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Lundi 2 décembre 2024, SMART IMPACT reçoit Leslie Thomas, (secrétaire générale, CNC) et Nathalie Nénon-Zimmermann, (Directrice générale, 261PI)

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00:00Générique
00:06Et si la culture se décarbonait, c'est le thème de notre débat avec Nathalie Nénon-Zimmermann.
00:12Bonjour.
00:12Bonjour.
00:13Bienvenue, vous êtes directrice générale de 261 Pays.
00:17Leslie Thomas, bonjour.
00:18Bonjour.
00:18Secrétaire générale du CNC, Centre National du Cinéma et de l'Image animée.
00:23Vous venez d'être nommée à la tête de 261 Pays.
00:27Peut-être nous présenter l'entreprise en quelques mots, puis après vous nous direz, voilà, quelle ambition vous avez à la tête de cette entreprise.
00:33Tout à fait.
00:34Alors 261 Pays, c'est une société qui a pour mission de noter la performance ESG, donc c'est Environnement, Social et Gouvernance, des entreprises dans le secteur du sport et de l'entertainment.
00:48D'accord.
00:48Notre ambition, c'est d'accompagner les entreprises de ce secteur à embrasser la transition et leur montrer que le sujet ESG, c'est une somme d'opportunités pour se développer mieux et être capable de faire face à un certain nombre de choses qui vont les affecter dans les temps à venir.
01:11Votre arrivée, ça marque une sorte de tournant stratégique ?
01:15Oui, tout à fait.
01:15En fait, moi, je suis arrivée lors de la dernière levée de fonds, donc à la demande des actionnaires.
01:20Nous avons un pool d'actionnaires qui est essentiellement dans le sud-ouest où nous avons, j'allais dire, un vivier d'excellence sur la Sportec notamment.
01:30Et la volonté des actionnaires était d'utiliser mon expérience dans le sport, puisque moi, ça fait plus de 30 ans que j'accompagne des grandes organisations sportives à se financer.
01:41Et donc, apporter cette compréhension des enjeux et le traduire en opportunité commerciale, puisque, en fait, je pense que la seule façon de faire passer des messages concernant l'ESG, c'est de dire que plus on va travailler sur les sujets d'environnement, de société et de gouvernance, et plus on va être capable d'être durable dans le temps en termes d'activité.
02:06Le CNC, vous financez combien de projets chaque année ?
02:10Ça se compte en quoi ? En centaines ? En milliers ?
02:13Pour l'audiovisuel, c'est 4600 heures de programme, donc ça se compte en milliers. Pour les films d'initiative française, les longs-métrages, c'est plutôt entre 200 et 300 films par an.
02:24J'ai trouvé les chiffres de 2022, vous aviez versé pour 675 millions d'euros de soutien public. C'était global ou c'était que au cinéma ?
02:34Non, c'est global. C'est cinéma et audiovisuel.
02:37Ça grandit ? C'est encore plus cette année ?
02:40C'est le même ordre. On est à peu près à 700 millions d'euros d'aide publique par an.
02:45Ce qui est intéressant, c'est que vous avez décidé de faire de cet argent un levier de transformation. Comment ?
02:51Tout à fait. On a, depuis 2021, fixé un certain nombre de contreparties aux aides publiques, qui s'inscrivent en cohérence avec ce que vous décriviez.
02:59C'est-à-dire qu'on a mis en place des contreparties pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans le secteur du cinéma et audiovisuel.
03:06Et tout récemment, le 1er janvier dernier, on a mis en place une éco-conditionnalité des aides.
03:10C'est-à-dire que pour pouvoir bénéficier des financements publics du CNC, il faut fournir des bilans carbone des oeuvres produites.
03:17Et ça, c'est vous qui êtes à l'initiative ? Ça a commencé à bouger un peu sur les plateaux de tournage ? Vous vous êtes dit qu'il faut secouer le cocotier, si j'ose dire ?
03:28Alors, ce n'est pas tout à fait comme ça. Ce n'est pas tout à fait les mots qu'on a employés.
03:34Mais pour autant, ce qu'il faut dire, c'est qu'il y a quand même chez les professionnels beaucoup d'initiatives qui sont extrêmement vertueuses.
03:40Que ce soit dans l'audiovisuel ou que ce soit dans le cinéma, on voit qu'il y a des réalisateurs, des producteurs qui vraiment s'engagent et vont très très loin.
03:47Donc ça, c'était le 1er vecteur. Et puis le 2e vecteur, c'est qu'on a une stratégie nationale bas carbone.
03:53Il y a des réglementations européennes qui nous fixent des objectifs à atteindre. Et donc, il fallait prendre le train.
03:58Oui. Et il n'y avait pas de raison que la culture et le cinéma ne prennent pas le train.
04:03Le 1er poste d'émission de gaz à effet de serre d'un événement, que ce soit dans le sport ou la culture, c'est le public.
04:10Absolument.
