Le 5 novembre prochain, le monde aura les yeux tournés vers les États-Unis… Rarement, le résultat d’une élection présidentielle américaine aura été plus attendu, rarement ce résultat aura été aussi indécis. Donald Trump et Kamala Harris sont donnés au coude-à-coude dans la marge d’erreur des sondages… Si la dynamique des derniers jours semble favorable à l’ancien président, Kamala Harris peut-elle espérer un regain d’intérêt ? Qu’est-ce qui pourrait faire basculer le vote ? De quelles manières les candidats concentrent-ils de plus en plus leurs efforts sur des catégories précises de l’électorat ? On en débat avec le maître de conférences à l’Université catholique de l’Ouest, Pierre Bourgois, l’historien spécialiste des États-Unis, Tristan Cabello et la journaliste spécialiste de la vie américaine, Marjorie Paillon.
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00:00♫ Générique de fin ♫
00:08– Bonsoir, bonsoir à toutes et à tous, bienvenue, c'est Science Publique,
00:10votre rendez-vous quotidien de débats, de chroniques et de reportages,
00:1490 minutes de grands thèmes tous les jours du lundi au jeudi à 18h et 22h
00:20sur Public Sénat dans deux semaines, le 5 novembre.
00:23C'est toute la planète qui aura les yeux tournés vers les États-Unis,
00:27rarement le résultat d'une présidentielle américaine aura été plus attendue,
00:31rarement depuis 25 ans, ce résultat aura également été à ce point indécis,
00:37Donald Trump, Kamala Harris, au coude à coude dans la marge d'erreur des sondages.
00:42– Nous entrons dans la dernière ligne droite et la course sera serrée jusqu'à la fin.
00:50Écoutez, nous sommes l'Outsider et c'est pourquoi nous sommes
00:54et pourquoi je suis en campagne, afin de recueillir chacune des voix,
00:58parce que j'ai bien l'intention d'être une présidente pour tous les Amériques.
01:02– La dynamique des derniers jours semble favorable à Donald Trump,
01:08qu'est-ce qui pourrait faire basculer le vote ?
01:10Comment les candidats concentrent leurs efforts
01:12sur des catégories de plus en plus précises de l'électorat ?
01:16On en débat juste après ces titres.
01:18Et puis dans la seconde partie de notre émission,
01:20c'est un zoom sur les ingérences étrangères que je vous propose.
01:24Russie, Chine, Iran ou Qatar, ces pays ciblent la France
01:28et notamment les élus des parlementaires espionnés par la Chine.
01:32Des élus locaux accusés d'avoir cédé à la corruption de la Russie,
01:35des manipulations médiatiques pour peser sur le résultat des élections.
01:39Les exemples sont récents, ils sont nombreux.
01:42Ne ratez pas l'analyse de nos invités, de nos experts.
01:45Ce sera dans trois quarts d'heure.
01:48Mais d'abord, les derniers rendissements de la campagne présidentielle américaine
01:52avec des attaques personnelles qui fusent des deux côtés familiales et carrières.
01:59À 14 jours du scrutin, Donald Trump et Kamala Harris au coude à coude.
02:04En Caroline du Nord, le candidat républicain s'est rendu au chevet
02:07des habitants sinistrés par l'ouragan Hélène.
02:10L'occasion de critiquer Joe Biden et de continuer d'envenimer la campagne
02:15par ses attaques contre Kamala Harris.
02:18Elle est un désastre.
02:19Elle est un désastre cognitif et personne ne veut en parler.
02:22Et nous ne pouvons pas tenir quatre ans de plus.
02:25Nous avons tenu quatre ans.
02:26Nous ne pouvons pas tenir quatre ans de plus, n'est-ce pas ?
02:28Donald Trump s'adresse tour à tour à l'électorat chrétien puis latino,
02:33une communauté qui ne lui est pas acquise,
02:35mais dont le vote pourrait peser lourd.
02:37Comme au Nevada, l'un des sept États clés,
02:40remporté de justesse par les démocrates il y a quatre ans,
02:43le Nevada pourrait basculer en faveur du vote Trump.
02:47Je n'ai jamais compris pourquoi on disait que les latinos
02:49devaient forcément voter démocrate.
02:52Les démocrates ne nous ont jamais aidés. Jamais.
02:55Quand ont-ils fait quelque chose pour nous ?
02:57Eh bien jamais. Ce sont les républicains qui nous aident.
03:01De son côté, Kamala Harris tente elle aussi de chasser au-delà de ses terres.
03:07Soutenue par la parlementaire républicaine Liz Cheney,
03:10elle veut convaincre les conservateurs modérés.
03:13Nous aurons des désaccords.
03:15Mais je sollicite toutes les bonnes idées, d'où qu'elles viennent.
03:19C'est d'ailleurs pour ça que j'aurai un républicain dans mon gouvernement.
03:22Et je sais qu'il est dans notre intérêt, en tant que nation,
03:25d'avoir un système à deux parties qui fonctionne.
03:29Si plusieurs sondages donnent Donald Trump légèrement gagnant au niveau national,
03:34Kamala Harris serait pour l'instant en tête dans quatre des sept États clés
03:39qui feront l'élection, une course à la Maison-Blanche plus serrée que jamais.
03:45– Pourquoi Donald Trump redevient-il le favori ?
03:48Voilà le thème de notre débat avec Marjorie Payon.
03:49Bonsoir, bienvenue.
03:51Vous êtes journaliste spécialiste de la vie politique américaine.
03:54Vous avez couvert toutes les élections aux États-Unis depuis 2008.
03:57Pierre Bouroua, bonsoir et bienvenue.
03:59Maître de conférences en sciences politiques à l'Université catholique de l'Ouest
04:03et auteur de ce livre,
04:04Le néoconservatisme américain, la démocratie pour étendard,
04:07publié aux presses universitaires de France.
04:10J'accueille Tristan Cabello, bonsoir.
04:11– Bonsoir. – Bienvenue à vous.
04:12Historien, spécialiste des États-Unis et maître de conférences
04:15à la Johns Hopkins University de Baltimore.
04:18Et Sophie Dravinel, bonsoir Sophie, éditorialiste politique, bienvenue à vous.
04:22Petite question générale, pour commencer, Marjorie Payon,
04:245 novembre, c'est dans deux semaines tout juste.
04:27À quel point la dynamique de campagne est favorable à Donald Trump ?
04:31– J'ai envie surtout de vous dire à quel point la dynamique de campagne
04:34est pour l'instant dans un état totalement serré entre les deux candidats.
04:39C'est vrai que depuis fin du mois d'août,
04:42après la convention démocrate de Chicago,
04:45on a vu certes des courbes s'inverser en faveur de Kamala Harris
04:48par rapport à ce que Joe Biden pouvait donner dans les sondages face à Donald Trump.
04:53Mais en réalité, depuis début septembre,
04:55c'est un cephalogramme plat sur les courbes.
04:58Elles sont dans la marge d'erreur,
05:00on a vu ces courbes aller de 3% de marge d'erreur
05:03jusqu'à se resserrer à un tout petit point au niveau national.
05:06En tout cas, c'est le cas aujourd'hui pour les sondages du New York Times.
05:10Et puis dans les fameux 7 états clés, les 7 états pivots,
05:13les 7 swing states, là on est à égalité dans la plupart des états.
05:17En réalité, il y a 48, 48…
05:18– Oui, mais je parle de dynamique parce qu'il y a 4 ans, si je me souviens bien,
05:20il y avait un avantage de Joe Biden sur Donald Trump,
05:22notamment dans certains de ces états pivots.
05:25– Mais qui était beaucoup plus franc.
05:26Le problème, c'est que cette fois-ci, on sait que ça va,
05:28et depuis des semaines, que ça va se jouer à des dizaines de milliers de voix
05:31dans certains districts, dans certains cantons où la sociologie électorale
05:36qui change entre les élections nationales et les élections de mi-mandat
05:41peut littéralement, encore une fois, se renverser
05:45et aller vers un parti ou vers un autre.
05:47C'est notamment dû au redécoupage électoral qui va plus jouer pour les élections
05:51à la Chambre des représentants en l'occurrence, et un peu au Sénat,
05:54mais surtout à la Chambre des représentants.
