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« LCP-Lundi C'est Politique », une nouvelle émission présentée par Francis Letellier

Invité cette semaine le ministre délégué chargé de l'industrie, Marc Ferracci.

Depuis le lundi 7 octobre, Francis Letellier présente ce nouveau rendez-vous hebdomadaire, où il reçoit les grands leaders politiques, en partenariat avec franceinfo et L'Express.

Alors que l'Assemblée nationale figure plus que jamais au coeur de la vie politique, Francis Letellier interroge chaque lundi à partir de 19h30 les ténors du parlement et du gouvernement.
En première partie de l'émission : un tête-à-tête d'une quinzaine de minutes avec une grande personnalité politique, pour mettre en perspective l'ouverture de la semaine parlementaire, avant les Questions au Gouvernement du mardi.
Francis Letellier est ensuite rejoint en plateau par trois chroniqueurs, journalistes politiques des rédactions de LCP, franceinfo et L'Express, pour un échange avec l'invité.
Pour conclure l'émission, le face à face : une personnalité issue du monde culturel, économique ou social (écrivain, artiste, expert...) interpelle l'invité et réagit à ses propos.
Hugo au Perchoir, « streamer » politique et parlementaire sur Twitch, intervient également lors de l'émission, en relayant les questions de sa communauté.

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Transcription
00:00Dès le début, il y a un peu plus de 7 ans maintenant, il a été l'un des supporteurs d'Emmanuel Macron.
00:04Mais jamais il n'avait été ministre jusqu'au jour où Michel Barnier a décidé de le nommer à l'industrie, il y a bientôt deux mois.
00:09Avec comme terrain d'atterrissage Bercy, où il est chargé de l'un des secteurs les plus importants de l'économie française,
00:14Marc Ferracci est l'invité de LCP lundi, c'est politique.
00:30Bonsoir Marc Ferracci, ministre délégué à l'industrie, merci d'être sur le plateau de lundi, c'est politique, et avec moi ce soir pour vous interroger
00:41Aurélie Herbemont, chef adjointe au service politique de France Info, bonsoir Aurélie.
00:45Bonsoir.
00:46Bonsoir Etienne Girard, chef du service Société à l'Express, et bonsoir Clément Méric, journaliste à LCP, sans oublier évidemment bonsoir Hugo, Hugo Couturier.
00:54Vous pouvez intervenir sur la chaîne LCP Assemblée Nationale sur Twitch pour faire remonter vos points de vue, vos questions, à charge pour vous Hugo de nous transmettre tout ça et plus s'y affiniter.
01:04Et à la fin de l'envoi je touche.
01:06Avec vous ce soir Marc Ferracci, nous allons évidemment parler de votre dossier, l'industrie qui représente près d'un quart des salariés en France,
01:13du budget pour l'année prochaine, on n'en est qu'au début, c'est le moins qu'on puisse dire, c'est un feuilleton qui va durer,
01:17et puis l'après Emmanuel Macron, c'est peut-être un autre feuilleton, là aussi, qu'il faudra bien imaginer, notamment l'avenir du parti présidentiel.
01:23Un peu plus tard dans l'émission, nous rejoindra une invitée pour débattre avec vous, en face à face, d'intelligence artificielle,
01:29miroir aux alouettes ou vrai débouché économique, et puis est-ce qu'il faut imposer des limites, notamment dans le débat politique.
01:35Voilà pour le programme.
01:37Avant ça, je voudrais vous parler de Michel Barnier, le Premier ministre, parce qu'on a appris cet après-midi qu'il a été opéré ce week-end d'une lésion cervicale.
01:44Il va reprendre ses activités publiques normalement jeudi, lors du prochain Conseil des ministres.
01:48Il ne sera pas donc aux questions gouvernement demain et après-demain à l'Assemblée nationale.
01:52Vous avez prévenu de ça ?
01:54Oui, nous avons été prévenus avec l'ensemble des membres du gouvernement, il y a quelques heures, avant que le communiqué officiel ne paraisse.
02:01Et évidemment, je vous souhaite un très bon rétablissement.
02:03Je pense que l'opération qu'il a subie s'est bien passée.
02:05Je crois d'ailleurs qu'il a recommencé à travailler et à avoir des réunions avec ses équipes.
02:10Je pense qu'il sera de retour très vite.
02:12C'est une transparence bienvenue pour vous, les ministres, mais aussi pour les Français.
02:16C'est même un passage obligatoire maintenant pour un Premier ministre de dire j'ai été opéré, j'ai des problèmes de santé ?
02:21Je pense que c'est tout à fait naturel.
02:23Quand on est dans l'incarnation politique, que l'on soit Premier ministre, ministre, président de la République évidemment,
02:29on doit la transparence aux Français, on doit la transparence sur son état de santé.
02:33Quand c'est de nature à avoir quelques incidences sur notre rythme de travail,
02:39dans la mesure où nous sommes au service des Français, ils ont le droit de savoir.
02:42On va parler de santé justement avec vous pour commencer, d'argent aussi,
02:45parce qu'il est question d'augmenter les taxes sur les produits sucrés, les sodas, les plats préparés,
02:49qui sont dans tous les rayons.
02:51L'idée, c'est d'amener les Français à en consommer moins, officiellement,
02:54mais aussi, au passage, de ramener de l'argent dans les caisses de l'Etat.
02:57A vos yeux, est-ce que c'est une bonne idée ?
02:59C'est une idée qui est en débat depuis déjà deux ans.
03:02Quand j'étais parlementaire en commission des affaires sociales,
03:05nous en débattions lors des projets de loi de financement de la Sécurité sociale,
03:09donc c'est une idée qui revient sur la table.
03:11Aujourd'hui, la position du gouvernement n'est pas arrêtée.
03:15Il y a des amendements parlementaires qui sont en train d'être examinés au moment où je vous parle,
03:19et il y aura une position du gouvernement dans quelques heures.
03:22Et la vôtre de votre position ? Pourquoi je vous pose la question ?
03:25Parce que les industries de l'agroalimentaire sont vent debout,
03:27en disant que ça va peut-être faire plonger nos ventes,
03:30ou en tout cas, il faudra qu'on répercute sur le prix.
03:32Donc vous qui êtes ministre de l'Industrie, est-ce que vous êtes de leur côté ?
03:35Bien sûr, ça fait partie des éléments dont il faut tenir compte dans l'équation.
03:38On a des filières qui sont très importantes.
03:41L'agroalimentaire, c'est la filière la plus importante en termes d'emplois en France.
03:44Et il faut évidemment tenir compte des impacts que peut avoir la fiscalité
03:48sur les filières de manière générale.
03:51Ensuite, il faut mettre en balance les enjeux de santé publique,
03:54éventuellement les enjeux budgétaires,
03:56mais je ne pense pas que cette question de taxes soit d'abord des sujets budgétaires.
04:00Je pense qu'il faut que le débat ait lieu dans le cadre de la séance,
04:05autour du PLFSS, et ensuite, nous nous prononcerons collectivement.
04:09Mais pour vous, est-ce que c'est la santé d'abord ?
04:12Moi, j'ai besoin, comme souvent, d'en savoir un petit peu plus
04:15sur les tenants et les aboutissants,
04:17parce que quand on parle des impacts d'une taxe ou de la fiscalité sur une filière,
04:20eh bien, on a besoin de tenir compte du fait
04:23qu'il y a beaucoup d'acteurs dans une filière.
04:25Il y a les gros producteurs, il y a les petits producteurs,
04:28il y a des gens qui intègrent dans leur processus de production
04:31plus ou moins de sucre, si c'est le sucre qu'on a envie de taxer,
04:34donc les incidences ont besoin d'être analysées de manière fine,
04:37et au moment où je vous parle, je ne suis pas capable
04:40d'en voir les effets de manière précisément.
04:42Mais sur le principe, vous n'êtes pas contre ?
04:44Sur le principe, ce que je souhaite, c'est qu'on arrive à trouver un équilibre
04:48entre le maintien de l'emploi et de notre outil industriel,
04:51et là, effectivement, il faut tenir compte du fait
04:53que ces filières sont impactées par cette fiscalité.
04:56Mais sur le principe, vous n'êtes pas contre ?
04:58Sincèrement, dans la situation actuelle,
05:01tous les débats sont légitimes.
05:04Mais encore une fois, en tant que ministre de l'Industrie,
05:07moi, je serai évidemment très vigilant aux impacts qui pourraient surgir
05:11d'une fiscalité additionnelle pour les filières industrielles.
05:14Et si l'impact est trop important, vous diriez non, stop, il faut arrêter ?
05:17C'est au moment où, justement, on sera renseigné sur les impacts
05:20que je vous dirai ce que j'en pense.
05:22Par exemple, Geneviève Darriussec, qui est ministre de la Santé,
05:24dit qu'il faut faire cette taxe, alors qu'Annie Genevard,
05:27ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire,
05:29dit qu'il ne faut pas la faire.
05:30Vous voyez bien qu'en fonction des champs ministériels,
05:33on peut avoir des approches différentes.
05:35C'est pour ça que je vous pose la question.
05:37Et être réceptif aux messages envoyés par des écosystèmes différents.
05:40Moi, je pense qu'on peut toujours trouver une voie de passage.
05:43La voie de passage, on la trouve.
05:45Moi, je suis universitaire de profession.
05:47J'aime bien analyser les choses, documenter les choses,
05:49confronter les arguments des uns et des autres,
05:51et ensuite prendre une décision, une fois qu'on a tout bien pesé,
05:56qui est à la fin une décision politique.
05:58Donc, je ne ferme la porte à rien,
06:00mais j'ai quand même besoin d'être convaincu que les impacts
06:02sur nos filières industrielles ne sont pas trop délétères.
06:05Emmanuel Macron est en voyage officiel au Maroc pour trois jours.
06:07Il a été accueilli en fin d'après-midi à Rabat par Mohamed VI.
06:10Neuf ministres l'accompagnent, dont ceux de l'intérieur,
06:13de l'économie, et puis des dirigeants de grandes entreprises,
06:15par exemple Engie, Alstom, Safran, Total Energy, ou encore Airbus.
06:19Et justement, la France espère bien décrocher des contrats dans l'aéronautique,
06:23première industrie exportatrice en France,
06:26à condition peut-être que ça ne concurrence pas les emplois en France.
06:30S'il y a des contrats signés au Maroc pour l'aéronautique,
06:34il ne faudrait pas que ça percute les emplois en France,
06:37chez Airbus, par exemple.
