Le secrétaire général Le Millénaire Matthieu Hocque était l’invité de 100% Politique Week-end ce samedi 2 novembre sur CNEWS. Il s’est exprimé au sujet de l'explosion des violences dans les banlieues : «Faire l'intégration aujourd'hui n'est pas possible en l'état»
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00:00Moi, je pense que le plan pour l'intégration est une bonne chose,
00:03mais en fait, on ne pourra jamais faire d'intégration
00:06si par cas on n'a pas opéré ce qu'on appelle la reconquête des territoires,
00:10c'est-à-dire que spatialement, il y a trop de ruptures.
00:12Le niveau de déliquescence des quartiers prioritaires de la ville
00:17est à un tel niveau, à atteindre un tel plafond
00:20que faire l'intégration aujourd'hui n'est pas possible, je pense, en l'État.
00:24Il faut d'abord, effectivement c'est important,
00:26mais il faut d'abord reconquérir le territoire.
00:28Pourquoi ? Parce que quand on voit aujourd'hui les émeutes,
00:31on vous avait parlé tout à l'heure des émeutes urbaines de 2023.
00:34Ce que l'on voit, c'est que les émeutes urbaines en France
00:36répondent de plus en plus à une logique d'insurrection pour plusieurs motifs.
00:40Le premier motif, c'est que vous avez des émeutiers qui ont un mode opératoire
00:43qui est clairement, explicitement défini depuis 2005,
00:46c'est-à-dire brûler des voitures pour pouvoir empêcher les policiers
00:49d'intervenir dans certains quartiers, s'organiser spatialement
00:51pour pouvoir mettre en place ce qu'on appelle des coupes-gorges dans les quartiers
00:54où les policiers ne peuvent plus entrer aujourd'hui dans certains quartiers.
00:57Ensuite, le deuxième point, c'est que les émeutiers maintenant
00:59n'ont plus peur de l'arsenal réglementaire et n'ont plus peur de la police
01:03et de tout ce qui fait le régalien aujourd'hui,
01:08puisqu'ils sont capables aujourd'hui de tirer sur la police depuis les émeutes de 2007.
01:12C'est des émeutes moins connues, mais où on avait eu pour la première fois
01:13des jeunes qui avaient tiré sur des policiers.
01:16Et ce que l'on voit aujourd'hui, selon laquoi on assiste,
01:18c'est un niveau de délicatescence de ces territoires
01:20qui est marqué par justement une surreprésentation massive,
01:23d'une part des jeunes, des très jeunes, comme on l'avait dit en 2005,
01:27c'était moins de 20% des émeutiers qui étaient mineurs.
01:30En 2023, c'est plus de 50%.
01:33Donc ça, c'est le premier point.
01:34Deuxième point, vous avez raison,
01:35c'est là où on revient sur la question d'intégration,
01:37c'est qu'il y a une surreprésentation des étrangers
01:40dans la délinquance aujourd'hui et dans la délinquance urbaine.
01:4317% des faits de délinquance sont le fait d'étrangers,
01:46alors qu'ils représentent 8 à 10% de la population.
01:48Et donc, quand vous arrivez à ce niveau de délicatescence,
01:50il faut d'abord reconquérir le territoire.
01:53Nous, on propose notamment un état d'urgence
01:55pour pouvoir localiser un petit peu sur le modèle
01:57de ce qu'avait fait Dominique de Villepin en 2005,
01:59pour pouvoir mettre l'arsenal réglementaire et juridique
02:02pour mettre le paquet sur ces territoires-là.
02:04Et puis ensuite, après, effectivement,
02:06dans un second temps, on peut reconstruire ces territoires
02:08avec effectivement une politique de la ville
02:10qui soit complètement rénovée,
02:11parce que le tout social ne fonctionne pas.
02:13Il faut plutôt revaloriser le travail dans ces quartiers-là.
02:16Et puis, effectivement, vous avez raison,
02:17l'intégration et l'assimilation.
02:19Mais d'abord, les choses, chacune après les autres,
02:23d'abord la reconquête.
02:24Et puis ensuite, après, la destruction des tours,
02:26parce que les tours, ce n'est pas un environnement
02:28qui est propice à cela.
02:29Et puis ensuite, après, la reconstruction.