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Le 24 octobre, la délégation aux droits des femmes du Sénat entendait Marzieh Hamidi, une taekwondoïste afghane de 22 ans, qui a fui l’Afghanistan en 2021 après la prise de pouvoir par les talibans, et s’est réfugiée en France. Durant son audition, elle revient sur les menaces de mort et le cyberharcèlement qu’elle a subi en raison de ses prises de position contre les talibans. Elle revient aussi sur la situation que subissent aujourd’hui les femmes afghanes, avec des lois de plus en plus restrictives visant à les effacer complètement de l’espace public et de la société. Marzieh Hamidi dénonce un apartheid de genre et tente de convaincre la communauté internationale de reconnaître le traitement des femmes en Afghanistan comme un crime contre l’humanité. Elle enjoint les gouvernements à ne pas être complaisants avec les talibans et à ne jamais reconnaitre ce régime. Revivez ces échanges. Année de Production :

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00:00...
00:09Bonjour à tous.
00:11Bienvenue dans cette nouvelle édition 100 % Sénat
00:13pour écouter ce matin Marzia Midi,
00:16une championne de 21 ans qui pratique le taekwondo.
00:19Elle a été auditionnée hier par la délégation
00:21aux droits des femmes.
00:23Elle a pu revenir sur la condition des femmes en Afghanistan.
00:26Elle est réfugiée à Paris depuis 3 ans,
00:28et elle a participé sur les réseaux sociaux
00:31depuis ses prises de position contre le régime taliban.
00:34Ecoutez cette audition.
00:35Nous avons l'honneur d'accueillir ce matin Marzia Midi,
00:38jeune athlète afghane, championne de taekwondo,
00:41réfugiée en France depuis plus de 3 ans
00:44après avoir fui l'Afghanistan
00:45lorsque les talibans ont repris le contrôle de Kaboul
00:48en août 2021.
00:49Je précise que cette audition
00:51fait l'objet d'une retransmission en direct sur le site du Sénat
00:55et qu'elle est ouverte à la presse.
00:58En outre, notre invité s'exprimera en anglais,
01:01et je vous demanderai donc, chers collègues,
01:03à moins de n'être bilingue,
01:05de vous fournir de vos casques de traduction
01:09lorsque madame Amidi prendra la parole.
01:12Chère Marzia Amidi,
01:14vous êtes une sportive de haut niveau,
01:16mais aujourd'hui, vous êtes surtout une athlète féministe
01:18en lutte contre le régime des talibans.
01:21Vous avez ainsi déclaré,
01:22quelques mois après votre arrivée à Paris,
01:25après la chute de Kaboul,
01:26mon sport est devenu plus qu'une passion.
01:29Avant, je m'entraînais pour moi, je voulais être championne.
01:33Maintenant, c'est vraiment une lutte
01:34contre un groupe terroriste.
01:37Le 3 septembre dernier,
01:39vous déposiez une plainte pour cyberharcèlement
01:42à la suite de menaces de mort et de viols
01:44formulées à votre rencontre.
01:46Vous êtes désormais
01:49placée sous protection policière,
01:51et l'enquête menée dans le cadre de votre plainte
01:53a été confiée au Pôle national de lutte
01:55contre la haine en ligne.
01:57Malgré ces multiples menaces, ces injures,
02:00le harcèlement dont vous êtes victime,
02:03vous avez décidé de ne pas vous taire
02:04et de poursuivre votre combat pour les droits des femmes
02:07et contre le régime tyrannique des talibans.
02:11Notre délégation est particulièrement sensible
02:13à votre combat, et nous avons déjà, à plusieurs reprises,
02:16exprimé le soutien du Sénat aux femmes et filles d'Afghanistan.
02:21Ainsi, dès le 23 août 2021,
02:24notre délégation exprimait, par voie de communiqué de presse,
02:27sa profonde inquiétude quant au sort des Afghanes,
02:30première cible des talibans,
02:32et en appelait à la mobilisation
02:34de la communauté européenne et internationale
02:37pour protéger celles condamnées à revivre les heures
02:40les plus noires de l'histoire de l'Afghanistan.
02:43Le 25 novembre 2021,
02:45à l'occasion de la journée internationale
02:47de lutte contre les violences faites aux femmes,
02:49nous organisions un grand colloque international
02:52sur la situation tragique des femmes et filles en Afghanistan.
02:56Le 25 octobre 2022,
02:59nous remettions le prix de la délégation
03:01à Shukria Haidar,
03:03présidente de l'association Negar,
03:05soutien aux femmes d'Afghanistan,
03:08qui oeuvre en faveur des droits des filles et femmes
03:11à travers des actions pour l'éducation.
03:13Enfin, le 17 octobre 2024,
03:16la Commission des affaires européennes du Sénat
03:18a adopté une proposition de résolution européenne
03:21de notre collègue Pascal Alizar,
03:24visant à prendre des mesures appropriées
03:26contre les atteintes aux droits fondamentaux
03:29des femmes en Afghanistan commises par le régime des talibans,
03:32parmi lesquelles l'interdiction d'éducation
03:35pour les filles de plus de 12 ans,
03:37l'interdiction de travailler,
03:39l'exclusion des compétitions sportives,
03:41l'interdiction de détenir un téléphone portable
03:44ou d'aller et venir dans l'espace public
03:46sans la présence d'un tuteur,
03:48à la fermeture des salons de beauté,
03:50derniers lieux où les femmes pouvaient se rassembler.
03:53Cher mardi à midi, vous l'aurez compris,
03:55notre délégation aux droits des femmes
03:56et le Sénat tout entier sont particulièrement investies
04:00dans la défense des droits des femmes afghanes.
04:03Mais s'y continuer à témoigner et à faire la lumière
04:05sur la barbarie du régime taliban en Afghanistan est essentiel,
04:09comment ne pas se sentir impuissant
04:12alors qu'à quelques milliers de kilomètres,
04:14c'est un crime contre l'humanité,
04:16fondé sur le genre qui est en train de se dérouler
04:19au 21e siècle.
04:21Aujourd'hui, nous devons continuer à faire entendre
04:24la voix de ces Afghanes
04:25à qui les talibans interdisent même de chanter.
04:29Ne baissons pas les bras face à l'infamie
04:32et à la férocité d'un régime qui n'a d'autre but
04:35que de briser et de réduire au silence
04:37toutes les femmes et petites filles d'Afghanistan
04:40et, ce faisant, de plonger notre monde
04:42dans les ténèbres de l'inhumanité.
04:45Cher mardi à midi,
04:47je vous laisse sans plus tarder la parole.
04:56Bonjour, chers membres du Sénat.
05:03Je suis ici aujourd'hui pour parler d'un sujet brûlant,
05:08le sort des femmes afghanes qui a changé du jour au lendemain.
05:13Nous sommes revenus à des pratiques moyenâgeuses.
05:18Elles sont privées de leurs droits les plus fondamentaux.
05:23Il n'y a pas lieu d'en discuter.
05:26Après 20 ans de travail,
05:28après 20 ans de sacrifice
05:30de la part de la communauté internationale
05:34et du peuple afghan,
05:36en une nuit, la moitié de la population
05:38a perdu son droit au travail, à l'éducation,
05:42et, d'une certaine façon,
05:44a son droit même de respirer.
05:48Le retour du régime barbare
05:52en août 2021
05:54a fait que l'accès des femmes à l'éducation
05:59est devenu un sujet de controverse.
06:02Il est essentiel d'ouvrir des écoles pour les filles.
06:06Mais on doit aussi se demander
06:08quel type d'éducation ces filles vont recevoir.
06:12Le programme scolaire
06:16est aussi important que l'accès à l'éducation lui-même.
