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Retrouvez Ahmed Sparrow sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/ahmed-sparrow-moi-ce-que-j-en-dis

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😹
Amusant
Transcription
00:00Pour finir, il aurait pu choisir une autre radio, mais il a choisi France Inter.
00:03Que serait France Inter sans lui ? Une radio comme les autres, finalement.
00:06Alors merci d'être parmi nous et de faire une chronique sur le thème le plus compliqué
00:10de la semaine.
00:11Bonjour tout le monde, alors le paracolonianisme, je vais vous le dire direct, c'est du colonialisme
00:172.0 en fait, t'es toujours un colon mais t'as juste changé le nom, maintenant tu
00:21te fais plus appeler colon, tu te fais appeler partenaire stratégique, non on colonise plus
00:26avec des armes, maintenant on fait des powerpoints, tu vois, ça change, le discours il a changé
00:29mais le fond c'est le même, on est là, non mais on n'est plus vos maîtres, maintenant
00:32on est des amis, tu vois, toutes ces richesses derrière toi, elles sont à toi, mais c'est
00:36moi qui les garde, parce que sinon tu vas faire n'importe quoi, et si tu veux entreprendre
00:41quelque chose, tu me demandes, d'accord ? Mamadou ? Ok, super ! Le paracolonialisme,
00:46c'est comme si t'avais rendu les clés chez ton ex mais que tu passais tous les jours
00:49pour voir si elle avait encore du jus.
00:50Non, moi ce qui m'a fait rire c'est le paracolonialisme culturel, ça c'est marrant
00:53quand même, parce qu'on a exporté notre langue, notre système éducatif, nos codes
00:56de beauté, et après on s'étonne que les africains veulent venir en France, c'est
00:59comme si j'allais chez une famille en Bretagne, je leur imposais l'arabe, je leur montrais
01:01des vêtements comment faire à manger, et dès qu'ils voudront aller en Algérie, je
01:04leur disais doucement malheureux, ta place c'est à Rennes.
01:08Une autre trace du paracolonialisme, c'est les musées, parce que j'ai compris, moi,
01:13en France, pour remplir ces musées, il faut soit des grands artistes ou soit une bonne
01:16armée.
01:17Non, parce qu'on est la France, pays d'Europe, et on a quand même un musée d'art africain.
01:20Bon, on a changé le nom parce que ça commençait à se voir qu'on avait tout volé, et on
01:24l'a changé par musée du quai Branly Jacques Chirac.
01:27C'est quand même fou de changer le musée d'un art volé en Jacques Chirac, qui est
01:32quand même le plus grand des voleurs.
01:33Les africains, ils doivent être là « mais ils nous narguent en fait ! ». C'est quoi
01:36l'étape d'apprendre un musée sur la guerre d'Algérie appelé musée Jean-Marie Le Pen,
01:39on va où ? Dans nos musées, il y a des œuvres où il y a écrit « Statue africaine, trois
01:43petits points » acquises par Charles de Vilsegg en 1896.
01:47Alors les trois petits points, ça veut dire à coup de fouet et de fusil.
01:49T'imagines si en Afrique, ils avaient des musées des arts francophones ? Il y aurait
01:52des œuvres incroyables.
01:53Voici la tenue d'un membre d'une ancienne tribu française disparue depuis.
01:55Elle s'appelait Liliasiane, et elle pratiquait la tectonique.
01:59Et juste ici, nous avons notre chef-d'œuvre, la statue Léna Maffouf, acquise trois petits
02:04points par un certain Eric Nolo.
02:05Bon là, les trois petits points, ils veulent dire à coup de propos misogynes et racistes.
02:09Même les guides, moi j'aurais pas pu être un bon guide dans des musées, non, parce
02:12que je suis trop honnête.
02:13Moi si j'étais guide, j'aurais été là « vous voyez cette tunique africaine, elle
02:15est belle, et ben on l'a volée ». Non, c'est honnête, c'est honnête et plus simple à
02:19apprendre comme texte.
02:22« Elle est là-bas, elle est pas mal, et ben on l'a volée aussi ». Non, les occidentaux,
02:26ça y est, on doit couper le cordon avec les colonies, ça y est, parce qu'en face,
02:28ils sont pas contents.
02:29Je suis tombé sur une vidéo en Nouvelle-Zélande d'une députée maorie qui protestait contre
02:33des lois racistes.
02:34Vous vous rendez compte ? La Nouvelle-Zélande, c'est là où les maoris sont originaires
02:37de Nouvelle-Zélande.
02:38La Nouvelle-Zélande, c'est quand même le pays où il y a eu le seigneur des anneaux.
02:41Donc ça veut dire que les elfes et les hobbits, c'est bon, mais les maoris, c'est pas bon.
02:46Et pour protester, elle a lancé un haka dans le Parlement et a été rejointe par d'autres maoris.
02:50C'est quand même puissant comme danse, c'est autre chose que le Madison.
02:53Non, on n'a pas d'équivalent, tu imagines, si un député en France, il essaie de lancer
02:56une chenille de protestation, ça n'a effrayé personne.
02:59Non, en vrai, pour conclure, pour conclure, le paracolonialisme, c'est juste une autre
03:03manière de contrôler.
03:04C'est comme la France avec ses bases militaires un peu partout, où les autres, ils sont là.
03:07« Ça y est, vous partez vraiment cette fois ? ». Oui, ça y est.
03:10« Alors pourquoi vous construisez une autre base là-bas ? ». Ah, ça, c'est juste
03:13pour surveiller qu'on est bien parti.
03:15Voilà.
03:16Merci beaucoup de m'avoir écouté, messieurs-dames.
03:17Et j'espère que madame va me mettre une bonne note à moi aussi.
03:20Espérons, espérons, espérons.
03:21Vous lui mettez une bonne note, lui aussi ? Très bonne note.
03:23Très bonne note ? Moi, juste une bonne note.
03:25Oh, Pierre ! On n'est pas dans le même catégorie.
03:27Je suis un professionnel.
03:28Merci encore, Françoise Vergès, de nous avoir initiés au danger du paracolonialisme.
03:32Je rappelle votre dernier ouvrage en date, « Programme de désordre absolu, décoloniser
03:36le musée », publié à la Fabrique Édition.

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