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00:00Ici Matin, Actu locale, musique et bonne humeur sur France Bleu Bourgogne.
00:06On va retrouver des tracteurs dans les rues dans les prochains jours.
00:09Le syndicat majoritaire, la FDSA, annonce de nouvelles manifestations la semaine prochaine.
00:13La coordination rurale prévoit de monter à Strasbourg en tracteur depuis la Bourgogne.
00:18Mais qu'en pensent les agriculteurs bio ?
00:20Ils sont un peu plus de 3500 en Bourgogne-Franche-Comté,
00:23mais leur nombre a tendance à diminuer.
00:25Le bio ne va pas bien.
00:26Pourquoi ? Olivier Estrand, on pose la question à Laurence Henriot,
00:30agricultrice à Villebichaud et présidente du réseau Bio Bourgogne-Franche-Comté.
00:35Bonjour Laurence Henriot.
00:36Bonjour.
00:37L'actualité du moment, c'est la mobilisation contre les accords commerciaux avec l'Amérique du Sud.
00:42Est-ce que ça concerne aussi les agriculteurs bio chez nous ?
00:45Est-ce que c'est aussi une menace pour vous ?
00:46Moi, je voulais donner aussi ma position en tant qu'agricultrice et en tant que citoyenne.
00:50Et effectivement, on ne peut être que contre les accords du Mercosur.
00:54C'est un traité de libre-échange supplémentaire.
00:57Et c'est complètement incohérent d'importer des produits
01:00qui ne sont pas produits suivant nos règles qu'on a adoptées chez nous.
01:04Vous, par exemple, vous êtes éleveuse de vaches à race à viande, des charolaises notamment.
01:09Par exemple, l'importation de viande brésilienne, ce n'est pas une bonne chose ?
01:13Aujourd'hui, les quotas, comme ils sont, si l'accord est signé en l'état,
01:18ça représenterait, je crois, 1,5% des volumes au niveau européen.
01:22Donc, on peut penser que le volume est faible.
01:25Après, je pense que ça, c'est une porte d'entrée.
01:28Les volumes seront vraiment amenés à évoluer.
01:30Et puis surtout, on va importer de la viande qui contient des résidus néfastes à la santé.
01:37Puisque j'ai cru comprendre, je sais que les animaux sont traités aux hormones
01:41pour favoriser la croissance.
01:43Et puis aussi, c'est des produits qui sont complètement climaticides
01:46puisqu'ils ont été produits à coups de déforestation de la forêt amazonienne.
01:51Produits avec du glyphosate, avec du EGM.
01:53C'est un non-sens complet dans la période dans laquelle on vit aujourd'hui.
01:56Vous, justement, vous êtes estampillé bio.
01:58On pourrait dire que vous allez être protégé par tout ça
02:00parce que le consommateur n'est pas totalement idiot.
02:02Donc, il va faire la différence. Ce n'est pas le cas ?
02:05Pour moi, l'agriculture biologique, ça reste vraiment une agriculture d'avenir.
02:09Puisque rappelons-le, l'agriculture bio, c'est une agriculture
02:12qui interdit tous les produits chimiques de synthèse.
02:15Que ce soit aussi bien les pesticides que les engrais chimiques
02:18qui sont obtenus à partir de pétrole et de gaz.
02:21Pour autant, la bio a beaucoup progressé depuis les années 2012.
02:28Il y a eu beaucoup d'efforts qui ont été faits par les pouvoirs publics
02:31pour réorienter notre agriculture vers ce mode de production
02:35qui est vraiment respectueux de notre environnement.
02:38La crise en Ukraine de 2021 a signé un petit peu le début de la baisse
02:46de la consommation des produits bio.
02:49En grande surface, les produits bio étaient très chers.
02:54Les grandes surfaces n'ont pas forcément joué le jeu.
02:57Elles ont surmargé sur ces produits bio.
03:00C'était incohérent de voir des produits bio aussi chers.
03:03On peut comprendre le consommateur qui, dans ce moment de crise du pouvoir d'achat,
03:08se recentre vers quelque chose de basique.