06:20Aujourd'hui, on voit une tendance horrible.
06:24Les talibans préparent une nouvelle génération
06:27de talibans-filles.
06:30Et c'est particulièrement vrai dans les régions pachtounes,
06:33où ils veulent radicaliser à la fois les filles et les garçons.
06:39Même si demain, les écoles ouvrent,
06:42si le programme n'est pas à jour
06:46et s'il est trop porté par des normes rigides,
06:50cela ne va pas aider les femmes afghanes
06:52ou améliorer leur vie.
06:54En tant que défenseurs des libertés individuelles
06:56et des droits humains,
06:58nous devons adopter une position claire.
07:02Je demande à la communauté internationale
07:043 actions.
07:06D'abord, nous devons soutenir les femmes
07:10afghanes dans leur quête d'une vie digne,
07:15d'une vie en accord avec les valeurs modernes.
07:21Elles devraient avoir une éducation
07:24qui les prépare au monde d'aujourd'hui,
07:26pas qui les renvoie vers le passé.
07:29Deuxièmement, il faut reconnaître l'apartheid de genre
07:34comme un crime contre l'humanité,
07:36parce que ce qui se passe, c'est un apartheid de genre.
07:39Troisièmement, nous devons nous assurer
07:42que la jeune génération est prête
07:46quand il s'agit de prendre des décisions.
07:48C'est la génération la plus âgée qui a échoué à plusieurs reprises
07:54à garantir à l'Afghanistan la prospérité et la stabilité.
07:58Nous, la jeunesse, nous devons préparer notre propre avenir.
08:03Nous devons apprendre de nos propres erreurs
08:06et définir nos propres valeurs.
08:09Soyons unis avec la jeune génération afghane.
08:14Ils ont envie de créer un avenir meilleur.
08:17Merci.
08:20Thank you.
08:27Merci beaucoup.
08:30Merci beaucoup pour cette intervention.
08:31Effectivement, vous l'avez compris,
08:34nous soutenons les femmes afghanes,
08:38mais le travail à faire, vous l'avez raison,
08:41c'est vis-à-vis de la jeunesse.
08:43Comment emporter une jeunesse
08:45et comment faire qu'elle ne considère pas comme normal
08:49la façon dont elle est éduquée aujourd'hui en Afghanistan ?
08:54Et ensuite, à nous tous de reconnaître, effectivement,
08:58l'apartheid de genre,
08:59savoir que c'est parce que vous êtes femme
09:02que, comme vous le dites, vous n'avez pas le droit de respirer.
09:08Je vais laisser la parole à mes collègues,
09:10peut-être Elsa Schalk,
09:12qui était rapporteure au titre de la Commission européenne
09:18sur le travail, justement,
09:21proposé grâce à la proposition de résolution de Pascal Alizar.
09:25Si tu veux bien nous en dire un mot.
09:27Merci, madame la présidente.
09:29À mon tour, je tiens vraiment à vous remercier
09:31pour votre présence et pour ce témoignage
09:34que vous nous apportez aujourd'hui devant notre délégation.
09:37Et bien évidemment, saluer votre courage,
09:40mais également vous apporter tout notre soutien
09:43face à la situation que vous vivez,
09:45face aux menaces aussi auxquelles vous êtes confrontés
09:48depuis cette fameuse vidéo.
09:52Saluer aussi le courage dans le combat que vous menez
09:55pour faire entendre la voix des femmes afghanes,
09:59pour faire vivre, finalement, la liberté
10:02et pouvoir continuer, finalement,
10:05à mener la vie d'une femme de votre âge,
10:09de pouvoir à la fois faire du sport,
10:13puisque vous êtes une athlète,
10:15et je crois que vous le disiez dans une vidéo,
10:17de pouvoir vous maquiller,
10:18mais également de pouvoir montrer toute votre féminité.
10:23Le courage aussi, je crois, de mettre en lumière
10:26la situation de femmes qui sont plongées dans l'obscurité
10:31à cause de ce régime féroce des talibans
10:35depuis leur arrivée au pouvoir en 2021.
10:38Et vous l'avez dit, et Mme la présidente Dominique Vérien
10:41l'a rappelé, à quel point les femmes afghanes
10:44font l'objet d'une politique d'effacement
10:49dans l'espace public, une politique d'ailleurs assumée
10:52par les talibans, avec une interdiction
10:55d'exercer un emploi public,
10:58de travailler dans les ONG en Afghanistan,
11:02mais également, elles ne peuvent plus accéder
11:04à l'espace public sans la présence d'un tuteur masculin.
11:09Également, cette question que vous avez évoquée,
11:12qui me paraît être essentielle sur l'instruction,
11:15puisque les jeunes filles n'ont plus le droit,
11:18à partir de 12 ans, d'intégrer une école
11:22et encore moins d'aller par la suite à l'université,
11:25ce qui n'est pas sans poser aussi de difficultés
11:28sur la relève des nouvelles générations
11:31par rapport à l'accès au travail.
11:34Ce droit à l'enseignement et à l'université,
11:38qui est un droit dont elles bénéficiaient depuis 1947.
11:42Donc on voit bien, effectivement, comme vous l'avez rappelé,
11:46à quel point la situation actuelle les plonge dans le passé,
11:51mais absolument pas vers l'avenir.
11:54Nous le voyons aussi parce que ces mesures ont été aggravées
11:58depuis août dernier, puisque les femmes n'ont plus le droit
12:02de faire entendre leur voix en public.
12:05Donc merci aussi de pouvoir,
12:10par là même, vous faire justement le porte-voix
12:14de celles qui n'en ont plus.
12:16Et je reprends ici les propos de l'actrice américaine
12:19Meryl Streep à l'ONU,
12:20parce que je crois qu'ils sont assez...
12:23Enfin, ils disent malheureusement tout,
12:25et je la cite,
12:26un écureuil a plus de droits qu'une fille en Afghanistan aujourd'hui,
12:30parce que les parcs publics ont été fermés
12:32aux femmes et aux filles par les talibans.
12:35Et je crois que votre combat doit être notre combat
12:39à tous et toutes ici.
12:42Et c'est justement tout le sens du travail
12:45qui a été mené par notre collègue Pascal Alizar
12:48à travers une proposition de résolution européenne
12:51que nous avons examinée la semaine dernière
12:54dans le cadre de la Commission européenne.
12:57Alors d'une part pour, évidemment,
12:58condamner la politique d'indivisibilisation
13:02des femmes par les talibans,
13:04et pour demander aussi au gouvernement,
13:07mais également à l'ensemble des partenaires
13:09de l'Union européenne,
13:12de pouvoir mener toute action,
13:14justement, à la fois complémentaire,
13:15mais également supplémentaire,
13:17pour faire cesser ces violations extrêmement graves
13:21et répéter des droits fondamentaux des femmes.
13:26Et peut-être justement, parce que vous l'avez évoqué,
13:28sur la question des sanctions et des sanctions internationales,
13:32nous savons que certaines ont été prises,
13:36notamment la question du gel des avoirs.
13:39Savoir si vous avez une position,
13:41est-ce que, d'après vous, ces sanctions internationales
13:44ont un réel poids ?
13:45Et peut-être, parce que vous l'avez évoqué,
13:48la question de l'apartheid de genre,
13:50qui est en débat, effectivement, à l'heure actuelle,
13:55est-ce que, pour vous, c'est effectivement
13:57une nécessité de considérer que, justement,
14:01les crimes qui sont, à l'heure actuelle, commis,
14:04sont un crime contre l'humanité,
14:07parce que, justement, ces violences
14:11sont subies par des femmes, parce que femmes.
