L’humoriste et comédien endosse, le temps d’une soirée sur M6, le costume d’animateur odieux que portait Laurence Boccolini dans le jeu culte des années 2000.
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00:00Bonjour Vincent Dédienne. Bonjour. Le Maillon Faible, tout le monde ne s'en
00:03souvient peut-être pas. C'était il y a plus de 20 ans, animé par Laurence Boccolini,
00:06un jeu de culture générale dont la particularité était que l'animatrice
00:09était assez odieuse avec les candidats. C'est le jeu télé de votre enfance,
00:13quel souvenir vous en gardez ? Un souvenir de fan hystérique.
00:18J'en regardais tout, j'enregistrais sur VHS. C'est pareil, le VHS, tout le monde
00:22s'en souvient pas. Moi je m'en souviens.
00:23Je faisais collection des émissions et j'étais vraiment fasciné par
00:28cette mécanique odieuse. C'est le côté sadique et méchant qui vous plaisait ?
00:33Oui, c'est le côté... Je sais pas qui a inventé cette émission, je sais que ça
00:37vient d'Angleterre, mais le côté on va prendre la mécanique de la
00:43télévision à rebours et on va faire sentir les...
00:49Oui c'est ça. Que les candidats se sentent mal en fait, qu'ils soient mal à l'aise.
00:53Merci de m'aider un petit peu. Non mais c'est ça qui me plaisait trop, qui me fascinait,
00:56c'est que dans un milieu, la télévision, où tout le monde est toujours le bienvenu,
01:00tout le monde est toujours formidable, c'est quand même le paradis du superlatif,
01:04la télévision, là c'était l'inverse. On disait aux gens qu'ils étaient nuls, qu'ils
01:07étaient moches, qu'ils étaient mal habillés, qu'ils étaient un culte.
01:10Et les gens regardaient ça quoi. Et les gens regardaient ça, fascinés. Et à l'époque les gens
01:12regardaient ça vraiment au premier degré. C'est-à-dire que Laurence Boccolini,
01:16je crois qu'elle s'était fait caillasser sa bagnole. Les gens disaient, c'était
01:20épouvantable quoi. Premier degré. C'est vous qui avez soumis l'idée de reprendre
01:24le maillon faible ? Oui, enfin c'est moi qui ai soumis l'idée de le faire un coup
01:27comme ça pour rigoler, pour le remettre juste, pour faire une sorte d'anniversaire
01:31de cette émission. Oui, c'est moi. J'avais tourné une série pour Disney avec
01:38François Damiens qui était produite par la BBC. Et ils étaient venus sur le
01:41tournage, la BBC, et je savais que c'était la BBC qui avait les droits de
01:45cette émission. Et donc je leur en ai parlé tout de suite.
01:47Et ils ont dit oui ? Oui, ils ont dit oui. Sans réfléchir ?
01:51Ah bah si, je pense qu'ils ont réfléchi, ouais. Enfin, j'imagine. Je sais pas comment ça s'est passé.
01:56Et en voyant le résultat, ils se sont dit, ça c'était la bonne idée ?
02:00Oui, j'espère. J'espère qu'ils se sont pas dit, on aurait dû réfléchir plus.
02:03J'ai vu l'émission en avant-première. Vous reprenez vraiment le rôle de Laurence Boccolini,
02:07sévère, cassant, habillé en noir, mais très drôle, avec des répliques vraiment
02:12qui font mouche. Finalement, c'est plus un travail de comédien que d'animateur ?
02:16Ah bah oui, à fond et à ballon. C'est un travail d'auteur et de comédien.
02:20C'est vraiment un travail d'auteur. C'est ça aussi qui me plaît, c'est que je trouve que ça s'est réduit
02:24comme peau de chagrin à la télévision, les espaces où on peut avoir vraiment de l'écriture,
02:27même de la dramaturgie, quasiment du théâtre. Enfin, en tout cas, une place vraiment pour l'écriture.
02:33Donc ça, cette émission, ce jeu permet ça. Donc oui, j'ai fait un travail.
02:38En fait, j'ai pas eu l'impression de faire un travail très différent de ce que je faisais
02:41quand je faisais les chroniques, c'est-à-dire écrire des blagues et les dire.
02:44Mais oui, en plus, ça nécessite d'incarner un personnage qui est très bien foutu,
02:52qui est très fort, qui joue avec les codes du sadisme, du masochisme.
02:58Et ça, c'est un régal à faire.
03:01Parce qu'il est très éloigné de vous ?
03:04Je le souhaite.
03:06Vous ne me parlez pas comme ça à vos amis.
03:08Non, non, non. C'est ça qui me plaisait, c'est que je suis vraiment gentil.
03:12Quand j'ai commencé à apparaître, à faire de la télévision, même des chroniques et tout,
03:16on me disait beaucoup, oh là là, un humoriste gentil, ça change.
