Les enseignants "sont des fonctionnaires comme les autres fonctions publiques" et "sont concernés" par l'alignement sur le privé du délai de carence en cas d'arrêt-maladie, estime Anne Genetet, ministre de l'Education nationale. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/questions-politiques/questions-politiques-du-dimanche-17-novembre-2024-9783329
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00:00Bonjour, ravie de vous retrouver dans Question Politique, l'émission politique du dimanche
00:13sur France Inter, diffusée sur France Info, la télé et en partenariat avec le journal
00:18Le Monde.
00:19Les tensions sociales sont en train de monter, partout les colères se multiplient.
00:24Finiront-elles par se rencontrer, par converger ?
00:28Et ça, c'est pour l'instant une autre histoire.
00:30En attendant, les agriculteurs ont à partir de demain décidé de bloquer.
00:34Les cheminots lancent un premier coup de pression cette semaine jeudi, avant une grève qui
00:39pourrait durer, sans oublier les fonctionnaires, agacés par toutes les dernières annonces
00:44du gouvernement, postes supprimés, points d'indices gelés et de nouveaux jours de
00:49carence qui leur seront bientôt imposés.
00:51Quel automne est-il en train de se préparer ? Comment calmer le jeu ? On en parle avec
00:56notre invitée, la ministre de l'éducation nationale, Anne Genetet, dans Question Politique,
01:02en direct et jusqu'à 13h.
01:03Question Politique, Karine Bécard sur France Inter.
01:10Bonjour Anne Genetet.
01:12Bonjour.
01:13Et merci d'avoir accepté notre invitation.
01:15A mes côtés pour vous interviewer, Françoise Fressoz du journal Le Monde.
01:18Bonjour Françoise.
01:19Bonjour à toutes.
01:20Et bonjour David Timber de France Télévisions.
01:23Bonjour à tous.
01:24On commence avec vos images de la semaine.
01:26Vous allez nous raconter ce que vous avez repéré dans l'actualité.
01:29Quelles sont les images qui ont retenu éventuellement votre attention ? Je commence avec vous Anne
01:35Genetet.
01:36Dites-nous ce qui vous a frappé en particulier cette semaine.
01:39Alors j'ai été très frappée cette semaine, merci de votre invitation, très frappée
01:43vraiment lorsque Donald Trump a annoncé cette semaine qu'il envisageait de supprimer
01:48le ministère de l'éducation nationale.
01:50Il l'avait dit pendant sa campagne.
01:52Il le confirme cette semaine.
01:54Et là j'avoue que je suis absolument sidérée.
01:56Ça veut donc dire que pour ce premier pays au monde, l'éducation n'est plus une priorité
02:01nationale.
02:02Les bras m'en tombent.
02:04Nous en France, et c'est le projet que je porte, l'éducation c'est évidemment une
02:08priorité nationale.
02:09Et qu'est-ce que ça veut dire très concrètement ? C'est que les élèves qui sont à Aubusson
02:12où je suis allée récemment, à Creil ou à Saint-Laurent-du-Maroni où j'espère
02:15aller, ils ont tous le même programme.
02:17Ils ont tous les mêmes profs.
02:18Ils ont tous les mêmes chances de réussite.
02:20C'est ça la promesse républicaine.
02:21C'est ça l'éducation nationale.
02:22Et quand j'entends qu'en plus, on pourra en reparler, mais néanmoins, il faut pouvoir
02:27se donner cette ambition.
02:28C'est l'ambition que je porte.
02:29Et quand on voit qu'en France, on a des soutiens de M. Trump, je suis quand même extrêmement
02:33inquiète.
02:34C'est quand même derrière tout ça, des déclinistes de salon, des populistes de comptoir,
02:38des complotistes en tout genre, qui quelque part veulent une école qui est exclue, qui
02:45est exclue au nom de l'origine, au nom du handicap, d'ailleurs, au nom de la confession.
02:50Et ça, ça veut dire que pour eux, la réussite, c'est le privilège de quelques-uns.
02:53Je suis totalement opposée à ça.
02:54Je promets l'excellence pour tous.
02:56Elle est forcément mauvaise, l'école, selon Elon Musk, parce qu'il a créé des écoles.
03:02Il y en a une qui a commencé à être en fonction à partir de cet été.
03:06Lui, il dit, voilà, on a besoin de 100 millions, de la rentrée en première année, en toute
03:12petite classe pour les élèves, jusqu'à l'entrée en université.
03:16Ça peut fonctionner, non, ces écoles indépendantes ?
03:18Mais moi, ce que je veux, c'est qu'il y ait un cadre qui permette, quand on dit ça,
03:21c'est-à-dire qu'au nom de l'argent, certains auront accès à la réussite et pas d'autres.
03:25Moi, je ne l'accepte pas.
03:26Et c'est ça, la promesse républicaine.
03:27Je veux que toutes élèves en France aient accès à ce même cadre, ce même programme
03:31aussi, que tous, oui, apprennent les choses de la même manière.
03:34Et c'est ça qui permet, derrière, de former les citoyens dont nous avons besoin.
03:37N'oublions pas que demain, nous sommes aussi France, un pays qui a besoin de nous préparer
03:42à l'avenir avec, notamment dans les domaines scientifiques, on a un paquet de compétences
03:46à former.
03:47Et c'est le rôle de l'école de le promettre, de le proposer à tous.
03:49Alors, cette suppression du ministère de l'Éducation nationale aux États-Unis, au
03:53nom de l'efficacité gouvernementale, ça, ce sera le ministère d'Elon Musk, dont j'ai
03:57commencé à parler, qui a été chaudement félicité par le ministre français, Guillaume
04:03Kasbarian, cette semaine aussi, en charge donc de la fonction publique.
04:06Je vous lis quand même le tweet qu'il a adressé à Elon Musk.
04:10J'ai hâte de partager avec vous les meilleures pratiques pour lutter contre l'excès de
04:16bureaucratie, réduire la paperasse et repenser les organisations publiques pour améliorer
04:22l'efficacité des agents publics.
04:24Vous aussi, Anne Gentae, vous avez hâte de partager les solutions d'Elon Musk sur les
04:30services publics pour qu'il fonctionne mieux ?
04:31Moi, je n'ai pas d'homologue, j'ai compris que je n'aurai pas d'homologue dans le gouvernement
04:35américain.
04:36Et pour moi, il n'y a ni convergence, ni inspiration avec le gouvernement américain.
04:38C'est une faute qu'il a commise votre collègue ?
04:42La priorité, elle est clairement chez nous.
04:44L'éducation, c'est une priorité nationale.
04:46C'est ça qui nous distingue profondément.
04:47Qu'est-ce que vous répondez à Guillaume Kasbarian quand même ?
04:50Qu'est-ce que vous répondez à Guillaume Kasbarian ?
04:52Parce que lui, il a estimé qu'il avait le droit de se luer.
04:53Je ne vais pas répondre à Guillaume Kasbarian.
04:55Moi, j'ai à répondre de ce que l'école peut proposer à tous nos élèves sur le territoire
04:59national.
05:00Est-ce qu'il reflète sa pensée, Madame Genetae, ou celle du gouvernement lorsqu'il
05:04trouve ce tweet ?
05:05Vous lui demanderez.
05:06Moi, je ne suis pas dans la tête.
05:09Je n'ai pas d'homologue.
05:10Je ne suis pas sur les mêmes sujets.
05:12Moi, je suis sur un sujet école.
05:13Moi, je porte l'école et l'ambition pour l'école.
05:16C'est ça sur quoi je travaille.
05:17C'est déjà assez de travail.
05:18Mais les enseignants, ce sont des fonctionnaires.
05:20Oui, bien sûr.
05:21Mais pour le moment, l'efficacité gouvernementale…
05:24Moi, je suis pour justement travailler sur l'efficacité de l'école.
05:27Et assurez-vous, soyez certaine que nous avons beaucoup de moyens d'assurer l'efficacité
05:31de l'école et nous devons d'ailleurs en donner plus pour faire plus et mieux constamment.
05:34Mais vous êtes gênée, vous êtes choquée parce qu'il a écrit Guillaume Kasbarian
05:38ou pas ?
05:39Il avait le droit de le faire.
05:40Moi, je regarde mon périmètre.
05:41Mon périmètre, il est sur l'école.
05:43C'est ça sur quoi je travaille.
05:44Vous savez, si chacun commence à s'occuper de ce que fait le voisin, on ne va pas s'en
05:47sortir.
05:48Donc, moi, je m'occupe de mon périmètre qui est l'école, l'ambition que je porte
05:50pour l'école et la réussite de l'école.
05:51Mais il y a une solidarité gouvernementale quand même.
05:53Mais ça, c'est autre chose sur d'autres sujets.
05:55Et nous avons le Premier ministre pour nous le rappeler.
05:57Mais je vous assure qu'il y a toute forme de solidarité.
06:00Moi, je travaille très bien avec mes collègues sur les sujets transversaux qui me concernent
06:03à l'éducation.
06:04Si vous prenez le sujet de la sécurité sur le chemin de l'école, c'est avec Bruno
06:07Retailleau que je discute et que je travaille.
06:09Si vous prenez le sujet de vers quoi j'emmène mes élèves au-delà du bac, par exemple,
06:14ou de la formation professionnelle, c'est avec d'un côté Catherine Vautrin, Astrid
06:17Panossian pour le travail ou avec Patrick Hetzel pour l'enseignement supérieur.
06:20Allez, autre image avec vous, Françoise Fresso, celle de la patronne du Rassemblement national.
06:26Oui, c'est l'offensive de Marine Le Pen après les réquisitions du parquet mercredi.
06:31Vous savez, dans le procès des assistants des eurodéputés du Front national, devenu
06:35Rassemblement national plus tard, parmi les peines requises contre la cheffe du groupe
06:41parlementaire, il y a l'inégibilité avec exécution provisoire, autrement dit, l'hypothèse
06:49qu'elle puisse ne pas se présenter à la prochaine présidentielle.
06:52Et depuis, c'est un batage politique, médiatique, juridique pour dire, au fond, les juges veulent
06:59m'empêcher, veulent empêcher les Français de voter.
07:03Alors, moi, je trouve ça très choquant, d'abord parce que l'offensive, elle n'intervient
07:06pas après le jugement, mais entre les réquisitions et le jugement qui est attendu en début d'année.
07:13Donc, c'est une pression immédiate sur la justice pour un parti qui, par ailleurs, se
07:18plaint d'une justice qui n'est jamais assez ferme envers les délinquants, qui n'applique
07:24pas immédiatement les peines, qui devrait être beaucoup plus efficace.
07:27Et quand, en fait, on a suivi le procès pendant un mois, on s'est aperçu que tous ces prévenus
07:32avaient beaucoup de mal, au fond, à prouver ou à plaider qu'il n'y a pas eu détournement
07:39de fonds publics.
