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Mathieu Bock-Côté, essayiste et chroniqueur, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils font le point sur les dernières heures de la campagne électorale de Kamala Harris et Donald Trump.

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Transcription
00:00Il est 7h12 sur Europe, un très bon début de journée.
00:02Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le sociologue et essayiste Mathieu Bockcôté.
00:06Bonjour Mathieu !
00:07Bonjour !
00:07Bienvenue sur Europe, on vous écoute aussi du lundi au jeudi dans l'émission Face à l'info sur CNews.
00:13Mathieu Bockcôté, les Américains vont élire leur 47e président,
00:17aujourd'hui selon un mode de scrutin qui est toujours un peu mystérieux pour les Français.
00:20Bon, rappelons, les Etats-Unis, République fédérale composée de 50 Etats,
00:24cette élection présidentielle c'est en fait une addition de 50 scrutins.
00:27Oui, exactement, c'est pour ça qu'on parle beaucoup des swing states,
00:30donc des Etats qui peuvent basculer, parce qu'il y a des Etats qui sont généralement acquis aux démocrates,
00:35on peut penser à New York, il y a des Etats qui sont désormais acquis aux républicains,
00:39ou toujours acquis aux républicains, le Montana, désormais acquis aux républicains, la Floride,
00:44on pense à ça, ou encore la Californie, démocrate.
00:47Et ensuite, tout se joue dans quelques Etats qui sont des Etats pivots, des Etats bascules.
00:51En ce moment, on parle beaucoup de la Pennsylvanie, on parle beaucoup du Michigan,
00:56on parle beaucoup du Wisconsin.
00:57Ils sont un peu partout sur la carte, d'ailleurs, ces Etats qui balancent.
01:00Le cœur de l'élection américaine, c'est de déplacer aujourd'hui vers le nord,
01:04vers le cœur du pays, le nord-ouest un peu, mais le cœur du pays vraiment.
01:09Et qu'est-ce qu'on voit avec ça ?
01:11C'est pour la Pennsylvanie par exemple, ça pourrait se jouer à quelques dizaines de milliers de votes.
01:17Au final, vous pourriez avoir une élection où Kamala Harris a quelques points de pourcentage de plus,
01:22donc 51 pour elle, 49 pour Trump,
01:25mais Trump pourrait l'emporter néanmoins parce qu'il aurait une majorité de grands électeurs.
01:28Voilà, c'est ça, parce que l'élection populaire élit des grands électeurs qui élisent dans un second temps.
01:33Ce qui offre la possibilité, et c'est quand même assez particulier,
01:37d'une égalité parfaite en nombre de grands électeurs.
01:39Il y en a 538, on pourrait faire 269 contre 269.
01:43Alors, ce n'est pas le scénario privilégié.
01:44Oui, c'est possible théoriquement, ce n'est pas le scénario privilégié,
01:47mais en ce moment, vous noterez que les sondeurs parlent tous avec autant de certitude de scénarios incertains.
01:52C'est-à-dire, plusieurs évoquent, considèrent la possibilité d'une sous-évaluation du vote de Kamala Harris.
01:58Et c'est possible, c'est possible aujourd'hui.
02:00On parle inversement de la possibilité d'une sous-évaluation du vote Trump,
02:03comme en 2016, comme en 2020.
02:05C'est possible aussi, parce que c'est...
02:07Alors, je parle de... Est-ce que c'est encore vrai aujourd'hui ?
02:09Certains disent que c'est un vote qui s'est décomplexé.
02:11Oui, on parlait beaucoup des « shy voters »,
02:14des voteurs timides, ceux qui n'osent pas dire qu'ils votent Trump.
02:16Et vous noterez, soit dit en passant, que c'est aussi une méthode inversement des démocrates en ce moment,
02:20au cœur de leur campagne.
02:21Ça consiste à dire aux épouses des électeurs « Trumpistes »
02:25« Ne vous laissez pas dominer par votre mari. »
02:27« En cachette, n'hésitez pas à voter Kamala Harris. »
02:29Donc, c'est au cœur de la propagande démocrate,
02:31c'est qu'on laisse croire qu'il y a chez les électrices,
02:33femmes, blanches en général, c'est vraiment très segmenté,
02:36un électorat qui est officiellement Trumpiste,
02:39mais qui, secrètement, pourrait basculer vers Harris.
02:41Donc, tout le terrain est ouvert pour une grande incertitude.
02:44Alors, je fais appel au sociologue Mathieu Bocoté.
02:46Alors, vous êtes nord-américain, puisque vous êtes québécois.
02:49Je ne veux pas dire canadien, mais enfin...
02:51La nuance est importante.
02:54Les votes Harris, les votes Trump, ce sont des coalitions.
02:58Ce sont des coalitions.
02:59Sur quelle base ?
03:00Qui vote pour Kamala Harris aux États-Unis ?
03:01Qui vote pour Donald Trump ?
03:03Alors, la coalition Harris, on pourrait dire que c'est une coalition
03:05entre l'oligarchie, entre guillemets, et différents,
03:09les minorités au sens large.
03:11Alors, l'oligarchie, on l'a vu ces jours-ci,
03:13j'ai l'impression que tout le botin des artistes d'Hollywood
03:15s'est mobilisé pour en appeler à voter pour Kamala Harris.
03:20Donc, ça, c'est vraiment l'overclass américaine,
03:22les grandes élites américaines qui sont aujourd'hui ralliées
03:25au Parti démocrate.
