessite des compromis.
00:48Et au vu du brouhaha général, cela s'annonce compliqué.
00:53Déjà, sur la question de la composition du nouveau gouvernement, cela coince.
00:56Tant que la politique macroniste se poursuit, nous censurerons de manière immédiate.
01:00Oui, nous censurerons un gouvernement qui compte des ministres de la France insoumise.
01:04Et sur les sujets de fond, eh bien pareil, aucun groupe politique n'est d'accord.
01:08Sur la réforme des retraites par exemple.
01:10Nous voulons abroger la réforme des retraites.
01:12Si l'objectif c'est absolument d'abroger l'âge légal à 64 ans, moi je ne sais pas quelles sont les solutions budgétaires.
01:18On revenait 62 ans âge légal avec 42 annuités.
01:22On ne peut pas abroger la réforme des retraites, ce serait mettre en péril les retraites et les petits-enfants.
01:26Et sur les impôts, Emmanuel Macron en a fait sa ligne rouge.
01:29Pas d'augmentation, mais là encore, chacun a sa vision.
01:32Bien sûr qu'il ne faut pas augmenter les impôts, je l'assume parfaitement.
01:35Demandez plus d'efforts à ceux qui gagnent beaucoup.
01:38Enfin, sur l'immigration, le parti socialiste souhaite mettre de côté lors des négociations ce sujet qui cristallise de nombreux désaccords.
01:45Pour le Rassemblement national, les Républicains et Reconquête, c'est non.
01:49Ils veulent une politique forte qui se dégage avec ce nouveau gouvernement.
01:53Claude Maluré, vous étiez à l'Élysée hier après-midi. Est-ce que le ton général ressemblait à ce qu'on vient de voir là ?
01:58Pas du tout. Et c'est d'ailleurs la première chose qui m'a surpris et que j'ai plutôt trouvé encourageante.
02:05C'est que personne, d'abord, vous avez remarqué, n'a quitté la réunion avant la fin, ce qui arrive assez souvent.
02:12Oui, lorsque Jean-Luc Mélenchon le demandait aux autres forces de gauche.
02:15Deuxièmement, le ton était très, très mesuré. Pas d'attaque ni des uns envers les autres, ni envers le président de la République.
02:22On sentait vraiment, depuis quelques jours – c'est la première fois que je constate ça – la préoccupation de tous,
02:33étant donné la situation, de trouver une solution parce qu'après tout, aujourd'hui, le pays n'a ni gouvernement,
02:42ni majorité de l'Assemblée nationale, ni budget, qu'on ne peut pas continuer comme ça et voir ça tous les trois mois survenir.
02:49Et j'ai l'impression que tous ceux qui ont voté la motion de censure et qui sont retournés voir leurs électeurs ce week-end,
02:55qui n'ont pas tous dit qu'ils avaient fait le mieux qu'ils pouvaient faire, que ce soit les autres, ceux qui ont été victimes de la motion de censure,
03:03tout le monde avait un caractère, je ne dirais pas de gravité parce que le ton était assez léger, mais de responsabilité,
03:09qui était plutôt, pour moi, encourageant. C'est loin d'être fait.
03:13– Et pourtant, la perception que l'on a de l'extérieur en écoutant les uns et les autres, c'est qu'ils ne sont d'accord sur rien.
03:18Est-ce que c'est une mauvaise perception ?
03:20– C'est peut-être ça la démocratie. D'abord, la démocratie, c'est de ne pas être d'accord.
03:24Et la deuxième chose, c'est une démocratie qui marche, c'est une démocratie qui arrive à faire fonctionner les institutions
03:29avec des gens qui ne sont pas d'accord. On a beaucoup de chemin à faire en France pour y arriver
03:34parce qu'on a l'habitude des majorités, y compris des majorités extrêmement fortes,
03:38et pas des coalitions ou des accords de gouvernement comme dans d'autres pays d'Europe.
03:42Mais il va bien falloir apprendre.
03:44– Il y a deux options, celle d'un accord de gouvernement qui rassemblerait les forces politiques,
03:49notamment celle qui était d'ailleurs, et une autre option qui est un pacte de non-agression,
03:52au fond un pacte de non-censure. À laquelle vous croyez-vous ?
03:55– L'idéal, ce serait, comme je disais il y a un instant, comme dans d'autres pays d'Europe,
04:00une coalition gouvernementale avec des ministres de droite et de gauche qui participent au gouvernement.
04:04Je pense qu'on en est loin aujourd'hui en France, même si ce n'est peut-être pas impossible et je le souhaiterais.
04:09Je pense qu'en revanche, entre vos deux hypothèses, je pense qu'au total,
04:17on va sans doute apprendre en marchant et que ce sera un peu un mix des deux.
04:21Au minimum, un accord de non-censure, pas de 49.3, pas de censure.
