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Xerfi Canal a reçu Guergana Guintcheva, professeure de marketing à EDHEC Business School, pour parler de l'exposition blockbusters.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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00:00Bonjour Gagana Gincheva. Bonjour. Vous êtes professeur de marketing à EDEC Business School.
00:14Et très intéressant un sujet aujourd'hui, le développement durable et la culture. Et on va
00:22parler ensemble d'un papier que vous avez publié dans Conversation France sur les expositions
00:25blockbuster. Et vous nous dites là, il y a un paradoxe et c'est très problématique. Expliquez-nous,
00:33c'est quoi une expo blockbuster déjà ? Déjà une expo blockbuster, c'est un peu comme les
00:38films blockbuster, c'est des superproductions. Superproduction pour une exposition, ça veut
00:43dire qu'elle va rassembler sur une période très courte, souvent entre 3 et 5 mois, plein d'œuvres,
00:51plus de 100, entre 100 et 150 œuvres, qui viennent de partout dans le monde. Donc cette exposition,
00:57elle vise une existivité scientifique et elle a une scénographie flamboyante. Donc évidemment,
01:05le but, c'est de faire le plus grand, le plus, le plus, le plus. Bref, c'est la fuite en avant. Et
01:12vous nous dites, l'empreinte climatique, c'est une catastrophe. Oui, parce que maintenant, tous
01:18les musées sont obligés de calculer leur empreinte carbone. Et si on regarde sur le site du musée du
01:24Louvre, le rapport est public, 99% de leur empreinte carbone vient de leurs visiteurs.
01:31Donc en fait, c'est les visiteurs, le déplacement des visiteurs qui est le premier élément de
01:38l'empreinte carbone. Ensuite, bien sûr, il y a le déplacement des œuvres, comme j'ai dit, parce
01:42qu'une œuvre, quand elle se déplace d'un musée à un autre, c'est, comme on dit, de clou à clou,
01:46c'est-à-dire qu'elle voyage des milliers de kilomètres si elle vient d'un pays ou d'une
01:50institution lointaine, avec un conservateur du musée d'origine qui la ramène et qui ensuite la
01:58ramène. Donc, ça fait quatre voyages pour une œuvre. Multiplié par 100. Et puis, quand on parle
02:04blockbuster, ça veut dire sur quatre mois, potentiellement 700 000. Est-ce que vous évoquez
02:08le chiffre ? 700 000 visiteurs. Donc, on imagine 700 000, pas tous venant du bout du monde,
02:15mais quand même. Comment, dans ce contexte, on réussit à résoudre cette équation insoluble,
02:21de faire des expositions qui rayonnent très largement et en même temps qui soient écoresponsables ?
02:27Juste pour citer sur l'impact, pour qu'on se rende compte, par exemple, Elsa Boromé,
02:33qui est la responsable RSE du musée d'histoire naturelle à Paris, elle dit qu'une exposition,
02:39et notamment leur exposition à espèces d'ours, a consommé l'eau de 450 piscines,
02:45l'énergie annuelle de 23 foyers français et a émis des gaz à effet de serre de 74 allers-retours
02:52en avion Paris-Marseille. Et donc, comment en sortir ? Il faut accepter de faire des compromis.
02:57Il faut revoir le business model culturel, c'est-à-dire qu'il faut qu'il soit plus sobre.
03:02Comment diminuer le nombre d'œuvres ? Je pense qu'il n'y a que les experts,
03:07qui représentent environ 10% des visiteurs, qui vont se rendre compte qu'il n'y a pas 150 œuvres.
03:13D'après mes recherches, une quarantaine d'œuvres suffisent, avec une bonne narration,
03:18pour faire une très bonne exposition. La scénographie, par exemple,
03:23comme je disais flamboyante, elle peut être réutilisée. Donc, on peut utiliser jusqu'à,
03:28par exemple, le cas de Palais des Beaux-Arts à Lille, jusqu'à 10 fois la même scénographie
03:33sur 10 expos différentes. On peut donner les éléments de la scénographie à des personnes,
03:41des écoles autour du musée. Et chose très importante, il faut éduquer le visiteur à
03:51accepter cette sobriété. Parce que la plupart du temps, les consommateurs de culture disent
03:58« non, sobriété et culture, ça ne va pas ensemble. Il y a plein d'autres endroits où on peut faire
04:04de la sobriété, mais pas dans la culture ». En résumé, Big is Beautiful, ça doit être de
04:10l'histoire ancienne. Think slow, think small. Parfait. C'est pas mal. Merci à vous.
04:15Bien résumé.

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