03:11Donc, l'étiquette bio ne fait pas forcément plus vendre aujourd'hui ?
03:14Aujourd'hui, c'est moins vrai.
03:16Mais je pense qu'il faut que ça reparte.
03:20Parce que pour moi, la bio, ça reste vraiment une agriculture d'avenir
03:23qui respecte notre santé, qui respecte la biodiversité
03:26et qui respecte notre environnement.
03:28C'est une agriculture qui, normalement, est la moins chère aujourd'hui.
03:32L'agriculture conventionnelle, l'agriculture d'importation encore plus,
03:36il y a beaucoup de coûts cachés qui ne sont pas répercutés sur le prix d'achat.
03:40C'est vraiment catastrophique.
03:43On va continuer cette discussion avec vous dans un instant.
03:46En direct sur France Bleu Bourgogne, ici matin.
03:48L'actu local, la musique et la bonne humeur. A tout de suite.
03:52Ici matin, revient dans un instant.
03:57Inédit, bienvenue à la grande manifestation des Hospices de Beaune.
04:03Dans la plus pure tradition bourguignonne.
04:05Depuis 1859, c'est la plus vieille vente de charité au monde.
04:10L'institution classée Monument historique vous ouvre ses portes.
04:13Ce document date de 1457, qui est conservé dans les archives de l'OTB.
04:18Un patrimoine exceptionnel, un rendez-vous avec l'histoire.
04:21Ça, c'est la Bourgogne.
04:23Ma première vente des vins à Beaune,
04:25samedi soir à 20h35 sur France 3 et sur la plateforme France.tv.
04:31L'actu sport au quotidien.
04:33Tout ce qu'il ne fallait pas rater.
04:34Les pronostics.
04:35Toutes les images.
04:36Tout ce qu'il ne fallait pas manquer sur la planète sport.
04:39Du lundi au samedi à 20h.
04:41Bienvenue dans tout le sport.
04:42Vivez tout le sport sur France 3 et sur la plateforme France.tv.
04:47Bonjour à toutes, bonjour à tous.
04:49Pour ce nouvel épisode de Rendez-vous chez vous.
04:51Aujourd'hui, nous sommes en Côte d'Or.
04:53Quand les journalistes de France 3 viennent à votre rencontre, c'est pour parler de vous.
04:57Alors rendez-vous chez vous du lundi au vendredi dans ICI 19-20
05:01sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté et à tout moment sur la plateforme France.tv.
05:07ICI matin sur France Bleu Bourgogne.
05:14Il est 7h47, la colère des paysans va encore se faire entendre dans les prochains jours.
05:18Qu'en pensent les agriculteurs bio ?
05:20Pourquoi sont-ils moins nombreux ?
05:22Olivier Estrand en en parle avec Laurence Henriot, présidente du réseau Bio Bourgogne-Franche-Comté.
05:26Laurence Henriot, vous êtes agricultrice à Villebichaud, près de Citeaux en Côte d'Or.
05:30On le dit, le bio recule en Bourgogne.
05:3217 200 hectares perdus en deux ans.
05:34Est-ce que c'est aussi la faute aux consommateurs ?
05:36Laurence Henriot, présidente du réseau Bio Bourgogne-Franche-Comté.
05:40Le consommateur, comme je le disais précédemment, suite à la crise du pouvoir d'achat,
05:45s'est détourné peu à peu des produits bio parce que c'était des produits qui étaient très chers, notamment en GMS.
05:53GMS, les grandes surfaces.
05:55Les grandes surfaces, pardon.
05:56Sur 2024, on assiste vraiment à une stabilisation de la perte du chiffre d'affaires.
06:02Les chiffres d'affaires, les produits qui sont vendus en bio aujourd'hui.
06:05En magasins spécialisés, ça repart à la hausse.
06:08Sur les fermes, en vente directe, ça repart vraiment à la hausse.
06:11Il n'y a que les grandes surfaces qui continuent de différencier des produits.
06:15Elles ont différencié plus de 200 produits bio et qui continuent de voir leur chiffre d'affaires bio baisser.
06:20Donc, il ne faut vraiment pas hésiter à aller dans les magasins spécialisés.