07:40Et le détournement de fonds publics, eh bien, il est puni de l'inégibilité.
07:43Donc, c'est un combat particulièrement, à mon avis, pervers parce que ça s'inscrit
07:47aussi dans un climat de contestation de l'État de droit.
07:50Au fond, il y aurait l'État de droit, les juges qui priveraient le peuple de son expression
07:56populaire, ce qui, en l'occurrence, n'est pas vrai non plus parce que si elle ne peut
07:58pas se présenter, il y aura Jordan Bardella au nom du RN.
08:02Donc, tout ça me paraît très dangereux et tout ça est quand même une attaque contre
08:06l'indépendance de la justice qui est le fondement de la démocratie et qui doit être absolument
08:12respectée.
08:13Je me tourne vers vous, Anne-Johanne Othais, votre réaction à ces réquisitions.
08:17Est-ce que vous y voyez un procès politique, comme le dit Marine Le Pen ?
08:20En France, et Françoise Fressoz vient de le dire, la justice est la même pour tous,
08:24la loi est la même pour tous.
08:25Si la justice établit qu'il y a eu détournement de fonds publics, qu'il y a eu enregistrement
08:29personnel, que ça a été fait sur le dos du contribuable et que tout ça, ça a été
08:33fait au bénéfice d'un parti politique, en l'occurrence le Front National de l'époque
08:37devenu Rassemblement National maintenant, je suis désolée, la loi doit s'appliquer
08:40pour tous et pour eux également.
08:41Donc ?
08:42Et donc la justice doit être dite, on est dans un état de droit, c'est un des fondements
08:48de notre République et j'attends de la justice, et d'ailleurs c'est ce que chaque
08:51Français, je crois, attend aujourd'hui, qu'elle soit dite et qu'elle soit dite
08:54pour tout le monde.
08:55Je suis désolée, mais ça n'est pas que je sache le fait que Madame Le Pen soit populaire
08:59dans un sondage, qu'il doit décider de s'il y en a le droit ou pas de violer la loi.
09:04La loi est la même pour tous en France.
09:05Donc vous n'y voyez pas de mort politique ? Parce que Gérald Darmanin, lui l'ancien
09:09ministre de l'Intérieur, vous appartenez à la même majorité, a estimé que c'était
09:13choquant qu'elle ne puisse pas se présenter en 2027.
09:16C'est choquant ?
09:17La loi doit être la même pour tous.
09:18La loi doit être la même pour tous, y compris pour les personnes issues du Rassemblement
09:23National.
09:24La loi, heureusement, elle est la même pour tous en France et j'attends qu'elle soit
09:27la même pour tous en France, comme chaque Français l'attend et elle le sera.
09:29Est-ce que vous voyez, comme Françoise Fresso, ce danger vis-à-vis de l'état de droit
09:34français malmené ?
09:35Il faut protéger notre état de droit et heureusement il fonctionne très bien, nous
09:38avons des pouvoirs, des contre-pouvoirs, intriptiques, justice, gouvernement et parlement qui sont
09:44indépendants les uns des autres, c'est fondamental, nous avons des procès qui sont
09:47conduits avec du contradictoire, c'est nécessaire et indispensable également.
09:50Heureusement, moi je sais suffisamment ce que peut être un pays sans état de droit
09:54pour considérer que l'état de droit qui existe en France, qui fonctionne en France
09:58doit être absolument soutenu, il ne peut pas être contesté et remis en question.
10:01Alors à propos de ce procès, les plaidoiries de la Défense, ce sera la semaine prochaine
10:05et puis le jugement pas avant le début de l'année 2025, le début de l'année prochaine.
10:09On termine les images de la semaine avec la vôtre, David Tarbert, dites-nous tout.
10:13Oui, moi c'est cette image du stade de France, que vous avez sans doute tous vues, pratiquement
10:16vide, avec au premier plan des policiers en uniforme qui m'a marqué ce match France-Israël
10:21qu'on avait tant redouté après les violences d'Amsterdam et qui finalement s'est déroulé
10:25quasiment sans incident.
10:26C'est peut-être d'ailleurs la première chose à retenir, c'est facile à dire après
10:30coup avec un tel dispositif, il n'y avait aucun risque, il n'empêche quand même les
10:33autorités israéliennes déconseillent à leurs ressortissants de s'y rendre, il faut
10:37savoir souligner qu'en c'est le cas, une certaine idée du maintien de l'ordre, de
10:40la même façon que cet été, le zéro faute des Jeux Olympiques avait fait taire tous
10:44ceux, il y en avait même parmi eux de grands experts qui prédisaient une apocalypse sécuritaire
10:49notamment pendant la cérémonie d'ouverture.
10:51La deuxième image qui me reste à travers celle-ci, c'est celle de ces tribunes officielles
10:55bien garnies, le président Macron, les deux prédécesseurs, le Premier ministre, est-ce
11:01que c'était trop ? Est-ce que c'était comme l'a affirmé le député mélenchoniste
11:04Eric Coquerel, je cite, une façon de dire à Benjamin Netanyahou, vous pouvez continuer
11:10le génocide, fin de citation, évidemment non, c'est un raccourci très discutable puisque
11:15ces mêmes responsables de LFI ne supportent pas qu'on les qualifie d'antisémites quand
11:19ils attaquent par exemple des personnalités françaises comme Yael Brown-Pivet pour leur
11:23prétendue allégeance à Israël ou encore qu'ils acceptent dans leurs manifestations
11:28des personnes comme Elias Dimzalen, cet activiste qui appelle à une intifada à Paris, il n'est
11:34plus respectable que Bruno Rotailleau, a dit Eric Coquerel, qu'il a accueilli lors d'une
11:39manifestation jeudi, voilà, on en est aujourd'hui, un fossé toujours plus grand, toujours plus
11:44de raccourcis et toujours moins d'apaisement au fil du temps.
11:46Aujourd'hui dans la fonction publique nous sommes à 14,5 jours d'absence en moyenne
11:56par agent alors que dans le privé nous sommes à 11,6.
12:00Le coût de l'absentéisme, monsieur le député, est aujourd'hui de 15 milliards.
12:05Nous devons regarder la réalité des chiffres en face, monsieur le député, et au nom
12:10du gouvernement, nous ne mettrons pas le sujet sous le tapis.
12:12Alors on en parlait à l'instant, à l'occasion de votre image, Anne Genetet, voici le ministre
12:19de la fonction publique, Guillaume Cazbarion, qui répondait le 29 octobre dernier à une
12:24question au gouvernement, une QAG à l'assemblée, les fonctionnaires sont trop absents, voilà
12:29ce que dit Guillaume Cazbarion, il le serait plus que les salariés du privé, est-ce que
12:33vous êtes d'accord avec lui ? Est-ce qu'il y a trop d'enseignants absents ? Je vous pose
12:37la question, est-ce qu'il faut donc porter à trois jours le temps de carence dans la
12:41fonction publique et à l'éducation nationale ?
12:43S'agissant de l'éducation nationale et du ministère que je dirige aujourd'hui, je veux
12:48dire les choses très clairement, si on s'occupe uniquement, si on regarde uniquement l'absence
12:52de nos professeurs pour raison de maladie, ils sont la fonction publique la moins absente
12:57par rapport aux autres, hospitalières et territoriales, et ils ne sont pas plus ni
13:00moins absents que les salariés du privé, et je voudrais, on est à peu près aussi
13:05sur onze et quelques jours, un peu moins de douze jours d'absence, donc je voudrais souligner
13:08par là l'engagement de nos professeurs, alors même, et je veux le souligner, que
13:12leurs conditions d'exercice sont difficiles et que nous avons des questions très importantes
13:16sur les conditions d'exercice du métier, car finalement derrière ces absences pour
13:22maladies éventuelles, qui encore une fois ne sont vraiment pas le sujet aujourd'hui
13:25je crois dans l'éducation nationale, derrière il faut se poser les questions des conditions
13:29de travail, c'est pour ça d'ailleurs que moi j'avais reçu leurs représentants syndicaux
13:32un par un en arrivant au ministère, je les ai reçus tous ensemble pour préparer la
13:36rentrée 2025, et nous avons un chantier à ouvrir sur les conditions d'attractivité
13:40du métier, les conditions d'exercice du métier, alors même que leur autorité est contestée
13:44aujourd'hui, ça rend le métier très difficile.
13:45On va parler de tout ça, mais ma question c'était les jours de carence, qui crispent
13:50quand même les enseignants, qui ont compris que leur délai de carence allait passer à
13:53trois jours, ça va être le cas ou pas ?
13:55Ils sont fonctionnaires comme les autres fonctions publiques, donc ils sont concernés
14:00par ces décisions, ces mesures, mais derrière encore une fois, c'est moins ça qui est le
14:05sujet principal dans l'enseignement aujourd'hui que les difficultés d'exercice du métier
14:09et l'attractivité du métier.
14:10Aux yeux des parents d'élèves, c'est quand même l'absentéisme, enfin pas l'absentéisme,
14:14c'est l'absence de certains professeurs, énerve, soit parce qu'ils sont en formation,
14:20soit parce que voilà… Alors, où on en est par rapport à ce dossier ? Qu'est-ce
14:24que vous comptez faire ?
14:25En effet, et je me mets à la place, pour un parent, quand il voit que le professeur
14:28n'est pas présent pendant le cours de son enfant, il n'est pas forcément remplacé.
14:33Ça, c'était une véritable difficulté que nous rencontrons.
14:36Néanmoins, dire déjà, si je prends juste la rentrée scolaire, et je viendrai au reste
14:40après, nous avions à la rentrée scolaire un taux très important de postes pourvus.
14:45En école primaire, c'est 99,9%, et 99,5% de postes pourvus dans le secondaire.
14:52Mais attention, le 0,1% et le 0,5%, c'est quand même plusieurs centaines de professeurs.
14:59C'est pour ça que nous lançons des grandes campagnes de recrutement.
15:01D'ailleurs, j'en appelle aujourd'hui à ceux qui, nous avons un certain nombre
15:04de profils, qui envisagent une reconversion, les rassurer, leur dire que nous pouvons les
15:08accompagner, nous pouvons les former, nous ne les mettrons pas directement devant une
15:13classe.
15:14J'ai rencontré un en reconversion, vendredi dernier, au salon de l'orientation, qui
15:17m'a expliqué comment il avait été accompagné.
15:19Donc là, nous sommes vraiment sur comment remplacer vraiment les enseignants qui manquent
15:23fondamentalement.
15:24Et quand un parent me dit, je n'ai pas de professeur de mathématiques devant mon enfant
15:29en classe de cinquième aujourd'hui, je lui dis, nous sommes toujours, et continuons
15:32à dire, toute l'année, en phase de recrutement pour aller chercher ces bons profils.
15:36Ça, c'est de ce côté-là.
