Ce film est un hommage aux hommes et aux femmes qui, comme Simon Wiesenthal, Serge et Beate Klarsfeld, ont consacré leur vie à la traque d'anciens nazis. Composé de documents d'archives, il s'ouvre sur des images de civils allemands obligés par les Alliés d'enterrer les morts de l'un des derniers massacres de déportés, en mai 1945. Simon Wiesenthal a traqué Eichmann, l'organisateur de la Solution finale, jusqu'à son arrestation en Amérique du Sud. Les Klarsfeld retrouveront Hagen, Lischka, Heinrichson, responsables de la Gestapo à Paris ainsi que Barbie, le chef de la Gestapo de Lyon. Beate Klarsfeld giflera en public le chancelier allemand Kiesinger, ancien haut fonctionnaire de la propagande nazie. Enfin l'ex-ministre français Maurice Papon sera jugé pour sa participation à la déportation. Comme le dit Mathieu Kassovitz qui, touché par le film, a voulu prêter sa voix au film : "On ne pourra plus dire maintenant que cela n'a pas existé".
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00:00Pendant 12 ans, de 1933 à 1945, Adolf Hitler a été le maître de l'Allemagne.
00:19Résultat, une guerre mondiale, un génocide, 50 millions de morts.
00:30À la fin de la guerre, les nazis seront mis hors d'état de nuire, mais pas tous.
00:48Alors commence la traque des nazis.
00:54Ceux qui avaient réussi à échapper au châtiment, comme Lischka, gestapo de Paris, ou Barbie, gestapo de Lyon,
01:03ont été pourchassés sur la planète par des êtres d'exception, comme l'Autrichien Simon Wiesenthal, rescapé des camps,
01:12par une jeune Allemande qui a refusé l'oubli, Beate Klarsfeld, son mari le Français Serge Klarsfeld, un autre survivant juif.
01:22Seuls dans un monde qui voulait oublier, avec obstination et courage, malgré les menaces et les attentats.
01:29Ils ont mené 60 ans de traque des criminels nazis, au nom de la justice et de la mémoire.
01:39Au tournant des années 60, l'Allemagne a retrouvé sa souveraineté.
01:43Elle s'est réconciliée avec la France et elle a pris le chemin de l'Europe.
01:48Le fait qu'il y ait Charles de Gaulle ici et qu'il soit accueilli de telle joie,
01:56prouve comment nos deux pays se confièrent à l'un à l'autre.
02:18La guerre froide a entraîné le réarmement allemand.
02:21Les anciens officiers du Troisième Reich ont formé la nouvelle armée et il n'est plus question de leur reprocher quoi que ce soit.
02:30Décidément très seul, Wiesenthal n'a plus qu'à s'occuper de sa collection de timbres.
02:36Et pourtant, un hasard étonnant va relancer son action.
02:40Un ami collectionneur lui montre une pièce rare d'Amérique du Sud sur une enveloppe,
02:45avec une adresse qui met Wiesenthal sur la piste d'Eichmann.
02:51Il est en Argentine.
02:55Le réseau d'anciens déportés le localise cette fois à Buenos Aires.
02:59Mais pas question de transmettre l'information aux Allemands, ils risquent de ne plus rien en faire.
03:04L'adresse est transmise au service secret israélien, le Mossad.
03:11Israël veut Eichmann vivant.
03:14Le Mossad monte une opération.
03:18Le directeur du Mossad lui-même, Isser Harel, dirige un commando qui enlève Eichmann le 11 mai 1960.
03:28Les agents secrets embarquent Eichmann et lui servent pour le réconforter un repas caché.
03:40Ce jour-là, le 11 mai 1960, est aussi un grand jour pour Béate, qui est à Paris, comme jeune fille au père.
03:48Ce jour-là, elle rencontre un étudiant de Sciences Po, Serge Klarsfeld.
03:52Il est juif.
03:54Son père s'est laissé déporter pour sauver sa famille.
03:57Il est mort à Auschwitz.
04:01Donc, c'était quand même pour moi, je dirais, une Allemande,
04:06non-juive, qui rencontre un juif dont le père a été tué à Auschwitz par les Allemands,
04:11pendant que mon père servait dans l'armée allemande.
