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Ce jeudi 7 novembre 2024 se déroule en France la journée de lutte contre le harcèlement à l'école. Cela fait écho à l'histoire de Noémie, 14 ans, qui est devenue la cible d'un harcèlement à caractère pornographique sur Instagram et Snapchat de la part d'autres élèves de son collège. Ses parents ont assisté à l'effondrement psychologique de leur enfant. Pour éviter le drame et lutter contre l'inertie des responsables du collège et de l'Éducation nationale, ils se lancent à corps perdus dans la bataille. Noémie et son père Gérard témoignent dans RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 07 novembre 2024.

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Transcription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:02Bonsoir Noémie.
00:03Bonsoir.
00:04Bonsoir Gérard Ingenes.
00:05Bonsoir.
00:06Merci de prendre la parole sur RTL, votre livre Noémie est en vie paraît aujourd'hui
00:10aux éditions Robert Laffont et ce n'est pas par hasard puisque c'est aujourd'hui la journée
00:13mondiale de lutte contre le harcèlement à l'école.
00:16Gérard, vous êtes le papa de Noémie, il y a un an, en novembre 2023, vous découvrez
00:20que votre fille est victime d'une rumeur malveillante.
00:23Quelle est votre réaction et de quoi s'agit-il exactement ?
00:26Alors au début, c'est d'abord de la stupéfaction.
00:29Il s'agit d'un harcèlement à connotation sexuelle sur les réseaux sociaux.
00:34Vous imaginez bien quand on a une fille qui a 14 ans, c'est un choc terrible.
00:39On voudrait pouvoir tout de suite arrêter la machine et puis on se rend compte qu'on
00:42n'y arrive pas.
00:43La machine s'emballe.
00:44Alors tout cela pour cadrer évidemment votre établissement scolaire Noémie.
00:47Expliquez-nous comment ça se passe Noémie à l'époque avec vos camarades et ensuite
00:51avec les adultes.
00:52Au début, moi-même, je ne me rendais pas spécialement compte de ce qui m'arrivait
00:56parce qu'on pense toujours que ça arrive aux autres, sauf que non.
00:59Petit à petit, je me suis rendu compte que ce n'était pas normal, qu'ils me regardaient
01:03de plus en plus, je sentais qu'ils parlaient, mais en face de moi, ils ne venaient pas spécialement
01:08me voir puisqu'ils étaient gênés, je pense aussi.
01:10Donc vous êtes confrontée à une rumeur.
01:12Oui.
01:13Et eux vont voir éventuellement des images dont ils ne se demandent même pas s'ils
01:16c'est vous ou pas.
01:17A aucun moment.
01:18A aucun moment ?
01:19A aucun moment.
01:20Quel sentiment vous aviez ?
01:22Un sentiment de honte, un peu, savoir que les gens pensent voir notre corps nu, forcément
01:29de la solitude.
01:30On se sent seule face à un collège, face à beaucoup de problèmes.
01:35J'en parle directement à une amie à moi parce que j'étais proche d'elle et que
01:40je me suis dit quand même qu'il fallait que je m'épaule sur quelqu'un, mais je
01:44n'ai pas spécialement osé en parler aux adultes ou à mes parents.
01:48Pourquoi ?
01:50C'est compliqué de me dire que les gens me voyaient comme une pute parce qu'on
01:57me le disait clairement.
01:58Et c'est compliqué de savoir que les gens pensent voir mon corps.
02:03Moi, je savais très bien que ce n'était pas moi, mais ce n'est pas ça qui change
02:07quelque chose, que ce soit moi ou pas, le sentiment reste le même.
02:11Vous apprenez ça comment, vous, le papa ?
02:13On l'a appris parce que Noémie en a parlé à une copine, donc, qui était elle-même
02:19victime de harcèlement, d'ailleurs, et à la CPE du collège, la conseillère principale
02:25d'éducation.
02:26Mais forcément, au début, c'est toujours un peu confus.
02:30On ne se rend pas compte exactement de quoi il s'agit.
02:33La vidéo, nous ne l'avons jamais vue, ni moi, ni ma femme, ni Noémie.
