Documentaire Israël et Gaza, une année en enfer
Israéliens et Palestiniens racontent l'attaque du 7 octobre 2023, perpétrée par le Hamas, et les bombardements incessants qui frappent Gaza depuis. Des témoignages à vif, documentés par des vidéos amateures d'une rare violence.
#Israël #Gaza #ConflitIsraéloPalestinien #Témoignages #Hamas #Conflit #Attaque7Octobre #Violence #Documentaire #TémoignagesVécus #CriseHumanitaire #Guerre #Paix #Médias #DroitsHumains #CivilsEnDanger
Israéliens et Palestiniens racontent l'attaque du 7 octobre 2023, perpétrée par le Hamas, et les bombardements incessants qui frappent Gaza depuis. Des témoignages à vif, documentés par des vidéos amateures d'une rare violence.
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00:00:00Ceci est ma maison. Du moins ce qu'il en reste. C'est devenu un champ de bataille.
00:00:30Je ne peux pas entrer. Je n'arrive pas à entrer.
00:00:42Je n'arrive pas à entrer. Il y a beaucoup de gens ici.
00:00:58Je ne peux pas entrer. Je n'arrive pas à entrer.
00:01:18Je ne peux pas entrer. Je n'arrive pas à entrer.
00:01:45Je ne peux pas entrer. Je n'arrive pas à entrer.
00:02:13J'aime bien ce temps. Pour moi c'est l'idéal.
00:02:40Le soleil s'en va. Ça tourne.
00:02:45On fait l'interview en hébreu, oui.
00:02:54Mon père est rescapé de la Shoah. Ma grand-mère aussi.
00:03:04Ils sont venus en Israël pour fuir les persécutions.
00:03:12Ici, c'est l'État d'Israël, l'État des Juifs.
00:03:23Ici, ils sont à leur place. Ils sont censés être à l'abri des persécutions,
00:03:30dans leur havre de paix.
00:03:35La Halloz est l'un des kibbouts les plus proches de Gaza,
00:03:39à 700 ou 800 mètres de la barrière.
00:04:10Je suis né et j'ai grandi à Gaza. C'est chez moi, c'est mon pays.
00:04:18Toute ma vie est ici. Ma famille, mes amis, tout.
00:04:22Gaza compte beaucoup pour moi. C'est ma mère patrie.
00:04:32J'ai voyagé à travers le monde, mais c'est ici que je me sens bien.
00:04:37Quand je respire l'air de Gaza.
00:04:46Tu sais qui c'est, ça ? Tu sais ? C'est Moustapha. Notre Moustapha.
00:04:57Attends, je vais lui parler.
00:05:04Je suis issu d'une famille nombreuse. J'ai six grandes sœurs, dont cinq sont mariées.
00:05:14Mes neveux m'appellent l'oncle rigolo, parce que je mets toujours l'ambiance.
00:05:20Je joue beaucoup avec eux, je les fais rire.
00:05:26Ma famille est originaire d'un petit village qui s'appelle Houlaikat, pas loin d'Isdoud.
00:05:36Ma grand-mère m'a raconté qu'elle n'avait que six ans quand elle est arrivée ici.
00:05:46Ils ont dû partir pour se construire une vie nouvelle ailleurs.
00:05:56Le père de ma grand-mère l'a emmené, ainsi que toute sa famille, au camp de Jabalia.
00:06:06Ensuite, il est retourné au village pour chercher quelques affaires, et il n'est jamais revenu.
00:06:14Personne ne sait ce qui lui est arrivé.
00:06:20Les enfants de cette génération ont la vie dure.
00:06:26Ils se construisent avec l'idée qu'Israël est l'envahisseur, l'agresseur, car c'est effectivement ce que nous vivons ici.
00:06:34Le 6 octobre soir, la famille était au grand complet à la maison.
00:06:42Mon mari Tzahri avait fait cuire du boulot.
00:06:50Il avait fait du boulot, il avait fait du boulot, il avait fait du boulot.
00:06:58Le 6 octobre soir, la famille était au grand complet à la maison.
00:07:04Mon mari Tzahri avait fait cuire du bœuf au four.
00:07:10Il y avait du vin, de la musique.
00:07:16Une soirée familiale par excellence.
00:07:22Une fille extraordinaire et tellement décontractée.
00:07:30Avec elle, tout était si simple.
00:07:36Chahar a 10 ans, mais il est très mignon, il a une faussette. C'est mon petit dernier.
00:07:47Yaël a 12 ans. Elle a fêté sa batte mitzvah en février. Elle carbure au sushi.
00:07:57Yaël nous a ensuite rejoints. C'était une soirée de rigolade familiale comme une autre, sous notre pergola, dans notre joli petit coin de Nahal Oz.
00:08:13On est allés se coucher tard, et je me souviens avoir dit à mon mari, quelle chance d'avoir une si belle famille.
00:08:23Et puis, tout a changé, le 7 octobre.
00:08:43Il n'y a pas de retenue.
00:08:59J'ai été réveillé à 6h30 par le son des explosions, des roquettes.
00:09:04On aurait dit la fin du monde.
00:09:06Mon frère est entré dans ma chambre et m'a demandé, qu'est-ce qui se passe ?
00:09:12Je lui ai posé la même question. On ne comprenait pas ce qui se passait.
00:09:36C'est la dernière fois qu'il y a eu des explosions dans la ville de Nahal Oz.
00:09:42C'est invraisemblable. C'est dingue.
00:10:12Vous êtes prêts ?
00:10:16J'ai encore le bracelet.
00:10:19On me dit sans arrêt, t'étais à une soirée ?
00:10:23C'est un rappel permanent.
00:10:41Mon pote Yam avait un gros coup de déprime.
00:10:50Je me suis dit, achète un billet pour faire la fête avec lui, ça va être sympa.
00:10:55Je comptais le surprendre une fois là-bas.
00:11:04La fête a commencé, on dansait, on était bien.
00:11:11Jusqu'à 6h30 du matin.
00:11:20Ça a commencé par des roquettes.
00:11:27Ils ont tout de suite coupé la musique.
00:11:31On s'est accroupi et on a cherché un abri.