04:14Ça a quand même déjà mis des relations un petit peu spéciales entre nous deux.
04:19Il y avait à l'époque, parmi les amis de mon futur mari, un genre de méfiance envers les Allemands.
04:26Et puis je me suis dit quand même, je ne suis pas coupable parce que je suis née en 1939,
04:31mais c'est mes parents qui ont été responsables pour leur... mais pas moi.
04:37Et puis j'ai essayé, peu à peu, d'arriver avec l'aide de Serge,
04:41qui, entre autres, était historienne,
04:44qui m'a donc remis les documents, les livres nécessaires à lire
04:49et pour vraiment comprendre, finalement, ce qui était arrivé en Allemagne entre 1933 et 1945.
04:55Le procès Richemont est le dernier de Béate,
04:59Le procès Richemont contribue à cette prise de conscience de Béate.
05:04C'est le premier grand procès télévisé, le Nuremberg des Juifs.
05:12L'analogie ne s'arrête pas là.
05:14Richemont est défendu par maître Robert Servatius, l'un des avocats de Nuremberg.
05:21Le SS Adolf Eichmann, aux mains de ses pires ennemis.
05:26Eichmann, dans sa cage de verre du tribunal de Jérusalem.
05:35Le procès Eichmann dure six mois et soulève une énorme curiosité dans le monde.
05:40C'est bien le but, réveiller la conscience internationale.
05:45Les chefs d'accusation, crimes contre le peuple juif, crimes contre l'humanité, crimes de guerre.
05:51A cela, Eichmann répond en bafouillant.
05:53Il s'en prend au président de l'organisation sioniste mondiale de 1939.
06:14Après la déclaration du président sioniste, Dr. Kein Weizmann,
06:24j'ai vu les Juifs comme des ennemis de l'Allemagne.
06:29Mais...
06:37Eichmann est dépassé par son personnage.
06:40Les spectateurs sont déçus.
06:43Ce n'est pas le monstre escompté.
06:45Ce n'est plus le SS arrogant qui se vantait de tuer toujours plus de Juifs.
06:50D'ailleurs, c'est sa ligne de défense.
06:53Il se présente comme un petit rouage d'une machine infernale.
06:57Mais non, dit le procureur, il a personnellement aggravé les mesures les plus criminelles.
07:13Eichmann est condamné à mort le 1er juin 1962.
07:22Israël ne fournira ni film, ni photo de son exécution pour clore ce procès
07:27qui fut si important pour la traque des nazis.
07:30Comme pour Mengele, maintenant en cavale perpétuelle.
08:00Mengele, le médecin SS d'Auschwitz qui pratiquait la sélection des déportés à leur arrivée au camp.
08:08Il désignait ceux qui allaient mourir tout de suite et ceux qui vivraient provisoirement.
08:19En mai 1960, le Mossad a failli l'embarquer dans le même avion qu'Eichmann.
08:25Mengele a réussi à s'enfuir au Paraguay puis au Brésil.
08:30C'est l'homme le plus recherché au monde.
08:42S'il survit, c'est que sa famille est riche et puissante
08:46et que les pouvoirs en place en Amérique du Sud ont des raisons de le protéger.
08:55Wiesenthal continue sa traque des nazis, surtout ceux de son pays.
09:00Comme ce policier autrichien qui avait arrêté Anne Frank en 1944 à Amsterdam.
09:07Karl Silberbauer, condamné à 15 mois de prison pour son appartenance à la Gestapo.
09:16Pendant un mariage, Anne Frank regarde les gens normaux qui ont, en ce temps-là, la chance de ne pas être juifs.
09:31C'est le seul document filmé où elle apparaît.
09:34Ensuite, elle se cache dans son grenier où elle écrit, pendant deux ans,
09:38un chef-d'oeuvre qui sera publié après la guerre sous le titre « Le journal d'Anne Frank ».
09:44Dénoncée, elle est arrêtée avec sa famille et déportée.
10:01Anne Frank est morte à Bergen-Belsen en mars 1945, à 16 ans, parce qu'elle était juive.
10:09Elle est devenue le symbole même de la persécution.