03:26On le voit aussi, notamment, dans le financement
03:28de la campagne démocrate, qui est une campagne qui est très financée.
03:31Donc, la haute société américaine s'est ralliée à Kamala Harris.
03:34Mais pas le monde des affaires.
03:35Ça, c'est autre chose.
03:36Et ensuite, dans l'électorat Harris,
03:38c'est aussi une coalition de différentes minorités,
03:40ce qui est le plan de la stratégie démocrate,
03:42une forme de Terra Nova à l'américaine,
03:44pour prendre cette image.
03:47Pour le Parti républicain,
03:48ça demeure le parti globalement du plus de l'Amérique,
03:52plus traditionnelle.
03:53On dit généralement l'Amérique blanche, entre guillemets,
03:56mais avec des nuances.
03:57Plus les hommes que les femmes se sont ajoutés.
03:59Et par ailleurs, des Américains qui ont un sentiment de dépossession fort.
04:03Et c'est important.
04:04C'est un vote plus insurgé, aujourd'hui, on pourrait dire un vote insurgé.
04:07Ça va de révolte politique à révolte politique, révolte sociale
04:10auquel s'ajoutent certains le croient.
04:12Certains le croient.
04:13Il y a toujours la coalition s'est élargie avec des minorités.
04:16Alors ça, c'est intéressant de le dire.
04:18On considère que le vote Trump a réussi à faire augmenter le vote
04:21chez les Latinos, chez les Noirs, chez d'autres minorités,
04:24ce qui lui permet d'élargir la coalition républicaine.
04:27Vous noterez une chose assez intéressante.
04:29Au début des années 2000, quand on disait aux Républicains
04:32vous devez augmenter votre appui chez les minorités.
04:35La stratégie proposée, c'était de faire en fait,
04:37ça ne s'appelait pas encore comme ça à l'époque,
04:38mais de l'antitrumpisme,
04:40où on disait vous devez avoir un discours centriste,
04:42modéré, non populiste, presque à gauche
04:44et vous allez avoir les minorités.
04:45Et finalement, paradoxalement,
04:47peut-être c'est le style populiste de Trump
04:49qui réussit à capter les franges de ces minorités
04:53qui s'embourgeoisent peu à peu,
04:55qui rejoignent les classes moyennes
04:56et qui s'identifient de plus en plus à la figure de l'Américain moyen.
04:59Ensuite, vous avez, j'y reviens,
05:01les deux discours, le discours de Kamala Harris,
05:03c'est un discours, c'est l'establishment qui dit
05:05nous devons protéger ce que nous sommes
05:07contre ce vote insurrectionnel devant nous.
05:09Et Trump lui-même se présente comme candidat insurrectionnel.
05:12Vous noterez, dernière chose qui est importante,
05:14que la rhétorique des uns et des autres,
05:15on a l'impression d'être dans un mélange
05:17des années 30 et de guerre froide.
05:19Kamala Harris traite Trump de fasciste,
05:22Hillary Clinton va jusqu'à le traiter de nazi.
05:24Et de l'autre côté, Trump accuse Kamala Harris de communisme.
05:27Donc on est dans les années 30 et les années 50.
05:29Ennemis de l'intérieur aussi.
05:30Mais ils s'accusent mutuellement d'être ennemis de l'intérieur aussi.
05:32Donc c'est une nation irréconciliable.
05:34Oui, en termes de pronostic, Mathieu,
05:35on l'a dit, c'est très compliqué,
05:37mais il y a aussi quand même des forces de fond,
05:39les forces démographiques notamment.
05:41Vous pensez que ça pourrait pencher plutôt de quel côté ?
05:45La démographie est favorable aux démocrates aux Etats-Unis.
05:48Il faut simplement le voir.
05:49La démographie ?
05:50Ensuite, la politique ne se réduit pas à la démographie,
05:53mais c'est une tendance très lourde.
05:54C'est-à-dire ?
05:55C'est-à-dire que globalement,
05:56l'élection américaine présidentielle,
05:58aujourd'hui, les composantes électorales
06:00favorables aux partis démocrates sont plus nombreuses
06:02aujourd'hui que les composantes favorables aux partis républicains.
06:05Ce qui fait, soit dit en passant, ne l'oublions pas,
06:07que plusieurs intellectuels républicains disent
06:09c'est probablement la dernière élection nationale, entre guillemets,
06:12qu'on peut vraiment investir parce que les prochaines,
06:14si on perd celle-là, vu les circonstances,
06:17les élections importantes pour les Républicains vont se jouer
06:19au niveau des Etats plutôt qu'au niveau fédéral,
06:22parce qu'au niveau des Etats, on peut encore gagner,
06:24mais au niveau fédéral, ce n'est plus vraiment possible.
06:26Donc, il y a dans cette élection les germes,
06:29non pas d'une nouvelle guerre de sécession,
06:31mais d'une forme de fragmentation intérieure du pays
06:34où de plus en plus, l'électorat plus à droite,
06:37les Républicains se reporteraient vers les différents Etats
06:40qu'ils peuvent contrôler, qu'ils peuvent gagner en se disant
06:42que Washington est désormais terre politique perdue
06:44pour les Républicains.
06:45Ça, ça fait partie du commentaire de fond
06:48chez les intellectuels républicains aujourd'hui.
06:51Très intéressant.
06:51Merci beaucoup, Mathieu Bocoté, d'être venu nous voir ce matin
06:54sur l'antenne d'Europe 1 et puis bonne élection américaine.
06:56Je sais que vous suivez ça avec passion.

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