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Richard Malka, avocat au barreau de Paris était l'invité du face à face sur BFMTV et RMC ce lundi 4 novembre. Il est notamment revenu sur l'ouverture du procès des adultes, après l'assassinat de Samuel Paty. 

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Transcription
00:008h32 sur BFMTV et RMC, mon invité est l'avocat Richard Malka, bonjour.
00:08Bonjour.
00:09Avocat au barreau de Paris, essayiste, inlassable défenseur de la liberté d'expression, auteur de nombreux ouvrages et de bandes dessinées.
00:15Votre parole est toujours précieusement écoutée Richard Malka, notamment sur les questions de laïcité et c'est pour cela que je voulais vous recevoir aujourd'hui.
00:22C'est précisément pour pouvoir en parler alors que s'ouvre ce nouveau procès, celui des adultes impliqués dans la mort de Samuel Paty.
00:29Ils sont huit jugés par la cour d'assises spéciale qui doit déterminer quel a été le rôle de chacun dans le passage à l'acte d'Abdoula Ansourof.
00:38Richard Malka, est-ce que vous attendez ce matin de la justice, que vous lui demandez de prendre ses responsabilités et de prononcer des peines exemplaires ?
00:49La justice prend toujours ses responsabilités et d'autant plus dans ses affaires de terrorisme.
00:54Elle l'a fait dans les affaires Charlie Hebdo, dans le procès du 13 novembre de Nice.
00:59Je n'ai aucun doute sur le fait qu'après un mois et demi de procès, parce que ça va durer jusqu'au 20 décembre je crois, la cour se retirera et statuera.
01:09Moi je ne demande pas de peine exemplaire, je demande des peines adaptées, des peines justes et je suis certain que ce sera le cas.
01:19Les partis civils avaient été déçus dans un premier procès qui s'était tenu, qui jugeait celui-là, les mineurs, qui avaient fait de Samuel Paty une cible
01:27avec des peines prononcées qui allaient de 14 mois de prison avec sursis à six mois de prison ferme aménagée sous bracelet.
01:33Les partis civils disaient que ce n'est pas assez.
01:36Ça n'appartient pas de le dire. Ce qu'on attend dans ces procès-là, c'est autant des explications que des peines.
01:43Et ce qui est très frustrant, et ce qui l'a été je crois dans ce procès mais comme dans d'autres, c'est quand on a des accusés qui ne parlent pas,
01:51qui ne vont pas en profondeur, qui n'expliquent pas, et ça, ça crée une frustration totale.
01:57Mais c'est malheureusement souvent le cas. On n'apprend pas grand-chose, il n'y a pas beaucoup de travail sur soi, d'analyse,
02:03et c'est regrettable d'autant plus que c'était des mineurs en l'occurrence et que tout était encore possible pour elles.
02:10On va chercher de l'espoir dans ces procès-là et malheureusement on n'en trouve pas souvent.
02:15Dans le procès qui s'ouvre aujourd'hui sur les huit accusés, il y a d'abord un parent d'élève.
02:20Sa fille avait menti au sujet de l'enseignant, au sujet de Samuel Paty, en disant qu'il avait fait sortir de classe les élèves musulmans
02:27pour montrer les caricatures du prophète Mahomet.
02:30C'est ce mensonge qui donne lieu à un raid numérique auquel se greffe un deuxième adulte, un militant islamiste,
02:37qui amplifie, qui nourrit, qui soutient ce cyber harcèlement.
02:41Les deux se défendent en disant finalement nous on n'a jamais voulu la mort de Samuel Paty, on voulait des sanctions administratives.
02:48Est-ce que c'est audible pour vous ? Est-ce qu'ils sont coupables au même titre que le terroriste en armant en quelque sorte son bras ?
02:55En tout cas ce qui est certain c'est qu'il y a un continuum entre ces paroles de haine, ces diffuseurs de haine et les actes qui sont commis.
03:02Là où c'est très intéressant, ce que vous venez de dire c'est qu'à l'origine de toutes ces affaires, il y a un mensonge, il y a des gens qui mentent.
03:10Dans Charlie Hebdo, il y a des imams qui font de fausses caricatures pour enflammer le monde musulman.