00:11:38On a vite commencé à entendre des coups de feu.
00:11:41Donc on s'est précipité sous la scène.
00:12:01Mon compagnon s'appelle Oad.
00:12:07Les enfants sont très attachés à lui.
00:12:14Je suis la maman de trois enfants, Etan, Yael et une petite fille de deux ans.
00:12:20Ça fait onze ans qu'on vit à Niros.
00:12:33On avait été réveillés par les sirènes d'alerte.
00:12:36Elles avaient quelque chose d'inhabituel.
00:12:39On a commencé à entendre des coups de feu.
00:12:43On avait été réveillés par les sirènes d'alerte.
00:12:46Elles avaient quelque chose d'inhabituel.
00:12:49Elles retentissaient les unes après les autres sans interruption.
00:12:55Je suis vite allée chercher la petite dans sa chambre.
00:12:58Et on est allé dans la pièce blindée comme on en a l'habitude.
00:13:02Mais la porte ne fermait plus.
00:13:06On recevait des messages sur le groupe WhatsApp du kiboutz.
00:13:14L'un d'eux disait que des terroristes déguisés en soldats israéliens étaient dans le kiboutz.
00:13:23Oad a vu que la situation était grave.
00:13:26Il est sorti de la pièce blindée pour nous protéger depuis l'extérieur.
00:13:31Il envoyait des messages à ses amis tout en criant qu'il nous aimait.
00:13:39On a entendu des hurlements en arabe depuis l'extérieur.
00:13:44Des hala ou akbar.
00:13:46Des cris.
00:13:48Des discussions.
00:13:50Ils tiraient sur notre maison.
00:13:53Puis ils ont forcé notre porte.
00:13:57Et ils ont tout saccagé à l'intérieur.
00:14:03Ensuite, ils ont tiré sur Oad.
00:14:06Ils hurlaient de douleur.
00:14:11Quatre terroristes sont entrés dans la pièce blindée.
00:14:15Ils ont tiré sur Oad.
00:14:18Ils ont tiré sur Oad.
00:14:22Ils hurlaient en arabe.
00:14:25L'un d'eux a dit « I shoot ». On était obligés de sortir.
00:14:30En quittant la pièce blindée, on a retrouvé Oad à terre, en sang.
00:14:36Je lui ai demandé ce qu'il nous voulait. Il m'a répondu.
00:14:39Il nous emmène à Gaza.
00:14:51Le Premier Ministère.
00:14:59On a trouvé trois enfants, deux grands et quatre enfants.
00:15:02Ils sont en train de se dresser.
00:15:07Elles ont vécu.
00:15:09Allez, on va les chercher.
00:15:16Le garde nous a demandé de nous enfermer dans la pièce sécurisée.
00:15:21et de ne faire aucun bruit à partir de cet instant nous étions dans un état d'effroi
00:15:35de terreur absolue. On entendait des gens marcher sur du verre brisé et là je me suis
00:16:03demandé ce que je devais faire et j'ai attrapé Yaël. Tzahri a saisi la poignée pour essayer de la bloquer.
00:16:15Mayan s'est jeté devant la porte pour aider Tzahri mais des coups de feu ont retenti.
00:16:32Ils sont entrés et ont allumé la lumière et là j'ai vu Tzahri à terre les mains couvertes de sang il
00:16:51m'a dit non non non Ghali je t'en prie aide là. J'ai examiné son corps pour voir où elle était touchée
00:17:06je ne saisissais pas encore et je me suis rendu compte en regardant sa tête que ses yeux étaient
00:17:17ouverts. J'ai posé ma main et je me suis aperçue que sa blessure était mortelle. J'ai dit à Tzahri
00:17:28elle est partie. C'est fini.
00:17:58On disait à tout le monde ne faites pas de bruit ne faites pas de bruit. Soudain une personne un
00:18:10véritable ange gardien est arrivé en courant et a crié sortez de là dessous. On est parti en courant
00:18:18et en longeant la scène je me suis retourné et je les ai vus alignés. On était des cibles faciles
00:18:23comme dans un entraînement. Ils ne bougeaient pas et se contentaient de nous canarder. Je me suis
00:18:33mis à courir tout en regardant en arrière. J'ai couru comme j'ai jamais couru. Le sol tremblait
00:18:43comme ça. Les cailloux volaient. Je me suis dit qu'il faut se cacher.
00:18:51A l'armée on nous a appris qu'il fallait bien se cacher dans les buissons pour ne pas
00:19:12être repéré. Je répétais sans arrêt aux autres ne faites pas de bruit venez par ici.
00:19:25Mais les terroristes sont arrivés des deux côtés et se sont mis à mitrailler les buissons.
00:19:33Ils s'étaient aperçus que les gens venaient s'y cacher.
00:19:36Accepter l'idée qu'on va mourir c'est une chose difficile à décrire. Ca y est mon
00:19:49histoire se termine l'écran va s'éteindre comme au cinéma. C'est la fin. C'est insensé.
00:20:03Maïa n'était encore étendue dans la pièce sécurisée. L'un d'entre eux me demande
00:20:14c'est votre portable ? Je réponds oui. Il me dit je vais diffuser ça en direct.
00:20:19On était assis par terre. Sachi et moi. Yaël et Chaghar.
00:20:49Avec des kalachnikovs pointés vers les enfants et vers moi. Les enfants demandent alors à Tzahri
00:20:59s'il est blessé parce que ses jambes et ses mains étaient couvertes de sang. Il était extrêmement
00:21:03pâle. Je leur réponds ce n'est pas le sang de papa c'est celui de Maïa.
00:21:18Les enfants pleuraient. Ils ne comprenaient pas ce qui se passait.
00:21:48J'étais en train de me demander quand est-ce qu'ils allaient tirer ? Quand est-ce qu'ils
00:22:05nous tueraient ? Qu'est-ce qu'ils comptaient faire de nous ?
00:22:35On se regarde et on se dit c'est pas en train de nous arriver. C'est pas croyable. C'est pas
00:22:43possible. Tzahri était sous le choc. L'homme le plus courageux que j'ai connu anéanti.
00:22:59A un moment donné il demanda à Tzahri de se lever. Il le menotte.
