À deux semaines du scrutin, les sondages n'ont jamais été aussi serrés entre Donald Trump et Kamala Harris. Provocations, mises en scène et meetings à la chaines, la campagne fait rage et plus encore dans les "swing state", ces états clés où pourraient se jouer le dénouement de ces élections.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00À la présidentielle américaine, 7 minutes pour comprendre la stratégie des 15 derniers jours de cette campagne des plus incertaines.
00:13Et avec nous pour en parler, Marie-Cécile Naff, bonjour, bienvenue à l'équipe de Recherche à l'IRIS, vous êtes spécialiste des États-Unis.
00:17Patrick Sauss, éditorialiste de BFMTV pour les questions internationales, est avec nous.
00:21Et puis Benoît Ballet, la campagne en direct depuis les États-Unis avec vous, Benoît.
00:25Les deux candidats en ce moment ne se concentrent que sur les États-clés.
00:31Oui, effectivement, Kamala Harris a redoublé d'efforts, pour commencer par elle, pour séduire les conservateurs modérés hier.
00:39C'est très important de pouvoir élargir son socle électoral pour la démocrate.
00:43Et la vice-présidente a effectué une tournée éclair dans trois États pivots.
00:48Ces États, vous savez, qui pourraient aussi bien être remportés par les démocrates que par les républicains le 5 novembre.
00:55Hier, elle était en Pennsylvanie, dans le Michigan, dans le Wisconsin.
00:58Elle s'est, à noter, accompagnée d'une républicaine, l'ancienne parlementaire Liz Cheney, farouche adversaire de Donald Trump.
01:06Et en Pennsylvanie, par exemple, Kamala Harris a parlé de sa volonté de tourner la page.
01:11Elle a estimé que la déomination de Donald Trump sur la politique américaine depuis son élection surprise en 2016
01:17a conduit les Américains à se braquer les uns contre les autres, à épuiser le pays.
01:22Et là aussi, depuis le Wisconsin, la démocrate mise en garde les électeurs américains avec les mots suivants.
01:27« Donald Trump est un homme peu sérieux, mais les conséquences de son retour au pouvoir seraient, elles, extrêmement sérieuses. »
01:34Et puis, évidemment, en retour depuis un podium interposé, le candidat républicain Donald Trump a affirmé hier à Greenville, en Caroline du Nord,
01:43un autre État clé, que sa rivale démocrate n'était pas qualifiée pour se présenter.
01:48Il a même jugé qu'elle était une menace pour la démocratie.
01:51Donald Trump qui a de nouveau mis l'accent sur la question de l'immigration.
01:55Le problème numéro un, d'après lui, même devant l'économie, il a laissé, comme souvent, libre cours à sa rhétorique haineuse et xénophobe, le milliardaire de 78 ans.
02:05Il a promis qu'avec sa victoire, l'invasion de migrants prendra fin et que la restauration du pays commencera.
02:12Alors les deux candidats qui vont évidemment continuer à faire campagne aujourd'hui, qui sont, on le dit toujours au coup d'à-coup dans les sondages,
02:18alors deux styles différents pour la journée de ce mardi.
02:22Kamala Harris va donner deux interviews à des télévisions, la télévision NBC et puis l'autre à la chaîne Telemundo,
02:29une chaîne très prisée des latinos, les américains d'origine hispanique.
02:33Un groupe très important en vue de la victoire dans les États clés comme le Nevada, l'Arizona.
02:37Donald Trump, lui, va continuer sa tournée dans le sud du pays.
02:40Il donnera un nouveau meeting en Caroline du Nord dans la ville de Greensboro.
02:44Merci Benoît Ballet.
02:46Que va-t-il se passer lors de ces deux dernières semaines de campagne ?
02:49Je voudrais qu'on regarde ensemble ce dernier sondage.
02:52Pour la première fois depuis deux mois, Donald Trump remonte.
02:55Les courbes se resserrent.
02:57Patrick Sos, est-ce qu'elles peuvent se croiser ces courbes ?
03:00Ça va être difficile. Ce qui compte, c'est qu'elles se croisent pour Donald Trump le 5 novembre à la fin de la course.
03:07Et je dis bien la fin de la course. Pourquoi ?
03:09Parce que ce matin, on a près de 15 millions d'américains qui ont déjà voté ou qui ont déjà envoyé leur bulletin de vote.
03:15Et ça, c'est véritablement l'un des chevaux de bataille actuel de Kamala Harris.
03:20Parce qu'elle sait que, historiquement, ça a plutôt tendance à favoriser les démocrates.
03:26Et surtout, ça évite, pour les électeurs, de tergiverser.
03:30Parce qu'effectivement, ils avaient jusqu'ici des sujets extrêmement précis lorsque vous regardez, lorsque vous interrogez les Américains sur leurs principales priorités.
03:41Ils ne parlent pas d'immigration. Ils ne parlent pas du danger de Donald Trump.
03:45Ils parlent économie, démocratie et ensuite la sécurité nationale.
03:50Et lorsque vous voyez le budget pub des Républicains en ce moment, c'est sur les impôts et sur les droits LGBT.
03:5822 millions de dollars qui sont injectés pour dire les pires des choses possibles là-dessus.
04:05On est véritablement sur des sujets extrêmement précis, parfois éloignés des Américains.
04:12Mais l'idée, c'est de taper l'un sur l'autre.
04:15Marie-Cécile Nave, est-ce qu'on a une idée de ce que représente le nombre d'électeurs qui vont faire la différence ?