15:38Maintenant, vous avez soulevé le cas de la formation, là il y a aussi des modifications
15:42très importantes qui ont été faites l'année dernière.
15:44Mais qui ont été retardées parce qu'il y a eu la dissolution.
15:46Non, déjà l'année dernière, pour prendre par exemple, en effet, nous avons du temps
15:49de formation qui avait lieu pendant le temps face élève, et qui du coup faisait que les
15:54élèves, au lieu d'avoir leur professeur devant eux, n'avaient personne.
15:56Donc ça, il y a eu un travail qui a été fait pour basculer ce temps de formation sur
16:01du temps hors face élève.
16:02Et là, on est passé à un taux de 70% de formation hors face élève, avec un objectif
16:08de passer à 100%.
16:09Donc déjà, ces absences de professeurs, parce qu'ils sont en formation, tentent à
16:13s'éteindre.
16:14C'est une bonne chose.
16:15Maintenant, nous avons d'autres absences, nous le savons, parce que près de tout là,
16:19on arrive, nous sommes bientôt au mois de décembre, nous savons que ce qui nous gâte,
16:22c'est la grippe.
16:23Et nous le savons, là je mets ma casquette de médecin quelques instants, que les enfants
16:26sont la première communauté qui véhicule la grippe.
16:29Donc les professeurs sont les premiers exposés.
16:30Donc il y aura des professeurs absents pour grippe.
16:32Comment faire pour les remplacer ? Nous sommes là sur des remplacements dits de courte durée.
16:37Et là, le taux de remplacement de courte durée, déjà l'année dernière, a été
16:41doublé.
16:42On a deux fois plus de courte durée remplacée maintenant qu'auparavant.
16:46Et nous espérons encore doubler ce taux de remplacement de courte durée.
16:50Donc vous voyez, on progresse, mais c'est un combat permanent et internement recommencé.
16:53C'est intéressant.
16:54Vous nous dites que finalement, du fait qu'ils se retrouvent face à des élèves, ils se
16:58retrouvent plus facilement à être malades, à être contaminés.
17:01Absolument.
17:02Mais en même temps, vous ne dites rien sur le délai de carence.
17:04Vous êtes d'accord avec les trois jours ?
17:06Le délai de carence, l'idée, c'est d'aligner, c'est ce qui a été proposé, que ce soit
17:10aligné sur les salariés du privé, qu'il n'y ait pas de différence.
17:13Moi, je ne vois pas la raison pour laquelle on s'opposerait à ce qu'il y ait une égalité
17:18de traitement entre tous les gens qui travaillent, qui sont les forces de production du pays.
17:21C'est tout à fait normal.
17:22Mais derrière, bien dire qu'il y a un accompagnement et que l'absence des professeurs, que ce
17:27soit pour maladie ou pour des difficultés d'exercice du métier, est un sujet que nous
17:31prenons à bras le corps.
17:32L'absence pour maladie, par exemple, ça soulève la question de la médecine du travail.
17:36Quelle médecine du travail nous avons aujourd'hui pour nos professeurs ? Je vais le dire très
17:39franchement, je vais être très simple, pratiquement rien.
17:41Pratiquement rien.
17:42C'est une véritable difficulté.
17:43C'est aussi un chantier qu'il faut ouvrir.
17:45On ne peut pas continuer comme ça.
17:46En tout cas, sur les jours de carence, parce que je maintiens sur ça, il y a une grève
17:50qui est annoncée le 5 décembre dans la fonction publique.
17:52Les professeurs ont l'air d'être très remontés contre cette mesure et quelques
17:55autres.
17:56Vous vous attendez à une mobilisation importante dans l'éducation nationale ou pas ?
18:00Vous savez, le droit de grève, heureusement, est un droit constitutionnel en France et
18:03donc j'entends qu'il y ait cette perspective.
18:07Mais derrière, posons-nous les bonnes questions de savoir pourquoi nous avons des professeurs
18:11absents ? Pourquoi nous avons des professeurs qui manquent ? Comment nous pouvons remplacer
18:14les heures de courte durée d'absence ?
18:16Vous l'avez dit entre les lignes, s'il y a parfois des problèmes de remplacement,
18:20c'est qu'il y a des problèmes de recrutement des professeurs.
18:22Comment vous expliquez le baisse d'attractivité, notamment dans les concours du CAPES, les
18:28recrutements aussi de professeurs des écoles ?
18:30Est-ce qu'il n'y a pas un problème sur la rémunération ?
18:32Est-ce que vous êtes satisfaites qu'un professeur français soit payé à expérience et diplôme
18:40égal deux fois moins qu'un enseignant allemand ?
18:43Qu'est-ce que vous comptez faire là-dessus pour changer cette attractivité ?
18:46Vous soulevez en effet la question de l'attractivité du métier au sens large, que ce soit pour
18:49l'école primaire ou pour les disciplines à partir du secondaire.
18:53C'est une question d'argent ou pas ?
18:54Ou c'est plus compliqué que ça ?
18:55Il y a trois choses.
18:56Il y a les conditions de rémunération, bien évidemment, et pour lesquelles je veux quand
18:58même souligner que nous avons fait, parce que nous savions notamment les professeurs
19:02débutants commençaient à un niveau de salaire qui était vraiment tout à fait, un corps
19:05est beaucoup trop bas.
19:06Donc nous avons remonté de 260 euros par mois de plus net dans la poche des débutants
19:11qui démarrent maintenant à un peu plus de 2100 euros nets par mois, une rémunération
19:15qui peut d'ailleurs augmenter selon leurs lieux d'affectation et différentes options.
19:18Alors c'est un élément de rémunération.
19:21Derrière, vous soulevez, alors il faudra nous ouvrir à l'agenda social, nous avons
19:25mis à l'agenda social la réflexion et le dialogue sur les milieux de carrière, c'est
19:29important.
19:30C'est-à-dire ce qui exerce depuis une quinzaine d'années, c'est ça ?
19:31Exactement.
19:32Et nous avons également fait un effort significatif sur les fins de carrière, ça c'était aussi
19:36important, qui conditionnent d'ailleurs le départ en retraite et les conditions de
19:40pension de retraite.
19:41Donc c'est important.
19:42Donc il y aura des enveloppes possibles pour les milieux de carrière, c'est ça ?
19:44En tout cas, il y a un dialogue qui se trouve, c'est inscrit à l'agenda social.
19:46Nous verrons comment nous pouvons avancer, il ne vous aura pas échappé que nous avons
19:49aussi des contraintes budgétaires et nous ne pouvons pas non plus être inconscients.
19:51En fait, c'est la grande question qu'on se pose, c'est que tout ce qui a été lancé
19:56avant, l'idée de la revalorisation des enseignants et du métier, est-ce que ce n'est pas complètement
20:00cassé maintenant parce que tout le monde découvre qu'il n'y a plus d'argent ?
20:03Je voudrais finir, parce qu'il y a la rémunération mais il y a d'autres éléments qui sont très
20:07importants, notamment, je l'en ai parlé, les conditions d'exercice du métier.
20:10Et puis également les affectations.
20:12Les règles d'affectation, on voit bien, sont parfois, je vais le dire avec des mots
20:16très simples, profondément inhumaines, c'est un jeune professeur qui est originaire de
20:20Bretagne et qui va se retrouver souvent, par exemple, dans une académie qui est en
20:24tension, qui a un manque de professeurs, par exemple, l'école du Créteil, c'est le rectorat
20:28qui le demande.
20:29Moi, je demande qu'on ait...
20:30Je demande.
20:31Vous allez changer les règles ?
20:32Vous allez essayer de les changer, c'est ça ?
20:33J'aimerais bien, en tout cas, vous savez, c'est un ministère qui est profondément
20:37humain.
20:38Et je voudrais, oui, parfois, qu'on remette beaucoup plus d'humains parce que nos professeurs,
20:42tous les jours, ils sont avec des élèves, ils sont dans une réserve.
20:45Et concrètement, qu'est-ce qu'un professeur qui voudrait changer ?
20:48Je n'ai pas la réponse parce que ce n'est pas moi toute seule, c'est dans le dialogue
20:51avec les autres.
20:52Mais ça veut dire que vous avez une idée ?
20:53C'est-à-dire qu'à l'idée, vous aimeriez voir...
20:54J'ai compris, j'ai entendu, j'ai parfaitement compris que ces règles d'affectation posent
20:58problème.
20:59Elles sont vraiment...
21:00Et elles sont un frein à l'attractivité du métier, donc les affectations, mais également
21:05les conditions d'exercice.
21:06Et notamment, j'ai été frappée par le fait qu'aujourd'hui, nous le savons tous,
21:10mais lorsqu'un professeur vous le dit, vous savez, d'ailleurs, je crois que c'est sur
21:13France Culture, une radio de votre maison, qui a un très bon podcast la semaine dernière
21:17sur les conditions d'exercice du métier de professeur.
21:19Il y a ce témoignage bouleversant, vraiment, je l'ai écouté, mais il est bouleversant
21:23de cette professeure d'éducation physique et sportive qui est très engagée, qui décrit
21:27tous ses projets et qui, à un moment, est profondément émue, ça s'entend à la radio
21:31combien elle est émue, parce qu'elle est contestée dans son enseignement par notamment
21:35des parents d'élèves.
21:36Donc ce sujet de la contestation de l'autorité statutaire de l'enseignant, moi, c'est un
21:42chantier que je veux mettre sur la table.
21:43Je veux pouvoir travailler avec eux, avec les organisations syndicales, à voir comment
21:48nous pouvons travailler pour restaurer l'autorité statutaire.
21:51Et il y a des chercheurs qui se sont penchés sur le sujet, il y a des initiatives locales
21:54dans des établissements qui ont été mises en oeuvre, donc il y a certainement des solutions.
21:58Mais attendez, je vois un parent qui conteste, parce qu'il y en a de plus en plus, qui vient
22:02voir un enseignant en disant « vous avez fait… ». Qu'est-ce que peut faire l'éducation
22:08nationale pour ce parent ?
22:10Aujourd'hui, très concrètement, quand un professeur est menacé, que ce soit par
22:14un élève, par un parent, peu importe, il est menacé verbalement, moralement, physiquement,
22:18déjà immédiatement, il est mis en place une protection fonctionnelle.
22:22Si les menaces sont de nature beaucoup plus importante, il peut même être mis en place
22:25une protection policière.
22:27Car oui, aujourd'hui, cela peut arriver, menace d'élèves ou de parents d'élèves.
22:31Ensuite, nous avons, par rectorat, des personnels qui sont dédiés, notamment, je pense, par
22:37exemple, ça peut être sur le sujet du harcèlement ou sur le sujet des valeurs de la République,
22:40à chaque fois, pour chacun des sujets, nous avons des équipes dédiées qui peuvent,
22:43à tout moment, venir dans l'établissement, c'est-à-dire que notre enseignant ou notre
22:47personnel de direction, n'oublions pas les chefs d'établissement qui, eux aussi, subissent
22:51des menaces, eux aussi subissent des contestations.