00:23:30Je regarde Tzahri et il me dit je t'aime ma chérie. Je lui réponds je t'aime très
00:23:40fort ne tente rien d'insensé. On a besoin de toi mon coeur.
00:23:59J'ai sorti mon portable et j'ai filmé tous ces gens en train de faire la fête. Au départ le 7
00:24:20octobre tous les habitants de Gaza étaient heureux. A Gaza on est assiégé en permanence.
00:24:28Les guerres et les offensives font partie de notre quotidien. On vit dans l'humiliation tout
00:24:37est difficile. C'était donc naturel que les gens se réjouissent. Dans mon esprit je savais qu'on
00:24:45courait droit vers l'abîme. Je suis contre la violence que l'on soit israélien ou palestinien.
00:24:58Alors donc je suis contre les bains de sang.
00:25:14Le 7 octobre j'avais 17 ans.
00:25:21Ils sont arrivés très discrètement. On a entendu décrits en arabe les juifs,
00:25:27les juifs. Ils sont entrés dans la pièce blindée. J'ai entendu mon père crier et ils lui ont tiré dessus.
00:25:38On s'arrête ? C'est bon ça va.
00:25:43Je me souviens avoir poussé une sorte de soupir de soulagement en pensant que j'allais mourir.
00:25:57Je me suis dit après cinq heures de terreur c'est le moment.
00:26:00Je n'ai pas envisagé une seule seconde qu'ils nous enlèveraient.
00:26:27On est arrivés en voiture à Gaza. Il y avait ma mère et mes deux petits frères Gal et Tal.
00:26:35Les terroristes étaient à l'avant. Je me tourne vers ma mère et je la vois observer une ambulance.
00:26:40Puis elle fait un geste pour implorer l'aide du conducteur.
00:26:45Mais il secoue la tête pour signifier que ce n'est pas possible.
00:26:50Je vois tous les gens dehors prendre des photos, sourire, faire la fête.
00:26:56L'un des terroristes ouvre la fenêtre, met de la musique et lance des cris de joie.
00:27:12J'ai reçu le tout dernier message de ma sœur à 11h41.
00:27:16À midi, nous étions déjà à Gaza.
00:27:19Durant ce laps de temps, ils ont tué ma sœur et mon père et nous ont emmenés dans un tunnel.
00:27:24Tout s'est passé si vite. On s'est retrouvés accroupis, collés au mur.
00:27:30C'était étouffant.
00:27:32Le kiboutz était en feu. On n'arrivait pas à comprendre ce qu'on voyait.
00:27:49Je ballais la rue du regard à la recherche d'un moyen de prendre la fuite, mais les terroristes étaient partout.
00:28:00Puis on a été emmenés sur des mobilettes. Etanne sur celle de devant, et les deux filles et moi sur celle de derrière.
00:28:07Et on circulait à travers le kiboutz.
00:28:14Deux chars sont ensuite arrivés. C'était le chaos. Les gens couraient partout, prenaient la fuite.
00:28:23Notre mobilette tombe. Et à partir de là, celle avec Etanne disparaît de ma vue et je perds sa trace pour de bon.
00:28:32Sa mobilette poursuit son chemin. J'ai profité de ce nuage de poussière pour attraper Yaël.
00:28:38La petite dernière était déjà dans mes bras. Elle était toute petite. J'ai attrapé Yaël et on s'est enfuis.
00:28:53Tout au long de notre fuite, j'étais rongée par l'idée d'être séparée d'Etanne.
00:28:59J'ai perdu Etanne et je ne peux rien faire. C'est inconcevable. C'est ce qui peut arriver de pire à une mère.
00:29:22Je n'ai rasséroc lorsque votre pays est frappé par une attaque d'une telle férocité.
00:29:51La douleur profonde qui vous accable n'épargne qu'un foyer.
00:30:02A mon avis, il n'y a pas une seule personne en Israël
00:30:06qui ne connaît pas quelqu'un qui a été tué ou pris en otage.
00:30:22J'ai compris qu'ils ne reculeraient devant rien.
00:30:28Ils n'ont aucune estime pour la vie, aucun égard pour l'être humain.
00:30:34Des enfants, des bébés, des femmes, des personnes âgées.
00:30:43Nous avons subi une tentative d'extermination du peuple juif.
00:30:51Le 7 octobre, j'ai pris conscience que personne n'était innocent à Gaza.
00:31:11On savait bien qu'ils nous haïssaient.
00:31:17Mais on croyait que leur cruauté avait ses limites.
00:31:22C'était une erreur.
00:31:25C'était inconcevable que l'État d'Israël tolère une telle chose sans réagir.
00:31:31Chez nous, on appelle Gaza le phénix.
00:31:36Quoi qu'il lui arrive, elle renaît toujours de ses cendres à travers la poussière et les débris.
00:31:42Elle se régénère à une vitesse incroyable.
00:31:48Mon père est de Gaza et ma mère est une réfugiée.
00:31:53Je suis un refugé mais je ne sais pas pourquoi.
00:32:10Je ne sais pas pourquoi, mais je suis venu ici.
00:32:15une réfugiée. Je suis né en 1966. Les Arabes ont une grande admiration pour les médecins,
00:32:24les médecins et les ingénieurs. À Gaza, en raison des offensives et des soulèvements,
00:32:32on manquait cruellement de chirurgiens. Ils étaient peu nombreux.
00:32:45Les Juifs contrôlaient chaque route, chaque plage. Ils contrôlaient même l'air et l'eau.
00:32:59L'occupation israélienne était un poids sur nos poitrines. C'était une injustice pour nos vies,
00:33:10nos terres, nos familles, nos enfants, notre patrie.
00:33:40La première guerre que nous ayons connue à Gaza, après celle de 1967, est la guerre de 2008.
00:33:54Ensuite, il y a eu celle de 2012, puis 2014, puis 2021,
00:34:01puis cinq jours en mai 2023, et maintenant la guerre du 7 octobre.
00:34:10C'est là qu'il y a eu la guerre de Gaza, et c'est là qu'il y a eu la guerre d'Israël.
00:34:15C'est là qu'il y a eu la guerre de Gaza, et c'est là qu'il y a eu la guerre d'Israël.
