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Flavie Flament reçoit Alain Berthaut, membre du Bureau de l'Association Française de Prévention des Comportements sur la Route, pour répondre à la question : violence au volant, sommes-nous tous devenus fous ?
Flavie Flament reçoit Alain Berthaut, membre du Bureau de l'Association Française de Prévention des Comportements sur la Route, pour répondre à la question : violence au volant, sommes-nous tous devenus fous ?
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00:00– Bonjour Alain Berthod. – Bonjour.
00:01– Merci d'être là, vous êtes membre du bureau de l'Association française
00:04de prévention des comportements sur la route, ce drame justement.
00:08– Sur la route et en ville. – Et en ville, exactement.
00:11Et c'est le cas de ce drame justement, de ce cycliste de 27 ans
00:14qui illustre, je dirais parfaitement et de façon sidérante,
00:16la folie meurtrière qui peut s'emparer d'un conducteur
00:19après un simple litige de la route, visiblement.
00:22Vous avez obtenu, vous, le témoignage d'une personne qui a assisté à ce drame ?
00:27– Oui, si vous le permettez, notre président m'a renvoyé son rédactionnel à ce sujet-là,
00:33donc en effet, il semble que le motif du geste du conducteur âgé de 50 ans
00:39soit dû au fait que le cycliste a tapé ma voiture, a-t-il dit plus tard.
00:44Et en arrivant sur les lieux, notre témoin, le primo arrivant,
00:49a été informé par les trois cyclistes témoins
00:51que la voiture avait roulé sur le cycliste.
00:56Alors, ce témoin primo arrivant a d'abord cru que le 4x4, le SUV présent,
01:00était témoin et que la personne était penchée sur le corps.
01:03Et en fait, il s'est rendu compte que c'était le meurtrier, c'était le chauffard.
01:09Il lui a demandé ses clés, il lui a demandé son nom, d'arrêter le véhicule, etc.
01:14Et donc, le conducteur a passé la nuit en prison.
01:18Et il avait sa fille dans le véhicule,
01:22une jeune adolescente qui a eu quelque peu choqué par ce qui s'est passé.
01:27– Ce drame hier en plein Paris, ça se produit régulièrement ce genre de choses ?
01:32– Jusqu'à ce niveau de conséquences, non.
01:37Là, c'est un phénomène, c'est un épiphénomène.
01:40– Un peu comme en 2019 aussi, ce chauffeur de bus parisien
01:44qui avait écrasé un touriste ?
01:47– Oui, voilà, on est sur des faits qui sont quand même ponctuels.
01:50Grosso modo, il y a quand même un problème peut-être du vivre ensemble.
01:55Et qu'est-ce qui fait société sur la route ?
01:57Particulièrement peut-être dans une ville aussi dense que Paris,
02:00où en fait les positions sont un peu exacerbées
02:03et où il y a de l'exaspération de part et d'autre.
02:06Avec des prises de position qui peuvent être de l'exaspération d'un côté
02:10et un peu politique de l'autre, avec les moyens de circulation doux
02:14qui, à partir de ce moment-là, on pense qu'on peut aussi,
02:17je ne dis pas que c'est le cas là, s'affranchir des règles de circulation
02:20parce qu'on milite pour un déplacement sans pollution.
02:25Tout ça demande à être harmonisé et, bien compris, vivre ensemble.
02:28– Paris est une ville particulièrement crispée
02:31en ce qui concerne effectivement la circulation,
02:33mais je dirais que l'ensemble aussi du territoire,
02:36il y a un Français sur cinq qui admet ne plus être la même personne
02:39lorsqu'il est au volant et s'estime plus nerveux, impulsif ou agressif
02:43que dans la vie quotidienne.
02:45Comment est-ce qu'on peut expliquer ce chiffre ?
02:47Pourquoi est-ce qu'on ne se reconnaît pas quand on est au volant ?
02:49– Je pense que la voiture, c'est un espèce de périphérique
02:54comme un ordinateur, si vous voulez, et d'un seul coup,
02:56on se retrouve avec un hubris, une surpuissance
03:00et il faut quelquefois avoir domestiqué son cerveau
03:03et s'être habitué à ce genre de choses,
03:05cette multiplication de la puissance que l'on peut avoir sur la route.