10:16Chaque année, Amsterdam se fiche dans le souvenir.
10:22Peatteu et Pouchsèrge.
10:24Elle écrit un guide de la jeune fille au père et travaille à l'office franco-allemand de la jeunesse.
10:31Avec Serge, elle continue à fouiller le passé de l'Allemagne.
10:35Serge a fait tout pour me faire comprendre ce qu'il s'est passé en Allemagne.
10:40Et puis, je dis, j'étais certainement ouverte aussi.
10:44Je sentais que j'étais dans un autre pays.
10:47Je me disais que j'étais dans un autre pays.
10:50Et puis, je dis, j'étais certainement ouverte aussi.
10:53Ça n'aurait pas été la même chose si j'étais restée en Allemagne, certainement.
10:56C'était très bon pour les Allemands de connaître un autre pays,
10:59surtout un pays comme la France, occupé, et aussi sentir les réactions des gens, les Allemands.
11:07Le centre de recherche de Ludwigsburg, dans le sud de l'Allemagne,
11:10est le premier effort officiel pour récupérer tout ce qui a pu être sauvé de la destruction des dernières semaines de la guerre.
11:21Ce qui permet de reprendre les procès,
11:24comme celui des gardes d'Auschwitz, qui avaient réussi à échapper au châtiment.
11:30Ils seront lourdement condamnés.
11:33C'est l'un des plus grands procès de l'après-guerre en Allemagne.
11:36Il ouvre les yeux d'une génération qui maintenant culpabilise,
11:39comme ce procureur, puis une spectatrice.
11:50Il y a des idées philosophiques.
11:55Mais je pense qu'il y a une certaine inhumanité,
12:00au sein des Allemands,
12:03et c'est peut-être la raison pour laquelle tout cela s'est passé.
12:09Je pense que nous sommes tous responsables,
12:12car tout cela s'est passé en Allemagne,
12:14et nous sommes tous Allemands,
12:16et nous devons porter ce qui s'est passé dans l'Histoire.
12:21Albert Speer, l'architecte d'Hitler, l'ami d'Hitler, le ministre d'Hitler,
12:27sort de prison, comme une star.
12:32Speer n'arrive pas à y croire.
12:34Il est si vieilli, si fatigué, après 20 ans de cellule.
12:38Les Alliés ont obstinément refusé toute remise de peine,
12:41comme pour Hess, condamné à vie.
12:44Mais manifestement, il y a encore des Allemands qui sont heureux de revivre
12:49La génération de ceux qui ne renient rien et regrettent tout.
12:53Speer incarne pour eux ce que fut la réussite du Troisième Reich.
13:01Mais Speer a bien été un criminel nazi,
13:05le ministre de l'Armement qui a prolongé la guerre, la souffrance,
13:09et la mort.
13:42Speer devient un véritable musée vivant du nazisme.
13:48Il publie ses mémoires qui sont un best-seller mondial.
13:52Il devient une vedette de tous les plateaux de télévision.
13:58D'ailleurs, il mourra, 15 ans plus tard, à Londres, avant une émission.
14:03Il parle, il se justifie, inlassablement.
14:07Une des grandes fautes de ma vie, peut-être la plus grande faute,
14:12je savais que les Juifs étaient dans des camps de concentration,
14:17mais je pensais qu'ils travaillaient dans les camps de concentration.
14:20Mais je ne savais pas qu'ils étaient exterminés.
14:26Et si vous aviez su, vraiment, si vous aviez vu, par exemple, Auschwitz,
14:31qu'est-ce que vous auriez pu faire ?
14:33Je n'aurais pu faire aucune chose que dire à Hitler
14:38que je ne veux plus être son ministre, et peut-être ça aurait été le résultat.
14:43Est-ce qu'aujourd'hui, vous avez finalement compris pourquoi
14:47et comment vous avez pu faire pour obéir à Hitler ?
14:54J'étais très ambitieux, que je voulais,
14:59aussi, avoir part des pouvoirs de Hitler,
15:06et qu'avoir du pouvoir est une chose délicieuse.
15:16Schperr finit par se rendre sympathique.
15:20Le nazisme devient un sujet d'études historiques,
15:23déconnecté de sa monstruosité.