14:14Et je crois que c'est un élément extrêmement important.
14:17Et peut-être une dernière question, madame la présidente,
14:19parce que vous êtes une athlète,
14:21parce que vous êtes une sportive,
14:24est-ce que vous avez encore des contacts
14:26avec des amis des sportives en Afghanistan ?
14:31Nous savons qu'elles ne peuvent plus pratiquer de sport,
14:34mais peut-être, et on l'espère,
14:36que des pratiques, même clandestines,
14:39leur permettent de pouvoir un peu s'émanciper
14:41à travers cette pratique sportive.
14:43En tout cas, merci vraiment pour votre présence.
14:48Je vous laisse répondre.
14:51Merci.
14:53Merci. Tout d'abord,
15:00je veux dire que c'est très bien
15:02que les responsables politiques agissent en faveur
15:05des femmes afghanes.
15:09Mais quand on utilise le mot d'apartheid de genre,
15:12il faut bien comprendre que c'est un apartheid de genre.
15:15Quand on regarde ce qui s'est passé en Afrique du Sud,
15:18c'était dirigé contre l'humanité.
15:22Et là, ce qui se passe en Afghanistan,
15:24c'est vraiment dirigé contre les femmes.
15:27Et on ne voit une situation pareille
15:29nulle part à travers le monde.
15:32Vous imaginez, elles ne peuvent pas marcher seules
15:35dans la rue sans un père, un frère.
15:38Elles n'ont pas d'identité en tant que femmes.
15:42Donc, ils ont vraiment dépassé toutes les bornes.
15:46Les femmes sont des esclaves.
15:48Elles ne servent qu'à avoir des enfants,
15:50et ces enfants vont servir à être la nouvelle génération
15:53de talibans. C'est ce que font les talibans.
15:55Voilà pourquoi il faut reconnaître l'apartheid de genre
15:58comme un crime contre l'humanité en Afghanistan.
16:03Si on n'agit pas, c'est comme si on reconnaissait
16:07le régime taliban.
16:08Alors, comment on peut soutenir les femmes ?
16:11Qu'est-ce qu'on peut faire hors du pays ?
16:13D'abord, il faut boycotter les talibans,
16:16il faut les empêcher de venir en Europe.
16:19Il faut parler.
16:21Il faut les empêcher, eux, de parler au nom du peuple.
16:24Afghans, ils ne nous représentent pas,
16:26c'est un groupe terroriste.
16:28Et ce qu'ils font, c'est un crime contre tout le monde,
16:31pas juste contre les femmes.
16:33C'est des crimes contre tout le monde.
16:35Les jeunes garçons sont forcés d'aller dans des madrassas
16:38pour devenir des talibans.
16:40Donc, il se passe beaucoup de choses.
16:42C'est bien plus qu'un apartheid de genre.
16:44Mais moi, en tant qu'athlète, en tant qu'athlète femme,
16:47je veux me concentrer sur le droit des femmes,
16:50parce que, par le passé, on le voit dans l'histoire,
16:53c'est toujours les femmes qui ont été victimes.
16:55Dès qu'il se passe quelque chose dans ce monde,
16:58c'est toujours la femme la première victime.
17:00Donc, il faut les soutenir.
17:02Elles souffrent en Afghanistan,
17:04et il faut vraiment reconnaître l'apartheid de genre
17:07comme un crime.
17:11Alors, pour ce qui est des athlètes femmes,
17:14je suis en contact
17:16avec beaucoup de filles qui sont là-bas.
17:18J'ai beaucoup d'amis qui sont encore là-bas,
17:21des amis qui sont athlètes.
17:22En toute honnêteté, parfois, j'ai honte de leur parler.
17:25C'est trop triste.
17:26Ici, je suis libre, je peux pas se quitter mon sport,
17:29je peux sortir.
17:31Et quand elles me racontent ce qui se passe là-bas,
17:34je me sens coupable de raconter comment, moi, je vis.
17:37Elles, elles ne peuvent même pas quitter leur maison.
17:40Donc, je peux même pas être fière de ce que je vois
17:42dans le monde.
17:43Je peux même pas être fière de ce que je fais ici.
17:49Même si je me consacre à la lutte contre les talibans,
17:54en fait, je reste souvent avec ce sentiment de culpabilité.
17:57Je me dis qu'elles sont comme moi, qu'elles méritent comme moi,
18:01elles ont travaillé aussi dur que moi,
18:03mais elles sont coincées dans un pays
18:05avec un groupe de terroristes
18:07qui les force à cacher leur identité de femmes,
18:09qui leur demande presque de se détester
18:12parce qu'elles sont des femmes.
18:13C'est un problème qui est comme ça,
18:16qui les force à être personne.
18:19Donc, c'est très difficile pour moi.
18:22J'essaie de leur parler, j'essaie de les écouter, surtout,
18:25mais je ne partage pas beaucoup sur ce que je fais, moi.
18:29C'est très difficile.
18:31Elles sont toute la journée à la maison,
18:33elles n'ont pas d'activité.
18:35C'est une vie sombre.
18:36Elles ne peuvent rien faire.
18:40Et elles ont perdu trois années
18:42durant lesquelles elles auraient pu étudier,
18:45s'améliorer, avoir une éducation
18:47ou atteindre un meilleur niveau sportif.
18:49Et en fait, elles sont juste coincées à la maison.
18:54Voilà pourquoi je dis qu'on ne va pas vers l'avenir.
18:58Et c'est horrible de se dire
19:00que ça se passe aujourd'hui à travers le monde.
19:03On parle de droits fondamentaux.
19:07Aller à l'école, c'est un droit humain fondamental.
19:10Faire du sport, c'est très basique.
19:12Toutes les femmes devraient avoir ce droit.
19:15Et il n'y a qu'en Afghanistan qu'elles n'ont pas le droit.
19:18C'est pour ça que je dis, laissez-nous exister.
19:21Elles n'existent plus.
19:24Elles ne peuvent même pas aller en public.
19:27C'est un pays qui est devenu un pays pour les hommes.
19:32Si vous voulez exister, avoir une identité,
19:34vous devez être avec un homme.
19:37Et on doit se battre contre ça.
19:41Je pense qu'il est essentiel de boycotter les talibans.
19:45J'ai très peur qu'un jour,
19:46le monde reconnaisse les talibans.
19:50Je trouve que le monde est trop complaisant envers eux.
19:53Pourquoi on serait complaisant avec un groupe de terroristes ?
19:57Il y a tellement eu de morts au nom du djihad.
20:00Pas que des femmes, plein de gens sont morts.
20:02C'est un crime contre l'humanité, ce qu'ils ont fait
20:05et ce qu'ils continuent de faire maintenant.
20:08Alors pourquoi est-ce qu'on devrait arrondir les Andes ?
20:11Pourquoi est-ce qu'on devrait leur permettre de venir en Europe ?
20:15Pourquoi est-ce qu'on devrait leur donner le droit
20:18de représenter l'Afghanistan ?
20:20Ce qu'on peut faire hors du pays,
20:22c'est au moins de les empêcher de venir
20:24et aider, au lieu de ça, les femmes afghanes à venir.
20:27Il y a beaucoup de femmes afghanes qui sont coincées
20:31dans d'autres pays, le Pakistan, la Turquie, par exemple.
20:34Elles attendent des visites.
20:36Elles n'obtiennent pas ces visas.
20:38Alors que les terroristes, eux,
20:40ils passent à travers le processus et ils viennent.
20:43Mais comment c'est possible ?
20:44Quand on fait une demande de visa,
20:47on est censé vérifier votre passé, qui vous êtes.