05:56Vous savez que le 5 novembre, on vote pour une quantité de questions.
05:59En réalité, quand on est un citoyen ou une citoyenne américain ou américaine,
06:03évidemment, président ou présidente, sénateur, c'est le cas pour 34 d'entre eux,
06:07l'intégralité de la Chambre des représentants,
06:09mais la dynamique Trump qui est le vent qu'on entend porter,
06:13notamment par les défenseurs du Parti républicain depuis 48 heures,
06:16elle vient surtout de segments, de sous-segments de l'électorat, on va y revenir.
06:20– On y reviendra évidemment sur cette stratégie électorale,
06:24à quel point ça devient une campagne pointilliste,
06:27presque canton par canton ou famille d'électeurs par famille d'électeurs.
06:31Un mot de la stratégie de Kamala Harris, Pierre Bourgois, comment vous l'analysez ?
06:35– Pour moi, je pense qu'on va en parler ce soir,
06:37mais Kamala Harris fait une mauvaise campagne.
06:39En réalité, on gagne une campagne lorsqu'on arrive à imposer ce thème de campagne justement.
06:44Le thème qui a été imposé lorsque Kamala Harris a remplacé Joe Biden,
06:48qui était pour moi un très très bon thème, qui était le thème de la classe moyenne.
06:51Kamala Harris se présentait comme la future présidente des classes moyennes,
06:54elle avait compris ce vrai déclin qu'on observe aux États-Unis
06:56et dans beaucoup de démocraties occidentales, qui est le déclin réel de la classe moyenne.
07:00Et en axant la thématique sur cette dimension classe moyenne,
07:04on va dire économie au sens large, même l'industrie, préserver l'industrie,
07:08Kamala Harris avait réussi à fixer un thème de campagne qui pour moi était payant.
07:12Je pense qu'elle aurait dû le maintenir.
07:13Le problème c'est qu'elle-même est tombée dans les pièges de Trump,
07:17c'est-à-dire que Trump lui a ramené le sujet sur ce qu'il sait faire,
07:20c'est-à-dire l'a attaqué directement l'immigration notamment, la politique migratoire.
07:24Et Kamala Harris, c'est vrai, sur les derniers jours, les dernières semaines,
07:27elle tombe dans le piège parce qu'en fait, qu'est-ce qu'elle fait ?
07:29Lorsqu'elle a transmis son bulletin de santé, elle fait de Donald Trump,
07:32c'est-à-dire qu'elle attaque sur l'âge de Donald Trump,
07:34exactement comme Trump attaquait Joe Biden.
07:36Elle se met au niveau de Donald Trump.
07:38Et je pense qu'on peut le dire clairement, elle fait d'une mauvaise campagne.
07:41On a vu lors de la visite du McDonald's...
07:44– Alors on y reviendra en détail, donc je vous interromps tout de suite
07:47parce que ça, ça vaut un chapitre en soi, la visite de Donald Trump
07:51qui se met à servir des frites dans un McDonald's.
07:53Tristan Kabelouki, il y a une image qui vous a particulièrement marquée
07:57ces derniers jours dans la campagne de Kamala Harris
07:59et elle concerne vraiment sa stratégie, ça la rapproche de Liz Cheney, c'est ça ?
08:03Expliquez-nous.
08:04– Oui, il y a eu tout un meeting hier en fait avec Liz Cheney.
08:07Liz Cheney, c'est quand même une grande républicaine
08:11du parti républicain de George W. Bush.
08:14Il faut quand même rappeler que Liz Cheney,
08:17c'est quand même quelqu'un qui est vécu par les démocrates,
08:19par les gens de gauche aux États-Unis,
08:21comme quelqu'un d'une personnalité très réactionnaire.
08:24C'est quelqu'un qui était contre le mariage gay,
08:26c'est quelqu'un qui était contre l'avortement,
08:29c'est quelqu'un qui faisait partie aussi des birther,
08:31c'est-à-dire ces gens qui disaient que Barack Obama
08:34ne pouvait pas être président des États-Unis
08:36parce qu'il n'était pas né aux États-Unis.
08:38Et donc le fait que là, elle soit intégrée dans la campagne de Kamala Harris,
08:44en fait, on voit que la campagne de Kamala Harris va de Bernie Sanders à Liz Cheney
08:48et il y a un moment quand même, il faut quand même choisir une ligne.
08:50Je vais vous laisser conclure la démonstration,
08:52mais on va écouter un extrait de ce meeting commun.
08:55Effectivement, c'était en Pennsylvanie,
08:58un extrait de la prise de parole de Liz Cheney.
09:03Toute mon expérience et mon passé ont joué un rôle
09:06dans ma décision de soutenir officiellement la vice-présidente Harris.
09:10Et ça commence par le fait que je suis conservatrice
09:13et le plus conservateur des principes conservateurs,
09:16c'est d'être fidèle à la Constitution.
09:18Il faudra choisir dans cette élection entre quelqu'un qui a été
09:21et qui sera fidèle à la Constitution et Donald Trump.
09:25Et alors d'ailleurs, dans ce même meeting,
09:26on a entendu un extrait de ce que disait Kamala Harris tout à l'heure.
09:29Elle dit j'aurai un républicain dans mon gouvernement.
09:31Vous, vous nous dites quoi ?
09:32Elle est en train de troubler son propre camp ?
09:35Oui, disons que la campagne devient un peu illisible.
09:37C'est ce que disait Pierre juste avant.
09:38C'est-à-dire que les gens ne savent pas vraiment sur quel pied est-ce que Kamala danse.
09:43Alors un coup à droite, un coup un peu à gauche.
09:45C'est quand même beaucoup, beaucoup à droite ces derniers temps.
09:47Il faut quand même se rappeler que Kamala Harris, son grand thème, c'était l'avortement.
09:51Et ça, ça marchait très bien.
09:52Ça marchait très bien.
09:52Elle avait réussi à mobiliser une partie des femmes blanches dans les banlieues.
09:58Et puis là, Liz Cheney, c'est quand même quelqu'un qui a fait toute sa carrière
10:01contre l'avortement, en fait.
10:02Donc, c'est quand même assez illisible.
10:04Je pense que c'est pour ça aussi qu'elle perd des points dans les sondages.
10:07– Alors regardons, on y a fait référence, vous y avez déjà fait référence
10:10et on ne va pas arrêter d'en parler.
10:12La liste de ces États susceptibles de faire basculer le résultat,
10:16les fameux swing states, c'est à Pivot, Nevada, Arizona, Wisconsin, Michigan,
10:20Pennsylvanie, Caroline du Nord et Géorgie.
10:24Ce qui se passe là, majoré Payan, c'est que les candidats, les deux candidats,
10:28ils ne sont que dans ces États ou alors ils font quand même un peu campagne ailleurs ?
10:32– Honnêtement, à 15 jours de ce qu'on appelle « election day »,
10:36vraiment le jour, la deadline pour aller voter,
10:39c'est certain qu'il faut se concentrer sur ces 7 États.
10:41Et puis surtout, ça ne sert strictement à rien d'aller démultiplier l'effort
10:43dans des États qui sont déjà acquis, soit à la cause démocrate,
10:46soit à la cause républicaine.
10:47– Donc ils vont faire 2 ou 3 meetings par jour dans ces États ?
10:49– Les 54 grands électeurs de Californie vont forcément aller aux démocrates
10:53et les grands électeurs du Texas vont a priori aller aux républicains,
10:57il n'y a pas trop de doute là-dessus.
10:58Oui, il faut aller faire campagne dans ces États-là et démultiplier l'effort.
11:01Ça peut se faire quand on s'appelle Kamala Harris avec un Bill Clinton
11:05ou avec un Barack Obama à ses côtés pour aller faire campagne à sa place
11:09en Pennsylvanie, en Géorgie ou au Nevada.
11:11Quand on s'appelle Donald Trump, ça se fait avec un Elon Musk
11:14qui lui a implanté quasiment des bureaux désormais en Pennsylvanie
11:19d'où il fait campagne et notamment avec son super comité d'action politique
11:23« Distribue des millions ».