15:25Cela va bien dans le sens de la réinsertion des nazis
15:28qui deviennent juges ou même députés.
15:32L'un d'entre eux va se hisser au poste suprême,
15:35chancelier de la République fédérale allemande,
15:39Kurt Kiesinger, membre du parti nazi
15:42et haut fonctionnaire du régime hitlérien.
15:55Cette situation préoccupe les Klarsfeld,
15:57qui pensent à l'avenir du petit Arnaud.
16:03Ils sont choqués de voir Kiesinger,
16:05reçu en France avec tous les honneurs.
16:09Pour la haute sphère politique,
16:11l'homme a été blanchi par les tribunaux allemands de dénazification.
16:16Une génération qui veut se faire oublier,
16:19alors que la suivante veut savoir.
16:22La jeunesse allemande se mobilise contre la guerre du Vietnam
16:25et contre Kiesinger, que les Klarsfeld dénoncent
16:28comme l'un des responsables de la propagande radiophonique de Hitler.
16:33Avec tout ce que j'ai su sur le nazisme,
16:36je me suis dit qu'une Allemande qui vit à Paris
16:39et qui veut agir ne peut pas laisser faire.
16:41Beateux commence par écrire des articles
16:43sur le passé nazi du chancelier,
16:45ce qui provoque son renvoi de l'office franco-allemand de la jeunesse.
16:50Mais il faut plus.
16:52Un geste spectaculaire.
16:56Beateux part pour Berlin avec un photographe.
16:59Au congrès du parti chrétien-démocrate du chancelier Kiesinger,
17:02elle passe derrière la tribune.
17:09Elle gifle à toutes volées le chancelier.
17:12Les gardes n'ont pas osé tirer de peur de faire d'autres victimes.
17:16Ils ceinturent Beateux et l'entraînent pendant que Kiesinger,
17:19atteint à l'œil, se fait soigner.
17:28Beateux est jeté en cellule,
17:30puis jugé et condamné à un an de prison ferme.
17:34Mais Serge Klarsfeld est un bon avocat.
17:37Beateux, française par mariage,
17:39dépend de l'administration française d'occupation de Berlin.
17:43Un accord est vite trouvé,
17:44et Beateux renvoyé en France,
17:46dans l'attente d'un jugement en appel.
17:53Beateux, forte de ce premier succès,
17:55s'engage dans la campagne électorale de septembre 69 en Allemagne.
18:01Elle est candidate contre Kiesinger,
18:03pour un petit parti d'extrême-gauche,
18:05et surprend en portant Arnaud dans les meetings.
18:09Kiesinger plaisante.
18:11Ce petit Klarsfeld, s'il arrive jusqu'à moi,
18:14il va me mordre.
18:16Il a tort de plaisanter.
18:18L'action de Beateux-Klarsfeld,
18:20et le mouvement qu'elle a entraîné,
18:22sera pour beaucoup dans son échec.
18:28Il est remplacé par Willy Brandt,
18:30un authentique résistant à Hitler.
18:34Beateux triomphe,
18:36mais Serge lui dit,
18:38tu es comme une actrice,
18:40tu n'as plus le droit de t'arrêter,
18:42à ces risques et périls.
19:06Il n'y a pas d'importance,
19:08si ces Allemands font partie
19:10de l'Allemagne de l'Ouest,
19:12de l'Allemagne de l'Est.
19:14Il n'y a pas d'importance non plus,
19:16s'ils font partie d'un parti
19:18plus de droite ou de gauche,
19:20ou du centre.
19:22Les voix sont propres à tous les Allemands.
19:24C'est le point important.
19:26Étant donné que nous sommes tous
19:28des héritiers de l'Allemagne,
19:30et qu'il y a des hommes
19:32comme Goethe, Schiller, Beethoven,
19:34mais qu'il y a aussi des hommes
19:36comme Hitler, Himmler, Eichmann,
19:38il faut donc assumer ses responsabilités.
19:40Ni Beateux, ni Serge
19:42ne veulent s'arrêter.
19:44Chaque piste mène à une autre.
