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Mardi 12 novembre 2024, SMART TECH reçoit David Lacombled (Président, La villa Numeris)

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Transcription
00:00On parle économie numérique aujourd'hui avec David Lacombelette, président de la Villa Numeris.
00:10Bonjour David. Bonjour Delphine.
00:12Alors plus particulièrement, on va aborder cette question très sensible de la rémunération des transports du haut débit filaire comme mobile,
00:18alors qu'on a un trafic qui ne cesse de croître. Et la question c'est, entre ces plateformes numériques qui occupent nos réseaux et les opérateurs de télécommunications,
00:28qui doit payer ? Je vais vous le dire. Le client payera. Vous, moi, nous. Parce que c'est une affaire aussi ancienne que le web.
00:38Il faut bien le voir. Effectivement, on a des opérateurs de télécommunications qui aimeraient bien avoir une contribution proportionnée,
00:44ce qu'on appelle le « fair share ». En anglais, je paye en fonction de ce que j'utilise, mais qui est contraire à la neutralité même du web,
00:54qui est finalement un peu l'utopie du début de l'Internet, avec une égalité de traitement dans l'accès et dans les flux,
01:05avec cette idée qui était que l'Internet devait être accessible par tous. Alors c'est vrai que les réseaux ont été un peu débordés par leur succès
01:14et que la marge de progression est colossale. Et ensuite, on est sur des réseaux. Et il faut bien voir que, quelle que soit la nature de réseau,
01:20on a toujours cette problématique qui fait qu'on le retrouve même sur des routes. Plus vous avez des grandes routes, plus il y a des camions qui viennent dessus.
01:27Et plus vous avez de camions, plus il faut agrandir les routes et les allonger et avoir des périphériques toujours plus loin.
01:34Et sinon, vous risquez l'engorgement. Et puis on voit mal comment un retour arrière serait possible. Là, on va pas passer de la 4G à la 2G.
01:41D'ailleurs, le réseau va bientôt s'éteindre. Ou du débit filaire de l'ADSL. Je vous mets au pari de réutiliser un modem en 56K, une minute par page minimum de téléchargement.
01:56— C'est vrai que je pense qu'on aurait plus la patience. Puis ça ne marcherait pas de toute façon. Mais alors comment on fait ?
02:00Parce qu'on a donc ces opérateurs qui aimeraient bien avoir ces plateformes très gourmandes en débit participer davantage au réseau.
02:07— Alors les gros pourvoyeurs, c'est qui ? C'est simple. C'est YouTube, Netflix, Facebook et Amazon. Si vous y ajoutez Akamai, qui est un service de cloud de fichiers,
02:20selon l'ARSEP, vous avez là 50% du trafic. Vous ajoutez 25% avec les sites pornographiques. Le quart restant, c'est l'intégralité des autres sites web,
02:33solutions et applications du reste du monde. Et effectivement, à partir du moment où les opérateurs de télécommunications ont renoncé à devenir
02:42eux-mêmes distributeurs de vidéos – rappelez-vous de OCS en particulier –, ils ont renoncé à une certaine forme de retour d'investissement,
02:51d'autant plus que les sommes en jeu sont colossales. Selon l'ARSEP, l'année dernière, ce sont près de 15 milliards d'euros qui ont été investis
03:00par les 4 opérateurs français dans la qualité de leur réseau. Alors certes, la qualité est au rendez-vous – on peut rappeler les opérateurs – Orange, SFR, Bouygues et Free,
03:10et avec en France des tarifs qui sont plutôt moins chers que dans le reste de l'Europe. Néanmoins, il y a des investissements à prendre en charge.
03:18Et on comprend que la tentation soit grande d'aller partager la note. — Eh oui, mais sauf que les plateformes, elles veulent pas en entendre parler.
03:25— Non, parce que tout le monde se mord un peu la queue dans cette affaire et se tient par la barbichette, parce que sans réseau, pas de contenu,
03:34et sans contenu, pas de réseau. Alors les plateformes ont beau jeu de dire qu'elles contribuent à l'économie, aux investissements et au développement
03:41des usages. Google dans les infrastructures, Meta dans les câbles sous-marins qui arrivent au Portugal, Netflix dans la production.
03:49On a vu que c'est devenu un acteur majeur en 10 ans de présence sur notre territoire. Néanmoins, les opérateurs de télécommunications
03:58vont pas arrêter cette course effrénée. Ils se mettraient en danger sur l'attractivité même de leur réseau. Et s'ils décidaient de le faire ensemble,
04:08ça serait une entente. C'est interdit. Et ils ont aussi la menace d'acteurs alternatifs, de constellations de satellites tels que Starlink.
04:16Et au final, une difficulté vis-à-vis de leurs propres clients, parce que quand le film est bon, c'est grâce à Netflix. Mais quand il y a un bug,
04:22c'est de la faute de l'opérateur. — Alors qu'est-ce qu'ils peuvent faire, juste en un mot ? — Il y a 3, 4 opérateurs pas payés en Europe, fois 27.
04:29On est proche de 100, là où vous en avez 3 aux États-Unis. La consolidation du marché me semble inévitable si on veut conserver
04:37une qualité de réseau infinée. — Merci beaucoup, David Lacombele. Merci d'avoir été avec nous. Je rappelle, vous êtes le président
04:45de la Villa Numéris. Et puis merci à tous de nous suivre sur BeSmart for Change. C'était Smartech. On se dit à très bientôt pour de nouvelles discussions sur la tech.

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