Madeleine Riffaud, résistante, franc-tireur, reporter de guerre et poétesse, s’est éteinte à l’âge de 100 ans le 6 novembre dernier. Ses obsèques ont eu lieu ce mercredi 20 novembre à 14h30 au cimetière du Montparnasse, à Paris. L’occasion de se replonger dans son histoire avec Dominique Bertail, dessinateur et coloriste de la BD « Madeleine, résistante », dont le tome 3 est sorti au mois d’août 2024.
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00:00Voici comment dessinait Madeleine Riffaut, résistante pendant l'insurrection de Paris, en quelques traits.
00:05Donc là on voit Madeleine, il y a 19 ans à ce moment-là, avec son regard un petit peu vénère quand même.
00:11J'ai eu du mal à représenter sa coiffure, parce que j'ai eu du mal à comprendre comment ça fonctionne les permanentes de l'époque.
00:17Je lui ai demandé plusieurs fois, mais elle n'avait pas trop envie de me parler de sa coiffure.
00:20Je la soupçonne d'avoir dû mettre des bigoudis la nuit.
00:23Alors là c'est le moment un petit peu délicat, c'est la façon dont elle tient sa fameuse sten.
00:27C'était une arme que les Anglais avaient parachutée, donc il fallait que ça soit assez costaud pour supporter un parachutage,
00:32et que ça puisse se monter assez facilement.
00:34Et donc il y avait un chargeur externe qui se mettait sur le côté comme ça, les balles sortaient par ici.
00:38Donc c'était assez lourd, je lui en ai parlé il n'y a pas longtemps, je lui ai demandé si c'était pas trop lourd,
00:42parce qu'en fait elle n'était quand même pas très grande.
00:44Je lui ai demandé si elle préférait tirer en rafale ou par un coup,
00:47et elle me disait que je préférais quand même vraiment la rafale, parce que c'est quand même vachement plus efficace.
00:51Je lui ai dit que quand même ça devait dépoter dans les bras, oh on suit vite fait.
00:54En en parlant, on voyait qu'elle avait quand même un certain goût pour son arme, une certaine nostalgie un petit peu presque.
01:00Elle avait quasiment la même tenue pendant toute la guerre, et c'était une jupe culotte qui s'ouvre là,
01:05très pratique pour le vélo.
01:06Elle avait demandé à son oncle de lui coudre une poche intérieure là, au niveau de l'intérieur de la cuisse,
01:11pour glisser son revolver.
01:13Et elle avait un petit fil qui était accroché au revolver, donc comme ça quand les Allemands la fouillaient,
01:19ils n'allaient pas fouiller entre les cuisses.
01:20Elle avait un côté super héroïne, mais parce qu'elle sortait des geôles de la Gestapo,
01:23elle était en syndrome post-traumatique.
01:25Un des syndromes de ça, c'est d'avoir aucune peur, et ça s'est vit dessus.
01:28Et ils sont nombreux à être tombés amoureux d'elle.
01:31Mais elle, elle avait un peu autre chose à faire.
01:33Dès que c'était la libération, après, elle s'est engagée comme reporter pour aller chroniquer et témoigner de la souffrance des autres,
01:40et notamment dans les colonies en Algérie et en Indochine, puis ensuite au Vietnam.