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Didier Migaud, ministre de la Justice, était l'invité de Benjamin Duhamel dans "C'est pas tous les jours dimanche", sur BFMTV.

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Transcription
00:00Didier Migaud, je voudrais parler du binôme que vous formez avec votre collègue ministre de l'Intérieur Bruno Rotaillot,
00:04pas franchement aligné, c'est un euphémisme.
00:06Vous aviez dit, quelques jours après votre prise de fonction,
00:09le laxisme de la justice n'existe pas.
00:11Visiblement, vous n'avez toujours pas convaincu votre collègue.
00:14Voilà ce qu'il dit avant-hier dans les colonnes de La Dépêche du Midi.
00:17Ouvrez les guillemets, aujourd'hui la sanction arrive seulement
00:20quand les délinquants ont déjà un lourd passé judiciaire.
00:22J'ai visité la Courneuve où un policier s'est vu prescrire 40 jours d'arrêt
00:25après qu'un mineur lui a brisé la main.
00:27Ce jeune avait 33 antécédents judiciaires, dont un vol avec acte de torture,
00:31mais il n'a jamais été incarcéré.
00:33Comment mobiliser les policiers si la réponse pénale n'est pas à la hauteur, s'interroge-t-il ?
00:38Comment est-ce que votre binôme peut fonctionner avec des visions aussi diamétralement opposées ?
00:42Il ne vous a pas échappé que le gouvernement n'était pas monocolore ?
00:46Ça c'est sûr, mais là ce n'est pas seulement pas monocolore, c'est diamétralement opposé.
00:52Non, il faut rechercher les compromis.
00:55J'ai toujours travaillé pour ça, c'est pour ça d'ailleurs que j'ai accepté d'être dans le gouvernement de Michel Barnier,
01:01essayer de trouver des compromis, sachant que nous sommes dans une situation compliquée
01:05au niveau de notre pays, avec une dissolution qui n'est plus possible.
01:09Il y a un bloc qui est plus majoritaire que d'autres, mais sans avoir de majorité absolue.
01:15Donc il faut bien essayer de travailler dans l'intérêt général.
01:18Nous pouvons nous retrouver avec Bruno Retaillon sur un certain nombre de préoccupations,
01:23mais beaucoup d'autres choses aussi.
01:26Attendez, je pense à ceux qui nous regardent et qui se préoccupent de la façon dont l'action publique est conduite.
01:32Vous avez un ministre de l'Intérieur qui prend l'exemple d'un individu qui, selon lui,
01:36aurait dû être incarcéré et ne l'a pas été.
01:38Comprenez, encore une fois, preuve d'un laxisme judiciaire.
01:41Et pendant le même temps, vous vous dites qu'il n'y a pas de laxisme de la justice.
01:44Comment est-ce qu'on peut mener efficacement une action publique
01:47quand on a deux ministres qui disent des choses aussi différentes ?
01:50Non, non, si vous regardez objectivement les choses,
01:53les peines prononcées par les magistrats sont aujourd'hui plus longues qu'hier.
02:00Vous n'avez jamais eu autant de gens dans les prisons.
02:03Vous avez une surpopulation carcérale.
02:06Donc les magistrats font preuve de fermeté.
02:09Mais vous ne voudriez pas convaincre Bruno Retaillon de cela ?
02:11Non, il y a sûrement un temps d'exécution des peines qui est trop long.
02:16La justice est également trop lente.
02:19Donc je prends en compte bien sûr ces observations.
02:22Et il faut pouvoir trouver les solutions ensemble.
02:24Mais ça recoupe le sujet des moyens.
02:27Aujourd'hui, la chaîne pénale n'est absolument pas dimensionnée
02:32par rapport à toutes les attentes des citoyens
02:37et par rapport à tous les problèmes qui viennent devant elle.
02:40Donc c'est pour cela qu'il faut augmenter les moyens de la justice.
02:44Mais attaquer les magistrats, discréditer la justice,
02:48ne rend service à personne.
02:50Mais c'est ce qu'il fait là, Bruno Retaillon.
02:52Quand il dit que c'est cet individu-là qui s'en est pris, un policier,
02:55il aurait dû être derrière les barreaux.
02:57La justice, c'est deux millions de décisions sur l'année.
03:00La justice, c'est un travail au quotidien des magistrats, des personnels de grève.
03:05Donc quand on dit qu'il y a un laxisme judiciaire, on met en cause les magistrats ?
03:09Mais c'est une caricature.
03:13Je ne vais pas dans le sens de l'opinion publique en le disant.
03:18Mais la réponse pénale est ferme aujourd'hui.
03:22Alors qu'il puisse y avoir des problèmes, des dysfonctionnements,
03:25oui, bien sûr, il faut essayer de travailler justement pour les surmonter.
03:29Et je suis tout à fait prêt à y travailler avec Bruno Retaillon.
03:33Et sur un certain nombre de manquements sur lesquels il peut pointer le doigt,
03:40nous allons y travailler ensemble.

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