20:50Alors pourquoi les talibans peuvent voyager
20:52et une jeune fille afghane ne peut pas voyager
20:55pour venir ici, pour avoir accès à une éducation,
20:58pratiquer un sport ?
20:59Donc c'est important d'agir.
21:01C'est beau de parler, mais les actions,
21:03c'est encore plus important.
21:05Donc des mesures fortes qu'on peut prendre
21:07contre les talibans et pour les femmes afghanes,
21:10c'est déjà de reconnaître l'apartheid de genre,
21:13boycotter les talibans et aider les jeunes filles afghanes
21:17à avoir accès à une éducation, par exemple, en ligne.
21:20Je ne veux pas que les talibans ouvrent des écoles
21:23où ils vont nous apprendre des choses liées au djihad
21:26ou lorsqu'ils vont emmener les jeunes au madrassah.
21:29C'est pas ce qu'on veut.
21:31On veut une bonne éducation.
21:33Et cette éducation, ce n'est pas les talibans
21:36qui peuvent nous la donner.
21:38Si on les laisse faire, ils vont juste transformer
21:41la nouvelle génération et faire des jeunes femmes,
21:44des jeunes femmes convaincues par leur idéologie.
21:47Ils le font déjà avec les garçons.
21:49Ils les prennent parfois de force et ils les envoient au madrassah
21:53pour remplir notre pays de terroristes.
21:55Donc on ne peut pas se dire que les talibans
21:58peuvent pas remplir notre pays de terroristes.
22:01On ne peut pas sortir toutes les femmes du pays,
22:04on ne peut pas sortir toute la population,
22:07mais on peut les aider, par exemple,
22:09avec une éducation en ligne, leur apprendre ce qu'est la vie,
22:12ce qu'est la liberté.
22:17On peut les aider à réaliser qu'avec une éducation,
22:22ils peuvent trouver leur voie et lutter contre le terrorisme.
22:28Ces 20 dernières années, on s'est beaucoup battus
22:32avec les armes, mais rien n'a changé pour l'Afghanistan.
22:36L'éducation, aider les femmes à être complètement...
22:41Avoir une éducation complète
22:44va être une arme contre le terrorisme.
22:46Merci. Laurence Rossignol, grâce à qui vous êtes présente,
22:50puisque c'est elle qui avait le lien, effectivement,
22:53avec votre avocate.
22:58D'abord, merci pour vos propos, merci pour votre combat
23:02et bravo pour votre carrière sportive aussi.
23:05Nous, on est très admiratrice, parce que ce lieu n'est pas
23:08le lieu où on pratique le plus de sport.
23:11On a des compétitions, mais rarement sportives, ici.
23:14Et on aimerait bien... Non, je voulais revenir
23:17peut-être sur un sujet que j'avais compris
23:21au moment où la crise de cyberharcèlement
23:25était la plus forte.
23:26J'avais été éteinée par le volume de cyberharcèlement
23:30dont vous étiez l'objet, le très grand nombre de harceleurs.
23:35Et je m'étais demandé, mais qui sont ces soutiens ?
23:39Comment le régime, comment les talibans
23:42peuvent avoir autant de soutien à l'extérieur ?
23:44Je pense que les menaces qu'ils faisaient sur vous
23:48partaient pas simplement de Kaboul.
23:51Je pense qu'ils ont des réseaux à l'international.
23:54Et j'ai été éteinée par cette force.
23:57Qui sont leurs réseaux ?
23:59Qui sont leurs soutiens à l'international ?
24:03Et comment on peut, nous, faire, en fait, plus de bruit
24:08et être plus présents pour contrebalancer
24:13le cyberharcèlement par du cybersupport, en fait.
24:18Faire du cybersoutien.
24:20Ca, c'était la 1re question que je me posais.
24:22La 2e, qui est plus sur la manière
24:26dont les gens vivent en Afghanistan,
24:28je sais que les femmes résistent au quotidien.
24:31Elles biaisent, on voit parfois des vidéos
24:35où elles font des gestes, des actes absolument incroyables.
24:39Elles brûlent des photos des talibans,
24:41elles font des choses, elles manifestent,
24:43elles chantent dans la rue.
24:45Et je veux dire, comment on peut, nous-mêmes,
24:48relayer, diffuser ce genre d'actes,
24:52d'actes de résistance ?
24:54Et puis aussi, en fait,
24:56est-ce qu'il y a des hommes qui les soutiennent ?
24:58Comment ça se passe dans le souterrain ?
25:00Il y a la streinte des talibans
25:03et de la terreur qu'ils font régner.
25:06Et puis, il y a la 2e streinte, qui est la vie réelle des gens.
25:09Comment ça se passe dans la vie réelle des gens ?
25:10Est-ce qu'il y a des hommes qui les aident ?
25:13Comment les femmes peuvent arriver
25:14à monter des réseaux de solidarité ? Merci.
25:17Pour répondre à votre 1re question,
25:23c'est une bonne chose d'accueillir des personnes
25:26et de leur proposer
25:29un nouveau pays d'accueil en sécurité.
25:33Mais la plupart de ces personnes ne sont pas en sécurité.
25:37Même avant de venir en France,
25:39je savais qu'il y avait des gens qui étaient en sécurité.
25:42Je sais qu'il y a des gens qui sont en sécurité,
25:44mais je sais qu'il y a des gens qui ne sont pas en sécurité.
25:46Je savais qu'il y avait des personnes ici
25:49qui n'étaient pas recommandables
25:50et qui étaient en contact avec les talibans.
25:53J'ai dû faire face à ces personnes
25:57à de nombreuses reprises, que ce soit en France ou en Europe.
26:01Ce sont des personnes qui m'envoient des messages haineux.
26:04Et même dans mes cours de français,
26:07quand je suis arrivée en France il y a 3 ans,
26:10j'ai dû affronter 2 jeunes garçons
26:14qui étaient fans des talibans
26:15et qui étaient en contact avec eux.
26:16Et je n'ai même pas pu poursuivre ces cours
26:18parce que je ne me sentais pas en sécurité.
26:21Je savais qu'ils étaient en lien avec les talibans.
26:25Et donc, même en les affrontant pendant ce cours,
26:29j'ai dû quitter la classe et j'ai dit aux responsables du cours
26:34que ces élèves sont des talibans.
26:36Ils ne s'habillent pas de la même façon,
26:38mais ils ont l'idéologie des talibans.
26:40Donc ce sont des talibans et ils sont en contact avec eux.
26:44Et donc la responsable de la classe ne m'a pas écoutée,
26:47elle ne m'a pas prise au sérieux. Donc j'ai quitté ce cours.
26:50Et 3 ans plus tard, je suis aujourd'hui en danger.
26:54Et tous les jours, j'ai peur qu'ils me tuent.
26:57Donc chaque jour de ma vie, je suis stressée à cause de cela.
27:02J'ai peur qu'ils me tuent.
27:04Et donc je suis dans un état de stress permanent.
27:09Et ils ont tout un groupe en dehors du pays.
27:13Ils ont un groupe aussi sur WhatsApp.
27:15Et ils ont d'ailleurs mon numéro de WhatsApp
27:18et qu'ils ont partagé avec des groupes très étranges.
27:23Ce sont des groupes islamistes.
27:27Et ils pensent que je ne suis pas une fille comme il faut.
27:32Donc ils veulent me remettre dans le droit chemin.
27:36Et pour moi, c'est vraiment très bizarre.
27:40Ces groupes, ils sont tous très agressifs.
27:44Et tous les membres de ce groupe ont des numéros de téléphone européens.
27:48Et ils m'ont appelée sans relâche.
27:52J'ai eu à un moment donné 8 000 appels dans mon WhatsApp.