11:25Et il faut se concentrer sur, encore une fois,
11:28ces circonscriptions qui peuvent faire basculer la chose.
11:31En Pennsylvanie par exemple, parce que c'est vraiment là
11:33que l'ensemble en gros des experts scrutent l'élection,
11:38il y a une Pennsylvanie qui est plutôt celle des grandes villes,
11:41Philadelphie, Pittsburgh, qui est plutôt d'habitude attribuée aux démocrates
11:46ou qui sont plutôt des bastions qui sont favorables aux camps de gauche américaine.
11:52Par contre, la Pennsylvanie des petites villes, elle, elle est plutôt républicaine.
11:56Et c'est là-dessus que chacun va aller jouer, encore une fois, district par district,
12:00pour essayer de faire basculer peu à peu les électeurs et les électrices dans son camp.
12:04– Un exemple, c'est Donald Trump, il est en meeting en Caroline du Nord,
12:09il s'adresse directement aux catholiques. Extrait.
12:12– Je ne sais pas combien de catholiques sont présents ici,
12:15mais si vous êtes catholique, il est hors de question que vous votiez pour ces gens.
12:19Ils sont un véritable cauchemar.
12:20Je ne sais pas ce qu'ils ont contre les catholiques,
12:22mais les catholiques sont plus maltraités que n'importe qui d'autre.
12:25Et les évangéliques sont les prochains, c'est certain.
12:29Chrétiens, incitez tous ceux que vous connaissez à voter.
12:32Vous devez voter, sinon, nous n'aurons pas la vie que nous devrions avoir.
12:36Une vie de prospérité et d'espoir, une belle vie.
12:40– Pierre Bourgois, à quel point c'est une campagne ?
12:42Alors moi je dis pointilliste, je ne sais pas si c'est le bon terme,
12:45mais voilà, ciblée le plus possible.
12:48– Je dirais que c'est plutôt habituel, c'est habituel dans chaque campagne.
12:51Le système américain est tellement complexe et fait de…
12:54son côté indirect fait qu'il y a des strates différentes de population.
12:57On entend souvent parler du vote latino, du vote des Noirs,
12:59du vote des catholiques, etc.
13:01C'est quelque chose qu'on a du mal à imaginer en France.
13:04Mais il faut bien se rendre compte que le système américain est tellement complexe
13:06et surtout la société américaine est tellement fragmentée
13:08que parler en termes de communauté, lorsque Donald Trump parle catholique,
13:11il parle donc à la communauté catholique,
13:13comme lorsqu'on parle du vote afro, on parle à la communauté afro.
13:17Encore une fois, à travers un prisme français, c'est un peu difficile à imaginer.
13:21Mais aux États-Unis, ça fonctionne comme ça.
13:22Moi justement, je vais revenir sur ce point-là,
13:24sur le fait que lorsque Donald Trump parle catholique,
13:27justement l'idée c'est qu'en tant qu'analyste,
13:28il faut essayer de voir de quoi il parle.
13:31Et moi, ce qui m'intéresse, c'est quand même, derrière la campagne,
13:33derrière les personnages, derrière les caricatures qu'on en fait des deux côtés,
13:35il y a quand même des idées politiques.
13:37Et Kamala Harris incarne une aile particulière du progressisme
13:41et Donald Trump incarne une aile particulière du conservatisme.
13:44Le choix qui a été fait de la part de Kamala Harris,
13:47et je pense que c'est pour ça qu'elle perd des voix,
13:48c'est qu'elle choisit d'être en même temps.
13:50Donc elle choisit de diluer un peu la teneur de son progressisme
13:54en allant chercher du liste famille, en effet,
13:56en allant même risquer de perdre le vote très à gauche,
13:59notamment en politique étrangère, en soutenant de manière incommensurable Israël.
14:04Et c'est vrai qu'elle fait un choix de diluer son progressisme,
14:07contrairement à Bernie Sanders qui lui était sur un axe très fort progressiste,
14:11alors que Donald Trump, lui, depuis le départ,
14:13il insiste, il veut maintenir sa base et en fait Donald Trump ne fait aucune concession.
14:17Et on se rend compte que sur le plan électoral,
14:19la cohérence idéologique, pour l'instant, l'emporte sur le même temps.
14:23– D'accord, donc là vous dites qu'il y a une erreur stratégique de Kamala Harris
14:27ou alors elle a identifié que sa base électorale était peut-être trop faible pour l'emporter.
14:31– Elle a pris un pari.
14:32– On peut imaginer qu'il y a quelques stratèges qui travaillent avec elle.
14:35– On verra, peut-être qu'elle peut gagner,
14:37mais le risque qu'elle a fait, pour moi, est un vrai risque,
14:40qui est de prendre le risque de perdre, notamment la jeunesse,
14:44qui, on se rappelle, il y a quelques mois manifestait
14:46de manière assez importante sur les campus américains,
14:49pour aller chercher justement les modérés.
14:51Elle a considéré qu'il y avait un électorat modéré,
14:53et qui existe, les anti-Trump, c'est un pari risqué.
14:56Parce qu'il faudra être sûr que les jeunes, de son côté, aillent voter.
15:00– Oui, je pense que pour le coup, c'est plutôt du pragmatisme en l'occurrence.
15:02Qui s'est réellement inscrit sur les listes électorales jusqu'à présent ?
15:05Je rappelle que la deadline pour s'inscrire, par exemple,
15:07sur les listes électorales en pandémie, c'était hier,
15:10alors qu'on a déjà commencé à voter par ailleurs.
15:11– Ce n'est pas la même date en fonction des États.
15:13– Absolument pas.
15:14Une élection américaine, ce sont 50 États et 50 modalités de vote différentes.
15:18Ce sera aussi la même chose le 5 novembre pour pouvoir dépouiller ces fameux bulletins.
15:23– Donc, il y a encore des gens qui se sont inscrits hier en Pennsylvanie,
15:27si j'ai bien entendu.
15:28Je reviens, je suis un peu têtu, moi, sur cette question de la carte électorale
15:32et de la finesse de l'analyse des camps.
15:34Parce que c'est vrai que c'est l'ADN du fonctionnement de la démocratie
15:40et de la vie politique américaine depuis des décennies.
15:42Sauf que là, on a de plus en plus de data,
15:44on a une intelligence artificielle qui peut peut-être permettre,
15:47je ne sais pas, d'aller de plus en plus au plus près,
15:51je ne sais pas, canton par canton, comté par comté, quartier par quartier,
15:55pour dire là, il y a peut-être 5000 électeurs à convaincre
15:58pour faire basculer tout un État.
16:00Est-ce que c'est vrai ou pas ?
16:01– C'est même pire que ça, c'est-à-dire qu'ils savent individu par individu
16:05qui il faut contacter grâce à vos réseaux sociaux, grâce à vos mails.
16:08Il y a du big data qui est très inclus dedans.
16:11Et donc, ils ont des apps, les démocrates principalement,
16:14qu'ils donnent aux militants et qui leur permettent d'identifier
16:19autour d'eux les gens à qui il faudrait vraiment parler
16:21lors d'un barbecue, par exemple, et essayer de les convaincre.
16:25Je reviens sur ce que Pierre venait de dire,
16:27c'est vrai que Kamala Harris, elle fait vraiment une campagne
16:30où elle s'alienne quand même un petit peu la base.
16:34Et le problème de s'alienner cette base qui était aussi très dynamique en 2020,
16:38c'est qu'il y a des gens qui ne sont pas là pour faire campagne sur le terrain.
16:41Et ces jeunes-là, ces jeunes en 2020, ils ont été en Géorgie,
16:45ils ont été en Michigan, ils ont été en Pennsylvanie,
16:47et ils ont été toqués aux portes.
16:49Et il y a vraiment un vrai enthousiasme.
16:51Et il manque en ce moment ?
16:52Là, il manque tout à fait.
16:53Moi, je le vois parmi mes étudiants, par exemple.
16:54C'est-à-dire qu'il n'y a personne qui fait campagne pour Kamala Harris
16:57comme il y avait en 2020 des gens, des jeunes qui étaient là sur le terrain.
17:01Et pourquoi, pour vous ?
