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Depuis sa victoire à l'élection présidentielle, Donald Trump multiplie les nominations pour sa future administration. Un casting étonnant : parmi eux figurent le fondateur de SpaceX Elon Musk, à qui reviendrait un tout nouveau ministère de "l'efficacité gouvernementale", le vétéran et journaliste de "Fox News" Pete Hegseth, qui pourrait prendre les rênes de la Défense, et l'antivaccin Robert Kennedy Jr. pressenti au ministère de la Santé. Pour en parler, Nicole Bacharan, politologue, historienne et spécialiste des États-Unis.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 15 novembre 2024.

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Transcription
00:00Donald Trump à la maison blanche, le 47e président américain sera intronisé dans deux mois avec autour de lui un sacré casting.
00:10Un présentateur star de Fox News, la télé d'extrême droite, ministre de la Défense, Elon Musk, le patron de XX Twitter, vous savez, possible ministre de l'efficacité gouvernementale.
00:20Bonsoir Nicole Bacharan.
00:21Bonsoir.
00:22Vous êtes politologue, historienne spécialiste des Etats-Unis.
00:25Alors j'avais envie de vous dire avec un tout petit peu d'ironie, une belle brochette, non ? En tout cas, on est loin d'une équipe de technocrates.
00:31On est loin d'une équipe de technocrates. Ça nous rappelle, si jamais on l'avait oublié, que Donald Trump fait ce qu'il dit, et il le fait très rapidement.
00:41Cette fois-ci, il est prêt, au contraire de 2016 où il avait été très surpris par sa propre élection.
00:47Alors ce n'est pas une équipe de technocrates, mais c'est une équipe de gens qu'il considère loyaux.
00:53Loyaux à Trump et non pas loyaux à la Constitution, comme c'était la règle.
00:58Et pour lui, loyaux, ça veut dire avoir reconnu qu'en 2020, Joe Biden avait perdu l'élection.
01:04C'est leur premier caractère, il explique.
01:06Ce sont des gens très radicaux, de son bord.
01:10Bon, ce n'est pas étonnant, il a été élu.
01:12Il y a des gens dont on peut dire qu'ils sont compétents et d'autres que je qualifierais de franchement farfelus.
01:19Est-ce que ça relève de provocation, d'une quelconque façon, de la part du futur président ?
01:24Je pense que la provocation est quand même quelque chose qui lui fait toujours plaisir.
01:29Il aime bien secouer les amis comme les adversaires.
01:34Mais surtout, il a, parmi ceux que je juge farfelus, je dirais ça si on prend le point de vue traditionnel,
01:42disons de la compétence de la technocratie que sais-je, mais en réalité, il y a une cohérence.
01:47Ce sont des gens qui sont là pour démolir et contrôler les institutions
01:55qui ont le plus résisté à Donald Trump pendant le premier mandat.
02:00La justice, la communauté du renseignement, l'armée.
02:05Il les a vraiment, dans son collimateur, il a été poursuivi par la justice.
02:10L'armée a refusé, par exemple, les plus hauts généraux ont refusé d'utiliser l'armée d'actifs contre des manifestants aux États-Unis.
02:20Et les services de renseignement l'ont beaucoup contrarié en disant que oui,
02:25il y avait eu des interférences et des ingérences russes dans la campagne de 2016.
02:30Donc ces trois institutions sont dans le viseur.
02:32Ils pensent donc sérieusement, Donald Trump, qu'on doit, qu'on peut diriger un pays comme ça ?
02:38Mais écoutez, c'est ce qu'on va voir parce que je dirais qu'il n'attaque peut-être pas à la tronçonneuse,
02:46comme on a vu certains exemples en Amérique du Sud, mais au moins au marteau l'État de droit.
02:51Déjà un, c'est quelqu'un qui a été condamné en justice et dont tous les procès sont de facto annulés.
02:58Donc il ne sera jamais, jamais responsable de quoi que ce soit.
03:02Il y a des conflits d'intérêts colossaux et ça c'est aussi un élément de l'État de droit,
03:07notamment en donnant des responsabilités gouvernementales à quelqu'un comme Elon Musk,
03:12qui est par ailleurs prestataire de la NASA, du Pentagone, etc.
03:17Il y a, et ça, ça concerne particulièrement les nominations, sa volonté de court-circuiter le Sénat.
03:23Le Sénat est là, entre autres choses, pour auditionner, puis par un vote,
03:29confirmer les principaux membres des ministères et des grandes agences.
