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00:00Il est très exactement 8h15, on parle pénurie de médecins ce matin avec l'invité d'ici matin, Flora Midi.
00:04Mais avant cela, n'oubliez pas que vous avez la parole, venez nous dire si vous avez un médecin près de chez vous ou pas,
00:09si c'est compliqué pour trouver des rendez-vous médicaux, on vous attend ici, 0380 82 82 82.
00:16Bonjour Frédéric Nassois-Stellin, vous êtes la présidente du Conseil départemental de l'Ordre des médecins du territoire de Belfort.
00:24Dans nos journaux ce matin, nos auditeurs téléspectateurs ont entendu le témoignage de Sylviane, habitante de Montbéliard,
00:30qui cherche désespérément un médecin pour sa maman de 91 ans en EHPAD à Ethiope.
00:36Dans l'établissement, il n'y a plus de médecin-coordinateur et au mois d'avril, son médecin généraliste partira à la retraite.
00:42Docteur, ce n'est pas un cas isolé ?
00:46Non, ce n'est pas un cas isolé, effectivement, depuis quelques années, nous sommes confrontés à la carence de médecins.
00:53généralistes
00:54et donc de médecins-coordinateurs en EHPAD, puisque ce sont en général des médecins généralistes qui assurent cette fonction.
01:02Le cas n'est pas effectivement isolé et on peut dire qu'il est même présent sur quasiment l'ensemble de l'hexagone.
01:09Alors justement, Sylviane essaye de s'expliquer cette situation, je vous propose de l'écouter.
01:14Les études de médecine sont très longues. Moi, je ne suis pas certaine qu'il faille autant d'années pour un médecin généraliste.
01:23Et je crois qu'il faut aussi que les pouvoirs, quelles que soient leurs couleurs politiques,
01:28c'est sûrement plus facile d'être médecin dans le huitième arrondissement
01:32qu'à étupe ou à descendant. Mais je crois qu'à un moment donné, il faut prendre le taureau par les cornes et leur dire c'est là et pas ailleurs.
01:39Docteur Frédéric Nassois-Stellin, vous venez d'entendre Sylviane, c'est d'elle dont je parlais tout à l'heure.
01:43Nos auditeurs, nos téléspectateurs ont été nombreux à réagir sur le sujet de la pénurie de médecins sur nos réseaux sociaux.
01:49Tout le monde essaye de trouver une explication. Sylviane pense que les études sont trop longues. Qu'est-ce que vous vous répondez à ça ?
01:57Écoutez,
01:59je respecte son sentiment, mais je ne le partage pas du tout. La médecine est une discipline complexe.
02:05Un médecin généraliste, cette dame a l'air de penser qu'il n'a pas besoin d'autant d'études qu'un médecin spécialiste.
02:10Je rappelle quand même que la spécialité de médecine générale est désormais actée. Donc le médecin généraliste est un spécialiste
02:17qui requiert
02:20bientôt dix ans d'études. Alors ça peut paraître long effectivement, mais la médecine est une discipline complexe et je ne pense pas que c'est en
02:26raccourcissant le cycle des études médicales qu'on parviendra à résoudre le problème de la démographie médicale.
02:32C'est la faute au numerus clausus aussi peut-être ?
02:35Tout à fait. Le numerus clausus est la principale raison pour laquelle nous sommes actuellement dans ce que j'appellerais
02:43familièrement le creux de la vague. C'est-à-dire que le nombre d'étudiants a été très restreint à un moment donné.
02:50Le numerus clausus a été libéré il y a quelques années et dans la mesure effectivement où il faut dix ans pour former un médecin,
02:58les effets ne se verront que dans actuellement à peu près huit à dix ans. Mais c'est assez difficile docteur de comprendre pourquoi
03:05au niveau politique ça ne change pas ce numerus clausus.
03:10Alors ça a changé, maintenant ça a changé, on n'a ouvert vraiment...
03:14C'est pas assez, mais effectivement
03:16mécaniquement dans la mesure où les études sont longues, les effets ne se verront encore une fois comme je vous le disais que dans huit à dix ans.
03:23Mais il faut savoir qu'à l'époque où ça a été institué,
03:28les politiques ont résonné économiquement, comme souvent, en disant moins de médecins, moins de prescriptions, on va faire des économies.