17:03Je pense qu'elle s'est aliénée toute une partie de la jeunesse
17:07à cause de son engagement très pro-Israël.
17:11Mais aussi, c'est quelqu'un qui quand même a une vision très centriste,
17:16on va dire du Parti démocrate, qui représente une vision très centriste.
17:19Et il faut aussi dire que la jeunesse a été très déçue de l'administration Biden.
17:26C'est-à-dire qu'il y a eu beaucoup de choses qui ont été faites pour la jeunesse.
17:30Par exemple, l'annulation de la dette étudiante.
17:32Et ça ne se matérialise pas vraiment dans leur vie.
17:34C'est-à-dire que ça va de pied en pied.
17:36Au point, Marjorie Payon, de laisser éventuellement Donald Trump l'emporter.
17:39Parce que d'accord, on peut être déçu par Joe Biden
17:42ou par la campagne un peu trop centriste de Kamala Harris.
17:46Mais derrière, il y a, en tout cas je parle de ces jeunes électeurs démocrates,
17:49un péril Trump.
17:51– On fait un retour en 2016.
17:52En 2016, une des raisons de la perte d'Hillary Clinton,
17:55c'est notamment parce que la jeunesse ne va pas se mobiliser en faveur d'Hillary Clinton.
17:59La jeunesse démocrate aurait préféré Bernie Sanders.
18:01Évidemment, ce n'est pas lui qui a été nominé du parti.
18:03Et puis surtout, Hillary Clinton avait des positions totalement inverses
18:07à celles de cette gauche, la gauche américaine.
18:09Encore une fois, quand on parle de gauche, quand on parle de droite,
18:12on met beaucoup de guillemets entre tout ça.
18:14– Ce n'est pas notre grille d'analyse de la politique française.
18:15– Absolument pas.
18:17Mais en effet, la question est de savoir si ces jeunes-là vont réellement aller voter,
18:21est-ce qu'ils seront bien inscrits sur l'élite électorale
18:24et quelle va être leur puissance de levier de démultiplication du vote.
18:28Et ça, c'est très intéressant,
18:31parce que ça prépare aussi les futures bases dans les futurs partis démocrates.
18:34Là, l'élection qui se joue, évidemment,
18:36elle va avoir un ou une prochaine 47e présidente des États-Unis.
18:41Elle va avoir de nouveaux sénateurs au Sénat,
18:44la totalité de la Chambre des représentants renouvelée,
18:46mais dans les élections de mi-mandat qui vont se jouer en 2026.
18:49Le Sénat, en l'occurrence, va se jouer aussi pour un autre tiers
18:54qui, lui, aura plus de candidats républicains qui devront remettre…
18:58– Oui, alors on va essayer, pardon Marjorie,
18:59mais déjà, essayons de se concentrer sur cette élection-là
19:02avant d'aller vers les élections de mi-mandat.
19:03– En réalité, il y a des petites boules de neige qui sont en train de se mettre en place.
19:06Et si j'ajoute à ça un autre ingrédient, une autre data, tiens, hop,
19:09sur la sociologie électorale.
19:10Le fait de se dire que ce qu'on appelle encore aujourd'hui
19:12des minorités qui n'en sont pas en réalité,
19:14le vote noir, le vote hispanique,
19:16qui sont en réalité des myriades de votes différents.
19:19Il n'y a rien de plus différent qu'un Américain d'origine cubaine en Floride
19:23et qu'un Américain d'origine mexicaine au Nevada.
19:25Si j'ajoute toutes ces composantes-là,
19:27on a une transformation totale de la sociologie électorale américaine
19:30avec des, encore une fois, entre plein de guillemets,
19:33minorités qui vont devenir majoritaires.
19:35Donc toutes les graines qui sont en train, peut-être,
19:37de semer Kamala Harris mal ou bien,
19:39on verra bien le 5 novembre et les jours qui suivront,
19:43ça joue pour le futur, en réalité, des élections.
19:45Ce n'est pas tant le retour,
19:47enfin la conservation démocrate de la Maison-Blanche en 2004 qui se joue,
19:51que les étapes d'après.
19:52– Je reviens sur la figure de Trump quand même
19:54et ce qu'elle représente pour l'électorat démocrate
19:59et notamment le jeune électorat démocrate,
20:01faisiez la référence à 2016.
20:03Très bien, mais 2016, on a vécu,
20:06et je m'en souviens bien, cette campagne en permanence
20:09dans l'hypothèse qu'il ne pouvait pas gagner,
20:11c'est-à-dire qu'il ne pouvait pas remporter la primaire républicaine,
20:14il ne pouvait pas, il ne pouvait pas, il ne pouvait pas,
20:15et puis finalement, il l'a emportée.
20:17Depuis, il y a eu 4 ans de mandat Trump.
20:19Pourquoi ces 4 ans de mandat Trump ne font pas du candidat républicain
20:23l'ultra épouvantail pour la jeunesse qui, vous nous le disiez,
20:27ne bat pas campagne pour Kamala Harris aujourd'hui ?
20:29J'ai un peu de mal à le comprendre.
20:31– La manière dont vous posez la question,
20:32je dis que c'est plutôt rassurant.
20:33Rassurant pourquoi ?
20:34Ça veut dire qu'on ne fait pas une campagne uniquement sur un contre-Trump.
20:37Alors oui, ça joue, et vraiment, pour avoir été beaucoup de fois
20:42sur les campus américains, il est détesté par une partie
20:44de la gauche américaine, clairement, mais la question c'est,
20:46de là à détester Trump, ce n'est pas la même chose
20:48que d'aller voter pour une candidate qui soutient farouchement Israël,
20:51si on prend la question de la politique étrangère.
20:53Et je trouve ça plutôt rassurant, parce qu'encore une fois,
20:55moi, ce que je reproche à Kamala Harris,
20:57c'est d'avoir axé son discours uniquement,
20:59au début, c'était compréhensif, parce qu'elle venait d'arriver,
21:01donc il y avait la dynamique du hope, hope, hope,
21:04on va rapporter la joie contre l'ennemi de la démocratie, etc.
21:09Donc ça, c'était audible au début, donc au mois d'août.
21:13Le problème, c'est que pendant un mois,
21:14donc elle a eu cette parenthèse sur la classe moyenne,
21:16le problème, c'est que pendant un mois,
21:18on a entendu régulièrement toujours le même discours,
21:20sauver la démocratie contre Trump,
21:22exactement ce qu'a dit Biden pendant 2-3 ans.
21:23Le problème, c'est qu'à la jeunesse, il faut lui vendre du rêve,
21:26des perspectives, quel est le grand projet proposé par Kamala Harris,
21:31finalement, très peu, alors on peut dire pareil pour Donald Trump,
21:33mais Donald Trump a une base qui, elle, ne bouge pas.
21:35Pour Kamala Harris, encore une fois, dire simplement,
21:37il faut voter pour moi parce que je suis le rempart
21:39pour sauver la démocratie américaine,
21:41ça tient 2 semaines, 3 semaines, pas sur 3 mois de campagne.
21:44– Ça ne suffit pas, alors vous avez fait référence à l'image
21:47qui donne le tempo de cette campagne depuis 48 heures,
21:50c'est celle du candidat républicain qui sert des frites chez McDo,
21:54Sophie, pourquoi Donald Trump a-t-il organisé, monté cette séquence ?
21:58– En fait, ça fait un moment que Donald Trump accuse Kamala Harris
22:02de mentir sur son passé d'employée d'un fast-food en 83
22:06quand elle était étudiante, un petit job durant ses études,
22:10mais le mensonge est très mal considéré aux États-Unis,
22:12c'est une infamie, c'est quasiment un crime,
22:15et rien de tel en fin de campagne présidentielle
22:18que, justement, d'en rajouter une couche,
22:20alors dans un McDo de Pennsylvanie, fermé pour l'occasion,
22:22évidemment, Donald Trump a joué à l'employé modèle,
22:26le temps d'être filmé par les caméras
22:28et avec, évidemment, des militants, des supporters triés sur le volet,
22:31une opération croustillante, Thomas, pour appuyer,
22:34vous voyez le lien avec la frite, évidemment,
22:36pour appuyer sur le prétendu mensonge de sa concurrente démocrate
22:43et montrer qu'il serait, lui, véritablement proche du peuple.