06:23Sur les fermes, ce sont des produits qui sont souvent bien moins chers.
06:26Dans le débat actuel, ces fameux accords du Mercosur qu'on va signer,
06:29que l'Union Européenne doit signer, notamment avec l'Amérique du Sud,
06:32qui va favoriser l'importation de produits étrangers chez nous.
06:35On doit privilégier le français ? On doit privilégier le bio ?
06:39Il y a beaucoup de...
06:44Les grands syndicats agricoles appellent à moins de normes environnementales.
06:48Nous, on s'inscrit complètement en faux par rapport à ça.
06:50Des normes, je pense qu'il y en faut pour le bien-vivre, pour qu'on puisse faire société.
06:55Et les normes nous protègent de beaucoup de pollution.
07:00Et là, je citerai par exemple l'exemple du prosulfocarbe.
07:03C'est un herbicide qui est utilisé très largement sur les exploitations conventionnelles,
07:08à l'automne notamment.
07:10C'est un herbicide qui est très volatil.
07:12Dans les règles de préconisation, il doit être normalement pulvérisé
07:16à plus d'un kilomètre des cultures qui ne sont encore pas récoltées à ce moment-là.
07:20Je pense notamment aux pommes, aux poires, aux sarrasins.
07:24Et aux légumes d'automne, maraîchères.
07:27Parce qu'une fois que ces résidus se retrouvent sur ces cultures,
07:31qui ne sont pas encore récoltées, ils deviennent impropres à la consommation.
07:35Les cultures sont supprimées, sont détruites.
07:40Et aujourd'hui, il n'y a aucune indemnisation pour indemniser l'agriculteur bio,
07:45bien souvent, puisque le sarrasin, c'est souvent une culture réalisée par les bio.
07:48Et il n'y a pas de recherche non plus de l'agriculture responsable.
07:52Ce que j'entends, c'est que vous, agriculteur bio, vous n'irez pas forcément manifester avec vos collègues
07:56qui sont mobilisés contre le Mercosur.
07:58Non, non. Comme je vous le dis, on est vraiment contre l'application du Mercosur.
08:01Mais on n'est vraiment pas contre la diminution des règles environnementales.
08:06Il y a certainement un ménage à faire. Il y a certainement des juxtapositions de règles qui ne sont pas à droite.
08:12Mais en règle générale, des règles, on en a besoin pour pouvoir vivre tous ensemble.
08:16Laurence Henriot, agricultrice à Villebichaud, vous êtes en bio depuis plusieurs années.
08:21Qu'est-ce qui vous fait tenir aujourd'hui ? Pourquoi maintenir ce choix alors que ce n'est pas forcément le plus évident ?
08:25C'est des convictions qui sont vraiment bien ancrées au fond de moi.
08:29J'ai vraiment la satisfaction, la grande satisfaction de travailler avec mon environnement, avec la nature.
08:37Et je ne travaille pas contre.
08:39Et c'est beaucoup de bonheur d'aller voir mes vaches tous les matins à la belle saison,
08:45de voir les oiseaux voler, chanter.
08:48Je suis vraiment en accord avec mon environnement.
08:51Et c'est vraiment très très important.
08:54Et je pense que c'est un sentiment qui est partagé par beaucoup de mes collègues bio.
09:00En conventionnel, aujourd'hui, il y en a 217 femmes qui sont décertifiées, qui sont reparties en conventionnel.
09:05Je ne sais pas si elles ont bien tout calculé.
09:08Parce qu'en conventionnel, il faut savoir que les intrants doivent être achetés en début de campagne.
09:12Donc les intrants, c'est tous les pesticides et les engrais, sans savoir ce que l'année climatique nous réserve.
09:17À la fin, il peut y avoir très peu de récoltes.
09:19Et pourtant, beaucoup de dépenses ont été réalisées au départ.
09:22Merci beaucoup Laurence Henriot, présidente du groupement Réseau Bio Hambourgogne-Franche-Comté.
09:27On vous souhaite bien sûr de pouvoir rester dans ce modèle-là que vous avez choisi.
09:31Interview retrouvé sur francebleu.fr