02:37Nous ne l'avons jamais vue parce que nous n'avons jamais voulu la voir.
02:40Pourquoi nous n'avons jamais voulu la voir ? Parce que ce n'est pas Noémie qui se
02:43trouve sur ces images.
02:44Mais, en revanche, ces images ont circulé avec le nom de Noémie associé, c'est-à-dire
02:49c'est Noémie Ejnes qui est sur cette photo, où on ne voyait pas de visage, bien sûr.
02:53Mais vous trouvez la force de ne pas vérifier, vous, le papa ?
02:56Je ne veux pas créer de tension entre vous, mais...
02:58Je ne peux pas vérifier, je n'ai pas envie d'aller voir un corps nu en train de se caresser
03:02avec ses propres mains, avec la rumeur qui dit que c'est le corps de ma fille.
03:08Alors, je sais bien que ce n'est pas le corps de ma fille, parce qu'on se connaît assez,
03:12on a assez confiance les uns dans les autres, pour savoir qu'il est impossible que des images
03:16de Noémie dans cette situation circulent, ces images n'existent pas, nous en sommes
03:21sûrs.
03:22Ensuite, nous avons immédiatement porté plainte, qui était un acte fort, parce qu'aller dans
03:27une gendarmerie avec son enfant pour porter plainte contre d'autres enfants, c'est difficile.
03:33Alors, c'est une des choses qu'on découvre dans votre livre, c'est que, visiblement,
03:35ça ne sert à rien.
03:36En tout cas, ça n'a pas de suite.
03:37Voilà, c'est-à-dire qu'on est dans un cas d'école tout à fait caricatural.
03:41Le traitement du cas de harcèlement scolaire de Noémie, au niveau des responsables de
03:49son établissement, des responsables du rectorat, des responsables de l'académie, c'est exactement
03:55le contraire du début à la fin de ce qu'il faut faire.
03:57C'est-à-dire que c'est un...
03:59Expliquez-nous.
04:00Lorsque Noémie en a parlé, on nous a dit, il faut aller sur le 30-18.
04:05Elle est allée sur le 30-18, elle a tout expliqué sur le 30-18, elle a eu quelqu'un
04:10qui ne l'a pas vraiment écouté, mais enfin, elle a écrit des choses.
04:12Et ensuite, dès qu'un cas de harcèlement scolaire est décelé, détecté à l'intérieur
04:18d'un établissement, les consignes qui sont données en début d'année scolaire au chef
04:23d'établissement, et auquel j'ai eu accès, car ce livre n'est pas seulement un livre
04:27sur l'histoire de Noémie, mais sur le phénomène du harcèlement scolaire, ces consignes disent
04:30que le responsable d'établissement doit, dans les 48 heures, alerter l'académie.
04:34Or, ni le 30-18, ni le responsable d'établissement n'ont alerté l'académie.
04:40Alors, moi, je vous vois en face de moi, je trouve qu'il y a une complicité et une tendresse
04:43qui me paraît évidente, même s'il y a de la pudeur dans tout ça, mais ce qui est
04:46sûr, c'est que vos rapports ne sont pas facile-facile.
04:48Non, mais bien sûr, parce qu'on a vécu très longtemps en parallèle, on n'a jamais
04:53eu une relation fluide et je dirais que cette relation s'est améliorée.
04:58A cause de cette épreuve ?
04:59A cause de cette épreuve, parce que c'était un désastre.
05:02Nous racontons dans le livre comment nous avons cru la perdre, c'est-à-dire cette
05:07peur du suicide, car c'est un peu ça le véritable problème.
05:11Pardonnez-moi d'utiliser ce terme, mais il y a une scène épouvantable où vous arrivez
05:14chez vous, vous vous inquiétez et vous montez dans sa chambre parce que vous êtes convaincu
05:18qu'il s'est passé quelque chose.
05:19Heureusement, elle fait dodo, je le précise pour vous.
05:22Mais c'est-à-dire que les parents ne peuvent plus mener une vie normale.
