Situation chaotique à Valence, quelques jours après les inondations meurtrières

Sud Radio

la semaine dernière

Avec Christine Zamarreno, Française actuellement à Valence où elle a de la famille dans le quartier de la Torre

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00:00Je le disais, plus de deux jours après les inondations absolument dramatiques qui ont frappé la région de Valence,

00:09la situation est assez compliquée. Les magasins sont peu, voire pas alimentés et certains habitants dans les zones les plus sinistrées

00:16redoutent même des pillages. Alors on en parle avec notre invitée qui est sur place. Bonjour Christine Zamareno.

00:23Oui bonjour.

00:25Bienvenue à vous sur Sud Radio. Merci beaucoup de nous rejoindre d'aussi bon matin. Surtout en cette fin de semaine après avoir vécu de si fortes émotions.

00:32Vous êtes française, vous êtes actuellement à Valence dans la ville c'est ça ?

00:36Non, là actuellement je me trouve à Puella. C'est une station balnéaire qui se trouve au sud de Valence à 20 kilomètres au sud.

00:49Oui effectivement.

00:51Alors vous avez de la famille aussi dans le quartier de la Torée je crois et vous avez passé cette semaine, c'est pour ça que je parlais de fortes émotions,

00:57de la nuit de mercredi à jeudi coincée avec votre mari. C'est peu commun dans un Ikea. Ça a duré combien de temps d'abord ce petit cauchemar ?

01:05Je dirais trois jours finalement parce qu'en fait on est parti de Valence en voiture pour retourner chez nous et j'ai été sur l'autoroute quand j'ai fait le caprice d'arrête-moi Ikea,

01:22je voudrais acheter 2-3 bagnoles. Finalement ça a été très très vite, c'est à dire qu'on est dans la zone commerciale de cette enseigne suédoise

01:34quand tout d'un coup il y a des annonces qui sont faites au micro, on demande au client de déplacer le véhicule, les véhicules qui sont situés au parking du rez-de-chaussée

01:45pour les monter au premier étage en nous disant qu'il y avait le parking qui était en train de s'inonder. Donc pour nous c'était des inondations, il ne pleuvait pas vraiment à Valence,

01:56on avait passé la journée, il y avait énormément de vent mais un petit crachin mais vraiment pas de pluie. Donc mon mari est descendu, moi je suis restée dans la zone commerciale

02:10et finalement il y a quelqu'un du magasin qui est venu pour nous demander de sortir de la zone commerciale et de monter nos réfugiés à la cafétéria.

02:22Et là je me suis dit il y a quelque chose qui n'est pas vraiment normal. Donc je sors par la sortie sans achat et je vois énormément de monde agglutiné à l'extérieur

02:38et là je me suis dit il y a quelque chose de bizarre et en fait j'arrive et là je hurle, mais vraiment je hurle parce que je vois du courant qui emportait tout,

02:55des voitures, des poubelles, des canapés ou que je ne sais pas d'où ça sortait, des palais et je comprends la situation que finalement mon mari était dans le parking avec la voiture.

03:10Et là c'est panique à bord avec de la pluie, je l'appelle finalement il me dit qu'il a dérivé, qu'il est en train de dériver, qu'il est dans la voiture, qu'il y a de l'eau dans la voiture et qu'il est en train de dériver tout simplement.

03:26Donc je rejoins le secteur de la cafétéria, donc l'eau montait, le portable des fois ça passait plus, j'ai eu mon mari à minuit et il me demande d'arrêter d'appeler parce qu'en fait il a de l'eau qui monte jusqu'aux genoux.

03:49Donc il me demande si ça commence à baisser, est-ce que ça continue de monter Christine ? Et il me dit je suis sur le toit de la voiture, je suis montée sur le toit de la voiture, elle s'est encastrée, elle est bloquée et là je tiens un poteau, donc arrête de m'appeler, je vais essayer de rester comme ça, il ne faut pas que je bouge et après je n'ai pas eu de nouvelles.

04:17Et la décrue a commencé, donc dans le magasin les secours commençaient à s'organiser, donc finalement le premier niveau, les gens, les employés ont sorti des canapés, des couvertures, des coussins, des peignoirs, des serviettes et des fauteuils roulants ont été mis en bas des escalators.

04:46Donc les hommes sont sortis avec les lampes, les cordes et là on a improvisé des secours, donc les hommes remontaient à bout de bras, les gens dans les fauteuils roulants, il y avait de tout, des mots, des personnes âgées, donc il fallait les déshabiller, mettre les vêtements des employés, il y avait des boissons chaudes.

05:11Tout le monde s'est entraîné pendant cette durée, vous êtes resté à l'intérieur de cette Ikea ?

05:15Non, non, non, la situation est que c'est ce qu'on voit à l'heure actuelle, vraiment, c'est-à-dire qu'il y en a qui sont restés à la cafétéria, qui sont restés manger, piquer toutes les bouteilles d'eau, qui voulaient des matelas pour dormir et qui ont gonflé toute la nuit, moi je suis restée en bas, je ne pouvais pas dormir et des gens qui ont voulu aider les autres et c'est ce qu'on voit à l'heure actuelle.

