Valence : «Les précipitations extrêmes sont en augmentation, c'est lié au changement climatique», constate François Marie Bréon

Europe 1

il y a 12 heures

ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
François Marie Bréon, chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement, répond aux questions de Dimitri Pavlenko.
Retrouvez "L'invité actu" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-interview-de-7h40
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video

Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Category

🗞

News

Transcription

Afficher la transcription complète de la vidéo

00:007h13 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le physicien climatologue François-Marie Bréon.

00:06Bonjour François-Marie Bréon.

00:08Bonjour.

00:09Bienvenue sur Europe 1, vous êtes chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement du commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives, le CEA.

00:17Vous êtes un spécialiste des processus climatiques et notamment de leur observation satellitaire.

00:23François-Marie Bréon, l'Espagne vient de subir un épisode pluvieux exceptionnel, absolument catastrophique,

00:28avec d'énormes cumuls de pluie.

00:31Justement, je voulais vous demander, qu'avez-vous vu depuis l'espace, les images satellites, qu'est-ce qu'elles vous ont montré ?

00:38Je dois dire que je suis en vacances cette semaine et donc je n'ai pas analysé cet épisode en particulier dans le détail,

00:45même si évidemment les observations spatiales sont extrêmement utiles pour analyser ce type d'événement, mais aussi pour les prévoir.

00:53Il faut bien voir que l'espace sert énormément à la prévision météorologique et comme il a été dit, cet événement avait été anticipé grâce aux prévisions, justement.

01:03Alors, c'est ça qui est terrible finalement, c'est que vous dites que ça avait été anticipé, ce phénomène qu'on appelle une goutte froide ou bien un Dana,

01:10j'ai vu aussi ce terme circuler, un orage en veille, ça a été prévu, mais malheureusement la catastrophe est pourtant là, François-Marie Bréon.

01:19Alors, ce n'est peut-être pas tellement votre partie, ce qui s'est passé au sol, la polémique entourant le déclenchement de l'alerte,

01:24mais le phénomène météo lui-même, orage en veille, de quoi s'agit-il exactement ?

01:30C'est un petit peu compliqué à expliquer, mais en gros c'est une combinaison de températures vraiment froides en altitude et chaudes au sol,

01:39les températures chaudes au sol avec une atmosphère qui contenait beaucoup d'eau, ça c'est peut-être lié au changement climatique en cours,

01:47les océans sont particulièrement chauds actuellement, et donc ça conduit à ce que l'atmosphère contienne beaucoup d'eau,

01:56et beaucoup d'eau qui peut dans le cadre de l'orage être transformée en... enfin c'est de l'eau vapeur qui peut être transformée en eau liquide et donc précipiter au sol.

02:06C'est des choses qui sont bien connues, enfin qui ne sont pas nouvelles, le phénomène météo lui-même n'a rien à voir avec le changement climatique,

02:14il y en a eu de tout temps, il y en a eu encore d'ailleurs le mois dernier en France aussi, mais j'insiste sur le fait que le processus météo lui n'a rien à voir avec le changement climatique,

02:27par contre les conditions particulières, le fait que l'atmosphère peut-être est plus chaude que dans le passé, une atmosphère plus chaude contient plus d'eau,

02:35et donc ça peut augmenter encore l'ampleur des catastrophes, mais j'insiste sur le fait que même sans changement climatique, des catastrophes de ce type, il y en a eu dans le passé, et simplement leur intensité augmente.

02:49Mais quand même c'est vrai que si on regarde depuis la fin de cet été, on a eu en Europe de l'Ouest une succession de très grosses tempêtes venues de l'Atlantique et de la Méditerranée également,

03:01ça ressemble un peu à une espèce de saison des ouragans, le terme est sans doute excessif François-Marie Bréon, mais tout de même, ça fait plusieurs années qu'on a cette impression d'une époque, d'une saison de tous les dangers météo entre le mois de septembre et le mois de novembre.