06:38Bien sûr, mais d'abord, il faut se réjouir,
06:40même si les contrats ne sont pas encore signés,
06:42donc je ne veux pas me réjouir par avance.
06:44Il y a de bonnes chances ?
06:45Je pense que les choses se préparent souvent très en amont
06:48pour ce genre de déplacement.
06:49Donc il y aura des contrats ?
06:50J'espère qu'il y aura des contrats,
06:52mais ne vendons pas la peau de l'ours, évidemment.
06:55Évidemment, il faut être d'abord satisfait,
06:58il faut se réjouir du fait que nous ayons des filières aussi attractives
07:02dans les technologies de pointe,
07:04et l'aéronautique est peut-être une des filières
07:07les plus demandeuses en technologies de pointe.
07:09Donc c'est d'abord la satisfaction d'avoir créé,
07:13à l'échelle européenne, parce que vous savez
07:15qu'il y a un projet européen derrière Airbus,
07:17à l'échelle européenne, une filière qui est extrêmement compétitive
07:20au niveau mondial.
07:21Ça, c'est le premier point.
07:22Ensuite, sur les impacts sur l'emploi.
07:24Moi, je suis très attaché à l'empreinte industrielle
07:27de nos territoires.
07:28Ça veut dire concrètement qu'autant qu'il est possible,
07:32on veut privilégier l'emploi en France,
07:34privilégier l'emploi qui irrigue,
07:36pas simplement d'ailleurs les entreprises industrielles,
07:38mais qui irrigue les villes, moyennes ou petites,
07:41avec d'autres emplois.
07:42Donc si je vous entends bien,
07:43s'il y a des marchés signés avec le Maroc,
07:45il faut que ce soit pour des choses produites en France.
07:48Autant qu'il est possible.
07:49Peut-il y avoir quand même un partage ?
07:51Au cadre d'un marché, vous savez, un contrat,
07:53c'est une négociation.
07:54C'est une négociation entre deux parties.
07:56Et il arrive que, pour obtenir la signature du contrat,
07:59vous fassiez des concessions.
08:01Je ne suis pas aujourd'hui,
08:03parce que le contrat n'est pas encore signé,
08:05en capacité de dire ou de dévoiler
08:07ce que sera le contenu de ce contrat.
08:09Nous en parlerons au moment voulu.
08:11Mais encore une fois, il faut avoir en tête
08:13que c'est aussi grâce à la politique
08:15qui a été menée ces dernières années
08:17qu'on est en capacité de signer ce genre de contrat.
08:20On va parler des avions plus globalement,
08:22car ils sont considérés comme des gros pollueurs.
08:24Le gouvernement envisage de multiplier par trois
08:26la taxe sur les billets d'avion que chaque voyageur paye.
08:29Ca tombe mal, quand même, non ?
08:31Vous savez, je ne vais rien vous apprendre
08:33en vous disant qu'on a face à nous un budget difficile.
08:36Un budget dans lequel on a besoin
08:38de faire 60 milliards d'euros d'économies.
08:40Ou de recettes.
08:41Ou de recettes, vous avez raison.
08:43Avoir 60 milliards d'impact sur les comptes publics,
08:46recettes ou économies, mais les économies en dépenses
08:49vont représenter deux tiers du total
08:51et un tiers pour les recettes.
08:53Ca, c'est le premier point.
08:55Ca veut dire qu'il faut mettre à contribution
08:57un grand nombre d'acteurs.
08:59Y compris les taxes sur les billets d'avion.
09:01Il faut bien, à un moment, trouver des sources de recettes.
09:04Ne craignez pas que ça percute l'industrie aéronautique,
09:07que les compagnies disent qu'on va moins investir
09:10pour acheter des avions ?
09:11Je ne le pense pas.
09:12Il y a une demande qui va croissant
09:14pour le transport aérien, à l'échelle globale,
09:16pas simplement à l'échelle française ou de l'Europe.
09:19De ce point de vue, je ne pense pas
09:21qu'une taxe de cette nature aura pour conséquence
09:25de changer la problématique au niveau industriel
09:28et pour la demande d'avions en particulier.
09:30Ca se répercutera sur le prix du billet d'avion ?
09:33C'est possible, mais ça dépend.
09:35Vous pouvez avoir des compagnies aériennes
09:37qui ont la possibilité de ne pas le répercuter.
09:39C'est ce que vous leur demandez de faire ?
09:41Je ne vais pas m'immiscer dans la politique commerciale
09:45des compagnies aériennes.
09:47Si elles souhaitent ne pas le répercuter
09:50et si elles en ont la capacité, peut-être qu'elles le feront.
09:52La parole est maintenant à Aurélien Herbemont,
09:54chef adjoint de socialiste politique de France Info,
09:56Etienne Girard, chef socialiste de Société de l'Express,
09:58Clément Méric, journaliste à LCP,
10:00et Hugo Couturier, pour Hugo, au perchoir.
10:02On va commencer par parler du budget.
10:04Pour l'instant, Michel Barnier dit vouloir éviter le 49-3
10:06pour faire voter le budget de la France de l'année prochaine.
10:09Mais les débats sont loin d'être terminés
10:11et chacun, y compris dans la majorité, le Bloc central,
10:13y va de ses propositions, amendements, impôts nouveaux.
10:16Clément, on va essayer d'y voir plus clair.
10:19En commençant peut-être par le budget de la Sécurité sociale,
10:21parce que le débat commence ce soir dans l'hémicycle
10:23ici à l'Assemblée nationale,
10:25le gouvernement prévoit d'augmenter les cotisations patronales
10:27sur les bas salaires,
10:29ce qui va mécaniquement augmenter le coût du travail
10:31de 4 milliards d'euros.
10:33Le 16 octobre dernier, vous expliquez
10:35que vous comptiez modérer les réductions
10:37d'exonération de charges
10:39afin de préserver le coût du travail.
10:41Que proposez-vous exactement sur ce point-là ?
10:43Moi, je ne propose pas,
10:45ce sont les parlementaires qui proposent.
10:47Ce que j'ai dit, c'est que j'étais en soutien
10:49des initiatives parlementaires qui,
10:51dans l'enveloppe des 60 milliards d'euros d'économie,
10:53trouvent d'autres équilibres,
10:55en particulier des équilibres qui limitent
10:57l'augmentation du coût du travail
10:59qui pourrait résulter de l'affaiblissement
11:01des exonérations patronales en matière de charges sociales.
11:03La condition, et j'ai toujours été extrêmement clair là-dessus,
11:05la condition, c'est de trouver
11:07d'autres économies permettant
11:09de compenser cela. Et ça n'est pas simple,
11:11c'est la responsabilité des parlementaires.
11:13Je crois qu'un certain nombre d'amendements
11:15ont été déposés en ce sens.
11:17Lesquels, vous semblent,
11:19proposer un bon point d'équilibre,
11:21un bon point d'atterrissage ?
11:23Moi, le principe, sur lequel
11:25j'ai toujours été très clair,
11:27c'est qu'on ne doit pas
11:29dévier de notre cap,
11:31qui est favorable à l'entreprise,
11:33cette fameuse politique de l'offre qui nous a permis
11:35de recréer des emplois et des emplois industriels.
11:37La dimension coût du travail
11:39est une composante de la compétitivité
11:41des entreprises. Ca n'est pas la seule,
11:43mais c'est une composante. Et donc,
11:45ce que je souhaite, c'est qu'on s'attaque
11:47le plus possible aux dépenses
11:49publiques inefficaces, et il y en a un certain nombre.
11:51Moi, j'ai fait des propositions
11:53quand j'étais encore parlementaire,
11:55pour limiter, par exemple,
11:57le financement et les aides à l'apprentissage
11:59dans l'enseignement supérieur,
12:01car la valeur ajoutée en termes d'insertion professionnelle
12:03est plus faible.
12:05J'ai été responsable de master,
12:07j'ai ouvert mon master à l'apprentissage.
12:09Ca n'est pas à ces niveaux de qualification
12:11et de diplôme que l'investissement
12:13et l'argent public en matière
12:15de soutien à l'apprentissage est le plus efficace.
12:17Vous supprimez les aides à l'apprentissage ?
12:19Il faut les graduer en fonction du niveau de diplôme.
12:21C'est ce que je proposais.
12:234 milliards d'euros, c'est trop pour vous ?
12:254 milliards d'euros sur les exonérations ?
12:27Ce qui est certain,
12:29c'est que les évaluations suggèrent
12:31que ça peut avoir un effet
12:33sur l'emploi.
12:35A ça, il faut faire très attention.
12:37Je pense que d'autres équilibres peuvent être trouvés,
12:39mais pour trouver d'autres équilibres,
12:41il faut trouver d'autres économies.
12:43Une mesure du budget de l'Etat.
12:45Le gouvernement a décidé de taxer pendant deux ans
12:47les bénéfices des entreprises,
12:49qui font plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires.
12:51Il y a 8 milliards d'euros à la clé.
12:53Eric Coquerel explique qu'en limitant ce dispositif
12:55pendant deux ans, les entreprises vont pouvoir
12:57contourner le dispositif facilement
12:59par des jeux d'écriture comptable.
13:01C'est confirmé par un cabinet d'experts comptables
13:03cité récemment.
13:05Il évoquait une dizaine de leviers
13:07qui permettront aux entreprises
13:09de contourner cette taxe.
13:11Comment comptez-vous éviter cela ?
13:13Ce qui serait véritablement endommageable,
13:15c'est que les entreprises arrêtent d'investir,
13:17arrêtent de venir
13:19sur notre territoire,
13:21précisément parce qu'on aurait
13:23inscrit cette augmentation
13:25et cette surtaxe dans la durée.
13:27C'est précisément parce qu'elle est exceptionnelle,
13:29parce qu'elle est temporaire, cette surtaxe,
13:31que nous sommes confiants sur le fait
13:33qu'il n'y aura pas de décision irréversible
13:35qui soit prise en termes d'investissement.
13:37Les contournements...
13:39Les contournements, vous savez,
13:41ils peuvent avoir lieu,
13:43ils seront contrôlés avec la plus grande
13:45exigence, mais ils peuvent avoir lieu
13:47que la surtaxe soit temporaire ou qu'elle soit durable.
13:49En réalité, le vrai sujet,
13:51c'est de ne pas envoyer un signal délétère
13:53à celles et ceux qui investissent
13:55en France, à celles et ceux qui font
13:57des bénéfices, parce que cette surtaxe
13:59porte sur les bénéfices,
14:01et je reviens sur ce que je disais tout à l'heure,
14:03l'idée, c'est de ne pas déroger à ce cap.