04:11Et ce n'est pas le plus simple à réduire puisqu'on a besoin du public dans les stades ou dans les salles de concert.
04:17Quel levier on peut activer ? Je sais que vous avez notamment travaillé à l'OM par exemple.
04:22Tout à fait.
04:23Entre autres, comment on fait ? On peut inciter les spectateurs à venir en covoiturage ? On met en place des navettes ? Comment on trouve une efficacité sur ce levier ?
04:35Vous avez raison. Le sujet transport dans le sport, globalement, est un vrai sujet. Vous avez la partie spectateur, mais vous avez aussi la partie déplacement des équipes,
04:45qui est aussi, en termes de bilan carbone, très très fort. Je pense que ça pose deux sujets. Il y a un sujet court terme qui est de dire qu'effectivement,
04:54il faut favoriser l'utilisation des transports en commun et le covoiturage, et la possibilité de mettre des navettes avec des parkings de délestage,
05:04éventuellement, pour ne pas encombrer les abords des stades. Il y a aussi un autre sujet sur lequel on peut se poser la question, c'est le gigantisme des stades,
05:12et se dire qu'aujourd'hui, la taille des stades ne correspond plus à ce qu'on peut faire en termes d'empreintes carbone, que ce soit en termes de construction ou en termes d'exploitation.
05:24Pour moi, c'est les deux leviers, mais je voudrais aussi dire que ça vient remettre en question la façon dont on voit les événements sportifs.
05:35Aujourd'hui, un indicateur de performance dans le sport, que ce soit le foot, que je connais bien, mais j'ai travaillé dans 15 sports différents,
05:44on a parlé des Jeux Olympiques, l'indicateur de performance, c'est le nombre de spectateurs. Je pense que c'est un vrai sujet, et que ça ne doit plus être un indicateur de performance.
05:54C'est-à-dire que déplacer des dizaines de milliers de personnes ou des millions de personnes comme des Jeux Olympiques pose le problème de la taille,
06:02et se dire que participer, ce n'est pas forcément faire venir des gens de très loin, mais être capable de faire vivre des événements de façon locale et régionale.
06:13– Je vous interromps, mais je n'ai pas l'impression que les instances internationales aient totalement intégré cette vision dans l'organisation des prochains grands événements sportifs.
06:24Si on prend la Coupe du monde de foot qui va se dérouler dans 4 ou 5 pays différents, vous voyez ce que je veux dire.
06:30– Je suis entièrement d'accord avec vous, et je pense que là, on aurait beaucoup à apprendre du CNC,
06:34parce que si on mettait des conditionnalités sur les aides des gouvernements dans la réception des grands événements,
06:42parce que les Jeux payent les Jeux, les Coupes du monde payent les Coupes du monde, mais il y a quand même des infrastructures,
06:47il y a des dépenses de l'État sur la sécurité et bien d'autres,
06:52donc on pourrait conditionner, les États ont la possibilité de conditionner leur soutien ou leur réception de grands événements sur des critères liés au nombre de spectateurs.
07:04Mais après c'est un problème politique, tout le monde est très content de dire, j'avais le plus grand nombre de spectateurs à mon événement.
07:10Donc je pense que c'est tout un paradoxe, un paradigme qu'il faut remettre en question.
07:14– C'est un état d'esprit…
07:16– Et puis re-réfléchir, ça veut dire, c'est quoi vivre ensemble un grand événement ?
07:19À l'heure du numérique, on peut aussi se dire que des diffusions sur écrans géants,
07:24comme on fait dans les fan zones ou dans d'autres lieux que peuvent être les cinémas, il y a des choses à faire.
07:29Quand on voit que les grands opéras aujourd'hui sont diffusés en live partout dans le monde,
07:35on a peut-être des choses à regarder de ce côté-là.
07:37– C'est quoi un tournage bas carbone ?
07:39– Ah un tournage bas carbone ?
07:41– Comment je peux ? Allez, je me lance, je suis producteur, je vais tourner un film.
07:44– Déjà vous avez, dès la phase de la préparation du film, vous allez vous poser des questions sur les transports, les mobilités,
07:50comment vous transportez l'équipe, comment vous transportez les décors, comment vous transportez le matériel.
07:55Ça va être l'énergie qui est consommée sur le tournage, est-ce que j'ai un groupe électrogène
08:00ou est-ce que je peux avoir du branchement forain pour pouvoir justement avoir des consommations énergétiques
08:06ou quel est le biocarburant que j'utilise ou que je n'utilise pas, voilà, très clairement.
08:10L'alimentation, la construction des décors, les costumes, le maquillage,
08:14il y a toute une série de paramètres qui peuvent rentrer en ligne de compte
08:18et si vous jouez sur certains indicateurs et si vous jouez sur certaines actions,
08:22vous allez pouvoir réduire l'impact carbone d'un tournage.
08:26– La gestion des déchets aussi ?