03:16Alors je pense qu'il ne faut pas parler d'ouragans, parce que ça serait impropre pour ce qui concerne l'Europe, mais effectivement on voit une multiplication des événements extrêmes de type précipitation,

03:30alors en France on est surtout concerné par ce qu'on appelle les événements sévenols, c'est-à-dire de l'air qui vient de la Méditerranée, qui vient du Sud, et puis lorsqu'elle arrive sur les contreforts du massif central,

03:42elle a tendance à s'élever, donc à refroidir, et donc à se débarrasser de son eau, il est très clair que ce type d'événement est en augmentation, là pour le coup c'est vraiment du climat,

03:55le climat c'est les analyses statistiques, et on observe que ces analyses statistiques nous montrent que ce type d'événement est plus fréquent qu'il l'était dans le passé.

04:05C'est autre chose de même que dans tous les moyens de latitude de l'hémisphère nord, on observe que les événements de précipitations extrêmes, donc au-delà d'une certaine valeur de quantité d'eau qui tombe au sol,

04:20ça aussi c'est en augmentation, et ça c'est vraiment lié au changement climatique. Ce qui vient de se passer en Espagne, est-ce que c'est le changement climatique ?

04:28Moi je ne suis pas affirmatif, on sait que des événements comme ça il y en a eu dans le passé, par contre cette augmentation de la fréquence, ça c'est vraiment la signature du climat.

04:38Alors il y a le bilan humain aussi, parce que ce qui est frappant c'est quand les cumuls de pluie qu'on a observé en Espagne cette semaine,

04:45on a eu 500 mm de pluie au mètre carré par endroit, en Ardèche il y a dix jours, on en a eu encore davantage, et on n'a pas du tout le bilan catastrophique,

04:53le bilan des morts, le bilan des destructions, le bilan des disparus, ces montagnes de voitures dans les rues, on n'a pas vu ça dans le sud-est de la France, François-Marie Bréant, comment vous expliquez cette différence ?

05:04Bon là aussi je n'ai pas regardé dans le détail cet événement en Espagne, mais ce qu'il faut voir c'est que justement les infrastructures humaines sont toujours adaptées à un certain climat,

05:15avec une attention bien sûr sur les événements extrêmes, l'Ardèche, le sud de la France a de tout temps été affectée par ces précipitations extrêmes,

05:28et du coup les infrastructures sont adaptées à ce type d'événement, si le même type d'événement se produit dans une région où ce genre de choses arrive beaucoup moins fréquemment,

05:39et bien évidemment les infrastructures ne sont pas adaptées, et il peut y avoir des conséquences plus importantes, je ne sais pas si c'est le cas en Espagne,

05:46c'est pas quelque chose que j'ai moi regardé dans le détail, mais en tout cas ça peut être ça, ou alors peut-être qu'en Espagne c'était un événement qui pour le coup est de l'ordre de 1 tous les 1000 ans,

06:00alors qu'en Ardèche c'était seulement 1 tous les 100 ans, je ne sais pas, je n'ai pas regardé dans le détail, en tout cas ce qui est clair c'est que la multiplication des constructions fait qu'il y a une densité de population qui est plus importante,

06:12et quand vous avez beaucoup de monde, ça fait beaucoup de morts statistiques en ce moment.

06:17J'ai une dernière question pour vous, il y a un an on avait des crues historiques dans le Pas-de-Calais, François-Marie Bréon, et le retour de l'hiver dans cette région, ce triangle Calais-Dunkerque-Saint-Omer,

06:27où on est sous le niveau de la mer, fait redouter le retour des crues, est-ce que vous avez une inquiétude particulière cet hiver pour le nord de la France, François-Marie Bréon,

06:39parce que c'est vrai qu'on a eu énormément de cumul de pluie ces dernières semaines, les nappes phréatiques sont pleines, est-ce qu'on pourrait revivre une catastrophe similaire à ce qu'on a vécu l'an dernier ?

06:48Alors effectivement le fait qu'on ait dès la fin de l'été des nappes phréatiques qui sont pleines est un motif d'inquiétude, parce que bien évidemment elles ont moins la capacité d'absorber les pluies supplémentaires,

07:02donc je ne suis pas en train de faire une prédiction qu'on va avoir à nouveau des inondations dans le nord cet hiver, mais oui le fait que les sols sont déjà gorgés d'eau à cette époque de l'année doit être un motif supplémentaire d'inquiétude.

07:19Merci beaucoup François-Marie Bréon d'avoir été avec nous sur Europe 1, je rappelle que vous êtes chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement du commissariat à l'énergie atomique.

07:29Bon week-end du 1er novembre François-Marie Bréon, bonne journée à vous.