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Déjà, arrêtons de dire "plan social", maintenant on dit "plan de sauvegarde de l'emploi"

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😹
Amusant
Transcription
00:00« Charline, l'automne sera rude sur le volet social. Les plans sociaux, entre autres
00:05chez Auchan et Michelin, les appels à la grève et l'austérité budgétaire… »
00:10Oh là là là ! Arrêtez ça tout de suite, c'est beaucoup trop violent ! Déjà, arrêtez
00:14de dire « plan social », maintenant on dit « plan de sauvegarde de l'emploi ». Je
00:17sais, c'est moi qui l'ai inventé ! Je me présente, Virginie, communicante spécialisée
00:21dans l'économie. Dans le métier, on me surnomme la VRP de la casse sociale. En gros,
00:27plus les gens perdent leur emploi, plus j'ai du travail. Ouh là, pardon ! J'ai
00:31dit « perdent leur emploi », je voulais dire « réaménagent leur carrière ». Ça
00:35aussi, c'est de moi. De toute façon, « plan social », c'était malhonnête. C'est
00:38tout sauf social. Aujourd'hui, les grandes entreprises procèdent à des ajustements.
00:42C'est comme ça que quand les gens se retrouvent au chômage, ils disent « je me suis fait
00:44ajuster ». C'est limite valorisant, je trouve. J'ai été deux fois lauréate du
00:49prix de l'euphémisme. Alors, je suis là pour dédiaboliser le chômage. Après tout,
00:53le chômage, c'est quoi ? C'est le temps d'un souffle vers l'avenir. Le carrefour
00:57des chemins en sommeil. La saison des aspirations suspendues. Une halte sur le sentier des carrières.
01:03J'ai été la plume de Bruno Le Maire aussi. Plus socialement c'est la merde, plus ça
01:08m'inspire. Je travaille avec l'économiste que vous avez reçu ce matin, Jean-Marc Daniel.
01:12Mais oui, je lui ai dit « arrête avec ton matraquage fiscal des entreprises, la formule
01:17n'imprime plus ». Je lui ai dit à France Inter « parle-leur de sado-fiscalisme d'atmosphère
01:21». Vous avez kiffé. Actuellement, je gère toute la com' autour de l'automne social.
01:27L'été, on a la canicule. L'hiver, le verglas. C'est vrai qu'il nous manquait
01:30une catastrophe en automne. L'automne, les arbres perdent leurs feuilles et les entreprises
01:35leurs employés. J'exerce un mi-chemin entre la politique et la poésie. Dans la boîte
01:40on me surnomme aussi « Marmar ». Parce qu'ils disent que je suis un croisement entre Marceline
01:44Desbord-Valmore et Marlène Schiappa. Comment j'en suis arrivée là ? Parcours classique,
01:49expo HEC, concours de poésie en cinquième. Les gens qui perdent leur emploi sont en
01:53colère. Et c'est normal, on leur dit « t'es viré », c'est violent. Alors que si on
01:57leur annonce en alexandrin ? « Bonjour Monsieur Martin, je suis ravie de vous voir. C'est
02:01une belle journée pour se dire au revoir. La conjoncture actuelle ne nous laisse pas
02:05le choix. Donc demain matin, rendez-vous à Pôle Emploi ». Allez, le tableau est sombre,
02:10mettez-moi un peu de couleur dans tout ça. Alors je distille les petites formules qu'ensuite
02:13on retrouve parfois dans la presse. « Une cascade d'appels à la grève ». C'est
02:17une jolie cascade. Ça donne un côté bucolique aux mouvements sociaux. On a l'image de
02:21Sophie Binet avec une couronne de fleurs dans les cheveux, sautillant dans un champ de coquelicots
02:25entre République et Nation. Je vois bien que vous ne savez pas toujours comment traiter
02:28ces mauvaises nouvelles. C'est parce que vous n'avez pas une âme de poète. Tenez,
02:32prenons l'exemple de Nicolas. Déjà parce que je l'aime bien. Et puis le faire participer,
02:36ça lui évite de piquer du nez. Il ne sait jamais comment dire à Léa qu'elle est en
02:40retard. Eh bien, dites-lui Léa, je vais réaménager l'échéance de ta plage horaire, afin que
02:45nos objectifs convergent vers le journal de 10h. La CGT parle, elle, de « saignée
02:53industrielle ». Si on laisse dire, dans un mois, on nous parle de la saimbarté limite
02:56du secteur automobile. Écoutez, le marché s'est retourné. Il s'est retourné, voilà,
03:00je vois ça, je prépare les esprits. Alors je suggère « vague de licenciements ». Voyez,
03:05« vague », c'est frais, c'est iodé. Et puis ça a le mérite d'être franc. Visiblement,
03:08l'argent a tellement ruisselé qu'il a remporté des milliers de travailleurs. Moi, j'y peux
03:12Et puis, arrêtez de parler des profits des actionnaires aussi. Dites plutôt… Non, ne dites rien, voilà,
03:17n'en parlez pas, c'est mieux. En revanche, je ne supporte pas les gens qui disent que
03:21les cheminots prennent les Français en otage. Alors là, je dis non ! Quand les cheminots
03:25font grève, ils assassinent la magie de Noël avec leur idéologie marxiste ! Pardon, je
03:31viens de payer 300 euros mon aller-retour pour le Réveillon, je suis un peu tendue sur le sujet.

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