14:05Nous avons des efforts à faire et
14:07beaucoup d'acteurs économiques, comme les grandes entreprises,
14:09vont être mis à contribution,
14:11mais encore une fois, cette contribution,
14:13elle doit être exceptionnelle et temporaire.
14:15Marc Ferratti, enchaînons sur cette efficacité
14:17fiscale. Il y a un dispositif fiscal
14:19qui pèse dans les caisses
14:21de l'État, c'est le crédit impôt-recherche,
14:237,6 milliards d'euros
14:25cette année. Parmi les bénéficiaires,
14:27par exemple, l'entreprise Sanofi,
14:29100 millions d'euros
14:31cette année, et pourtant,
14:33l'entreprise Sanofi supprime
14:35en avril 2024
14:37330 postes
14:39d'ingénieurs recherche et
14:41développement. Justement, le crédit impôt-recherche,
14:43c'était pour investir dans la
14:45recherche et le développement. Est-ce que
14:47parfois, il arrive que ce crédit
14:49impôt-recherche bénéficie à des entreprises
14:51qui n'en ont pas besoin ?
14:53D'abord, vous dire que le crédit impôt-recherche,
14:55c'est un outil extrêmement
14:57puissant et extrêmement efficace
14:59pour maintenir de la R&D en France.
15:01La recherche et le développement ?
15:03Vous avez raison, la R&D,
15:05donc de la recherche et le développement,
15:07pour faire venir des emplois
15:09extrêmement qualifiés.
15:11Moi, quand je vais sur le terrain, j'étais encore
15:13il y a quelques jours en Côte d'Or pour visiter
15:15des industries de santé,
15:17des entreprises du médicament en particulier.
15:19Ce n'était pas Sanofi, c'était d'autres entreprises.
15:21Tout le monde me parle de maintenir le CIR.
15:23Pourquoi est-ce qu'on a besoin de le maintenir
15:25et pourquoi on va le maintenir dans son
15:27intégrité ? Précisément parce que ça
15:29crée des emplois très qualifiés. Ensuite,
15:31moi, je ne vais pas me faire
15:33le porte-parole de Sanofi,
15:35mais ce sont des industries
15:37de santé au sens large, des industries qui investissent
15:39énormément en matière de recherche et développement.
15:41100 millions d'euros de CIR pour une,
15:43comme le Crédit Impôt Recherche.
15:45Le Crédit Impôt Recherche,
15:47c'est à comparer, vous avez raison de faire
15:49oeuvre de pédagogie, c'est à comparer
15:51à presque 5 à 6 milliards
15:53de dépenses de recherche et
15:55développement au niveau du secteur des industries de santé.
15:57Est-ce que vous souhaitez qu'il y ait un contrôle
15:59de l'utilisation du Crédit Impôt Recherche ?
16:01Vous savez, le Crédit Impôt Recherche, il a déjà
16:03une contrepartie. Il a déjà une contrepartie
16:05qui est de réaliser des investissements en matière
16:07de recherche et développement.
16:09Bien sûr que c'est contrôlé.
16:11Au moment où vous faites valoir votre droit
16:13au Crédit Impôt Recherche, vous devez justifier
16:15que vous allez réaliser des investissements
16:17en matière de recherche et développement,
16:19que vous allez embaucher le cas échéant
16:21des docteurs ou des chercheurs.
16:23La contrepartie, elle existe.
16:25Ensuite, que certaines entreprises,
16:27plusieurs années après,
16:29trouvent des équilibres différents
16:31et embauchent, par exemple,
16:33des chercheurs dans d'autres spécialités...
16:35Ou en suppriment.
16:37Oui, mais en compensant
16:39les effectifs, ça peut arriver.
16:41Mais la contrepartie au CIR existe.
16:43Au Crédit Impôt Recherche, elle existe.
16:45Elle est dans ce que doivent faire les entreprises
16:47au moment où elles le reçoivent,
16:49au moment où elles sont éligibles.
16:51Il n'y a pas de détournement de fonds publics ?
16:53Il n'y a pas de détournement de fonds publics.
16:55Il y a plusieurs réactions dans le chat
16:57par rapport à ce que vous dites.
16:59Quelqu'un dit qu'il n'y a aucun contrôle
17:01sur le CIR. Un mec au RSA est 100 fois,
17:031000 fois plus contrôlé.
17:05Le Crédit Impôt Recherche est une grosse arnaque.
17:07Le Crédit Impôt Recherche est une grosse arnaque.
17:09Tous les gens qui en bénéficient le savent.
17:11Il y a une question de Maski Lili qui dit
17:13pourquoi les politiques ont du courage
17:15quand il s'agit de rendre la vie plus compliquée
17:17aux petits, mais jamais contre les puissants ?
17:19C'est intéressant ce que vous dites.
17:21Quand je vais sur le terrain,
17:23ce que j'entends plutôt,
17:25de la part des petites entreprises,
17:27des PME ou des ETI,
17:29c'est qu'il faut simplifier le CIR.
17:31Il faut simplifier
17:33précisément parce qu'on demande des contreparties,
17:35des justificatifs, des preuves
17:37que des investissements vont être réalisés,
17:39que des embauches vont être faites.
17:41Il y a ce contrôle, il y a cette contrepartie.
17:43C'est ce que j'indiquais à l'instant
17:45à Étienne Girard.
17:47Ils existent et c'est même la condition
17:49pour bénéficier du CIR.
17:51Je peux vous assurer que le CIR,
17:53comme tout dispositif,
17:55le Crédit Impôt Recherche,
17:57excusez-moi,
17:59le Crédit Impôt Recherche,
18:01il y a, comme dans tout dispositif public
18:03qui aide les entreprises,
18:05il y a un grand nombre de justificatifs
18:07à apporter et je peux vous garantir
18:09qu'on entend plutôt sur le terrain
18:11l'idée qu'il faudrait simplifier
18:13la démarche de justification
18:15que de dire
18:17qu'il n'y a aucune justification à donner.
18:19Aurélie ? Marc Ferracci, une autre question
18:21relative à Sanofi,
18:23Doliprane, c'était l'affaire de ces dernières semaines.
18:25Un de vos prédécesseurs
18:27à Bercy, Arnaud Montebourg,
18:29met en cause la patronne
18:31d'Opela, la filiale qui détient
18:33Doliprane et qui va être vendue
18:35à un fonds américain.
18:37Il accuse Arnaud Montebourg, la patronne d'Opela,
18:39d'avoir touché 200 millions d'euros
18:41pour vendre aux Américains.
18:43Sanofi dit que c'est faux. Est-ce que vous,
18:45au ministère de l'Industrie, vous avez des éléments
18:47sur ce qu'on appelle un management package ?
18:49Y en a-t-il eu ou pas, à votre connaissance ?
18:51Moi, je n'ai pas d'informations en ce sens.
18:53Et c'est une affaire
18:55qui ne concerne pas le gouvernement, il faut quand même bien le dire.
18:57C'est Sanofi et son management,
18:59en l'occurrence la directrice d'Opela,
19:01mais moi, je n'ai aucune information en ce sens.
19:03Et je ne sais pas quelles sont les sources d'Arnaud Montebourg.
19:05Vous ne souhaitez pas la transparence sur cette question précise ?
19:07La transparence est toujours une bonne chose,
19:09mais en l'état actuel de mes informations,
19:11je ne peux pas confirmer cet élément.
19:13Est-ce que vous avez posé la question aux dirigeants de Sanofi
19:15s'ils étaient intéressés, et d'Opela,
19:17la filiale qui commercialise Doliprane,
19:19s'ils étaient intéressés à cette vente,
19:21à titre personnel ?
19:23Moi, dans cette affaire, ce qui m'a préoccupé,
19:25de A à Z, avec Antoine Armand, le ministre
19:27de l'Economie, c'est de nous assurer de deux choses.
19:29D'une part, que la sécurité
19:31d'approvisionnement en médicaments des Français
19:33a été assurée sur le long terme,
19:35et la deuxième chose, c'est que l'empreinte industrielle,
19:37c'est-à-dire les emplois, la recherche
19:39et développement, et
19:41également le respect
19:43du réseau de fournisseurs et de sous-traitants
19:45soient également respectés et préservés.
19:47C'est la raison pour laquelle nous avons exigé
19:49et obtenu un certain nombre de garanties,
19:51assorties de sanctions, de sanctions pécuniaires,
19:53et donc, pour le reste,
19:55de mon point de vue, de ministre
19:57de l'Industrie, il ne m'appartient pas
19:59d'intervenir dans un jeu
20:01entre
20:03le conseil d'administration de telle ou telle entreprise
20:05et son management.
20:07Aurélie ? Vous estimez avoir eu les garanties
20:09suffisantes, on parle d'un accord
20:11entre l'Etat et Sanofi pour garantir
20:13pendant 5 ans, minimum, que la production
20:15de Doliprane continuera à se faire en France.
20:17Au-delà de 5 ans, il se passe quoi ? Est-ce que vous avez
20:19mis assez de garde-fous pour que
20:21Doliprane soit sécurisée sur le long terme ?
20:23Bien sûr, non seulement on a mis
20:25assez de garde-fous, mais si vous lisez
20:27cet accord, c'est un accord absolument inédit,
20:29à la fois par les engagements qu'il contient,
20:31mais aussi par les sanctions qui permettent
20:33de vérifier les engagements. Il y a des sanctions pécuniaires,
20:35sur le maintien de l'emploi, par exemple,
20:37il est prévu que tout emploi
20:39détruit dans le cadre d'un licenciement
20:41collectif, d'un PSE, d'un plan de sauvegarde
20:43de l'emploi, coûtera 100 000 euros,
20:45ce qui est parfaitement
20:47dissuasif pour l'entreprise
20:49qui serait tentée de le faire.
20:51Et j'ajoute...
20:53Pour des fonds qui feront des millions,
20:55des milliards de profits ?
20:57Ce qui est important, c'est de savoir au moment où l'entreprise
20:59fait le calcul, fermer le site
21:01ou laisser le site ouvert, si ce calcul
21:03est économiquement viable et
21:05satisfaisant. Les sanctions ont été
21:07construites et leur montant a été déterminé
21:09de telle sorte qu'elles soient dissuasives au moment
21:11de prendre ce type de décision. Et puis, puisque vous me posez
21:13la question du Doliprane, je vais vous répondre.
21:15Le Doliprane est un médicament qui repose
21:17sur un principe actif, le paracétamol.
21:19Vous le savez, il y a un engagement du président de la République
21:21qui a été pris en 2023, qui est de faire revenir
21:23la production du principe actif en France.