03:09Ça vient à l'éducation à la route,
03:10c'est-à-dire qu'il faut commencer très tôt, chez les 16-25 ans.
03:13– Mais c'est le cas ou pas ?
03:15Est-ce qu'aujourd'hui, il y a une formation au vivre ensemble sur la route
03:17lorsque l'on passe son permis de conduire en France ?
03:19– L'enseignement sur la route a fait de gros progrès.
03:23On est maintenant calqué sur la matrice finlandaise
03:27depuis un certain nombre d'années, pour l'ensemble de l'Europe,
03:30où effectivement, moi quand j'ai passé mon permis,
03:32c'était déplacer un véhicule.
03:34– Exactement, aujourd'hui…
03:35– Voilà, et la maîtrise très importante du véhicule
03:37est savoir faire un créneau en étant parfaitement dans les lignes.
03:41À l'heure actuelle, avec les aides à la conduite, ça n'a plus de sens
03:44et apprendre à conduire un véhicule avec cette matrice finlandaise,
03:47c'est aussi gérer l'ensemble du déplacement, prévoir son déplacement.
03:52Le prévoir, c'est-à-dire où est-ce que je vais,
03:54quand est-ce que je dois arriver et reprendre un rebours.
03:57D'ailleurs, je voudrais dire qu'à ce sujet-là,
03:59il y a ce qu'on appelle dans notre association l'effet catapulte.
04:03C'est-à-dire, je pars et je voudrais déjà être arrivé.
04:07En fait, le temps de conduite doit être un temps réduit au minimum,
04:11en fait, je suis déjà sur place et je veux faire autre chose.
04:14Ce qui fait que si on n'anticipe pas son déplacement
04:17et si on ne regarde pas les différents modes de déplacement,
04:19ce n'est pas forcément la voiture, mais ça peut être le transport en commun,
04:22eh bien, il faut tenir compte du déplacement dans son planning
04:26et il faut anticiper son départ et prendre une marge de sécurité
04:30pour ne pas être exaspéré, énervé par les petits obstacles que l'on peut rencontrer.
04:34– Là, vous nous faites passer un message de prévention qui est forcément nécessaire
04:38parce qu'on s'interroge tous sur notre comportement sur la route.
04:41Et puis, vous avez aussi signifié la crispation dans les grandes villes,
04:44dans les zones urbaines, il y a les automobilistes qui partagent souvent la chaussée,
04:48avec d'autres types de véhicules, il y a des vélos, il y a des trottinettes.
04:52La cohabitation, elle est particulièrement difficile aujourd'hui,
04:54on n'avait pas prévu ce genre de choses ?
04:56– Non, les trottinettes sont arrivées avant qu'on réglemente.
04:59Alors d'ailleurs, en tout cas, le free floating et les trottinettes à Paris
05:03ont été à juste titre, c'est-à-dire le fait de pouvoir prendre une trottinette payée
05:08et partir, c'était les trois compagnies qui étaient en place
05:12et qui ont été évacuées de Paris à juste titre,
05:15parce qu'il y avait un nombre de blessés absolument incroyable,
05:19du simple fait de chutes d'ailleurs,
05:21sans compter l'encombrement sur la chaussée et sur les trottoirs.
05:25Donc effectivement, il y a une ville très dense, très resserrée,
05:28avec des travaux à l'heure actuelle.
05:29– En dépit des pistes cyclables qui sont installées.
05:31– En dépit des pistes cyclables, et du coup, il y a sur un même axe,
05:35différents modes de circulation,
05:38avec des gens qui s'acceptent mal l'un l'autre, probablement.
05:43Et avec… alors c'est un peu la tolérance aussi,
05:47qu'il faut apprendre sur la route et accepter l'autre.
05:50Je crois que là, c'est ce qui ne s'est pas passé.
05:52– On l'aura bien compris.
05:52Merci beaucoup de nous avoir accordé un petit peu de temps ce matin.
05:55Je vous rappelle que vous êtes membre du bureau de l'Association française
05:58de prévention des comportements de la route.