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Flavie Flament reçoit le Général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française à l’ONU pour aborder les moyens de défense actuels.

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Transcription
00:00Bonjour Général Dominique Trinquant, merci d'avoir accepté notre invitation.
00:04Vous êtes ancien chef de la mission militaire française auprès de l'ONU.
00:08Le sous-marin l'Emeraude fait actuellement son dernier voyage vers Cherbourg avant d'être désarmé.
00:14Alors pourquoi cesse-t-il son activité et combien est-ce qu'il nous en reste aujourd'hui à travers le monde ?
00:2037 ans de service, c'est une bonne durée pour se retirer du service.
00:24C'est le temps que j'ai passé sous les drapeaux.
00:26Alors vous sous les drapeaux, moi à la télé ça dure un petit peu plus longtemps et j'en suis ravie.
00:29Et donc après 37 ans, il est renouvelé.
00:33Cette flotte, il s'agit des sous-marins nucléaires d'attaque.
00:37Ce n'est pas ceux qui portent des missiles nucléaires d'attaque.
00:40Il y en a 6 en France et 3 de nouvelle génération et 3 d'ancienne génération
00:45qui sont renouvelés au fur et à mesure jusqu'en 2030.
00:48D'accord, donc l'Emeraude va être remplacé.
00:51Oui bien sûr.
00:52Contrairement à ce que l'on dit en fait aujourd'hui.
00:54Je ne sais pas qui le dit mais on a tort, il est remplacé.
00:57Où les sous-marins français se trouvent-ils ?
01:00Alors les sous-marins nucléaires d'attaque sont basés normalement à Toulon.
01:04Là il est en train de rentrer vers Cherbourg où il va être désarmé.
01:08Les sous-marins nucléaires lanceurs d'engin sont basés à Brest.
01:13Il faut bien faire la différence.
01:14Les sous-marins nucléaires lanceurs d'engin portent les armes nucléaires.
01:18Nous en avons 4.
01:19Il y en a toujours un qui est à la mer prêt à assurer la dissuasion,
01:24ce qu'on appelle la dissuasion nucléaire.
01:25Les sous-marins nucléaires d'attaque, il y en a 6.
01:28Et eux, c'est en fonction du type de mission qui leur sont données.
01:31Donc aujourd'hui, on est capable de les localiser ?
01:33On sait où ils sont ces secrets défense ?
01:35Les CNLE, j'espère bien qu'on n'est pas capable de les localiser
01:38parce que c'est le but de ces sous-marins, c'est d'aller au fond de la mer,
01:42de se dissoudre.
01:43De disparaître.
01:44Tous ceux qui ont vu le fameux film « Le champ du loup »
01:47qui explique très bien ça.
01:48Au fond de la mer, de disparaître et d'attendre là
01:51pour être prêt à recevoir les ordres du Président de la République
01:54si malheureusement il devait intervenir.
01:56Revenons sur Terre.
01:57En 30 ans, nous sommes passés de 1 349 chars à 222.
02:01On peut s'interroger, est-ce que la France aujourd'hui
02:04est en train de se démilitariser, Général Trinquant ?
02:07Alors écoutez, en 30 ans, on a divisé par 2 les effectifs des armées,
02:11par 6 les effectifs des chars, par 3 les effectifs des avions
02:16et par 2 les effectifs des bateaux.
02:18Donc depuis 30 ans, oui, on s'est désarmé.
02:21Ça a été les dividendes de la paix
02:23où on a cru que ça y est, la paix était éternelle
02:26et depuis en gros 2016-2017, on se réarme.
02:31Voilà, c'est un souhait en fait d'Emmanuel Macron
02:35mais ça va lentement selon vous.
02:36Alors, ce n'est pas seulement un souhait, c'est un vrai chiffre.
02:38C'est une action.
02:39La loi de programmation militaire,
02:40il y a deux lois de programmation militaire successives
02:42qui doublent le budget des armées.
02:44Maintenant, en cette période difficile sur le plan des finances,
02:48moi je suis très inquiet sur l'application
02:50de cette loi de programmation militaire.
02:52C'est le budget annuel qui compte.
02:54Il est à 50 milliards, 2% du PIB.
02:56Il faut qu'il continue à augmenter.