22:45– Et donc la question qui est reposée grâce à cette séquence,
22:49c'est Kamala Harris a-t-elle vraiment travaillé dans un McDo ?
22:51– En fait, on ne sait pas, c'est le débat du moment,
22:54Kamala Harris affirme être une fille de la classe moyenne,
22:57soulignant une cohérence d'origine avec son collicier, Tim Valtz,
23:01et c'est depuis 2019 qu'elle affirme qu'elle a travaillé,
23:04qu'elle a eu ce job d'été pour dire qu'en fait, l'objectif,
23:07il n'y avait personne pour la financer à la maison
23:09et que c'est un classique chez les démocrates,
23:12ils ont tous joué à ça, les ventes de glace d'Obama,
23:18je crois que c'était lui qui avait dit ça,
23:20et d'autres candidats et présidents avant qu'elle,
23:23sauf qu'en fait, il y a un média de vérification
23:25qui s'est penché sur l'affaire
23:26et puis qu'ils n'ont pas réussi à savoir, ils ont dit ni oui, ni non,
23:30le New York Times est monté au créneau, tous,
23:32pour savoir si elle avait ou non cuit ses frites et vendu ses glaces,
23:36et le problème, c'est qu'elle n'en a même pas fait mention elle-même
23:40dans deux livres autobiographiques qu'elle a écrits.
23:42– Effectivement, ça nous manque, que nous dit cette affaire de la campagne ?
23:46– En fait, c'est ça, c'est ce que je vous disais,
23:47c'est pas seulement une histoire de classe moyenne, mais beaucoup,
23:50c'est aussi que, pas seulement que Donald Trump a manié des frites sans gants,
23:55ce qui lui a été reproché, ce qui est pas respectueux des règles d'hygiène,
23:59mais ça nous rappelle aussi que Trump aime les fast-foods,
24:02et ça, c'est une réalité, il l'a beaucoup utilisé dans ses campagnes précédentes.
24:07Philippe Corbet, qui est un de nos confrères,
24:09raconte que c'est qu'en fait, il a peur d'être empoisonné dans la nourriture
24:13et que du coup, le McDo est pour lui une forme de réassurance
24:16parce qu'il est sûr que c'est préparé de façon anonyme et qu'il n'y a pas de risque,
24:20donc c'est assez impressionnant, mais c'est aussi,
24:22il est d'ailleurs surnommé Donald McDonald, voilà, il a fait des pubs,
24:27mais de fait, il a cette façon de dire que moi, je suis millénaire peut-être,
24:33mais j'aime la même nourriture que vous, et de fait, c'est le cas, c'est une réalité,
24:38il est imbattable sur ce terrain-là.
24:40– Sur le terrain du hamburger, vous voulez dire.
24:41– Absolument, sur le terrain au moins du hamburger,
24:43mais s'il le répète, s'il le martèle,
24:45c'est qu'il veut ce soutien de l'Amérique qui travaille,
24:47et il faut savoir que dans ses fast-foods,
24:50c'est quasiment un des premiers employeurs du pays,
24:52et que c'est vraiment la règle, c'est le prix du menu
24:58qui est aussi révélateur pour les Américains,
25:00et il tente en fait avec ça d'apparaître pour ce qu'il est,
25:04de ne pas s'apparaître pour ce qu'il est, c'est-à-dire un héritier.
25:07– Effectivement, Donald Trump, un héritier.
25:09Alors, à quel point, Marjorie Payan, je commence avec vous,
25:12cette séquence a éclipsé toutes les autres depuis 48 heures dans la campagne ?
25:16– Vous en parlez encore 48 heures après,
25:18donc c'est que Donald Trump a réussi son coup.
25:20– Moi, je ne m'adresse pas aux électeurs américains directement,
25:21mais bon, dans les médias américains.
25:23– Qu'est-ce qu'on va retenir en termes, justement,
25:25de coups de com' dans cette campagne ?
25:26On va retenir McDonald's, on va retenir
25:29« They're eating the dog, they're eating the cat »,
25:31la légende urbaine de Springfield répandue par Donald Trump
25:33pendant le débat présidentiel face à Kamala Harris,
25:36et qu'est-ce qu'on va retenir des coups de com' de Kamala Harris ?
25:38Je ne suis pas persuadée qu'on retienne qu'elle ait fêté ses 60 ans
25:41au CV Wonder dimanche pendant que Donald Trump
25:43servait des frites en Pennsylvanie, honnêtement.
25:45– Ah, c'était ça, la contre-offensive entre guillemets démocrate ?
25:48– Oui, il ne vous souvient pas, vous ne l'avez même pas vu.
25:50– Je le savais parce que j'ai un tout petit peu préparé l'émission.
25:52– Bien sûr, ça se voit bien ça.
25:54– Dans les médias américains, ce qui domine depuis 48 heures,
25:56c'est clairement Trump et ses frites.
25:58– Oui, et qu'on le veuille ou non, c'est une campagne
26:00qui va se jouer sur les coups de communication
26:02puisqu'il n'y a pas de coup de programme
26:04pour rattraper, finalement, ce show permanent de ce…
26:09On parlait très souvent des 24 heures de cycle médiatique américain,
26:14aujourd'hui, c'est 48 heures en 24 heures
26:16puisque c'est démultiplié sur les réseaux sociaux,
26:18sur les plateformes et sur toutes les applications
26:20possibles et imaginables.
26:22Donc le fait, justement, d'avoir préparé savamment,
26:24d'avoir fait fermer ce McDonald's, d'avoir pas mis de gants
26:26pour prendre le temps de faire cuire ses frites
26:30et de les distribuer à des supporters et des supporters
26:32qui sont très étonnés de voir le 45ème présent.
26:34– Ils font semblant d'être étonnés, bien sûr.
26:36– Parce que c'est totalement monté d'un bout à l'autre.
26:38– Ça dit aussi autre chose, en effet, Sophie a totalement raison,
26:40ça dit quelque chose de l'attrait que Donald Trump
26:44essaie d'avoir pour la classe moyenne,
26:46ça dit aussi quelque chose, je ne suis pas persuadée
26:48que ce soit la stratégie de sa campagne de communication
26:50avec McDonald's, mais du vote aussi des seniors, en l'occurrence,
26:54je rappelle que Donald Trump a 78 ans,
26:5619% en 2023, nous dit le Pure Research Center,
27:00d'Américains de plus de 65 ans qui sont obligés de travailler
27:02pour pouvoir réussir à payer leurs frais de santé,
27:06à payer leurs loyers, à continuer à pouvoir vivre.
27:08Donc il y a une vraie question de l'Amérique pauvre
27:10qui ne se retrouve pas dans cette élection.
27:12Qui défend l'Amérique pauvre, les 40 millions d'Américains pauvres
27:16et seniors dans cette élection ?
27:18– Donc il y a plusieurs messages en un triste entier.
27:20– Et puis il y a aussi l'effet des corporate,
27:22je rappelle que Donald Trump a notamment fait pas mal de coups de taxes,
27:26– Corporate, ça veut dire quoi ?
27:28– Pardon, pour les grandes entreprises, il a fait quand même,
27:30dans sa présidence, pas mal de coups de taxes.
27:32– Il y a vraiment deux styles de communication,
27:34et il faut bien le dire, Donald Trump gagne toutes les 48 heures
27:36à la bataille de la communication, c'est-à-dire que lui…
27:38– Mais la ficelle de com, elle est énorme.
27:40– Bien sûr, mais ça marche tellement bien.
27:42– Il y avait tous les dérives.
27:44– Ça marche tellement bien, on en parle encore ici,
27:46alors que personne n'est impacté.
27:48Mais surtout, c'est la comparaison avec Kamala Harris
27:50qui marche en sa faveur.
27:52C'est-à-dire qu'elle, elle était avec Liz Cheney,
27:54elle était avec Stevie Wonder, qui est une grande star de la musique,
27:56mais qui ne connecte pas forcément avec la jeunesse,
27:58ou qui ne fait pas aussi super cool.
28:00Et donc là, c'est vrai que Donald Trump, ça marche,
28:04il doit donner des frites, des hamburgers à des jeunes,
28:08il apparaît comme nous, quoi.