19:46Dans le dossier Kissinger,
19:48les Klarsfeld ont découvert
19:50le nom d'Ernst Achenbach,
19:52ancien chef de la section politique
19:54de l'ambassade d'Allemagne en France
19:56pendant la guerre,
19:58donc mêlé à la déportation.
20:00Il est maintenant député
20:02à la Commission européenne.
20:06Beateux et des militants antiracistes
20:08de la LICRA investissent
20:10son bureau d'avocat.
20:12Achenbach
20:14n'ira pas à Bruxelles.
20:18Nous voulons construire
20:20français et allemand
20:22l'Europe ensemble
20:24sur la base de notre entente élémentaire.
20:26Et j'ai l'impression
20:28que cette, je dirais,
20:30manie de la persécution
20:32qui se fait jour
20:34chez certains, pas chez la majorité
20:36des gens, ni chez vous, ni chez nous,
20:38elle n'est pas bonne pour ça.
20:40Je crois que,
20:42et c'est ma conviction morale,
20:44qu'après 30 ans,
20:46il y a lieu de faire une amnestie.
20:48Ni amnestie, ni prescription,
20:50disent les Klarsfeld.
20:54Ils traquent les bureaucrates
20:56de la déportation en France,
20:58l'adresse Hagen
21:00et l'homme de la Gestapo, Lischka.
21:04Les Klarsfeld ont l'adresse de ce Lischka
21:06à Cologne.
21:08Ça n'a pas été difficile à trouver.
21:10Il est dans l'annuaire.
21:12Les Klarsfeld décident d'aller à Cologne
21:14avec un caméraman.
21:16Ils sont maintenant dans son quartier.
21:24Encore un nazi bien tranquille
21:26tous les jours le tram numéro 18
21:28pour se rendre à son travail dans une entreprise agroalimentaire.
21:32Comment est-ce possible ?
21:36C'est le résultat du protocole de Paris,
21:38signé après la guerre.
21:40Seule la France a le droit
21:42de juger les Allemands qui ont commis des crimes en France.
21:44Ils ne peuvent pas être jugés
21:46en Allemagne et la Constitution
21:48de la République fédérale interdit
21:50d'extrader ces nationaux.
21:52Ces criminels nazis
21:54sont ainsi à l'abri en Allemagne.
21:56Lischka a été condamné en France
21:58par Compte-Humas
22:00à la prison à perpétuité.
22:02Ici, à Cologne,
22:04il ne risque rien.
22:06Du moins jusqu'au jour où les Klarsfeld débarquent dans sa vie.
22:16Lischka était là
22:18quand Heinrich, le chef de la Gestapo
22:20est venu à Paris rencontrer l'infâme Bousquet,
22:22secrétaire général de la police de Vichy
22:24pour préparer la grande rafle du Veldiv
22:26où 13 000 hommes, femmes et enfants
22:28seront parqués
22:30avant d'être exterminés à Auschwitz.
22:38Ce que veulent les Klarsfeld,
22:40c'est lutter contre cette impunité.
22:42À travers un homme, faire changer une loi.
22:52L'idée de Serge n'est pas de lui faire du mal
22:54mais de l'enlever.
22:56Le transporter en France pour le faire emprisonner.
22:58Mais les Klarsfeld n'ont pas les moyens du Mossad.
23:02Le plan s'avère impossible à exécuter.
23:10Alors il faut alerter les médias.
23:12Créer une situation
23:14impenable pour les Allemands.
23:16Les obliger à affronter des déportés.
23:22L'ISCHQA meurt d'air !
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23:42On me dote
23:44d'initiateur
23:46de la solution finale
23:48en France des Juifs !
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24:02La justice allemande est forcément saisie.
24:04Les télévisions étrangères se précipitent
24:06comme la BBC.
24:14Feurent-vous vous de l'ISCHQA ?
24:16Non.
24:18Vous n'avez pas peur de l'ISCHQA ?
24:20Non.
24:26On dit que vous avez tué
24:28des milliers de Juifs.
24:30Vous ne vous sentez pas coupable ?
24:32Non.
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28:30L'ISCHQA meurt d'air !
28:32Serge Larsfeld, l'administrateur, contre notre maire,
28:38n'est pas en mesure de le connaître.