27:56C'est incroyable de dire ça.
27:58C'est pour vous montrer à quel point ils m'appellent.
28:02Et un soir, j'ai reçu plus de 500 appels et messages non-stop.
28:08Donc ils font partie d'un groupe et ils ont une équipe.
28:13Et ils ont partagé mon numéro de téléphone
28:16et ils ont dit, voilà, appelez-la.
28:17Parce que comment est-ce que c'est possible ?
28:20Ce n'est pas possible de contacter 500 personnes
28:24pour leur demander de me contacter à leur tour.
28:27Non, ce sont des personnes qui sont déjà au sein de ce groupe
28:29et qui sont motivées par les talibans depuis l'Afghanistan.
28:33Donc ils ont des personnes qui agissent en leur nom
28:35en dehors du pays,
28:37qui souhaitent vous combattre.
28:40Et ces personnes souhaitent également vous violer, vous tuer.
28:47Et donc c'est vraiment la chose la plus horrible qui puisse arriver
28:51parce qu'on est venus ici pour être en sécurité.
28:54Mais aujourd'hui, je ne suis plus en sécurité.
28:57Je vis finalement de la même façon que quand j'étais en Afghanistan.
29:01Je dois toujours me préparer à être attaqué par quelqu'un,
29:04à être agressé.
29:06Et je dois cacher qui je suis.
29:09Je vis dans la peur constante
29:13parce que je suis cette fille
29:16qui a osé élever la voix contre eux.
29:19Et donc ils ont tous une équipe.
29:21C'est une famille qui n'est pas seulement présente en Afghanistan,
29:25mais également en dehors du pays.
29:27Et moi, je souhaite vraiment que la justice,
29:30en France et en Europe, les combattent
29:32parce que c'est un groupe terroriste.
29:36Et la prochaine personne, ce sera une autre fille.
29:38Moi, je ne suis pas la dernière à qui ça va arriver.
29:41Il y en a eu d'autres avant moi, il y en aura d'autres après moi.
29:45Et nous sommes toutes en danger.
29:48Et ça concerne pas seulement les femmes afghanes,
29:51mais toutes les femmes.
29:52Et ils se battent contre toutes les femmes.
29:55Et si vous pensez que les talibans vont rester là-bas
29:58et que l'idéologie est seulement un danger pour l'Afghanistan,
30:02non, c'est ici également
30:04que ce combat doit être mené en France, en Europe.
30:07Ca va au-delà de l'Afghanistan.
30:09Et l'Afghanistan, c'est un pays, mais l'Europe, c'est très vaste.
30:13Et ils peuvent agir ici aussi.
30:15Donc pour moi, ils ont finalement une résidence ici.
30:22Cela fait longtemps qu'ils sont implantés ici.
30:25Donc il faut vraiment prendre cela très au sérieux.
30:29Il faut s'élever contre eux.
30:32Il faut les dénoncer à la police.
30:34Et il faut que la justice fasse son travail.
30:37Il faut qu'ils soient envoyés en prison
30:38ou renvoyés dans leur pays.
30:41Et la police et le système judiciaire
30:46ne le fait pas forcément.
30:48Et voilà, ce sont eux qui prennent les décisions.
30:50Mais j'aimerais qu'ils agissent plus contre ces terroristes.
30:55Et j'aimerais qu'ils agissent tous avant qu'il soit trop tard.
30:58Parce que ce sont les femmes, encore une fois, qui sont la cible.
31:01Les femmes font face à tout cela de différentes façons
31:08en Afghanistan, avant et depuis le retour des talibans au pouvoir.
31:12Il y a certaines femmes qui sont des leaders en dehors du pays.
31:20Et la seule chose qu'elles font, c'est les contacter.
31:25Si elles ont des problèmes, elles essayent de trouver des solutions.
31:31Et la plupart des femmes et des filles
31:34que vous voyez protester dans les vidéos,
31:37elles font ça spontanément.
31:40Ce n'est pas organisé par quelqu'un.
31:42Et elles envoient cela ensuite aux journalistes, aux médias.
31:45Moi-même, je reçois parfois des messages de femmes
31:49qui me demandent comment elles peuvent agir.
31:54Elles me parlent de leur vie au quotidien.
31:57Donc certaines d'entre elles agissent spontanément
32:01et ce n'est pas organisé.
32:04Et je sais qu'il y a aussi des écoles en ligne
32:09pour les filles en Afghanistan.
32:11Mais cela n'est pas disponible pour tout le monde.
32:14C'est seulement quelques personnes qui peuvent y avoir accès.
32:18Donc il y a une éducation en ligne.
32:21Il y a une école en ligne secrète qui existe.
32:26Et elles se reçoivent également les unes chez les autres
32:34en prétendant simplement se rendre visite
32:37pour ensuite recevoir des cours dans ces écoles secrètes.
32:42Mais elles ne devraient pas avoir besoin de se cacher.
32:45Cela devrait être normal de pouvoir étudier.
32:48Donc voilà pour ce qui se passe en Afghanistan.
32:53Mais il n'y a pas grand-chose, finalement,
32:55qui est fait pour les jeunes filles en Afghanistan.
32:59Parce que seulement certaines d'entre elles
33:01peuvent avoir accès à cette éducation.
33:03Et donc je pense qu'il faudrait se concentrer plus sur ce point
33:08afin d'offrir plus d'opportunités à un plus grand nombre de filles,
33:12pas seulement à Kaboul, mais également
33:13dans d'autres villes du pays, pour les aider.
33:17Olivia Richard.
33:18Merci, madame la présidente.
33:21Madame, merci infiniment d'être là.
33:24J'ai été frappée par plusieurs choses que vous avez dites,
33:28et notamment votre culpabilité, qu'on peut comprendre,
33:32d'avoir laissé. C'est la culpabilité du survivant.
33:36Mais quel témoignage capital vous pouvez nous livrer aujourd'hui.
33:42Donc bravo d'être là.
33:43Parce que si on a tous été effarés
33:46de la vitesse à laquelle, en un claquement de doigts,
33:50en quelques heures, un pays entier peut sombrer
33:54dans la nuit, et comment la moitié de la population
33:57peut disparaître, malheureusement,
34:00le cycle de l'actualité, chaque semaine,
34:03nous apporte d'autres préoccupations.
34:06Et il ne faut pas oublier les Afghanes.
34:08Et votre témoignage permet de continuer à nous aider.
34:12Votre témoignage permet de continuer à porter la lumière
34:15sur ce que vivent vos compatriotes dans votre pays.
34:19Donc c'est fondamental, en fait, que vous soyez là
34:22et vous leur permettez d'exister ici, au Sénat,
34:25en France et sur la scène publique.
34:27Donc bravo, il n'y a pas de culpabilité à avoir.
34:30Vous avez ici des femmes,
34:35il n'y a pas d'hommes.
34:36Vous avez ici des sénatrices,
34:38donc comme la présidente Vérien le rappelle très souvent,
34:42la principale préoccupation est de rendre visibles
34:45celles qui ne le sont pas.
34:47Et c'est le 1er travail que nous devons toutes faire,
34:51surtout quand on disparaît de la rue
34:53et qu'on disparaît de tout ce qui est commun,
34:57qui fait nation, qui fait société,
35:01et permettre de mettre en lumière
35:03des femmes disparues,
35:06c'est une 1re étape indispensable, évidemment.
35:09La présidente Vérien a rappelé que les femmes en Afghanistan
35:13n'avaient plus le droit de chanter.
35:15En Iran, les femmes ne peuvent pas non plus chanter
35:17dans l'espace public, c'est pas possible.