28:10Et sur Kamala Harris, je voulais juste rebondir là-dessus,
28:12c'est-à-dire que Kamala Harris, elle pourrait en fait
28:14donner son dossier de sécurité sociale.
28:16S'il y a bien une chose qui est centralisée aux États-Unis,
28:18c'est où vous avez travaillé.
28:20Ça, on sait, on sait, l'État fédéral américain peut dire ça,
28:24parce que vous avez payé des taxes fédérales.
28:26Et donc ça, elle pourrait avoir un print-out,
28:28elle pourrait le donner aux journalistes et dire,
28:30là, j'ai travaillé à McDonald's.
28:32Vous avez parlé de ce McDonald's en 2019,
28:34ça fait quand même tard.
28:36Oui, certes, c'est un coup de communication,
28:38mais cela dit, on ne peut pas en vouloir à Donald Trump
28:40de faire de la communication avec un journaliste.
28:42Moi, j'ai le souvenir de Barack Obama qui montait les marches,
28:44je pense que c'était la Maison Blanche,
28:46avec un paquet de hamburgers également.
28:48C'est de la communication, c'est normal.
28:50Moi, je pense que c'est une...
28:52Ce qui m'intéresse, c'est pourquoi ça infuse, pourquoi ça marche.
28:54Pour moi, très bon coup de communication sur trois plans.
28:58Premier plan, évidemment, parce que Donald Trump
29:00est comme le candidat de la classe moyenne,
29:02de la classe même populaire américaine, ça c'est clair.
29:04Deuxième plan, ça lui permet d'attaquer Kamala Harris.
29:06Et troisième plan, on n'en parle pas souvent,
29:08mais ce n'est pas tant le fait de le faire,
29:10c'est la manière dont il le fait.
29:12Il le fait de manière, en rigolant,
29:14en tapant sur le dos du...
29:16Très cool.
29:18Il fait des blagues, il fait une blague
29:20à la conductrice qui vient chercher,
29:22« It's a pleasure to see you ».
29:24En fait, ce n'est pas tant le fait de le faire,
29:26il pourrait le faire en étant très rigide,
29:28parce qu'il a quand même gardé sa cravate,
29:30mais il le fait quand même en étant cool.
29:32Et ça, ça plaît, c'est sûr.
29:34Donc moi, je dis très beaucoup de communication
29:36et on met en paradoxe, enfin en relief,
29:38avec un peu la ringardise du camp démocrate
29:42qui ramène des people,
29:44comme lors de la convention à Chicago,
29:46c'est quand même vu et revu.
29:48Déjà que le parti démocrate est souvent accusé
29:50d'être trop proche de l'establishment.
29:52Là, maintenant, on fait venir Stevie Wonder.
29:54C'est vrai que là, on a deux communications,
29:56qui sont proposées.
29:58– Et sur le mensonge, parce que Sophie disait,
30:00le mensonge, c'est une infamie aux États-Unis.
30:02Sauf que Donald Trump, il raconte n'importe quoi
30:04à longueur de meeting.
30:06Et pourtant, ça ne l'empêche pas
30:08de peut-être redevenir président des États-Unis.
30:10– C'est ça qui est incroyable, c'est que lui a le droit à tout.
30:12C'est-à-dire que le mensonge,
30:14moi je dirais même que ça le sert.
30:16C'est-à-dire que les gens disent là encore,
30:18il est comme nous, etc.
30:20Moi, je pense que si Kamala Harris,
30:22on sait dans quelques jours
30:24qu'elle n'a pas travaillé au McDonald's,
30:26ça serait terrible pour elle.
30:28Ça serait vraiment un énorme scandale.
30:30Alors que Donald Trump,
30:32il peut mentir, mais finalement, c'est lui.
30:34Finalement, dans son incohérence,
30:36il est cohérent aussi.
30:38C'est-à-dire qu'il est toujours lui-même.
30:40Et puis voilà, il apparaît comme proche du peuple.
30:42Ça paraît vraiment fou,
30:44mais c'est vraiment comme ça que ça se passe.
30:46– Ce qui est intéressant, si je peux me permettre
30:48d'ajouter un point, c'est qu'autour de lui,
30:50autour de Donald Trump, il y a énormément de figures
30:52qui ont été condamnées par la justice
30:54et qui n'ont pas bougé, qui n'ont pas démissionné,
30:56qui n'ont pas été démises non plus.
30:58Et du coup, ça rajoute quelque chose
31:00à cette espèce d'impunité
31:02qui paraît un peu affolante
31:04et qui ressemble à une espèce de…
31:06comme si en fait, rien ne pouvait les toucher
31:08sauf un effondrement potentiel
31:10après un échec de Donald Trump.
31:12– En tout cas, le dernier mot là-dessus.
31:14Ensuite, on parle d'Elon Musk.
31:16– Je ne sais pas si ça impactera durablement la campagne.
31:18En tout cas, je le redis,
31:20si Kamala Harris perd la campagne,
31:22moi je ne pense pas que c'est Donald Trump qui a été gagné.
31:24Je pense que c'est vraiment Kamala Harris
31:26qui, par une mauvaise campagne, a perdu.
31:28– Je suis tout à fait d'accord avec ça.
31:30– Oui, parce qu'il y a eu un élan,
31:32juste après son entrée en campagne,
31:34le renoncement de Joe Biden.
31:36– Parce qu'elle a imposé son nom.
31:38– Oui, et elle n'a pas réussi à garder cet élan.
31:40– Elle l'aura perdu plus que Trump l'a gagné.
31:42– Elle n'a pas su capitaliser.
31:44– On est encore dans la marge d'erreur des sondages,
31:46je le rappelle.
31:48On ne peut pas vraiment dire, d'ailleurs,
31:50ça ne doit pas être facile le métier de sondeur
31:52aux États-Unis en ce moment.
31:54Comme promis, on consacre un chapitre
31:56aux milliardaires américains.
31:58Elon Musk, propriétaire, entre autres,
32:00de Tesla et de SpaceX.
32:02C'est Quentin Calmet qui nous rejoint
32:04sur ce plateau pour nous raconter.
32:06Bonsoir Quentin, bienvenue à vous.
32:08– Bonsoir Thomas.
32:10– Cette opération qui, vu d'ici,
32:12vous paraît totalement dingue et qui flirte aussi
32:14avec la légalité, ça se passe en Pennsylvanie.
32:16– Voilà, en Pennsylvanie, on peut le dire,
32:18Elon Musk qui mène campagne pour Donald Trump
32:20dans cet État-là,
32:22qui est un des États pivots, un des États clés
32:24qu'on évoquait et qui vont faire basculer
32:26l'élection dans un sens ou dans l'autre.
32:28Samedi, il a remis un chèque d'un million de dollars
32:30à un habitant de Harrisburg.
32:32C'est lui qui a donné à cet habitant ce chèque,
32:36directement sur la scène,
32:38lors d'un meeting.
32:40D'ailleurs, la personne en face,
32:42John Dreher, qui est le premier gagnant
32:44de cette loterie, semble presque un peu sonner
32:46lorsqu'il apprend qu'il gagne ce million de dollars
32:48et il l'apprend juste avant.
32:50Elon Musk a promis de faire un tel cadeau
32:52tous les jours, jusqu'au 5 novembre,
32:54à une personne différente.
32:56Seule condition pour être tiré au sort,
32:58signer une pétition en ligne
33:00qui promeut la liberté d'expression,
33:02la liberté de posséder une arme à feu.
33:04L'objectif du prix de 1 million de dollars par jour
33:06est de maximiser la notoriété
33:08de notre pétition en faveur de la Constitution,
33:10revendique Elon Musk
33:12sur son réseau social X,
33:14anciennement Twitter.
33:16Est-ce que cette démarche est légale aux Etats-Unis ?
33:18Selon plusieurs experts cités dans la presse américaine,
33:20clairement non.
33:22Rick Hasson, professeur de droit à UCLA,
33:24l'université de Californie, écrit sur son blog
33:26qu'il s'agit d'un achat de vote clairement illégal.