28:43Et pourquoi ?
28:45Pourquoi le fait-il toujours ?
28:47Pourquoi le fait-il toujours moralement ?
28:49Il n'est pas en mesure de le connaître.
28:51Il n'y a qu'une argumentation,
28:53ou quelque chose d'écrit.
28:55L'ISCHQA meurt d'air !
28:57L'ISCHQA meurt d'air !
29:00Serge Larsfeld et son association des fils et filles des déportés juifs de France
29:04envahissent le palais de justice de Cologne.
29:09C'est une victoire, un procès, en Allemagne,
29:12rendu possible par dix ans de combat obstiné
29:14contre le fameux « protocole de Paris ».
29:17Serge Larsfeld a réuni tous les documents,
29:19les ordres signés,
29:21les preuves irréfutables.
29:29C'est bon ?
29:30Ok.
30:00L'ISCHQA, dix ans de prison.
30:08Hagen, douze ans.
30:13Heinrichsson, seulement six ans.
30:17Tous les trois auraient pu finir leur vie tranquillement
30:20s'il n'y avait pas eu les Larsfelds.
30:27Devant le tribunal, la foule qui n'a pas pu entrer,
30:30d'enfants de déportés,
30:32et même de petits-enfants,
30:34s'éloigne.
30:36La foule s'éloigne.
30:38La foule s'éloigne.
30:40La foule s'éloigne.
30:42La foule s'éloigne.
30:44De déportés, et même de petits-enfants.
30:47Je crois que ça doit être quand même un procès exemplaire
30:50parce que ce sont les plus hauts responsables
30:53du nazisme en France.
30:56Et ils ont été, ce qu'on peut appeler,
30:59vraiment cruels et immondes.
31:02Je m'appelle Lida Larsfeld et j'ai douze ans.
31:06Quel est le métier de tes parents ?
31:09Ils recherchent les nazis.
31:12Chasser les nazis peut être dangereux.
31:15Deux attentats ont bien failli coûter la vie aux Larsfelds.
31:19En 1972, un colis piégé,
31:22et en 1979, une bombe dans leur voiture.
31:26Les criminels sont toujours là.
31:31Mais les Larsfelds ne se laissent pas impressionner,
31:34ni décourager par les innombrables difficultés de la vie militante.
31:37Ils ont une mission, exaltante.
31:40Béateux a dit.
31:43Pour beaucoup de monde, Serge et moi représentions surtout une promesse.
31:47Celle d'un couple franco-allemand, de surcroît, juif et non-juif,
31:51qui s'engageait pour une cause, une petite équipe,
31:54sans moyens financiers et sans aide,
31:57mais qui faisait changer les choses.
32:06Béateux, accusé de gauchisme par les uns
32:09et d'espionne de la CIA par les autres,
32:12est devenu l'un des grands personnages du siècle.
32:15Une bonne dizaine d'émissions de télévision racontent son odyssée,
32:18parfois sur le mode des images d'épinal.
32:22Nous nous sommes rencontrés au métroport de Saint-Cloud,
32:25exactement au-dessous des fenêtres de notre appartement,
32:29où nous vivons maintenant.
32:34Mais la consécration suprême, c'est un film tourné à Hollywood.
32:39Où Farrah Fawcett interprète son rôle.
33:01Les Klarsfeld ne s'arrêteront jamais.
33:03Serge veut retrouver celui qui a déporté son père,
33:06le 1er septembre 1943, à Nice.
33:10Un souvenir ineffaçable.
33:13Une nuit, la Gestapo est venue.
33:22Les parents nous ont tirés du lit, ma sœur Tania et moi,
33:25et nous ont fait entrer dans une cachette que mon père avait aménagée
33:28en ouvrant le mur derrière un placard.
33:36Je vais me rendre, comme ça, ils ne vont peut-être pas chercher plus loin.
33:43Tu comprends, il essayait de nous rassurer,
33:45et peut-être qu'il avait un vague espoir de s'en tirer.
33:49Mais au fond, il savait très bien que si les Allemands nous trouvaient,
33:51ils nous tueraient tous.
34:02Serge identifie l'homme qui a arrêté son père.