00:34:18C'est là qu'il y a eu la guerre de Gaza, et c'est là qu'il y a eu la guerre d'Israël.
00:34:20C'est là qu'il y a eu la guerre de Gaza, et c'est là qu'il y a eu la guerre d'Israël.
00:34:22C'est là qu'il y a eu la guerre de Gaza, et c'est là qu'il y a eu la guerre d'Israël.
00:34:24C'est là qu'il y a eu la guerre de Gaza, et c'est là qu'il y a eu la guerre d'Israël.
00:34:26C'est là qu'il y a eu la guerre d'Israël.
00:34:46On n'a pas compris ce qui s'est passé le 7 octobre.
00:34:49Et on ne comprend pas non plus ce qu'on vit ici depuis ce jour-là.
00:34:52On n'avait jamais connu de frappe d'une telle intensité.
00:34:56C'est pas normal.
00:35:17Pour les gens, il faut souligner qu'on ne peut pas comprendre l'idée d'un neighbourhood au camp.
00:35:20C'est-à-dire un village sur une petite rue et avec des maisons de rues à l'ôtquet.
00:35:24Si on met un fusil sur une zone, ça va faire 4 ou 5 tours et les gens vont s'ennuyer.
00:35:31C'est ce qu'on appelle une campagne.
00:35:36Si on met un fusil sur une zone, ça va faire 4 ou 5 tours et les gens vont s'ennuyer.
00:35:41Mon métier à la base, c'est de photographier de belles choses.
00:35:56Mais j'avais le devoir de filmer et documenter ce qui se passait ici.
00:36:09Car à ce moment-là, j'étais le seul à pouvoir le faire.
00:36:39J'ai vu de la fumée s'élever près de la maison de ma sœur.
00:36:59Je me suis mis à courir dans la direction de la frappe.
00:37:08La maison de ma sœur n'avait pas été touchée.
00:37:11Le missile avait frappé quelques maisons plus loin.
00:37:20Je me suis retrouvé à participer au sauvetage des victimes.
00:37:24J'avais un portable et une lampe-torche.
00:37:54Mon ami m'a pris dans ses bras.
00:38:10C'était le frère de la femme coincée sous les décombres.
00:38:15Elle m'a appris qu'elle était enceinte et que son mari était mort en martyr.
00:38:30Le bébé n'a pas survécu non plus.
00:38:41Environ 18 personnes sont mortes.
00:38:45Et plus de 50 personnes ont été blessées dans l'immeuble et les environs.
00:39:11J'étais responsable du service des urgences de l'hôpital.
00:39:26Les victimes ont commencé à arriver par centaines.
00:39:32Certaines étaient déjà mortes, d'autres blessées.
00:39:40Elles arrivaient de tous les côtés.
00:39:48Nous avions 140 lits pour environ 900 blessés.
00:39:56Durant les guerres précédentes, ils étaient plus rationnels et visaient des cibles militaires.
00:40:03Mais cette fois, ils ont montré leur vrai visage.
00:40:06Ils sont guidés par la haine et la soif de vengeance.
00:40:24Ce jour-là, j'ai reçu un appel de la fille de Mahmoud.
00:40:28Elle m'a dit « Tonton, notre maison a été bombardée. Papa et tous les autres sont morts ».
00:40:41Ali, Mahmoud, les enfants.
00:40:46Mon cousin Mahmoud Elran, 55 ans.
00:40:51Aïta, 50 ans.
00:40:55Salam, 35 ans.
00:40:59Ahmad, 35 ans.
00:41:03Kifaya, 62 ans.
00:41:06Ramin, 42 ans.
00:41:10Sadam, 40 ans.
00:41:17Voilà les noms de nos martyrs.
00:41:22Ceux qui arrivent à retrouver leurs proches pour pouvoir les enterrer peuvent s'estimer heureux.
00:41:34On espère pouvoir honorer les siens en les enterrant, pour que leur corps ne soit pas dévoré par les chiens ou ne pourrisse pas.
00:41:43C'est étrange d'en arriver à ressentir de la joie,
00:41:51parce qu'on a retrouvé le corps des êtres qu'on aime pour pouvoir les enterrer dignement.
00:41:59On se dit « Grâce à Dieu, j'ai pu les enterrer ».
00:42:12Il n'y a plus de logique, plus de normalité.
00:42:19C'est bon, c'est bon.
00:42:22Non, non, c'est peut-être celui-là.
00:42:25Laissez-le.
00:42:26C'est celui-là.
00:42:28Il est peut-être un semaine ou dix jours.
00:42:30C'est l'enfant.
00:42:32C'est l'enfant, c'est le temps.
00:42:34Faites une photo.
00:42:35Laissez-le.
00:42:40C'est bon ?
00:42:42D'accord.
00:42:44Cinq minutes.
00:42:50Ça tourne ?
00:42:56Le micro ici et l'appareil là ?
00:42:59D'accord.
00:43:00Je me lève.
00:43:06Je ne me souviens même plus qui était la Rada d'avant, ou ma vie d'avant.
00:43:10Quand j'ai envie de me remémorer le passé, je regarde les photos dans mon téléphone.
00:43:41Je rêvais de créer mon entreprise dans le domaine de l'énergie solaire.
00:43:45Aujourd'hui, mon seul rêve, c'est que ma famille et moi sortions vivants de cette guerre.
00:43:55J'ai six sœurs et deux frères.
00:44:04Eline a très peur.
00:44:06Elle n'a que trois ans.
00:44:08Elle devrait être à l'école, apprendre à lire.
00:44:20Elle a appris des choses qu'elle ne devrait pas connaître à son âge.
00:44:24Elle sait qu'on peut mourir à tout moment.
00:44:32Mon frère Mohamed passait beaucoup de temps avec papa.
00:44:35Il était sourd et muet.
00:44:40Mohamed était vraiment une belle personne.
00:44:44Je pense que les personnes handicapées sont souvent exceptionnelles.
00:44:51L'attaque du Hamas a surpris tout le monde.
00:44:55J'avais très peur.
00:44:57J'ai dit à ma famille, cette guerre ne sera pas simple.