04:21Parce que ce sont les indécis de quelques États.
04:23C'est quoi ? C'est quelques milliers d'Américains qui détiennent le sort de l'élection ?
04:25À ce stade, les informations qu'on a, c'est effectivement que dans une poignée d'États,
04:29ça peut se jouer à quelques milliers ou dizaines de milliers de voix près,
04:32comme en 2016 et comme en 2020, à ce stade.
04:35Mais après, on peut avoir aussi des surprises.
04:38Je crois qu'il faut être très prudent vis-à-vis des sondages, notamment des sondages nationaux.
04:41Parce que les sondages nationaux, ça ne veut pas dire grand-chose.
04:44Ça va vraiment se jouer Pennsylvania, Wisconsin, Michigan, Caroline Dunant-Georgie, Nevada, etc.
04:50Et puis, on a depuis à peu près deux semaines un flot d'enquêtes d'opinion ultra-partisanes du côté des Républicains
04:57qui ont tendance à faire grossir la moyenne des sondages nationaux.
05:01On avait eu ça aussi en 2022 au moment des mi-termes et ça ne correspondait pas au résultat final.
05:07Donc, prudence. Les sondages des instituts indépendants sont plutôt stables depuis 15 jours dans les swing states.
05:13Mais est-ce que vous diriez, comme de nombreux observateurs, que la dynamique en ce moment, elle est du côté de Donald Trump ?
05:18Non, c'est stable depuis une quinzaine de jours, deux, trois semaines, c'est stable.
05:23Et tous les sondages dans les swing states, dans les États pivots, sont dans la marge d'erreur.
05:28Donc, prudence, vraiment grande prudence.
05:30Oui, c'est vraiment la marge d'erreur.
05:31Il y a une différence avec le bruit médiatique, évidemment.
05:33De quoi a-t-on parlé ce week-end de Donald Trump qui vendait, je dis bien avec les grands guillemets, des frites à des fans de Donald Trump
05:40puisque le magasin était fermé alors qu'on était sur une image beaucoup plus classique de Kamala Harris
05:45qui fêtait son anniversaire à la messe un dimanche.
05:49Mais encore une fois, ce qui va compter sont les deux dernières semaines où on a senti vraiment une différence.
05:55Kamala Harris a décidé de prendre sa casquette de procureur, c'est-à-dire que quasiment tous ses meetings sont sur Donald Trump
06:02et un réquisitoire contre Donald Trump, danger pour la démocratie, alors que Donald Trump part dans une rhétorique totalement xénophobe.
06:09Il n'est pas en train d'essayer de grappiller des modérés, il est en train de solidifier sa base parce que rappelons-le,
06:16on n'en parle quasiment jamais, mais l'abstention est toujours très forte aux États-Unis.
06:20Il s'agit de convaincre les gens d'aller voter.
06:22On parlait de la rhétorique xénophobe.
06:24On va réécouter quelques-unes des phrases prononcées ces derniers jours par Donald Trump dans cette campagne à propos d'immigration.
06:30Le Covid, en fait, c'est une maladie qui a plus de noms que n'importe quelle autre maladie de l'histoire.
06:38Moi, je peux, par exemple, la nommer la grippe Kung Flu.
06:44J'ai 19 autres façons de la nommer.
06:49Nous devons redoubler d'efforts pour garantir que quiconque vient en Amérique partage nos valeurs et s'assimile à notre culture.
06:54Nous ne voulons pas que des gens viennent dans notre pays qui nous détestent.
06:57Nous voulons des gens qui nous aiment.
06:59Regardez ce qui se passe en France, les émeutes en région parisienne.
07:02Qui l'aurait cru ? Moi, je pense l'avoir prédit.
07:06Les migrants sont en train de ruiner notre pays.
07:09Et c'est vrai qu'ils détruisent le sang de notre pays, c'est ce qu'ils font.
07:12Ils détruisent notre pays.
07:13Ils n'aiment pas quand je dis ça.
07:15Moi, je n'ai jamais lu Mein Kampf, mais les commentateurs disent « Oh, Hitler a dit ça d'une manière très différente ».
07:22Ma photo d'identité judiciaire, nous l'avons tous vue.
07:25Et vous savez qui la reprise plus que n'importe qui d'autre ?
07:29La population noire.
07:32Commentaire, Marie-Cécile ?
07:34Oui, on est dans une exacerbation d'une rhétorique extrêmement violente,
07:38avec des insultes à la fois contre les adversaires, contre Harris et contre les démocrates,
07:42mais aussi contre les immigrés, avec un amalgame entre immigrés sans-papiers et immigrés légaux,
07:47et immigrés en général et criminels, avec vraiment des mots extrêmement durs, comme on l'a vu dans le reportage.
07:53Ce qui est intéressant, c'est qu'en 2020, Donald Trump décourageait son électorat de voter par anticipation ou par correspondance,
08:00parce qu'il disait « Il y a de la triche, c'est la Covid, vous allez voir, les démocrates vont tricher ».
08:03Aujourd'hui, c'est l'inverse, parce qu'en particulier en Caroline du Nord,
08:07qui a été fortement touchée par les ouragans, un État qui lui est a priori favorable,
08:11ils ont du mal, les électeurs, à se déplacer parce que les routes sont coupées, etc.
08:15Et donc, il encourage la création de nouveaux bureaux de vote, à voter par correspondance, etc.
08:20Et donc, on a un inversement de la stratégie par rapport à 2020, c'est intéressant.