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L'ancien Premier ministre Manuel Valls était l’invité de #LaGrandeInterview de Romain Desarbres dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:008h13, bienvenue à tous, c'est la grande interview avec ce matin Manuel Valls.
00:04Bonjour Manuel Valls.
00:05Bonjour.
00:06Merci d'être avec nous, ancien Premier ministre évidemment et ancien ministre de l'Intérieur.
00:09On va parler des questions d'immigration, on va parler des questions de sécurité,
00:12on va parler du budget évidemment.
00:14C'est parti pour l'examen du budget à l'Assemblée nationale.
00:17Un budget qui prévoit 60 milliards d'efforts budgétaires.
00:21Sans effort, le déficit exploserait encore un peu plus en France.
00:25À cause de qui la France se retrouve-t-elle dans cette situation ?
00:29C'est la vraie question et au fond la question c'est de savoir comment a pu-t-on en arriver là.
00:36Il y aura des commissions d'enquête de l'Assemblée nationale et du Sénat.
00:39Je ne suis pas là pour dresser des budgets, désigner des poteaux,
00:46mais je suis là pour essayer de comprendre ce qui s'est véritablement passé.
00:50Vous avez été Premier ministre, vous connaissez parfaitement les arcanes de l'État.
00:53Vous avez peut-être une idée de ce qui a pu se passer ?
00:57C'est une simple erreur ? C'est de l'incompétence de Bercy qui n'a pas prévu ?
01:00Il peut toujours y avoir non seulement des erreurs, mais des changements de prévision.
01:06Les rentrées des recettes de la TVA ou de l'impôt sur les sociétés sont moindres.
01:12Donc il faut rectifier.
01:13Mais le Premier ministre, le ministre des Finances et du Budget, le Président de la République,
01:21l'exécutif a tous les moyens au quotidien pour comprendre comment les choses peuvent se passer
01:28entre la Banque de France, la Cour des comptes, l'INSEE,
01:32évidemment la direction du Trésor, celle du Budget.
01:36Vous avez tous les éléments pour suivre, contrôler les dérapages.
01:43Or cela vient sans aucun doute de loin avec des rentrées fiscales moindres
01:48et des dépenses, avec le quoi qu'il en coûte, qui n'ont pas cessé d'augmenter.
01:52Donc si je vous suis, tout le monde le savait ?
01:54On le sait puisque j'ai vu beaucoup d'articles.
01:57Je ne suis pas parlementaire, je ne suis pas au gouvernement, je ne suis pas informé.
02:00Sinon, et c'est déjà très bien, par la presse.
02:03Et donc il y a plusieurs notes, il y a déjà un an, qui avisaient des dérapages possibles.
02:10Donc au-delà de ce constat, la question est de savoir comment on fait pour faire face à ce dérapage
02:18qui est lourd et qui est grave, qui est sans équivalent dans notre histoire budgétaire,
02:22même si nous vivons depuis des années avec des déficits et de la dette, mais pas à ce niveau-là.
02:28Quand nous avons quitté le pouvoir en 2017, le déficit était à moins de 3%.
02:34Il faut toujours le rappeler.
02:3660 milliards d'efforts budgétaires, 20 milliards de hausses d'impôts,
02:3940 milliards de dépenses publiques en moins, de réduction des dépenses publiques.
02:43Certains proposent de vendre une partie des bijoux de famille,
02:45comme on dit, des participations de l'État dans des grandes entreprises.
02:49Orange, la française des jeux, qu'est-ce que vous en pensez ?
02:52Moi, n'étant pas parlementaire, je viens de le dire, ce qui m'intéresse, c'est le moyen et long terme.
02:57Parce que de toute façon, pour faire bouger le temps qu'est France, le budget, il faut du temps.
03:05Évidemment, je dirais que le ratio entre la baisse de la dépense publique et l'augmentation des impôts,
03:12en soi, me paraît assez juste.
03:15Deux tiers concernant les dépenses publiques, un tiers concernant la fiscalité.
03:18Mais nous savons tous que pour faire baisser les dépenses publiques, pour réformer l'État, il faut du temps.
03:24Sachant que nous avons des priorités.
03:26La défense, la justice, la sécurité dans un monde difficile et incertain, la recherche et l'innovation.
03:34L'école, parce que nous savons de toute façon, c'est un budget particulièrement lourd et important.
03:39Donc, la proposition, par exemple, de vendre des parts que l'État détient dans un certain nombre de sociétés,
03:46pour nous aider, non pas à baisser le déficit, mais à désendetter le pays, cela me semble une bonne proposition.
03:53Il faut savoir où, comment, mais les trois parlementaires de l'ancienne majorité qui ont fait ces propositions,
04:01elles me paraissent intéressantes.