35:20Il y a un pont, car il y a des résistantes partout,
35:23sous lesquelles elles se réunissent à la nuit tombée
35:26pour chanter.
35:27Et des hommes viennent aussi, et c'est un peu en secret,
35:30mais on peut faire du bruit,
35:32même en Iran, même en Afghanistan.
35:35Et même en France.
35:38La France, qui a reconnu
35:40que le simple fait d'être une afghane
35:43justifie une demande d'asile en France,
35:49puisque c'est reconnu comme une catégorie, en soi,
35:53d'êtres humains réprimés pour ce qu'ils sont,
35:56à savoir simplement des femmes.
35:58Je pense que c'était une étape très importante,
36:01c'est une décision d'une juridiction française
36:04qui a eu lieu cet été et qui permet aujourd'hui à la France,
36:08il me semble, d'accueillir un peu plus de 50 000 afghanes.
36:12Depuis le retour au pouvoir des talibans,
36:16il y a eu une augmentation spectaculaire
36:19du nombre de visas, et c'est notre honneur
36:22de pouvoir accorder la protection à vos compatriotes.
36:29Permettez-moi de vous poser 2 questions.
36:33L'une va recouper celle de notre collègue
36:36Laurence Rossignol, grâce à qui nous avons la chance
36:39de vous entendre.
36:41J'ai pas bien compris, quelle est l'attitude des hommes ?
36:44Parce que le problème, dans le monde entier,
36:46c'est que les droits des femmes intéressent surtout les femmes.
36:51Et on sent que la bataille est gagnée
36:54quand les hommes s'en emparent.
36:56Donc comment les hommes afghans,
36:59lorsqu'ils sont pas talibans et pas convaincus,
37:02par cette idéologie, réagissent ?
37:05C'est fondamental.
37:07Les femmes ne peuvent pas se battre seules
37:09dans de telles conditions.
37:11J'aimerais également
37:16vous demander votre regard sur la France,
37:19maintenant que vous y vivez depuis 3 ans.
37:22Est-ce qu'en dehors des ressortissants talibans
37:25qui peuvent être...
37:28Cette présence peut être très inquiétante,
37:31quel regard portez-vous sur les droits des femmes en France ?
37:35J'imagine que le contraste est tel que c'est un paradis,
37:39mais ne décelez-vous pas certaines tendances,
37:41parfois certaines remarques de Français
37:45qui vous rappellent quelque chose ?
37:47Parce qu'il me semble, et je pense qu'on est toutes ici convaincus,
37:51qu'il n'y a pas d'acquis.
37:53La France a constitutionnalisé, il y a quelques mois,
37:57le droit, la liberté à interrompre sa grossesse,
38:01c'est-à-dire le droit de faire ce qu'on veut de son corps.
38:04Dans un tel pays, pensez-vous que les droits des femmes
38:08soient définitivement acquis ?
38:10Et enfin, j'aimerais relever
38:14que vous n'êtes pas qu'une athlète,
38:16vous n'avez pas choisi n'importe quel sport.
38:19Je pense que ça dit beaucoup de vous.
38:21D'après ce que je sais, le taekwondo est un sport de combat.
38:24Je n'en ai jamais fait, évidemment.
38:27On y songe.
38:30On est vraiment à ça.
38:32Malheureusement, on a trop de travail.
38:35Et voilà.
38:38Donc je relève que vous êtes une combattante
38:44et pas que pour les droits des femmes.
38:47Et je pense que ça aide
38:50pour se relever face à l'imaginable.
38:54Et merci beaucoup.
38:57Merci.
38:59Merci.
39:01Pardon, j'aimerais vous féliciter pour votre français.
39:05Vous dites très bien merci.
39:07...
39:11Merci.
39:12...
39:14Je parle un peu mieux le français.
39:17Je ne sais pas seulement dire merci,
39:18mais je préfère m'exprimer en anglais aujourd'hui.
39:21Pour répondre à votre 1re question
39:23au sujet du soutien des hommes en Afghanistan,
39:26donc il ne s'agit pas de tous les hommes en Afghanistan,
39:30mais la plupart des hommes en Afghanistan,
39:32ils ne sont pas vraiment en faveur de la liberté des femmes.
39:36Donc peut-être qu'ils peuvent autoriser les filles à aller à l'école,
39:39mais il faut qu'elles se couvrent la tête
39:43ou ils ne vont pas être prêts à les autoriser à chanter.
39:47Et donc on voit très clairement
39:49que ce sont seulement les femmes qui se rebellent dans la rue
39:52parce que les hommes ne voient pas cela d'un bon oeil.
39:56Et donc quand on est dans la rue,
40:02ils ont peur de se faire tuer
40:07s'ils soutiennent les femmes publiquement dans la rue.
40:10Et voilà.
40:12Pour moi, ce sont les femmes qui sont la 1re cible de toute façon.
40:16Donc c'est le prix à payer.
40:19Et donc il faut aller dans la rue pour se rebeller contre les talibans.
40:23Peut-être que les hommes iront en prison,
40:25mais c'est important de transmettre ce message
40:28et de montrer qu'on se bat.
40:31Et je souhaite vraiment parler des femmes en Afghanistan
40:37qui se sentent seules, personne ne les soutient dans notre pays.
40:41Et en dehors de l'Afghanistan,
40:43je ne vois pas beaucoup d'hommes qui prennent la parole
40:46en faveur des femmes.
40:49Et quand je leur en parle,
40:51je vois bien qu'au fond, ils ne comprennent pas
40:53ce que c'est vraiment la liberté.
40:55Pour eux, la liberté, c'est aller à l'école avec un foulard.
41:00Donc peut-être que moi, je ne veux pas porter un foulard
41:03pour aller à l'école ou pour m'entraîner,
41:05parce que, par exemple, ce n'est pas confortable
41:07quand je transpire.
41:09Et donc je dirais qu'il n'y a pas un soutien à 100% pour les femmes.
41:16Et donc aujourd'hui, les femmes afghanes se battent seules.
41:19Et quand j'étais à Kaboul, sous le régime des talibans,
41:24avant d'arriver en France,
41:27ils se moquaient de nous quand on manifestait dans la rue.
41:31Ils disaient, vous pensez que les talibans
41:33vont quitter le pays ? Vous pensez que c'est aussi facile ?
41:36Donc non seulement ils ne nous soutenaient pas,
41:38mais en plus, ils se moquaient de nous.
41:44Et voilà, nous, on a décidé d'être optimistes.
41:46On voulait montrer qui aurait le plus de pouvoir.
41:49Et même lorsque les premières lois ont été adoptées,
41:54ils nous ont dit, vous voyez,
41:55vous ne pouvez plus faire les mêmes choses qu'avant.
41:57Donc finalement, ils sont contents que les talibans soient là,
42:00parce que cela réduit nos libertés.
42:02Et finalement, ils ont seulement été contents
42:06de voir que l'on n'allait plus être aussi libres qu'avant.
42:10Et donc certains d'entre eux sont tristes ou en colère,
42:12mais seulement à cause de la situation économique,
42:16parce qu'ils ne gagnent plus d'argent,
42:17ils n'ont plus d'emploi,
42:19et la situation est donc vraiment très difficile.
42:21Maintenant, le pays a plongé dans la pauvreté,
42:24mais voilà, c'est ce qui les met en colère.
42:27Et donc, il y a vraiment une poignée d'hommes
42:31qui sont véritablement tristes
42:34par rapport à la situation des femmes en Afghanistan,
42:37et seulement une poignée souhaite changer la situation,
42:41mais ils sont très peu nombreux.
42:44Donc, je peux vous dire qu'ils s'en moquent complètement,
42:49à 80 %,
42:52ce qui se passe, ça leur importe peu.