00:45:02Avec le Hamas au pouvoir, on n'a pas notre mot à dire.
00:45:06Ils font ce que bon leur semble.
00:45:14On a vu des points brillants dans le ciel.
00:45:18On était inquiets.
00:45:31Pas de réponses
00:45:45Il va exploser le Hamas
00:45:49Pendant qu'on réfléchit à la route la plus sûre pour notre itinéraire
00:45:52ils ont bombardé juste à côté de nous.
00:45:56On a paniqué.
00:45:58On ne savait plus quoi faire.
00:46:01Maman a dit, on reste groupés, quoi qu'il arrive.
00:46:04Alors on est restés ensemble.
00:46:17Après la première semaine,
00:46:20j'ai pris conscience qu'afin de survivre,
00:46:23il me fallait établir un contact avec eux,
00:46:26parler leur langage.
00:46:29Avec ma mère, nous les avons interpellés
00:46:32en leur demandant,
00:46:35si quelqu'un rentrait chez vous
00:46:38et enlevait votre femme et vos enfants pour les emmener en Israël,
00:46:41que feriez-vous ?
00:46:44Ils nous ont répondu,
00:46:47vous resterez ici jusqu'à ce que votre premier ministre
00:46:50accepte de libérer nos prisonniers.
00:46:53Et j'ai dit,
00:46:56vous voulez donc échanger vos meurtriers
00:46:59contre mes petits frères de 9 et 11 ans ?
00:47:02Ma mère et moi ?
00:47:05Des femmes et des enfants contre des assassins ?
00:47:08Ils ne seront jamais d'accord, forcément.
00:47:24Plusieurs fois, ils nous ont ordonné en hurlant
00:47:27de mettre un hijab et d'enfiler des robes
00:47:30parce qu'il fallait partir à toute vitesse.
00:47:42On entendait des coups de feu dans les rues.
00:47:45Il y avait des détonations et des explosions
00:47:48partout autour de nous.
00:47:51C'était le cœur des combats.
00:47:54Un mur nous est même tombé dessus.
00:47:57Les ondes de choc à elle seule
00:48:00étaient déjà douloureuses.
00:48:03À ce stade-là, je devais accepter le fait
00:48:06que ma vie dépendait d'un groupe terroriste.
00:48:09Je devais maintenant me fier au Hamas.
00:48:12Je ne leur faisais aucune confiance, évidemment.
00:48:15J'étais terrorisée.
00:48:18Mais j'étais totalement à leur merci.
00:48:49Où ?
00:48:52À Gaza.
00:48:55Un, deux, trois.
00:49:08Le 27 octobre, tous les réseaux de communication
00:49:11ont été coupés.
00:49:15Plus d'Internet, plus de téléphone.
00:49:18Ils nous ont isolés du monde.
00:49:44Je me suis dit que j'allais mourir.
00:49:47Où est-ce qu'on va ?
00:50:04Je discutais avec mon frère
00:50:07quand soudain, tout est devenu flou.
00:50:11Tout s'est obscurci.
00:50:14J'étais totalement désorienté.
00:50:17Lorsque j'ai repris connaissance,
00:50:20la moitié de mon corps était hors de la maison
00:50:23et l'autre moitié était enfouie sous les décombres.
00:50:40Tout était anéanti.
00:50:43Tout ce qu'on possédait, notre vie toute entière,
00:50:46notre maison, ce foyer qu'on croyait sûr
00:50:49dans lequel on avait grandi,
00:50:52tous nos souvenirs.
00:51:05C'est mon père, Riad Nofal,
00:51:08grâce à Dieu, il a survécu.
00:51:31À l'hôpital, je suis tombé sur Islam.
00:51:34C'est le fils de Resk.
00:51:37Il tremblait, il m'a demandé où est mon père.
00:51:40Je lui ai répondu, ton père va bien.
00:51:43En réalité, je venais de le voir mort.
00:51:52Il était déjà en état de choc.
00:51:55Je ne voulais pas en rajouter.
00:51:58Ce n'est qu'un enfant.
00:52:01Je ne pouvais pas lui avouer
00:52:04qu'il allait mourir.
00:52:28Au petit matin, je suis retourné à la maison.
00:52:34Je suis sorti de là-bas, grâce à Dieu.
00:52:37Tout le monde a été tué.
00:52:48On creusait de minuit à 8h du matin
00:52:51à la recherche des corps enfouis sous les décombres.
00:52:54Je leur avais dit qu'on les trouverait
00:52:57à cet endroit précis.
00:53:00Effectivement, on les a retrouvés,
00:53:03mais il ne nous remettait plus d'eux.
00:53:33C'était une enfant merveilleuse. Elle était belle de l'intérieur et de l'extérieur.
00:53:40Elle était intelligente, gentille, tout le monde l'aimait.
00:53:45Je lui disais, Mila, donne-moi mon fromage.
00:53:48Alors elle me tendait sa joue et je lui faisais un bisou.
00:54:03Maintenant on va les traquer.
00:54:21J'ai dû fuir comme un animal sans défense, à présent je suis la bête sauvage.
00:54:28J'ai du mal à me l'expliquer. Je m'apprête à rentrer dans Gaza.
00:54:37Difficile de croire qu'on est à 30 minutes de chez soi.
00:54:48Il n'y a ni eau, ni électricité, ni nourriture, des corps gisent au sol.
00:54:56C'est un autre monde. C'est plus la même dimension, plus le même univers.
00:55:02Tout est détruit, sans vie. C'est un lieu irréel.
00:55:09J'ai une longue mitrailleuse qui date des années 80.
00:55:24C'est l'arme la plus puissante de mon unité par sa portée et le nombre de munitions.
00:55:35Si je l'avais eu dans les buissons, ça aurait été une toute autre histoire.
00:55:44Avec 700 ou 800 munitions, tout devient possible.
00:55:48On a découvert beaucoup de choses.
00:56:03Des armes à feu, des couteaux, des munitions.
00:56:08Des accès à des tunnels en plein salon.
00:56:13Dans des maisons privées ? Oui.
00:56:17Après 70 jours de guerre contre le Hamas, Batman arrive.