22:53Donc, chef d'établissement, professeur, je veux qu'il sache qu'il n'y a plus
22:57de questions, il n'y a pas de pas de vagues, pas de vagues, c'est terminé.
22:59Il faut que chacun puisse parler, s'ouvrir, dire, là, j'ai fait l'objet de tel propos,
23:04est-ce que c'est une menace ? À quel moment faut-il que je demande la protection fonctionnelle
23:07? Elle lui sera donnée automatiquement.
23:09Mais il faut qu'il se sente libre de pouvoir parler sans être jugé.
23:13Ça, c'est extrêmement important.
23:14Voir d'aller jusqu'à porter plainte ou pas ?
23:16Mais bien entendu, et d'ailleurs, sur le dépôt de plainte qui existe aujourd'hui,
23:20il y a même un élément de loi qui manque sur lequel je travaille avec mon homologue
23:23à la fonction publique, car il manque la possibilité pour l'institution scolaire
23:28elle-même de pouvoir porter plainte pour son enseignant, pour son personnel.
23:31Et ça, c'est un sujet, je veux qu'on puisse avancer, qu'en 2025, on puisse enfin
23:35permettre à l'institution de déposer plainte.
23:37Voyez-vous, ce travail sur les conditions d'exercice du métier, il est fondamental.
23:43Absolument fondamental.
23:44Je veux que nos professeurs se sentent soutenus, se sentent libres de parler à leur
23:49hiérarchie, à leurs collègues, libres de mettre en œuvre les dispositifs qui leur
23:53permettent de se sentir, avoir une autorité qui est nécessaire, qui est requise et à
23:57laquelle j'appelle d'ailleurs l'ensemble de la société de respecter tous nos
24:00enseignants. Moi, je les aurais toujours en soutien.
24:02Ils auront toujours mon soutien, mais le mien, c'est bien.
24:04Mais au-delà de ça, pas un soutien de douleur a manqué, pas un soutien dans la
24:08société française. Nous devons manquer à nos enseignants et personnels de direction.
24:11Pour faire respecter tout cela et notamment la discipline dans les établissements
24:14scolaires, il faut aussi des personnels et donc des moyens.
24:17Vous avez annoncé le recrutement de 150 conseillers principaux d'éducation, de 600
24:22assistants d'éducation.
24:23Ce sont des moyens supplémentaires que vous avez chiffrés à 10 millions d'euros.
24:27Et c'est donc pour combler un manque, et en tout cas pour aller vers la politique
24:30pour compléter ce qui existe.
24:31Comment, excusez-moi, dans le même temps, justifier des suppressions d'emplois ?
24:344 000, je le rappelle, dans le nombre d'enseignants, ou en tout cas de
24:39personnels de l'éducation nationale.
24:41Il y en a trop d'un côté, pas assez de l'autre.
24:42C'est vrai que, vu de l'extérieur, on ne comprend pas.
24:44Alors, d'abord, sur le climat scolaire, il est très clair qu'il y a un certain
24:48nombre d'établissements dans lesquels, aujourd'hui, le climat scolaire ne permet
24:51pas de travailler sereinement.
24:53Et dans ces établissements-là, oui, ça doit commencer par le rétablissement de
24:56l'ordre. D'où les mesures que j'ai annoncées.
24:58Les assistants d'éducation, les surveillants, les conseillers principaux
25:01d'éducation. En effet, un budget de 10 millions.
25:03Et le budget, justement, c'est un budget que j'ai préservé.
25:06Aujourd'hui, pour la loi de finances qui est en train d'être discutée, ce sont
25:11834 millions de plus que j'ai eus par rapport à l'année dernière, ce qui me
25:14permet non seulement de maintenir des projets, mais d'en déployer d'autres.
25:17Donc, là, vous voyez que les 10 millions...
25:18Et aussi de supprimer des emplois, vous l'assumez.
25:20Alors, ensuite, il y a la question du schéma d'emploi, en effet.
25:23Mais là, il y a aussi une vérité qu'il faut dire aux Français.
25:25Il faut quand même leur dire qu'il y a deux réalités.
25:28Une réalité démographique qui se porte d'ailleurs essentiellement sur l'école
25:31primaire. C'est là qu'on a la plus grosse baisse d'effectifs.
25:34On a perdu 100 000 élèves à cette rentrée.
25:37On a probablement une perspective d'en perdre encore 100 000 à la rentrée
25:39prochaine, mais 200 000 en deux ans.
25:41Nous devons en tenir compte. Et puis, une réalité territoriale qui fait
25:44qu'aujourd'hui, il faut le dire, il y a des territoires, si je prends toujours
25:47l'école primaire, où il y a trop d'enseignants disponibles, certains n'ayant
25:50pas d'affectation, et d'autres territoires où, en revanche, il y a
25:53énormément d'emplois.
25:54Il n'y a pas également une réalité économique qui a été posée judicieusement
25:58par ou pas par Nicolas Sarkozy, il y a une dizaine de jours, qui nous a dit
26:02l'État français n'a plus les moyens d'avoir un million d'enseignants
26:05aujourd'hui en France. Alors, on n'est plus à un million, on est plutôt à 850
26:08000. Mais est-ce qu'effectivement, on a les moyens de nos ambitions ?
26:11Est-ce qu'on a trop d'enseignants aujourd'hui en France ?
26:13Aujourd'hui, mon objectif, il est que nous ayons une école juste, une école
26:17efficace, qu'on puisse faire toujours plus, toujours mieux.
26:21Encore une fois, c'est deux réalités que j'ai décrites, et démographiques
26:26et territoriales, auxquelles nous devons répondre, que nous devons également
26:29anticiper. Gouverner, c'est aussi anticiper.
26:31Vous dites qu'on va essayer de mieux répartir les enseignants.
26:34Mais est-ce qu'on a trop ? C'est ça la question de Nicolas Sarkozy, elle est
26:36intéressante. Trop d'enseignants ou pas ?
26:38Trop d'enseignants ? Écoutez, en tout cas, aujourd'hui, on a à peu près 850
26:42000 enseignants. Et c'est ça qu'il faut garder à l'esprit pour pouvoir faire
26:46quoi ? Pour pouvoir, derrière, moi, ce que je veux, c'est cette école et
26:50l'ensemble des mesures que j'ai annoncées, qui puissent permettre
26:52d'apporter cet accompagnement sur mesure, dans un cadre qui est bien
26:54défini, avec des programmes qui sont bien définis, avec un territoire qui
26:57doit avoir accès à l'éducation.
26:58On se souvient tous de la première mesure blancaire, qui était le
27:02dédoublement des classes en CP dans les zones d'éducation prioritaire.
27:06Ça donne des bons résultats dans les évaluations.
27:09Les résultats sont très encourageants.
27:10Et donc, on se dit pourquoi, au moment où le nombre d'élèves diminue,
27:14notamment dans le primaire, on ne garde pas, on ne fait pas un encadrement
27:18renforcé. Ce n'est pas la solution, ça, soit de faire des classes plus
27:22petites, soit de renforcer la présence des enseignants et l'encadrement
27:27pour avoir une école d'excellence.
27:29Ça, ce n'est pas possible.
27:30Alors les, en effet, les classes, aujourd'hui, nous avons tous nos
27:34élèves qui sont au réseau d'éducation prioritaire, qui bénéficient de
27:37groupes à 12 élèves, à peu près, en moyenne, qui a donné, donc c'est en
27:41grande section, c'est en CP et c'est en CE1.
27:44Et derrière, on voit bien les évaluations nationales qui viennent d'être
27:47publiées, montrent des résultats vraiment encourageants sur le premier
27:51degré. Maintenant, attention, je dis les choses telles qu'elles sont.
27:54Il y a aussi, pour le moment, quand on regarde les résultats du collège,
27:56là, en revanche, c'est insuffisant.
27:58Et là, ce que vous dites, le travail en plus petits effectifs, oui, c'est
28:01justement l'objectif de ces groupes dits de besoin, que je suis allée voir
28:05concrètement sur le terrain.
28:06Là, vous allez avoir une classe de sixième qui, en mathématiques, va
28:10travailler à 15 élèves au lieu de travailler à 24 ou 25.
28:13C'est ça qui est efficace.
28:15Vous avez raison. C'est ça que nous avons mis en place.
28:17Pour cette rentrée, en sixième, en cinquième, ce sont nos deux fondamentaux
28:21qui sont les français et les maths.
28:22Et quand on voit quatrième, troisième, boum, tout s'arrête.
28:25C'est bien pour ça que j'ai justement, j'ai justement, en me disant, vous avez
28:29raison, on ne peut pas se dire on a travaillé, nous travaillons sur les
28:32fondamentaux en français, en mathématiques, avec l'idée que c'est bien
28:35gentil après, mais si on veut que nos élèves fassent tous de l'histoire, des
28:38sciences, de la biologie, que sais-je, il faut bien que derrière, ils sachent
28:40lire, écrire, compter de manière fluide.
28:43Et ça, c'est tout le travail de ces fondamentaux en sixième, cinquième.
28:46Mais derrière, si ça s'arrête en cinquième, c'est profondément injuste.
28:49Donc, il faut pouvoir continuer en quatrième, troisième.
28:51Et c'est là, justement, tout ce que j'ai annoncé qui permet d'avoir à nouveau
28:55des groupes de besoin, c'est-à-dire, encore une fois, une classe de
28:57quatrième qui, là où les équipes le jugeront, là où ça sera nécessaire,
29:02avec les élèves les plus en difficulté, ces élèves-là pourront avoir accès,
29:05comme je l'ai vu en sixième, comme je l'ai vu en cinquième, à un groupe à
29:08quinze élèves, pour pouvoir avancer plus vite.
29:10Avec des horaires réduits, pris sur le temps normal, on a l'impression que c'est un dispositif
29:13qu'il faut râber par rapport à ce qui a été engagé.
29:15– Non, je vais être très claire.
29:17D'abord, le programme scolaire et les horaires de cours sont les mêmes en quatrième, en troisième.
29:20Les élèves ont tout le même volume d'heures de maths, de français, d'histoire de sport.
29:24C'est exactement pareil.
29:26Après, en plus de cela, il faut que certains de nos élèves puissent avoir accès,
29:30notamment à ce qu'on appelle les devoirs faits.
29:32C'est ce grand service public, de l'aide aux devoirs, qui sera mis en place.
29:38C'est pour certains.
29:39D'autres n'auront pas forcément besoin de ça, mais auront besoin de revenir à l'école un peu plus tôt.
29:43C'est les stages de réussite en septembre.
29:45Et tout ceci va être accessible à deux fois plus d'élèves qu'aujourd'hui.