04:02Mais plus largement, comment on fait en sorte que, parce que je crois que nos compatriotes ont peur,
04:08les commerçants, les entrepreneurs, les français, tout simplement.
04:15Oui, parce que l'effet, même si le gouvernement s'en défend, c'est un risque, bien sûr, de récession.
04:22L'austérité, la rigueur, prenez le mot que vous voulez, peut provoquer de la récession et ralentir donc davantage la croissance.
04:30Et si vous avez moins de croissance, vous avez moins d'activité, et donc aussi vous avez moins de recettes fiscales.
04:35Donc moi, ce que j'attends aussi, même si je sais que la situation pour le Premier ministre actuel est particulièrement difficile,
04:42c'est aussi, en matière de dépenses et de fiscalité, une certaine vision.
04:47Je pense qu'on s'interdit des propositions, par exemple, intéressantes.
04:51Je pense, par exemple, à l'utilisation de la TVA.
04:53Je sais que ce n'est pas très populaire, parce que c'est considéré souvent comme injuste,
04:58parce que la part du revenu consommé est plus importante dans les ménages les plus modestes.
05:04Mais on peut jouer, en augmentant la TVA, mais aussi en ne touchant pas aux produits de première nécessité.
05:08– C'est-à-dire ? Mais alors, vous augmenteriez la TVA sur quels produits ?
05:12Elle est déjà à 20% la TVA, vous l'augmentez à combien sur quels produits ?
05:15– Elle va augmenter d'un ou deux points, en préservant les produits de première nécessité.
05:19– Un exemple précis de produits sur lesquels…
05:21– Oui, c'est tout ce qui est les produits de première nécessité, dans l'alimentaire,
05:26dans la vie quotidienne de nos concitoyens.
05:28– Vous augmenteriez la TVA pour ces produits-là ?
05:30– Mais non, pour tous les autres, et ceux-là sont préservés,
05:34les produits de première nécessité ne sont pas concernés.
05:37– Donc une augmentation de la TVA ?
05:38– Une augmentation de la TVA.
05:39Mais on peut aller plus loin, avoir une réflexion,
05:42ça a déjà été fait par Nicolas Sarkozy, je l'avais proposé en son temps,
05:46je crois que Dominique Chroskan aussi,
05:48qui est l'utilisation de ce qu'on appelle la TVA sociale.
05:50C'est-à-dire qu'on baisse les cotisations assises sur les salaires,
05:55donc c'est bon aussi pour l'économie,
05:58et on augmente la TVA, je viens de le dire,
06:01et on l'affecte au financement de la protection sociale.
06:03Parce que dans les déficits que nous connaissons,
06:06c'est notamment dans l'assurance maladie, dans la sécurité sociale,
06:10pour ce qui concerne le régime des retraites,
06:13que nous avons les déficits les plus lourds et les plus structurés dans le temps.
06:18En prenant cet exemple, je veux dire tout simplement,
06:20je crois qu'il faut, au lieu de passer le rabot partout,
06:23de participer au concours l'épine, comme l'a dit Michel Barnier,
06:28il faut avoir une stratégie,
06:30parce que nous n'en sortirons pas uniquement à travers ce budget.
06:33L'effort qui va être demandé aux Français et aux entreprises
06:38va être long et difficile.
06:40Mais M. le Premier ministre, Manuel Valls,
06:42je suis confus de vous le dire,
06:43mais les idées pour augmenter les impôts ne manquent pas.
06:48Ce qui manque, c'est les idées pour réduire les dépenses publiques.
06:50Là, vous défendez une augmentation de la TVA.
06:53Oui, parce que baisser la dépense publique, je suis favorable,
06:57mais j'attends qu'on me dise où, dans quel secteur précis.
07:01C'est impossible de baisser la dépense publique,
07:03ou de réduire drastiquement le nombre de fonctionnaires,
07:06comme l'avait fait Nicolas Sarkozy.
07:07Il faut le faire, mais il l'avait fait, par exemple,
07:09en touchant à la police et à la justice.
07:11Et ça lui a été très justement reproché.
07:15Et d'ailleurs, quand nous sommes arrivés au pouvoir en 2012,
07:18vous avez remis des policiers dans la route.
07:21Ce n'était pas la...
07:22Oui, mais après, on peut faire des réformes
07:25concernant le temps de travail des fonctionnaires,
07:28davantage décentraliser, en finir avec les doublons.
07:32Mais j'attends aussi un langage de vérité.
07:35Par exemple, les mêmes qui, aujourd'hui,
07:38s'opposent à la diminution de la dépense publique,
07:41sont les mêmes qui s'opposent aussi à la nécessité
07:44de réformer notre régime des retraites,
07:46parce qu'il y a l'espérance de vie
07:48et parce qu'il y a aussi des déficits dans ce domaine-là.
