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Avec la nomination de Marie-Agnès Poussier-Winsback, ministre déléguée chargée de l'Économie sociale et solidaire, les entreprises doivent inverser la tendance de l'économie actuelle. Sophie Vannier, présidente de la Ruche, nous dresse le bilan de l'ESS aujourd'hui en France et met l'accent sur les attentes des entreprises vis-à-vis du nouveau ministère.

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Transcription
00:00Générique
00:06L'invité de Smart Impact, c'est Sophie Vannier. Bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue. Vous êtes l'appréhende de La Ruche. On va parler du poids de l'économie sociale et solidaire dans l'activité française,
00:17des moyens de la booster et donc de ce que vous attendez du gouvernement en la matière.
00:22D'abord, quelques mots pour présenter La Ruche. Vous êtes déjà venue dans cette émission, mais on va présenter quand même ce réseau national.
00:28Combien d'antennes ? Quelle mission ? En effet, La Ruche, c'est un réseau national. On a 17 implantations. On accompagne des entrepreneurs
00:35qui entreprennent dans l'économie sociale et solidaire, notre sujet du jour. On les accompagne du stade de l'idée jusqu'à la croissance,
00:42le changement d'échelle, même la levée de fonds. Et on accompagne aussi des entrepreneurs à se remobiliser, à se rapprocher du monde du travail
00:50quand ils en sont éloignés à travers de la formation et de l'accompagnement à l'entrepreneuriat.
00:55Comment vous choisissez les créatrices et créateurs d'entreprises que vous accompagnez ?
01:00Alors, dans le secteur de l'économie sociale et solidaire, on va justement regarder est-ce qu'ils ont une utilité sociale, environnementale ?
01:05Et du coup, est-ce que c'est au cœur de leur projet de répondre à un défi de société ? Et donc, on regarde aussi la personne.
01:12Est-ce qu'elle est en capacité de mener son projet ? Est-ce que c'est le bon moment ? Est-ce qu'il y a un marché ? Et donc, quand il y a un réseau triptyque
01:17qui est réuni, on se dit que ça vaut le coup d'accompagner la personne pour l'aider à être en réseau, à rencontrer les bonnes personnes.
01:24Et donc, du coup, à dérisquer l'aventure entrepreneuriale. Et c'est bien là notre rôle d'incubateur.
01:29La Ruche est elle-même une entreprise de l'économie sociale et solidaire, c'est ça ?
01:33Tout à fait. La Ruche, on est une entreprise ESUS pour toutes les activités d'incubation de coworking.
01:39Et on a aussi une association qui porte des programmes pour des publics très éloignés de l'emploi.
01:44Par exemple, deux incubateurs pour entrepreneurs réfugiés qui sont portés par notre association.
01:49Alors justement, ce chiffre de millions de personnes éloignées de l'emploi, et quand on dit ça, il y a évidemment des réalités, des histoires
01:57qui sont très différentes les unes des autres. Est-ce que ça veut dire que vous proposez des programmes qui sont adaptés un peu à chaque catégorie d'une certaine façon ?
02:06Est-ce qu'il y a cette idée ?
02:07C'est tout à fait l'idée. L'idée, c'est de dire pour chaque public, il faut un parcours, une proposition spécifique.
02:16On n'a pas les mêmes enjeux quand on est une femme qui souhaite entreprendre, quand on est une personne éloignée de l'emploi dans un milieu rural,
02:24ou quand on est une personne réfugiée. On a des contraintes et on a aussi des compétences différentes.
02:30Et donc nous, on a tout un enjeu de spécifier, d'individualiser les parcours.
02:34Et donc en effet, les deux millions de personnes partout par nous et tous nos collègues de l'ESS ne sont pas adressés de la même façon.
02:41Oui, évidemment. Fin septembre, Marie-Agnès Poussier-Winzbach a été nommée ministre déléguée chargée de l'économie sociale et solidaire.
02:48Vous vous êtes dit enfin ?
02:49Alors, ce qu'on s'est dit déjà, oui, en effet, c'est une bonne nouvelle.
02:53Elle a un rapporteur aussi à l'ESS pour le budget qui est Paul Midi, qui a vraiment fait un travail de consultation des acteurs de l'ESS.
