• il y a 9 heures

Category

🗞
News
Transcription
00:007h45, il y a du foot ce soir France-Israël, ça se passe au Stade de France et Simon Kolbock,
00:11c'est bien plus qu'un match, on en parle avec votre invité.
00:13Bonjour Corinne Serfati, vous êtes avocate au Barreau de Perpignan, avocate aussi de
00:17l'Observatoire juif de France.
00:18Diriez-vous que ce match, ce soir, est un test pour notre pays ?
00:22C'est un match tout à fait exceptionnel, 4000 gendarmes et policiers qui vont être
00:27mobilisés pour 12 000 supporters, et pourquoi autant de mobilisation de gendarmes et policiers
00:33uniques en France par rapport à un match de football ? Seulement parce que ce sont des
00:38Israéliens qui viennent jouer et des Juifs qui viennent jouer, donc c'est un test, oui,
00:44mais c'est surtout l'expression d'un sentiment d'échec, à mon sens, qui génère quand
00:49même de l'inquiétude mais aussi de la colère de se dire comment et pourquoi on en arrive
00:54là aujourd'hui en France en 2024.
00:56Vous avez vu la semaine dernière, évidemment, ces violences lors de ce match de Coupe d'Europe
01:00à Amsterdam avec notamment des supporters du Maccabi Tel Aviv, est-ce que vous êtes
01:05inquiète pour ce soir ? Est-ce que vous redoutez ce match ?
01:08Redouter peut-être pas parce que je pense que les autorités françaises ont mis en
01:13place un arsenal de sécurité extrêmement important de manière à prévenir tout risque
01:19d'incident, maintenant le risque zéro n'existe pas, donc jusqu'à ce soir on ne peut pas
01:24savoir s'il peut y avoir des débordements ou pas.
01:27Hier, l'un des leaders de la France Insoumise, Manuel Bompard, a appelé à annuler la rencontre,
01:31je le cite au nom des crimes de l'armée israélienne.
01:34Pour vous, cette rencontre, il faut absolument qu'elle ait lieu ?
01:36Absolument, il n'y a aucune raison d'empêcher un match de foot de se tenir dans les conditions
01:42qui étaient prévues.
01:43Je rappelle que c'est particulièrement choquant et inquiétant de voir que l'antisémitisme
01:49s'invite, y compris par la voix de représentants de la nation, d'élus de la nation, l'antisémitisme
01:55s'invite maintenant, y compris sur les terrains de football, dans lesquels je rappelle qu'un
02:01des grands principes qui doit présider ces matchs, c'est le principe de neutralité qui
02:06n'existe plus parce que c'est un match avec Israël et parce que c'est un match avec des
02:10juifs.
02:11Pour ce match, le président Macron sera présent en tribune, les anciens présidents Sarkozy
02:15et Hollande aussi.
02:16Qu'est-ce que ça signifie pour vous ?
02:18Ça signifie que les représentants de la France se lèvent maintenant tous ensemble
02:24pour dire que l'antisémitisme n'est pas possible et nous souhaitons être présents
02:29pour marquer notre soutien face à cette lutte contre l'antisémitisme, c'est comme ça
02:33que je l'interprète.
02:34Il est 7h48 dans Ici Matin, notre invité Simon Colbock, Corinne Serfati, avocate au
02:39bureau Barreau de Perpignan et aussi avocate de l'Observatoire juif de France.
02:43Il y a exactement un an Corinne Serfati, vous étiez venue dans ce studio, on était
02:48alors quelques semaines après les attaques terroristes du Hamas, les attaques du 7 octobre
02:52en Israël et vous nous parliez d'un sentiment d'horreur et de sidération face à la montée
02:57des actes antisémites en France, un climat de peur pour la communauté juive.
03:02Un an plus tard, est-ce que les choses ont évolué ?
03:04Les choses se sont aggravées, l'évolution c'est vers une aggravation de l'antisémitisme,
03:10vers une aggravation du sentiment de peur que ressent toute la population juive en France,
03:16toute la communauté juive en France et peut-être même au-delà, puisque j'aime à rappeler
03:20parce que c'est vrai que l'antisémitisme en France ne concerne pas seulement la population
03:25juive mais concerne toute la société française.
03:27Vous l'avez rappelé, c'est vrai, j'étais venue le 8 novembre, c'est-à-dire un mois
03:31jour pour jour après les massacres du 7 octobre commis par le Hamas en Israël et déjà j'étais
03:38inquiète, mais je n'étais pas la seule, de ce que l'antisémitisme s'était réinventé
03:42sous de nouvelles formes et sous une forme décomplexée totale dès le lendemain du 7 octobre.
03:48C'est-à-dire qu'on n'avait même pas attendu que les victimes israéliennes soient
03:52enterrées que déjà l'antisémitisme se manifestait après le 7 octobre.
03:56Les choses ont empiré, c'est ce que vous nous dites ce matin, comment ça se matérialise
04:00finalement ? Comment ça se caractérise ?
04:03Ça se caractérise par le fait que l'antisémitisme maintenant a envahi tous les domaines de
04:08la société française.
04:09Il n'y a plus un domaine où l'antisémitisme ne sévit pas en France, c'est via les réseaux
04:14sociaux, c'est dans la rue que des hommes et des femmes sont violentés parce que juifs.
04:21On l'a vu cet été dans le tramway à Montpellier, on l'a vu quelques semaines plus tard dans
04:25un métro à Paris, on l'a vu avant avec un homme, Marco, 60 ans, qui a été tabassé
04:31parce que juif et qu'on lui a dit « c'est toi qui tue les enfants en Palestine ». C'est-à-dire