21:25Et c'est ce qui va se passer en 2025.
21:27Cet accord va sécuriser
21:29la production de paracétamol en France.
21:31Pourquoi ? Parce que des engagements sont
21:33demandés à Opéla
21:35pour s'adresser aux fournisseurs
21:37de paracétamol qui oeuvrera sur le territoire
21:39français et donc pour créer un débouché
21:41à ce paracétamol made in France.
21:43Donc cet accord consolide également
21:45la filière du paracétamol français.
21:47Une question rapide avant d'aller sur le livret d'épargne.
21:49Vous évoquez des sanctions pécuniaires.
21:51Rappelons ce qui s'était passé
21:53dans le dossier Alstom en 2015.
21:55Des sanctions pécuniaires étaient aussi
21:57prévues à l'égard de General Electric,
21:59racheteur d'Alstom.
22:01Ils n'ont pas respecté les conditions
22:03et ils ont préféré payer une amende
22:05de 50 millions d'euros en 2019.
22:07Comment vous pouvez nous garantir
22:09que ce scénario
22:11General Electric-Alstom ne se reproduira
22:13pas dans ce dossier ?
22:15D'abord par le montant des sanctions.
22:17Le montant n'est pas le même.
22:19Rentrer dans le détail de l'accord,
22:21mais typiquement, arrêter la production
22:23sur les sites de Compiègne
22:25et de Lisieux, ça peut mener
22:27ou arrêter la production
22:29des volumes qui sont spécifiés dans l'accord,
22:31ça peut mener jusqu'à 100 millions d'euros.
22:33À quoi s'ajoute le maintien
22:35de la direction opérationnelle en France,
22:37le maintien des emplois ? Tout ça peut aller
22:39à des montants plus importants.
22:41Il y a aussi un élément
22:43de spécificité à cet accord,
22:45c'est que nous sommes dotés de la capacité
22:47à contrôler les engagements
22:49en faisant rentrer l'Etat par l'intermédiaire
22:51de la Banque publique d'investissement
22:53au Conseil d'administration.
22:55Michel Barnier a promis
22:57dans sa déclaration de politique générale
22:59la mise en place d'un livret d'épargne
23:01industrielle. Depuis, on n'a pas
23:03de calendrier, pas de détails,
23:05pas d'éventuelles informations sur la rémunération
23:07de ce livret. Est-ce que le ministre de l'Industrie
23:09a plus d'informations concernant
23:11ce livret d'épargne industrielle ?
23:13Bien sûr. Mes équipes travaillent avec celle d'Antoine Armand
23:15puisque c'est un sujet qui ne traite pas uniquement
23:17de l'industrie mais également du système financier
23:19et bancaire. Quel est l'enjeu ici ?
23:21L'enjeu, c'est que pour soutenir notre industrie, au niveau
23:23français et européen, on va avoir besoin d'investissements
23:25colossaux dans les prochaines années, les prochaines décennies.
23:27Vous chiffrez à combien ?
23:29Si vous prenez le rapport
23:31Draghi, ça se chiffre en centaines de milliards
23:33d'euros dans les prochaines années.
23:35À un moment ou à un autre, l'argent public, évidemment,
23:37ne suffit pas à cela. Un des enjeux,
23:39c'est d'orienter l'épargne des Français
23:41et l'épargne des Européens, mais d'abord l'épargne
23:43des Français, vers nos outils industriels,
23:45vers nos investissements industriels.
23:47Nous sommes en réflexion sur
23:49la manière dont on fait cela au mieux.
23:51Le terme de livret est un terme
23:53qui résume la volonté de ce qu'on veut faire.
23:55Ça pourra être des véhicules
23:57ou des produits financiers
23:59un petit peu différents, mais le but, c'est bien
24:01que l'épargne des Français aille vers les projets
24:03d'investissement industriel, beaucoup plus qu'elle n'y va
24:05aujourd'hui. Et là-dessus, nous sommes
24:07en train de réfléchir à des solutions
24:09opérationnelles qui seront dévoilées dans les prochaines semaines.
24:11Et le calendrier de mise en place,
24:13à quelle échéance ? Je ne vous donne pas
24:15à ce stade de date.
24:17Je préfère ne pas
24:19m'avancer, parce que ce genre de choses,
24:21vous savez, il vaut mieux mettre sur la table
24:23quelque chose qui fonctionne, quelque chose
24:25qui est attractif pour les Français, que de se
24:27précipiter et de subir un échec.
24:29Oui, il y a plusieurs réactions. Il y a des gens
24:31qui ne comprennent pas pourquoi l'Etat s'efforce
24:33à préserver une usine
24:35qui ne produit pas de paracétamone.
24:37On veut des usines qui fabriquent des médicaments,
24:39pas qu'ils les mettent en boîte. Et il y a Graoux qui vous demande
24:41pourquoi l'Etat ne prend pas suffisamment de part
24:43dans les entreprises d'intérêt vital pour la nation
24:45afin de pouvoir mettre son veto sur certaines décisions.
24:47Je viens de vous répondre sur la première
24:49question. L'Etat, non seulement,
24:51soutient les entreprises et les usines
24:53qui produisent du paracétamone, c'est-à-dire le principe
24:55actif. C'est encore une fois un engagement
24:57du président de la République qui a été pris au sortir
24:59de la crise Covid, où nous avons manqué
25:01de ce principe actif,
25:03qui a été pris et qui va être tenu
25:05dans le courant de l'année 2025.
25:07Et encore une fois, ce que nous souhaitons,
25:09c'est assurer cette souveraineté
25:11sanitaire avec la production
25:13des principes actifs, pas simplement le paracétamol,
25:15sur notre territoire, et c'est exactement
25:17la ligne que nous avons.
25:19On va parler de l'automobile
25:21maintenant, avec des nouvelles
25:23qui viennent d'Allemagne, qui ne sont pas rassurantes.
25:25En Allemagne, Volkswagen
25:27annonce un plan d'économie de 4 milliards
25:29d'euros, la fermeture prochaine
25:31de trois usines, baisse de salaire
25:33pour tous les salariés de 10 %,
25:35des suppressions
25:37de milliers d'emplois. Est-ce que ça vous
25:39inquiète pour la filière automobile
25:41dans l'Europe entière ?
25:43Et surtout en France, bien sûr.
25:45La filière automobile,
25:47partout en Europe, a des difficultés.
25:49Elle a des difficultés qui sont liées
25:51notamment à une concurrence
25:53qui est imposée par l'Asie, en particulier
25:55par la Chine, qui est une concurrence féroce,
25:57qui est une concurrence sur le véhicule
25:59électrique en particulier.
26:01Et il est évident que,
26:03face à cette concurrence,
26:05il y a des réponses qui sont parfois
26:07celles que vous venez d'évoquer.
26:09Il y a une difficulté également
26:11associée au fait qu'on est en transition
26:13dans la filière automobile. Vous le savez,
26:15à horizon 2035,
26:17il n'y aura plus de nouveaux véhicules
26:19qui disposeront de moteurs thermiques.
26:21Nous allons basculer vers l'électrique.
26:23Et ça, tout le monde accepte l'idée de ce cap.
26:25Personne ne le remet en question.
26:27Mais quand vous avez une transition
26:29de cette nature, vous avez forcément
26:31parfois des emplois qui disparaissent.
26:33C'est par exemple des emplois
26:35dans les activités de fonderie
26:37qui produisent des blocs moteurs thermiques.
26:39Il faut savoir anticiper
26:41ces chocs-là, accompagner les salariés.
26:43L'Etat a mis en place, il y a déjà
26:45quelques temps, un fonds d'accompagnement
26:47de la filière automobile pour reconvertir
26:49les salariés, qui, de manière proactive,
26:51a déjà accompagné et remis sur une trajectoire
26:53d'emploi 3 000 salariés.
26:55Nous allons amplifier ces efforts
26:57en lien avec la filière.
26:59Ce qui se passe en Allemagne ne peut pas se passer en France.
27:01Mais le principe
27:03selon lequel on va avoir
27:05à assumer cette transition, c'est-à-dire qu'il va y avoir
27:07des sites
27:09qui vont soit changer d'orientation,
27:11qui vont faire autre chose. Je vous donne un exemple très concret.
27:13J'étais, il y a quelques semaines, à côté de Sochaux,
27:15dans une entreprise qui s'appelle
27:17Forvia, qui est un équipementier automobile
27:19qui est en train d'assumer la transition.
27:21Historiquement, cet équipementier fait des pots d'échappement.
27:23Les pots d'échappement, ça concerne les véhicules thermiques.
27:25Ils sont en train
27:27de changer leur usine pour
27:29faire des réservoirs à hydrogène
27:31qui seront destinés
27:33à être placés sur des véhicules
27:35à hydrogène.
27:37C'est l'exemple de cette transition que fait cette entreprise
27:39à l'intérieur même de son unité
27:41de production. Elle a une université qui forme
27:43ses salariés, qui avaient l'habitude
27:45de travailler sur les pots d'échappement et qui demain
27:47travailleront sur les réservoirs à hydrogène. Parfois, ce sont
27:49les entreprises qui ont les moyens de le faire.
27:51Il faut les aider, il faut accompagner
27:53l'ensemble de la filière. Pour répondre à votre question,
27:55c'est déjà en train
27:57de se passer cette transition. Il y a déjà
27:59des emplois qui disparaissent, mais aussi des emplois qui se créent.
28:01Ce que disent les estimations,
28:03effectivement, les projections suggèrent
28:05qu'à la fin, il y aura à peu près autant
28:07d'emplois détruits que d'emplois créés.
28:09Vous allez écouter Sophie Binet,
28:11secrétaire générale de la CGT,
28:13qui n'est pas si optimiste que vous.
28:15La réalité de la filière automobile,
28:17c'est ce qui se dit là, c'est-à-dire
28:19que tous les salariés ici présents,
28:21tous leurs sites sont menacés.
28:23100 000 suppressions d'emplois sur les 5 dernières années,
28:2580 000 sur les 5 prochaines.
28:27Voilà la situation d'emploi
28:29dans la filière automobile en France.
28:31C'est une filière entière qui est en train d'être rayée
28:33de la carte, sachant que notre industrie,
28:35la place de l'automobile dans notre
28:37industrie est centrale. S'il n'y a plus d'industrie
28:39automobile, de toute manière, il n'y a plus d'industrie en France.
28:41Elle est inquiète, Sophie Binet.
28:43Elle est inquiète, comme
28:45un certain nombre d'acteurs qui sont sur le terrain
28:47et qui voient ce phénomène de transition
28:49qui est à l'oeuvre. Il y a des emplois qui disparaissent.