34:05Le SS Aloïs Brunner, nazi fanatique qui dirigea Drancy
34:09et déporta près de 200 000 Juifs dans toute l'Europe.
34:15Le criminel est réfugié en Syrie,
34:17où il predique de bons conseils à certains régimes antisionistes.
34:24Béateux et Serge iront jusqu'à Damas réclamer son extradition,
34:28parfois sous d'étranges déguisements.
34:36Sans succès, évidemment.
34:41Je crois qu'ils ont pris la décision de m'expulser
34:43pour que je ne les gêne pas, étant donné que ma présence là-bas,
34:47à partir du moment où ils ne voulaient pas dialoguer,
34:49ne leur apportait rien.
34:52Alors Brunner, qui se fait appeler Fischer,
34:54recevra un colis piégé qui lui coûtera quelques doigts.
34:58Moi-même, je n'en suis pas capable,
35:00parce que ça risquerait de me sauter entre les mains,
35:03mais disons que je ne suis pas tout seul.
35:06C'était une initiative, je ne peux pas dire comment,
35:11mais en tout cas, c'était une revue d'herboristerie.
35:16Il s'intéressait beaucoup à l'herboristerie,
35:19et d'Autriche est partie une revue cylindrique,
35:24comme toutes les revues cylindriques,
35:26et quand il l'a ouverte, il a perdu les doigts d'une main.
35:29Donc il savait que les victimes ne l'avaient pas oubliée.
35:35Un acte de vengeance contraire à ce qu'avait toujours préconisé Wiesenthal,
35:38qui publie justement son livre de souvenirs,
35:40Justice n'est pas vengeance.
35:45Wiesenthal, qui continue d'accumuler les dossiers,
35:48il faut continuer la traque jusqu'au dernier criminel nazi,
35:51avant qu'il ne soit pris par la justice divine.
36:00Béateux a donné comme titre à son livre
36:02Partout où ils seront, elle les traque jusqu'au bout du monde.
36:08Et la voilà au Chili.
36:10Elle n'a pas peur de la police de Pinochet.
36:16Son énergie est intacte avec les années.
36:18Sa cause est toujours celle de la rédemption de l'Allemagne.
36:22Et il y a encore des nazis survivants.
36:24Elle veut faire extrader l'homme qui se terre maintenant
36:26dans cette villa discrète de Santiago.
36:30C'est Walter Rauf.
36:32L'un des pires criminels nazis.
36:36En 1942, il a conçu le massacre de centaines de milliers de juifs
36:41avec des camions dont les pots d'échappement étaient reliés à l'arrière.
36:49Voici un essai de ce dispositif.
36:51Préfiguration des chambres à gaz.
36:54Béateux, difficile à déloger avec sa pancarte
36:57où elle a tracé au marqueur
36:59le nazi Rauf doit être jugé pour ses crimes contre les juifs.
37:09Expulsé !
37:11Expulsé !
37:13Expulsé !
37:15Expulsé !
37:17Expulsé !
37:19Expulsé !
37:22Expulsé nazi Rauf !
37:26Extradez le nazi Rauf, crie Béateux devant le palais présidentiel.
37:38Les manifestations de plus en plus agressives.
37:42L'appel passionné de Béateux aux autorités.
37:44Sa mobilisation des médias pour l'extradition.
37:47Son impact sur l'opinion publique.
37:49Achève littéralement Rauf
37:51qui meurt d'une crise cardiaque le 14 mai 1984.
38:10A ses obsèques, toutes sortes de personnages en lodène et en veste de cuir.
38:14Ses camarades d'exil viennent lui rendre un dernier hommage.
38:18Hitlerien.
38:36La traque continue en Amérique du Sud.
38:38Il aura fallu dix ans au Klarsfeld
38:40pour localiser et faire extrader Klaus Barbie.
38:49Le chef de la Gestapo de Lyon
38:51qui avait arrêté et torturé à mort
38:53l'homme qui incarnait la résistance française, Jean Moulin.
38:57Et qui avait impitoyablement envoyé à la chambre à gaz
39:01les enfants dix yeux.
39:0544 petits enfants juifs
39:07et les sept adultes qu'il y cachait dans une colonie de vacances près de Lyon.