33:28Et d'ailleurs, il cite
33:30le code électoral américain
33:32« Whoever pays or offers to pay,
33:34quiconque paie ou propose de payer
33:36ou accepte le paiement, soit pour l'inscription
33:38sur les listes électorales ou pour voter,
33:40sera passif d'une amende maximale
33:42de 10 000 dollars ou emprisonné pendant 5 ans
33:44au maximum ou les deux. »
33:46C'est dans le code électoral.
33:48Pour d'autres experts, c'est plus flou.
33:50Dans un article de Newsweek, j'ai vu
33:52que l'ancien président de la commission électorale
33:54fédérale, Brad Smith,
33:56défend Elon Musk.
33:58Il ne les paye pas pour s'inscrire aux listes électorales
34:00mais pour voter pour sa pétition
34:02avec uniquement des personnes inscrites
34:04aux listes électorales.
34:06Ainsi, le milliardaire joue sur une forme
34:08d'ambiguïté. En tous les cas,
34:10il ne lésine pas sur les moyens.
34:12Il a déjà donné 75 millions de dollars
34:14à la campagne Trump. Une goutte d'eau
34:16pour Elon Musk dont la fortune est estimée
34:18à 250 milliards de dollars
34:20et aucun problème de légalité
34:22pour ces dons-là depuis 2010
34:24et une loi sur les super PAC.
34:26Les entreprises, les fondations,
34:28les syndicats peuvent financer
34:30la campagne des candidats sans limite de montant.
34:32Merci beaucoup, Quentin,
34:34pour toutes ces informations. On a bien compris.
34:36Elon Musk fait clairement campagne
34:38pour Donald Trump. Marjorie Payan,
34:40à quel point il est intégré à la stratégie
34:42de l'équipe de Trump ?
34:44Le portrait que Quentin en a fait
34:46était parfait. Attention, ceci dit,
34:48à l'arrêt cités annuatines 2010,
34:50ce que ce fameux arrêt de la Cour suprême
34:52dit en autorisant ces fameux super
34:54comités d'action politique à lever autant
34:56d'argent qu'ils le souhaitent et à le dépenser
34:58comme ils le souhaitent, c'est parce qu'ils ne doivent
35:00pas se coordonner avec des campagnes.
35:02Les 75 millions de dollars qu'Elon Musk
35:04a donné à son propre super PAC,
35:06l'America PAC, et vous voyez bien ce
35:08America PAC qui est écrit sur le chèque d'un million de dollars
35:10qui est remis justement en Pennsylvanie
35:12à ses futurs peut-être électeurs
35:14et électrices, c'est des fonds du super PAC.
35:16Attention, ils ne sont pas versés
35:18à la campagne de Donald Trump
35:20ni à la campagne d'aucun candidat.
35:22C'est pour ça qu'il n'est pas illégal.
35:24Il va où cet argent ?
35:26Selon la définition de la Cour suprême,
35:28de ce que peut être un super comité
35:30d'action politique, au moment du dépôt
35:32des statuts, il faut définir une cause.
35:34La cause défendue par Elon Musk avec
35:36America PAC, c'est la liberté d'expression,
35:38sa version en tout cas, la liberté d'expression,
35:40le droit de port d'armes,
35:42une petite insérance sur la régulation des compagnies
35:44et notamment numériques, mais ça passe
35:46un petit peu au travers de tout ça,
35:48et le fait de défendre justement
35:50le fait de s'inscrire sur les listes électorales.
35:52Mais attention, c'est bien à ce titre-là
35:54et c'est pour ça, encore une fois,
35:56qu'il y a beaucoup
35:58de théories légales qui s'affrontent
36:00aujourd'hui. Est-ce que ces chèques d'un million de dollars
36:02à cette loterie est illégal ou pas ?
36:04Parce qu'il peut y avoir les deux interprétations
36:06en l'occurrence. – Alors je repose la même question,
36:08Pierre Bourgois, à quel point
36:10il fait partie de la stratégie
36:12presque du staff de Donald Trump,
36:14Elon Musk ? – Oui, je pense
36:16qu'au niveau de l'intelligence artificielle,
36:18il est bien plus
36:20que présent, mais moi, ce qui
36:22m'avait surpris lorsque Elon Musk s'est vraiment
36:24engagé dans la campagne, c'est à quel point
36:26il paraissait comme un adolescent.
36:28Je ne sais même pas si ça apporte
36:30vraiment une plus-value, en tout cas, sur le fond, clairement pas.
36:32C'est un symbole, c'est une prise de guerre symbolique.
36:34Mais finalement, le camp démocrate
36:36fait aussi la même chose avec des artistes.
36:38Mais finalement, à quel point il s'engage ?
36:40Lorsqu'il fait son discours
36:42à côté de Donald Trump, c'est un discours
36:44relativement pauvre. Sur le fond,
36:46il est mal à l'aise.
36:48On a deux Elon Musk. On a l'Elon Musk
36:50lorsqu'il est dans son univers,
36:52mais dès qu'il faut parler politique et vraiment s'engager,
36:54je trouve qu'il n'apporte pas une énorme plus-value sur le fond.
36:56Par contre, c'est une prise de guerre. C'est un symbole.
36:58C'est, encore une fois, le symbole de l'entrepreneur américain,
37:00comme Donald Trump,
37:02et ça part à une partie de l'Amérique.
37:04La question, c'est qui est la prise de guerre de qui,
37:06en l'occurrence, parce qu'il y a quand même deux égos
37:08qui doivent cohabiter, et pas des moindres.
37:10Et avant de se tomber dans les bras l'un de l'autre,
37:12il se détestait cordialement.
37:14Mais ça, on le saura si Donald Trump est réélu
37:16président. On verra ce que Elon Musk
37:18peut y gagner en retour.
37:20On commence déjà à voir quand même son influence
37:22sur X, l'enseignement Twitter.
37:24C'est-à-dire, à chaque fois que Kamala Harris
37:26pose quelque chose sur son compte officiel,
37:28il y a directement 4-5 notes en dessous
37:30du post de Kamala Harris.
37:32Chez Donald Trump, en général, il n'y a rien du tout.
37:34C'est-à-dire qu'il est très protégé par la plateforme,
37:36mais c'est quand même une plateforme où va se jouer
37:38vraiment beaucoup, beaucoup de choses.
37:40Donc, ça, c'est très important. Et puis, je rejoins ce que
37:42Pierre disait, c'est-à-dire qu'il avait vraiment l'air
37:44d'un petit enfant sur cette scène
37:46avec Donald Trump. C'est-à-dire, il y avait vraiment
37:48un paradoxe, là.
37:50En même temps, ça mobilise
37:52aussi une partie de la jeunesse américaine.
37:54C'est le self-made man, même si on sait que c'est
37:56pas vraiment un self-made man. Mais en tout cas, c'est comme ça
37:58qu'il est perçu. Et ça, c'est un peu l'Amérique
38:00que Donald Trump essaie de faire
38:02revivre. Voilà.
38:04– Je reviens au point de départ de l'histoire.
38:06C'est-à-dire, 1 million de dollars
38:08donnés chaque jour
38:10à un électeur ou une électrice qui est inscrit
38:12sur les listes électorales, on a bien compris,
38:14et qui valide
38:16les deux amendements en question,
38:18liberté d'expression et
38:20port d'armes.
38:22Est-ce que ça va ? Je vous posais la question comment ?
38:24C'est trop tard pour s'inscrire sur les listes, c'est ça, maintenant ?
38:26– Alors, j'ai de la peine, Sylvanie,
38:28on pouvait s'inscrire jusqu'à hier. C'est notamment pour ça
38:30que cette fameuse loterie a été déclenchée au cours du week-end.
38:32– Donc, est-ce qu'il y a beaucoup de gens qui sont allés s'inscrire
38:34sur les listes électorales au dernier moment ?
38:36J'essaie de, rationnellement, me dire
38:38quel impact ça peut avoir sur cette campagne.
38:40– Déjà, c'est un super coup de com'. – Oui, encore une fois.
38:42– Vous en parlez. Donc, c'est sûr
38:44que c'est un très bon coup de com'.
38:46Je ne suis pas expert du système
38:48de vote aux États-Unis en tant que tel.