28:51Ce serait absurde de le nier.
28:53Moi, j'y vais et j'ai sur mon bureau
28:55de ministre de l'Industrie
28:57un certain nombre de dossiers d'entreprises
28:59en difficulté. Mais j'attire encore une fois
29:01l'attention sur le fait qu'il y a aussi
29:03de très bonnes nouvelles. J'étais
29:05chez Stellantis il y a maintenant
29:07près d'un mois. Chez Stellantis,
29:09il y a une nouvelle ligne de production dans l'usine historique
29:11de Sochaux qui produit des voitures
29:13électriques dont tous les composants sont
29:15produits en France. Les batteries sont produites
29:17dans le Nord, chez ACC. Les moteurs électriques
29:19sont produits en Moselle, à Trémery.
29:21Et ça, c'est quelque chose qui n'existait pas
29:23il y a cinq ans. Donc, ça veut dire que la transition
29:25est en train de se faire.
29:26Il y a des emplois qui sont détruits.
29:28Il y a sans doute des emplois qui sont créés.
29:30Il y a des emplois qui ne sont pas créés.
29:32L'entreprise Eramet, la semaine dernière,
29:34qui devait ouvrir une usine
29:36de batteries électriques à Dunkerque,
29:38décide de ne pas l'ouvrir.
29:40Est-ce que ça, c'est un signal
29:42qui vous interpelle
29:44sur la stratégie que vous menez
29:46sur cette filière électrique ?
29:47Non, c'est une décision
29:49qui appartient à Eramet.
29:51J'étais, il y a
29:53quelques jours...
29:55En raison des manques de débouchés, je précise.
29:57En discussion avec la dirigeante
29:59d'Eramet, pour évoquer notamment ce dossier,
30:01et nous avons posé sur la table
30:03les tenants et les aboutissants
30:05de cette décision. Et effectivement,
30:07il y a ici un enjeu
30:09à analyser de manière
30:11plus fine les débouchés
30:13électriques dans les 5, 10, 15 prochaines années.
30:15Ce qu'elle m'a dit, les yeux dans les yeux,
30:17c'est que ça n'était pas
30:19un abandon de production,
30:21c'était une suspension.
30:23C'est un élément très important. Il y a besoin
30:25d'avoir un peu plus de vision sur ce que sont
30:27les débouchés, en particulier dans le domaine des batteries.
30:29C'est un report de ce projet.
30:31C'est une suspension, c'est comme ça que cela a été présenté.
30:33Clément, pardon.
30:35Les aides aux voitures propres
30:37devaient être aboutées cette année de 500 millions d'euros.
30:39On a appris aujourd'hui que ce serait finalement
30:41plus de 2 millions d'euros. Cela représente plus de la moitié
30:43du dispositif d'aide actuel.
30:45Est-ce que c'est vraiment le moment de faire ça
30:47alors que les voitures électriques ont du mal à se vendre
30:49aujourd'hui en France et que l'industrie peine ?
30:51Nous avons des contraintes budgétaires. Je vous l'ai dit tout à l'heure,
30:53vous m'avez interrogé sur la surtaxe
30:55d'IS. Il y a des efforts
30:57à faire et une partie des efforts seront
30:59faits notamment sur
31:01les mesures d'aide
31:03à la voiture électrique. Le chiffre
31:05que vous évoquez de 700 millions,
31:07c'est un chiffre qui est en réalité sous-estimé
31:09parce que, c'est un peu technique,
31:11mais nous sommes en train de complémenter
31:13ce chiffre avec
31:15d'autres dispositifs, en particulier
31:17les certificats d'économie d'énergie
31:19qui vont permettre de soutenir et de financer
31:21certaines mesures comme le leasing
31:23ou le bonus. Ce que vous voulez dire, c'est qu'il y aura plus que
31:25700 millions d'euros d'aide aux voitures électriques ?
31:27Dans les faits, il y aura plus que 700 millions d'euros.
31:29Ce sera plutôt quoi ?
31:31On est en train de trouver
31:33les atterrissages, mais
31:35je pense qu'on sera effectivement
31:37au-dessus de ce chiffre.
31:39Ensuite, ce que je veux vous dire, c'est que
31:41quand on est dans une situation difficile
31:43d'un point de vue budgétaire et qu'on a moins d'argent pour soutenir
31:45la demande, on a quand même d'autres leviers.
31:47Moi, en tant que ministre de l'Industrie, j'ai demandé
31:49à ce qu'on travaille avec le ministre de l'Economie
31:51Antoine Armand sur d'autres leviers. Je donne un exemple,
31:53le verdissement des flottes professionnelles,
31:55c'est-à-dire le fait d'imposer aux entreprises
31:57qui ont des flottes, qui ont parfois 50,
31:59100 véhicules dans leur flotte, d'acheter
32:01des véhicules électriques. Ça, c'est quelque chose que
32:03demande la filière et c'est un levier extrêmement
32:05efficace de soutenir la demande,
32:07qui ne coûte pas d'argent public.
32:09Vous avez monté un texte à l'Assemblée là-dessus ?
32:11Il y a un texte qui a été porté par le député
32:13Damien Adam dans la précédente législature,
32:15et il y a un amendement qui a été déposé
32:17par le député Jean-Luc Fugit,
32:19qui reprend ce principe de verdissement
32:21et de contrainte pour les entreprises
32:23qui n'achètent pas ce qu'ils ont.
32:25Et que le gouvernement va reprendre à son compte ?
32:27Pour l'instant, nous sommes en réflexion, parce que cet amendement
32:29va peut-être évoluer un petit peu dans sa rédaction,
32:31mais en tout état de cause,
32:33nous sommes véritablement sur l'idée d'actionner
32:35d'autres leviers, le verdissement ou encore la commande publique,
32:37pour aller plus vers l'électrique.
32:39Quand on n'a pas, vous savez,
32:41il y avait en 1970,
32:43au moment du choc pétrolier,
32:45il y avait ce fameux slogan, quand on n'a pas de pétrole,
32:47il faut des idées, on a un peu moins
32:49de moyens budgétaires, j'espère qu'on reviendra
32:51à meilleure fortune bientôt, et donc il nous faut
32:53d'autres leviers pour soutenir la demande, c'est ce que nous allons faire,
32:55y compris au niveau européen.
32:57Il y a aussi le malus thermique sur les voitures,
32:59qui va augmenter, qui va toucher des véhicules très populaires,
33:01on parle de la Twingo, du Dacia Sandero,
33:03les députés ont supprimé cette mesure,
33:05vous souhaitez à tout prix qu'elle soit
33:07rétablie dans le débat budgétaire ?
33:09C'est une mesure qui est nécessaire
33:11à l'équilibre global
33:13de ce budget, c'est-à-dire à l'objectif
33:15de 5% de déficit l'année prochaine,
33:17donc le raisonnement est toujours le même.
33:19Le raisonnement, c'est de dire que
33:21si on supprime des choses qui rapportent de l'argent,
33:23c'est le cas du malus, et qui changent aussi
33:25les comportements, il faut trouver
33:27des compensations, donc la ligne du gouvernement,
33:29je l'exprime en toute généralité,
33:31ce sera que des équilibres différents
33:33peuvent être trouvés, et notamment
33:35à travers les amendements, si et seulement si
33:37on trouve des économies ou des recettes équivalentes.
33:39Oui, monsieur le ministre, on n'a pas de rôle
33:41qui vous demande dans le chat, est-ce que
33:43les aides à l'achat pour les véhicules électriques
33:45seront fléchées pour des véhicules français ?
33:47Et Jean-Médic, il dit prétendent sauver l'emploi
33:49en refusant tout protectionnisme, contrairement
33:51aux Etats-Unis et à la Chine qui n'hésitent, eux,
33:53pas, c'est vraiment pisser dans un violent.
33:55Bah écoutez, je laisse...
33:57Vous n'êtes pas obligé de répondre à l'expression.
33:59C'est un autre commentaire, mais sur la protection,
34:01pas plus tard qu'il y a dix jours,
34:03nous avons, au niveau européen,
34:05en européen, avec le soutien de la France,
34:07introduit une mesure de protection
34:09qui a augmenté les tarifs, c'est-à-dire
34:11les droits de douane, sur les véhicules
34:13électriques chinois.
34:15Sur la toute première question, est-ce que
34:17les aides aux voitures électriques iront aux voitures françaises ?
34:19Eh bien, justement, nous sommes en train
34:21au niveau européen, mais aussi au niveau français,
34:23de faire en sorte de trouver des clauses
34:25qui, par exemple, dans les marchés publics,
34:27quand on achète des véhicules,
34:29permettent de flécher sur de la production française.
34:31Et nous sommes en train de réaliser la même chose au niveau européen.
34:33Ce que nous souhaitons faire,
34:35c'est tout simplement orienter vers de la production locale,
34:37par exemple en mettant des critères
34:39comme l'empreinte carbone. Quand vous produisez
34:41sur votre territoire, vous avez
34:43généralement une empreinte carbone qui est réduite
34:45par rapport à des importations.
34:47Et donc, nous sommes en réflexion,
34:49et nous allons faire des propositions dans les prochains mois,
34:51et notamment dans le cadre de l'agenda européen
34:53qui va mettre une politique industrielle
34:55nouvelle sur la table, nous sommes en réflexion
34:57sur les bons critères qui permettent
34:59de flécher sur l'offre locale
35:01et la production locale.
35:03Marc Ferracci, le grand pari d'Emmanuel Macron
35:05depuis qu'il est à l'Elysée,
35:07c'est de réindustrialiser la France.
35:09Est-ce que vous considérez aujourd'hui,
35:11quand on voit des emplois qui sont détruits dans l'industrie,
35:13certes il y en a des créés, mais il y en a aussi des détruits,
35:15est-ce qu'Emmanuel Macron n'a pas raté son pari ?
35:17Non, absolument pas. Au contraire, c'est un pari
35:19qui est toujours en passe d'être réussi.
35:21Vous l'avez dit, il y a des emplois qui sont détruits
35:23et des emplois qui sont créés.
35:25Ce n'est pas que dans l'industrie, c'est dans l'économie.
35:27Tous les jours, il y a des milliers d'emplois
35:29qui sont détruits et des milliers d'emplois
35:31qui sont créés dans les entreprises françaises.
35:33C'est le point de départ.
35:35Il y a eu plus d'emplois créés ces dernières années
35:37dans le domaine industriel en France
35:39que d'emplois détruits.