08:28– La gestion des déchets, alors c'est moins l'impact carbone que l'impact environnemental, la gestion des déchets,
08:32mais effectivement la gestion des déchets, faire du tri sélectif,
08:35et puis ce n'est pas qu'une source de dépense, c'est aussi une source d'économie,
08:38c'est-à-dire que quand vous faites sur certains choix électriques ou sur certains choix énergétiques,
08:44vous allez pouvoir faire des économies sur l'alimentation,
08:47le fait de ne pas avoir de repas carné systématiquement sur le catering d'un tournage,
08:52ça va vous permettre de gagner un peu d'argent
08:54et de compenser les dépenses que vous allez faire par ailleurs sur d'autres postes.
08:57– Vous réalisez une série d'études d'impact avec l'Observatoire de la transition écologique, c'est ça ?
09:03L'objectif c'est quoi ? C'est de donner des clés justement aux professionnels du secteur,
09:08de les aider à faire les bons choix ?
09:09– Exactement, en fait en 2022 on a mis en place un Observatoire de la transition écologique
09:14qui mène des études pour comprendre et faire comprendre aux professionnels d'où on part.
09:19Si on veut pouvoir bouger les lignes, si on veut pouvoir se fixer des objectifs,
09:22il faut déjà commencer par compter, et donc on a fait bilan énergétique des salles de cinéma,
09:26bilan environnemental des studios de tournage,
09:29là on va sortir une étude sur les studios d'animation et les studios de FX,
09:34enfin voilà, donc on donne des clés de compréhension aux professionnels.
09:38– On est dans l'ère de la directive CSRD,
09:41Directive Européenne sur le bilan extra-financier,
09:44qui finalement oblige à valoriser ses actions en matière environnementale,
09:50mais aussi de gouvernance ou sociétale.
09:55Ça veut dire que vous, vous avez des clients
09:57qui sont en train de préparer déjà aujourd'hui leur bilan extra-financier ?
10:02– Alors oui, tout à fait, on a des clients qui s'y préparent
10:05parce qu'ils vont rentrer dans les normes qui leur imposent la mesure,
10:10mais nous ce qu'on vient leur apporter, c'est au-delà de ça,
10:13c'est des outils pour évaluer leur trajectoire,
10:16c'est-à-dire que la CSRD, et je fais une parenthèse,
10:21parce que ce secteur RSE, ESG, c'est plein d'acronymes,
10:25et plus on parle en acronyme et plus on donne…
10:28– Plus le public s'y perd, c'est bien d'accord.
10:30– Voilà, plus on s'y perd, et on a de la chance d'avoir des très grands scientifiques
10:33qui ont pu montrer ce qui est en train de se passer,
10:35mais c'est pas très audible,
10:37les scientifiques sont très bons sur les sciences,
10:39beaucoup moins sur la communication,
10:41et je pense qu'il y a un vrai travail à faire.
10:43Donc pour revenir sur la CSRD, le point pour moi,
10:47c'est surtout aller capter les bonnes datas
10:49qui vont permettre d'évaluer concrètement où on en est
10:52et mesurer une trajectoire.
10:54Le problème de la CSRD aujourd'hui, c'est 60% de texte,
10:5610% d'hybrides texte et data, et 30% de data.
10:59– Il faudrait qu'il y ait plus de data.
11:01– Donc nous, on travaille vraiment sur le fait de rendre les datas les lisibles.
11:04– Il nous reste une minute, c'est une dernière question
11:06qui est plus sur l'imaginaire, notre responsabilité collective,
11:10nous médias, professionnels du cinéma,
11:15créer un imaginaire qui fasse rêver sur ce futur décarboné.
11:19Les films sont des bons leviers d'après vous ?
11:21– Ah oui, les films sont d'excellents leviers pour créer des imaginaires.
11:24D'ailleurs, les Américains après la seconde guerre mondiale
11:27ont investi très fortement dans Hollywood
11:29pour promouvoir leur culture et leur mode de vie.
11:32Donc oui, c'est un vecteur majeur de transition et de changement.
11:37– Mais donc il y a des films qui sont dans cet objectif,
11:40c'est peut-être pas le premier objectif, mais c'est l'un des objectifs ?
11:42– Alors, en tout cas pas pour le CNC.
11:44Le CNC, il est là pour soutenir diversité de la création et liberté de la création.
11:48Mais vous avez des réalisateurs, vous avez des auteurs,
11:50vous avez des producteurs qui aujourd'hui réfléchissent à des films à impact
11:54et créent des films à impact.
11:55Si vous prenez, je peux le citer le dernier Nicolas Vannier,
11:58c'est le monde à l'envers.
11:59En fait, dès le départ, dès l'étape de l'écriture,
12:03il y a eu un objectif fort en matière, non seulement de production durable,
12:08mais de contenu à impact.
12:09– Merci beaucoup à toutes les deux et à bientôt sur Be Smart for Change.
12:13On passe à notre rubrique Start-up tout de suite.

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