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Il y avait bien longtemps que le Japon n’avait pas connu un tel cycle inflationniste. Mais une hausse des prix à la japonaise. Avec un maximum de 4,3% en janvier 2023, le pic a finalement été très modeste par rapport à ce qu’ont vécu les autres grandes économies avancées et le soufflé est retombé depuis. Pas assez toutefois pour la Banque centrale (BoJ). À 2,4%, sans tenir compte des produits frais, l’inflation dépasse pour le 30ème mois consécutif sa cible de 2%. La BoJ ne pouvait rester sans réaction et c’est pourquoi, après avoir mis fin à ses taux négatifs en mars dernier, elle a relevé son taux directeur plancher de 0,1% à 0,25% en juillet dernier. Ce mouvement marque le début d’une normalisation progressive de la politique monétaire japonaise. Toutefois, en raison de l’historique de déflation du Japon, la Banque centrale agira avec prudence, et les prochaines hausses seront conditionnées par la vigueur et la durabilité des revalorisations salariales en cours. [...]

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00:00Il y a bien longtemps que le Japon n'a pas connu un tel cycle d'inflation.
00:14Mais une hausse des prix à la japonaise, avec un maximum de 4,3% en janvier 2023,
00:19le pic a finalement été très modeste par rapport à ceux qu'ont vécu les autres grandes économies avancées
00:25Et le soufflet est retombé depuis.
00:27Pas assez toutefois pour la Banque centrale.
00:30A 2,4% sans tenir compte des produits frais, l'inflation dépasse pour le 30e mois consécutif sa cible de 2%.
00:37La BOJ ne pouvait pas rester sans réaction.
00:40Et c'est pourquoi, après avoir mis fin à ses taux négatifs en mars dernier,
00:43elle a relevé son taux directeur plancher de 0,1 à 0,25% en juillet dernier.
00:49Ce mouvement marque le début d'une normalisation progressive de la politique monétaire japonaise.
00:55Toutefois, en raison de l'historique de déflation du Japon, la Banque centrale agira avec prudence
01:01et les prochaines hausses seront conditionnées par la vigueur et la durabilité des revalorisations salariales en cours.
01:08Jusqu'en juin dernier, la course poursuite entre l'indice des prix à la consommation et celui des salaires était systématiquement perdue par ce dernier.
01:16Depuis, les salaires réels augmentent.
01:18Ce regain de pouvoir d'achat pourrait redresser le moral des ménages en perte de confiance et relancer leurs achats.
01:25La consommation, restée modérée au premier semestre 2024, devrait se redresser progressivement au second semestre.
01:32Bienvenue, ce sursaut conjoncturel s'inscrit néanmoins dans une tendance beaucoup plus défavorable,
01:37en lien direct avec le vieillissement accéléré du pays.
01:41En cause, un déficit de naissance, dont l'un des marqueurs est l'affaissement du taux de fécondité.
01:46Tombé en dessous du seuil de renouvellement des générations depuis des années, il est descendu à 1,2 enfants par femme.
01:53En peu de bébés, face à un nombre de décès en progression, le solde naturel a viré au rouge et les pays se dépeuplent depuis 2008,
02:01d'autant plus qu'il a fermé les portes à l'immigration.
02:04Ce vieillissement démographique génère un cercle vicieux.
02:07Premier volet, les besoins de consommation et de logement, notamment leurs composantes incompressibles, sont indexés sur la dynamique de la population totale.
02:17Les achats des ménages stagnent ainsi depuis des années.
02:20Quant à la construction neuve, le dépeuplement n'explique pas tout.
02:23Le contexte économique, financier, la surconstruction héritée des périodes d'euphorie immobilière sont aussi intégrés dans l'équation.
02:30Second volet, la capacité à produire des richesses est en partie indexée sur le réservoir de la population en âge de travail.
02:38Moins de naissances aujourd'hui, c'est moins de travailleurs demain.
02:40C'est le second coup de couteau dans la capacité du pays à générer des richesses.
02:44Directement parce que la population active diminue, indirectement parce qu'elle y vit et fait fléchir la productivité.
02:52Cet environnement n'est favorable ni à l'investissement des entreprises locales ni aux investissements directs depuis l'étranger.
02:59Les deux s'affaiblissent et viennent saper la productivité et la croissance, passer d'un rythme de progression de 4,5% l'an dans les années 80 à 1,1% dans les années 90 pour terminer à 0,5% environ depuis le début des années 2000.
03:15Compte tenu d'un début d'année catastrophique, 2024 s'annonce même en baisse.
03:19Toutefois, rapporté à l'évolution de sa population, la performance économique japonaise reste remarquable.
03:26Le pays joue sur deux paramètres.
03:28Le report de l'âge de départ à la retraite pour augmenter le réservoir de main-d'œuvre disponible.
03:35Les droits à pension y sont aussi faibles, ce qui contraint les retraités à rester en activité, même pour des emplois dégradés.
03:42De fait, le Japon a un taux d'emploi des 55-64 ans singulièrement élevé et même au-delà sur la tranche des 60-69 ans.
03:51Deuxième paramètre, investir massivement dans la R&D, les nouvelles technologies, la robotisation, la qualité du système éducatif pour tenter de maintenir une productivité malgré le vieillissement de la population.
04:05Les soubresauts conjoncturels ne doivent pas faire oublier que déclin démographique et économique sont liés.
04:10Longtemps deuxième puissance économique, le Japon s'est fait successivement déborder par la Chine en 2010, l'Allemagne en 2023 et l'Inde étant en buscade.

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