39:11Quel moment que ce début du procès Barbie
39:13plus de quatre décennies après la chute du nazisme.
39:29Veuillez vous asseoir monsieur l'accusé.
39:31Asseyez-vous.
39:33Je vous présente, monsieur l'accusé.
39:35Je vous présente, monsieur l'accusé.
39:37Monsieur l'accusé.
39:39Asseyez-vous.
39:43C'est Liliane, dix ans, qui a écrit à Dieu
39:45cette lettre déchirante retrouvée à Isieux.
39:48Dieu, que vous êtes bon, que vous êtes gentil.
39:51Serge, avocat de la partie civile,
39:53lit les lettres des enfants morts.
39:55Il ne finirait jamais.
39:57Dieu, c'est vous qui commandez,
39:59c'est vous qui êtes la justice,
40:01c'est vous qui récompensez les bons et punissez les méchants.
40:04Dieu, après cela je pourrais dire que je ne vous oublierai jamais.
40:08Je penserai toujours à vous, même au dernier moment de ma vie.
40:11Vous pouvez être sûr et certain.
40:13Vous êtes pour moi quelque chose que je ne peux pas dire tellement que vous êtes bon.
40:17Vous pouvez me croire, Dieu.
40:19C'est grâce à vous que j'ai eu une belle vie avant,
40:21que j'ai été gâté, que j'ai eu de belles choses que les autres n'ont pas.
40:25Dieu, après cela je ne vous demande qu'une seule chose.
40:28Faites revenir mes parents, mes pauvres parents.
40:31Ce drame d'Isieux fut un des plus poignants de l'oppression,
40:34un des forfaits les plus odieux du régime
40:37qui pendant cinq ans a servi et tortura l'Europe.
40:40Non pas une de ces atrocités commises dans le déchaînement de la folie guerrière
40:44ou le délire du combat,
40:46mais un acte de haine et de violence froide, réfléchie, méthodique,
40:51érigé en doctrine d'ordre et de gouvernement.
40:54Il n'existe pas de circonstances atténuantes en faveur de l'accusé.
41:00Barbie est condamnée à la prison à perpétuité pour crime contre l'humanité.
41:05Il meurt en prison en 1991 d'un cancer.
41:15Rudolf S., le dauphin du Führer, s'est suicidé dans sa prison de Spandau en 1987.
41:24Les ossements de Mengele, le médecin fou d'Auschwitz,
41:27qui s'est finalement noyé en 1979,
41:30sont toujours entreposés dans un coffre-fort de la police scientifique brésilienne.
41:50Avec le procès Papon, ce qui s'impose,
41:53c'est toujours la notion qu'il n'y aura jamais d'impunité pour les crimes contre l'humanité
41:57et personne ne peut donner, ni obéir à un ordre criminel sans un jour,
42:02même très éloigné, en répondre.
42:08Qu'il soit amené, 55 ans après, devant une cour d'assises pendant 6 mois
42:13et condamné à 10 ans, c'est une grande victoire, croyez-moi.
42:18Justice est faite.
42:28Les gens comme Béat et moi, et comme Vizenthal,
42:31nous avons réussi à être efficaces parce qu'on était heureux.
42:34Voilà, ça je crois que c'est peut-être le mot de la fin
42:38en ce qui concerne ceux qu'on appelle les chasseurs de nazis.
42:41Vizenthal était heureux parce qu'il avait sa femme, sa fille,
42:46elles n'ont pas péri pendant la Shoah,
42:48et nous on a été heureux parce que, bon, j'avais quand même...
42:52Même si mon père a péri, j'avais ma mère, et puis ensuite Béat, les enfants,
42:57et donc on était heureux.
42:58On ne pouvait pas faire ce que nous, nous avons fait en étant malheureux.
43:03Simon Vizenthal est mort en 2005.
43:06Il est enterré à Jérusalem.
43:08Ce film lui est dédié, ainsi qu'à toutes les victimes du nazisme.
43:15On ne pourra plus dire maintenant,
43:17que cela n'a pas existé.
44:17La création de ce film n'a pas été possible sans l'aide d'Amara.org