00:56:25Le moment le plus dur qu'on a vécu, c'est quand on était dans une maison.
00:56:38Un sniper nous tirait dessus et une des balles a touché un mur qui, en explosant, a frappé le visage d'un de mes amis.
00:56:46Le gars à côté de lui est mort sur le coup.
00:56:54Tout est une question de chance, ou de hasard si vous préférez.
00:56:59Ça a été le seul moment presque aussi stressant que lors du festival Nova.
00:57:09Ce ne sont pas deux armées qui s'affrontent.
00:57:14L'ennemi se déploie dans des hôpitaux et dans des écoles pour tirer depuis ces lieux.
00:57:22Ils se font dans la population au point qu'on ne peut plus les distinguer.
00:57:27Mais on fait vraiment de notre mieux pour limiter les victimes civiles.
00:57:34C'est une question de compassion. On est des êtres humains, pas des monstres.
00:57:43Pourquoi les Arabes nous détestent-ils ? Que leur a-t-on inculqué ?
00:57:50On voit bien en rentrant chez eux comment ils ont grandi.
00:58:01Vous constatez alors que dès leur plus jeune âge, dès l'enfance, on leur transmet la haine d'Israël.
00:58:07Et l'idée que cet état se trouve sur des terres qui ne lui appartiennent pas.
00:58:12C'est comme avec le cancer. Vous pouvez les éliminer jusqu'au dernier, ça n'arrêtera rien.
00:58:26C'est quelque chose qui est profondément enraciné et qui refera surface chez d'autres.
00:58:42Les gens pensaient que les hôpitaux étaient des lieux sûrs.
00:58:52Beaucoup de civils venaient s'y réfugier. Ils n'avaient plus de maison ni nulle part où aller.
00:59:12Tous les jours, des tapis de bombes embrasaient les abords de l'hôpital indonésien.
00:59:25Soudain, on a entendu une grosse explosion. Un obus de char venait de frapper le deuxième étage de l'hôpital.
00:59:45J'ai vu une vingtaine de corps déchiquetés, tous morts. J'ai filmé un instant, puis je me suis effondré. Je n'y arrivais plus.
01:00:15Les Juifs nous ont demandé d'évacuer l'hôpital.
01:00:31On ne comprenait pas ce qui se passait.
01:00:44On voyait que ça tirait d'en haut, d'en bas, de tous les côtés.
01:00:48Puis, on a vu les chars s'avancer vers l'hôpital et se mettre à défoncer les barrières et les véhicules.
01:01:08Au début de la guerre, on réagissait à ce genre de situation avec compassion, affection, sensibilité.
01:01:17Mais croyez-moi, à la longue, on s'endurcit.
01:01:23Vous ne pouvez pas imaginer ce qu'on éprouve dans ces moments-là.
01:01:28Mais voilà, c'était comme ça.
01:01:38On marchait depuis près de 40 minutes dans le tunnel lorsqu'on tombe sur six jeunes Israéliennes portant tout un hijab.
01:01:49Je ne peux pas décrire l'émotion à ce moment-là.
01:01:53Le fait de voir d'autres personnes en vie, dans ce lieu si atroce, si cruel.
01:02:02On était vraiment déchirés de voir que ces filles avaient dû être si longtemps seules avec ces terroristes, avec leurs ravisseurs.
01:02:09Nous, au moins, on était tout le temps en famille.
01:02:15Mais ces filles ont dû survivre seules dans la peur.
01:02:19Je n'en dirai pas plus par respect pour elles, et leur récit n'est pas le mien.
01:02:26Mais je peux vous dire qu'elles étaient à bout.
01:02:29Ils s'en sont pris à elles physiquement, sexuellement.
01:02:50Ils nous ont fait sortir du tunnel.
01:02:53Tout le monde prenait des photos, comme à notre premier jour là-bas.
01:02:58Ils hurlaient en arabe, les Juifs, les Juifs.
01:03:04Et là, j'ai vu les véhicules de la Croix-Rouge.
01:03:15C'était à la fois triste et émouvant.
01:03:19J'allais retourner dans le pays où la vie de mes proches avait été fauchée.
01:03:28C'est un simple trajet de dix minutes.
01:03:31Mais il y a un véritable fossé entre ce monde et celui de derrière la barrière.
01:03:35Là-bas, c'est l'obscurité et le désespoir.
01:03:41C'est un fossé si profond.
01:03:45Sans parler des différences culturelles.
01:03:49Je croyais que dans un autre univers, on aurait pu vivre ensemble.
01:03:55Mais ça n'est plus possible.
01:04:00Je continue ?
01:04:20C'était au début de la famine.
01:04:24Les enfants mangeaient de la nourriture avariée, alors qu'il n'y avait ni médicaments ni hôpitaux pour les soigner.
01:04:31J'étais profondément attachée à Mohamed.
01:04:35Plus qu'à n'importe qui d'autre de ma famille.
01:04:40Il nous aidait beaucoup.
01:04:43On était des amis.
01:04:46Il nous aidait.
01:04:50Il nous aidait beaucoup.
01:04:53On était des filles et mes autres frères étaient plus jeunes.
01:04:56On était heureux quand il nous apportait un sac de farine.
01:04:59Et on lui témoignait encore plus d'attention.
01:05:20La farine était devenue une denrée rare.
01:05:25Les gens risquaient leur vie pour un sac de farine.
01:05:39La situation empirait de jour en jour.
01:05:44Ils se menaçaient avec des couteaux.
01:05:47Donne-moi la moitié du sac ou je te tue.
01:05:51Vous imaginez la gravité de la situation ?
01:05:56Un sac de farine valait plus qu'une vie humaine.
01:06:15Mohamed avait filmé cette scène.
01:06:18Un homme qui portait un sac de provision s'est pris une balle dans la tête.
01:06:24La scène était atroce.
01:06:27Mon cerveau gisait sur le sol et les boîtes de conserve étaient tout autour.
01:06:33La vie ne valait plus rien.
01:06:36Seule comptait la nourriture.
01:06:44On ne pouvait plus y aller.
01:07:01On a pris ma petite soeur, qui a deux ans,
01:07:04pour qu'elle comprenne qu'il n'y a pas d'argent pour la nourrir.