38:50Je ne sais pas si c'est légal ou pas.
38:52Par contre, déontologiquement, on peut en parler.
38:54Proposer un million par jour
38:56pour inciter les gens
38:58à s'inscrire sur une pétition,
39:00déontologiquement, c'est clair
39:02que ça pose un problème.
39:04Écoutez, ça marche, on en parle. Il a réussi son coup.
39:06On est ultra-authentique, on en parle.
39:08– On verra bien si, aux prochaines élections en France,
39:10certains peuvent avoir l'idée, comme ça, de créer des espèces de loteries.
39:12On ne sait jamais.
39:14– Les achats de votes, ça a existé, mais en général,
39:16ça se fait un peu en sous-marin.
39:18– Absolument.
39:20– Et pas avec une campagne de...
39:22Tiens, sur l'argent, est-ce que, historiquement,
39:24Tristan Cabello, celui ou celle qui a
39:26le plus d'argent pour sa campagne l'emporte ?
39:28– Ce n'est pas toujours le cas.
39:30En tout cas, là, Kamala Harris est en tête
39:32sur l'argent. Et c'est vrai que l'argent
39:34est vraiment dépensé dans les campagnes
39:36publicitaires, dans l'audiovisuel.
39:38C'est-à-dire, quand vous habitez en Pennsylvanie
39:40et qu'on regarde Public Sénat, par exemple,
39:42on voit vraiment, à chaque minute,
39:44des publicités contre Donald Trump,
39:46contre Kamala Harris.
39:48Et les gens n'en peuvent plus, en fait.
39:50Et donc, c'est vraiment ça.
39:52C'est vraiment là où l'argent est dépensé,
39:54dans ces grandes campagnes publicitaires
39:56à la télévision.
39:58– On va aborder, il nous reste 3-4 minutes,
40:00un tout dernier thème, parce que c'est quand même...
40:02Alors, ce n'est pas la première fois qu'on en parle
40:04sur ce plateau, mais quand même,
40:06le vote genré, c'est-à-dire à quel point
40:08les hommes, majoritairement, sont prêts à voter Trump
40:10et les femmes, à voter Kamala Harris.
40:12Écoutons cette partisane de Kamala Harris,
40:14elle s'appelle Erika Mills
40:16et elle attend un rassemblement
40:18en étant géorgie.
40:20– Je pense qu'il est très important
40:24de voter pour la vice-présidente Harris
40:26parce que notre liberté d'avorter
40:28est en jeu. J'estime que les femmes
40:30devraient avoir le contrôle de leur propre corps
40:32et que le gouvernement ne devrait pas
40:34être impliqué dans ce type de décision.
40:36C'est donc l'un des points les plus importants
40:38de ce scrutin pour moi.
40:40– Pierre Bourgois,
40:42est-ce que c'est encore vrai ?
40:44Vous nous avez dit que c'était un axe
40:46de campagne très fort de Kamala Harris,
40:48la défense de l'avortement aux États-Unis.
40:50Est-ce que ça aussi, ça s'est un peu dilué ?
40:52– Exactement, ça s'est dilué parce que,
40:54encore une fois, je le redis,
40:56elle est tombée dans les pièges de Donald Trump
40:58et finalement, on en parle très peu de fond.
41:00C'est un peu ce que je disais déjà il y a deux mois,
41:02une campagne qui manquait de fond.
41:04Enfin, avec cette thématique de la classe moyenne,
41:06de l'avortement, avoir des vrais sujets,
41:08aujourd'hui c'est quelque chose qui est passé
41:10sur un plan secondaire.
41:12Je pense que Kamala Harris va essayer de rattraper le tir
41:14et va essayer de le remettre au goût du jour.
41:16C'est ce qui explique, en effet,
41:18le fait qu'il y ait plus de femmes qui votent Kamala Harris.
41:20Mais c'est vrai qu'elle a du mal à imposer ses thèmes.
41:24– Tristan Kalidou ?
41:26– C'est un vote qui est vraiment très polarisé,
41:28c'est-à-dire quand on est femme,
41:30on a quand même plus tendance à voter pour Kamala Harris.
41:32Quand on est noir, on a plus tendance à voter pour Kamala Harris.
41:34Quand on est blanc, on a plus tendance à voter pour Donald Trump.
41:36Quand on est pauvre, on a plus tendance à voter pour Kamala Harris.
41:38C'est-à-dire qu'il y a vraiment des oppositions comme ça dans la société.
41:40En fait, il faut vraiment tout croiser.
41:42C'est-à-dire qu'il n'y a vraiment pas que le genre,
41:44il y a plein d'autres datas,
41:46il y a plein d'autres données
41:48qu'il faut vraiment croiser dans ces électorats.
41:50– Ce qu'on disait tout à l'heure,
41:52on va essayer de se pocher,
41:54et ce n'est ni la première ni la dernière d'ici au 5 novembre,
41:56voire au jour qui vont suivre,
41:58Marjorie Payon,
42:00un risque de fracture,
42:02de remise en cause du résultat,
42:04qu'est-ce qui peut se passer ?
42:06– Je pense que ça peut définitivement aggraver
42:08la guerre civique qui est en train de se produire aux États-Unis.
42:10Pas une guerre civile, encore une fois,
42:12mais une guerre civique réellement,
42:14notamment depuis juin 2022
42:16et le fait que la Cour suprême ait cassé cet arrêt Roe v. Wade,
42:18le droit à l'avortement,
42:20et ait délégué à chaque État le droit de s'autodéterminer
42:22sur une question aussi fondamentale,
42:24sociétalement parlant.
42:26Et puis, surtout,
42:28il faut entendre déjà les cons
42:30qui commencent à préparer l'après-5 novembre.
42:32L'après-5 novembre, ça va se jouer dans les heures
42:34et dans les jours qui suivent.
42:36Quels sont les modes de recours,
42:38de recomptage possibles, état par état ?
42:40Je vous le disais tout à l'heure, une élection américaine,
42:4250 États, 50 modes de scrutin différents.
42:44– Donc ça veut dire que dans les 7 swing states
42:46dont on parlait tout à l'heure,
42:48il y a des règles qui ne sont pas tout à fait les mêmes,
42:50et donc potentiellement des contentieux juridiques
42:52qui ne seront pas les mêmes.
42:54– La seule chose qui tient, c'est le calendrier
42:56à tous les États, et ce n'est pas tant la date
42:58du 5 novembre qu'il faut viser en réalité,
43:00que la date du 17 décembre, parce qu'au 17 décembre,
43:02il faut que chaque grand électeur
43:04de chaque État soit allé certifier son vote
43:06et soit allé voter en personne.
43:08Donc, on peut avoir,
43:10je ne dis pas que ce sera le cas,
43:12mais il y a une hypothèse, un scénario,
43:14en effet, dans lequel
43:16chaque camp a préparé ses bataillons d'avocats
43:18et on peut aller jusqu'à mi-décembre,
43:20avant la certification
43:22et le fait que ces grands électeurs
43:24aient réellement voté au Congrès
43:26de leurs États respectifs,
43:28pour pouvoir porter leur voix
43:30sur un ou l'autre
43:32des candidats. En réalité,
43:34cette course, elle peut aller jusqu'à mi-décembre,
43:36après les audits d'admutoires,
43:38c'est 6 janvier, certification des résultats
43:40au Congrès, d'où le 6 janvier 2021,
43:42c'est pour ça que cette manifestation,
43:44cette insurrection au Capitole a lieu le 6 janvier,
43:46et puis 20 janvier, ce sera l'investiture
43:48du, ou de la,
43:5047e président des États-Unis.
43:52Voilà, on a le calendrier et on va
43:54régulièrement, évidemment, sur ce plateau et dans cette émission
43:56se passionner
43:58pour cette élection américaine
44:00qui a tellement de conséquences potentielles
44:02sur le calendrier
44:04et l'actualité internationale.
44:06Merci à tous, je rappelle le titre de votre livre,
44:08Pierre Bourgois, le néoconservatisme américain,
44:10la démocratie pour étendard, publié aux éditions
44:12Pulcho-Presse Universitaire de France.
44:14Je vous dis à bientôt sur Public Sénat.