29:48C'est 800 000 élèves, c'est à peu près la moitié d'une génération,
29:52en quatrième et en troisième qui auront accès à ça.
29:54C'est ça qui nous permet d'avoir cette approche vraiment au cas par cas
29:58et qui permet derrière que tous aient accès au programme
30:00et que les plus faibles se rapprochent des plus âgés.
30:02On tire tout le monde vers le haut avec les moyens que nous y mettons.
30:04– Alors, dans le choc des savoirs, parce qu'il y a plein d'aspects différents,
30:07il faut absolument qu'on avance pour essayer d'aborder un maximum de points.
30:10Je voudrais qu'on parle aussi du brevet.
30:12Vous avez repris l'idée de Gabriel Attal avec un brevet des collèges obligatoire.
30:16Les élèves ne pourront plus entrer au lycée sans avoir réussi
30:20ce que l'on appelait à l'époque, en tout cas la mienne, le BEPC.
30:24Est-ce que ça veut dire que le niveau du brevet risque éventuellement de baisser
30:29pour permettre aux 15% qui échouent chaque année
30:32de pouvoir passer malgré tout en seconde ?
30:35– Alors, ce brevet obligatoire c'est pour une entrée directe au lycée,
30:38je paie revenir.
30:39Non, non, justement, c'est qu'au contraire il y en ait beaucoup plus qui réussissent.
30:42Pourquoi ?
30:43Parce qu'aujourd'hui, justement, tout ce que je viens d'expliquer,
30:45les mesures de soutien très individualisées que nous mettons en place,
30:48de la 6e jusqu'à la 3e, moi ce que je veux,
30:50c'est que ce diplôme qui est le premier diplôme sur la scolarité,
30:53c'est vraiment la première grande expérience alors que d'autres l'auront après.
30:57Je veux que ce soit motivant.
30:58Donc déjà, je veux être très claire, ce qu'on appelait le correctif académique
31:02qui gonflait les notes artificiellement dans certains endroits,
31:05ça s'est terminé depuis juin dernier.
31:06Et ça je le maintiens, il est hors de question
31:08que le brevet ne soit pas national.
31:11Il doit être le même pour tous.
31:12Donc avec la même exigence pour tous.
31:14Derrière, je veux le rendre motivant,
31:15je veux donner envie aux élèves de le réussir.
31:18Donc derrière, j'ai bien l'ambition
31:20qu'il y ait beaucoup moins de 100 000 élèves qui soient en échec.
31:23Mais derrière, ceux qui sont en échec, je ne les mets pas dehors.
31:25Alors il y en a 15%, vous en faites quoi ?
31:26Au contraire, j'espère qu'il y en aura bien moins de 15%.
31:29Cela, je leur donne le choix.
31:30Ou bien, parce qu'aujourd'hui, il faut bien savoir que ces élèves-là,
31:34ils n'ont aucun choix, rien ne leur est proposé.
31:36Certes, ils vont directement au lycée.
31:38Et au bout du compte, que trouve-t-il au lycée ?
31:40L'échec.
31:40Ils se trouvent face à un mur parce qu'ils ont,
31:42s'ils ont raté leur brevet,
31:43c'est bien qu'il y avait des raisons fondamentales derrière.
31:45Donc on les met en situation d'échec pour trois ans.
31:48Moi, ce que je propose...
31:48Donc c'est quoi ? C'est CAP ? C'est apprentissage ?
31:50À côté, une voie professionnelle avec les CAP.
31:53Ou bien, ce que nous appelons les classes prépa secondes
31:55qui sont en expérimentation cette année,
31:57qui sont une unité dans laquelle il y a à peu près 20 élèves.
31:59Il y a 7 heures de cours qui travaillent sur les fondamentaux.
32:02Et l'idée, c'est de les raccrocher,
32:03de leur redonner confiance en eux,
32:05de leur donner envie à nouveau de s'engager,
32:07de se dépasser pour réussir.
32:08Et pour qu'eux puissent rentrer en seconde après.
32:11Mais ça veut dire qu'ils devront le repasser, le brevet ?
32:12Non, ils n'auront pas le brevet à repasser.
32:14Justement, eux, ils rentreront au lycée
32:16sans avoir été passés par la casse brevet,
32:18mais avec beaucoup plus de chances de réussite.
32:20Et moi, ce que je veux,
32:20je leur propose un parcours de réussite en quatre ans.
32:23Là, aujourd'hui, c'était l'échec assuré en trois.
32:25Jeff ?
32:25Mais est-ce que c'est...
32:26Juste pour une précision par rapport à ce que vous venez de dire,
32:28c'est une sorte de redoublement de la troisième ?
32:30Ça se passera au collège ou ça se passera au lycée ?
32:33Je voudrais vous poser après juste une question.
32:34C'est une très bonne question.
32:35La classe prépa seconde, elle est intégrée au lycée.
32:37L'idée, c'est vraiment de les raccrocher,
32:38de leur donner envie de se projeter.
32:40Dans tous les lycées, il y en aura des classes prépa seconde.
32:41Pour le moment, il y en a une classe prépa seconde par académie.
32:44Et l'idée, c'est de voir comment nous pouvons les déployer.
32:46L'idée, c'est d'obtenir à peu près une dizaine par académie.
32:48Donc, on n'a pas plus d'enseignants,
32:49mais on rajoute encore une classe.
32:51Oui, mais attention, vous voyez bien que là, aujourd'hui,
32:53attendez, ce sont des élèves qui, de toute façon,
32:55allaient au lycée.
32:56Donc, ils avaient des heures de cours,
32:56ils avaient des profs devant eux.
32:58Donc, simplement, on décale.
32:59Oui, mais c'est des classes supplémentaires
33:00qui font juste une vingtaine d'élèves.
33:03Nous verrons, donc, quand le dispositif montera en puissance.
33:05Mais dans l'immédiat, je n'ai pas besoin de moyens supplémentaires
33:07pour déployer les classes prépa seconde.
33:09Ce sont surtout des classes composées uniquement,
33:10avec beaucoup de guillemets, de mauvais élèves
33:12ou en tout cas d'élèves en situation d'échec.
33:14Vous admettez que c'est inédit.
33:15Ce sont des classes de cette nature.
33:16Oui, mais attendez, avec l'objectif qu'on les fasse réussir.
33:18Enfin, vous trouvez que c'est mieux...
33:19Donc, il y a des professeurs qui seront affectés.
33:21Vous trouvez que c'est le mieux de...
33:22Comme tous les professeurs,
33:23ils peuvent avoir plusieurs classes à la fois
33:25et pas seulement celle-ci.
33:26Vous trouvez que c'est mieux de les mettre dans une classe
33:27dans laquelle ils vont être en échec
33:29pour l'estime de soi, pour la confiance en soi.
33:31Ça, c'est extrêmement douloureux
33:32et ils le portent toute leur vie après.
33:33Mais ce brevet obligatoire,
33:35qu'est-ce que vous répondez, pour rentrer au lycée,
33:37au syndicat et notamment celui des inspecteurs
33:39de l'Education nationale,
33:40qui voient quand même une sorte de couperet social
33:42puisque ce sont majoritairement des enfants
33:44issus des familles pauvres qui échouent au brevet.
33:47Et ceux-là, s'ils ne font pas la prépa seconde
33:49que vous venez d'évoquer,
33:50ils sont quand même expulsés du système scolaire.
33:53C'est ce que disent notamment les inspecteurs de l'Education.
33:55Mais je reviens à la situation d'aujourd'hui.
33:57Qu'est-ce qu'on a à leur offrir aujourd'hui, ces élèves-là ?
33:59Certains, d'ailleurs, vont déjà vers une voie professionnelle
34:01qu'ils peuvent choisir aujourd'hui
34:02et d'autres se retrouvent en une situation d'échec au lycée.
34:05Vous trouvez que c'est bien pour la construction personnelle,
34:07l'estime de soi, de se retrouver en échec ?
34:09Donc moi, je trouve que c'est toute la noblesse de notre institution
34:12de se dire, nous ne laissons personne sur le bord de la route.
34:14Personne ne doit être en échec.
34:16Et c'est mon travail, mon travail,
34:18Éducation nationale, ministre de l'Éducation nationale,
34:20que de dire à chacun de ces élèves,
34:22toi, j'ai confiance en toi.
34:23Tu peux réussir et je vais te donner les moyens.
34:26Je vais mettre devant toi les professeurs qui, tu vas voir,
34:28vont te donner les moyens de réussir.
34:30Alors là, vous parlez de l'orientation des collégiens.
34:33Est-ce que vous allez essayer de clarifier les procédures
34:35pour l'orientation des lycéens ?
34:37Parce que ce n'est pas clair non plus.
34:39Est-ce que vous allez les aider, justement,
34:41à rendre les choses un peu plus claires ?
34:43Dans la perspective de Parcoursup, où tout le monde est quand même...
34:45Qui reste l'une des angoisses fondamentales des parents.
34:48Et des grands-parents, peut-être aussi.
34:50Avant d'aller, je peux en parler après,
34:51vers la question de Parcoursup, des choix de nos élèves.
34:54Avant, on se pose la question de comment je m'oriente,
34:56comment je m'y retrouve, comment je développe mes compétences,
34:59à savoir ce que j'aime faire, ce que je sais faire,
35:02ce que j'ai envie de faire.
35:03Ça, c'est tout le sujet de l'orientation.
35:05D'abord, dire que depuis la loi de 2018 sur l'orientation,
35:08nous avons mis en place, notamment, la découverte des métiers.
35:12On s'était aperçus qu'au collège,
35:14les élèves connaissaient à peu près dix métiers.
35:16C'est quand même très peu dans le foisonnement de métiers qui existe.
35:19Aujourd'hui, il y a un objectif qu'ils aient,
35:21une perspective sur plus d'une cinquantaine de métiers.
35:23C'est vraiment, déjà, découvrir des métiers.
35:25C'est le stage d'observation en entreprise en troisième.
35:27Ce sont les deux semaines de stage, maintenant,
35:29que nous avons rajoutées en seconde,
35:30qui permettent à chaque fois de voir ce qu'on n'aime pas.
35:32Parfois, ils peuvent faire un stage dans un endroit en se disant,
35:34finalement, je n'aime pas ça du tout.
35:36Donc, vous maintenez le fameux stage en seconde,
35:40qui dure deux semaines et qui casse la tête aux entreprises et aux parents.
35:43Alors, il ne casse pas tant la tête aux entreprises.
35:44Je veux saluer ce que les entreprises ont fait pour se mobiliser.
35:47Je rencontrerai lundi et demain le président du MEDEF,
35:52Patrick Martin, pour justement lancer cette semaine
35:55qui va lancer la plateforme de choix des stages pour les élèves de seconde.
35:58Et je veux saluer l'engagement des entreprises
36:00pour mettre à disposition des stages de nos élèves.
36:02Et c'est ça qui leur permet de se projeter.