35:41Presque 110 000 emplois de plus en 2023.
35:43En 2022, pardon.
35:45Près de 30 000 de plus en 2023.
35:47Donc le solde net, en termes d'emplois,
35:49il est positif.
35:51Si on regarde les ouvertures de sites,
35:53vous aviez, en 2023, 57 ouvertures d'usines
35:55en termes nets, c'est-à-dire la différence
35:57entre celles qui ouvrent et celles qui ferment.
35:59Le pari, il est toujours en cours
36:01et le cap, nous allons le conserver.
36:03En tout cas, c'est presque déjà un bilan, Aurélie.
36:05Ça fait sept ans qu'Emmanuel Macron est à l'Elysée.
36:07Je vous laisse la main pour parler
36:09de l'après, de l'avenir.
36:11De l'après Macron.
36:13L'après Macron a-t-il déjà commencé ?
36:15Marc Ferracci, on voit que le président
36:17est en cohabitation,
36:19coexistence exigeante.
36:21On ne sait pas vraiment comment qualifier la situation.
36:23Vous êtes un des proches d'Emmanuel Macron.
36:25Il va y avoir bientôt une élection
36:27pour être délégué général
36:29de Renaissance,
36:31le parti présidentiel.
36:33Est-ce qu'il faut
36:35faire le deuil du macronisme ?
36:37Est-ce que c'est fini ?
36:39Vous savez, les idées que nous portons depuis 2017,
36:41l'idée qu'il faut prendre les bonnes idées à gauche
36:43et les bonnes idées à droite,
36:45pour créer des richesses avant de les redistribuer,
36:47je pense qu'elles ont toujours leur pertinence,
36:49peut-être plus que jamais, aujourd'hui.
36:51Je milite pour qu'on se dote d'un agenda
36:53de réformes qui permettent de créer des richesses
36:55et de soutenir la croissance de l'industrie.
36:57Ces idées, non seulement
36:59elles n'ont pas disparu, mais elles ne vont pas disparaître.
37:01C'est très important.
37:03Pour répondre à votre question sur le parti Renaissance,
37:05justement,
37:07le sujet dans l'élection
37:09qui va avoir lieu dans quelques semaines
37:11à la tête de notre parti,
37:13c'est de mettre les idées, la réflexion politique
37:15de fond au coeur
37:17de la contestation
37:19pour devenir secrétaire générale du parti.
37:21Pour l'instant, Elisabeth Borne
37:23est la seule candidate.
37:25On attend une candidature de Gabriel Attal.
37:27Qui se fait attendre ?
37:29Est-ce que vous considérez qu'Elisabeth Borne
37:31est la bonne candidate et qu'elle reste seule en lice ?
37:33Celui ou celle
37:35qui suscitera
37:37mon intérêt en tant que candidat,
37:39c'est celui ou celle qui posera sur la table
37:41un vrai projet pour
37:43proposer les idées
37:45qui correspondent à ce qu'est la société française.
37:47Les idées, il faut les faire évoluer.
37:49En 2017, on avait des idées
37:51qui, aujourd'hui, ont besoin d'être réactualisées.
37:53Qui étaient portées par Emmanuel Macron.
37:55Qui portent les idées ?
37:57Le sujet, c'est qu'on soit tous à l'aise.
37:59Il y a une question d'incarnation pour diriger
38:01un parti politique, Elisabeth Borne ou Gabriel Attal ?
38:03Vous savez, moi, ce qui me préoccupe,
38:05c'est moins l'incarnation que ce que
38:07les gens ont envie de dire.
38:09Moi, je m'entends bien avec Gabriel Attal,
38:11je m'entends bien avec Elisabeth Borne.
38:13Je leur ai dit les yeux dans les yeux
38:15à l'un et à l'autre.
38:17Mettez sur la table un vrai projet et une méthode
38:19pour produire des idées.
38:21Pour compléter ce que disait Aurélie Herbemont,
38:23pour l'instant, il n'y a qu'une seule candidate déclarée,
38:25c'est Elisabeth Borne.
38:27Après tout, si elle est toute seule, ça suffirait.
38:29Est-ce qu'il en faut un deuxième ?
38:31Ce n'est pas à moi de décider pour Gabriel Attal.
38:33Elisabeth Borne est déclarée,
38:35Gabriel Attal se déclarera peut-être,
38:37mais en tout état de cause,
38:39ça n'est pas un problème d'avoir deux candidats.
38:41Au contraire, vous avez un débat,
38:43les gens vont vous expliquer comment ils vont structurer
38:45le parti pour avoir une base militante, enthousiaste
38:47pour préparer les prochaines élections.
38:49Ils vont vous expliquer comment on va reconstituer
38:51une capacité à produire des idées
38:53ou à actualiser des idées,
38:55parce que la société française a changé,
38:57nous avons connu des crises, il y a des nouveaux défis,
38:59l'intelligence artificielle dont on va parler tout à l'heure.
39:01Tout ça réclame
39:03ce que les Italiens appellent
39:05un memento idéologique.
39:07C'est de ça dont on doit parler lors de l'élection de ce parti.
39:09Un chef de parti à 100 % dédié à cette tâche,
39:11il ne peut pas être président de groupe
39:13parlementaire en même temps ?
39:15Encore une fois, vous essayez de m'emmener
39:17sur la question de l'incarnation.
39:19C'est bien que Gabriel Attal est président du groupe.
39:21Je vais vous donner mon sentiment.
39:23Je vais vous donner mon sentiment,
39:25je l'ai déjà exprimé.
39:27Je pense que c'est difficile de faire les deux,
39:29c'est-à-dire d'être président de groupe
39:31et d'être chef de parti à plein temps.
39:33Ça ne veut pas dire que ça ne peut pas fonctionner.
39:35Il peut aussi y avoir des arguments pour faire les deux.
39:37C'est la manière de mieux coordonner
39:39le groupe et le parti.
39:41C'est vrai que ces dernières années,
39:43on a peut-être eu quelques difficultés avec ça.
39:45Mais moi, mon sentiment, c'est qu'à un moment,
39:47il faut expliquer très concrètement ce qu'on va faire.
39:49Aujourd'hui, Gabriel Attal, on l'avait dit,
39:51il n'est même pas candidat déclaré.
39:53J'attends qu'il se déclare s'il le souhaite.
39:55Ensuite, je jugerai sur pièce.
39:57Mais ce serait mieux qu'il y ait plusieurs candidats.
39:59Marc Ferrati, j'avais envie de vous poser
40:01que vous êtes un ami proche d'Emmanuel Macron.
40:03Comment va-t-il ?
40:05Il va très bien. Je crois qu'il est au Maroc,
40:07au moment où on se parle.
40:09On peut même le confirmer.
40:11C'est une information qu'on livre
40:13à toutes celles et ceux qui nous écoutent.
40:15Comment vit-il la situation politique présente ?
40:17Tout le monde a compris,
40:19et je pense que le président l'a compris lui-même,
40:21qu'il a moins de capital politique
40:23qu'il en avait il y a quelques mois
40:25pour impulser des politiques publiques,
40:27pour être à l'initiative.
40:29C'est la raison pour laquelle il a laissé Michel Barnier
40:31nommer le gouvernement.
40:33C'est la raison pour laquelle il laisse le gouvernement
40:35de Michel Barnier gouverner et diriger.
40:37Ça ne signifie pas qu'il n'a plus rien à faire.
40:39Ce que l'on appelle le domaine réservé,
40:41c'est-à-dire les sujets internationaux,
40:43les sujets européens, c'est extrêmement lourd
40:45dans la jardin des présidents.
40:47C'est un job à plein temps.
40:49Mais la réalité, c'est que la nature même
40:51de la fonction de président a forcément changé
40:53depuis la dissolution, parce qu'il n'a plus
40:55la capacité à impulser comme il le faisait
40:57auparavant des politiques publiques.
40:59Ça ne signifie pas qu'il est inactif.
41:01Vous ne sentez pas une espèce de frustration ?
41:03C'est ce qu'on entend chez des proches d'Emmanuel Macron,
41:05une frustration de ne plus être vraiment en manette.
41:07Encore une fois, je ne le perçois pas comme ça.
41:09Je pense que,
41:11plus qu'on parlait des enjeux
41:13de l'industrie de la filière automobile,
41:15il y a beaucoup d'enjeux qui vont se nouer
41:17dans les prochains mois au niveau européen.
41:19Emmanuel Macron sera présent à ce moment-là
41:21parce qu'il représentera la France au Conseil européen.
41:23Je peux vous dire qu'il y a encore
41:25des enjeux de manette qui sont en réalité
41:27à la portée du président.
41:29Y a des gens qui réagissent
41:31sur le fait que vous êtes
41:33le témoin de mariage du chef de l'Etat.
41:35Il y avait une question sur la situation
41:37de défiance envers le monde politique
41:39actuellement et envers le chef de l'Etat.
41:41Est-ce que vous comprenez qu'il y en ait certains
41:43qui puissent être dérangés du fait
41:45que le témoin du chef de l'Etat
41:47devienne son ministre ?
41:49Est-ce que vous comprenez que ça risque
41:51d'alimenter des discours de ce petit monde
41:53un peu hétérogène, homogène ?
41:55Vous savez, d'abord,
41:57j'ai eu une vie dans les dernières années.
41:59Je suis professeur d'université.
42:01J'ai monté des entreprises.
42:03J'ai fait beaucoup de choses dans ma vie.
42:05J'ai été, accessoirement, élu de la République.
42:07Tout ça me donne
42:09une certaine légitimité à être à la place
42:11à laquelle je suis aujourd'hui.
42:13Accessoirement, je suis devenu ministre
42:15alors que ça n'était plus
42:17Emmanuel Macron
42:19qui décidait de la composition des gouvernements.
42:21J'attire votre attention.
42:23Il a eu son mot à dire.
42:25Absolument pas.
42:27Contrairement...
42:29Il ne faut pas toujours lire la presse.
42:31Il faut la lire avec un peu de circonspection.
42:33Là, vous êtes circonspect.
42:35Moi, j'assume
42:37d'avoir eu la vie que j'ai eue,
42:39d'avoir construit une légitimité.
42:41Je pense que cette légitimité,
42:43si vous discutez avec les gens qui sont ici,
42:45elle est réelle.
42:47Si vous discutez avec les gens que j'ai côtoyés
42:49et qu'elle est traditionnelle, elle est réelle.
42:51Ensuite, les gens jugeront sur mon bilan de ce que j'ai fait.
42:53L'intelligence artificielle, on va en parler
42:55puisque vous l'évoquiez tout à l'heure
42:57et on en a parlé au début de l'émission.