42:55Ils se battraient si ça leur importait plus.
42:59Et voilà, je n'ai pas besoin qu'ils me disent
43:01qu'on est désolés pour vous, c'est triste.
43:03Non, moi, ce que je veux voir, c'est des actions concrètes.
43:05Je souhaite voir qu'ils sont à nos côtés
43:09pour combattre ces terroristes,
43:11parce qu'ils ne sont pas seulement contre les femmes,
43:13mais même contre tous les êtres humains en Afghanistan.
43:17Même les hommes ne peuvent plus faire certaines choses.
43:22Ils ne peuvent plus aller chez le coiffeur, chez le barbier.
43:25Et donc, s'ils acceptent cela,
43:32c'est un problème.
43:34Et donc, ils voient leur liberté restreinte également.
43:38Pour répondre à votre 2e question au sujet de la France,
43:41alors, c'est différent pour moi.
43:45En France, ils se battent pour quelque chose,
43:49et on ne se bat pas pour la même chose en Afghanistan.
43:53Et voilà, ici, on se bat pour faire tout ce que l'on veut,
43:58pour être libre de nos choix.
44:01Mais dans mon pays, et pour ma part,
44:04je suis née et j'ai grandi en Iran,
44:07j'ai donc connu les gouvernements, les dictatures,
44:12et donc je sais ce que c'est de ne pas être libre
44:15de faire ce que l'on veut,
44:17de ne pas avoir de liberté en tant que fille,
44:20de ne pas pouvoir chanter, par exemple.
44:22Donc la situation est différente en France.
44:25Ici, je suis libre d'être ce que je veux.
44:29Donc je ne peux vraiment pas comparer.
44:31C'est incomparable.
44:33En revanche, ce que je peux vous dire,
44:35c'est que... Enfin, je ne sais pas si je peux dire cela,
44:37mais pour moi, on se bat pour quelque chose de différent.
44:42Moi, je me bats pour quelque chose que l'on souhaite avoir.
44:49Donc on se bat, mais pour des choses différentes.
44:55Moi, je me bats contre une idéologie,
44:57un régime qui détruit le pays, et pas seulement pour les femmes.
45:01Et je pense qu'ici,
45:06on ne sait pas vraiment ce que c'est
45:08de vivre sous le régime des talibans.
45:10Et c'est facile de se battre,
45:13surtout quand on a toujours vécu dans cette société.
45:18Parce que les Françaises
45:22ne savent pas ce que c'est de croiser une voiture
45:26pleine de policiers qui va vous emmener en prison
45:28et vous battre à mort.
45:30Ca ne se passe pas en France.
45:33La situation est différente.
45:36Quand je parle aux gens ici,
45:40je leur demande
45:43est-ce que vous croyez vraiment à ce en quoi vous luttez ?
45:49Et je pense que les Françaises et les Français
45:57trouveraient ça extrêmement difficile, évidemment,
46:00de vivre en Afghanistan.
46:02Il faudrait qu'ils puissent y passer
46:04ne serait-ce qu'une journée
46:05pour vraiment comprendre de quoi ils en retournent.
46:09Donc c'est leur choix.
46:11Et je respecte les femmes qui souhaitent lutter
46:16pour ces libertés, mais ce n'est pas du tout la même chose.
46:21Colombre-Bruxelles.
46:24Merci. Bonjour et merci
46:26pour la force de votre témoignage,
46:29qui est saisissante.
46:32Vous avez plaidé dans vos propos
46:34pour que l'apartheid de genre soit reconnu.
46:38Vous portez cette revendication-là
46:44partout où vous pouvez.
46:46Qui sont aujourd'hui ceux qui s'opposent ?
46:49Alors peut-être en France, peut-être en Europe,
46:51peut-être à l'échelle internationale.
46:54Qui s'oppose à cette démarche
46:56et comment pouvons-nous y contribuer
46:59de là où nous sommes ?
47:03Très honnêtement,
47:10je le vois bien quand ces personnes s'expriment.
47:14Il peut s'agir de militants, de journalistes,
47:18même de féministes qui me disent l'apartheid.
47:22Donc je leur demande pourquoi est-ce que, d'après vous,
47:26ce n'est pas un apartheid ?
47:28Qu'est-ce qu'il faudrait qu'il se passe
47:30pour que l'on considère cela comme un apartheid ?
47:33Est-ce qu'il faut que les talibans finissent par tuer toutes les femmes ?
47:37Moi, je trouve que la situation est déjà extrêmement délétère
47:43et on ne souhaite pas avoir plus de victimes.
47:46Et si j'ai réclamé une protection policière,
47:50c'est parce que je ne souhaitais pas devenir une victime du terrorisme.
47:54Juste pour prouver que j'avais raison.
47:56Non, je ne souhaite pas devenir une victime.
47:59Donc il faut reconnaître cet apartheid de genre pour cette raison.
48:03Et c'est vrai que la situation en Afghanistan
48:09ne concerne pas que les droits des femmes.
48:12Il y a également des choses très graves
48:15en ce qui concerne les enfants,
48:16qu'on oblige à aller dans les écoles coraniques.
48:19Mais s'il n'y a pas l'égalité des genres à ce point,
48:27alors c'est un apartheid de genre.
48:30Et ceux qui pensent que ce n'est pas le cas
48:33doivent m'expliquer pourquoi ils pensent cela.
48:38Et donc je pense qu'il faut plus soutenir ces femmes
48:44qui se battent pour que ce soit reconnu à l'échelle internationale
48:48comme un crime en tant que tel.
48:51Merci. Moi, j'ai une question aussi,
48:55parce qu'il y a un débat pour savoir
48:57s'il faut ou non envoyer de l'aide humanitaire.
49:00Les talibans ont effectivement mis le pays à genoux,
49:06économiquement à genoux.
49:08La pauvreté est énorme.
49:12Et donc, dans ce genre de cas,
49:15effectivement, on veut aider, on veut envoyer.
49:18Mais aider, est-ce que ça n'est pas aussi aider les talibans
49:22à rester en place ?
49:24Et donc, quel est votre point de vue
49:28par rapport à cette aide humanitaire
49:30qu'il faudrait ou pas apporter à l'Afghanistan ?
49:34Parce que ce sont des gens qui vivent en face
49:37et qu'on ne peut pas regarder mourir.
49:39Mais en même temps, est-ce qu'on ne maintient pas le jour
49:42si on les aide ?
49:48Oui, d'abord, je veux dire que...
49:51Oui, alors, tout d'abord...
49:54La plupart des pays envoient de l'aide à l'Afghanistan.
50:01Et cela passe par les talibans,
50:06et les talibans ne donnent rien à la population.
50:09Parce que tout cela disparaît, finalement.
50:13Pourquoi est-ce qu'il y a des personnes qui meurent de faim ?
50:17La population n'a rien.
50:20C'est parce que les talibans prennent tout ce qui est en choix.
50:24Et le gardent pour eux.
50:27Donc, oui, c'est vrai que la population n'a pas d'argent,
50:35n'a pas de nourriture, n'a rien du tout.
50:37Donc, on peut les aider,
50:40mais je pense qu'il faut choisir la façon dont on le fait.
50:44Je pense qu'il ne faut pas contacter directement les talibans.
50:49Il ne faut pas leur demander de distribuer cette aide
50:52à la population, parce qu'ils ne vont pas le faire.
50:53Ils gardent tout pour eux-mêmes.
50:56Donc, ce que l'on pourrait faire,
50:58c'est choisir des personnes à l'intérieur du pays
51:01qui ne sont pas liées aux talibans,
51:05et on pourrait leur envoyer directement
51:08cette aide humanitaire.