36:04Maintenant, j'ai confié à mon ministre délégué la mission
36:07d'aller observer comment précisément, quels sont les outils disponibles,
36:11comment ça s'organise.
36:12Parce que nous avons aujourd'hui, soyons très clairs,
36:14d'un côté, les régions qui doivent apporter de l'information sur les métiers
36:19et de l'autre côté, ce que nous faisons qui est fondamental.
36:22Je veux saluer le travail d'ailleurs de nos,
36:24ceux qu'on nous appelle maintenant les,
36:25je n'aime pas les abréviations, mais on appelle ça PsyEN.
36:28C'est vraiment les psychologues de l'université qui accompagnent.
36:31Donc, une grande consultation qui permet d'interroger
36:33les acteurs de terrain, les acteurs régionaux,
36:35ce que font nos élèves également, ce qu'ils attendent,
36:38pour mettre de l'ordre, pour pouvoir ajuster ce qui existe
36:41et faire quelque chose qui soit le plus fidèle.
36:42Et puis, je voudrais saluer, j'en profite au passage,
36:45une grande plateforme numérique qui s'appelle Avenir, avec un S,
36:48qui est lancée par l'éducation nationale,
36:50qui va accompagner nos élèves depuis la sixième
36:53sur un parcours qu'ils vont garder, ils auront leur compte à eux.
36:54Mais ça, vous répondez à la question de Françoise Ressos sur...
36:57Vous répondez à la question de Françoise Ressos sur Parcoursup ?
36:59Enfin, je veux dire, ça va avec l'IF, vous me parlez...
37:01Il y avait deux parties, je vous ai dit que j'allais y revenir.
37:03Au fond, c'est au petit bonheur de la chance, c'est...
37:06On dépend... Voilà. Et donc, il y a une angoisse fondamentale quand même.
37:10Alors, je voudrais rappeler d'où venons-nous,
37:11pourquoi nous avons Parcoursup aujourd'hui ?
37:13Moi, je suis d'une génération où il n'y avait rien.
37:15Il n'y avait rien. Il fallait faire la queue devant les universités.
37:18Ça veut dire que si vous n'habitiez pas à côté de l'université,
37:20c'était terminé. Parfois, la queue depuis cinq heures du matin.
37:22Donc, c'était vraiment celui qui était élevé le plus tôt.
37:25Ensuite, il y a une autre plateforme qui était APB,
37:29qui, elle aussi, ne donnait pas les mêmes chances à tout le monde.
37:31Donc, ça, c'est profondément inégalitaire.
37:33Et c'est ce que Parcoursup apporte,
37:36et non seulement l'égalité de choix, mais elle apporte du choix.
37:39Elle aussi apporte l'information en disant,
37:41sur les bases de ton dossier scolaire,
37:43voilà ce que tu peux avoir de possible.
37:45Et c'est ça aussi, d'ailleurs, en complément,
37:47que la plateforme Avian va les préparer aussi à ça,
37:50à comprendre ce qu'ils sont capables de faire,
37:53ce qu'ils peuvent faire.
37:54Et en même temps, moi, je dis une chose très importante,
37:56ne coupons pas les ailes à nos jeunes.
37:58Ceux qui ont des rêves, il faut les laisser rêver
37:59et les laisser aller et chercher l'information
38:02sur l'orientation dont ils rêvent.
38:04Et puis après, les ramener également ensuite
38:06à la réalité de ce qu'il est possible de faire.
38:08Mais cette plateforme Parcoursup,
38:10non, je veux dire que c'est une plateforme
38:11qui ramène de la justice
38:13là où c'était profondément inégalitaire
38:15et qui permet d'informer bien en amont nos élèves.
38:17Elle s'ouvrira en janvier,
38:19ils émettront leurs vœux,
38:20ils auront leur retour de vœux en juin.
38:21Et moi, je tiens à ce qu'on regarde cette plateforme
38:24qui apporte de la justice à où il n'y avait rien auparavant.
38:27Il ne faut pas l'oublier.
38:28Jeff ?
38:28Est-ce que vous avez un faible pour les examens
38:31par rapport au contrôle continu ?
38:32Je vous pose cette question
38:33parce que dans le nouveau brevet,
38:35vous voulez que l'examen,
38:37le contrôle terminal, comme vous dites,
38:38compte pour 60% de la note contre 50% aujourd'hui
38:41et qu'une épreuve de mathématiques
38:43va maintenant apparaître,
38:44une épreuve anticipée à l'issue de la première.
38:46Est-ce que vous estimez qu'il n'y a pas assez d'examens en France
38:49et qu'on a fait un peu trop confiance au contrôle continu ?
38:51Non, ce n'est pas une question d'examen.
38:52Il y a différentes manières d'évaluer.
38:55Nous, l'objectif, vous savez,
38:56ce n'est pas d'avoir une note sanction.
38:58C'est d'avoir une note qui permet d'évaluer
38:59le niveau de compétence,
39:01le niveau de connaissance de nos élèves
39:02et leur permet de s'orienter,
39:04d'aller vers ce qu'ils ont envie de choisir et de faire.
39:06Et dire à un élève qui aujourd'hui...
39:08Je me rappelle, vous savez,
39:09j'avais rencontré un jeune
39:10qui voulait absolument être pilote de Rafale.
39:11C'était son rêve.
39:12Sans moi, à l'époque, il était au collège,
39:13ses résultats n'étaient pas là.
39:15Donc, il a fallu lui faire comprendre
39:16que s'il voulait être pilote de Rafale,
39:17il fallait quand même qu'il mette un coup de collier.
39:19Et il l'a compris.
39:19On l'a initié, on lui a montré
39:21quels étaient les parcours,
39:22les exigences pour cette formation.
39:24Et au bout du compte,
39:24aujourd'hui, il est pilote de Rafale.
39:26Donc, voyez-vous, dès le plus jeune âge,
39:27leur montrer, et c'est moins l'examen
39:29ou le contrôle continu,
39:30c'est le fait de leur donner envie,
39:31de leur faire comprendre que l'ambition qu'ils portent,
39:34elle nécessite une forme d'effort
39:35et de dépassement de soi.
39:36Anne Genotte, qu'est-ce que vous répondez
39:38à notre grand médaillé olympique,
39:40Léon Marchand, qui s'est moqué
39:43avec un émoji clown
39:45de cette décision du gouvernement
39:46de, finalement, ne plus faire
39:48ces deux heures de sport supplémentaires
39:50dans le secondaire ?
39:51Qu'est-ce qui s'est passé ?
39:52Qu'est-ce qui coince ?
39:52Pourquoi ça n'a plus...
39:53Tout de suite clarifié,
39:54donc le volume,
39:55pour rappeler le volume horaire de sport
39:57en sixième, quatre heures par semaine,
39:58cinquième, quatrième, troisième,
40:00trois heures de sport par semaine,
40:02ça, il n'y a rien de changé.
40:02Tous nos élèves...
40:03Oui, mais le Président avait dit
40:04deux heures supplémentaires
40:05au printemps dernier.
40:05Les deux heures supplémentaires,
40:07l'année dernière, ce sont 35 000 élèves
40:09qui ont eu deux heures de sport supplémentaires.
40:10Vous savez, c'est du sport
40:11en dehors du temps scolaire,
40:13à travers notamment l'Union nationale
40:15scolaire et sportive,
40:16les associations,
40:18c'est tout ce qui peut se faire
40:18en dehors du temps scolaire.
40:19Et donc, pourquoi ça ne marche plus ?
40:20Mais ça marche très bien.
40:21Simplement, nous l'avons centré
40:22sur toutes les zones où, là,
40:24effectivement, le sport est moins présent,
40:26notamment tous les réseaux
40:27d'éducation prioritaire.
40:28Et là, c'est un volume,
40:29c'est un ensemble de 500 000 jeunes
40:31qui vont bénéficier de ces deux heures
40:32d'enseignement sportif supplémentaire.
40:34Donc, non, on passe de 35 000 à 500 000.
40:36Alors, je voudrais qu'on parle également,
40:38et pour finir,
40:39un instant, en tout cas,
40:40du procès de l'assassinat de Samuel Paty,
40:42qui se déroule en ce moment
40:43devant la cour d'assises spéciale
40:45et qui doit durer jusqu'au 20 décembre prochain.
40:47Depuis le 16 octobre 2020,
40:50date de l'assassinat de Samuel Paty,
40:52depuis maintenant quatre ans, donc,
40:54est-ce que les choses ont vraiment changé
40:56dans les établissements scolaires ?
40:57Est-ce que les profs
40:58sont vraiment mieux protégés ?
41:01D'abord, quant à ce procès-sous,
41:02moi, je veux avoir un mot,
41:03une pensée très émue
41:04pour notre professeur Samuel Paty,
41:06qui, il faut le rappeler,
41:07a été assassiné par le terrorisme islamiste,
41:09ou non, parce que, simplement,
41:11Samuel Paty voulait expliquer à ses élèves
41:14ce qu'est la laïcité à la française,
41:15expliquer à ses élèves
41:16ce qu'est la liberté d'expression.
41:17Il a été assassiné...
41:18Mais vous ne trouvez pas
41:18que ce que renvoie le procès,
41:20c'est-à-dire, quand même,
41:21le sentiment d'abandon,
41:22d'isolement de ce professeur...
41:24Donc, la justice fera son travail
41:27et dira la vérité
41:28et s'agit-t-il en toute indépendance.
41:30Je ne vais pas émettre de jugement,
41:31mais je veux vraiment apporter
41:31un soutien à sa famille,
41:32qui attend la vérité,
41:34à nos personnels éducatifs,
41:35qui attendent aussi la vérité,
41:36que justice soit dite,
41:37que justice passe,
41:39au-delà de nos enseignants.
41:40Également, la nation toute entière,
41:42je pense, l'attend.
41:43Mais dire qu'effectivement,
41:44il y a eu un avant,
41:45il y a eu un après, Samuel Paty,
41:46il n'y a aucun doute.
41:47Et notamment, nous avons maintenant,
41:49aujourd'hui, nos professeurs
41:50savent qu'ils ont...
41:52D'abord, ils sont formés.
41:53Ils sont formés à ce que c'est
41:54que la laïcité
41:55et ce que sont les valeurs de la République.
41:57L'objectif, c'est qu'ils soient tous formés.
41:58Tous ne sont pas encore complètement formés.
42:00Moi, j'ai demandé, par exemple,
42:01s'agissant de nos personnels
42:03qui sont embauchés en cours d'année,
42:04ces personnes qui accompagnent
42:05les élèves en situation de handicap
42:07ou bien les assistants d'éducation,
42:09les surveillants.
42:09Eux, ils peuvent être embauchés
42:10un peu tout au long de l'année.
42:11Mais est-ce qu'ils sont mieux formés
42:13ou est-ce qu'ils vont plus s'auto-censurer
42:14et ne plus oser aborder certains...
