• il y a 3 mois

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00:00Comment être mieux soigné en France ? Vaste question que l'on vous pose ce matin sur France Bleu,
00:05car nous lançons une grande consultation sur la santé en France pour imaginer comment mieux soigner,
00:11mieux accompagner les malades, éviter d'autres pénuries de médicaments.
00:14On attend toutes vos bonnes idées au standard 03-84-22-82-82.
00:19Bonjour Frédérique Nassois-Stellin, vous êtes l'invité d'ici matin, présidente de l'Ordre des médecins du territoire de Belfort.
00:26Comment être mieux soigné en France ? C'est une question qu'il faut absolument se poser aujourd'hui.
00:31Oui, je pense que c'est une question qu'il faut se poser, c'est une question qu'il faut remettre dans les mains de nos citoyens,
00:39puisque la démographie médicale est en berne pour quelques années encore.
00:46Ça, ce sont les statistiques nationales qui nous le disent.
00:49Et les Français doivent absolument s'emparer de la question de leur santé.
00:55Et moi, j'ai un item qui revient toujours, c'est la prévention, et les personnes sont acteurs de leur propre santé.
01:03Mais comment est-ce que nos auditeurs, téléspectateurs qui nous écoutent, peuvent changer les choses sur le système de santé en France ?
01:10Alors, ils ne changeront pas les choses sur le système de santé, ils changeront les choses sur leur propre santé.
01:14C'est-à-dire en adoptant des bonnes conditions de vie, des bonnes conditions d'hygiène de vie.
01:21Et la prévention est vraiment quelque chose d'oublié, en tout cas de mal aimé en France.
01:27Et je pense qu'il faut absolument que les Français adoptent de meilleures conditions de vie pour conserver leur état de santé, qui au départ, en règle générale, est bon.
01:37Un meilleur accès aux soins, évidemment, également.
01:40Également.
01:41On sait que ce n'est pas toujours simple de trouver un médecin.
01:44Ce serait peut-être ça la priorité, dans les mesures qu'il faudrait appliquer ?
01:49Alors, trouver un médecin, oui.
01:52L'accès aux soins est effectivement compliqué, comme je l'ai dit, en lien avec une démographie médicale qui ne va pas bien.
02:00Notre système a été orienté, il y a plusieurs années déjà, vers un dispositif médecin-traitant qui a été mis en place à un moment où il y avait, ça fait sourire aujourd'hui, trop de médecins.
02:13Enfin, c'est ce que disait l'assurance maladie, et des patients qui pratiquaient le nomadisme médical.
02:18Aujourd'hui, ça laisse songeur, puisqu'aujourd'hui, les patients n'arrivent plus à trouver de médecins.
02:22Mais je pense personnellement, et je le dis depuis plusieurs années, que le dispositif médecin-traitant n'est plus du tout adapté à la démographie médicale d'aujourd'hui.
02:30Pourquoi ? Je m'explique.
02:32Autant ce dispositif a une raison d'être pour des patients avec des maladies chroniques, des patients, ce qu'on appelle en ALD, en infection de longue durée,
02:40parce qu'ils ont besoin d'un médecin qui, effectivement, va faire le pivot du parcours de soins,
02:45et pouvoir les orienter, les suivre.
02:47Des jeunes personnes, ou des personnes d'un âge moyen, qui n'ont pas de pathologie particulière,
02:51n'ont pas besoin d'avoir un médecin-traitant, ils doivent pouvoir consulter un médecin quand ils en ont besoin.
02:57Les déserts médicaux, on en parle depuis 6 heures dans nos journaux d'information.
03:02À Belfort, un médecin généraliste s'est installé depuis quelques jours dans l'ancien bâtiment du conservatoire, vous devez le savoir.
03:09Il reçoit plus d'une centaine d'appels par jour.
03:13On se trompe quand on pense que les déserts médicaux, c'est un problème que dans les campagnes ?
03:16Totalement. La France est un immense désert médical, il faut le savoir, et les plus grandes villes n'y échappent pas.
03:22Des médecins partent en retraite, et souvent à un âge tardif, on ne peut pas les accuser de partir trop tôt.
03:28Ils ne trouvent pas de successeurs, et créent ainsi des difficultés pour leurs patients à trouver un nouveau médecin.
03:36Mais c'est le cas à peu près partout en France.
03:38Et dans le territoire de Belfort, concrètement, on compte combien de médecins pour combien de patients, est-ce qu'on peut chiffrer ça ?
03:44Alors ça, je ne vous donnerai pas le chiffre précis, parce que je n'ai pas eu le temps de le rechercher.
03:48Je me suis penchée sur la statistique de ces dernières années, j'ai envie de dire que depuis 2020, on est à l'équilibre.
03:56Je ne pensais pas, mais en regardant les chiffres, j'ai constaté qu'on avait eu à peu près autant d'installations de jeunes médecins qu'on a eu de départs de médecins en retraite.
04:04Par contre, le différentiel est dans la quantité de patients suivis, puisqu'on a de plus en plus d'exigences sur les jeunes médecins, sur les choses qu'ils ont à faire.
04:12Ils font de plus en plus de choses. Pourquoi ? Parce que l'accès aux spécialistes de second recours est aussi devenu très difficile.
04:20Nous manquons de spécialistes de second recours, et donc les délais s'allongent.
