L'invitée d'ICI Matin : Emmanuelle Bochenek-Puren, procureure de la République d'Orléans.
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00:00Lydie Laës, c'est l'heure d'accueillir avec vous notre invitée. En direct en studio ce matin, vous recevez la procureure de la République d'Orléans,
00:06Emmanuelle Bauschnek-Purenne. Bonjour Madame la Procureure, merci d'être là. Ce lundi 25 novembre est décrété par les Nations Unies comme la journée
00:14internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes. Alors on ne va pas faire de politique mais à cette occasion
00:20le Premier ministre Michel Barnier va annoncer plusieurs mesures. Une a déjà été annoncée hier,
00:26généraliser la possibilité pour les femmes battues de porter plainte à l'hôpital, dans tous les hôpitaux de France qui ont un service d'urgence
00:33aux gynécologiques d'ici la fin
00:352025. Selon vous c'est un point essentiel ?
00:39Oui, tout ce qui concourt à faciliter la libération de la parole et aussi à permettre son expression
00:46dans un cadre rassurant. Et le milieu médical, l'approche thérapeutique fait effectivement que ce milieu est rassurant.
00:55On participe
00:56totalement de la lutte contre les violences faites aux femmes.
01:00Nous bénéficions sur le ressort du tribunal judiciaire d'Orléans depuis 2021 d'une unité spécialisée située au sein du centre hôpital
01:09universitaire, la maison des femmes d'Orléans et le dépôt de plainte y est déjà possible depuis maintenant
01:15quelques mois. Oui c'est ça, on fait partie des établissements, enfin des villes en tout cas, qui expérimentent déjà ce dispositif.
01:21Oui, il existe depuis quelques mois au sein de l'unité, donc au sein de la maison des femmes.
01:29J'ai pu aussi
01:30nouer une convention avec l'ordre départemental des médecins du Loiret, là encore pour bénéficier du maillage de l'ensemble des médecins
01:38hospitaliers et des médecins libéraux pour permettre le signalement direct au parquet
01:44des femmes qui sont victimes de violences et qui se trouvent en situation d'emprise.
01:48Je crois que la généralisation des dispositifs et plus largement la mobilisation de la société tout entière.
01:54La justice est présente et j'en dirais peut-être un mot, mais je pense qu'on est véritablement sur un phénomène de société.
02:00Tout ce qui concourt à ce qu'ensemble nous puissions entendre, soutenir,
02:05accompagner et donner une réponse à ces faits de violences conjugales
02:09participe effectivement de ce projet, vous l'indiquez,
02:14qui nous dépasse au niveau d'Orléans et au niveau national qui consiste à
02:18à lutter contre toutes les violences inter-familiales.
02:20Au niveau de la justice, vous militez depuis des années pour la création de pôles spécialisés, des magistrats spécialisés
02:25pour juger ces violences conjugales et intra-familiales. A Orléans, vous en avez combien aujourd'hui qui ne traite que ces dossiers-là ?
02:33Alors, l'organisation de la juridiction
02:36fait que ce serait difficile en fait de le dire, c'est véritablement une politique de juridiction, donc c'est tout à fait
02:42transversal et l'ensemble, j'allais dire, des capacités de la juridiction peuvent être mobilisées pour traiter
02:50ces violences. Au sein du parquet d'Orléans, il y a un pôle spécialisé que j'ai pu renforcer et qui est composé de trois magistrats.
02:58En ce qui concerne l'activité du parquet, c'est quasiment une garde à vue sur deux qui a pour objet
03:05cette thématique-là. C'est dire l'engagement qui est celui aussi des services de police et de gendarmerie
03:12à partir de janvier
03:152025, c'est une audience
03:17spécialisée par semaine qui se tiendra au sein du tribunal judiciaire d'Orléans.
03:22Ça, c'est une nouveauté ?
03:23C'est une nouveauté, cela semblait absolument indispensable.
03:27Là encore, en ce qui concerne l'appréhension
03:30psychologique, sociale
03:32du phénomène, pour bien le juger. En ce qui concerne également la mise en oeuvre de l'ensemble des dispositifs et des outils juridiques,
03:40il nous a semblé absolument indispensable de créer ces audiences spécialisées.
03:45Je suis très heureuse également de pouvoir dire qu'on l'a fait avec l'engagement du barreau, qui est véritablement un acteur tout à fait essentiel
03:51pour la réussite de ce projet.
03:53Avec les avocats qui sont spécialisés dans ces problématiques.
03:57Il existe des dispositifs, vous l'évoquiez, pour protéger les femmes de leur mari ou conjoint violent,
04:03notamment les téléphones grave danger, mis en place ici sur Orléans, il y a quatre ans.
04:08On en est où ? Quel est le bilan aujourd'hui ?
04:11Alors le bilan, c'est une politique volontariste du parquet pour déployer le téléphone grave danger.
04:18En 2020, c'était huit téléphones qui étaient déployés.
04:22Le chiffre a été multiplié par dix en quatre ans.
04:25Il faut véritablement y voir le souhait et l'engagement des magistrats du parquet d'Orléans pour venir
04:31au soutien des femmes qui déposent plainte et à l'appui de leur protection. Le téléphone grand danger, c'est un
04:37dispositif d'alerte dédiée qui permet effectivement de déclencher une action immédiate
04:43des services de police et de gendarmerie sur le lieu où se trouve la femme qui déclenche le dispositif.
04:48Les appartements pour accueillir les femmes aussi, madame la procureure ?
04:51Il y en a un là qui est à disposition depuis quelques mois seulement.
04:55Alors nous avons complété le dispositif,
04:57c'est à dire que pendant des années, et là encore grâce à la mobilisation de tous, je crois que tout seul on ne fait rien,
05:03il y a eu énormément d'appartements qui étaient destinés à ce que l'on appelle des mises à l'abri.
05:07C'est l'hypothèse où la femme va quitter le domicile conjugal, parfois avec son enfant et le doudou sous le bras, pour véritablement
05:16trouver refuge. Il y a une de vos auditrices qui témoignait de la peur. La peur elle s'exprime parfois en fait selon ces modalités là.
05:23Nous nous avons souhaité aller plus loin et se mettre davantage en conformité avec la loi.
05:28La loi elle dit que c'est celui qui est violente qui doit partir. La loi elle dit que la victime
05:33la femme, l'enfant, a le droit de conserver son cadre de vie, a le droit de conserver les copains à côté, a le droit également de
05:40continuer à
05:41bénéficier peut-être de son lieu de scolarisation qu'il connaît bien, parce que tout ça aussi
05:46c'est rassurant. Ce qui existe depuis juin 2024, grâce au SCGE, grâce à un financement également que nous avons obtenu de la préfecture,
05:54c'est un appartement qui permet
05:57d'éloigner le conjoint violent, de lui fixer une obligation de résidence,
06:02de le soumettre à un certain nombre d'obligations. Ces obligations, elles peuvent être très coercitives, parce que ça peut aller jusqu'à se voir imposer
06:09le port d'un bracelet anti-rapprochement.
06:13Ce n'est pas gratuit non plus, je tiens à le dire,
06:15si les revenus de la personne sont suffisantes, il est amené à payer ce qu'il doit pour le logement en fait qu'il occupe.
06:23Merci beaucoup Madame la procureure de la République d'Orléans, Emmanuelle Bochnec-Purrenne, d'être venue ce matin sur France Bleu Orléans. Bonne journée.
06:28Merci beaucoup.