07:51Donc, il faut aussi dire la vérité aux Français.
07:54On ne peut pas revenir sur la réforme des retraites,
07:56même si il faut en corriger les éléments injustes.
07:58Et moi, j'étais favorable d'abord à la retraite par points
08:01que proposait notamment la CFDT.
08:03Mais là aussi, il faudra travailler davantage,
08:06plus longtemps, en intégrant encore une fois
08:09l'impénibilité, les carrières hachées,
08:11la problématique des femmes.
08:12Mais en tout et à tout...
08:13On ne travaille pas assez en France, Manuel Valls.
08:15Il faudra travailler davantage.
08:16Il faut plus de productivité.
08:17Vous n'avez pas mauvaise la productivité dans notre pays.
08:20Mais l'idée qu'on travaillerait moins
08:22est un rebours de tout ce qui se passe dans le monde
08:24et ce dont nous avons besoin.
08:25Et enfin, si nous pensons que nous avons
08:28deux grands problèmes à moyen et long terme,
08:30celui de la démographie,
08:33nous devons faire plus d'enfants pour dire les choses simplement,
08:36et celui du vieillissement de la population
08:38avec un déséquilibre entre actif et inactif,
08:40qui va nous poser là aussi des problèmes de financement
08:42en plus de problèmes lourds de société.
08:45C'est-à-dire que ces questions-là, il faut les penser dans le temps.
08:48Sinon, on agit, le gouvernement n'a pas le choix, dans l'urgence.
08:51Et quand on agit dans l'urgence, c'est injuste et ça fait mal.
08:54L'immigration, le projet de loi immigration.
08:56Jordan Bardella, qui était à votre place hier,
08:58demande qu'il y ait de vrais changements.
09:00Il va y avoir une nouvelle loi immigration.
09:02Il demande la fin du droit du sol, la fin de l'AME,
09:05la fin du regroupement familial.
09:07On a le sentiment, ceci dit,
09:09vous allez nous dire votre sentiment à vous,
09:11mais que les lois s'accumulent
09:12et qu'aucune ne prend le taureau par les cornes
09:15et en réalité, n'aboutit à une véritable réduction de l'immigration.
09:20Sur ce même plateau, j'ai souvent dit qu'il fallait un changement,
09:24une rupture, prenez le mot que vous voulez,
09:26en matière de politique d'immigration,
09:27et que toutes les politiques d'immigration
09:29qui ont été menées depuis une quarantaine d'années,
09:31même si certaines ont donné des résultats,
09:35ces politiques d'immigration doivent connaître, oui, un changement.
09:39Une rupture, un changement, ça veut dire une immigration réduite,
09:42une réduction de l'immigration ?
09:44Avec un vrai débat, a-t-on besoin de davantage d'immigration aujourd'hui ?
09:48Non. Faut-il mener cette politique au seul niveau national ?
09:53Non, il faut le faire au niveau national,
09:54mais d'abord au niveau européen.
09:56Il y a une conjonction aujourd'hui, me semble-t-il,
09:59des discours et de l'action qui est en train de se faire,
10:01et c'est une bonne chose, au niveau européen,
10:04avec la renégociation de ce qu'on appelle la directive retour
10:07et ce que souhaite faire le gouvernement d'un autre pays.
10:10Donc il faut des changements pour réduire l'immigration illégale, d'abord,
10:15choisir davantage notre immigration,
10:18alors je sais qu'il faut des changements de la constitution,
10:20donc ce n'est pas facile si on veut une politique de quota,
10:24et donner la priorité avant tout à l'assimilation,
10:28parce que je pense qu'il faut d'abord s'occuper de ceux qui sont sur notre sol.
10:32Alors justement, Othmane Nassrou, qui est secrétaire d'État chargé de la Citoyenneté,
10:35veut réhausser les critères de maîtrise de la langue française
10:38et d'acceptation des valeurs républicaines exigées pour s'installer en France.
10:42Actuellement, il faut assister à des cours de français,
10:45et non pas maîtriser le français, donc il veut en clair un test.
10:49Est-ce qu'on est trop laxiste sur ces questions aujourd'hui ?
10:52Est-ce qu'il va dans la bonne direction ?
10:53Je pense que l'apprentissage de la langue, des valeurs communes,
10:58la laïcité, l'égalité entre les femmes et les hommes,
11:02le respect de notre culture, de notre histoire, oui, ça doit être une obligation.
11:07Bien sûr, bien sûr.
11:08Moi, j'ai appris à être français.
11:10Je l'ai souvent dit, je suis né à l'étranger,
11:12j'étais naturalisé français quand j'avais 20 ans.
11:16J'ai appris à devenir français, à aimer ce pays.