05:38Parce qu'effectivement, il y a des scènes de pillages qui sont atroces et à la fois je vois beaucoup de Valenciens, mais des milliers de personnes qui affluent pour aider, quand il y a des catastrophes comme ça, l'humain peut devenir vraiment extraordinaire ou vraiment très bête, c'est l'un ou l'autre.

05:56Alors la question la plus importante, parce que je pense que tous ceux qui nous écoutent se posent la même question, ma chère Christine Zamareno, comment ça s'est passé pour votre mari, vous l'avez retrouvé, est-ce qu'il va bien, est-ce que vous vous êtes retrouvée ?

06:10Alors, je suis dans l'angoisse et au bout d'un moment je me dis qu'il faut que je voie, j'appelle et là le portable tombe direct sur le répondeur. Donc là je me dis qu'il y a deux solutions, le portable est tombé dans l'eau ou alors finalement il a lâché, il a été emporté par le courant, bon ben voilà quoi, qu'est-ce que je fais ?

06:33Qu'est-ce que je fais ? Je ne savais pas, je n'arrivais pas à me concentrer, je suis restée pourtant calme parce que je me suis dit, ben là demain je fais quoi, il faut que j'appelle mes enfants, qu'est-ce que je leur dis que leur père il a disparu, et finalement 3h du matin, le téléphone sonne, donc moi j'étais avec des femmes, avec des Espagnols, le téléphone sonne,

07:02et là, ben ils ont compris, après ils ont été gentils, ils m'ont pris dans les bras, ils m'ont dit ah, gracias, adios, va bien, je suis heureuse, mon mari me dit je suis, j'étais secourue, je suis dans une enseigne de bricolage qui était au moins à 200-300 mètres.

07:20Quel sacré soulagement quand même !

07:23Oui, et donc en fait, à 8h du matin, il est arrivé, donc il avait pu ses vêtements, il avait des chaussures de sécurité, il était avec 2 t-shirts, c'était un panne, les t-shirts des employés, donc on a passé la matinée, il s'est reposé un peu et à partir de là on a décidé de quitter ce magasin suédois en nous disant,

07:52bon qu'est-ce qu'on fait, et je me suis dit, il y a ma tante qui habite à La Toré, on va essayer d'aller chez elle, donc je les avais eus au téléphone pour savoir comment ils allaient, j'ai dit je suis alpha phare, ils m'ont dit si t'as besoin, viens chez nous, alors là on décide d'y aller, mais là, c'est une vision apocalyptique,

08:13mais vraiment, c'est-à-dire qu'on se retrouve dans des flaques d'eau pleines de bruit, il y avait des carcasses de voitures, les rues qui étaient bloquées, les pillages qui commençaient, c'était une horreur totale, donc on a essayé de contourner, finalement, avec les tas de voitures, on pouvait pas accéder à la route, donc on a décidé de passer par la voie de chemin de fer,

08:40et la voie de chemin de fer qui va à Valence était devenue un boulevard, c'est-à-dire qu'il y avait des gens qui essayaient de regagner la vie, d'autres qui revenaient avec de l'eau, des sacs de plaies, avec de la nourriture, mais apocalyptique, on aurait dit une scène de guerre.

08:57En ce moment-là, concrètement, ma chère Christine Zamareno, vous êtes avec votre mari, c'est ça, vous avez rejoint votre famille, vous êtes en sécurité ?

09:05Là, à l'heure actuelle, je suis partie, là je suis à Couillera, mais ensuite je suis restée deux jours à La Torre, La Torre est hyper sinistrée, donc en fait on s'est retrouvés dans un quartier qui est totalement dévasté,

09:28donc hier il y avait eu, non c'était avant-hier, on a passé la soirée à la bougie, il y avait eu des coupures d'électricité, mais lorsque je suis arrivée chez ma tante, si vous voulez, les premiers réflexes ont été sur tout leur lien,

09:44c'est génial, vous avez l'eau et l'électricité, parce que toute la zone safar qu'on a dit, les gens n'ont plus rien, il n'y a plus d'eau, il n'y a plus d'électricité depuis la tempête.

09:57Donc en fait, les bénévoles arrivent de la capitale, les gens sont désespérés, c'est-à-dire qu'ils attendent les uniformes de l'armée, qu'on ne voit pas, on voit très peu d'uniformes, c'est complètement désorganisé, il y a des milliers de civils qui arrivent, mais s'il vous plaît, il n'y a personne pour coordonner tout ça.

10:17Effectivement, c'est pour ça d'ailleurs que les polémiques commencent à monter un petit peu en Espagne. Vous savez quoi, Christine Zamareno, on va reprendre de vos nouvelles.

10:23D'abord, on va vous laisser vous remettre de vos émotions, parce que c'est quand même particulièrement traumatisant ce que vous avez vécu.

10:29Heureusement, tout s'est bien terminé, c'est le plus important. Je n'ai pas grand-chose de plus banal à vous dire, ma chère Christine, mais en tout cas, merci beaucoup pour ce témoignage sur Sud Radio.

10:38Bon courage, et bon courage à tous ceux qui nous écoutent sur Sud Radio, qui ont peut-être des proches sur place et qui ont eu, comme Christine Zamareno, la peur de leur vie.