03:34Ils ne se sont pas du tout projetés
03:37sur le fait que quand il y aurait moins de médecins, l'accès aux soins serait difficile,
03:41la population vieillit, on vieillit rarement en bonne santé, les patients sont polypathologiques,
03:46ont besoin de soins et ils n'arrivent pas à trouver de médecins. Et je tiens à préciser que
03:52ça ne concerne pas uniquement les spécialistes en médecine générale,
03:57ça concerne aussi les spécialités de second recours, puisque actuellement les délais pour accéder à certains spécialistes,
04:05gastro-entérologue,
04:06dermatologue ou d'autres pour parler de notre territoire, sont très longs, entre trois et six mois. Et donc on voit bien que si les médecins généralistes
04:13n'arrivent pas à orienter leurs patients vers des spécialistes de second recours, tout devient très compliqué.
04:21Véronique nous appelle, les auditeurs ont la parole tous les matins sur France Bleu. Bonjour Véronique.
04:25Oui bonjour. Je crois que vous êtes infirmière libérale, d'où est-ce que vous nous appelez ce matin ?
04:30Alors je suis infirmière non pas libérale, je suis infirmière en établissement scolaire, donc
04:37j'ai comme public beaucoup
04:40d'enfants et des familles, forcément les parents.
04:45Je suis quand même assez touchée par le sujet
04:50directement et indirectement. Voilà. Qu'est ce que ça vous fait
04:53ressentir ce sujet Véronique, très concrètement, de manque de médecins qui fait souffrir beaucoup de familles, qui inquiètent beaucoup de familles.
05:01Exactement, on remarque de plus en plus que les
05:04les familles
05:07ne peuvent plus avoir de rendez-vous chez des spécialistes.
05:10Ça impacte énormément la santé de leurs enfants. Je pense aux dentistes,
05:16je pense aux dentistes, orthophonistes c'est du paramédical, mais voilà les dentistes,
05:23les spécialistes
05:25neuropédiatres, enfin tous ces
05:27tous ces spécialistes là, les enfants n'ont plus accès, les familles n'ont plus accès.
05:32Merci pour votre témoignage ce matin Véronique. Je vous reprends docteur Frédéric Nassoua-Stelin.
05:38On a entendu plusieurs témoignages, là notamment celui de Véronique. Est-ce qu'on pourrait pas dire finalement que c'est presque,
05:43au regard de la situation aujourd'hui, non-assistance aux personnes en danger ?
05:50Alors,
05:51on va être pragmatique,
05:54nous avons un système hospitalier qui souffre beaucoup aussi, je tiens à le dire, en grande tension, mais qui est là pour assurer
06:03le recours, on va dire, quand les médecins vraiment n'arrivent pas à répondre à la demande.
06:09Je signale que dans le territoire de Belfort, on a mis en place, enfin des établissements ont été créés pour
06:17trouver une solution à la carence d'accès aux soins de premier recours
06:21avec le centre de santé à la clinique de la Millotte, le cabinet
06:26où exerce le docteur Luc Sengler, et qui accueille les patients avec des rendez-vous au jour le jour pour
06:34pouvoir un petit peu désengorger les cabinets médicaux quand les médecins généralistes n'arrivent plus
06:39effectivement à accueillir leurs patients, ou qu'ils ont des demandes effectivement
06:42de patients qui ne sont pas dans leur patientèle médecin traitant, et qu'ils ne peuvent pas recevoir, non pas par mauvaise volonté mais par
06:50impossibilité de les recevoir. Et nous avons également mis en place
06:57l'instance AMAEL, a mis en place un cabinet éphémère
07:01sur la ville de Besancourt, il faut le savoir, où des médecins généralistes, pour la plupart mais pas que retraités actifs,
07:11sont là pour accueillir les patients
07:14toute la semaine, et donc suppléer également, et viennent renforcer l'effectif des médecins généralistes
07:20pour pouvoir donner un accès aux soins aux patients. Donc on n'est pas du tout inactif, je tiens à le dire,
07:25on ne se contente pas de constater, on essaie de trouver des solutions
07:28en lien avec l'agence régionale de santé, on met des choses en place, mais on est tout à fait conscient que ça n'est pas
07:34complètement satisfaisant, et qu'il faudrait qu'il y ait plus de médecins
07:38effectivement qui s'installent pour pouvoir répondre à la demande.
07:40Mais le maximum est fait à votre niveau. Merci beaucoup docteur Frédéric Nassoit-Stellin, vous êtes la présidente du conseil départemental
07:46de l'Ordre des médecins du territoire de Belfort.
07:49Merci, bonne journée.
07:50Très bonne journée.