02:59Le service militaire général Trinquant,
03:00il n'est plus obligatoire depuis 1997.
03:03Alors quid des effectifs aujourd'hui ?
03:05Est-ce qu'il y a une baisse ?
03:06Parce que d'aucuns parlent d'une armée échantillonnaire.
03:09Alors, elle est échantillonnaire parce que
03:11pendant cette période de désarmement,
03:13les états-majors d'armée se sont bien débrouillés
03:17pour garder un échantillon de tout
03:19et être capables de faire une remontée en puissance,
03:21ce qu'on est en train de faire actuellement.
03:23Maintenant, les effectifs ont effectivement beaucoup diminué
03:25puisqu'on comptait sur les services militaires,
03:28450 000 hommes à peu près dans les armées il y a 30 ans.
03:32Aujourd'hui, 260 000, dont un peu plus de 200 000 militaires.
03:36Donc, ça a beaucoup baissé.
03:37Mais il faut bien prendre aussi en ligne de compte
03:39la démographie française.
03:41En 2030, nous ne serons plus capables d'avoir les effectifs
03:44qu'on a aujourd'hui, tout simplement parce qu'il y aura
03:47une baisse de la natalité française.
03:51Et donc, ça va conduire naturellement à revoir les effectifs.
03:55La guerre en Ukraine, justement, nous a obligés
03:57à nous interroger sur notre préparation au conflit.
03:59On s'est dit, c'est à la porte, finalement, du pays.
04:03Alors, si une guerre éclatait demain,
04:05si notre pays était attaqué, est-ce qu'on sera en mesure
04:07de se défendre ? Parce que quand on vous écoute,
04:09quand même, on a de quoi s'inquiéter, non ?
04:11Alors, le premier point, c'est qu'on a tendance à croire,
04:14les gens en parlent, est-ce que la France est capable
04:16de résister à la Russie ?
04:18Mais ça n'a jamais été le cas.
04:20J'étais officier opération au deuxième corps d'armée avant 90.
04:23On était toujours dans le cadre de l'Alliance.
04:25Et c'est dans le cadre de l'Alliance.
04:27C'est ça qui nous protège ?
04:28Bien sûr, c'est ce qui nous protège.
04:30C'est l'OTAN qui nous protège.
04:31La première chose qui nous protège, c'est la dissuasion nucléaire.
04:33La France est le seul pays en Europe à disposer
04:36d'une dissuasion nucléaire indépendante.
04:39Au passage, dans les coûts, ça représente 60%
04:43de l'investissement à venir.
04:44Donc, c'est considérable.
04:46Donc, quand on compare la Pologne et l'Allemagne à la France,
04:48on a tort, parce qu'on ne paye pas la même chose.
04:50Nous, on paye, en plus, la dissuasion nucléaire.
04:53Donc, c'est l'OTAN qui nous protègerait.
04:54Mais est-ce qu'on pourrait tenir, quelque part aussi, dans la longueur ?
04:57Alors, on peut aujourd'hui, si vous voulez,
05:00lorsqu'en 2022, il y a eu l'offensive russe,
05:05la France a projeté 1 500 hommes, tout de suite en Roumanie.
05:08Cet été, ça sera une brigade.
05:10En 2027, ça sera 20 000 hommes.
05:12Donc, on monte en puissance.
05:14Et vous avez raison, avec un sujet majeur,
05:16qui sont les sujets de stocks, de munitions, de pièces détachées,
05:20sur lesquelles on faisait un peu l'impasse.
05:21Parce qu'en fait, qu'est-ce qu'on faisait ?
05:23On faisait la guerre contre l'insurrectionnel en Afrique
05:25et on n'avait pas besoin de ça.
05:26Aujourd'hui, on en a besoin et c'est une vraie révolution
05:29pour les armées françaises qui se préparent à partir demain,
05:32s'il faut, mais à partir encore mieux, après-demain,
05:36avec les équipements qu'ils auront.
05:37Merci beaucoup, Général Dominique Trinquant,
05:39d'avoir répondu à mes questions.
05:40Je voudrais conseiller votre dernier ouvrage aux éditions Robert Laffont,
05:44« D'un monde à l'autre ».
05:45Merci à vous.
05:46Merci.

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