42:16Vous soulevez une question très, très importante.
42:17Je ne veux pas qu'ils s'auto-censurent
42:19et je veux justement qu'ils puissent parler.
42:20La ministre, vous le savez.
42:21Je ne veux pas qu'ils puissent se censurer.
42:24Et ça veut dire qu'il faut les rassurer,
42:25leur dire, vous pouvez parler,
42:26vous devez parler.
42:27C'est le message que j'envoie.
42:28Et comment peuvent-ils le faire ?
42:30Nous avons aujourd'hui,
42:31notamment ce que nous appelons
42:32dans chaque académie,
42:33les équipes Valeurs de la République
42:34qui sont de tout profil.
42:36Ça peut être des inspecteurs,
42:37des professeurs, des personnels de direction
42:39qui sont dédiés à ça
42:40et qui vont pouvoir à tout moment
42:42d'abord venir les former
42:43dans les établissements scolaires,
42:44venir dans un établissement scolaire
42:46leur parler.
42:46Si un établissement exprime en disant
42:48là, j'ai été menacé,
42:50là, j'ai fait l'objet d'une contestation
42:52de mon enseignement,
42:53qu'à ce moment-là, sans attendre,
42:55l'enseignant puisse le dire
42:56et puisse faire appel à ses équipes
42:58pour l'aider et renforcer
42:59dans la défense de son enseignement.
43:00Madame Geneté, est-ce que vous êtes favorable
43:02à ce qu'on continue de montrer
43:04des caricatures dans les écoles ?
43:05Par exemple, Valérie Pécresse,
43:06la présidente de la région Île-de-France,
43:07elle a annoncé un programme
43:09réalisé par la région
43:10qui vise à montrer
43:11la tradition de la caricature,
43:12dire qu'on peut s'exprimer,
43:14rire des religions.
43:15Mais il n'y aura pas, a-t-elle dit,
43:17de caricature de Mahomet.
43:18Est-ce que vous comprenez cette exception ?
43:20Est-ce qu'il faut continuer
43:21à faire ce que faisait Samuel Paty,
43:22finalement ?
43:22Je reste sur la laïcité à la française
43:25et ce que Samuel Paty faisait,
43:26il avait raison de le faire.
43:28Et donc, la laïcité doit être autorisée
43:30dans les cours de classe.
43:31Si le professeur veut l'intégrer,
43:33il doit pouvoir le faire.
43:34C'est la laïcité à la française.
43:36Il doit pouvoir le faire.
43:37Et moi, ma mission de ministre
43:39de l'Éducation nationale,
43:40c'est de lui donner les moyens
43:41de le faire, de le rassurer,
43:43de le défendre à chaque fois
43:44qu'il est contesté dans son enseignement,
43:46de lui donner les moyens de porter plainte
43:47s'il était menacé.
43:48C'est ça que je dois faire.
43:49C'est ça que je ferai à chaque fois.
43:50Ils me trouveront toujours à leur côté.
43:52Merci, Anne Geneté.
43:54Vous restez avec nous, bien sûr.
43:55Il est temps d'accueillir
43:56notre seconde invitée
43:58pour le livre de la semaine.
44:09Installez-vous tranquillement.
44:10C'est toujours un petit peu compliqué,
44:11ce moment.
44:12Montez sur cette chaise haute,
44:14l'installer à peu près,
44:15se mettre à la bonne hauteur du micro.
44:17Bonjour, Anne-Charlene Bézina.
44:19Bonjour.
44:19On est ravis de vous recevoir
44:20sur le plateau de questions politiques.
44:22Vous enseignez le droit public
44:23à l'Université de Rouen
44:25et à Sciences Po Paris.
44:26Et vous venez de sortir un livre
44:28que je conseille sincèrement,
44:29absolument à tout le monde.
44:30Cette constitution
44:32qui nous protège aux éditions Ixo.
44:35Nous sommes tous devenus,
44:36ces derniers mois,
44:38qu'on le veuille ou non,
44:39des spécialistes de la Vème République.
44:40Article 12, article 49.3, article 47.1.
44:44Eh bien là,
44:45vous disséquez les 89 articles
44:47de la Constitution
44:48et vous nous expliquez ce qu'ils signifient,
44:51à quelle occasion ils peuvent être utilisés.
44:53C'est tout à fait accessible.
44:55C'est vraiment passionnant
44:56et c'est assez facile à lire.
44:58Alors, cette constitution,
44:59on a un peu eu l'impression
45:01qu'elle était malmenée ces derniers temps.
45:03Quand on observe ce qui s'est passé,
45:04notamment ces six derniers mois,
45:06la dissolution, dont j'en parlais,
45:07le fameux article 12,
45:09un gouvernement intérimaire
45:11qui a duré près de trois mois,
45:12la nomination d'un Premier ministre
45:14issu d'une famille politique
45:15parmi les moins bien
45:16représentés à l'Assemblée.
45:18Donc expliquez-nous,
45:19est-ce que le président Macron
45:20a fait une lecture
45:21suffisamment scrupuleuse
45:23de notre constitution ?
45:25Alors, en réalité,
45:25ce que je pense la constitution
45:27nous propose,
45:29c'est un cadre de lecture,
45:31c'est-à-dire notamment
45:32un rappel des valeurs,
45:33de ce que c'est que la République
45:35et des limites de chacun des pouvoirs.
45:38Néanmoins, quand on avait auparavant,
45:40depuis les années 50,
45:42des cours de droit constitutionnel
45:43et institutions politiques,
45:44moi, je regrette un petit peu
45:45qu'on nous les ait retirés parfois,
45:46ces institutions politiques,
45:47parce que, en réalité,
45:49le pouvoir politique
45:50va interpréter la constitution.
45:51Alors, cet article 12,
45:52c'est un pouvoir complètement propre.
45:54Alors, c'est-à-dire que
45:55le président de la République
45:56doit sentir le moment
45:57où il a envie de convoquer la nation.
45:59Oui, mais quand même,
46:00attendez, je le lis, cet article 12,
46:01le président de la République
46:02peut, après consultation
46:04du Premier ministre
46:05et des présidents des assemblées,
46:07prononcer la dissolution
46:08de l'Assemblée nationale.
46:10Il a vraiment consulté
46:11tout le monde, là, ou pas ?
46:11Alors, en réalité,
46:12la consultation,
46:13c'est une formalité.
46:14Il faut être honnête,
46:15c'est-à-dire que même en 97,
46:17le président du Sénat
46:17est plus ou moins prévenu
46:18par un appel téléphonique
46:19alors que la décision est déjà prise.
46:20C'est quelque chose
46:21de complètement dans l'ADN,
46:24de considérer que c'est
46:25un moment solitaire.
46:26Et là, on l'a vraiment vécu
46:28comme une dissolution
46:30un peu hyper-prédisidentialisée,
46:31c'est-à-dire que c'est lui
46:33qui a décidé que c'était le moment
46:34et qu'il l'a fait.
46:35Bon, la Constitution ne s'y oppose pas.
46:37Néanmoins, après,
46:38la question de l'interprétation
46:40de l'Assemblée nationale,
46:41elle est plus que jamais inédite
46:43sous la Ve République.
46:44On n'a jamais eu trois blocs
46:45qui s'affrontent comme ça,
46:47qui n'arrivent pas à consolider
46:49des majorités.
46:49On l'a vu pour la gauche,
46:51on l'a vu pour le centre,
46:52on l'a vu pour la droite.
46:53La seule potentialité
46:55qui était celle de ce fameux
46:57socle commun faisait quand même
46:58la part belle à beaucoup de visages vaincus.
47:00Donc, il y avait une forme
47:00d'illégitimité qui se créait aussi.
47:02Et donc, on a vécu un été
47:03complètement inédit,
47:05c'est-à-dire qu'il fallait arriver
47:07à trouver du consensus,
47:08à trouver un peu ce que les régimes
47:10parlementaires proches de nous,
47:11Allemagne, Italie, Belgique, font,
47:13c'est-à-dire une forme de culture,
47:16de la coalition et de la
47:18proposition gouvernementale.
47:19Donc, c'est là-dessus qu'en réalité,
47:21à mon sens, le plus gros travail
47:22reste encore à faire.
47:23Alors, été inédit,
47:24je vais donner à l'instant
47:26la parole à Djavie Tarbert,
47:27mais été inédit aussi parce qu'on a
47:29un gouvernement intérimaire.
47:30Ça, ça n'existe nulle part en France
47:32et certainement pas dans la Constitution.
47:33Alors, ça n'existe pas
47:35pas dans la Constitution.
47:36C'est ça qui est assez fabuleux.
47:38C'est qu'en 1962,
47:39on a déjà eu un précédent,
47:40c'est-à-dire qu'on avait une dissolution
47:41dont plus de Premier ministre.
47:42Et le général de Gaulle a été obligé
47:44de garder son Premier ministre
47:45intérimaire. En réalité, en Autriche,
47:47par exemple, il y a quelques mois,
47:48quand il y a eu des élections partielles,
47:50eh bien, il y a eu un Premier ministre
47:52intérimaire. L'idée, c'était de toute
47:54façon de consolider tout simplement
47:55les affaires courantes, c'est-à-dire
47:57l'exigence constitutionnelle
47:58de continuité de la nation.
47:59Donc, tant qu'on avait des députés
48:00qui étaient ministres, des ministres
48:01qui étaient députés, c'est pas grave.
48:02Ça, c'est autre chose.
48:02C'est une question d'incompatibilité.
48:04Et c'est vrai que cette incompatibilité,
48:06à mon sens, on n'a pas eu de juges
48:07qui ont pu se prononcer sur cette question.
48:09Et ça, ça me semble être vraiment...
48:10Il y a beaucoup de petits espaces
48:11comme ça, qui sont des angles morts
48:12de notre Constitution, qui aujourd'hui,
48:14et je trouve que c'est heureux,
48:15apparaissent de moins en moins
48:17légitimes à nos citoyens.
48:18Et je pense qu'il y a du travail
48:20à faire, en effet, sur l'idée
48:20qu'on est de la justice à tous les états.
48:22Alors, une question de Jeff
48:23et ensuite de Françoise.
48:23Ce qu'on a constaté au fil du temps,
48:25c'est que la Constitution de 1958,
48:26elle avait bien résisté aux alternances,
48:28la première d'entre elles en 1981.
48:30Elle avait bien résisté aux cohabitations.
48:32Ça marchait.
48:33Et là, on a quand même l'impression
48:34qu'elle ne sait pas faire dans ce
48:36régime qui n'est pas parlementaire
48:38avec, comme vous l'avez souligné,
48:40les trois blocs.
48:41Qu'est-ce qu'il faudrait pour que,
48:42finalement, les rouages de cette
48:44Constitution fonctionnent ?
