Des agriculteurs se mobilisent ce lundi 18 novembre pour dénoncer le projet d'accord de libre-échange avec les pays du Mercosur. En Amérique du Sud, Emmanuel Macron s'est dit opposé au texte et assure que "la France ne signera pas" le traité "en l'état".
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00:00Mercosur est un sujet, mais dans les préoccupations des agriculteurs, il y en a beaucoup d'autres, des sujets qui tiennent d'ailleurs à la dégradation de leur vie professionnelle depuis des mois, pour ne pas dire des années.
00:11Oui, tout à fait, puisque effectivement, après la crise de cet hiver, était attendue une loi très importante, la loi d'orientation agricole, qui portait justement sur le revenu de ces agriculteurs,
00:22sur les trésoreries, sur des mesures de simplification, et que s'est-il passé ? Eh bien, il y a eu la dissolution, et cette loi, elle est tout simplement reportée à janvier prochain.
00:32Et donc, toutes ces questions autour des revenus des agriculteurs, eh bien, n'est pas réglée, et cette question a effectivement empiré à cause des intempéries de cet été,
00:42et des très mauvaises récoltes qui ont eu pour effet de détériorer encore un peu plus les trésoreries des agriculteurs.
00:48Et puis, il y a l'application, évidemment, des mesures qui avaient été annoncées par le gouvernement Attal au début de l'année, Hervé Lapie.
00:55Quelle est la proportion de ces mesures qui ont été appliquées, et celles qui se font toujours attendre ?
01:02Oui, bonjour à toutes et tous. En fait, il y a des mesures qui ont été appliquées, telles que la défiscalisation du gasoil non routier, la suppression de l'âge à chair au niveau européen.
01:11En fait, on a toutes les mesures qui se font attendre sur la loi de finances et la loi de finances sur la sécurité sociale,
01:16dans laquelle nous sommes en train de travailler à la FNSO avec les jeunes agriculteurs, pour faire notre proposition, pour aller jusqu'au bout, en fait, des annonces du gouvernement Attal.
01:24Et donc, il y a aujourd'hui encore une dose d'incertitude par rapport à cette négociation autour du budget.
01:30Et je pense que, voilà, sur le sujet des bovins et de la valorisation des stocks, nous sommes plutôt bien partis.
01:37Sur l'exonération de la TFNB, la taxe sur le foncier non bâti, qui pourrait passer de 20% à 30%.
01:42Nous sommes écoutés aujourd'hui par le gouvernement pour que les promesses du gouvernement Attal soient tenues.
01:47C'est déjà une première chose.
01:49Et puis, on va ensuite, où il y a toutes ces incohérences européennes aujourd'hui, sur lesquelles nous sommes 84 départements aujourd'hui,
01:56en mobilisation contre cet accord du Mercosur, et puis un véritable plan de s'abordage de l'agriculture française,
02:03en important des produits tels que de la viande bovine, des volailles, du sucre, du maïs, du miel,
02:09qui vont déstabiliser complètement notre production et, en fait, qui vont mettre un coin très fort dans le sujet de la souveraineté alimentaire.
02:16Nous sommes en train de perdre notre souveraineté alimentaire et c'est dramatique.
02:20Alors, justement, on va écouter ce que dit à ce propos le président de la République,
02:24lorsqu'il est arrivé hier en Argentine, avant de repartir pour le Brésil.
02:28La France s'oppose à cet accord.
02:31Et je vais vous dire, le président Milaï, il m'a dit lui-même qu'il n'était pas satisfait de cet accord
02:36et qu'il n'était pas satisfait du fonctionnement actuel du Mercosur,
02:39ce qui est un des points sur lesquels nous avons convergé.
02:43Et donc, je pense que je sors de ces entretiens avec la conviction que nous n'y sommes pas.
02:48Et donc, je veux ici rassurer nos agriculteurs.
02:51Karine Duc, la coordination rurale, elle, entrera dans la danse demain.