04:36que dans tous les domaines, en ce compris et dans des conditions particulièrement graves,
04:41dans le milieu politique, des députés, nos élus, vous avez cité un nom tout à l'heure,
04:46mais il y a tout un ensemble d'hommes politiques qui sont des faiseurs de haine et qui, usant
04:53et abusant de leur qualité d'élu, transportent un dialogue antisémite entièrement grave
04:59et le dernier domaine qui est atteint, c'est le domaine du sport, ô combien c'était
05:04un domaine qui se devait d'être préservé et même celui-là ne l'est plus.
05:07Vous venez d'ailleurs de déposer plainte contre deux députés, qui sont-ils et pour
05:10quelle raison vous déposez plainte ? Ces deux plaintes ont été déposées contre
05:15Madame Musmer, contre laquelle M. le ministre de l'Intérieur, M. Retailleau, a déclenché
05:22ce que l'on appelle un article 40, c'est-à-dire saisit directement le procureur de la République,
05:28député France Insoumise, et également contre M. Arnaud, le CILFI, les plaintes sont
05:36déposées par rapport aux propos qu'ils ont tous les deux tenus, de justification
05:42des violences qui ont été commises à Amsterdam, à l'encontre des Israéliens parce que juifs,
05:49et dans leurs propos, ils vont au-delà d'une apologie de ce qui s'est passé, des violences
05:56extrêmement graves qui ont été commises, en justifiant, par des prétextes, ces violences
06:01à l'encontre de juifs.
06:02Et qu'est-ce que vous répondez M. Sarfati, qu'est-ce que vous répondez à celles et ceux
06:05qui disent qu'on ne peut plus critiquer la politique d'Israël sans être taxé d'antisémite ?
06:10Je dis que c'est totalement faux et que c'est un raccourci qui ne correspond absolument
06:15pas à la réalité.
06:17Lorsqu'on vient frapper, je vous donne cet exemple, un homme qui s'appelle Marco, qu'on
06:21a prénommé Marco, qui a 60 ans, qui est tabassé, qui est laissé, alors qu'il était
06:26dans une situation extrêmement fragile, qui est laissé au sol après avoir été frappé
06:30violemment.
06:31Vous allez m'expliquer que celui qui l'a frappé, que ses coups sont justifiés ou sont
06:39explicables par le combat de la politique israélienne.
06:43Peut-être pas pour cette affaire-là spécifiquement, mais dans le cadre général, parfois des manifestations
06:49aussi en faveur de la Palestine, on entend parfois aussi qu'on est pro-palestinien,
06:54et bien on est tout de suite antisémite.
06:56Mais être pro-palestinien ne justifie pas de commettre délit ou de faire des appels
07:01aux meurtres ou des appels aux délits ? En aucun cas, ça c'est un vrai raccourci, parce
07:07qu'en aucun cas vous ne verrez devant les juridictions des actions menées contre ceux
07:11qui critiquent la politique israélienne, c'est jamais ça ! Les délits et les crimes
07:18qui sont sanctionnés par les juridictions françaises sont des délits constitutifs
07:22d'apologie du terrorisme, d'incitation à la haine.
07:25Il n'est absolument pas interdit de critiquer la politique israélienne, la politique de
07:29la Russie, la politique de l'armée, n'importe quelle politique.
07:32Ce qui est condamné et ce qui est condamnable, ce sont les délits d'apologie ou les délits
07:39d'incitation à la haine.
07:41Et ceux qui viennent dire « attention maintenant on n'aurait plus le droit de porter un drapeau
07:45palestinien, on n'aurait plus le droit de parler des gens qui se sont tués à Gaza »,
07:50c'est totalement faux ! Personne n'a jamais poursuivi ce genre d'acte, personne !
07:53Comment Corinne Serfati, on endigue cette vague d'antisémitisme qui continue un an
07:58après les massacres du Hamas, comment est-ce qu'on l'endigue ?
08:01Il faut arrêter de se satisfaire de déclarations d'intention.
08:05Les déclarations d'intention ne seront pas un moyen d'endiguer la vague de l'antisémitisme,
08:10il faut que soient mis en place des actions concrètes, un sursaut de la société, un
08:16sursaut avec des plans d'action très concrets de la part des hommes politiques et toujours,
08:21et de plus en plus, des réponses judiciaires qui soient des réponses adaptées, des réponses
08:24fermes face à la montée de l'antisémitisme.
08:26Aujourd'hui ce n'est pas le cas, la justice n'en fait pas assez, n'est pas assez sévère.
08:29Elle en fait, il y a eu des sanctions qui ont été des sanctions extrêmement fortes
08:33dont des sanctions adaptées mais il faut également que ça se poursuive et notamment à l'encontre
08:38de ceux qui sont des élus de la République et qui, eux aussi, quand ils sont des faiseurs
08:42de haine, doivent être condamnés.
08:43Merci beaucoup maître Corinne Serfati, avocate perpignanaise, avocate aussi de l'Observatoire
08:47juif de France, vous étiez l'invité ce matin de France Bleu Roussillon, bonne journée
08:52à vous.
08:53Ce soir France-Israël, c'est aussi un match de foot et on le suivra d'ailleurs sur notre
08:57antenne à l'émission Spécial Foot à partir de 20h30.
09:00Merci pour votre invitation.
09:01Réécoutez les invités de votre matinale d'ici matin sur l'application ici ICI.
09:06La musique, avabax et juste après on va marcher.

Recommandations