42:59Est-ce qu'elle a un avenir ?
43:01Jusqu'où peut-elle influencer nos styles de vie,
43:03notre façon de penser ?
43:05Juste que, par exemple, dans les élections américaines,
43:07Marco Pommier nous branche le portrait
43:09de celle qui va venir face à vous débattre
43:11sur ces sujets dans une minute.
43:13Face à vous, Marc Ferracci,
43:15une tête bien faite,
43:17spécialiste des enjeux politiques
43:19et géopolitiques de la tech
43:21et de l'intelligence artificielle.
43:23Ces géants technologiques,
43:25les Elon Musk, Sam Altman, Google,
43:27Meta, donc Facebook,
43:29Amazon, qui ne sont pas simplement
43:31des entreprises privées,
43:33qui sont aussi des acteurs politiques,
43:35idéologiques, géopolitiques et militaires.
43:37Une vision développée dans ce livre,
43:39Technopolitique, comment la technologie
43:41fait de nous des soldats,
43:43les cibles d'une vaste guerre numérique
43:45avec une mise en garde.
43:47Plus on se technologise,
43:49plus on se vulnérabilise.
43:51Ce que vous avez dans votre poche,
43:53le smartphone, vos apps,
43:55sont autant d'armes de guerre invisibles,
43:57intangibles, potentielles.
43:59Au point de remettre en cause
44:01la survie de nos démocraties
44:03face à ce choc technologique.
44:05On est en train de changer d'époque
44:07et je crains qu'on n'ait toujours pas
44:09les bonnes lunettes pour le lire et le décrypter.
44:11Alors quid de l'encadrement des big tech,
44:13que pourraient changer l'élection
44:15de Kamala Harris ou de Donald Trump
44:17le 5 novembre ?
44:19Notre invité y consacre une tribune
44:21et vous interpelle sur le sujet ce soir.
44:23Avec ce constat,
44:25les deux candidats, malgré leur divergence,
44:27ne remettront pas en cause
44:29le leadership technologique américain.
44:31Quant à l'Europe,
44:33elle décrocherait malgré ses tentatives
44:35de réglementation.
44:37L'Europe restera confrontée à ses enjeux
44:39de souveraineté et poursuivra probablement
44:41son lent processus de périphérisation.
44:43Face à vous, Marc Ferracci,
44:45Asma Malla.
44:47Vous êtes reconnue dans le portrait,
44:49vous ne retirez rien des propos.
44:51Asma Malla, bonsoir.
44:53Vous êtes face à Marc Ferracci.
44:55Bonsoir.
44:57J'y vais ?
44:59Monsieur le ministre, bonsoir.
45:01Ministre de l'Industrie
45:03et probablement le ministère actuellement
45:05le plus important, le plus stratégique
45:07qui soit. Je sais qu'on n'a pas l'habitude
45:09de parler de ça, mais à mon sens,
45:11il y en a deux qui vont déterminer
45:13la trajectoire de la France et qui nous sommes
45:15dans les 30 prochaines années.
45:17Ministère des Armées et Ministère de l'Industrie.
45:19Quelques constats
45:21et après quelques questions.
45:23Les constats, c'est que,
45:25les bonnes nouvelles, parce que je sais
45:27qu'on a l'habitude de trop attaquer
45:29les hommes politiques, c'est qu'il y a une vraie prise
45:31de conscience politique sur la question de la réindustrialisation
45:33et ça, c'est clair.
45:35On a globalement réussi à endiguer
45:37notre déclin et notre désindustrialisation.
45:39En revanche,
45:41en revanche, aujourd'hui,
45:43dans l'équilibre, même dans notre secteur
45:45ou le secteur technologique, qui est peut-être
45:47un des secteurs les plus stratégiques qui soit,
45:49ça n'arrive pas du tout à équilibrer
45:51notre appauvrissement
45:53ou ce processus de ce que j'appelle la périphérisation
45:55ou de décrochage de la France.
45:57Donc, en termes de stratégie industrielle
45:59ou techno-industrielle, sur, disons,
46:01les grands points d'étranglement,
46:03les semi-conducteurs, l'intelligence artificielle,
46:05quelle est votre vision
46:07et quelle est notre stratégie ?
46:09Et là, et pour terminer ma première question,
46:11je fais référence...
46:13Et vous pourrez échanger ensuite.
46:15J'en ai trois.
46:17Commencez par la première.
46:19C'est toujours le triptyque.
46:21C'est la question, par exemple, du rapport
46:23de Mario Draghi, en l'occurrence,
46:25qui appelle à des fonds, et j'ai l'impression,
46:27globalement, qu'on est toujours un peu contre-cycliques.
46:29Alors, prise de conscience politique, oui.
46:31Passage à l'acte.
46:33Vous avez raison.
46:35Le constat, c'est bien,
46:37et le rapport de Mario Draghi est une base
46:39extrêmement solide
46:41qui doit être une source d'inspiration.
46:43Je l'assume, il y a beaucoup de choses justes
46:45et beaucoup de recommandations qui gagneraient
46:47à être instruites et peut-être mises en oeuvre.
46:49Je vais rentrer dans le détail.
46:51Il dit qu'il y a un décrochage
46:53entre la France et les Etats-Unis,
46:55en termes de gains de productivité,
46:57un peu aussi avec la Chine,
46:59et ce décrochage, il a, évidemment,
47:01des causes assez profondes.
47:03Il y a des enjeux d'investissement.
47:05A-t-on investi suffisamment dans nos filières
47:07et nos filières d'avenir ? On a eu une prise de conscience,
47:09peut-être trop tardive, mais en tout cas, en France,
47:11on l'a eu, notamment avec le plan France 2030,
47:13qui a, en 2021,
47:15mis 54 milliards d'euros sur les filières d'avenir.
47:17Je pense qu'un des enjeux,
47:19c'est d'ailleurs ce qui est dit dans le rapport Draghi,
47:21c'est de concevoir ces investissements au niveau européen.
47:23Et d'ailleurs, nous allons, dans les prochaines semaines,
47:25dans les prochains mois,
47:27discuter, au niveau européen,
47:29d'un Clean Industrial Act,
47:31c'est-à-dire d'une législation européenne
47:33sur l'industrie propre,
47:35qui va, je l'espère, permettre d'avancer sur ce sujet.
47:37Ca, c'est le premier point. Il faut investir.
47:39Ensuite, il faut sortir d'une forme de naïveté.
47:41Et ça, c'est une question
47:43qui m'a été posée tout à l'heure, à propos des protections
47:45commerciales. On a besoin
47:47de se doter d'un agenda pour
47:49sortir de la naïveté au niveau européen.
47:51Ca veut dire adopter des protections
47:53tarifaires quand c'est nécessaire.
47:55Ca veut dire soumettre
47:57notre régime d'aides d'Etat
47:59à des critères un peu plus souples,
48:01parce que les Américains et les Chinois ne se privent pas
48:03d'aider leurs industries.
48:05Les clauses miroirs,
48:07c'est sur les clauses de protection commerciale,
48:09mais il y a aussi les aides d'Etat à proprement parler.
48:11Lorsque, comme je le disais
48:13tout à l'heure, on adopte des tarifs
48:15sur les véhicules chinois, c'est la conséquence du fait
48:17que les constructeurs chinois sont
48:19dans une situation de surcapacité,
48:21qu'ils ont la capacité de baisser les prix,
48:23qu'ils ont aussi fait des sauts technologiques
48:25sur les batteries, par exemple,
48:27mais aussi et surtout parce qu'ils sont extrêmement
48:29subventionnés par l'Etat chinois.
48:31Face à ça, il faut sortir de la naïveté,
48:33et c'est ce à quoi appelle Mario Draghi.
48:35Les Etats-Unis sont aujourd'hui ultra-protectionnistes.
48:37Un des chocs politiques, c'était l'IRL,
48:39l'Inflation Reduction Act,
48:41avec la guerre d'Ukraine, puis encore avant la pandémie.
48:43Ca a été un triple choc
48:45qui a fait qu'à un moment donné, on a réalisé
48:47qu'il y avait un énorme sujet de souveraineté technologique.
48:49Tout à fait, et justement, dans cet
48:51Inflation Reduction Act des Américains,
48:53il y a un certain nombre de dispositifs
48:55qui introduisent ce que l'on appelle des clauses locales,
48:57c'est-à-dire des clauses qui, dans les marchés publics,
48:59dans les aides diverses et variées,
49:01favorisent la production locale.
49:03Ca doit être une source d'inspiration pour nous,
49:05pour nous Français et pour nous Européens, et ça va l'être.
49:07Puis je vais ajouter quelque chose quand même,
49:09puisque vous avez écrit sur l'intelligence artificielle
49:11et vous êtes une spécialiste de l'intelligence artificielle.
49:13Très important.
49:15L'intelligence artificielle,
49:17c'est aussi potentiellement
49:19une source de gains de productivité
49:21absolument formidable.
49:23Ca améliore la capacité à réorganiser
49:25notre production, à être plus efficace.
49:27Parfois, ça donne la perspective
49:29aux gens d'avoir des emplois plus intéressants
49:31quand on délègue à l'intelligence artificielle
49:33des tâches un petit peu répétitives.
49:35Moi, ce que je veux dire, j'ai beaucoup travaillé
49:37sur la question du travail,
49:39justement, sur la manière dont on pouvait
49:41améliorer le travail d'un point de vue qualitatif
49:43et quantitatif. Ce que je veux dire, c'est que
49:45quand vous avez une rupture technologique comme celle-là,
49:47ça a été le cas dans les années 80 avec des ordinateurs,
49:49ça a été le cas dans les années 2000 avec Internet,
49:51il n'y a pas toujours des gains de productivité.
49:53Parmi toutes les entreprises qui vont adopter
49:55Chajipiti ou que sais-je, certaines feront des gains
49:57de productivité et pas d'autres.
49:59Et je vous laisse ensuite me dire
50:01ce que vous en pensez,
50:03mais moi, je pense qu'il y a un enjeu
50:05pour aller dans le sens de ce que préconise
50:07Mario Draghi et pour combler notre retard
50:09vis-à-vis des Etats-Unis, c'est qu'on soit en capacité
50:11de réorganiser le travail.
50:13Avec la difficulté qu'une fois qu'on a dit
50:15filière d'avenir, on n'a pas dit grand-chose.
50:17Ce qui se passe dans France 2020-2030,
50:19c'est plutôt, pardon de le dire aussi
50:21franchement, mais c'est plutôt du saupoudrage.