11:19Donc j'y reviens, le secrétaire d'État, le ministre délégué,
11:22le dit très bien dans son entretien, l'assimilation, ça fait partie de notre histoire.
11:27Et donc, il faut l'imposer, il faut l'intégrer dans la manière
11:32dont nos politiques publiques sont menées pour que nous ayons de nouveau
11:36cette capacité à partager ensemble un destin commun.
11:40Manuel Valls, ancien Premier ministre, ancien ministre de l'Intérieur,
11:43invité de la grande interview CNews Europe 1 ce matin.
11:46Je voulais parler également de l'activité internationale avec vous, Manuel Valls.
11:49Le leader du Hamas, Yahya Sinwar, a été tué.
11:53Benjamin Netanyahou dit que c'est le début de la fin de la guerre à Gaza.
11:56Comment est-ce que vous analysez la situation en Israël actuellement ?
12:00Moi, je pense qu'Israël est en train de gagner cette guerre,
12:02contrairement à ce que beaucoup avaient dit il y a un an.
12:06La guerre contre le Hamas ?
12:07La guerre contre le Hamas.
12:08C'est difficile parce qu'il y a évidemment les drames provoqués par la guerre.
12:13Il y a des milliers de morts civiles, des femmes, des enfants, des personnes âgées.
12:17Il y a des réfugiés, il y a une souffrance, bien sûr, des populations civiles palestiniennes.
12:21Mais Israël mène une guerre qui est légitime.
12:24Israël a le droit et le devoir de se protéger,
12:28évidemment de ramener les otages à la maison,
12:30et d'en finir avec une organisation terroriste, le Hamas.
12:35Et c'est la condition préalable pour toute paix, pour toute solution politique.
12:40Donc, le travail doit être mené jusqu'au bout
12:43en éradiquant l'appareil militaire et terroriste du Hamas.
12:48De ce point de vue-là, j'espère qu'Israël y arrivera le plus tôt possible.
12:52Et incontestablement, ces derniers jours, ces dernières semaines,
12:55des progrès ont été accomplis dans ce sens.
12:57Mais nous savons que c'est une guerre globale,
12:59qu'il y a la guerre au nord aussi, face au Hezbollah,
13:01et que derrière, il y a l'Iran qui, demain, peut avoir la bombe atomique.
13:04Donc, nous sommes dans un de ces moments difficiles,
13:06et les dirigeants occidentaux doivent comprendre
13:08qu'Israël est en première ligne face à l'islamisme
13:11et que s'y joue aussi, d'une certaine manière, notre destin.
13:13Comment qualifieriez-vous la position d'Emmanuel Macron vis-à-vis d'Israël ?
13:17Emmanuel Macron, qu'on a parfois du mal à suivre sur cette question.
13:21Incompréhensible, j'ai dit d'une certaine manière,
13:24mon incompréhension, mon indignation même,
13:27vis-à-vis de certaines prises de position du président de la République.
13:30Ça va, je n'assiste pas à une manifestation pour la République
13:34contre l'antisémitisme, parce que je ne veux pas diviser les Français.
13:36On ne divise pas sur la question cruciale de la lutte contre la haine des Juifs.
13:42Le fait qu'on ne livrerait pas d'armes à Israël, on n'en livre pas,
13:46alors que ce pays ami, allié et démocratique est en première ligne,
13:51je viens de vous le dire, sur plusieurs fronts, face au terrorisme islamique.
13:58Des déclarations rapportées, je le sais bien, du Conseil des ministres
14:01qui prouvent une incompréhension, je crois, sur l'histoire du sionisme d'Israël
14:06et la sensibilité dans le monde juif aujourd'hui.
14:09Beaucoup de Français aujourd'hui ne comprennent pas ces prises de position,
14:13ce zigzag permanent, et c'est dommage parce que du coup, la France s'avévit.
14:17Il ne peut pas y avoir d'équidistance entre d'un côté le Hezbollah et le Hamas,
14:21des organisations terroristes qui ont tué des Français,
14:25et Israël qui est un pays démocratique et allié.
14:28On peut toujours critiquer un gouvernement,
14:30mais les Israéliens le font très bien puisque c'est une démocratie.
14:32Et nous, nous devons être impeccables dans le soutien à Israël.
14:35Par exemple, je suis indigné qu'on interdise à Israël de présenter ses armes
14:40dans des salons militaires hier à Satori, demain dans un salon naval.
14:45C'est incompréhensible, ça brouille notre parole et ça faiblit la France.
14:49Manuel Valls était l'invité de la grande interview CNews Europe 1.
14:52Merci beaucoup d'être venu ce matin sur le plateau de CNews et d'Europe 1.
14:57Bonne journée à vous.

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