04:24Et les médecins généralistes sont amenés à faire de plus en plus de choses, et donc sont très très très demandés.
04:31Avant de parler des délais moyens d'attente, particulièrement pour les spécialistes, c'est intéressant.
04:37Sur notre consultation, Adrien, par exemple, suggère de financer les études de jeunes médecins prêts à s'installer dans les déserts médicaux.
04:44Vous parliez de ces jeunes médecins. Ce serait une bonne idée ?
04:46Ça existe déjà. C'est déjà en cours depuis plusieurs années.
04:49Les étudiants sont amenés à pouvoir contractualiser via l'ARS pour effectivement avoir une rémunération pendant leurs études,
04:58et s'engager à s'installer dans certains territoires. Ce sont les contrats d'installation. Ça existe.
05:03Vous parliez des délais d'attente. Pour les spécialistes, on peut attendre jusqu'à combien de temps dans le territoire de Belfort ? Un cardiologue ?
05:10Alors, ça dépend des spécialités. On a des spécialités, par exemple, dans le territoire de Belfort qui ne sont pas trop mal pourvues.
05:17Justement, la cardiologie, on n'est pas si mal. On a d'autres spécialités qui sont en grande difficulté.
05:22La dermatologie, la gastroenterologie, où nous avons très peu de praticiens libéraux.
05:26Et ce sont des mois d'attente ?
05:27Ce sont plusieurs mois d'attente, tout à fait.
05:29Mais c'est pas rien. Ça peut donc représenter un certain danger pour un patient.
05:33Je pense à un patient qui ne sait pas qu'il est malade et pour qui le temps est compté, bien sûr.
05:37Alors, c'est pour ça que consulter un médecin généraliste est important aussi,
05:42puisqu'il va pouvoir déterminer s'il y a une urgence ou pas, une notion d'urgence.
05:46Et donc, après, se rapprocher d'un de ses confrères pour essayer de prioriser les rendez-vous.
05:51Les médecins ont de plus en plus tendance à prioriser en fonction du degré d'urgence, ce qui est normal.
05:56Mais effectivement, on a depuis, en particulier la période Covid, des délais d'attente très importants.
06:03Et on a rattrapé, les médecins ont dû rattraper aussi tout ce qui n'avait pas pu être fait
06:08pendant plusieurs mois de difficultés ou d'interdictions de pratiques par rapport à ces médecins.
06:13Et donc, c'est effectivement un problème, cet accès aux soins.
06:17Et ces délais d'attente, est-ce que ça crée des tensions entre patients et soignants ?
06:20Est-ce que vous constatez de plus en plus de cas de violence ?
06:23Énorme. Des problèmes énormes. Alors, heureusement, peu de violence factuelle, peu de gens passent à l'acte.
06:32C'est verbal ?
06:34Voilà. Beaucoup d'agressions verbales, beaucoup de menaces.
06:39Les praticiens nous témoignent quasiment chaque semaine des phénomènes de menaces, de menaces de plainte à l'ordre.
06:47On reçoit des coups de fil régulièrement. On essaie vraiment de calmer le jeu.
06:51Moi, j'explique aux patients que ce n'est pas en agressant des médecins qu'ils auront plus facilement des rendez-vous.
06:56Et que cette relation de confiance nécessaire entre patient et médecin, et vice-versa, va pouvoir être conservée.
07:03Mais effectivement, c'est très compliqué. Et on a aussi un problème qui nous ennuie beaucoup.
07:09C'est les lapins. Vous avez entendu parler de ces fameux lapins, des gens qui prennent rendez-vous auprès de plusieurs médecins.
07:15La taxe lapin.
07:16Voilà. Des gens qui prennent rendez-vous auprès de plusieurs médecins et qui n'annulent pas les rendez-vous.
07:20Et du coup, des médecins qui, bien qu'ayant des délais de rendez-vous énormes, se retrouvent avec des trous dans leur agenda.
07:26Alors qu'ils auraient pu donner ces rendez-vous à d'autres patients.
07:28Frédérique Nassouas-Stellin, je rappelle que vous êtes la présidente de l'Ordre des médecins du territoire de Belfort.
07:33L'Ordre peut avoir un certain pouvoir dans la mise en place de mesures pour la santé des Français ?
07:38Alors, je n'emploierai pas le mot pouvoir. Un rôle, oui.
07:40Puisque nous travaillons en concertation avec l'Agence régionale de santé pour essayer d'imaginer des choses.
07:47La mise en place du cabinet de soins non programmés de la Miotte, avec le Dr Luc St-Glaire, qui existe depuis 9 mois, a déjà porté ses fruits.
07:55A rendu service à beaucoup de patients.
07:57Le cabinet éphémère de Bessoncourt.
07:59Donc nous essayons de mettre en place des solutions qui peuvent rendre service aux patients,
08:04qui ne fluidifieront pas tout, mais qui quand même, je pense, et on l'entend, rendent service.
08:09Merci docteur. Je rappelle cette consultation France Bleu.
08:12Comment être mieux soigné en France ?
08:14Donnez vos avis, vos idées.
08:16Auditeurs, téléspectateurs sur le site francebleu.fr et l'application ici.
08:19La présidente de l'Ordre des médecins du territoire de Belfort l'a rappelé ce matin.
08:23Chacun est responsable de sa propre santé et tout le monde peut agir.
08:27Merci beaucoup, bonne journée.

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