48:45Est-ce qu'il faudrait, par exemple,
48:46comme cela avait été le cas
48:47dans les années 80,
48:48réintroduire le scrutin proportionnel ?
48:50Est-ce que c'est compatible
48:51avec la Ve République,
48:53qui est un régime hybride
48:54entre présidentiel et parlementaire ?
48:56Alors, d'abord, pour en revenir à l'ADN,
48:57c'est un régime parlementaire.
48:58Moi, je n'aime pas quand on nous dit
49:00justement qu'on n'a pas de culture
49:01parlementaire, on n'est pas dans un régime
49:02qui fait la part belle au Parlement.
49:04En réalité, c'est un régime parlementaire
49:05rationalisé, c'est-à-dire qu'il va
49:07donner du pouvoir au gouvernement
49:08dans les moments de crise.
49:09Et, disons-le, quand on voit
49:12dans la discussion budgétaire
49:13comment les choses se déroulent,
49:14parfois, des armes un peu autoritaires
49:16doivent être sorties
49:19chez les Allemands, chez les Espagnols.
49:20On n'est pas les seuls à faire ça.
49:20Il y a le 49-3 ailleurs.
49:21Il y a le 49-3.
49:23Alors, pas tout à fait cette mouture-là,
49:24mais il y a, en effet, d'autres votes
49:26bloqués, etc., qui existent.
49:28La question de savoir si la dose
49:29de proportionnel pourrait être
49:30intéressante.
49:30Moi, je crois qu'à partir du moment
49:31où c'est une attente citoyenne,
49:33l'idée de proposer, notamment,
49:35d'introduire...
49:35Alors, moi, je ne crois pas
49:37que c'est la solution.
49:38Parce que, pour avoir de la
49:39proportionnelle intégrale,
49:40en tout cas, comme on l'a eu en 86,
49:41il faut avoir un système partisan.
49:44Et il faut avoir un système
49:45parlementaire fort, c'est-à-dire
49:46un Parlement qui sait jouer
49:48du consensus.
49:48Et, en réalité, ça a été un échec
49:50sous la quatrième.
49:51Ça a presque été un échec aussi
49:52sous la troisième, mais c'était
49:53un peu différent.
49:54Et je crois qu'on n'a pas encore
49:56complètement les outils pour faire ça.
49:57Alors, introduire une dose,
49:58moi, c'est ce que je propose,
49:59notamment, parce que je me dis
50:01que si c'est une attente citoyenne,
50:02il faut arriver à, peut-être,
50:03proposer quelque chose,
50:05mais qui ne déstabilise pas
50:06la solidité de l'édifice.
50:07Alors, une question de Françoise,
50:08et puis, on va donner la parole
50:09à Anne-Marie.
50:09Je me demande si on ne se focalise
50:10pas trop sur les institutions.
50:12Est-ce qu'on n'oublie pas
50:13ce qui se passe aussi en Allemagne ?
50:14C'est-à-dire que vous avez,
50:15à la fois, une difficulté
50:17à bâtir des compromis,
50:18mais dans le cadre d'une politique
50:20qui s'extrémise, c'est-à-dire,
50:21en Allemagne, vous avez
50:22l'extrême droite, l'extrême gauche
50:24qui devient puissante.
50:25Et on voit que la notion même
50:26de recherche de compromis
50:28devient de plus en plus difficile.
50:30Donc, ce n'est même pas
50:31la question du régime parlementaire,
50:32c'est, est-ce qu'on est encore
50:34capable de tous s'écouter
50:35et de faire des compromis
50:37dans un système qui se radicalise
50:39beaucoup ?
50:39Là, on va au-delà
50:39de la Constitution.
50:40On va au-delà de la Constitution,
50:41mais à la fois, je pense que c'est
50:42la question du siècle, en effet.
50:43C'est-à-dire que les institutions
50:45qu'on les bâtit sur un système
50:46solide, d'ailleurs, la France
50:47et l'Allemagne ont des parentés
50:49institutionnelles.
50:50Et ce qui se passe en Allemagne
50:51nous prouve bien que la culture
50:52de la coalition ne suffit plus
50:54aujourd'hui.
50:54Donc, il y a en effet, à mon sens,
50:57c'est pour ça que je trouvais
50:58important de rétablir la
50:59Constitution dans ce qu'elle a
51:01de plus fondateur et d'essayer
51:02de la faire connaître au plus
51:03grand nombre, parce qu'à partir
51:05du moment où on retrouve ce
51:06besoin d'unité, ce besoin d'être
51:07ensemble, peut-être qu'on peut
51:08arriver à travailler.
51:09Mais comme vous le dites, il faut
51:10arriver à ce que les parlements
51:11arrivent à parlementer et qu'on
51:13ne soit plus dans une culture
51:14de l'opposition par la
51:16contestation et de l'existence.
51:18Voilà, par exemple, l'article 68
51:20avec la destitution, dans la
51:21Constitution, c'est recomblé,
51:22mais normalement, le vocabulaire...
51:24Une partie de la population ne
51:26se retrouve peut-être plus
51:27dans le consensus ou dans les
51:30institutions, et c'est peut-être
51:31ça qui est le plus inquiétant.
51:32Peut-être faut-il leur donner de
51:33nouveaux moyens d'expression.
51:34Et moi, je ne crois pas que c'est
51:35parce qu'on aime la Vème
51:36République qu'il faut l'enfermer,
51:38vous savez, comme la Constitution
51:38de 1793, dans un arche en bois.
51:40Au contraire, faisons-la évoluer.
51:42Et peut-être que des mécanismes
51:43d'initiative et de contrôle,
51:45je pense notamment à la
51:46responsabilité pénale des
51:47ministres, qui est assez mal
51:48pensée dans le système de la
51:49CGR d'aujourd'hui, il y a des
51:50éléments pour lesquels je pense
51:51qu'on peut entendre les
51:53attentes des Français avec plus
51:54de clarté.
51:55CGR, Cour de justice de la
51:57République, en note de bas de
51:58page.
51:59Je reviens vers vous, Anne
52:00Jeuneté, vous avez entendu beaucoup
52:02de choses.
52:02Ce livre, revenons au livre,
52:04vraiment à la Constitution, vous
52:05avez vécu, n'hésitez
52:07surtout pas.
52:08Vous avez vécu tout ça de très
52:10près, cette dissolution, ce
52:11gouvernement intérimaire, la
52:12manière dont on utilise en ce
52:13moment la Constitution.
52:14Comment est-ce que vous avez vécu
52:15tout ça ?
52:16D'abord, dire que la
52:16Constitution, c'est vraiment la
52:17clé de voûte de notre cinquième
52:19République et que j'y tiens
52:21plus que tout.
52:22Et quand j'entends, je voudrais
52:22juste revenir un tout petit peu
52:23en arrière, quand vous savez
52:24chaque fois qu'une loi est votée
52:26et qu'elle est soumise ensuite au
52:27regard de près du Conseil
52:29constitutionnel, quand j'entends
52:30des partis politiques comme le
52:31Rassemblement national critiquer
52:33les décisions du Conseil
52:34constitutionnel, c'est
52:35profondément grave et c'est
52:37extrêmement inquiétant.
52:38Donc la Constitution, elle est
52:39peut-être perfectible, on peut
52:40peut-être la faire évoluer.
52:41Évidemment, on peut y réfléchir,
52:43mais en tout cas, elle est notre
52:44clé de voûte qui protège nos
52:45institutions.
52:46Là, on en revient à l'État de
52:47droit qui est bousculé en
52:47permanence en ce moment.
52:48Absolument, et qu'il faut
52:49absolument défendre.
52:50Dire aussi que, comme ministre
52:51de l'Éducation nationale, nous
52:52avons un travail très
52:53intéressant, vous parlez des
52:54institutions.
52:55Faire connaître le Conseil
52:56constitutionnel aux jeunes.
52:57Vendredi, sur le Salon de
52:58l'Orientation, nous avons des
53:00jeunes qui travaillent en
53:01Conseil constitutionnel, en ce
53:02moment même, sur notamment le
53:04sujet des valeurs de la
53:05République.
53:05Voilà le travail que nous faisons
53:06à l'Éducation nationale avec nos
53:07élèves sur cette institution.
53:09Également, sur le Parlement,
53:10nous avons ce qui s'appelle le
53:11Parlement des enfants, qui
53:12permet à des enfants de classe
53:13primaire de travailler.
53:15Ils créent sur un thème qu'on
53:16leur donne, chaque année, un
53:17certain nombre de classes, avec
53:18leurs professeurs, leurs
53:19instituteurs, travaillent sur une
53:21loi qu'ils créent eux-mêmes,
53:22avec quelques articles.
53:23On les familiarise avec ce que
53:24c'est que la fabrique de la loi.
53:26Donc, voilà comment il faut faire
53:27connaître absolument, et c'est
53:28mon rôle de ministre de
53:29l'Éducation nationale, de le faire
53:30connaître à tous nos élèves pour
53:32que tous, collectivement, je
53:33reviens à cette essence même de
53:35l'école, juste et efficace, que
53:37chaque petit élève de notre
53:38école puisse comprendre nos
53:40institutions, à commencer par le
53:41Conseil constitutionnel.
53:42Très rapidement, pour finir,
53:43Anne-Charlene Bézina, le
53:45Sénat va devenir finalement la
53:47institution clé, plus que
53:49l'Assemblée.
53:49C'est la nouvelle chambre de la
53:50majorité.
53:51Ce n'est pas constitutionnel non
53:52plus.
53:53Encore une fois, le Sénat est une
53:56deuxième chambre de législation.
53:57Donc, si, c'est tout à fait
53:58conforme à l'esprit de la
53:59Constitution.
54:00Le Sénat a parfois été...
54:01Mais De Gaulle l'avait vraiment
54:02imaginé comme une seconde
54:03chambre.
54:03Il n'a pas complètement réussi en
54:0569, je crois que les Français
54:06étaient finalement plus attachés
54:07à leur Sénat.
54:08Et puis, l'Assemblée nationale
54:09garde le dernier mot.
54:10Mais ce Sénat aura vraiment un
54:11rôle à jouer en décembre et je
54:13pense que ce sera intéressant pour
54:14eux de savoir comment faire avec
54:15cette nouvelle majorité.
54:16Merci à toutes les deux.
54:17Merci beaucoup.
54:18Merci Anne-Charlene Bézina.
54:19Donc, je rappelle le titre de votre
54:20livre passionnant, cette
54:21Constitution qui nous protège
54:23aux éditions Ixo.
54:24Merci Anne Geneté d'être venue
54:26dans Questions politiques.
54:27Merci évidemment aussi à toute
54:29l'équipe.
54:29Et un dernier grand merci encore
54:31à vous cette fois-ci, toujours
54:32très nombreux et toujours très
54:34fidèles à Questions politiques.
54:35Merci infiniment.
54:36Je vous dis à la semaine
54:37prochaine.