02:56Quelle mobilisation, quelle forme prendra la mobilisation de la coordination rurale à partir de demain ?
03:02La coordination rurale, effectivement, se mobilise à partir de demain,
03:06mais n'a jamais cessé d'être mobilisée depuis le début de l'année,
03:09sous différentes formes, un peu partout en France.
03:12Demain, à partir de demain, nous allons nous mobiliser devant les préfectures surtout,
03:18pour demander un dernier sursaut au gouvernement,
03:21parce que, contrairement à ce que j'entends, on est au même stade que ce début d'année,
03:26à part, ce n'est pas la non-suppression du GNR et quelques réglementations.
03:32Vous n'avez pas la même lecture que la FNSA, c'est ce que vous voulez dire ?
03:35Pas du tout, pas du tout.
03:37Il suffit d'aller se rendre sur des fermes et de discuter avec des agriculteurs
03:40pour se rendre compte qu'on n'a strictement rien ou presque.
03:44Le GNR et pouvoir curer des fossés et une réglementation sur les haies,
03:49ce n'est pas ça qui va mener du cash dans les entreprises,
03:52ce n'est pas ça qui va trouver des solutions pérennes pour l'agriculture, absolument pas.
03:56Le Mercosur, effectivement, c'est un sujet aujourd'hui, évidemment,
03:59parce que si ça passe, ce sera un accélérateur de la situation
04:03et de la catastrophe de la situation des agriculteurs.
04:06Mais écoutez, j'ai envie de vous dire que le Mercosur n'est pas passé
04:11et nous sommes déjà dans une situation dramatique.
04:14Donc, écoutez, il est grand temps que le gouvernement s'attache
04:18à trouver des solutions réglementaires qui sont à leurs mains
04:23sur des baisses de charges, notamment pour les agriculteurs
04:28d'un point de vue social, fiscal, encore plus que ce qui n'y est
04:32dans les tuyaux en ce moment, parce que c'est largement insuffisant.
04:36D'un point de vue énergétique aussi, on a vu que le travail sur les prix
04:40n'aboutissait pas et n'aboutira pas, parce que les lois Egalim passent,
04:44mais la situation des agriculteurs ne cesse de se dégrader.
04:48Donc, il faut bien avoir une lecture réglementaire et un assouplissement
04:53de la réglementation française.
04:54Et écoutez, il faut absolument que la France s'aligne au niveau
04:59de la réglementation européenne.
05:00C'est insupportable de devoir supporter des contraintes supplémentaires
05:04en France que d'autres pays européens et bien au-delà n'ont strictement pas.
05:08On ne joue pas dans la même cour et c'est bien là le nœud du problème.
05:12Nous, le 19, nous allons manifester devant les préfectures et à partir du 20,
05:16nous allons trouver nous-mêmes des solutions à nos problèmes.
05:19C'est-à-dire ?
05:20C'est-à-dire que nous allons bloquer différents sites et que nous pointerons
05:26également comme étant des sources, des acteurs problématiques,
05:32des acteurs qui causent de réels soucis aux agriculteurs quotidiennement.
05:37Donc des plateformes logistiques par exemple ?
05:39Mais vous savez que le ministre de l'Intérieur a fixé quand même une ligne rouge.
05:43Écoutez, on est habitué des lignes rouges, nous avons fixé des lignes rouges nous aussi.
05:47Nous avons dit qu'il était insupportable de devoir continuer de vivre
05:52de façon aussi précaire dans notre métier.
05:55Écoutez, les lignes rouges, nous pouvons en fixer nous aussi.
05:58Mais écoutez, si le ministre de l'Intérieur agit de la sorte,
06:04il sera forcément, quand on agit avec autant de force envers une profession
06:10autant en difficulté, chacun sera libre de juger l'humanité de ce gouvernement
06:16et leur capacité à résoudre les difficultés plutôt que d'utiliser la force.
06:21Nicolas Dose, on parle des agriculteurs, mais il n'y a pas une agriculture en France,
06:26il y a des agriculteurs.