03:19Parce qu'on avait beaucoup consommé avant l'humour vitriol, Stéphane Guillon, Gaspard Proust, etc.
03:24Quand moi, j'ai commencé à faire mon spectacle et les chroniques, on m'a beaucoup dit que j'étais gentil.
03:30Donc là, vous vouliez être méchant ?
03:31Et bien voilà, je me suis dit, tiens, c'est trop drôle d'aller chercher le personnage le plus méchant de la télévision européenne.
03:35Et c'est Laurence Boccolini. Enfin, maintenant, c'est vous, du coup.
03:37Alors, pour votre maillon faible, Vincent Dedienne, 16 candidats qui jouent au profit d'une association,
03:42dont Florence Forestier et la Marraine.
03:43Alors, il y a Florence parmi les participants, mais aussi, je ne vais pas tous les citer,
03:47Marc Lavoine, Clémentine Sellarié, Camille Combal, Julie Gaillet, Michel Azanavicius, Jeanne Chéral et bien d'autres.
03:53Vous, vous auriez accepté de participer ?
03:55Parce que ce n'est pas glorieux quand on ne donne pas de bonnes réponses.
03:58Non, non, mais en plus, moi, je pensais, moi, je m'étais dit qu'ils allaient...
04:02J'avais dit à la production qu'il fallait un peu monter le niveau des questions,
04:05parce qu'il ne fallait pas compter sur le fait que les célébrités allaient être un peu stressées par l'ambiance.
04:09Parce que nous aussi, ils ont tous l'habitude de faire de la télévision.
04:11Et en fait, penses-tu, ils étaient tous complètement tétanisés, complètement dans leur petit soulier.
04:16Et en fait, ils sont bien inviandés sur des questions élémentaires.
04:20Donc...
04:21Parce que vous auriez répondu à toutes les questions, vous ?
04:23Moi, je... Moi... Mais vous aussi, chez soi, on sait très bien, c'est beaucoup plus facile.
04:27Mais c'est vrai qu'avec la tension, l'atmosphère et tout ça, non, non, c'est plus dur qu'on ne croit.
04:32Mais oui, moi, j'aurais adoré y jouer.
04:34Ah, c'est vrai ?
04:34J'aurais adoré participer, oui.
04:35C'est quand même courageux de leur part.
04:36Ça ne fait pas... Oui, ben oui, tu passes un peu pour un blaireau, cinq minutes.
04:39On ne va pas dire celui qui part en premier, mais enfin, voilà.
04:42Il vient pour deux minutes, ce n'est pas...
04:44Ça, c'est franchement... Chapeau à eux d'avoir joué le jeu.
04:47Parce que tu viens, tu passes pour un imbécile et tu pars, tu restes deux minutes.
04:51Voilà, et tu n'as rien gagné.
04:52Et tu n'as rien gagné.
04:53Donc une seule soirée, on est d'accord ?
04:55Il n'y a pas moyen qu'il y en ait d'autres ?
04:56Non, non, non, ce n'est pas une reconversion.
04:58Est-ce qu'on pourrait vous voir animer une autre émission de télé ?
05:01Est-ce que vous y avez pris goût ?
05:03Non, mais moi, j'ai bien... J'ai adoré faire la télé...
05:06J'adore ça, la télévision.
05:08J'adore quand il y a la possibilité, encore une fois, d'écrire et de...
05:13Je ne sais pas comment dire, de peaufiner, de chiader, d'être exigeant, quoi.
05:17Je ne me verrais pas dans une émission, je ne sais pas quoi,
05:20faire de l'humeur, faire de l'impro, de la déconne et ça, comme il y en a beaucoup.
05:23Ça, c'est des trucs que même, comme spectateur, je n'arrive pas trop à regarder.
05:25Je trouve ça vite hystéro, vite entre soi.
05:28Mais un espace où il y a de l'écriture, où on a du temps.
05:33Oui, ça, j'aime bien.
05:34Mais c'est ce que je faisais un peu déjà avec les chroniques.
05:37Dans le quotidien ?
05:37Dans le quotidien, oui.
05:38Mais vous pourriez y retourner ?
05:40Ça, je ne sais pas, parce que je trouve que l'actualité est devenue de plus en plus brûlante
05:46et que les gens sont de plus en plus...
05:49Je trouve l'époque pas très tendre avec les humoristes.
05:52Je trouve que les gens ne sont pas très sympas avec les gens qui essayent de les faire rigoler.
05:56Même avec un humoriste gentil, comme vous l'êtes ?
05:58Oui, mais je ne sais même pas si l'époque permet encore d'être gentil.
06:01L'époque est devenue tellement méchante elle-même.
06:03Quand l'info sur le retour du Maillon Faible a fuité avec vous à la présentation,
06:08vous ne l'avez pas bien pris.
06:09Vous avez dit « non, non, c'est pas vrai ».