03:00Nous, on a pu le rencontrer. Et donc en effet, c'est un signal positif.
03:04Ensuite, ce qu'il faut vraiment comprendre quand on parle de l'économie sociale et solidaire, c'est qu'il y a un petit regard à changer.
03:09Donc l'économie sociale et solidaire, on sait qu'il y a plusieurs familles qui ont tous des communs, lucrativité limitée ou non lucrative, utilité sociale, gouvernance démocratique.
03:18Mais ce qu'on défend, c'est une vision d'une économie politique sur laquelle on souhaite inverser la tendance.
03:25Donc c'est vrai qu'aujourd'hui, on dit que l'économie sociale et solidaire, ça a du poids, 14% du PIB, 2 millions d'emplois, 200 000 entreprises.
03:33Mais nous, notre volonté, c'est bien d'inverser cette tendance et de dire que l'économie sociale et solidaire,
03:37elle peut répondre aux enjeux qu'on connaît aujourd'hui, cohésion sociale, fractures, urgences climatiques.
03:44Et donc c'est vraiment ce poids sur lequel on veut donner plus de poids du corps et sur lequel on attend la ministre, évidemment.
03:50Alors vous disiez 2,8 millions, nous on avait 2,6 millions, mais nos chiffres doivent un peu dater.
03:54Et ça représente 10% du nombre d'emplois total en France et 14% des emplois du secteur privé.
04:00Est-ce que c'est un modèle qui progresse ou est-ce que c'est un modèle qui a besoin justement,
04:05on revient à ce qu'une entreprise et un réseau comme le vôtre attend du gouvernement,
04:10est-ce que c'est un modèle qui a besoin d'être mieux accompagné et boosté ?
04:15C'est tout à fait. Déjà, c'est un modèle qui progresse.
04:18Déjà, il a été défini par une loi il y a 10 ans qui a ouvert à des entreprises sociales.
04:23La vision de l'ESS change, donc ça progresse.
04:28Il y a des nouveaux entrants, il y a le grand public, l'économie classique qui s'intéresse aussi à ces questions de
04:34quelle est ma raison d'être, comment moi aussi je m'engage dans tous mes enjeux de société.
04:38Donc ça progresse, mais ça ne se développe pas assez vite.
04:41Ça veut dire que les chiffres qu'on a vus, 14% des emplois privés, ils sont en progression ?
04:46Ou c'est plutôt stagnant ?
04:48C'est plutôt on stagne. Disons qu'on reste dans un mouchoir de poche, on progresse.
04:53Mais depuis quelques années, on reste autour de ces chiffres.
04:56Qu'est-ce qui pourrait justement accélérer le développement de l'ESS ?
04:59Alors déjà, je pense qu'il nous faut une vision. C'est là où la ministre peut nous aider.
05:03Aujourd'hui, on a eu une vision de la French Tech, on a eu une vision de la Startup Nation,
05:07on a une vision sur comment la France veut se positionner sur les nouvelles technologies.
05:11En fait, on aimerait bien ne pas être vu comme un contre-pouvoir, mais comme un outil du pouvoir.
05:15Et c'est quoi la vision qui est portée par notre gouvernement sur cette économie-là ?
05:20Donc déjà, si on avait une vision, les sujets de moyens, de budget, je penserais beaucoup plus facile à aborder.
05:26Et depuis, on va remonter au premier mandat d'Emmanuel Macron,
05:31depuis qu'Emmanuel Macron est président de la République, vous n'avez pas le sentiment d'avoir une vision sur cette question ?
05:37Honnêtement, sur l'économie sociale et solidaire, je ne vois pas aujourd'hui qui porte cette vision-là,
05:43à part les organisations qui nous représentent, donc l'Union des employeurs de l'ESS, ESS France.
05:49Mais au sein du gouvernement, ça nécessite vraiment d'avoir un portage plus fort, des prises de parole,
05:54et beaucoup de courage et de créativité pour aller chercher aussi des budgets,
05:59puisque les moyens sont évidemment un sujet prégnant, surtout en ce moment.
06:04Qu'est-ce qui pourrait, rentrons dans le détail, accélérer la croissance de l'économie sociale et solidaire ?
06:08Est-ce qu'il faut, par exemple, un régime fiscal dédié, un régime fiscal spécial ?
