Jérome Schenck coordinateur général de l'association 'Les Mains tendues"
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00:00Notre invité maintenant, vous recevez Jérôme Schenck, le président de l'association Les Mains Tendues.
00:04Bonjour Jérôme Schenck.
00:06Bonjour à vous.
00:07Merci d'être là avec nous ce matin.
00:09Le mardi, c'est le jour le plus important de la semaine pour vous.
00:12C'est là que vous effectuez votre grande distribution alimentaire sur le Quai du Roi à Orléans.
00:17Est-ce qu'il y a de plus en plus de monde à ces distributions ?
00:21Je vous dirais qu'il n'y en a pas de moins en moins.
00:24En tout cas, effectivement, ça a plutôt tendance à se tendre un petit peu.
00:27On a une progression continue.
00:30On ne peut pas dire qu'on ait eu une vague d'arrivées supplémentaires.
00:34Mais effectivement, il y a toujours de plus en plus de monde.
00:37Est-ce qu'il y a de plus en plus de jeunes, de plus en plus de retraités,
00:42de personnes en très grande précarité ?
00:44Le profil des gens que vous accueillez, des gens qui viennent, il a changé ?
00:49Oui, il a changé dans la mesure où on a effectivement un peu plus de jeunes qu'on en avait.
00:55Mais ça a toujours été très divers.
00:57On a toujours eu des jeunes, des vieux, des actifs.
01:00Parce que malheureusement, il y a des actifs qui font appel aux associations comme la nôtre.
01:04Il a toujours été divers.
01:06On ne peut pas dire qu'il n'y en ait plus.
01:08Ça continue comme c'était avant, mais avec un petit peu plus de monde qu'avant.
01:13Des femmes seules, avec de jeunes enfants aussi, des familles entières.
01:18Quand on a préparé ensemble cette interview, c'est ce que vous m'avez dit.
01:21Ça, on le voit.
01:22Ça, effectivement, c'est une nouveauté.
01:24Parce qu'en fait, sur Orléans, j'imagine un peu partout en France,
01:28les centres d'hébergement d'urgence sont prioritairement ouverts aux femmes et aux enfants.
01:37Ce qui fait que nous, sur Orléans, on voyait très rarement des femmes et des enfants dans la rue et sur nos dispositifs.
01:43C'est vrai que ça, c'est une nouveauté.
01:45Depuis quelques temps, on en voit de plus en plus.
01:48Ce qui pourrait laisser penser que les places sont saturées.
01:51Soit qu'il y en ait moins, soit qu'il y ait moins de places, j'entends, soit qu'il y ait plus de bénéficiaires.
01:57Combien est-ce que vous servez de repas un mardi soir ?
02:01Ça va varier d'un mardi à l'autre, évidemment, en fonction d'un tas de choses.
02:07En moyenne, plus de centaines ?
02:09Oui, on est sur 130, même en moyenne.
02:12On a beaucoup parlé, Jérôme Chang, des migrants cet été qui arrivaient de Paris avec les Jeux Olympiques.
02:18Vous l'avez observé, cet afflux, dans les maraudes que vous organisez sur la métropole ?
02:22Non, pas du tout. Pas du tout, du tout.
02:26L'été, pour nous, est toujours une période un peu haute, un peu forte,
02:31parce que certaines associations ne travaillent plus, j'allais dire,
02:36n'opèrent plus pendant l'été pour des raisons de vacances de leurs bénévoles.
02:41Donc on se retrouve, nous, un peu seuls. Enfin, pas tous seuls, évidemment, heureusement, d'ailleurs.
02:45Mais voilà, il y a moins d'associations qui opèrent.
02:48Donc ça tend les autres dispositifs, c'est logique, c'est les vases communiquants.
02:52Mais on ne peut pas dire que nous, on ait vu arriver des flots de migrants ou de SDF venus d'ailleurs,
02:58et notamment de Paris, comme cela a pu être dit, par ici ou par là.
03:02Vous parlez des autres associations.
03:05Les Restos du Coeur lancent aujourd'hui leur 40e campagne hivernale.