03:17Dans cette affaire-là, il y a une jeune fille qui prétend avoir assisté à des propos discriminatoires, à une stigmatisation des musulmans
03:27alors qu'elle n'était même pas dans la classe.
03:29Et le mensonge crée la violence, comme le disait Anna Arendt.
03:34Donc il y a un invariant, c'est le mensonge qui crée une violence.
03:38Et c'est toujours le même objet du mensonge, c'est la victimisation, c'est essayer de jouer sur la culpabilité des gens.
03:46C'est un discours, une rhétorique victimaire qui est propre aux frères musulmans.
03:50Et dans ce cas-là d'ailleurs, ces gens étaient proches des frères musulmans comme celle qui avait inventé les caricatures, les fausses caricatures de Charlie Hebdo.
03:58Il y a des invariants dans toutes ces affaires.
04:00On me l'a dit mille fois Richard Malkaï, on s'étonne d'ailleurs de le redécouvrir.
04:04Parmi les invariants, il y a le mensonge, mais il y a aussi cette nébuleuse très hétérogène.
04:09Je parlais du profil des deux adultes, le parent d'élèves, le militant islamiste,
04:13sont aussi dans le box des accusés deux jeunes qui ont accompagné le terroriste pour acheter des armes.
04:19L'un d'eux l'a ensuite escorté jusqu'au collège du Bois d'Aulne de Confluence à Tonorine.
04:23Il se trouve aussi dans le box des accusés quatre correspondants du terroriste qui, à priori, ne le connaissaient pas davantage que cela,
04:30mais qui ont échangé avec lui et qui l'ont conforté dans son projet au lieu de l'en dissuader,
04:38qui intellectuellement ont accompagné cette épopée mortifère terroriste.
04:44Qu'est-ce que vous espérez de ce procès ?
04:48D'une certaine façon qu'ils disent que soutenir, même à faible grade pour l'expression qui n'est pas très heureuse, une entreprise terroriste, c'est de la complicité ?
04:57Alors oui, bien sûr, en tout cas c'est une association de malfaiteurs terroristes.
05:01On voit dans toutes ces affaires-là aussi qu'il y a un terreau autour de celui qui passe à l'acte,
05:05il y a un écosystème de gens pas forcément dangereux eux-mêmes,
05:09mais qui apportent leur petite participation à la grande entreprise terroriste.
05:14Entre militants islamistes qui propagent le règne numérique et le correspondant qui sur Snapchat ou Telegram lui dit qu'il faut passer à l'acte.
05:23Ça va toujours de parole, du verbe, au début il y a toujours le verbe, un verbe haineux,
05:29et en l'occurrence ça a été le cas sur la toile, et une propagande haineuse, une rhétorique victimaire,
05:36on ne nous respecte pas, nous sommes les victimes, on nous humilie, c'est toujours la même chose.
05:43Et puis ça c'est un moteur de violence terrible, et puis autour de ça il y a des gens qui vont aider, plus ou moins,
05:50et puis il y en a un qui passe à l'acte, c'est toujours le même schéma.
05:54Ils sont tous coupables au même titre pour vous ?
05:56Non, ils ne sont pas tous coupables au même titre, il faut apprécier en fonction de ce qu'a fait chacun,
06:01mais ils ont chacun une responsabilité, il y a un continuum, il y a une ambiance,
06:06et c'est contre cette ambiance qu'il faut se battre, c'est contre ce discours victimaire,
06:09parce que chacun en a notre rôle à ce stade-là, sur le discours ambiant.
06:14Il y a une question qui va aussi planer sur le procès, et on viendra au discours dans quelques instants,
06:20mais pour faire vraiment le tour du procès à proprement parler, c'est la question de la responsabilité de l'État,
06:26puisque la principale du collège et plusieurs enseignants vont être auditionnés.
06:30La famille de Samuel Paty avait jugé que l'État devait interroger sa responsabilité,
06:35est-ce que pour vous c'est une question aussi salutaire à poser ?
06:37Alors il faut quand même toujours rappeler qu'il y a un coupable, c'est celui qui a tué,
06:42et puis il y a éventuellement des complices, mais c'est ni l'État, ni l'éducation nationale,
06:47ça c'est des écrans de fumée.