01:07:10On mangeait ce qu'on trouvait.
01:07:14Y compris la nourriture pour animaux.
01:07:19Je ne pensais personnellement passer les quatre dernières semaines en absence.
01:07:25Système便lique
01:07:41Je ne pensais pas qu'un jour, on arrivait à reprendre la nourriture des animaux.
01:07:45ou même si on a faim.
01:07:47Qu'est-ce qu'on a fait de mal aux enfants ?
01:07:50Si on n'a pas été tués par la bombe,
01:07:52on va être tués par le froid.
01:07:54C'est ce que nous vivons au nord de la Gaza.
01:07:56On a besoin de quelqu'un.
01:08:15Dès qu'ils sont arrivés, ils nous ont bandé les yeux.
01:08:24Ils ont mis des blouses en nylon, ont ligoté nos mains et nos pieds
01:08:28et nous ont balancé dans un camion.
01:08:30J'ai assisté à des scènes que je n'imaginais pas.
01:08:45Ce n'est pas possible.
01:08:48Ils ont mis quelqu'un en bonne santé et l'ont amené totalement brisé,
01:08:52anéanti, incapable de voir.
01:08:55Heure après heure, dans ces centres de torture et de détention,
01:08:59nous restions là, les yeux bandés, les mains et les pieds ligotés,
01:09:03à genoux pendant 18 heures d'affilée.
01:09:07Au moindre geste, au moindre souffle, on nous tabassait.
01:09:21Lors des interrogatoires, les Juifs nous disaient
01:09:25« Nous savons que tu as soigné des otages, tu as vu les otages ».
01:09:29Ils lançaient des accusations et il fallait s'en défendre.
01:09:35« Tu es un leader du Hamas », etc.
01:09:39Ma réponse aujourd'hui est la même que celle que je leur ai donnée.
01:09:43Je ne sais rien sur les otages, je ne les ai jamais vus ni soignés
01:09:47et c'est pareil pour mes confrères.
01:09:51Je leur ai expliqué que chez nous, comme ailleurs,
01:09:53il y a des bons et des méchants.
01:09:55Ils m'ont répondu « Non, le 7 octobre nous a forcés
01:09:57à considérer les habitants de la bande de Gaza différemment.
01:10:01Vous êtes tous pro-Hamas, vous avez cautionné les attentats,
01:10:05vous les avez célébrés, vous avez applaudi.
01:10:07Votre objectif à tous est d'éradiquer l'État d'Israël ».
01:10:23On a appris qu'il ne faut pas rester dans une zone dangereuse.
01:10:27Quand on nous ordonne de partir, on part.
01:10:39Nous avons été déplacés environ 15 fois cette année.
01:10:43C'est épuisant d'être constamment en mouvement.
01:10:45Dès qu'on commençait à être enfin installés quelque part,
01:10:47ils nous ordonnaient d'évacuer.
01:10:57On est restés plantés à l'angle de notre rue.
01:11:01Le quartier a été méconnaissable.
01:11:05Je n'arrivais même pas à identifier notre immeuble.
01:11:09L'ampleur de la destruction a été inimaginable.
01:11:13Il y avait une mosquée appelée « Mosque d'Israël ».
01:11:17Je n'arrivais même pas à identifier notre immeuble.
01:11:21L'ampleur de la destruction a été inimaginable.
01:11:25Il y avait une mosquée appelée « Mosquée de Palestine »
01:11:29avec un parc à côté et puis l'école de Mohamed plus loin.
01:11:33Il ne restait plus rien de tout ça.
01:11:39Notre étage, le cinquième, était toujours là.
01:11:43Mais il n'y avait plus d'escalier pour y accéder.
01:11:47Je me suis retournée.
01:11:51J'ai trouvé un moyen pour monter chercher quelques affaires.
01:11:55Il a réfléchi et est parti chercher une échelle.
01:11:59Il est monté et m'a fait signe par la fenêtre.
01:12:03Je croyais qu'il me disait que tout allait bien, mais pas du tout.
01:12:07Il voulait dire que tout avait brûlé, qu'il ne restait plus rien.
01:12:15Maman a fondu en larmes.
01:12:20J'ai dit à papa « Il faut accepter, on ne peut rien y faire.
01:12:24On est comme tous les autres. »
01:12:28Il s'est mis à pleurer lui aussi.
01:12:32Il m'a répondu « J'ai travaillé dur toute ma vie pour construire tout ça.
01:12:36Vous êtes des filles. Où allez-vous dormir ? »
01:12:40On est resté là à pleurer pendant une heure environ.
01:12:50Regarde qui est arrivé dans la zone centrale.
01:12:54Il est sorti de l'hôpital de la Genèse, du nord de l'escalier.
01:12:58Il a perdu son visage.
01:13:02Il a traversé des points de contrôle pour l'armée israélienne.
01:13:06Et voici Prahim.
01:13:20Sur la route, j'ai vu des scènes insupportables.
01:13:38J'ai décidé de partir car ma soeur voulait partir avec ses enfants.
01:13:42Elle avait perdu son mari et sa maison.
01:13:46Je ne voulais pas la laisser voyager seule.
01:13:52Mon père m'a dit « Va avec eux, on vous rejoindra. »
01:13:56Mais ils ne sont jamais venus.
01:14:16Je veux quitter Gaza.
01:14:20Je ne supporte plus de voir le sang couler, ni les bombes tomber.
01:14:24Je ne supporte plus l'odeur des bombes.
01:14:32Ça vous tourmente au plus profond de votre âme.
01:14:46Comment vas-tu, maman ?
01:14:50Tu me manques.
01:14:54Tout est dévasté ici, la ville est en ruine.
01:14:58Notre pays est mort, maman.
01:15:02Tout est anéanti.
01:15:06C'est la première fois qu'on voit une telle destruction.
01:15:10Je veux partir, quitter ce pays.
01:15:14Si tu penses que c'est bon pour toi, fais-le.
01:15:18Prie pour que j'arrive à partir.
01:15:22Ou au moins que je puisse vous rejoindre.
01:15:26Tu m'entends ?
01:15:30Ça a coupé.