04:25Au maximum, aller un peu plus loin et décider les sujets sur lesquels on va se mettre d'accord
04:31ou en tout cas qu'on peut garder pour faire ensemble. Je crois qu'il faut introduire le facteur temps.
04:35Par exemple, sur la réforme des retraites, si on dit demain, les uns sont totalement contre,
04:41les autres sont totalement pour, et par conséquent, si demain on décide de faire quelque chose,
04:45on n'y arrivera pas. Mais il y a aussi le facteur temps.
04:47On peut aussi introduire du débat public dans des sujets fondamentaux comme les retraites
04:52et puis décider qu'on décidera beaucoup plus tard, mais que dans l'immédiat,
04:56on va faire les urgences, le budget, les agriculteurs, un certain nombre d'autres.
05:00Et votre dénominateur commun, en fait, ce n'est pas le RN et pas les Insoumis ?
05:04Pour moi, c'est tout à fait le cas. Après tout, ceux qui ont été à l'origine des motions de censure
05:11et ceux qui, d'un côté comme de l'autre, avec des tactiques complètement différentes,
05:15veulent que la démocratie telle qu'elle existe aujourd'hui, la Ve République telle qu'elle existe aujourd'hui,
05:21ne fonctionne plus.
05:22On peut constituer un gouvernement en évacuant les représentants des électeurs de LFI et ceux du RN ?
05:29En général, quand vous composez un gouvernement, vous n'avez pas l'ensemble des forces politiques.
05:32Vous avez une majorité et une opposition.
05:34Donc que vous gouverniez avec les gens avec qui vous pensez que vous pouvez gouverner,
05:37ça me paraît, et pas avec ceux qui luttent, y compris contre les institutions de la Ve République.
05:43Moi, je trouve ça parfaitement admissible.
05:45Je voudrais juste dire un mot sur ce que dit Marine Le Pen.
05:48C'est l'hôpital qui se moque de la charité.
05:50Elle dit que ce qui compte, c'est la vie quotidienne de tous les Français.
05:53Mais qu'est-ce qu'elle vient de faire avec la motion de censure ?
05:56Elle vient d'empêcher le vote du budget.
05:59Tout le monde connaît désormais les conséquences.
06:01Les agriculteurs attendaient avec impatience la loi sur l'agriculture.
06:06Et la motion de censure reproche maintenant à nous qui essayons de dire
06:11qu'on va essayer de faire fonctionner ça, on va essayer de voter quand même les lois,
06:14de voter le budget, malgré les difficultés.
06:16Elle nous reproche de le faire.
06:18Mais c'est elle qui est responsable de la situation où on est aujourd'hui.
06:21Monsieur Maluret, après la droite et Michel Barnier, c'est au tour de la gauche d'aller à Matignon ?
06:25Moi, si vous voulez, je pense que ce n'est pas le sujet essentiel.
06:30Maintenant, il va falloir trouver un nom.
06:33Moi, j'appartiens à Horizon.
06:36Comme vous le savez, le parti d'Édouard Philippe, et notre position hier était claire,
06:40nous n'avons pas de ligne rouge.
06:42Parce que si on commence à dire qu'on a des lignes rouges, on n'y arrivera pas.
06:45Moi, je préférerais un Premier ministre de droite.
06:47Mon parti est un parti de centre-droit.
06:49Mais nous sommes prêts à envisager toutes les solutions.
06:52Je crois que ce qui est plus important que le Premier ministre, ce sont les ministres.
06:58L'idéal serait qu'il y ait, et c'est une des raisons pour lesquelles Michel Barnier n'a pas pu résister à la vague,
07:06c'est qu'il n'a pas pu obtenir des ministres de l'autre camp.
07:10Si demain, il y a un gouvernement que le Premier ministre soit de droite ou qu'il soit de gauche,
07:14mais avec des ministres de tous les partis, de droite et de gauche,
07:18regardé dans les coalitions ailleurs en Europe, ça permet quand même une plus grande solidité d'un gouvernement.
07:24Mais on n'y est pas aujourd'hui.
07:26François Bayrou peut réaliser cette synthèse-là ?
07:29C'est sans doute un de ceux qui est le mieux placé.
07:32Je peux vous dire qu'hier, sur les 40 personnes qui étaient présentes à la réunion à l'Élysée,
07:36aucun n'est capable de vous dire ce qu'Emmanuel Macron a en tête.
07:39Il a été absolument impossible de savoir.
07:45Mais bien entendu que François Bayrou, par son histoire, par son positionnement politique,
07:49est un de ceux qui peut, sans doute qui a des meilleurs atouts,
07:53ou qui a des atouts en tout cas, pour essayer de réaliser ce pari.
07:58Parce que c'est quand même un pari et ce n'est pas encore fait.
08:01Merci Claude Manuret d'avoir été avec nous ce matin dans Première édition.

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