03:34Ce que Donald Trump propose, c'est que le Sénat parte en vacances ou que lui-même lui impose des vacances
03:40et que pendant ce temps-là, il nomme des responsables par intérim.
03:45C'est quelque chose de très rare et qui peut se faire dans des circonstances très particulières.
03:50Un intérim où il serait là pendant deux ans.
03:53Et ça concerne particulièrement son choix du ministre de la Justice,
03:57qui fait lui-même l'objet d'enquêtes pour relations sexuelles tarifées avec une mineure,
04:03pour usage de drogue et au-delà de ça, qui a semé le chaos à l'Assemblée,
04:10j'allais dire à l'Assemblée Nationale, le lapsus révélateur.
04:14Un chaos tel qu'on a pu en connaître à la Chambre des représentants.
04:18Dans cette liste assez invraisemblable, il y a aussi le neveu de John F. Kennedy,
04:23Robert Francis Kennedy Junior, qui serait potentiellement ministre de la Santé.
04:28C'est un démagogue, on peut le dire, et surtout un anti-vax ?
04:33C'est un anti-vax, c'est un anti-science à bien des égards.
04:38Le ministère s'appellerait non plus Ministère de la Santé,
04:43mais ça serait quand même de ça qu'il s'agit,
04:45mais Ministère de l'Efficacité contre la Maladie.
04:48Toute sa famille l'a désavoué dans son soutien à Trump,
04:53et on peut dire que c'est quelqu'un qui a eu des comportements extrêmement perturbés,
04:59disons-le simplement.
05:01Donc au ministère de la Santé, là c'est franchement de la provocation.
05:05Hontez-nous un doute, est-ce que ça choque les Américains tout ce que vous êtes en train de nous décrire ?
05:10Écoutez, ça choque au moins tous ceux qui n'ont pas voté pour Donald Trump,
05:14ça c'est une certitude.
05:16Ça choque ceux qui ne peuvent rester d'un parti traditionnel républicain,
05:21ils sont encore quelques vieux de la vieille qui s'expriment encore.
05:25Et toute la question aujourd'hui c'est est-ce que le Sénat,
05:29où Trump a la majorité, 53 sièges, c'est confortable pour faire confirmer tous ces nominés,
05:36est-ce que le Sénat va accepter de renoncer à une partie de son pouvoir,
05:40et donc en quelque sorte accepter de suicider une partie des contre-pouvoirs ?
05:48Et quand Donald Trump a fait cette proposition de dire
05:51« Ok, vous partez en vacances et comme ça je fais des nominations par intérim,
05:55ça dure deux ans sans aucun contrôle »,
05:58on s'est demandé jusqu'où il pouvait aller.
06:00Aujourd'hui on le sait, c'est pour faire passer des gens comme Matt Gaetz,
06:05un extrémiste à la justice, Tulsi Gabbard,
06:08comme pourquoi fait tous les services de renseignement alors qu'elle est pro-russe
06:13au point que sur la télé russe elle a été appelée « notre meilleure copine » dans le texte.
06:19Et pourquoi pas un Sylvester Stallone à la tête d'un ministère ?
06:23Écoutez, hier il a introduit Donald Trump dans un gala,
06:31mais jusqu'à présent il n'a pas l'air d'avoir d'ambition politique.
06:34Il dit être un gros fan de Donald Trump.
06:36Mais néanmoins, regardez celui qui est nommé à la défense,
06:40c'est-à-dire pour mener une armée, la plus grande armée du monde,
06:44deux millions de personnes.
06:45Écoutez, c'est une sorte de Stallone.
06:47Il a le look d'un acteur de cinéma,
06:50alors c'est un ancien militaire, mais il n'a jamais dirigé la moindre organisation.
06:54Et il a pour lui d'avoir une gueule de cinéma,
06:57et de venir de Fox News, où il était un grand défenseur de Donald Trump.
07:02Il affiche ses beaux tatouages sur son torse nu,
07:05et il prie en public et incite tous les spectateurs de Fox News à prier avec lui.
07:10Ça va tanguer très fermement parmi les haut-gradés,
07:13mais certains vont être limogés.
07:16Merci beaucoup Nicole Bacha, politologue historienne et spécialiste des Etats-Unis.
07:20Merci à vous qui nous écoutez d'être à l'écoute d'RTL Soir.
07:23Vos idées de sorties dans un court instant avec de quoi satisfaire les abatteurs de bonne saveur.
07:28Le festival du livre gourmand de Perigueux se tient ce week-end, on va tout vous raconter.

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