06:11Vous avez dû démentir votre démentie.
06:12Mais qu'est-ce qui s'est passé ?
06:13Vous étiez vexé ?
06:15Non, ce n'est pas ça.
06:16C'est que je n'avais pas dit oui encore.
06:17Et ça a fuité sur Twitter, je crois.
06:20Alors que je n'avais même pas dit oui et je n'étais même pas sûr de le faire.
06:22Et le fait que ça fuite, qu'on m'en parle, je me suis dit « je ne le fais pas ».
06:26En fait, je m'étais dit « si je le fais ».
06:28Je n'étais pas sûr de vouloir le faire déjà.
06:30Et je me suis dit « si je le fais, je veux l'annoncer à ma façon,
06:33que ça soit un peu maîtrisé, je suis un peu contre le fric comme type ».
06:37On a vu.
06:38Oui, voilà.
06:38Et du coup, là, c'était un peu…
06:40Et puis bon, en fait, Twitter, c'est n'importe quoi.
06:43Les gens sont un peu affamés de ce coup.
06:47J'avais l'impression que tout était…
06:48J'avais l'impression qu'on avait ouvert un cadeau que je voulais faire
06:51avant même que ça soit minuit.
06:52Donc c'était une déception finalement.
06:53Oui, oui.
06:54Puis après, j'ai fait les interviews, on dit n'importe quoi.
06:58Après, franchement, je me suis noyé en direct.
07:01Là, vous ne dites pas n'importe quoi.
07:02Non, là, je vous jure que je ne dis que la vérité, rien que la vérité.
07:05Vous jouez au théâtre, vous faites des one-man-show, du cinéma,
07:08de la mise en scène, maintenant une émission de télé.
07:09Qu'est-ce qui manque à votre CV d'artiste ?
07:13Ah bon ? Je ne sais pas.
07:15Non, rien.
07:16Qu'est-ce qui manque ?
07:17Vous ne pouvez dire rien.
07:18Moi, je ne sais pas.
07:20On verra, s'il y a peut-être des choses.
07:22Qu'est-ce que je n'ai pas fait encore ?
07:24Non, mais c'est vrai que j'aime bien explorer les possibilités qu'offre ce métier.
07:31J'ai l'impression de faire le même métier quand je vais jouer Lagarce bientôt au Théâtre de l'Atelier,
07:37quand je fais Le Maillon Faible, quand je fais des chroniques.
07:39C'est quand même un peu écrire et jouer.
07:41Voilà, c'est ça mon métier.
07:42Quand vous faites du Marivaux, vous faites la même chose que Le Maillon Faible ?
07:46Moi, je trouve.
07:46Ah ouais ? C'est marrant.
07:47Oui, je sais que c'est marrant.
07:49Je sais que ça ne va pas de soi.
07:50Ça surprend beaucoup les gens.
07:51Non, mais en fait, disons que je profite du fait qu'on me l'autorise.
07:54C'est vrai que je sais que ça ne va pas de soi, mais comme on m'autorise à faire
07:57et Le Maillon Faible, et des blagues sur scène, et du Marivaux, et des choses encore plus austères,
08:02plus sérieuses, plus classiques, j'en profite.
08:07Franchement, ce serait bête de ne pas en profiter.
08:09Mais quand vous dites « on me laisse faire ça », c'est qui « on » ?
08:12C'est-à-dire que vous n'avez pas l'étiquette humoriste, la critique vous permet ça ?
08:16Oui, la critique.
08:17Non, mais pas que même le métier.
08:19J'ai des propositions.
08:20Je ne sais pas comment dire.
08:21Quand j'ai fait mon one-man show, après, on ne m'a pas proposé que des trucs drôles.
08:25On a continué de me proposer des trucs au théâtre.
08:27J'ai joué Ovid, par exemple, sur scène au Théâtre des Bouffes du Nord.
08:31J'ai fait Marivaux.
08:32Quand j'ai fait Marivaux, on ne m'a pas proposé après que du classique.
08:34On ne me confisque pas.
08:36Je ne sais pas comment dire.
08:37Et on ne vous confine pas non plus dans un rôle.
08:39Et ça, c'est précieux.
08:41Hyper précieux.
08:42Je touche ma chance et je suis la chérie.
08:45Qu'est-ce que vous allez faire pour la diffusion du Maillon Faible sur M6 ?
08:48Vous allez le regarder avec des potes ?
08:50Ah ouais, je n'y avais pas pensé.
08:51C'est une bonne idée, je vais faire ça.
08:52Qu'est-ce que vous faites maintenant ?
08:53Vous vous en foutez, vous l'avez déjà vu.
08:54Moi, je le reverrai bien si vous êtes à côté.
08:56Venez, venez voir un coup.
08:57Allez, on va passer la soirée ensemble.
08:58Merci en tout cas d'être venu, Vincent Desbiennes.
09:00C'est moi, merci beaucoup.