05:25On est dans l'inquiétude permanente, parce qu'on a peur de laisser Noémie toute seule,
05:33parce qu'elle est au fin fond de la dépression, elle ne mange plus, elle ne va plus à l'école,
05:39elle vient enfermée dans le noir dans sa chambre jour et nuit, et nous voyons cette
05:43descente aux enfers, nous tendons des mains qu'elle n'arrive plus à saisir.
05:48Et là, on est dans une panique totale.
05:50On ne sait plus ce qu'on doit faire en vérité, parce qu'on n'est pas préparé à ça.
05:54Noémie, est-ce que cette souffrance et cette épreuve que vous avez vécue, elle est bien
05:58derrière vous aujourd'hui ? Est-ce que vous l'avez dépassée ?
06:01Alors, derrière moi, je ne pense pas, je pense qu'elle sera en moi pour toujours, mais je
06:06vais beaucoup mieux, du fait que je ne les croise plus, je ne suis plus dans leur établissement,
06:12et cette histoire est, entre guillemets, finie par rapport au harcèlement que j'ai subi
06:17durant mon année troisième.
06:18Notre ancien Premier ministre et ministre de l'éducation nationale, Gabriel Attal,
06:22vient d'inaugurer l'association Fairface, chargée de former la communauté éducative,
06:27le personnel des établissements, mais aussi les parents.
06:30C'est ce qui nous manque aujourd'hui ?
06:31Ce qui manque, en vérité, c'est le discours envers les parents.
06:36Les estimations disent qu'il y a 700 000 enfants harcelés chaque année.
06:40On part du CE2 jusqu'à la terminale.
06:43Un harceleur n'agit jamais seul.
06:45C'est un phénomène de meute.
06:46C'est rarissime, le harceleur en solitaire.
06:48Imaginons qu'il soit cinq.
06:49Noémie, ils sont bien plus que ça, qu'il soit cinq.
06:52Là, on passe à sept millions et demi de parents.
06:55Sept millions et demi de parents de harceleurs vivent en France.
06:59En ignorant ce que font leurs enfants ?
07:00En ignorant ou en ignorant pas.
07:02Généralement, en ignorant ce que font leurs enfants.
07:05Comment doivent-ils réagir ?
07:06Nous, parents de harcelés, on ne savait pas comment réagir.
07:09Mais si on avait été parents de harceleurs, on n'aurait pas su mieux comment réagir.
07:12À part, si on veut, pour engueuler son enfant, mais ça ne suffit pas.
07:15Donc, il faudrait aussi, à mon avis, organiser des réunions dans les établissements scolaires pour les parents.
07:21Leur dire, voilà ce qui peut arriver.
07:22Votre enfant peut être harcelé et votre enfant peut être harceleur.
07:26Voilà ce qu'idéalement, il faudrait faire dans telle situation et dans l'autre.
07:30La première chose, c'est parler, parler, parler, parler.
07:32Vous allez mieux tous les deux aujourd'hui, visiblement ?
07:35Moi, oui.
07:36Alors, j'ai dit oui aussi, je vote oui.
07:37Mais pour Noémie, aller plus mal pour Noémie aujourd'hui, c'est juste qu'elle se serait suicidée.
07:43Elle ne pouvait pas descendre plus bas avant le suicide.
07:47Elle était inaccessible.
07:49Elle n'était plus dans notre monde.
07:50Mais heureusement, Noémie est en vie.
07:52Et c'est le titre de votre livre qui sort donc aujourd'hui aux éditions Robert Laffont.
07:56Merci à tous les deux.
07:57Merci.
07:59C'est un fait rarissime.
08:00La filière épique est en grève.
08:02Les courses sont annulées aujourd'hui.
08:04En cause, un projet de taxe sur les paris.
08:06Juste après le journal de 18h30, nous nous penchons sur cette grande passion française, le PMU, le Paris Mutuel Urbain.
08:12Puis nous demanderons au journaliste Olivier Petitjean s'il est bien normal que des grandes entreprises françaises aient financé la campagne de Donald Trump.
08:19Il vient de publier une enquête très sévère à ce sujet.
08:21A tout de suite sur RTL.
08:22RTL Soir

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