06:49Alors après, il peut y avoir une responsabilité de ces institutions qui auraient pu mieux faire,
06:55et on peut se poser ces questions-là, mais les seuls coupables ce sont ceux qui sont passés à l'ère.
07:03Comment lutter contre cette ambiance mortifère, cette ambiance pesante qui pèse sur les professeurs ?
07:11Est-ce qu'ils ont pour vous déjà toujours une cible dans le dos, les personnels de l'éducation nationale Richard Malka ?
07:16Ou est-ce qu'après l'assassinat de Samuel Paty, après celui de Dominique Bernard à Arras,
07:21je rappelle que vous êtes l'avocat de la famille de Dominique Bernard,
07:24est-ce qu'il y a eu un tournant et est-ce qu'aujourd'hui les enseignants sont mieux protégés ?
07:28Alors je crois qu'il y a eu une prise de conscience que le pas de vagues a reculé,
07:33le pas de vagues qui a fait tant et tant de dégâts,
07:37la volonté de ne pas en parler, de mettre sous le tapis les problèmes,
07:42ne rien signaler en fait, couchez-vous, plutôt que de faire des vagues.
07:47Et ça, on en a beaucoup souffert, et Samuel Paty est aussi victime de cela,
07:53effectivement, ça, il y a eu un changement, il y a eu une prise de conscience.
07:58Maintenant, est-ce que les enseignants ont une cible dans le dos ?
08:01Il ne faut pas exagérer, mais par contre, ce sont des vrais combattants.
08:06Et moi, je fais des conférences parfois avec des professeurs d'histoire-géographie,
08:10des syndicalistes, ils ne désarment pas, ils ont leur mission à cœur,
08:15ils continuent à enseigner.
08:17Il faut rappeler que dans cette affaire, il faut inlassablement le rappeler,
08:20que Samuel Paty ne faisait que ce qui était au programme, il n'a rien inventé lui-même.
08:25Qu'est-ce qui les met en danger aujourd'hui, ce combat-là, il faut le mener pour quoi ?
08:29Pour enseigner les caricatures, pour enseigner la laïcité ?
08:32La liberté d'expression, l'esprit critique, la liberté de conscience,
08:35le refus des assignations à résidence, y compris religieuses, communautaires et même familiales.
08:41C'est ça, l'école publique, c'est une œuvre d'émancipation, y compris à l'égard de la religion.
08:46Et la manière de répondre à ces attaques, c'est d'être plus unanime, plus ferme et plus laïque.
08:53Et c'est d'enseigner que le fait religieux n'a pas sa place dans l'école publique
08:57et de le réaffirmer avec encore plus de fermeté.
09:00Si on veut enseigner le fait religieux autrement que par l'histoire,
09:04et ça évidemment on peut le faire, il y a des écoles confessionnelles,
09:07on peut mettre ses enfants dans une école catholique, juive, musulmane, tout ce qu'on veut.
09:11Mais l'école publique, c'est laïque, c'est la fabrique de citoyens,
09:14c'est le creuset de la citoyenneté et de l'émancipation,
09:17et de l'acquisition de l'esprit critique, y compris à l'égard du fait religieux.
09:22Et s'il y a une chose à enseigner, c'est que le fait religieux peut être dangereux.
09:26Il y a un chiffre qui m'a frappé ces derniers temps,
09:31qui a été révélé par le ministère de l'Éducation,
09:33c'est le nombre d'adolescents qui représente les mises en examen,
09:36présentées dans les mises en examen pour l'association de malfaiteurs terroristes.
09:39Ils étaient 1% en 2022, ils sont 21% sur les 7 premiers mois de 2024.
09:4421% des mises en examen pour l'association de malfaiteurs terroristes
09:47sur les 7 premiers mois de l'année, ce sont des adolescents.
09:51Après l'attentat d'Arras, après le meurtre de Dominique Bernard,
09:56Gabriel Attal, alors ministre de l'Éducation nationale,
09:58avait évoqué cette idée de sortir les élèves radicalisés des établissements scolaires
10:02au nom du principe de précaution, de les mettre à part.
10:05On n'a plus jamais entendu parler de ce projet.