03:09Financièrement, l'an passé, ils étaient dans le rouge.
03:12Les Français ont fait des dons, un gros industriel aussi.
03:15Bernard Arnault qui a mis la main au porte-monnaie cette année.
03:18Ils ont modifié le niveau de revenu qui donne droit à l'aide alimentaire.
03:22Vous, vous donnez à manger à tout le monde, on est d'accord ?
03:26Nous, tout à fait, oui. Nous, on donne à manger à tous ceux qui se présentent à nous.
03:30On n'a pas le fonctionnement des Restos du Coeur.
03:32C'est-à-dire que nous, on n'est pas là pour donner des colis d'aide alimentaire
03:35et donc d'aider sur le long terme, j'allais dire, les gens.
03:38En fait, on aide les gens qui viennent à nous le mardi soir.
03:41Et effectivement, pour nous, ça serait beaucoup trop compliqué
03:44d'avoir un système d'inscription, d'enquête sociale.
03:47Nous, toutes les personnes qui viennent à nous repartent avec un repas.
03:50Est-ce que vous manquez de bénévoles ?
03:53D'abord, combien vous êtes à travailler ?
03:55Nous, on a une cinquantaine de bénévoles au sein de l'association.
03:59Il y en a 20, 25 mobilisés tous les soirs.
04:02Ce soir, il y aura justement 25 bénévoles mobilisés.
04:06Donc, en fait, on a un nombre suffisant de bénévoles.
04:09D'un autre côté, on refuse jamais des bonnes volontés
04:12parce que toutes les personnes qui ont envie de s'engager pour les autres
04:14sont les bienvenues chez nous.
04:16Donc, on refuse jamais personne.
04:18Si on devait avoir un besoin, ça serait un besoin de cuisinier
04:21parce que chez nous, tous les plats sont faits maison,
04:24préparés par une équipe de cuisiniers.
04:27Et c'est vrai que, comme c'est beaucoup de boulot,
04:31si on avait un petit peu un coup de main, ça serait sympathique.
04:34Et vos volontaires, globalement, ils sont un peu plus jeunes
04:36que dans les autres associations ? Ça s'explique comment ?
04:39Ça s'explique, je ne sais pas vous le dire, peut-être de l'image.
04:43Je ne sais pas vous le dire, mais effectivement,
04:45nous, on a la chance d'avoir essentiellement des actifs
04:48entre 20 et 60 ans pour ce qui est des actifs.
04:52Et puis, on a quelques retraités.
04:54Mais c'est vrai que certaines associations ont une contingence
04:56surtout très importante de retraités, ce qui n'est pas du tout notre cas.
04:59Nous, c'est plutôt les actifs qui composent les bénévoles de notre asso.
05:03Est-ce que vous redoutez l'hiver qui arrive ?
05:05Avec Marc, on parlait de la météo,
05:07les voitures qui vont commencer à chuter à partir de lundi.
05:10Ça, il y a un côté angoissant quand on a une association comme ça ?
05:14Angoissant ? Je ne sais pas si on peut dire angoissant.
05:17C'est vrai que ce n'est pas du tout...
05:18Quand vous êtes au fait de ces choses-là,
05:20quand vous travaillez comme nous chaque semaine,
05:22mais c'est évidemment un engagement de tous les jours,
05:25auprès des gens qui vivent dehors,
05:26quand vous fermez vos fenêtres et que vous voyez qu'il fait très froid,
05:28qu'il pleut, qu'il neige, qu'il neige...
05:31Votre sentiment n'est pas tout à fait le même.
05:34Vous n'appréhendez pas les choses de la même façon.
05:36Mais on n'appréhende pas plus.
05:39Ce n'est pas plus compliqué que ça l'hiver.
05:42L'été est aussi une période très compliquée pour les gens qui vivent à la rue.
05:45De toute façon, quand on vit à la rue,
05:46j'ai envie de vous dire que chaque jour est compliqué.
05:48Merci beaucoup Jérôme Schenck,
05:50président de l'association Les Mains Tendues.
05:52Merci à vous. Bonne journée.
05:54Bonne journée à vous.