06:27Et tous les agriculteurs ne sont pas en réalité logés à la même enseigne.
06:30Ils ont tous effectivement des attentes différentes, des problématiques spécifiques,
06:34ce qui fait qu'il n'y a pas la réponse que l'on peut apporter à l'agriculture en France.
06:38Et par rapport à cet accord sur le Mercosur, les gagnants sont très bien identifiés.
06:42Si aujourd'hui vous êtes dans les vins espiritueux, si vous vendez de la poudre de lait,
06:46si vous vendez du fromage, banco le Mercosur.
06:49C'est vrai que si vous êtes dans l'élevage, dans la volaille, c'est beaucoup plus compliqué.
06:52On dit banco parce que les pays du Mercosur, le Brésil, l'Uruguay par exemple, vont nous acheter ces produits-là.
06:56Mais bien sûr, mais bien évidemment.
06:57On a une particularité, nous les Français, c'est d'avoir une balance commerciale excédentaire avec cette partie du monde,
07:02ce qui est relativement rare.
07:03Si cet accord voit le jour, il est certain que ce sera gagnant pour l'ensemble de la globalité de l'économie.
07:08Donc il y a des filières perdantes, quand même protégées par des quotas.
07:11Il faut bien rappeler que le quota de viande de bœuf qui rentrerait d'Amérique latine sur le sol européen,
07:15c'est 1,2% de la consommation annuelle de bœuf en Europe.
07:17Ce n'est pas une déferlante.
07:19Il faudra évidemment qu'il y ait d'un côté, d'une manière ou d'une autre, une compensation pour les perdants.
07:24Alors ça peut être des baisses de fiscalité, ça peut être des accélérations d'allègements réglementaires.
07:29Il faudra qu'il y ait des contrôles sérieux réalisés en France,
07:32de manière à ce que des produits qui ne sont pas tolérés sur le sol européen,
07:36enfin des contrôles en Europe, il y ait des produits interdits.
07:38On n'a pas le droit de faire rentrer effectivement du bœuf nourri avec des antibiotiques.
07:41Et bien dans ces cas-là, il faut qu'il y ait des contrôles afin que ces produits ne rentrent pas,
07:44que les contrôles soient efficaces.
07:45Les Américains, qui sont un peu plus en avance quand même que l'Amérique latine,
07:48ont su mettre en place une filière à l'exportation qui est un bœuf élevé sans hormones,
07:52alors qu'ils le consomment dans leur pays.
07:54– Hervé Lapie, est-ce que vous pensez, le Président de la République,
07:57capable de faire plier les partenaires européens dans la France
08:01pour déboucher sur ce que vous souhaitez ?
08:05– Vous savez, à la FNSE, on travaille les dossiers,
08:08et je pense que ce Mercosur, c'est un traité qui traite depuis 2006,
08:12avec une révision en 2019.
08:15Le Président de la République, il cause, il cause, mais il faut qu'il agisse en fait.
08:19Et pour aller mettre en place, pour trouver les solutions à cet accord du Mercosur,
08:24il va falloir qu'il trouve une minorité de blocage,
08:26de quatre pays qui sont membres européens,
08:29qui représentent plus de 35% de la population.
08:31Donc il parle beaucoup, mais après il va falloir qu'il agisse.
08:34– C'est possible ça ?
08:36– Oui, le temps est limité puisqu'effectivement,
08:38on parle d'une ratification qui pourrait intervenir d'ici la fin de cette année 2025.
08:44Donc effectivement, la France peut rallier à sa cause d'autres pays comme la Belgique,
08:48les Pays-Bas ou bien encore l'Autriche.
08:51On aura entre 6 et 1 an parce qu'il faut tout simplement transcrire ce texte
08:56dans les langues nationales, et là ça prend un peu de temps.
08:59Donc effectivement, avant que ça arrive devant le Parlement européen,
09:02la France peut encore négocier pour rallier ces pays.