10:07Est-ce que pour vous, pour protéger les professeurs,
10:10pour faire en sorte que ce pas de vague s'installe,
10:12qu'ils n'aient pas peur d'enseigner l'esprit critique,
10:15y compris face aux faits religieux,
10:17est-ce qu'il faut mettre à part les élèves radicalisés ?
10:19Mais moi je crois qu'ils n'ont pas peur.
10:21En tout cas, ceux que je rencontre, ils sont inquiets.
10:24Peut-être que d'ailleurs, peut-être qu'ils ont peur,
10:28mais ils le font, ils l'enseignent, ils ne l'ont pas renoncé.
10:31Au mois de mars dernier, vous disiez qu'il y avait une forme de solitude,
10:33des agressions à la table, etc.
10:36Donc il y a de fait un peu d'inquiétude.
10:38Mais la question c'est, est-ce qu'il faut sortir les élèves radicalisés
10:41pour faire en sorte qu'ils aient davantage les mains libres ?
10:44Et alors, si ce n'est pas de la peur, qu'il n'y ait pas cette préoccupation ?
10:48Alors, qu'ils aient une inquiétude, on le comprend.
10:51Il faut quand même revenir sur l'énormité de ce qui s'est passé.
10:54Ça faisait 250 ans qu'il n'y avait pas eu une personne exécutée
10:59pour blasphème dans ce pays depuis Charlie Hebdo,
11:02depuis le Chevalier de la Barbe jusqu'à Charlie Hebdo.
11:06Ça fait je ne sais combien de siècles qu'on n'a pas tué un enseignant
11:11et en le décapitant.
11:13Je n'ai même pas la mémoire de ça.
11:15C'est énorme ce qui s'est passé.
11:17Vraiment, ça devrait tous nous faire réfléchir.
11:20Je ne sais pas si on a encore réalisé l'énormité de cet acte-là.
11:23Donc qu'ils aient, que les professeurs soient frappés de cette réalité.
11:29C'est le retour de la barbarie religieuse qui avait disparu.
11:32Donc qu'ils soient frappés de cela, évidemment, on le comprend.
11:36Qu'il y ait des mesures à prendre quand cette réalité inquiétante
11:39dont vous parlez sur les jeunes personnes, ça c'est certain.
11:43Oui, bien sûr, il y a des prises en charge nécessaires.
11:46Il y a une fermeté absolue à avoir à leur égard,
11:50à celle de leurs parents, à celle de leur entourage,
11:52parce que ça s'est passé et puis ça s'est repassé,
11:55vous l'avez indiqué avec Dominique Bernard,
11:57et on n'est pas à l'abri.
11:59Donc oui, il y a...
12:00Il y a le proviseur du lycée Maurice Ravel à Paris,
12:04qui lui aussi a dû se mettre en retrait, inquiété.
12:08Fermeté, unanimité, laïcité.
12:11Richard Malka, vous évoquiez Charlie Hebdo il y a quelques instants.
12:14En janvier prochain, cela fera 10 ans que Charlie Hebdo aura été la cible,
12:20la victime d'une entreprise terroriste.
12:23Il y a quelques jours, nous avons appris le décès de Simon Fieschi,
12:28qui nous a quittés.
12:29C'est le responsable du web et des réseaux sociaux de Charlie Hebdo,
12:33et l'un des premiers à s'être pris les rafales de balles
12:35lors des attentats de 2015.
12:37Il s'est battu toute sa vie ensuite pour se reconstruire
12:41et pour parler de laïcité, en allant d'ailleurs dans les écoles notamment,
12:44pour parler aux élèves et pour soutenir les professeurs.
12:47Qu'est-ce que l'on doit garder en mémoire de Simon Fieschi ?
12:51Son incroyable attention à l'autre, c'était stupéfiant.
12:57Je venais de passer un mois avec lui au cours du procès de Peter Scheriff,
13:02une des personnes accusées d'avoir participé aux attentats de Charlie Hebdo.
13:06Il était là de la première à la dernière minute dans tous les procès
13:09et il était d'une attention incroyable à l'autre, y compris aux accusés,
13:13parce que je crois qu'il y cherchait du sens, c'est ce que je vous disais,
13:17de l'humanité, de l'espoir, y compris chez les accusés.