50:23C'est-à-dire qu'il n'y a pas de concept fort,
50:25il n'y a pas de vision.
50:27Or, ce dont on a aussi besoin, et c'est pour ça que je vous dis
50:29que vous êtes sur un des ministères peut-être
50:31les plus régaliens qu'il soit, et je sais que c'est contre-nature
50:33de le dire comme ça, c'est qu'on a besoin
50:35d'un nouveau récit national. Or, un récit national
50:37qui ne soit pas simplement des éléments
50:39de langage doit être adossé à une stratégie
50:41industrielle, c'est-à-dire nous sommes qui,
50:43comment nous nous projetons dans l'avenir.
50:45La Chine se projette.
50:47Musk et Trump, ce n'est pas du tout un hasard.
50:49Musk est aussi le symbole d'une projection
50:51futuriste avec la conquête
50:53ou la reconquête de l'espace,
50:55avec les nouvelles filières, l'intelligence artificielle.
50:57Vers quoi est-ce qu'on se projette ?
50:59Et j'ai beaucoup de mal, quand je suis en Europe
51:01et quand je suis en France, à comprendre
51:03où sont
51:05nos positionnements stratégiques.
51:07Et il ne s'agit pas de dire cyber,
51:09câble sous-marin, IA,
51:11parce que IA ne veut pas dire grand-chose
51:13par ailleurs, mais où sont nos actifs stratégiques
51:15et donc nos renoncements.
51:17Où est le mapping, où est la cartographie
51:19de nos filières ? Et je suis incapable
51:21de dire ce qu'est la France aujourd'hui
51:23et donc ce que sera la France dans 20 ou 30 ans,
51:25c'est-à-dire où est-ce qu'on se positionne,
51:27sur quelle filière stratégique et quelle stratégie
51:29de niche, parce que nous ne sommes pas les Etats-Unis,
51:31nous ne sommes pas la France, donc nous n'avons pas
51:33la possibilité de ce gigantisme-là.
51:35Ça, c'est la première question. Et ensuite, sur l'IA,
51:37vous avez très justement abordé la question de la productivité.
51:39Le contrat social en France,
51:41les mécanismes de solidarité,
51:43ont été construits au sortir de la Seconde Guerre mondiale,
51:45donc sur notre modèle industriel,
51:47donc aussi sur les ouvriers,
51:49sur la classe moyenne, etc.
51:51Si on tire le trait de l'IA,
51:53et il y a énormément de rapports
51:55qui se contredisent.
51:57Daron Acemoglu va parler plutôt de 1%
51:59de gains de productivité, quand Goldman Sachs
52:01va plutôt parler de chiffres beaucoup plus importants.
52:03Toujours est-il que, si on part du principe
52:05que l'IA est une révolution
52:07disruptive, avec des gains
52:09de productivité à venir,
52:11comment est-ce qu'on repense ce pacte social-là
52:13avec la question de l'huile-travail ?
52:15Voilà un peu les deux questions.
52:17Gros chantier !
52:19Je vais essayer de répondre en une minute à chaque question.
52:21Sur le premier sujet,
52:23j'ai attiré votre attention
52:25sur le fait qu'il y a un petit paradoxe,
52:27à dire que d'un côté, le plan France 2030
52:29est du saupoudrage, et à dire en même temps
52:31qu'il faut choisir des niches et des filières.
52:33C'est précisément ce qu'il fait, ce plan-là.
52:35On choisit d'investir sur l'hydrogène,
52:37on choisit d'investir sur l'IA.
52:39C'est déjà beaucoup trop.
52:41Peut-être, mais à un moment ou un autre,
52:43ça n'épuise pas tous les investissements
52:45qu'on peut consentir, en particulier sur d'autres secteurs
52:47et d'autres filières.
52:49Il y a cette stratégie de choisir un certain nombre
52:51de filières d'avenir
52:53dont on pense qu'elles vont générer
52:55des effets sur l'ensemble
52:57de notre économie et qu'elles vont irriguer
52:59notre territoire. Ensuite,
53:01vous me parliez du récit. Vous avez raison
53:03de dire qu'il faut qu'on ait un récit
53:05autour de l'industrie.
53:07L'industrie, c'est un sujet de prospérité
53:09parce que ça génère des gains de productivité.
53:11C'est un sujet de souveraineté
53:13parce que ça nous rend moins dépendants
53:15des productions étrangères.
53:17On l'a bien vu dans nos échanges
53:19avec la question du médicament.
53:21C'est un sujet de cohésion des territoires.
53:23C'est une activité, l'activité industrielle,
53:25qui peut aller dans des territoires
53:27les plus enclavés, les plus déclassés.
53:29C'est un élément très important.
53:31Encore une fois, sur l'IA, je ne peux aller
53:33en France. On a besoin de réorganiser le travail.
53:35On a besoin d'un pacte social.
53:37Ce dont, peut-être, on manque un peu
53:39en France par rapport à d'autres pays,
53:41c'est un dialogue social dans les entreprises
53:43qui permet de réorganiser le travail
53:45de la manière la plus efficace qui soit.
53:47Un dialogue constructif, de qualité.
53:49J'ai beaucoup travaillé sur ces sujets.
53:51Pour faire des gains de productivité,
53:53il faut se mettre d'accord entre employeurs
53:55et salariés et définir une stratégie
53:57à l'échelle de l'entreprise.
53:59Dans quelques jours, Trump est réélu.
54:01Quels sont nos plans B
54:03par rapport au multilatéralisme,
54:05à la gouvernance internationale de l'IA ?
54:07On va organiser le sommet de l'IA
54:09en février prochain, je crois.
54:11Mais quel sens cela aurait-il
54:13si, tout d'un coup, on a un Trump
54:15isolationniste et qui, en fait,
54:17se moque totalement de la règle du droit,
54:19notamment de la règle du droit international ?
54:21Si Donald Trump est élu le 5 novembre,
54:23ce que je ne souhaite pas,
54:25je le dis assez tranquillement,
54:27en Européens, parce que ça ne peut être
54:29qu'à l'échelle européenne, qu'on fournit une réponse,
54:31il faudra assumer une forme de rapport de force.
54:33Il faudra assumer une forme de rapport de force
54:35parce que, je pense qu'il l'a montré
54:37quand il était président,
54:39c'est à peu près
54:41la seule chose qu'il comprend.
54:43Merci, Yass Mamala, d'avoir débattu avec Marc Ferracci.
54:45Il nous reste un peu de temps pour faire le tour
54:47avec mes confrères et consœurs.
54:49Et notamment, une question personnelle
54:51que vous voulez poser, Aurélie Herbemont,
54:53par rapport à ce que faisait Marc Ferracci
54:55quand il était député et qui semble avoir été oublié.
54:57Oui, quand vous étiez député, Marc Ferracci,
54:59vous aviez défendu une proposition de loi
55:01sur le testing,
55:03pour lutter contre les discriminations.
55:05Ça a été voté à l'Assemblée.
55:07Le Sénat l'a voté dans une version
55:09trop modifiée pour que ça puisse être adopté.
55:11Quel est l'avenir, maintenant que vous êtes ministre ?
55:13Est-ce que quelqu'un va reprendre ce sujet
55:15ou c'est perdu dans les méandres de la dissolution ?
55:17Non, je ne pense pas que ça soit perdu.
55:19J'espère que, quand on aura
55:21un petit peu de temps
55:23à l'agenda parlementaire,
55:25pour remettre en deuxième lecture
55:27à l'Assemblée cette proposition de loi.
55:29Elle avait vocation à être inscrite le 27 juin.
55:31Il y a eu un petit contre-temps
55:33en termes de calendrier.
55:35Mais moi, je suis très confiant
55:37sur le fait que c'est une proposition de loi
55:39qui peut prospérer parce qu'elle répond
55:41à une demande très importante.
55:43Il y a des gens qui sont barrés d'un emploi
55:45du fait de leur âge, de leur sexe, de leur origine.
55:47C'est la dernière question de chacun.
55:49Réponse courte, Étienne.
55:51Il y a encore deux mois, vous étiez député
55:53en Suisse et du Liechtenstein.
55:55En Suisse, il y a ce qu'on appelle les votations,
55:57des référendums organisés très fréquemment.
55:59Est-ce que vous souhaitez
56:01que la France s'inspire au moins un peu
56:03de ce qui se passe en Suisse
56:05et qu'on donne davantage la parole
56:07directement aux citoyens ?
56:09Je le souhaite et j'ai déjà formulé
56:11des propositions en ce sens. On pourrait, par exemple,
56:13rendre décisionnels les référendums locaux.
56:15Vous savez qu'on a des référendums locaux
56:17en France qui ne sont que consultatifs.
56:19Je pense qu'on devrait leur donner un peu plus de poids.
56:21Et s'il devait y avoir un référendum national,
56:23sur quoi ?
56:25Là, je parle des référendums locaux.
56:27Je pense qu'il faut commencer
56:29par développer cette culture
56:31de la démocratie participative.
56:33C'est au niveau local qu'on la développe le mieux.
56:35Clément ?
56:37Une question, une réponse.
56:39Je m'adresse aux supporters de foot.
56:41Votre père est en train de vendre
56:43son club du Paris FC à la famille Arnaud,
56:45ce qui va lui permettre de rêver plus grand
56:47au moment même où le PSG lui réfléchit
56:49à construire un autre stade.
56:51Est-ce que le Paris FC
56:53au Parc des Princes
56:55est envisageable, c'est souhaitable ?
56:57Vous savez, tout est possible.
56:59Il y a d'abord l'idée d'aller peut-être
57:01au stade Jambouin, c'est ça l'ambition.
57:03Ce serait d'ailleurs étonnant
57:05parce que les deux stades, le Parc des Princes et Jambouin,
57:07se touchent.
57:09Hugo, terminé, en deux secondes.
57:11Question-réponse sur les comédiens de doublage
57:13et l'IA. Il y a une question sur le sujet.
57:15Il y a une pétition qui a plus de 150 000 signatures.
57:17Que pouvez-vous mettre en place pour protéger ces métiers
57:19qui ont permis de vrais moments d'émotion ?
57:21De la transition, de la reconversion,
57:23de la formation, mais pas forcément
57:25pour changer de métier, parce que vous savez,
57:27l'IA va faire évoluer les métiers plus que les détruire.
57:29Pile dans les temps. Merci,
57:31Marc Ferracci, d'avoir été avec nous dans
57:33Lundi, c'est Politique sur LCP.
57:35Bonne soirée sur la chaîne parlementaire.
57:37A lundi prochain, bonne soirée.

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