51:11Parce que même si on envoie
51:15cette aide à un responsable de famille,
51:23ensuite, ce responsable pourra aider d'autres familles
51:28à son tour.
51:30Donc, je pense que c'est de cette façon
51:32que l'on pourra vraiment aider la population.
51:34Il faut se tourner directement vers la population.
51:37Et moi, je connais des personnes là-bas
51:40qui travaillent déjà avec des ONG, des associations,
51:43et ce sont des personnes qui sont prêtes à prendre ce risque.
51:48Et ces personnes sont prêtes à le faire.
51:53Donc, je pense qu'il faut vraiment se tourner
51:56vers des personnes à l'intérieur du pays,
51:58que ce soit à Kaboul ou dans d'autres villes du pays.
52:02C'est la meilleure façon dont on peut aider les gens sur place,
52:07en se tournant vers d'autres personnes sur place
52:11qui ne sont pas liées aux talibans.
52:13Et il ne faut pas passer par les talibans.
52:18Il faut expliquer clairement avec qui on est en contact.
52:23Avec des citoyens afghans ou avec des talibans.
52:28Donc, en tout cas, c'est possible de procéder ainsi.
52:33Merci. Il me reste donc à conclure.
52:38Effectivement, comme l'a fait remarquer Olivia Richard
52:41et comme Saléha a été dans le rapport d'ailleurs d'Elsa Schalk,
52:44aujourd'hui, le fait simplement d'être afghane
52:49permet d'obtenir l'asile en France.
52:52Mais encore faut-il arriver jusqu'en France.
52:56La décision étant quand même assez récente,
52:58il serait intéressant de veiller, de vérifier
53:02à ce que le nombre de visas,
53:03puisque effectivement un certain nombre de femmes,
53:06malgré tout, arrivent à passer au Pakistan, par exemple,
53:09ou dans des pays voisins avant de venir en France,
53:13mais de veiller à ce que ces visas soient effectivement attribués.
53:18Parce que, comme vous le disiez, il ne suffit pas de dire,
53:21il faut faire.
53:22Et donc, je pense que c'est intéressant d'avoir ce suivi.
53:26Et puis, en conclusion, je voudrais quand même rappeler
53:29que partout où on arrive à libérer les femmes,
53:32ça sert à tout le monde, y compris aux hommes.
53:35Parce que là où on empêche les femmes de respirer,
53:39on empêche les hommes de penser.
53:41Et donc, je pense que se battre pour la cause des femmes
53:44en Afghanistan, et c'est dommage que les hommes autour de vous
53:50et les hommes afghans ne se saisissent pas aussi
53:53de ce combat, parce que je crois que c'est un combat
53:55pour toute l'humanité, y compris particulièrement pour eux.
53:59Donc, nous resterons, nous, à vos côtés,
54:03pour nous battre pour les femmes, parce que nous savons
54:05que là où nous libérons les femmes,
54:07nous libérons toute l'humanité.
54:11Et merci beaucoup.
54:12Merci.
54:15Je veux juste rajouter quelque chose.
54:17Je suis ravie que la France ait pris cette décision
54:20d'accepter toutes les femmes afghanes en tant que réfugiées.
54:25Mais il est aussi très important de réfléchir
54:28à quel type de femmes on accueille.
54:31Il y a des femmes qui soutiennent les talibans.
54:34C'est triste, parce qu'elles ont été victimes
54:38de lavage de cerveau.
54:40Mais est-ce qu'on veut accueillir des gens
54:43dont le cerveau est en danger ?
54:44Et est-ce qu'on veut accueillir des gens
54:46dont le cerveau a été lavé ?
54:49Certes, on peut les aider à retrouver leur repère,
54:53à réaliser ce qu'est la réalité.
54:56Mais voilà, il faut être très prudent
55:01quand on accueille et bien réfléchir à qui...
55:04Bien réfléchir et savoir qui on accueille,
55:07parce qu'il y a des gens qui m'ont menacée et qui sont ici.
55:09Donc, on peut accueillir des gens qui, en fait, sont convaincus,
55:12mais on n'accueille pas l'idéologie opposée.
55:18Il faut...
55:19C'est bien d'aider,
55:20mais il faut réfléchir, savoir qui on aide.
55:24Il faut aider ceux qui en ont besoin,
55:26pas ceux qui créent les problèmes pour les autres,
55:29pas les talibans, c'est eux qui ont créé cette situation
55:32dont on souffre.
55:33Et on ne veut pas souffrir ici aussi.
55:36Voilà, il faut être très prudent.
55:43Je veux aussi dire
55:46que les femmes ne peuvent même pas sortir de leur maison.
55:48Alors comment pourraient-elles quitter leur pays ?
55:51On ne peut pas accueillir des millions de femmes en Europe.
55:54La question, c'est plus, qu'est-ce qu'on peut faire
55:57pour leur donner l'éducation nécessaire en Afghanistan ?
56:00Qu'elles se rebellent de l'intérieur.
56:03Elles ne veulent pas laisser leur pays aux talibans.
56:06C'est mon pays, je ne vais pas quitter mon pays.
56:09Certes, ils sont là et ils ont le pouvoir.
56:13Mais si je suis ici parce que je n'ai pas d'autre choix
56:17et que je veux lutter hors de mon pays, c'est bien.
56:21Mais il y a également des millions de femmes
56:23qui ne peuvent pas quitter le pays.
56:26Ce qu'on peut faire, c'est les aider,
56:28c'est leur donner une éducation.
56:33L'éducation, c'est vraiment la clé pour lutter
56:36contre cette idéologie.
56:38Les talibans n'ont pas vraiment d'éducation,
56:40ils vont juste aux madrassas, très jeunes,
56:42et puis on leur lave le cerveau.
56:45Ce sont des enfants qui ont eu ce lavage de cerveau
56:49et qui ont grandi, qui sont devenus des adultes,
56:51qui tuent les gens.
56:53Donc voilà, il faut vraiment éduquer
56:55toute cette jeune génération d'Afghans,
56:57pas juste les filles.
56:58Il faut les protéger des madrassas.
57:03Je pense que le problème clé, c'est les madrassas.
57:06Chaque personne qui y va ressort
57:09avec le cerveau lavé, ce n'est plus la même personne.
57:13Et c'est de là que vient toute la violence contre les femmes.
57:17On leur apprend à ne pas regarder les femmes.
57:20Je ne sais pas comment l'expliquer.
57:23Certes, ce sont des êtres humains comme nous,
57:27mais ils en ressortent, ils sont des monstres.
57:33Pour eux, il faut avoir honte du corps des femmes,
57:35il faut même vouloir tuer, les empêcher
57:39de participer à la vie publique, de participer à la société.
57:44Donc il faut être vraiment très intelligent.
57:47Encore une fois, on ne peut pas accueillir
57:53tous les réfugiés si la grande majorité sont des talibans.
57:58Il ne faut pas importer cette idéologie ici.
58:00Il y en a même qui ont monté des lobbys ici
58:03en faveur des talibans.
58:05En Belgique, le gouvernement a dû annuler
58:09le statut de réfugié d'un afghan
58:12parce qu'il essayait de mettre la population en faveur des talibans.
58:16Il se présentait comme une victime afghane,
58:20mais une fois arrivé, il prônait le soutien aux talibans.
58:25Voilà, donc c'est important d'aider,
58:27mais il faut le faire de façon intelligente. Merci.
58:31Voilà pour cette audition qui se tenait hier au Sénat.
58:33N'hésitez pas à lire les décryptages et à voir les replays
58:35sur publicsénat.fr.
58:37Très belle suite des programmes sur les chaînes parlementaires.

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