06:14Alors ça, moi j'en suis sûre, déjà, un régime fiscal spécial.
06:18On pourrait aborder l'impôt sur les sociétés de façon différente en fonction de où sont reversés les bénéfices,
06:25à l'actionnariat, aux projets. Vraiment, il y a un panel d'outils très intéressant.
06:29Je vous invite à regarder les travaux du mouvement Impact France.
06:32Ce qui pourrait nous aider aussi, c'est changer de regard sur ce qu'on dit, le budget c'est un coût.
06:38En fait, l'ESS c'est un investissement.
06:40Et donc moi, ce que je proposerais, c'est qu'on propose vraiment aux entreprises de l'ESS et à toutes les entreprises
06:46d'avoir des indicateurs différents que les indicateurs financiers, mais les indicateurs extra-financiers,
06:53qui permettent de dire, nous entreprises de l'ESS, la ruche.
06:56On accompagne des personnes éloignées de l'emploi pendant 3 mois.
06:59Au bout de 3 mois, généralement, elles sont en sortie dynamique pour 85% d'entre eux.
07:03En fait, c'est une économie pour la société.
07:05Quand elle retrouve un emploi, elle repart vers une formation.
07:08Et donc ça coûte moins cher à la collectivité de payer un accompagnement vers cette sortie dynamique que des allocations chômage.
07:15Et donc aujourd'hui, je pense que ce qui nous aiderait vraiment, c'est de changer de regard sur ce qui est un coût et ce qui est un investissement.
07:23Aujourd'hui, l'ESS, c'est un investissement puisqu'on rapporte en externalité positive.
07:28Et donc, quand on parle du budget et des coupes budgétaires, en fait, quand on coupe les budgets de l'USS,
07:34il y a beaucoup, beaucoup d'effets de bord sur les personnes les plus fragiles,
07:37mais aussi sur toutes les externalités positives qu'on enclenche au quotidien.
07:40– Quand je vous entends parler de bilan extra-financier,
07:43évidemment, je pense aux nouvelles réglementations européennes, la CRD qui impose un bilan extra-financier.
07:49Alors, pour l'instant, aux très grandes entreprises, puis année après année, ça va redescendre jusqu'au PME côté.
07:56Et donc, d'une certaine façon, par capilarité, toutes les entreprises seront concernées.
08:01Ça va forcément dans le bon sens.
08:04C'est cette logique-là qu'il faudrait renforcer en France ? C'est ce que vous espérez ?
08:09– C'est ce qu'on espère.
08:11Plus de transparence, vraiment de cet effort de regarder l'impact qu'une société a sur son écosystème.
08:21Plus d'encouragement aussi pour les bons élèves.
08:24Donc, vous parliez d'un encouragement fiscal, ben, c'en est un.
08:28– Est-ce qu'il faut changer le statut ?
08:30Le statut ESUS dont vous parliez, entreprise solidaire d'utilité sociale,
08:33est-ce qu'il faut le dépoussiérer, d'une certaine façon ?
08:36– Alors, le statut ESUS, ce n'est pas un statut très ancien, puisqu'il a 10 ans.
08:39– Il a été créé avec la loi.
08:41– Donc, c'est un bon statut.
08:43Mais alors, le statut ESUS, il faut comprendre que c'est que des contraintes
08:46pour l'entreprise qui se l'applique.
08:48Lucrativité limitée, encadrement des salaires,
08:51constitution d'une gouvernance participative.
08:55Mais qu'on a assez peu d'avantages.
08:57Et donc, là aussi, pour dépoussiérer, on a accès à plus de financement.
09:02Dans les commandes publiques, on pourrait avoir une part dédiée aux entreprises ESUS,
09:07ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
09:08Et donc, c'est aussi faciliter la vie business de l'ESUS que de lui ouvrir des marchés.
09:13Et donc, voilà, nous, on aimerait bien, en effet, avoir plus d'avantages,
09:16et pas simplement les contraintes, même si on le fait de bon cœur.
09:19– On l'a bien compris.
09:20Merci beaucoup, Sophie Vanier-Bonvent à La Ruche, et à bientôt sur Bsmart4Change.
09:25On passe tout de suite à notre débat.
09:27On va parler de l'innovation au service de l'électrification du transport routier.

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