13:20C'est-à-dire que c'est tout l'inverse de ces assassins de Charlie Hebdo,
13:24comme de Samuel Paty, comme de Dominique Bernard,
13:27qui eux veulent soumettre l'autre et à défaut l'anéantir.
13:31Richard Malka, disons de Charlie Hebdo, qu'est-ce qui va se passer en janvier prochain ?
13:37Est-ce que vous savez s'il y a des commémorations prévues ?
13:41S'il y aura un geste au plus haut niveau ?
13:45Faudra marquer le coup, disons de Charlie Hebdo, vous le disiez.
13:48Vous savez, moi, nous, on n'attend rien.
13:51Les hommages, on comprend et c'est nécessaire.
13:55Mais ce qui est encore plus nécessaire, c'est de continuer à combattre.
13:59Donc, le plus haut niveau, pas le plus haut niveau…
14:02« Je suis Charlie » apparaît comme un slogan de moins en moins universel ?
14:06Dix ans après ?
14:08Ça, c'est certain, il y a même des gens qui disent « Je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Nice »
14:12et qui accompagnent le président de la République dans des avions en voyage officiel.
14:16Vous évoquez Yacine Bellatare, l'humoriste qui accompagnait Emmanuel Macron au Maroc,
14:20il n'était pas à sa place pour vous ?
14:23Je crois… Quelqu'un qui dit que Samuel Paty a craqué,
14:28qui anime le gala du CCIF, dissous par un ministre de ce président,
14:34qui dit qu'un ministre de ce président n'a pas sa place dans le 9-3,
14:37qui dit qu'il n'est pas Nice, qu'il n'est pas Charlie Hebdo
14:40et qui est condamné pour menace de mort,
14:43alors que nous on passe notre temps dans les salles d'audience à dire que c'est grave
14:47et qu'il se retrouve invité sur nos fonds par le président de la République en majesté,
14:53c'est moralement obscène.
14:56C'est moralement obscène et politiquement irresponsable.
15:01Je vais rester peut-être sur la mémoire des caricaturistes, des dessinateurs de Charlie
15:06pour rester sur ces dix ans et sur les hommages qui seront rendus.
15:11Est-ce que la France de 2024 est à la hauteur de l'héritage laissé par Cabu, Charb, Tinnous et les autres ?
15:20Je crois que le peuple de France l'est.
15:23Qui sont leurs héritiers aujourd'hui ?
15:25On en reçoit des témoignages tous les jours.
15:28Parfois, dans les milieux politiques, universitaires, médiatiques, artistiques,
15:35on est un peu plus peureux.
15:38Et on est de moins en moins Charlie parfois aussi dans ces domaines-là.
15:42Ça arrive.
15:43Il y a même des professeurs du Collège de France qui considèrent
15:47que Samuel Paty n'aurait pas dû montrer ses caricatures.
15:50Le droit à la caricature, le droit à la liberté a reculé en dix ans pour vous ?
15:54La liberté d'expression ?
15:56Mais c'est toujours un combat.
15:58C'est jamais acquis pour toujours.
16:00Donc c'est normal qu'il faille combattre.
16:02Mais parfois, on aimerait plus de cohérence au sommet de l'État.
16:05Je vais vous parler d'une combattante ce matin,
16:07Richard Malka, qui s'appelle Aou Dariaï.
16:10Et j'espère bien prononcer son nom.
16:12C'est l'étudiante iranienne.
16:13C'est une sacrée combattante.
16:14En train de devenir une icône, une de plus,
16:16de la résistance contre l'Emola et contre le régime de répression iranien.
16:20Filmée dévêtue, les cheveux à l'air libre,
16:23déambulée sur le campus de son université de Téhéran.
16:27Un geste de protestation après que la police des mœurs
16:29eut à reprocher de mal porter son voile.
16:31Que vous inspire cette vidéo devenue virale ?
16:33Certains la comparent désormais à cette image historique
16:36de l'étudiant qui s'est dressé face à la colonne de chars
16:38sur la place Tiananmen en Chine.
16:40Il y a quelque chose comme ça.