01:15:44Je suis persuadée que chaque être humain
01:15:48est investi d'une mission.
01:15:52Saddam et Hamad étaient s'occuper de nous
01:15:56pendant la famine.
01:16:00Dieu nous l'a envoyé.
01:16:04Je suis désolée.
01:16:08Je suis désolée.
01:16:12Je suis désolée.
01:16:16Je suis désolée.
01:16:20Le bombardement était intense.
01:16:24Maman pleurait.
01:16:28Elle m'a dit que Mohamed était mort.
01:16:32Je lui ai dit que je n'étais pas sûre.
01:16:36Je me suis effondré,
01:16:40milieu de la rue. Puis j'ai couru, sans m'arrêter, jusqu'à l'hôpital.
01:16:50Cousin était là. Je lui ai demandé « Ce n'est pas Mohamed, n'est-ce pas ? ». Il
01:16:57a dit « Si, c'est lui ». Je lui ai dit « S'il te plaît, je veux le voir ». Il
01:17:03l'a montré. Je lui ai demandé comment c'était arrivé. Il m'a répondu que l'explosion
01:17:25qu'on avait entendue avant venait du magasin de papa.
01:17:55Je revois souvent papa dans mes rêves. Il va bien, mais il est blessé. Alors je
01:18:17m'imagine qu'il va rentrer un jour. Parfois, je rêve qu'il est heureux avec Mohamed. Il
01:18:27rit. Eline n'a que 3 ans et elle est orpheline. Elle me demande parfois où est son papa. J'évite
01:18:46de répondre et j'essaie de la distraire, parce que je n'ai pas de réponse simple à lui donner.
01:18:50Les 16 premiers jours, j'étais tout seul. J'avais personne à qui parler.
01:19:13J'entendais des explosions. J'avais peur.
01:19:44Avant sa captivité, Etan était le fils dont rêve toute mère. Un garçon affirmé et charismatique.
01:20:01A son retour, c'était la même personne. Mais il avait profondément changé.
01:20:14Il t'arrive de repenser à cette période ? Oui, enfin pas vraiment. J'essaie d'oublier cette période.
01:20:24Il a perdu son innocence. Malheureusement, il ne voit plus le monde comme un endroit où il fait bon vivre.
01:20:43Il fut un temps où les deux peuples cohabitaient, Palestiniens et Israéliens.
01:21:09Mais dans cette guerre, nous n'avons pas affaire aux Juifs qu'on a connus dans le passé, ni l'armée ni le peuple.
01:21:31La résistance n'est pas réservée aux Hamas. Chaque Palestinien a le droit de résister pour
01:21:39défendre ses droits, son peuple, ses biens, son honneur, sa terre. Avec l'aide de Dieu,
01:21:44nous obtiendrons la reconnaissance de l'état de Palestine. Et ce sera vraiment une épine dans le pied de l'agresseur.
01:22:09J'étais très favorable à une solution à deux états et à ce qu'on donne aux Palestiniens de Gaza leur plein droit.
01:22:24Mais le 7 octobre, j'ai pris conscience que la haine envers les Israéliens et les Juifs
01:22:34traversait les générations. Je ne crois plus que deux états puissent vivre côte à côte lorsque
01:22:46l'un de ces états est déterminé à vous anéantir. Je n'y crois plus.
01:23:04Vous avez rencontré des Palestiniens de Gaza ? Non, à part le 7 octobre. Mais j'aurais beaucoup aimé en rencontrer, même ceux qui sont entrés dans ma maison.
01:23:34Je dois avouer que j'essaie vraiment de ne pas penser à ce que Ouad peut subir là-bas.
01:23:51J'espère de tout cœur qu'il reviendra auprès de nous.
01:24:04Et j'espère que les Palestiniens aussi pourront mener une vie paisible.
01:24:19Personne ne s'en ira, que ce soit eux ou nous. J'ignore quelle est la solution, mais elle sera forcément douloureuse pour tout le monde.
01:24:32Si on souhaite une existence sans guerre, il faudra en trouver une.
01:24:37Mais si le Hamas garde le pouvoir, rien ne changera. Ce cercle vicieux de massacres continuera.
01:24:47Le Hamas répète sans arrêt qu'il y aura d'autres 7 octobre.
01:25:02Je suis à la maison de Hamza.
01:25:06J'ai apporté une pièce de terre pour qu'il puisse passer par là-bas.
01:25:10Il s'est fait baisser et m'a donné la possibilité de m'aider.
01:25:14Un homme a demandé de me faire de la pièce de terre pour que je puisse passer par là-bas.
01:25:18Je suis arrivé.
01:25:21Je suis arrivé.
01:25:23Je suis arrivé.
01:25:26Pour parvenir à la paix, il faut déjà rendre leurs droits aux Palestiniens.
01:25:47On ne veut pas tout leur territoire, mais seulement rétablir les frontières d'avant
01:25:521967.
01:25:54La solution a deux états, Israël et la Palestine.
01:25:57Ce sont leurs actions qui ont façonné notre opinion sur eux.
01:26:10Ils ne veulent pas d'une paix durable.
01:26:12Je doute fort qu'avec le gouvernement actuel, la paix soit possible entre Israël et la
01:26:23Palestine.
01:26:24Voilà ce que l'armée israélienne appelle victoire.
01:26:31C'est une victoire, ça ? Quelle victoire ?
01:26:39Je pense que le Hamas va continuer à gouverner politiquement, et bien qu'Israël s'y oppose
01:26:47et conditionne la fin de la guerre à l'éradication du Hamas, je ne crois pas à la fin du Hamas.
01:26:52Je ne crois pas à la fin du Hamas.
01:27:22Nous sommes toujours assiégés, toujours en guerre.
01:27:25Ma famille et moi pouvons mourir à tout moment.
01:27:28Je vis au jour le jour, sans penser au lendemain.
01:27:49Je ne sais pas ce qui va m'arriver demain.
01:27:53Je me contente d'être vivante, c'est tout.
01:27:55De toute façon, il n'y a pas d'avenir.
01:28:19Je ne sais pas ce qui va m'arriver demain, mais de toute façon, il n'y a pas d'avenir.