16:42Évidemment, toute mon admiration,
16:44comme à toutes ces femmes iraniennes
16:46et comme à toutes ces femmes afghanes
16:48qui n'ont même plus le droit de parler entre elles
16:51depuis quelques jours.
16:52La communauté internationale, elle peut faire quelque chose
16:54pour cette jeune fille ?
16:55Elle fait très grand chose, en fait.
16:57Et puis, elle en dit même pas très long.
17:01Cette femme est incroyable.
17:02Et cette image-là est stupéfiante de courage.
17:06Il faut l'honorer.
17:08Il y a un commentaire qui déchaîne les passions ce matin.
17:10C'est celui de Sandrine Rousseau
17:12qui a écrit ceci sur les réseaux sociaux
17:14« Notre corps et tout ce que l'on met ou pas
17:16pour le vêtir nous appartient, force aux Iraniennes, aux Afghanes.
17:19Et à toutes celles qui subissent l'oppression,
17:21certains l'accusent de mettre en parallèle
17:23ces femmes qui se battent pour retirer le voile
17:25et celles qui le portent. »
17:27Un commentaire.
17:28Alors, j'ai vraiment du mal à comprendre
17:31comment on peut faire ici du voile
17:35un symbole de liberté
17:37alors que là-bas, c'est un symbole de mort.
17:40Et j'ai vraiment du mal à comprendre
17:42comment des gens qui se revendiquent de gauche
17:44peuvent tenir ce discours-là.
17:46De dire qu'un instrument de mort
17:49serait ici un instrument de liberté,
17:52un instrument de mort pour des millions
17:54et des millions de femmes.
17:56Des millions et des millions de femmes
17:58qui ont été égorgées parce qu'elles ne portaient pas le voile,
18:01défigurées en Algérie,
18:03emprisonnées, tuées en Iran, en Afghanistan.
18:07Il n'y a pas d'autre combat,
18:09quand on est de gauche, que de défendre ça ?
18:11– Vous avez des mots très durs sur la gauche
18:13et sur notamment la France insoumise par le passé.
18:15– Mais pas que, j'en ai prononcé quelques-uns sur le président.
18:17– Oui, quelques-uns sur le président de la République,
18:19mais sur ces questions de laïcité, j'ai le souvenir
18:21de phrases et de propos de votre part
18:23extrêmement durs et extrêmement sévères
18:25à l'endroit de Jean-Luc Mélenchon.
18:27Enfin, sévères, je ne sais pas, c'est un commentaire de ma part,
18:29il est peut-être inapproprié.
18:31La France insoumise qui appelle à boycotter
18:33par la voix de Louis Boyard
18:35l'équipe d'Israël qui joue bientôt,
18:37c'est du football, 14 novembre prochain,
18:39France-Israël au Stade de France,
18:41il faut boycotter l'équipe d'Israël,
18:43dit Louis Boyard, la rencontre face à ces menaces
18:45se tiendra vraisemblablement en jauge réduite,
18:48c'est ce que nous a annoncé Bruno Retailleau
18:50vendredi à ce même micro.
18:52Est-ce que vous le regrettez ?
18:55J'imagine qu'il y a des impératifs de sécurité
18:58qui sont appréciés par le ministère de l'Intérieur,
19:00bien sûr que je le regrette,
19:02mais je ne peux pas contester une décision sécuritaire.
19:05Après, il y a une surenchère
19:07du côté de la France insoumise,
19:09mais vous me dites que je parle durement,
19:11la liberté de parole,
19:13enfin ma liberté de parole,
19:15en tout cas je l'exerce
19:17pour dire des...
19:19pas pour offrir des éléments de langage
19:22et de l'eau tiède, ça ne sert à rien.
19:24C'est fait pour être utilisé.
19:27La cause de la liberté d'expression
19:29et pour faire avancer la cause de la laïcité.
19:31Et vous reviendrez nous voir, Richard Malta,
19:33en janvier prochain ?
19:35Je ne sais pas si ce sera avec plaisir,
19:37mais je reviendrai.
19:38Merci beaucoup à vous d'être venu à ce micro
19:40ce matin à 8h52 sur AMC et BFM TV.
19:42Merci à vous.
19:43Bonne journée à vous et bonne journée à tous.

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